Le Parti socialiste tenait son université d’été à Blois et l’aile droite y est intervenue, parallèlement à François Hollande qui l’a fait depuis les médias. Cela témoigne de deux lignes antagoniques au PS.
Il y a, pour résumer, deux lignes au Parti socialiste. La première, c’est celle de son dirigeant, Olivier Faure. Il a compris que la France a changé, que le Parti socialiste est débordé sur certaines questions, notamment la question écologiste ou celle des animaux. Il sait que le PS est méprisé voire haï en raison de sa participation au gouvernement pendant des années. Il est tourné vers la modernité et il dit ainsi : on passe notre tour, on laisse EELV prendre la main, et soit on fusionnera avec, soit on aura une bonne place pour la suite.
C’est pour cela que l’université d’été du PS s’est intitulée « le RDV de la gauche d’après », qu’étaient invité notamment Julien Bayou, Éric Piolle et Yannick Jadot d’EELV, Pierre Lacaze du PCF, Clémentine Autain de La France insoumise, avec une belle mise en scène avec Yannick Jadot, en pole-position pour être le candidat aux présidentielles représentant ce positionnement.
La seconde ligne, c’est celle de François Rebsamen, le maire de Dijon, qui au séminaire des élus, la veille de l’ouverture de l’université d’été, a dézingué la ligne d’Olivier Faure. Son raisonnement est le suivant : le Parti socialiste a un immense réseau d’élus, lui seul a des cadres d’envergure gouvernementale en comparaison au PCF et encore plus à EELV. Lui seul peut se positionner au centre-gauche et seul le centre permet d’avoir 51 % aux élections. Par conséquent, tout le monde sera obligé de se plier aux exigences du Parti socialiste.
C’est une ligne en quelque sorte similaire à celle du Parti Démocrate américain ; en France, elle a été théorisé par François Hollande. Ce dernier est intervenu justement deux fois ce week-end. Dans le journal Ouest-France, il a expliqué que :
« Il ne peut y avoir d’alternative à gauche sans une grande force centrale et le PS a le devoir de jouer ce nouveau rôle. »
Ce parasitage n’a pas été apprécié par Olivier Faure, qui sur France 3 a expliqué que :
« Il sait très bien que nous nous réunissons en ce moment, et il cherche à polluer cet événement par sa prise de position. »
François Hollande est cependant également passé au 20 heures de France 2, notamment pour demander la gratuité des masques dans le système scolaire et universitaire, alors que Stéphane Le Foll, maire du Mans, expliquait au Journal du dimanche que :
« Le PS ne doit pas s’effacer au profit des Verts. »
S’il est évident qu’il vaut mieux passer une soirée avec Olivier Faure le convivial accommodant, c’est bien l’aile droite de François Rebsamen – c’est-à-dire en fait de François Hollande – qui est dans le vrai… si l’on récuse la Gauche historique.
EELV, c’est une aventure fictive. Alors soit on retourne à la Gauche historique, soit on bascule dans le radicalisme républicain. C’est le choix de François Hollande historiquement et, par contre, là où il se trompe, c’est lorsqu’il croit que le PS peut se maintenir sur une telle ligne, alors qu’il ne peut qu’imploser dans une foule de petites structures, les radicaux ayant toujours existé sous cette forme.
Apparaît ainsi comme encore plus réaliste, Jean-Christophe Cambadélis, qui a dirigé le Parti socialiste pendant longtemps et organise fin septembre à Paris la convention nationale de « Nouvelle société ». Il sait que la voie du suivisme d’EELV est suicidaire pour le PS mais que le radicalisme républicain amènerait tout autant une dissolution du PS. Il propose donc de refaire un congrès d’unification des socialistes d’Epinay de 1971, en agglomérant les contestations pour former des « nouveaux socialistes ».
Il veut, de fait, reconstituer le Parti socialiste dans sa fonction historique. Cela tient pour le coup bien plus que la perspective d’Olivier Faure et de François Hollande. C’est beaucoup plus conforme à la dynamique politique qui a toujours été celle de la Gauche en France. C’est ainsi beaucoup plus réaliste et en phase avec le courant socialiste dans sa nature française.
On peut se demander toutefois comment Jean-Christophe Cambadélis compte trouver des cadres pour un tel projet, car avant 1971 il y avait une véritable effervescence politique et que celle-ci est devant nous, pas derrière nous. Jean-Christophe Cambadélis pense que la crise est déjà en place, vite passée, et là il montre qu’il saisit le présent de manière subtile, mais qu’il a du mal avec l’avenir. Les socialistes français ont toujours donné des Jean Jaurès, des Léon Blum, des François Mitterrand, jamais des Rosa Luxembourg ou des Lénine : l’avenir, pour eux, n’est que le présent de demain.