On n’en sait pas plus.
Le 2 janvier 2022 était ici publié l’article Le congrès mystère de « Révolution permanente » et, le même jour, « Révolution permanente » a rendu public, quinze jours après, le compte-rendu du congrès de fondation d’une nouvelle organisation révolutionnaire.
Une excellente occasion de voir si l’analyse effectuée était juste ou pas, même si cela ne change pas le fait que 15 jours après, un compte-rendu de fondation d’une organisation révolutionnaire, c’est tard, décalé, incorrect.
« Révolution permanente » a par ailleurs rendu public seulement deux documents directement produit par le congrès : la déclaration Une nouvelle organisation révolutionnaire est née ! et un compte-rendu des discussions.
La déclaration est très courte, elle mentionne une divergence interne sur la guerre en Ukraine et fait la part belle au Nouveau Parti Anticapitaliste (dont est issu « Révolution permanente »). La seule chose qu’on retient et qu’on savait déjà, c’est que :
« Révolution Permanente affirme également vouloir participer à la refondation d’une gauche révolutionnaire en France. L’enjeu est de construire une alternative au néo-réformisme et à la gauche institutionnelle. »
Il n’y a dans la déclaration strictement aucune référence idéologique. Le mot marxisme n’apparaît donc pas. Le mot « impérialisme » non plus, et il n’est pas parlé de risque de guerre mondiale.
Le compte-rendu du débat précise cependant les choses, alignant « Révolution permanente » sur la « Fraction Trotskyste – Quatrième Internationale » basée en Argentine, ce que l’on savait déjà. Et c’est surtout le Nouveau Parti Anticapitaliste, qui a récemment implosé, qui a été le thème de fond. « Révolution permanente » prendrait bien sa place, en prétendant faire mieux bien entendu.
On ne peut pas dire que cela soit intéressant, percutant, nouveau. En fait, « Révolution permanente » met simplement en place une boutique où, comme au McDonald’s, « on peut venir comme on est ». Impossible de ne pas être d’accord, rien n’est dit, à part qu’il faut militer pour changer les choses.
Les Français étant un « peuple politique », ce genre d’approche n’a aucune chance de réussir. C’est un produit d’importation de l’extrême-gauche argentine, c’est cosmopolite et hors-sol, simplement bon pour des gens traînant sur Twitter.
Il aurait d’ailleurs été bien plus simple, et cela aurait été une moindre perte de temps, que de dire que « Révolution permanente » c’est la Gauche Twitter et forcément qu’un congrès ne peut avoir qu’une forme fictive, artificielle. D’où l’absence de tout contenu.
Ce qui montre que l’article du 2 janvier 2022 tapait juste. On ne sait rien de ce congrès, qui n’a en fait rien donné, parce qu’il ne le pouvait pas. On a simplement 118 délégués disant qu’ils sont d’accord avec ce sur quoi ils étaient d’accord, et qui officialisent que « Révolution permanente » existe, ce que tout le monde savait déjà.
Mais un programme, des valeurs? Il n’y en a pas. On ne sort pas du « militantisme » avec le triptyque « syndicat » – « antiracisme » – « lgbt ».
L’aliénation de la société de consommation? Connais pas. L’OTAN comme menace principale? Connais pas. La question animale, moralement et culturellement essentielle? Connais pas. L’art, la culture, la civilisation, les classiques? Connais pas. L’idéologie, la science, les acquis de la pensée? Connais pas.
C’est la Gauche Twitter, celle qui pense que McDonald’s est populaire et le kébab révolutionnaire. Celle pour qui l’actualité ce sont les manifestations dans les grandes villes et les réseaux sociaux.
Et cela donne 118 personnes se disant d’accord avec elles-mêmes, en étant issues de discussions de 400 personnes, pour dire qu’il faut lutter contre la réforme des retraites.
Pas de quoi rêver, pas de quoi emplir son esprit, pas de quoi en tirer quelque chose, pas de quoi marquer son époque, pas de quoi ancrer quelque chose culturellement, historiquement, scientifiquement.