L’accord franco-ukrainien a été largement approuvé par l’Assemblée nationale le 12 mars 2024, puis le lendemain par le Sénat. Le président français Emmanuel Macron a alors pris la parole le 14 mars, au « 20 heures » des chaînes TF1 et France 2.
Ce qu’il a dit était dans le prolongement de ce qui avait été dit depuis le fameux 26 février 2024. Cela donne la chose suivante : la Russie ne doit pas gagner contre le régime ukrainien, car elle présente une menace existentielle, par conséquent son régime doit changer. Pour autant… nous ne sommes pas en guerre contre la Russie. Celle-ci est un « adversaire », pas un ennemi, du moins pas encore, car elle viserait à conquérir toute l’Europe !
C’est le même discours que la France contre l’Allemagne avant 1914. La France ne voudrait pas la guerre, elle est forcée au conflit alors qu’elle ne le veut pas. Et quand la guerre se déclenche, on prétend que c’est une guerre juste, la « der des der » pour instaurer une paix universelle en forçant l’ennemi à changer pour devenir aussi « pacifique » que la France.
« La France est une force de paix. Pour avoir la paix en Ukraine, il ne faut pas être faible. Il nous faut lucidement regarder la situation et il nous faut avec détermination, volonté, courage dire que nous sommes prêts à mettre les moyens pour atteindre notre objectif qui est que la Russie ne gagne pas. »
Tout le bellicisme a ainsi été masqué par Emmanuel Macron derrière une « obligation », celle de faire face à l’adversaire.
« Il y a deux ans, on disait qu’on enverrait jamais de missiles et d’avions, on l’a fait. Nous avons mis trop de limites, dans notre vocabulaire. Nous ne sommes pas dans l’escalade. Nous, nous ne sommes pas en guerre contre la Russie. Il faut être clair, nous ne devons pas laisser la Russie gagner. »
De manière plus marquante, les heures précédant l’interview d’une demi-heure d’Emmanuel Macron ont vu le petit « scandale » de la fuite faite par le quotidien Le Monde, comme quoi Emmanuel Macron, en février, aurait dit nonchalamment devant plusieurs personnes que « De toute façon, dans l’année qui vient, je vais devoir envoyer des mecs à Odessa ».
Bien entendu, l’Elysée a démenti. Néanmoins, il est douteux que Le Monde se soit permis de sortir cela ainsi. Le même jour, on pouvait lire pareillement sur le site du Monde que :
Depuis le début du conflit ukrainien, des membres du personnel diplomatique sous couverture, des « conseillers » insérés au sein des états-majors ukrainiens ou de forces spéciales de tous types, effectuent des allers-retours à Kiev. « L’action de ces services est par nature clandestine, donc en dehors du droit de la guerre », rappelle Vincent Crouzet, ancien collaborateur de la direction générale de la sécurité extérieure.
C’est là quelque chose qui rentre totalement dans la narration d’Emmanuel Macron. La France y est, sans y être, etc. Nul hasard à cela. Le Monde est directement l’organe de la bourgeoisie moderne française, libérale-démocrate comme Emmanuel Macron. Le quotidien appelle ainsi régulièrement à la guerre européenne contre la Russie, comme ici en février 2023 par exemple.
Et si on regarde en détail comment Emmanuel Macron a sorti sa bombe le 26 février 2024 de l’envoi de troupes en Ukraine, on voit que cela a été savamment mis en scène à la fin de la conférence de presse, justement par l’intermédiaire d’un journaliste du Monde.
Tout cela ne forme qu’une narration pour préparer l’opinion publique, pour présenter la guerre comme inéluctable, comme « tombant d’elle-même » malgré les « bonnes volontés » françaises…