Un panorama pour saisir les clefs du développement.
Il est temps de dresser un panorama de la situation actuelle en Ukraine alors que la ville de Marioupol est en train de tomber dans les mains russes, brisant la forteresse militaire des nazis du régiment Azov. Ceux-ci, déjà d’une énorme brutalité, vont mener une nouvelle escalade et déjà fleurissent les images de gens scotchés à des arbres ou des poteaux, et maltraités. La Russie parle d’opposants au régime qui sont ciblés, le régime ukrainien de pillards, et on comprend qu’on rentre dans une nouvelle guerre de communication, dans le cadre d’une nouvelle phase avec désormais l’occupation militaire russe. La question des exécutions sommaires, déjà abordée, ne peut que prendre une ampleur toujours plus grande.
La Pologne s’agite également comme une forcenée pour que l’OTAN intervienne militairement. A ses côtés, on a les pays baltes littéralement déchaînés eux aussi dans le militarisme. L’objectif ici est la conquête de la Biélorussie, ni plus ni moins. Telle est la guerre du repartage du monde, une fois enclenchée, elle ne cesse de prendre de l’ampleur.
En attendant donc l’escalade nouvelle à venir, voici de quoi comprendre la situation générale actuellement. Voici une carte de l’Ukraine. La partie Est du pays est très plate et, par conséquent, un terrain favorable au mouvement de troupes en cas d’invasion visant la Russie. C’est donc l’objectif principal de la Russie que de neutraliser ce territoire, en termes stratégiques défensifs. En termes stratégiques offensifs, dans une perspective de conquête, il y a la zone Sud, avec la Mer Noire, où il s’agit de disposer de bases navales, dans le prolongement des initiatives tsaristes en ce domaine. Enfin, dans le contexte actuel, il s’agit de paralyser le régime ukrainien, dont la capitale est Kiev.
Ces trois axes expliquent les trois offensives russes. Voici une autre carte, avec les trois offensives russes placées symboliquement.
Il est considéré que l’offensive 1 a été un échec, que l’offensive 3 a été un succès, que l’offensive 2 est entre les deux car elle n’a pas vraiment eu lieu.
En pratique personne n’a d’informations quant aux pertes ukrainiennes : le black-out sur ce point est absolument total. Il n’y a pas non plus d’informations quant aux pertes russes (à part ce qui est dit par le régime ukrainien). A moins donc de profiter d’informations des états-majors ou des services secrets, et encore au plus haut niveau, impossible d’avoir un aperçu concret qui ait une quelconque certitude.
Il y a bien des photos de véhicules russes détruits, des vidéos de soldats russes emprisonnés dans des mises en scène par le régime ukrainien (ce qui est un crime de guerre selon la convention de Genève), mais on ne peut être sûr de rien sur ce plan, toute information dépendant des armées, même si on les retrouve sur les réseaux sociaux. L’intoxication est la règle.
Un exemple significatif de cela est qu’en même temps que le régime ukrainien explique que l’armée russe connaît une débâcle, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’adresse au parlement israélien (en l’occurrence le 20 mars 2022) pour expliquer que les Russes mènent une « solution finale » contre les Ukrainiens, que les ces derniers sont dans la même situation que les Juifs face aux nazis.
De la même manière, les médias anglophones expliquent le 22 mars 2022 que la Russie connaît une défaite totale, et pourtant qu’elle s’apprête à envahir la Pologne. La propagande tourne à fond et on aura compris que le fameux centre commercial bombardé à Kiev abritait des forces ukrainiennes, en l’occurrence des véhicules dans le parking, bien évidemment.
En réalité, l’armée russe avance inlassablement, en forçant sa voie. En sachant qu’il y a 2000 km de front, on comprend l’ampleur de son action et on saisit que la théorie du « blitzkrieg » que la Russie aurait espéré est fausse. Naturellement, la Russie a tout de même relativement tenté le coup, en se disant qu’il fallait au moins essayer. Mais cela n’a jamais été l’objectif.
La preuve de cela, c’est que pendant les deux premières semaines, l’armée russe a évité d’employer ses unités d’élite, ses tanks les plus modernes, ses drones, son aviation. L’armée russe agit en fait de manière très pragmatique, en envoyant au casse-pipe des forces annexes, afin de tenter le coup et de voir les modalités d’action de l’armée ukrainienne. Le problème est bien sûr qu’un tel pragmatisme provoque une désorganisation générale d’une telle offensive, d’où vraisemblablement de nombreuses pertes inévitables quand on procède ainsi. Cependant, là n’est pas le noyau de la question. Ce qui prime, c’est l’installation de l’occupation par la Russie.
Voici une carte, venant d’un média russe, en date du 21 mars 2022.
Concrètement, la Russie détruit les bases militaires ukrainiennes et l’industrie militaire ukrainienne, déstructure l’ensemble du pays à très grande échelle (avec les réfugiés, les destructions collatérales, les occupations, les encerclements de villes, etc.). Elle compte encercler le gros des forces ukrainiennes qui est présent dans le Donbass, afin de l’anéantir. Elle table sur la prise de toute la côte, jusqu’à Odessa, en se contentant par contre de maintenir encerclées les villes de Kiev et Kharkiv, pour les épuiser.
Puis elle dictera ses conditions à l’Ukraine pour la fin de la guerre, maintenant sinon une occupation / un affrontement permanent, voire une occupation au moyen de « républiques » régionales.
Dans l’accord, il y aura bien entendu que l’Ukraine appelle à la fin des sanctions contre la Russie. Et nombre de grandes puissances, avides d’une meilleure place dans la grande compétition qu’est la bataille pour le repartage du monde, s’empresseront de se précipiter dans la brèche… tout en étant prêts, si la Russie échoue dans sa démarche, à la dépecer.
Ce qu’on voit est peut-être la première guerre « moderne » du 21e siècle, une guerre de repartage du monde qui est une guerre sans être une guerre, pour contourner la question atomique. C’est un événement d’une importance majeure.