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« Tolstoïevski »

Le nationalisme ukrainien, encore et toujours plus.

Le nationalisme ukrainien, encore et toujours plus.

Il a déjà été parlé de comment le nationalisme ukrainien a particulièrement ciblé Dostoïevski. Néanmoins, Tolstoï fait toujours partie de cette cible, au point qu’on a maintenant même le concept de « Tolstoïevski ».

Il a été mis en avant par Andriy Melnyk, le numéro 2 des Affaires étrangères du régime ukrainien. Il avait été auparavant ambassadeur d’Ukraine en Allemagne de 2015 à 2022, mais il a dû partir car vraiment ses discours ultra-nationalistes ukrainiens rendaient sa position trop délicate par rapport à l’opinion publique allemande.

L’occasion a été une interview accordée le 6 avril au média ukrainien RBC. Il dit la chose suivante : oui, l’Allemagne nous soutient. Mais il y a un problème de fond, c’est que dans le dispositif culturel et idéologique allemand, la Russie existe.

Il faut que ça change, sinon l’Allemagne ne s’engagera jamais à fond pour le régime ukrainien.

Il faut bien saisir ici que pour le régime ukrainien, la Russie n’existe pas. Selon le nationalisme ukrainien, la Russie serait un empire maléfique dominé par la « Moscovie » criminelle. D’où l’intérêt du nationalisme ukrainien pour la superpuissance américaine dans sa guerre contre la Russie.

L’objectif, assumé, est la partition de la Russie en plusieurs entités.

Andriy Melnyk reprend donc le discours sur la Russie qui serait par nature criminelle, assassine, à l’instar de Dostoïevski. Tolstoï est devenu de plus en plus cité, il est désormais officialisé, mis au même niveau que Dostoïevski.

Voici donc son propos, qui fantasme d’ailleurs beaucoup sur les relations des classes dominantes allemandes avec la Russie : avant 1945, c’est le racisme anti-slave le plus brutal qui prédominait, dans l’esprit prussien. Ce n’est pas pour rien que les nazis voulaient exterminer tous les Slaves.

« D’autre part, les relations de l’Allemagne avec la Russie ont une histoire particulière qui remonte à la guerre froide ou à l’étroite coopération entre la Première et la Seconde Guerre mondiale.

– Jusqu’à l’époque de la Prusse ?

– Du moins de Frédéric le Grand, qui doit son salut à Catherine II. Pas étonnant que son portrait ait été accroché dans son appartement (…).

Je suis déjà silencieux sur les liens dynastiques les plus étroits entre les deux nations, les Allemands sont toujours fiers de leur contribution à l’établissement de l’État russe, et pas seulement sous Catherine, qui était une princesse allemande. 

Mais le fondement principal est la culture, la proximité idéologique. 

Les Allemands, malgré cette guerre barbare de la Russie, adorent toujours la musique classique, la littérature, le ballet, l’art russes, ils maintiennent une vision romantique des Russes en tant que grande nation culturelle, croient en un « bon » Russe, non seulement en Navalny, mais en un sorte d’image collective de Tolstoïevski.

Bien sûr, quand les Allemands ont vu toutes les atrocités que les Russes commettent en Ukraine, ils ont eu un véritable choc. Pour eux, il s’agit d’un test de résistance à la barbarie, qu’ils n’ont pas connu depuis la Seconde Guerre mondiale.

Bien sûr, la majorité de la société allemande condamne cette terrible cruauté, car il ne peut en être autrement parmi les peuples civilisés. 

Mais malgré tout cela, tant au niveau public qu’au niveau des élites politiques en Allemagne, il est entendu que la Russie en tant que grande puissance, en tant que facteur de la politique internationale – même malgré cette guerre – n’ira nulle part, personne croit qu’il va s’effondrer. Les Allemands ne croient même pas qu’il y aura une réinitialisation sérieuse au sein de la Fédération de Russie. »

Ce discours n’a rien de nouveau : c’est la ligne de l’effacement de la culture russe prônée par le régime ukrainien. Nous avons parlé de l’appel en ce sens fait par le ministre ukrainien de la culture Oleksandr Tkachenko.

Ce qui est par contre notable, c’est la surenchère permanente, la conceptualisation au service d’une narration pour nier la Russie et légitimer son dépeçage. C’est là qu’on voit très bien comment le régime ukrainien est totalement au service de la ligne américaine de conquête pour le repartage du monde.

Le régime ukrainien ne représente en rien les intérêts ukrainiens ; il est un appareil au service de la superpuissance américaine par l’intermédiaire d’une fiction nationale inventée par le nationalisme ukrainien. Et le pays, devenu zombie, court ainsi à sa perte.