La décadence capitaliste ruine la Cause des femmes.
Le premier article traitant de l’Ukraine sur agauche.org date de février 2018 est intitulé La « sexualisation agressive » et iconique de la femme ukrainienne. Depuis l’effondrement de l’URSS en effet, l’Ukraine est un bastion de la prostitution en raison de l’effondrement tant de l’économie (et du niveau de vie) que de la destruction générale des tissus sociaux. Une des principales contre-réponses a également été une sorte de féminisme dévoyé pro-nazi, qui n’existe d’ailleurs plus aujourd’hui, les femmes étant totalement réduites au statut de gestionnaire d’intendance, et ce d’autant plus avec la guerre.
Car l’armée ukrainienne n’est pas populaire et de ce fait n’accueille pas les femmes, en faisant encore moins des dirigeantes. C’est évidemment la même chose du côté russe et c’est une catastrophe car on a ici un grand vecteur patriarcal. Et avec la tendance à la guerre qui se généralise, ce vecteur va devenir toujours plus prégnant. Le féminisme bourgeois et petit-bourgeois des pays occidentaux, qui vise simplement à réimpulser le capitalisme en installant des femmes dans des fonctions auparavant trustées par des hommes, va tout simplement s’incliner devant les nécessités patriarcales-militaristes du moment, il va tomber le masque.
Et il le fera de gré ou de force, car la tendance est d’ailleurs déjà installé de la logique comme quoi il faut des troupes prêtes à l’attaque et le consumérisme hédoniste turbocapitaliste à la LGBT ne satisfait pas cela, il faut donc le mettre de côté. C’est la ligne politique d’Eric Zemmour et Marion Maréchal.
Pour assumer la Cause des femmes, il n’y a donc plus que le Socialisme, parce que seul le Socialisme réfute tant le conservatisme conférant à la femme une place subordonnée que le turbocapitalisme qui ne considère que des individus et rejette même l’existence des femmes (être femme serait un choix qu’une personne ayant un corps d’homme pourrait faire, etc.).
Seul le Socialisme comprend dans quelle mesure les femmes sont opprimées depuis le patriarcat triomphant du matriarcat au début des sociétés humaines, avec l’agriculture et l’élevage, et ce que cela signifie dans les rapports aux animaux et à la Nature, et inversement dans les rapports aux aventures militaristes d’esprit patriarcal.
La guerre en Ukraine est en ce sens un tournant historique pour le féminisme, car dans la bataille pour le repartage du monde, il n’y a aucune autre place que dans la convergence avec la guerre, avec l’esprit de conquête, de soumission, alors que le capitalisme en décadence accentue encore plus les traits déjà présents de la violence matérielle à l’encontre des femmes. Soit la Cause des femmes se fait emporter par la guerre, soit elle triomphe dans le Socialisme. Entre les deux, tout s’efface.
On a un sinistre exemple de cela avec Arthur do Val, député de droite de l’État de Sao Paulo au Brésil. Parti soi-disant pour aider la population en Ukraine, et bien entendu se faire valoir en fabriquant des cocktails molotov et en le médiatisant, il a tenu des propos qui ont fuité car il les avait envoyés par messages. Cela donne :
« Elles te regardent et elles sont faciles, parce qu’elles sont pauvres. Quand elles ont vu mon compte Instagram plein d’abonnés, ça a super bien marché. »
« Je viens de traverser la frontière entre la Slovaquie et l’Ukraine à pied et je n’ai jamais vu autant de jolies filles. Dans la file d’attente des réfugiés, il n’y avait que des beautés. Si tu prends la file d’attente de la meilleure boîte de nuit de Sao Paulo, ça n’arrive pas aux chevilles de cette file des réfugiés. »
C’est exemplaire de comment des « bonnes intentions », s’inscrivant hors du Socialisme, basculent immanquablement dans la décadence. Un autre exemple concerne la GPA, dont l’Ukraine est un bastion de la GPA (Les horribles coulisses de la GPA en Ukraine, article d’octobre 2020). Les médias se sont lentement attardés sur le sort des « pauvres » parents ayant des soucis pour récupérer « leur » enfant acheté en Ukraine. Cela a été absolument ignoble.
Et, catastrophe encore, la Droite mène depuis une semaine une grande offensive sur ce thème, dénonçant avec raison ces gens indignes abandonnant la (vraie) mère ukrainienne dans un pays en guerre. La revue ultra-réactionnaire Valeurs Actuelles dénonce par exemple violemment la clinique ukrainienne de GPA BioTexCom qui après avoir proposé des bébés « Black Friday » met en ligne une vidéo d’un abri anti-aérien pour accueillir les clients. La manif pour tous a organisé un happening au pied de la Tour Eiffel le 5 mars, tout en faisant la promotion de Marion Maréchal qui bien entendu pourfend la GPA sur une base conservatrice révolutionnaire.
Il y a également une pétition contre la GPA en Ukraine. Et cet impact de l’Ukraine, de la guerre en Ukraine, sur la Cause des femmes, rappelle qu’il n’existe pas de porte de sortie individuelle, que la question est à la fois historique et mondial. Le monde doit changer de base, entièrement. La question de la guerre est devenue centrale et le féminisme doit être en première ligne dans la bataille pour le Socialisme.