Les lignes de front sont multiples.
Alors qu’à la fin décembre était signé un plan stratégique d’interopérabilité pour vingt ans des marines de guerre française et américaine, la France participe à la manœuvre navale de l’OTAN « Neptune Strike 2022 », du 24 janvier au 4 février en Mer Méditerranée. L’OTAN a expliqué que cette manœuvre était prévue depuis longtemps. Force est pourtant de constater qu’elle n’apparaît nullement dans la liste de l’OTAN de décembre 2021 annonçant les manœuvres pour 2022.
De plus, c’est le Pentagone qui a annoncé cette manœuvre navale, en expliquant que le porte-avions USS Harry S. Truman et son groupe aéroporté partaient en Mer Méditerranée. C’est en fait une réponse aux manœuvres navales russes décidées précipitamment avec 140 navires, avec également des manœuvres navales Russie – Chine – Iran.
Et il faut souligner que le porte-avions français Charles de Gaulle restera toute l’année en Mer Méditerranée, contrairement aux années précédentes. Cela correspond à la ligne française de s’imposer dans la région, avec notamment le pacte secret franco-grec signé en octobre 2021.
Mais le point le plus frappant est l’annonce par Emmanuel Macron comme quoi la France pourrait envoyer des troupes en Roumanie dans le cadre de l’OTAN… Ce qui nous ramène à il y a un siècle, lorsque la Roumanie était, comme la Pologne et la Tchécoslovaquie, dans l’orbite d’influence de la France. Il faut bien sûr relativiser car ici la France s’inscrit dans la perspective d’hégémonie américaine, la Roumanie abritant notamment des installations de l’OTAN.
Cette annonce a été faite comme en passant, lors du vœux aux armées du 19 janvier 2022, avec l’affirmation mise au conditionnelle disant que la France était prête à envoyer des troupes en Roumanie… Ce qui est une hypocrisie, puisque c’est en fait l’annoncer.
« Nous avons continué à nous déployer pour la sécurité de nos partenaires européens, dans le cadre des missions de l’OTAN et les missions eFP [enhanced Forward Presence – Présence avancée rehaussée] chez nos amis baltes. Et nous continuerons à la faire dans la durée.
Nous avons indiqué notre disponibilité à aller plus loin. Et dans le cadre de l’OTAN, à nous engager sur de nouvelles missions afin de prendre toutes nos responsabilités dans des missions de type eFP, en particulier en Roumanie, si elles étaient décidées. »
C’est une sacrée provocation alors que la Russie a demandé que l’OTAN revienne à ses positions de 1997, ce qui revient à dire que l’OTAN doit notamment sortir de Roumanie. Et la Roumanie est également proche géographiquement… de la Turquie, avec un accès sur la Mer Noire. On l’a compris : on est dans un imbroglio d’alliances dans le cadre d’une tendance à la guerre forcenée.
La France et la Grèce vont affronter la Turquie, alors que ces trois pays sont dans l’OTAN et veulent la peau à la Russie, pendant que celle-ci cherche à un partenariat avec l’Allemagne, qui aimerait prendre la France dans son sillage comme avant, etc.
Voici pour rappel les pays de l’OTAN ayant une présence militaire dans le pays baltes et en Pologne, faibles mais symboliques et comptant monter en gamme pour contrer/faire basculer la Russie.
Dans la même ordre d’idées, la secrétaire d’État britannique aux affaires étrangères Elizabeth Truss vient de proposer une… « trilatérale », consistant en un bloc du Royaume-Uni avec la Pologne et l’Ukraine.
La logique des blocs, les grandes puissances s’organisant un empire… La tendance à la guerre est irrépressible.