On peut considérer que le conflit a concrètement commencé.
Après la négociation Russie – Etats-Unis à Genève du 10 janvier 2022, celle Russie – Otan à Bruxelles le 12 janvier 2022, il y a eu pareillement le 13 janvier 2022 une négociation entre la Russie et l’OSCE, à Vienne. L’OSCE, c’est l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, une sorte de plate-forme de discussion diplomatique sur la sécurité. Elle dispose notamment d’une mission spéciale d’observation dans le Donbass pour observer et consigner les violations des accords de Minsk prévoyant de limiter l’emploi de certaines armes de la part de l’Ukraine et des « républiques » séparatistes.
Les négociations n’ont rien donné bien entendu et le représentant russe auprès de l’OSCE, Alexander Lukashevich, a dit que celles-ci avaient été une « déception », que les occidentaux ne prenaient pas en compte les « intérêts nationaux de la Russie ».
Le ministre polonais des Affaires étrangères, Zbigniew Rau, dont le pays vient de prendre la présidence l’OSCE pour 2022, a indiqué au sujet de la situation que :
« Il semble que le risque de guerre dans la zone de l’OSCE soit plus grand que jamais au cours des 30 dernières années. »
Et l’envoyé de la superpuissance américaine auprès de l’OSCE, Michael Carpenter, a expliqué que :
« Les tambours de la guerre résonnent fort et la rhétorique est devenue plutôt stridente. »
A côté de cela, cela devient de la folie. Emmanuel Macron a ainsi demandé que les États-Unis participent aux accords de Minsk. Ces accords-discussions ont lieu depuis 2014 entre la Russie, l’Ukraine, l’Allemagne et la France, ces deux pays faisant tout pour que, justement, ce soit eux les maîtres du jeu et surtout pas les États-Unis. Là, Emmanuel Macron s’est totalement aligné sur la puissance américaine.
On notera ici que les ministres européens de la Défense et des Affaires étrangères sont en France, à Brest, du 12 au 14 janvier, pour « plancher » sur la stratégie militaire européenne – mais en réalité, c’est la superpuissance américaine qui décide, l’Union européenne et l’OTAN se conjuguant, Emmanuel Macron étant en France le représentant désormais de la fraction pro-américaine.
Il y a un bloc occidental unifié – du moins en apparence et pour le moment présent – visant à désagréger la puissance russe.
Il va de soi que la Russie, qui a désormais autour de 120 000 soldats à la frontière avec l’Ukraine, n’apprécie pas du tout cela et continue d’envoyer ses troupes d’Est en Ouest. On peut considérer que les 2/3 de l’armée de terre russe est désormais réunie. 1/3 seulement des troupes présentes l’est normalement dans la région. C’est la première fois depuis 1944 que des troupes russes partent d’aussi loin à l’Est pour rejoindre l’Ouest du pays.
Sergei Ryabkov, ministre des affaires étrangères adjoint, a expliqué lors d’une interview qu’il ne pouvait confirmer ou infirmer la mise en place de missiles russes… à Cuba ou au Venezuela. Le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a expliqué que des sanctions contre Vladimir Poutine de la part des États-Unis équivaudrait à une cessation des relations entre les deux pays.
L’ambassade russe aux États-Unis a également salué l’anniversaire de Viktor Bout, un trafiquant d’armes condamné à 25 ans de prison aux États-Unis. Et profitant des 220 ans de la fondation des affaires étrangères russe, le ministère concerné a publié une image expliquant que le président lui avait donné comme consigne de mettre l’Ouest sur 220 volts!
Le conflit a, de fait, déjà commencé. C’est là la confirmation de la justesse d’une analyse considérant que le capitalisme, c’est la guerre, que la crise mondiale ouverte par la pandémie a imposé la bataille générale pour le repartage du monde.
Cela va si loin que non seulement la guerre en Ukraine est d’actualité pour les puissants, mais qu’il y a même la question de savoir si la Russie ne va pas envahir l’île suédoise de Gotland pour empêcher la Suède de rejoindre l’OTAN, alors que la superpuissance américaine affirme ouvertement vouloir amener des troupes en Europe dans les pays de l’OTAN voisins de la Russie.
Et tout cela se déroule totalement à l’écart d’une vie quotidienne capitaliste totalement déconnectée des événements mondiaux qui font réellement l’actualité. C’est aussi un aspect essentiel de la crise : la société a totalement décroché de la réalité. Pour les gens, la réalité c’est Netflix, le crédit à payer, la mode à suivre, les LGBT, TF1, les soldes, le nouveau smartphone à se procurer, la téléréalité à contempler… et la liste de la consommation aliénante, infantilisante est comme on le sait extrêmement longue.
Le capitalisme est dans le mur, à tous les niveaux. Et il entraîne le monde avec lui dans le gouffre.