Un acte de piraterie correspondant à l’ampleur de la crise.
Depuis les célébrations du 9 mai, très importants dans les pays de l’ex-Union Soviétique, il y a une immense propagande nationaliste en Ukraine, au point que même le président Volodymyr Zelenski est accusé d’être un serviteur masqué de la Russie ! En fait, ce sont les forces pro-américaines qui ont pris le dessus et toutes les digues ont cédé dans la démarche anti-russe, anti-communiste, anti-Gauche en général d’ailleurs. C’est une véritable chasse aux sorcières où toute une série de personnes sont dénoncées à tort ou à raison comme des relais de la Russie.
De l’autre côté, on n’est pas en reste, naturellement. La Russie, dans le prolongement de son déplacement massif de troupes à la frontière ukrainienne, accélère la livraison de passeports russes dans les « républiques » séparatistes de Donetzk et Louhansk, ainsi que la reconnaissance des diplômes universitaires, des associations sportives qui désormais concourent en Russie même, etc. La propagande anti-ukrainienne de ces « républiques » tourne à plein régime.
Quant à la Biélorussie, qui s’était intégrée à la crise Ukraine-Russie dans un second temps (à partir du 17 avril avec l’annonce qu’un coup d’Etat américano-polonais avait été déjoué), elle a procédé à une vague massive d’arrestations et de condamnations. Ce qui est marquant ici, c’est que les opposants au régime dictatorial biélorusse sont des gens comme tout le monde, pas vraiment politiques et par conséquent d’autant plus en panique devant une répression brutale. C’est extrêmement sordide, même si évidemment les opposants convergent de manière concrète avec les Etats-Unis qui cherchent à renverser le régime.
Et on a atteint cependant un certain cap avec l’initiative biélorusse du 23 mai 2021 de détourner un avion de la compagnie Ryanair. Il y avait à son bord un opposant biélorusse, Roman Protassevitch, avec sa femme.
Rappelons ici que la présidentielle biélorusse du 9 août 2020, gagnée par Alexandre Loukachenko au pouvoir depuis 1994, avait été prétexte à une révolte démocratique largement passée dans le giron des pays occidentaux. Roman Protassevitch, un opposant qui avait notamment travaillé pour l’organisme américain Radio Free Europe/Radio Liberty en version biélorusse, avait alors été le rédacteur en chef de la chaîne Nexta sur Telegram, qui appelait à se soulever contre le régime. Il opérait depuis la Pologne où il s’était installé, un pays ultra-agressif sur le plan de l’expansionnisme.
Lors du parcours du vol Athènes-Vilnius, au moment du passage au-dessus de la Biélorussie, quatre personnes de nationalité russe ont provoqué une bagarre et affirmé qu’il y avait une bombe à bord. Un avion militaire biélorusse, un Mig-29, a alors intercepté l’avion et l’a forcé à se poser… L’opposant et sa femme ont été arrêtés bien entendu, les espions ne reprenant pas l’avion.
Les États de l’Union européenne sont évidemment fous de rage devant ce qui relève d’un acte de piraterie. La présidente lituanienne Gitanas Nausėda a appelé l’OTAN à réagir, le premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a parlé d’un « acte sans précédent de terrorisme d’État ». L’ambassadeur de Biélorussie à Paris a également été immédiatement convoqué au ministère français des Affaires étrangères, alors que le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a affirmé de son côté que :
« Le détournement par les autorités biélorusses d’un vol de Ryanair est inacceptable. Une réponse ferme et unie des Européens est indispensable. »
Le Secrétaire d’État américain Anthony Blinken a publié un message de protestation où le soutien à un soulèvement est évident :
« Nous sommes avec le peuple biélorusse dans ses aspirations pour un avenir libre, démocratique et prospère, et soutenons leur appel pour ce que le régime respecte les droits humains et les libertés fondamentales. »
Et il faut noter l’appel fait en commun par les présidents des commissions parlementaires de plusieurs pays. On parle ici de la République tchèque, de l’Allemagne, de l’Irlande, de la Lituanie, de la Lettonie, de la Pologne, du Royaume-Uni et des Etats-Unis.
Il est demandé à ce que l’espace aérien biélorusse soit confiné, que l’OTAN et Interpol se mobilisent, que des élections libres supervisées de l’extérieur soient tenues en Biélorussie.
Hasard de calendrier… ou pas, le secrétaire britannique à la Défense Ben Wallace a déclaré que la Russie était « la menace numéro un » pour la Grande-Bretagne.
La Russie a quant à elle salué la « brillante opération spéciale » par l’intermédiaire du député russe Viatcheslav Lysakov, au nom de la Douma…
C’est là dans la continuité de la crise Ukraine-Russie qui a commencé et qui est l’expression de la tendance à la guerre dans le cadre de la crise sanitaire, économique, écologique… Le conflit n’a été repoussé que pour prendre davantage d’ampleur.