Le parlement européen a procédé à deux votes le 29 février 2024, concernant deux textes (qu’on peut lire ici). Ce sont des textes correspondent entièrement à la ligne exposée par Emmanuel Macron le 26 février 2024 lors de la Conférence de soutien à l’Ukraine.
On parle de deux appels à découper la Russie en morceaux, pas moins, et pour ce faire le régime ukrainien doit être soutenu par tous les moyens, principalement militaires.
Les titres des deux textes, votés à la quasi unanimité sont :
- L’assassinat d’Alexeï Navalny et la nécessité d’une action de l’UE pour soutenir les prisonniers politiques et la société civile opprimée en Russie
- Nécessité d’un soutien sans faille de l’Union européenne à l’Ukraine, après deux ans de guerre d’agression russe contre ce pays
Le premier texte s’appuie sur la mort d’Alexeï Navalny en prison en Russie le 16 février 2024. Cet opposant russe était l’homme de main du camp occidental. Nationaliste raciste, il était devenu pro-Otan et allié des « libéraux » en Russie. L’Union européenne salue la mémoire de Navalny, dénonce comme illégitime le régime russe et affirme qu’elle:
« est convaincu que la victoire décisive de l’Ukraine peut entraîner de véritables changements dans le système de la Fédération de Russie, notamment désimpérialisation, décolonisation et refédéralisation, tant de conditions nécessaires à l’instauration de la démocratie en Russie »
C’est là un soutien total au régime ukrainien et un appel à dépecer la Russie, qui ne serait qu’une entité impériale. Le régime ukrainien diffuse depuis 2014 cette conception d’une Russie qui ne serait en réalité qu’une Moscovie ayant formé un empire.
Le vote pour ce texte : 506 voix pour, 10 contre, 21 abstentions.
Naturellement, du côté français, la droite et le centre ont voté pour.
Les députés liés au Parti socialiste ont également voté pour. C’est également le cas des députés liés à Europe écologie-Les Verts.
Les députés La France insoumise ont voté pour aussi. Il n’y a pas de députés PCF au parlement européen.
Jordan Bardella, à la tête avec Marine Le Pen du Rassemblement national, a voté pour, ainsi que les députés de son parti (à part certains absents ce jour-là).
Comme on le voit, le soutien au régime ukrainien, au dépeçage de la Russie est politiquement unanime en France.
Le second texte consiste entièrement en l’appel à soutenir par tous les moyens le régime ukrainien, car la Russie serait une « menace ». Il est dit que les économies occidentales sont bien plus fortes et qu’il faut que l’Union européenne remplace les États-Unis dans le soutien militaire.
L’Union européenne…
« redit une nouvelle fois son soutien à la fourniture constante d’une aide militaire à l’Ukraine, et ce aussi longtemps que nécessaire et sous toute forme possible pour que l’Ukraine puisse remporter la victoire. »
Et il faut toutes les armes, sans restriction. L’Union européenne…
« estime qu’il ne devrait y avoir aucune restriction auto-imposée à l’assistance militaire à l’Ukraine. »
Les missiles de longue portée, capables d’atteindre le territoire russe, sont nommés explicitement dans le texte ! Le texte est d’ailleurs extrêmement long pour attaquer la Russie à tous les niveaux, bref pour légitimer son dépeçage, son asservissement (avec des « réparations » à payer pour une durée infiniment longue).
Le vote de ce second texte : 451 voix pour, 46 contre, 49 abstentions.
Ici, il y a un petit changement, puisque Jordan Bardella et les députés du Rassemblement national se sont abstenus, tout comme ceux de La France insoumise.
Abstenus ! Ils n’ont pas voté contre, et de toutes manières c’est hypocrite, car le premier texte implique le second. Du moment qu’on dit qu’il faut détruire la Russie, alors inévitablement cela implique un vote concernant une question militaire ensuite.
Alors, qu’on ne s’y trompe pas. Toutes les bourgeoisies occidentales veulent la guerre, elles pensent que c’est jouable, et que c’est le meilleur moyen – le seul, même – pour sortir de la crise commencée en 2020.
Bien entendu, personne ne dira les choses ainsi et c’est pourquoi les propos d’Emmanuel Macron ont pu faire « scandale ». Personne ne dit jamais qu’il veut la guerre, pas même Hitler ou Mussolini ne le faisait. La guerre se fait toujours au nom de la « paix » et l’agressé est toujours présenté comme l’agresseur.
Encore est-il qu’avec des contradictions entre grandes puissances, tous les agressés sont agresseurs et vice-versa. Parce que c’est cela dont il s’agit : de la bataille pour le repartage du monde.
Et la ligne rouge est claire. Il faut que la France soit en échec, que l’Otan connaisse la défaite, que l’occident soit en déroute. C’est la position du défaitisme révolutionnaire, de Rosa Luxembourg et de Lénine, c’est la ligne juste !