Étant donné que la crise est mondiale, aucune zone de la planète n’est à l’abri, et tous les points brûlants cèdent en premier. Il y a eu l’Ukraine, dans un conflit militaire annoncé ici plus de six mois avant son déclenchement. Il y a eu l’affrontement entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, dont nous avons parlé de manière approfondie, et qui est loin d’être terminé d’ailleurs. Il y aura Taïwan demain.
L’évènement du 7 octobre 2023, c’est l’offensive du Hamas depuis la bande de Gaza. L’État israélien a été pris par surprise, perdant un prestige déjà largement entamé. En fait, le monde entier a été pris par surprise, comme il le sera encore à l’avenir, alors que craquent toujours plus de zones.
Car plus rien ne tient. Il faudrait être bien fou justement pour croire que ce qui se passe, c’est une révolte armée palestinienne contre une occupation sioniste. Il y a bien entendu des gens en France pour imaginer une telle fiction, parce que cela correspond au film qu’ils se font. Mais ce qui se passe, c’est un craquage généralisé de tout ce qui existe, parce que les fondements de ce qui existe sont sapés par la crise.
Le Hamas est en effet un véritable reste du passé. C’est une organisation islamiste à l’ancienne, avec un style datant des années 1980-1990, qui a été portée par les forces féodales palestiniennes et du Moyen-Orient en général, avec l’appui tacite de l’État israélien qui voyait d’un bon œil l’affaiblissement de la Gauche palestinienne, si puissante dans les années 1970.
Le résultat pour les années 2000, c’est une OLP disposant en Cisjordanie d’une « autorité » bureaucratique vendue à l’Occident, alors que le Hamas s’installait en 2007 dans la bande de Gaza.
Gaza, c’est une bande de terre isolé du monde, 365 km² avec deux millions de personnes, dont une partie significative dans des camps de réfugiés. L’État israélien pratique un blocus et mène des frappes répressives quand il l’entend. Le Hamas brise toute valeur progressiste avec sa dimension féodale.
Tout le monde s’attendait donc à ce que le Hamas végète sur ce territoire. Et voilà qu’il lance une vaste opération le 7 octobre 2023, avec au moins 2000 roquettes lancées sur le territoire israélien et de multiples commandos d’infiltration. L’État israélien, qui se la joue si assuré et invincible, a été débordé et voyant au moins une centaine de personnes tuées de son côté, des soldats enlevés, des bases attaquées. Il a déclaré l’état d’urgence civile et commencé des représailles militaires.
Pourquoi tout cela, réellement ?
Parce que l’État israélien est décadent. La société israélienne n’a jamais été unifiée, le sionisme a disparu comme idéologie pour devenir le support d’un nationalisme religieux.
Parce que le Hamas, une force en perdition, précipite les choses exactement comme la Russie l’a fait, afin de sauver sa peau pour la suite des événements.
Il faut être d’une naïveté confondante pour croire le Hamas qui parle de moment décisif pour la libération de la Palestine, appelant tout le monde (c’est-à-dire uniquement les hommes) à prendre les armes, tous les Palestiniens à se lancer dans la bataille générale, etc.
C’est de la fiction, une mobilisation artificielle qui a comme but de faire que « tout change pour que rien ne change ». Exactement comme la Russie lorsqu’elle parle de défense de la civilisation pour l’avenir dans sa guerre avec l’Ukraine, alors que son objectif est simplement de maintenir le statu quo dans un monde en transformation.
En ce sens, l’initiative du Hamas est réactionnaire et pour cette raison elle n’aboutira à rien. C’est tout sauf une guerre du peuple. Si au moins on pouvait penser que cela aiderait les masses palestiniennes dans leur existence, mais celles-ci sont uniquement de la matière première pour que le Hamas perpétue son existence.
L’État israélien va d’ailleurs lui-même être obligé de précipiter les choses afin de sauver sa propre peau pour l’avenir. Les réactionnaires sont obligés de prendre l’initiative – et tout va être de pire en pire, il ne faut pas se leurrer !
On paie ici l’énorme retard historique des masses mondiales par rapport aux exigences historiques, et ce sont elles qui vont en payer l’horrible prix. Quel enfer, en 2023, de voir que les opposants sont la superpuissance américaine et la superpuissance chinoise, la Russie et l’Ukraine, le Hamas et l’État israélien !
Le vieux monde s’entre-déchire pour se maintenir dans la prochaine phase, alors que l’actualité devrait être la révolution mondiale !