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Événements significatifs

La contestation agricole de janvier 2024

Il n’y a plus de paysans en France. Il n’existe au 21e siècle plus que des entrepreneurs travaillant dans le domaine agricole, systématiquement au service de l’agro-industrie. Si les paysans ont été le pilier du pays, en tous cas numériquement, pendant des siècles, le capitalisme a tout changé au 20e siècle.

Il y a eu l’exode rural, c’est-à-dire de la main-d’œuvre devenant ouvrière allant massivement vers les villes. Puis il y a eu l’industrialisation des campagnes et plus récemment la tertiarisation des campagnes, alors que dans le même temps les aires urbaines se sont étendues loin à la campagne.

En 2020, la France métropolitaine comptait 389 800 exploitations agricoles, environ 100 000 de moins qu’en 2010. Cinquante ans auparavant, en 1970, il y en avait encore 1,6 millions, alors qu’en 1900, près d’un Français sur deux travaillait encore dans les champs…

Les agriculteurs d’aujourd’hui sont ceux qui ont racheté petit à petit les terres des autres, arrachant au passage les haies et utilisant allégrement tout ce que l’industrie leur a vendu comme produits chimiques et engins agricoles. Il y a bien sûr des exceptions, mais c’est à la marge. Et il ne s’agit pas de paysans, mais plutôt de petits entrepreneurs en mode artisanal, avec souvent initialement une vie urbaine ou intellectuelle.

L’aspect positif, c’est que dans un pays comme la France, la population est sortie de la précarité alimentaire. Les risques de maladies végétales et animales, les intempéries, les crises économiques sont relativement maîtrisés et en tous cas ils sont couverts par la quantité de production (concentrée à l’échelle nationale avec des interactions mondiales).

L’aspect négatif, c’est que l’agriculture ne sert plus à nourrir la population, mais à fournir de la matière première pour que l’agro-industrie fabrique des marchandises alimentaires. Ces marchandises sont généralement de très mauvaise qualité nutritives, voire franchement nocives, en plus d’être le plus souvent issue d’une souffrance animale abominable.

Les agriculteurs d’aujourd’hui n’ont pas subi ce système : ils sont dans leur très grandes majorité de droite, c’est-à-dire qu’ils sont réactionnaires sur le plan des mœurs et libéraux économiquement. Ils ont allègrement participé à ce système tout autant qu’ils l’ont promu. Le salon de l’Agriculture de Paris exprime parfaitement cette mentalité.

Les plus mesquins d’entre eux s’en sont très bien sortis financièrement et sont devenus de riches entrepreneurs, roulant en 4×4 flambant neuf et employant une myriade de petites-mains, souvent étrangères pour mieux les exploiter. On imaginera ici un riche viticulteur prenant régulièrement l’avion pour négocier de nouveau marchés à l’export.

Les plus naïfs d’entre eux travaillent sans merci chaque jour de la semaine, ne prennent jamais de vacances et sont l’otage des banques, pour un bénéfice commercial très maigre, offrant une vie à la limite de la précarité. On imaginera ici un éleveur de vaches laitières complètement asphyxié par la multinationale Lactalis à qui il vend tant bien que mal sa marchandise.

Bien entendu, ce sont les premiers qui dirigent les organismes représentatifs des agriculteurs, mais ce sont les seconds qui sont mis en avant pour faire pleurer dans les chaumières.

C’est exactement ce qui se passe en janvier 2024 avec les différents mouvements de contestations et de blocages/manifestations. Deux organisations portent le mouvement, plus ou moins en concurrence.

Il y a la FNSEA (et sa succursale Les jeunes agriculteurs), l’organisation majoritaire qui a recueilli plus de 55 % des voix lors des dernières élections des chambres d’agriculture et qui revendique 212 000 membres. Elle est libérale sur un mode moderniste et turbo-capitaliste, avec une intégration totale à la politique agricole de l’Union européenne.

Et puis il y a la Coordination rurale, qui a recueilli environ 20 % des voix lors des dernières élections des chambres d’agriculture et qui revendique 15 000 membres. Elle est libérale aussi, mais sur un mode plus traditionnel et conservateur ; elle puise son origine dans la critique de la politique agricole de l’Union européenne, avec une tendance au nationalisme.

La 3e organisation est la Confédération paysanne, qui a recueilli un peu moins de 20 % des voix lors des dernières élections des chambres d’agriculture et qui revendique 10 000 membres, mais elle est en retrait de l’origine du mouvement en janvier 2024. Elle est aussi libérale, mais avec une prétention sociale et écologiste, et surtout un conservatisme romantique (d’où l’utilisation abusive du terme « paysan » dans son nom).

La FNSEA est depuis plusieurs semaines à l’origine de la mise à l’envers des panneaux d’entrées d’agglomérations dans les campagnes. La coordination rurale est plutôt à l’origine de blocages importants dans le sud de la France. Tout ce petit monde converge maintenant dans l’idée de bloquer Paris et le marché international de Rungis.

De manière générale, ils dénoncent des charges en hausse, des normes contraignantes (en général des normes écologiques, parfois quelques normes sanitaires), des prix bas, une pression de l’agro-industrie, une concurrence européenne ou mondiale inéquitable ainsi que des négociations insatisfaisantes avec la grande distribution.

Il y a ici forcément les effets de la crise du capitalisme, qui touche tous les secteurs et impose une pression toujours plus forte sur les petites et moyennes entreprises de la part des monopoles, les grands groupes internationaux. Les entreprises agricoles même les plus importantes restent en fait des PME, elles ne pèsent que très peu face aux monopoles.

C’est pour cela qu’il y a une crise dans ce domaine, une crise propre au capitalisme, qui nécessite une analyse approfondie.

Néanmoins, la question se pose aujourd’hui pour la Gauche de savoir s’il faut soutenir ce mouvement, en tous cas les plus petits agriculteurs subissant une pression accrue. Ceux-ci sont l’équivalent rural des immigrés livreurs Uber dans les villes : ils sont indépendants sur le papier, mais sont totalement soumis à un grand groupe en pratique ; leur indépendance ne signifie que précarité, sans aucune garantie propre au salariat.

Le problème réside précisément ici : les petits agriculteurs s’imaginent pouvoir maintenir leur indépendance, ils croient en la fiction d’une meilleure négociation des prix agricoles pour assumer leur rémunération de chef d’entreprise. Ils nient totalement la crise du capitalisme. Ils n’imaginent aucunement s’émanciper des plus gros capitalistes agricoles, ni s’affronter aux monopoles de l’agro-industrie.

S’il y avait des agriculteurs voulant produire une nourriture saine et de qualité, avec une perspective démocratique, avec l’ambition de respecter mieux l’environnement et les animaux… Mais il y a là des gens déversant du lisier, brûlant des pneus, revendiquant de manière racoleuse et outrancière.

Il y a des agriculteurs qui n’en ont en réalité pas grand-chose à faire de ce qu’ils vendent, du moment qu’ils peuvent le vendre sans trop de contraintes administratives, ni de normes écologiques et sanitaires. Et puis, voire surtout, il y a en fait là-dedans énormément de gens qui sont des éleveurs ayant mis en place un système carcéral pour exploiter des animaux servant de matière première à l’agro-industrie.

La Gauche ne peut certainement pas apprécier cela. La contestation agricole de janvier 2024 est clairement et largement de droite. L’image d’Épinal de l’agriculteur qui serait un paysan aimant nourrir les gens est une escroquerie digne des pires films publicitaires. L’agriculture en France en 2024 est monstrueuse, entièrement soumise à une agro-industrie destructrice.

À notre époque, c’est tout ou rien. Soit on change tout en faisant table rase du passé, soit rien ne change en bien, seulement en pire. La crise est bien trop profonde.

Le problème, c’est que personne ne voit ça, ou plutôt ne veut voir ça. Les sondages ne sont pas du tout étonnants : ce serait près de 90 % des Français qui soutiennent la contestation des entrepreneurs agricoles. Avec un tel panorama, la France est mûre pour une victoire de l’extrême-Droite, cela ne fait aucun doute. Nous aurons bientôt notre Donald Trump, notre Jair Bolsonaro, notre Javier Milei.

Des gilets jaunes aux agriculteurs en passant par le mouvement contre la réforme des retraites, les Français veulent simplement maintenir leur niveau de vie et rien d’autre. Ils n’ont ni conscience, ni envergure ; ils se ratatinent à l’image de l’occident.

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Nouvel ordre

La révolution dans le sport !

Dopage, corruption, machine à faire de l’argent : le sport est souillé par le capitalisme… Si la France était un État démocratique et populaire, l’organisation du sport dans le pays n’aurait plus rien à voir avec ce qu’il est aujourd’hui.

Voici un programme détaillé et précis montrant à quoi pourrait ressembler l’organisation du sport si la classe ouvrière prenait le pouvoir.

1/ Principes généraux

a) L’intégrité physique, morale et sociale des personnes est le critère principal déterminant leur pratique sportive. L’épanouissement physique personnel et la réussite sportive collective sont des critères secondaires, liés organiquement au premier critère.

b) La connaissance et la pratique de l’arbitrage, des méthodes d’entraînement et des réflexions doctrinaires régissant la compétition font partie inhérente de la pratique sportive, quelle que soit la discipline et quel que soit le niveau.

c) Dans la jeunesse, le sport scolaire est la norme, avec une association nationale du sport scolaire pour chaque discipline, sous la supervision du Conseil national des sports et sous tutelle du Conseil national de l’éducation intellectuelle et manuelle de la jeunesse.

d) Le sport amateur adulte est le prolongement du sport scolaire. Il fonctionne par des clubs associatifs sur une base territoriale, organisé par les communes populaires et encadré par une association nationale du sport amateur adulte dans chaque discipline, sous tutelle du Conseil national des sports.

e) Le sport élite professionnel et le sport élite de niveau international sont organiquement liés au sport scolaire et au sport amateur adulte, avec en plus un lien de subordination moral et social à ceux-ci.

f) Toutes les organisations sportives sont mixtes ; les hommes ont interdiction de participer aux compétitions féminines, les femmes sont autorisées à participer aux compétitions masculines.

g) Aucune matière d’originale animale (cuir, laine, plumes, etc.) ni aucun produit testés sur les animaux ne sont utilisés pour le sport ; la protection animale est valorisé par le sport (il n’y a pas d’équitation, les installations sportives respectent les animaux sauvages, etc.)

2/ La voie principale du sport scolaire (le parcours normal)

a) La pratique d’une activité sportive principale, sérieuse et sur le long terme, est encouragée pour chaque jeune, quel que soit le niveau. L’objectif est que cette pratique soit largement majoritaire dans la jeunesse, sans jamais être obligatoire.

La formation scolaire intellectuelle et manuelle est l’aspect principal de la vie des jeunes du parcours normal, mais elle doit être organisée de manière à permettre la pratique sérieuse et aboutie du sport.

Chaque discipline est organisée en une association sportive scolaire locale, subordonnée à la direction de l’établissement scolaire et organisée par l’association nationale du sport scolaire de la discipline.

Chaque association sportive scolaire locale doit échanger régulièrement avec les autres associations sportives scolaires locales de l’établissement, dans le but de former les jeunes physiquement et moralement de manière complète.

Les établissements scolaires doivent mettre à dispositions l’encadrement et les équipements nécessaires à l’entraînement et aux compétitions. Ces dernières sont des deux sortes :

  • les compétitions par discipline, organisées localement et régionalement par les associations sportives scolaires locale, avec l’aide du sport amateur adulte et de manière subordonnée aux établissements scolaires. Un championnat national scolaire normal est organisé soit chaque année, soit tous les deux ans, dans chaque discipline ;
  • les compétitions interdisciplinaires et pluridisciplinaires, organisées régulièrement par les établissements scolaires. Les pratiquants de chaque discipline sont nécessairement exclus de la participation aux épreuves de leur discipline respective, mais doivent participer à l’organisation et l’encadrement de celles-ci.

b) Les jeunes n’ayant pas une pratique sportive principale dans laquelle ils s’inscrivent de manière sérieuse et sur le long terme sont encadrés deux fois par semaine pour une activité physique adaptée, sans compétition mais en favorisant le jeu, dans le but de les former physiquement et moralement de manière complète. Une attention particulière est portée au respect de l’intégrité physique et morale de ces jeunes, ainsi qu’au respect de leur intimité.

3/ La voie minoritaire du sport scolaire (parcours élite)

Le parcours élite vise à la formation de sportifs élites professionnels (salariés par un club franchisé) et de sportifs élites de niveau international (indemnisés et encadrés au sein d’un pôle public sportif).

Les jeunes ayant un parcours élites fréquentent les mêmes établissements que ceux de la voie principale, avec un maximum de cours et de travaux pratiques en commun.

Les critères d’accès au parcours élite et le nombre de personnes concernés sont déterminés chaque année par le Conseil national des sports. Le Conseil national de l’éducation intellectuelle et manuelle de la jeunesse et le Conseil national de la planification économique et du travail ont un devoir de regard et un droit de veto sur la détermination des critères et du nombre.

La formation scolaire intellectuelle et manuelle est l’aspect principal de la vie des jeunes du parcours élite, mais elle doit entièrement être aménagée par rapport à l’activité sportive et notamment les compétitions.

Les compétitions sont organisées directement par le Conseil national des sports, avec une portée nationale, indépendamment des établissements scolaires et des différentes associations nationales du sport de la discipline.

4/ Le sport élite professionnel

Le sport élite professionnel fonctionne en clubs franchisés, sur une base nationale, organisés et encadrés par une association nationale du sport élite professionnel dans chaque discipline (dépendante à parts égales de l’association nationale du sport scolaire et de l’association nationale du sport amateur adulte de la discipline), sous la supervision du Conseil national des sports et sous tutelle du Conseil national de la planification économique et du travail.

Les associations nationales du sport élite professionnel de chaque discipline déterminent annuellement le nombre de clubs franchisés ainsi que la nature et le nombre de leurs effectifs. Elles organisent et dirigent une agence de placement des sportifs élites professionnels pour chaque discipline.

Les clubs franchisés sont les employeurs des sportifs élites professionnels ; ils leur fournissent un contrat de travail à durée déterminée pour une, deux ou trois saisons sportives. Les grilles salariales sont strictement équivalentes à celles des ouvriers qualifiés d’usine.

Le sport élite professionnel est interdit avant 18 ans. Les sportifs élites professionnels sont liés jusqu’à au moins 23 ans soit à une formation professionnelle ou une activité professionnelle à raison de 15 heures par semaine, soit à une formation universitaire.

L’association nationale du sport élite professionnel de chaque discipline organise une équipe nationale pour les compétitions internationales. Les jeunes du parcours élite peuvent être convoqués en équipe nationale avec les sportifs élites professionnels. Refuser ou saboter une convocation en équipe nationale est un délit.

5/ Le sport élite de niveau international

Le sport élite de niveau international concerne les disciplines dont les compétitions élites sont disputées uniquement au niveau international. Il fonctionne en un pôle public unique pour chaque discipline (dépendant à parts égales de l’association nationale du sport scolaire et de l’association nationale du sport amateur adulte de la discipline), sous tutelle du Conseil national des sports.

Les pôles publics de chaque discipline déterminent annuellement la nature et le nombre de leurs effectifs. Ils ne sont pas employeurs des sportifs élites de niveau international, ceux-ci étant indemnisés directement par le Conseil national des sports.

Le sport élite de niveau international est possible de 16 ans à 32 ans et chaque sportif élite de niveau international est lié soit à une formation professionnelle ou une activité professionnelle à raison de 15 heures par semaine, soit à une formation universitaire.

Les pôles publics de chaque discipline sont l’équivalent de l’équipe nationale de la discipline.

6/ Le sport de haut niveau amateur

Un statut intermédiaire de sportif de haut niveau amateur est possible pour les sports amateurs adultes les plus populaires et les plus riches en effectifs. Les clubs et compétitions sont spécifiques à ce statut et sont organisées par l’association nationale du sport amateur adulte dans chaque discipline, sous la supervision du Conseil national des sports et sous tutelle du Conseil national de la planification économique et du travail.

Le sport de haut niveau amateur est interdit aux moins 18 ans et aux jeunes de plus de 18 ans n’ayant pas fini leur formation scolaire ou professionnelle. Les sportifs de haut niveau amateur sont liés soit à une activité professionnelle à raison de 25 heures par semaine et avec une semaine de congés supplémentaire, soit à une formation universitaire. Ils sont soit rémunérés en tant que travailleur avec un salaire équivalent à un temps-plein, soit indemnisés en tant qu’étudiant.

Une sanction disciplinaire au travail ou à l’université ou une condamnation pénale engendrent la révocation immédiate du sportif. Le Conseil national de la planification économique et du travail peut suspendre sans préavis et sans limitation de durée le statut de sportif de haut-niveau amateur.

7/ La reconversion et l’engagement des sportifs élites

Avant leur 30 ans révolus, les sportifs élites professionnels et les sportifs élites de niveau international doivent intégrer l’Agence publique de reconversion des sportifs élites, sous tutelle du Conseil national de la planification économique et du travail. Ils disposent d’une année après la fin de leur carrière sportive pour entamer une nouvelle carrière professionnelle.

Les sportifs élites professionnels et les sportifs élites de niveau international, sauf dérogation pour raison médicale, doivent intégrer le sport amateur en tant qu’encadrant ou pratiquant durant minimum 3 années consécutives et ce avant la 10e année suivant la fin de leur pratique élite. Cet engagement est annulé pour les sportifs élites devenant encadrant professionnel dans le sport scolaire, dans le sport amateur adulte ou dans le sport élite.

La formation des encadrants professionnels dans le sport scolaire, dans le sport amateur adulte ou dans le sport élite est assurée par des agences dépendantes du Conseil national de la planification économique et du travail. Il n’y a pas de formation scolaire à l’encadrement professionnel du sport ; il faut être âgée au minimum de 30 ans pour devenir encadrant professionnel du sport, à temps partiel ou à temps complet. Il n’est pas nécessaire d’avoir été sportif élite.

8/ L’économie des clubs franchisés

Les clubs franchisés ne doivent pas avoir de déficit comptable. Le cas échéant, celui-ci doit être rectifié au plus tard deux ans après le premier bilan négatif, sous peine de cessation immédiate d’activité. Les installations sportives des clubs franchisés et les stades appartiennent soit aux communes, soit à l’État, qui les mettent à disposition contre paiement des frais d’utilisation et d’entretien. Les clubs franchisés sont bénéficiaires des revenus de billetteries, mais les tarifs sont fixés annuellement et nationalement par le Conseil national des sports pour chaque discipline.

Les modalités de financement (hors billetterie) des clubs franchisés sont déterminées chaque année par le Conseil national de la planification économique et du travail.

Les transactions économiques entre les clubs franchisés ou avec n’importe quelle structure étrangères sont strictement interdites. Les transferts ne sont possibles qu’après la fin d’un contrat ou la rupture concertée d’un contrat avec l’accord de l’agence de placement des sportifs élites professionnels de la discipline.

9/ Le sport international

Pour chaque discipline, c’est l’association nationale du sport amateur adulte qui adhère à une ou plusieurs fédérations sportives internationales, avec l’accord du Conseil national des relations internationales. L’équipe nationale de chaque discipline ne peut concourir à l’internationale que sous couvert de cette adhésion.

Les sportifs sélectionnés en équipe nationale ont un devoir rigoureux de représentation patriotique à l’international : leur comportement doit être exemplaire et les enjeux de la compétition sportive doivent toujours être subordonnés à la valorisation de l’amitié entre les peuples et au respect mutuel entre les pays.

Aucun sportif ne peut faire valoir son statut pour s’exempter de ses obligations à l’égard de l’Armée populaire pour la défense nationale. Celle-ci, de son propre chef, peut toutefois organiser des aménagements en décalant les obligations.

10 / Le dopage et la santé

L’Agence nationale anti-dopage dispose de tous les pouvoirs de police ; elle fonctionne sous la supervision du Conseil national des sports et sous tutelle du Conseil national de la justice populaire. Elle est adhérente et membre active d’au moins une agence mondiale anti-dopage.

Le dopage constitue un délit grave. Le dopage lors d’une sélection nationale constitue un crime.

L’Agence nationale pour la santé des sportifs défend dans toutes les disciplines et à tous les niveaux un programme vigoureux de promotion de la nutrition équilibrée et des bonnes pratiques de prévention des blessures ; elle dépend directement du Conseil national de la santé.

L’Association nationale des soignants du sport organise dans toutes les disciplines et à tous les niveaux le soin des sportifs ; elle a autorité, sous tutelle du Conseil national de la santé, pour obliger les sportifs au repos afin d’assurer le respect de leur intégrité physique, à court ou long termes. Elle supervise l’ensemble des tests à l’effort et valide les visites médicales de recrutements.

11/ Les associations sportives nationales

Tous les sports autorisés disposent d’une association nationale scolaire et d’une association amateur adulte.

Les sports suivants disposent d’un pôle public national pour les sportifs élites de niveau international :

(le pôle est équivalent à l’équipe nationale)

– athlétisme

– aviron

– badminton

– canoë-kayak

– cyclisme sur piste (sprint)

– cyclisme VTT

– escalade

– gymnastiques

– haltérophilie

– handisport

– natation (bassin)

– natation (eau vive)

– ski alpin

– ski de fond

– sports de glace

– tennis

– tennis de table

– voile

Les sports suivants disposent de clubs franchisés avec une ligue pour les sportifs élite professionnels :

(une équipe nationale sélectionne les sportifs de ces disciplines)

– basketball

– cyclisme sur piste (endurance)

– cyclisme sur route

– football

– handball

– volleyball

Les sports suivants disposent d’un championnat national amateur de haut-niveau :

– athlétisme

– basketball

– football

– handball

– tennis

Les sports de combats et de tir sont strictement interdits. Les différents arts martiaux et le tir relèvent uniquement de l’Armée populaire pour la défense nationale et des polices des assemblées générales.

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Événements significatifs

Les Jeux olympiques, une affaire française

Les Jeux olympiques modernes sont une invention française, avec la figure de Pierre de Coubertin qui en est directement l’instigateur. C’est à l’université de la Sorbonne à Paris qu’il a pour la première fois présenté publiquement son idée d’une grande compétition mondiale et pluridisciplinaire entre différentes nations.

C’était à la fin de l’année 1892, lors d’une conférence internationale de l’Union des sociétés françaises des sports athlétiques, sous le parrainage du Président de la République Marie François Sadi Carnot et la présidence du Grand Duc Vladimir de Russie.

La France était alors une grande puissance mondiale, dont l’Angleterre était la grande rivale, ou plutôt la concurrente. Cette dernière était tournée surtout son propre empire, avec une domination directe et totale ; la France, par opposition, prétendait à une vocation universelle, pour une domination plus épurée, plus diffuse.

Les Jeux olympiques modernes ont été inventés dans ce contexte et précisément pour servir le jeu de grande puissance de la France, c’est-à-dire sa propre influence dans le développement du grand marché capitaliste mondial.

Bien sûr, les choses n’étaient pas formulées (ni même comprises) ainsi et c’est par le prisme de la culture que Pierre de Coubertin est passé pour diriger son œuvre. La mode était à l’hellénisme (la fascination pour la Grèce antique) et le sport était en plein développement : l’idée était alors évidente de proposer de nouveaux jeux « olympiques ».

Le baron Pierre de Coubertin n’était pas le seul à avoir eu l’idée, son grand rival Paschal Grousset prétendait également restaurer sous une forme moderne les olympiades antiques. Seulement, ce dernier était tourné vers le peuple et considérait la nation de manière progressiste, dans une tradition républicaine française typiquement de gauche. Il imaginait donc des « JO » scolaires et nationaux, autrement dit une grande fête populaire de la jeunesse française.

Au contraire, Pierre de Coubertin servait la grande bourgeoisie française, de culture aristocratique, ayant une vision de la nation ouvertement impérialiste. Les « JO » devaient pour lui servir le rayonnement mondial de chaque puissance, a fortiori celle de la France puisqu’elle était une grande puissance parmi les plus grandes.

C’est précisément pour cela que Pierre de Coubertin était attaché à la question de l’amateurisme dans le sport et que l’amateurisme est historiquement lié à l’olympisme moderne.

La chose est très simple à comprendre. À la fin du 19e siècle, c’est l’ensemble de la société française qui se modernise et le sport pénètre toutes les classes. L’aristocratie (liée et mélangée à la grande bourgeoisie) opte alors pour une position défensive (mais agressive) pour préserver son influence et sa domination dans le sport : l’interdiction du professionnalisme dans le sport.

C’était une attaque directe contre les couches populaires et la classe ouvrière en particulier, pour qui il était impossible de combiner une activité quotidienne éprouvante (le travail) avec le sport pratiqué de manière intense.

C’est avec le cyclisme, sport populaire français par excellence, qu’est né le professionnalisme dans le sport, avec d’un côté des industriels embauchant des sportifs et de l’autre des jeunes se faisant embaucher par des industriels pour pratiquer le sport à plein temps.

L’amateurisme devait être un rempart, une fortification contre les influences populaires dans le sport, à une époque où la lutte des classes s’exacerbait de part le développement commun, mais antagonique, de la classe ouvrière et de la bourgeoisie.

La conférence de 1892 à la Sorbonne avait été un échec, la proposition de jeux « olympiques » modernes, trop confuse, y faisant un flop. C’est justement avec la question de l’amateurisme dans le sport que Pierre de Coubertin revint à la charge deux ans plus tard, toujours à la Sorbonne à Paris, pour proposer à nouveaux ses Jeux olympiques.

Le baron le dit ouvertement plus tard, la question de l’amateurisme était un « précieux paravent » pour introduire à nouveau sa proposition, lors d’une conférence internationale sur justement la question de l’amateurisme dans le sport. Toutefois, c’était là la clef : sans l’amateurisme, qui garantissait un contrôle bourgeois, l’idée était impossible à soutenir. Sans l’amateurisme comme garde-fou, les Jeux olympiques devenaient directement un événement populaire avec une portée internationaliste.

Toujours est-il que l’entreprise fût cette fois un succès, en tous cas un premier succès. Pierre de Coubertin, qui avait rédigé le programme de la conférence de 1894, avait habilement introduit ce point à la fin des débats :

« De la possibilité du rétablissement des Jeux Olympiques. – Dans quelles conditions pourraient-ils être rétablis ? »

Le principe en fût voté le 23 juin, avec la perspective d’une première édition à Paris en 1900, puis d’une nouvelle édition dans une nouvelle ville tous les quatre ans. C’est peu ou prou ce qui se passa, à ce détail près que Pierre de Coubertin dût concéder à la Grèce, nation alors en formation (sous influence française), l’organisation d’une première édition du 5 au 15 avril 1896 à Athènes.

Pierre de Coubertin nomma lui-même le premier Comité international olympique (CIO), qui porte aujourd’hui encore ce nom en français, avec la langue française comme langue officielle. Il était composé d’un Grec, de deux Français, d’un Russe, d’un Suédois, d’un Américain, d’un représentant de Bohème, d’un Hongrois, de deux Anglais, d’un Argentin et d’un Néo-zélandais.

Après l’édition d’Athènes, ce fut donc au tour de Paris en 1900, comme prévu. Cela est peu connu, mais c’était en vérité un échec : ces « JO » n’eurent lieu que de manière confidentielle, éparpillés à différents endroits de la ville, entièrement dans l’ombre de l’exposition universelle (connue sous le nom d’Exposition de Paris 1900).

C’était toutefois un tremplin, qui permit au projet de rebondir quatre ans plus tard aux États-Unis à Saint-Louis, puis en 1908 à Londres, puis en 1912 à Stockholm, puis en 1920 à Anvers (la guerre ayant interrompu la chronologie olympique en empêchant l’édition de 1916), puis à nouveau à Paris en 1924, pour un véritable succès mondial français, imprimant définitivement les Jeux olympiques dans l’histoire mondiale moderne.

Le nombre des Comités nationaux passait de 29 pour la précédente à 44 pour cette édition 1924, avec un millier de journalistes sur place, 625 000 spectateurs pour les épreuves et 3 089 athlètes, dont 135 femmes. La cérémonie de clôture et l’établissement d’un « village olympique » furent introduits puis systématiquement repris ensuite.

Les premiers Jeux olympiques d’hiver eurent lieu la même année, également en France, à Chamonix. Cent ans plus tard, en 2024, les Jeux olympiques à Paris n’auront évidemment plus la même portée, ni historique, ni en terme de rayonnement.

C’est là une réalité qu’il faut bien comprendre.

Il est flagrant de voir à quel point le monde à changé au 21e siècle ; la France est n’est plus qu’une puissance de second rang, en pleine décadence et surtout totalement inféodée aux États-Unis et à sa culture « occidentale », en fait cosmopolite. Si les Jeux olympiques sont historiquement une affaire française, ceux de Paris 2024 n’auront plus grand-chose de français culturellement, Paris n’étant d’ailleurs plus vraiment « Paris », mais un simple « endroit » de l’occident en pleine décomposition.

Il faut toujours regarder l’histoire pour saisir quelles sont les tendances à l’œuvre, et ce que cela révèle.

[Illustrations : série de cartes postales publicitaires de 1924 commandée par la marque « Pautauberge » à l’affichiste H.L. Roowy] 

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Planète et animaux

L’hécatombe animale sur les routes

Les animaux sauvages ne traversent pas les routes, ce sont les routes qui découpent les campagnes en long, en large et en travers. Les animaux sauvages ne font que vivre là où ils vivent, ce sont les routes qui se trouvent sur leurs passages.

Le problème d’ailleurs n’est pas tant les routes elles-mêmes, que le fait qu’elles soient empruntées par des bolides en ferraille qui foncent tous azimuts. Comme ces bolides sont nombreux, alors le bilan est terrifiant.

Au crépuscule, à l’aube ou au milieu de la nuit, c’est une hécatombe quotidienne sur les routes des campagnes françaises. Y passer le matin fait froid dans le dos tellement les cadavres d’animaux y sont nombreux, systématiques.

À ces cadavres visibles, d’animaux relativement grands tels les renards, il faut ajouter bien sûr ceux qu’on ne voit pas. Les petits qui, aplatis, se confondent avec le bitume. Ceux qui ont pu avancer jusqu’au fossé avant que l’hémorragie ou les plaies ne les déciment, ou pire qui ont survécu avec une blessure grave leur promettant une lente agonie. Et il y a ceux qui ont été projetés loin de la route, comme les oiseaux. Ceux dont c’est la mère qui est morte et qui, trop jeunes, sont condamnés à une mort lente et douloureuse, après des jours de détresse.

Quelques études sont menées et on peut trouver des chiffrages, qui valent ce qu’ils valent. Une synthèse a été faite de 90 enquêtes menées dans 24 pays : elle estime que chaque année en Europe, ce sont 194 millions d’oiseaux et 29 millions de mammifères qui sont tués sur les routes.

En ce qui concerne la France, il y a les assurances auprès desquelles sont déclarées 65 000 collisions chaque année (donc forcément des collisions conséquentes), avec pour près de la moitié des cas un véhicule inutilisable suite à la collision.

Dans les Deux-Sèvres, chaque année les chouettes percutées sont recensées : elles sont plus d’une centaine, en générales des jeunes peu expérimentés, surpris par la hauteur d’un poids-lourd.

On peut trouver aussi le chiffrage de la Société française pour l’étude et la protection des mammifères (SFEPM) qui estime entre 1 et 3 millions le nombre de hérissons tués chaque à années sur les routes du pays.

C’est un carnage. C’est aussi une atteinte grave à la biodiversité.

Les espèces particulièrement menacées par cette hécatombe sur les routes sont les lynx, les blaireaux, les porcs-épics, les tortues, les hérissons et les hiboux. Sinon, on retrouve parmi les victimes de la route essentiellement des chouettes, faucons, milans, chauve-souris, merles, éperviers et passereaux ainsi que des renards, blaireaux, écureuils, martres, lapins, lièvres, sangliers et chevreuils ou encore des salamandres, couleuvres et crapauds.

En Haute-Garonne, l’association environnementale Via Fauna a fait quelque chose de très intéressant, très éclairant. Un sanglier a été équipé d’un GPS, pour suivre sa trace. En un an, il a fait pas moins de 3 300 franchissements de route, une dizaine par nuit !

Le chiffre est éloquent. Souvent, les automobilistes, coupés de la nature, ne voyant pas plus loin que le bout de leur nez, s’imaginent que l’animal qu’ils viennent d’écraser ou de percuter est stupide, car il aurait dû faire attention à son bolide fonçant plein phare. En pratique, on voit bien que la question ne se pose pas comme ça.

Les animaux sauvages passent en fait beaucoup de temps à traverser les routes ; ils ne peuvent tout simplement pas tout éviter. Surtout sur les petites routes de campagne où le trafic n’est pas dense, où des véhicules surgissent littéralement après des dizaines de minutes ou des heures de calme.

D’autres facteurs expliquent également ce désastre, notamment la physionomie des campagnes transformées par le capitalisme. La disparaissions des haies, qui se concentrent en général maintenant seulement en talus le long des routes, explique logiquement que les animaux se concentrent le long des routes.

Il y a aussi la chasse, qui stresse et chamboule énormément les animaux sauvages, même quant ils ne sont pas ciblés eux-même. Cela engendre directement des grands mouvement, y compris la nuit, et donc des risques de collision.

L’honneur et le devoir d’une société nouvelle, tournée vers la nature et découvrant enfin les animaux, sera de freiner massivement cette hécatombe. Le sujet doit être posé sur la table dès le début d’un nouveau pouvoir en place, de manière démocratique, c’est-à-dire en impliquant absolument tout le monde.

Il y a déjà de nombreuses choses à mettre en place. La première est de faire un recensement systématique et minutieux de ces collisions. On découvre alors forcément des points noirs (ce genre d’étude est déjà pratiquée et éprouvée), ce qui permet de découvrir des passages particulièrement fréquentés.

Il est alors possible de mettre en place un système de clôture, au mieux un kilomètre en amont et en aval du dit point. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, cela ne reporte pas forcément le problème plus loin, mécaniquement. Parfois, tout simplement, les animaux sont dirigés naturellement vers un passage plus sûr.

Il est possible également d’organiser des passages. Soit sous les routes, soit au dessus, pour les plus grandes infrastructures. Cela existe déjà et cela doit devenir absolument systématique et généralisé, avec l’idée d’organiser des corridors écologiques efficaces avec un maillage sur toute la France.

Il faut également de la signalisation et des mesures de restriction ou d’encadrement de la circulation, pour protéger au mieux ces points noirs.

De manière générale, la vitesse doit être réduite à 70 km/h sur les routes secondaire dès la tombée de la nuit et à 50 km/h dans les zones particulièrement à risque. Les automobilistes doivent également être formés pour apprendre à mieux anticiper les risques de collision.

Certaines zones doivent être sanctuarisées la nuit, c’est-à-dire que ces routes doivent être interdites dès le crépuscule et jusqu’à l’aube. Aussi, cela va de soit si l’on réfléchit ainsi : de nombreuses routes doivent être ni plus ni moins que fermés tout le temps aux véhicules motorisés, en y autorisant que les engins agricoles, les secours et les cyclistes.

Enfin, il faut une mobilisation générale et massive pour replanter et générer des haies et des arbres dans les campagnes, loin des routes, dans les champs, en cherchant à favoriser le développement de corridors écologiques nouveaux et sécurisés.

Des systèmes d’effarouchement légers peuvent être envisagés pour les cas où il est estimé que la circulation nocturne doit être maintenue malgré tout, en équipant directement les véhicules.

Forcément une multitude d’autres solutions est à découvrir grâce à l’ingéniosité populaire. Quand on cherche, on trouve ! Alors il faut chercher, il faut s’intéresser aux animaux et ne plus tourner les yeux face à l’hécatombe sur les routes.

L’humanité doit savoir reculer, s’effacer quand il le faut, et surtout se mettre au service de la nature et des animaux. Elle doit aimer et servir la biosphère dans laquelle elle vit et dont elle fait partie.

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Vie quotidienne

Même Noël est devenu moche

Dans l’imaginaire, Noël c’est encore l’image d’Épinal de la personne arpentant les boutiques et scrutant les vitrines à la recherche du cadeau idéal pour chacun de ses proches. Ce serait une ambiance, chaleureuse et réconfortante ; ce que d’aucun nomment la « magie » de Noël.

En pratique, cela est de moins en moins vrai. Le capitalisme n’en finit plus de tout lessiver et même Noël est devenu moche. Le problème n’est pas tant que Noël n’est plus une fête populaire et familiale, mais d’abord et surtout une orgie de consommation. Cela fait déjà longtemps que c’est comme ça, au moins 30 ou 40 ans.

Viggo Johansen, Glade jul (1891)

Le problème, c’est que même cette orgie de consommation n’a pratiquement plus de valeur, plus aucune « magie ». Le comble en effet, c’est que Noël consiste maintenant bien plus en une ruée vers les points relais pour retirer des objets commandés à la chaîne sur internet.

On ne choisit rien, on colle à des listes, comme pour les enfants gâtés. Une tireuse à bière pour lui, un sèche cheveux connecté pour elle. Une PlayStation 5 pour un autre qui s’identifie comme un gamer, un K-way horriblement cher pour une autre qui se rêve bobo.

Alors on part au plus pressé sur internet, en s’imaginant parfois faire une bonne affaire grâce aux prix agressifs de certaines plateformes sur certains produits d’appel. Plus de boutiques à faire donc, simplement du temps, beaucoup de temps sur internet, puis la queue dans des points relais bondés et débordant de colis jetés en vrac, sens dessus dessous.

Les cadeaux ne voyagent plus dans la hôte en osier du Père Noël (historiquement mis en avant par Coca Cola d’ailleurs), mais dans la hotte en tissu délavée et trouée du livreur pressé qui balance ça à la chaîne, de boutique point relais en boutique point relais.

Les commerçants se rendent alors compte alors qu’ils ne sont plus des commerçants, mais des supplétifs mal rémunérés des plateformes en ligne. Quelques centimes par colis ! Certains râlent un peu pour passer leurs nerfs et la presse locale ou nationale, papier ou internet, télé ou radio, est très contente de relayer ça. « Les points relais d’Avignon débordés », « Nancy : à l’approche de Noël, les relais colis saturent », « On ne sait plus où donner de la tête », etc.

Le Télégrame raconte très bien cette scène devenu typique :

« Des colis par terre, des colis sur le guichet, par dizaines. Il en arrive quasiment une centaine par jour au bar La Barrière à Saint-Martin-des-Champs (29) et une grande pièce leur est aménagée. En fin de matinée, ce mercredi, un flux incessant de clients va et vient. En cinq minutes, trois d’entre eux réclament un colis. Et malgré un large sourire affiché, les trois employés se marchent dessus et ne s’arrêtent jamais. »

Les prévisions de La Poste pour la période du Noël 2023, c’est 106 millions de Colissimo, en hausse de 6 % par rapport à 2022. Pour Chronopost (filiale de La Poste), c’est 50 millions (+12%) dont la moitié en point relais.

Du coté de Mondial relay, spécialiste de la livraison en point relais avec 12 000 commerçants affiliés en France, ainsi que 4000 armoires « Lockers », 1 500 intérimaires ont été recrutés pour la période. La plateforme flambant neuve de Harnes près de Lens (Pas-de-Calais), fleuron affiché du groupe, évoque jusqu’à 400 000 colis traités par jour contre 250 000 en temps normal.

Il y aussi DHL, UPS, Relais colis, Fedex, GLS. Et puis il y a Amazon qui gère directement une grande partie de ses acheminements. Ce sont des dizaines de millions de colis qui s’amoncèlent, dans une course effrénée et aliénée à la consommation.

Voilà à quoi ressemble le capitalisme absolument généralisé et systématisé à notre époque. Il n’y a plus aucune saveur, il n’y a même plus vraiment de Noël ; il est grand temps de renverser la vapeur, d’instaurer de nouvelles valeurs.

Là c’est vraiment flagrant : le capitalisme a gagné, et donc… il a perdu. Il n’a plus de contenu du tout, il tourne sur lui-même.

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Rapport entre les classes

Symbolique: la CGT perd EDF

Quel coup de tonnerre ce fut !Le lundi 13 novembre 2023, la CGT s’est fait ravir la première place des organisations syndicales représentatives chez EDF, son bastion parmi les bastions.

Avec 30,31 % des voix, elle est passée derrière la CFE-CGC qui en a recueilli 33,08 %. C’est indéniablement une page de l’Histoire de France qui se tourne, la fin de toute une époque.

En pratique, on peut dire que c’est la CGT qui a fait EDF depuis sa fondation en 1946 par Marcel Paul, et à laquelle était rattachée GDF.

On parle ici de quelque chose de très particulier, une expérience sociale extrêmement puissante. Cela a consisté en deux aspects.

D’abord, sur le lieu de travail, la CGT avait son mot à dire sur toutes les grandes décisions et sur toutes les affaires courantes, à commencer par les embauches. Rien ne pouvait être fait sans la CGT et comme la CGT était partout, c’est en fait elle qui faisait tout.

Chaque travailleur, chaque « électricien » ou « gazier » pouvant très facilement rejoindre la CGT, cela faisait que des ouvriers embauchés très jeunes et sans diplômes pouvaient très rapidement et facilement gravir les échelons (tout en restant ouvrier, d’ailleurs). L’intégration des ouvriers à l’entreprise a donc été immense, voire totale. Bien au-delà du corporatisme d’ailleurs, car il y avait de manière sous-jacente toute une vision de la société et du « service public ».

L’autre chose, c’est le comité d’entreprise, la CCAS. Dès l’origine en 1946, il a été négocié quelque chose de fondamental : la CCAS (Caisse centrale des activités sociales) ne devait pas être financée à hauteur d’1 % de la masse salariale, comme c’est le cas partout ailleurs, mais avec 1 % du chiffre d’affaires. Qui plus est, c’est exclusivement aux représentants du personnel, donc à la CGT, qu’en est revenue la gestion.

On comprend toute de suite la manne que cela a pu représenter durant toute la seconde moitié du 20e siècle. La Caisse centrale d’activités sociales a été extrêmement puissante, proposant un accompagnement social exceptionnel aux travailleurs, en plus de gigantesques services de loisirs et de vacances .

Être ouvrier chez EDF ou GDF, c’était l’assurance de trouver un logement, d’être aidé pour les enfants, en cas de coup dur ou de handicap, de partir à la mer chaque été et d’envoyer les enfants au ski chaque hiver, etc.

C’était des « arbres de Noël » (fêtes de Noël) avec de grands moyens culturels en termes de spectacles et de jolis cadeaux pour les enfants, à choisir dans un large catalogue. Pour ce qui est de la culture, il y avait (il y a encore, d’ailleurs), des œuvres culturelles toute l’année, que ce soit des sorties sportives ou touristiques, ou bien des spectacles. À la fin du 20e siècle, à son apogée, la CCAS était devenue l’un des plus gros programmateur culturel estival de France, avec au moins un spectacle gratuit et de qualité par semaine dans chaque centre de vacances.

Dès 1950, la CCAS accueillait 20 000 jeunes répartis dans 62 colonies de vacances. Dès les années 1970, elle mettait en place les premières expériences d’intégration d’enfants handicapés. Depuis, elle a acquis un savoir-faire important et avec des moyens pour accueillir les enfants et adultes handicapés en vacances.

Au tournant des années 2000, la CCAS était propriétaire de plus de 200 centres de vacances, tous de qualité, dont beaucoup situés dans des endroits parmi les plus prisés de France.

Seulement voilà, cela n’a jamais consisté en le Socialisme et la lutte des classes, mais uniquement en de la cogestion du capitalisme. La CGT à EDF, c’était pour la bourgeoisie française un compromis très intéressant : des miettes en or contre la paix sociale, ainsi qu’une productivité électrique énorme et fiable.

La CGT a en ce sens entièrement et consciemment participé à cette horreur qu’est le nucléaire.

Au 21e siècle, tout cela n’a évidemment plus de sens. Le capitalisme est maintenant à son apogée, la consommation est partout, la classe ouvrière est broyée psychologiquement et éparpillée socialement. La CGT est devenue un boulet au pied d’EDF, elle-même un monstre.

Alors il y a eu la dérégulation du marché, puis l’ouverture aux capitaux privés (puis la re-nationalisation en raison de la crise). Tout ce en quoi la CGT a cru pendant plus de 50 années, ou fait semblant d’y croire pour justifier sa corruption, a fini par s’effriter.

La CGT chez EDF a donc perdu sa raison d’être, malgré un ancrage gigantesque. Les employés, qui sont maintenant surtout des cadres supérieurs et des ingénieurs, ont acté le tournant, en reléguant la CGT derrière la CFE-CGC, le « syndicat » des cadres par nature.

Pour ce qui est des ouvriers restant chez EDF, ils sont surtout chez Enedis (filiale d’EDF) et ont un travail en général très qualifié et bien payé, avec du bon matériel, des bonnes conditions. Ce sont ceux par exemple qui escaladent les pylônes pour rétablir le courant après une tempête.

Ces ouvriers sont bien loin de la CGT et de son style gueulard, merguez-saucisse et sa pratique odieuse des coupures volontaires de courant en cas de protestation.

La CGT chez EDF est maintenant clairement une relique du passé, un passé d’autant plus proche qu’il est fui à tout prix. C’est vraiment un contre-exemple sur le plan moral et culturel, et un véritable exemple de comment le capitalisme a une incroyable force de corruption.

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Rapport entre les classes

Le «ticket resto» comme moyen de baisser les salaires

Initialement, les titres restaurant, sont une aide au repas du midi de la part d’entreprises qui ne fournissent pas un service de restauration, mais qui veulent proposer quelque chose aux employés. Il était donc prévu de les dépenser dans un restaurant, ou bien un snack ou une boulangerie, lors d’une pause repas.

Le principe est que l’entreprise paie la plus grosse partie du titre et l’employé n’en paie qu’une petite partie. Ainsi se fait l’aide, mais donc directement pour le repas de la pause lors des jours travaillés. Les « tickets resto » ne peuvent être octroyés que pour les jours effectivement travaillés et avec une pause repas (pas seulement une coupure) ; il n’y a donc pas de titres restaurant délivrés pour les jours de congé ou d’arrêt maladie.

Les restaurateurs ont beaucoup apprécié ce principe. En effet, les détenteurs de ces « tickets resto » y voyaient une sorte de bons gratuit pour le restaurant et se permettaient des repas qu’ils n’auraient pas pris avec leur propre salaire. D’ailleurs, il y avait parfois l’idée de devoir liquider ses « tickets resto » avant qu’ils ne périment, et donc encore plus l’idée d’un repas pas cher, qui n’aurait pas été pris autrement. Cela a largement profité aux petits restaurants surtout, c’est-à-dire des fast-food et autres kebab.

On peut dire déjà qu’à l’origine, ces titres restaurants ont été un cadeau empoisonné, car encourageant la malbouffe.

En raison de la crise et particulièrement de l’inflation, il y a eu toutefois un grand changement. En 2022, une loi a permis l’utilisation de ces titres restaurant pour l’ensemble des courses alimentaires. En fait, il y avait déjà l’habitude prise par certains de payer une partie de ses courses avec ces titres, mais cela pouvait s’avérer très aléatoire en raison du fait que seuls les produits prêts à manger étaient pris en compte.

Avec cette loi, cela devenait beaucoup plus facile et cohérent de se servir de ces titres lors de ses courses, car tout l’alimentaire est devenu directement éligible. Par exemple, le sel et le poivre, l’huile d’olive, le beurre de cacahuète, la farine, etc.

Parallèlement se sont développés les cartes à puce (type carte bancaire) en remplacement des tickets classiques, détachables dans un carnet type chéquier.

Ces derniers avaient en effet le grand inconvénient d’être plafonnés par en haut et par en bas. C’est-à-dire qu’avec un ticket d’une valeur de 9 euros, il fallait forcément avoir une note supérieure, au risque de perdre la différence. Et inversement, il fallait faire le complément directement pour une somme supérieure. Cela était peu pratique à la caisse, alors que cela restait acceptable au restaurant (avec cette idée d’un ticket de réduction).

Avec les cartes de titres restaurant, c’est beaucoup plus simple : le plafond maximal est de 25 euros par jour (sauf jours fériés) et on utilise directement le crédit utile.

Si on fait 14 euros et 22 centimes de courses, on paie directement avec sa carte « tickets resto », et ce sans contact qui plus est. Si l’on fait 74 euros de courses, on paie d’abord 25 euros avec la première carte (sans contact) puis 49 euros avec la carte bancaire habituelle (toujours sans contact). C’est simple et rapide.

Ainsi, les titres restaurant ont largement changé de nature. D’une aide, tel un service concernant les pauses repas au travail, ils sont devenus directement un élément de rémunération.

En 2023, plus de la moitié des sommes titres restaurant sont utilisées ainsi.

La dérogation pour l’éligibilité de l’ensemble des produits alimentaires aux titres restaurant devait prendre fin en janvier 2024, mais cela a été repoussé. Il a donc été officiellement et durablement entériné cette utilisation détournée des titres restaurant, qui va se généraliser.

Maintenant, venons-en à la question des salaires et de leur baisse. C’est très simple : avec une rémunération normale, il y a un salaire dit brut, qui est le vrai salaire, ainsi qu’un salaire net, qui correspond à la somme que l’on reçoit sur son compte en banque.

Avant, jusqu’au début des années 2000 peut-être, les ouvriers et les employés avaient une conscience sociale élevée en France. Ils connaissaient très bien le salaire brut et considéraient que la différence avec leur salaire « net » leur revenait, comme salaire socialisé, différé. Les cotisations et contributions salariales obligatoires étaient considérés comme un acquis et une chose à défendre.

Après les années 2000, le capitalisme s’est tellement développé, il est tellement devenu un rouleau compresseur faisant que tout est marchandise et consommation, que cette conscience du salaire brut a disparu. Seul compte donc le « net », que l’on peut dépenser soi-même en tant que consommateur. Le salaire « brut » est quant à lui considéré comme une chose étrange, à laquelle on ne s’intéresse pas, si ce n’est pour critiquer « l’État » qui « se sert ».

Si on faisait un référendum en 2023 pour demander aux salariés s’ils veulent la disparition du salaire brut en le transformant en net à payer, pratiquement tout le monde serait pour ! Ce serait bien sûr une grande catastrophe sociale, mais personne n’en aurait conscience et il serait très dure de convaincre du contraire.

Eh bien c’est exactement ce qu’il se passe avec les titres restaurant. Puisqu’ils servent maintenant à faire ses courses, il sont devenus directement un élément de rémunération. Et c’est une rémunération brute, sans cotisation sociale ni prélevèrent obligatoire.

Il ne faut pas regarder que du côté du salarié. Pour l’employeur également, cela change la donne : il y a des charges à payer à côté d’un salaire brut, pas pour des titres restaurant (ou très peu) !

On ne parle pas ici de sommes anecdotiques, mais de 150 euros à 250 euros par mois. C’est extrêmement conséquent dans la rémunération.

Les titres restaurants sont donc du salaire défiscalisé, échappant largement aux cotisations sociales. C’est un moyen pour le capitalisme de baisser directement les salaires (en n’augmentant pas suffisamment en raison de l’inflation) tout en le cachant à court terme avec une rémunération nette qui semble faire l’affaire.

Même s’ils ne servent plus à aller au kebab ou au tacos, c’est encore un cadeau empoisonné !

Ainsi, les titres restaurants sont un moyen de la grande restructuration économique dans le cadre de la crise du capitalisme. Il s’agit d’augmenter la pression sur les ouvriers et les employés, pour garantir les bénéfices capitalistes ; la baisse des salaires est une forme incontournable de cette pression.

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Vie quotidienne

Non au sac à dos à vélo!

Partir se balader ou faire du sport à vélo demande quelques équipements. Par facilité, par manque d’autres solutions, il est parfois opté pour le sac à dos afin de tout emporter. C’est dommage, car cela n’est pas agréable, surtout à cause de la transpiration. Il existe vraiment beaucoup d’autres solutions !

1/ La boite à outil

On y met une chambre à air, un jeu de démonte-pneu, une petite pompe, un jeu de clef Allen.

On peut en acheter dans le commerce, pas cher, étanche et résistant. On peut aussi la fabriquer avec un vieux bidon que l’on découpe. Mais c’est moins étanche !

Inconvénient : il faut mobiliser un des deux porte bidon, ce qui est dommage si on a besoin de beaucoup boire.

Sur les vélos type gravel ou randonnée, il existe souvent la possibilité de fixer un 3e porte bidon sous le tube oblique du vélo. Contrairement aux apparences, ça ne risque pas de frotter au sol, même lors d’une sortie sportive en chemin !

Le Z Box de la marque française Zéfal coûte environ 5 euros.

2/ La sacoche à outil

Il existe de nombreux modèles, souvent pas chers, qui se fixent sous la selle. C’est pratique et on y met l’essentiel.

Attention, il faut de la bonne qualité, car c’est sujet à secousses et frottement ; le risque est d’abîmer vite une sacoche de mauvaise qualité ou qui se fixe mal.

Pour environ 15 euros, la marque allemande de chambre à air Schwalbe propose une sacoche déjà équipée !

3/ Le maillot cycliste

Outre qu’il soit doté d’une matière idéale pour évacuer la transpiration et qu’il permet d’être très à son aise en roulant, le maillot cycliste a un autre avantage très grand : il dispose de grandes poches à l’arrière !

Il faut éviter les modèles deux poches. Celles-ci sont trop larges et les affaires ont tendance à se balader. L’idéal sont les modèles avec trois poches. Certains ont même une quatrième petite poche avec fermeture éclair pour les clefs.

Toutefois, si l’on glisse bien ses clefs au fond d’une des poches, elles ne risquent pas de partir !

On met typiquement dans ses poches une compote en tube, un barre de céréale, une banane et pourquoi pas une chambre à air !

La marque espagnole Siroko propose des modèles esthétiques à un très bon rapport qualité/prix. Par exemple ce modèle manche longue de bonne qualité est vendu environ 50 euros.

4/ La veste de pluie

De nombreuses marques proposent des vestes de pluie spécifiques pour le cyclisme. Elles sont légères et compactes, ce qui permet de les ranger en boule dans une poche arrière.

Astuce : avec un maillot cycliste bien ajusté, on peut tout à fait glisser dans son dos, sous son maillot, une veste non pliée dont on veut se débarrasser tout en roulant. Celle-ci ne risque pas de tomber et on oublie sa présence en quelques minutes.

Le problème des vestes de pluie par contre est qu’elles sont très peu ventilées. Si elles protègent de la pluie, elles donnent souvent très chaud. Évitez de vous encombrer avec si c’est pour quelques gouttes probables ! Mieux vaut la pluie ! Par contre, si les averses sont menaçantes, c’est un accessoire indispensable.

On en trouve à tous les prix, plus ou moins résistantes, plus ou moins imperméables, plus ou moins ventilées.

Si on veut et peut y mettre le prix, on peut se tourner vers du haut de gamme comme la marque italien Ale qui propose un modèle Guscio Clever de très bonne qualité, que l’on ne trouve pas à moins de 80 euros.

5/ Les manchettes et le chasuble (gilet)

Pour se prémunir contre la fraîcheur éventuelle lors d’une sortie, pas besoin de s’encombrer d’un gros sweat shirt dans son sac à dos ! On peut emmener une paire de manchette ainsi qu’un chasuble (gilet) ajusté. La combinaison des deux accessoires est très efficace, et surtout cela ne prend pas de place et se glisse facilement dans une poche de maillot cycliste ou une sacoche.

La marque italienne Castelli propose en général des produit à un bon rapport qualité/prix, comme ce gilet (environ 35 euros) et ces manchettes (environ 25 euros).

6/ La mini sacoche de tube de cadre

Très pratique, il existe différentes tailles et formes. Les petits modèles sont idéales pour mettre un téléphone (sauf s’il est trop gros comme beaucoup de smartphone de nos jours) et des clefs ainsi qu’une barre de céréale.

Encore une fois, la marque française Zéfal propose de la qualité à des prix très abordables. Voici quelques modèles de différentes tailles, tous à environ 20 euros.

Le Z FRAME PACK (1,5 litres) :

Le Z Aero (0,4 litre) :

Le Z ADVENTURE (1 litre) :

7/ La pochette étanche

Si l’on met son téléphone dans la poche arrière d’un maillot cycliste, gare à l’humidité avec la transpiration ou la pluie ! Il vaut mieux une pochette étanche. On peut également y mettre ses papiers, sa carte de crédit, ses clefs !

La marque anglaise Muc-Off en propose toute une gamme d’excellente qualité, parfaitement étanche, pour environ 20 euros.

8/ La petite et grande bagagerie

Pour les expéditions plus importantes, ou bien si l’on veut pouvoir s’arrêter et donc disposer par exemple de son appareil photo, d’un sweat, d’un cadenas, etc., il existe toute une gamme de bagagerie. Même sans porte bagage !

Il faudrait un article à part entière, tellement il existe de possibilités et de produits. On retiendra ici la marque anglaise Restrap qui propose une gamme très intéressante et inspirante. Tout est fait main au Royaume-Uni et la plupart des produits (probablement tous) sont certifiés vegan.

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Refus de l’hégémonie

Ni Hamas, ni Israël : ni Pékin, ni Washington

On croit mourir pour la patrie ; on meurt pour des industriels : c’est une vérité qu’on sait bien vraie, lorsqu’on est loin des nationalismes et de l’aveuglement causé par le sang versé. L’affrontement entre le Hamas et Israël le montre bien ; plus on est loin de tout ça, plus on se dit que c’est de la folie, de la folie furieuse, de la folie sanglante.

Oui mais, diront avec justesse les soutiens d’Israël, le Hamas a causé des massacres dont le caractère ignoble dépasse l’entendement. Impossible de ne pas vouloir venger des femmes et des enfants coupés en morceaux et assassinés, et encore est-ce là un euphémisme pour ne pas décrire les horreurs commises.

Oui mais, diront en étant dans le vrai les amis des Palestiniens, en quoi la population de Gaza bombardée serait-elle responsable des agissements du Hamas ? En quoi les enfants, qui forment une bonne proportion des 10 000 morts (au moins) à Gaza, sont-ils coupables ? En quoi la destruction de Gaza rattrape-t-elle les 1300 morts israéliens et ramène-t-elle les 300 otages pris par le Hamas ?

Eh oui, tout cela est vrai, et les Russes et les Ukrainiens pourraient dire des choses tout à fait similaires. Et tout cela est irrattrapable, car c’est l’engrenage, un engrenage qui dépasse bien les Palestiniens et les Israéliens, les Ukrainiens et les Russes.

Car les Palestiniens sont sous la coupe du Hamas, le Hamas est financé par le Qatar et armé par l’Iran, deux pays en pleine logique expansionniste et en phase avec la Chine qui veut remettre en cause l’ordre mondial, à son profit bien sûr. Quant aux Israéliens, ils servent de jouet à la politique américaine dans la région, d’où viendraient sinon tout cet argent et cet armement fournis ?

Nikolay Beliaïev, Les heureux. 1949

L’Ukraine est de son côté devenue une colonie américaine pour mener la guerre à la Russie, et cette dernière est passée sous la coupe chinoise. Même si l’Ukraine et la Russie voulaient s’arrêter, ils ne le pourraient pas, pris dans l’élan d’une mécanique inexorable happant les pays les uns après les autres. Il faut d’ailleurs s’attendre à ce que le Venezuela soit le prochain foyer de tension ?

En vérité, l’affrontement Hamas-Israël, celui Ukraine-Russie, et tous ceux à venir, ne sont rien d’autre, dans leur substance, qu’un aspect du grand affrontement mondial entre la superpuissance américaine et son challenger, la superpuissance chinoise.

Croire qu’on défend les Palestiniens en parlant de la Palestine ou qu’on défend les Israéliens en parlant d’Israël est une fiction : dans les faits, on rentre dans un agenda, celui des superpuissances.

Il n’est bien entendu pas facile de se séparer d’un tel agenda, d’agir en toute indépendance. Mais c’est un préalable, qui doit être conscient, assumé, affirmé. Sans cela, on meurt pour bien autre chose que ce pour quoi on croit mourir. Comme les paroles d’Anatole France, écrites dans L’Humanité en 1922, sonnent justes un siècle après !

« Ceux qui moururent dans cette guerre [de 1914-1918] ne surent pas pourquoi ils mouraient.

Il en est de même dans toutes les guerres. Mais non pas au même degré.

Ceux qui tombèrent à Jemmapes [dans les rangs de la République française en 1792 contre l’invasion de la monarchie autrichienne] ne se trompaient pas à ce point sur la cause à laquelle ils se dévouaient. Cette fois, l’ignorance des victimes est tragique. On croit mourir pour la patrie ; on meurt pour des industriels. »

Heureusement, on peut être certain que la majorité des Français a compris cela et voit d’un très mauvais œil les agitations des uns et des autres afin d’embrigader dans une démarche nihiliste. On reproche souvent aux Français d’être passifs, avec raison, mais cette passivité fondé sur le scepticisme rationaliste à la française a parfois son bon.

Il ne faut pas se laisser piéger par les romantismes irrationalistes faisant qu’on se retrouve à la traîne d’aventures nationalistes dont la seule issue est la catastrophe. Le nationalisme, c’est la guerre.

Et il faut lui opposer le romantisme du Socialisme, le romantisme de la paix correspondant avec le progrès, le collectivisme avec l’épanouissement personnel… L’objectif véritable, c’est la République socialiste mondiale, c’est le phare qui doit guider toute action et tout ce qui ne s’accorde pas avec ça doit être rejeté !

Alexandre Samokhvalov, Sergueï Kirov revoit la parade athlétique, 1935
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Vie quotidienne

Les fast-foods ont entièrement conquis la France

Le succès de McDonald’s a accompagné la généralisation de l’industrie de la viande. McDonald’s est une entreprise qui a des milliards de dettes, et qui peut se le permettre, car elle achète des locaux. Ceux-ci sont loués pour une somme élevée à des franchisés vendant des burgers. McDonald’s est ainsi une entreprise immobilière qui a accompagné la disponibilité de la viande.

Le capitalisme des fast-foods des années 1989-2021 est relativement différent, car il procède lui d’un petit capitalisme profitant de l’expansion massive de l’industrie de la viande. En vingt ans, le nombre de fast-food est passé de 13 000 à 52 500 en France.

Ce qui souligne bien l’expansion du capitalisme dans ce domaine, c’est que ce ne sont pas simplement les très grandes villes qui sont visées. On n’est pas dans une consommation conviviale superflue, allant avec un style de vie urbain. On est dans la vie quotidienne, dans le 24 heures sur 24 du capitalisme.

Prenons Dole dans le Jura. On y trouve 27 fast-foods. La plupart des Français ne savent pas où est Dole. Pareil pour Blagnac, avec 28 fast-foods, Givors avec 26. Et si on touche à des villes plus connues, mais de dimension très restreinte, on a 53 fast-foods à Tarbes, 63 à Valenciennes, 45 à Bourg-en-Bresse, 43 à Melun, 56 à Narbonne.

Et que dire pour les 175 fast-foods à Saint-Étienne, les 236 à Lille, les 178 à Grenoble, les 136 à Perpignan, les 122 à Nancy, les 138 à Rouen ?

Rouen, c’est… 110 000 habitants. On y trouve 147 médecins généralistes libéraux. Il y a à Rouen autant de médecins que de fast-foods. Rien qu’avec cela, vous avez un constat de débâcle civilisationnel.

Conformément au style de cette débâcle, les fast-foods se divisent en trois tiers.

Le premier consiste en les vendeurs de burgers ; grosso modo, plus il y a des fast-foods, plus la part des burgers est grande en proportion, mais ce n’est pas une règle absolue. On est ici dans la malbouffe rassurante, conventionnelle, d’orientation familiale.

Un autre tiers tient les vendeurs des kebabs. On est ici dans le pseudo exotisme et parfois le vrai communautaire, avec en vue un empiffrage à visée amicale.

Le dernier, ce sont les vendeurs de tacos, avec à l’arrière-plan le « French tacos », qui n’est pas du tout un tacos mexicain d’ailleurs. On parle ici d’une bombe calorique (trois fois un burger!), une sorte de monstre de Frankenstein de la malbouffe mêlant le wrap, le kebab, le panini, le burrito, avec des variantes allant jusqu’à 800 grammes, pleines de matières grasses, acides gras saturés, sucre, sel…

Pas étonnant que la chaîne O’Tacos ne diffuse aucune information nutritionnelle ; on parle ici d’un monstre capitaliste, avec pratiquement 300 restaurants, dont toutes les viandes sont halal, contrairement au KFC par exemple. C’est un point important, car les fast-foods visent toujours un public bien délimité, à part McDonald’s qui vise tout le monde (« venez comme vous êtes »).

Les fast-foods jouent une fonction sociale, ils sont en un certain sens parallèle aux réseaux sociaux. Les lieux de socialisation ont toujours existé bien sûr, tel le fameux café français, avec son comptoir en zinc. Mais les fast-foods sont un lieu de passage, de refuge, où les gens ont les mêmes attitudes individualistes et de repli sur soi qu’avec les réseaux sociaux.

C’est le même esprit turbocapitaliste de pseudo-convivialité, ici bien entendu sur le dos en particulier des animaux car les prix des fast-foods reposent ni plus ni moins que sur la tyrannie industrielle pratiquée sur les animaux d’élevage.

Il est évident qu’aucun changement n’aura lieu en France tant que l’idéologie des fast-foods ne sera pas brisée, et ce tant pour les burgers, les French tacos que les kebabs. En un sens, on peut dire que le panorama politique tient aux partisans des burgers (les pro-Américains), des French tacos (les nationalistes), des kebabs (les « post-modernes »). Qu’ils aillent tous au diable !

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Refus de l’hégémonie

Automne 2023 : la mort du Karabagh arménien

L’agonie tragique du Karabagh arménien a pris fin le 20 septembre 2023, presque 9 mois jour pour jour après la mise en place d’un blocus militaire total du régime azerbaïdjanais sur ce qui restait de territoire aux mains des séparatistes. Selon les autorités arméniennes du Karabagh, unilatéralement appelé « République d’Artsakh », ce blocus criminel a causé la mort de 213 personnes, majoritairement des civils, dont notamment des enfants, morts des suites de l’affaiblissement ou de manques de soin, comme conséquence directe du blocus.

Durant 9 mois, l’armée azerbaïdjanaise a entretenu un état de siège meurtrier, en verrouillant la seule route d’accès encore ouverte vers l’Arménie, dans l’indifférence totale de l’armée russe censée la garantir, en asséchant le réservoir qui alimentait la principale centrale électrique, fonctionnant de part une turbine hydroélectrique, et en restreignant à leur strict minimum les entrées de marchandises dans le Karabagh arménien.

Les pénuries se sont très rapidement installées et durant des mois et des mois la population civile a subi un effondrement des services publics, notamment d’éducation et de soin, et un rationnement très strict de sa consommation alimentaire et énergétique.

Le sentiment d’abandon et d’étranglement a progressivement gagné la population, alors que jour après jour, les provocations militaires de l’armée azerbaïdjanaise se multipliaient de manière toujours plus menaçante.

La partie était en fait perdue depuis l’écrasante défaite arménienne en novembre 2020. Depuis lors, les autorités arméniennes n’ont fait que se précipiter toujours plus loin dans une suicidaire fuite en avant, prises au piège dans l’étau de la bataille pour le repartage du monde, dont le peuple arménien est ici une victime malheureuse.

Pour le régime azerbaïdjanais, cela n’est pas encore suffisant toutefois : sa seule issue, de par sa nature même, est nécessairement la fuite en avant génocidaire : tout le régime d’Ilham Alyiev s’est littéralement construit sur la promotion d’un nationalisme raciste anti-arménien tourné vers la « reconquête du Karabagh (Qarabagh en turc azéri) et sur l’écrasement de l’État arménien.

Devant ses partenaires internationaux, le régime peut se payer le luxe de promettre officiellement d’intégrer pacifiquement les Arméniens du Karabagh à « l’État multinational » azerbaïdjanais. Mais il le fait en affirmant qu’il poursuivra et condamnera tous les « terroristes » ayant eu maille à partir avec les autorités séparatistes. C’est-à-dire en soi potentiellement l’ensemble de la population arménienne du Karabagh.

De toute façon, il suffit de suivre, ne serait-ce que quelques minutes, n’importe quelle chaîne ou média d’information lié au régime pour se faire une idée de ce que valent ces engagements, au vu de la propagande nationaliste, brutalement militariste, jouant sur la fibre du pantouranisme, pour subjuguer les masses azerbaïdjanaise dans la nasse d’une haine délirante contre les Arméniens.

De leur côté, les autorités arméniennes du Karabagh comme de l’État arménien en tant que tel n’ont rien été capable de faire en direction des masses turques, d’Azerbaïdjan ou même de Turquie. Tenues à bout de bras par la Russie, elles ont même encore jugé bon de jeter leurs dernières maigres forces pour tenter de se dégager de l’emprise de Moscou en se jetant aux pieds de l’Occident.

Il a été par exemple hallucinant de voir au début du mois de septembre le gouvernement arménien annoncer la programmation de manœuvres avec (mais c’est-à-dire sous le commandement de) l’armée des États-Unis, impliquant 175 militaires arméniens et 85 militaires américains, dans le cadre d’une opération de 10 jours, modeste mais significative, appelée Eagle Partner.

Cela au même moment où l’épouse de Nikol Pashinyan, Premier ministre arménien, a été vue à Kiev, où elle a participé a une rencontre des « premières dames et premiers gentlemen » soutenant l’Ukraine, organisées par la femme du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, alors que son mari prononçait un discours inédit déclarant très ouvertement que l’Arménie devait diversifier ses partenaires stratégiques et mettre fin à la dépendance envers Moscou

Ce rapprochement avec l’Occident, et notamment les États-Unis, est un alignement complet sur les « conseils » de American Armenian National Security Institute (AANSI), dirigé par le général, à la retraite, MacCarley et Appo Jabarian, dirigeant de médias arméniens à Los Angeles, qui a été très actif auprès des autorités dirigeantes de l’État arménien depuis le début du blocus azerbaïdjanais.

C’est d’ailleurs en plein déroulement de l’opération Eagle Partner que l’Azerbaïdjan a déclenché son attaque finale, forcément avec le feu vert de Moscou, qui n’a pas levé le petit doigt bien sûr. Exactement comme en 2020, c’est par le Karabagh que Moscou puni les autorités arméniennes.

C’est ainsi que meurt tragiquement la nation arménienne d’Azerbaïdjan, dont le Karabagh arménien était le dernier noyau. Nous avons été les seuls à documenter ce conflit, sur la base d’une juste compréhension de la période soviétique, et en particulier celle de la Grande Révolution, puis celle de l’URSS conduite par Joseph Staline, comme ayant été la seule expérience démocratique et unitaire, malgré des insuffisances, qui a permis l’existence et le développement de la nation arménienne d’Azerbaïdjan.

Il est en soi significatif que la clique des Alyev s’est installé au pouvoir dès les années 1960, profitant du révisionnisme pour tisser sa toile empoisonnée du nationalisme pantouranien et étrangler implacablement les Arméniens, jusqu’aux massacres génocidaires de Soumgaït et de Bakou, et jusqu’à la guerre de 2020 et la fin définitive de la nation arménienne d’Azerbaïdjan en septembre 2023.

On ne peut que sentir le cœur se soulever de voir l’immonde Ilham Alyiev, ce traitre à l’Azerbaïdjan démocratique, à genou embraser le drapeau des nationalistes azerbaïdjanais dans la ville de Stepanakert, débaptisée « Xanxendi » selon une fantaisiste toponymie raciste.

Rien que cet acte résume à quel point l’Azerbaïdjan est offensé dans son histoire par les pantouraniens comme Alyev : comme nous l’avons dit et répété, Stepanakert porte le nom du plus grand révolutionnaire d’Azerbaïdjan, Stepan Chahoumian, le « Lénine du Caucase », héros de la Commune de Bakou (1917-1918), que le réalisateur soviétique de nationalité géorgienne, Nikolaï Chenguelaia (1903-1943), a notamment célébré dans un film qui a fait sa notoriété : Les 26 commissaires.

On se demande qui peut parler sérieusement des peuples la Transcaucasie sans connaître justement les œuvres de ce réalisateur, dont les films illustrent si puissamment toute la charge démocratique de cette époque. Le film Elisso par exemple, aborde très justement la tragédie de la déportation meurtrière des Tcherkesses du Caucase en 1864, événement dont la brutalité ouvre dans le Caucase l’ère des impérialismes, dont le génocide des Arméniens en 1915 sera le paroxysme, mais non la fin.

En effet, sorti de la période révolutionnaire et stalinienne de l’URSS, l’histoire de la Transcaucasie comme proie des impérialismes se poursuit à nouveau, et se poursuivra aussi longtemps que ne se lèvera pas une nouvelle étoile rouge de la Révolution, balayant les magouilles impérialistes et les régimes nationalistes de la Caspienne à la mer Noire.

Et cela, il sera impossible de le faire sans les femmes. Qui connaît les Arméniens et leur mobilisation sait à quel point, y compris en France, l’engagement des femmes est déterminant, structurant, à la base même de toute organisation. En France, les mobilisations sont très largement organisées, structurées, élancées par des femmes, qui vont ensuite chercher des hommes pour exprimer, se mettre en avant, parler ou prononcer les discours.

De même, en Arménie et spécifiquement au Karabagh, les femmes ont tenu le pays. Pour prendre un exemple, n’importe qui connaissant Stepanakert et son marché a forcément discuté avec les femmes qui préparaient les succulents Jingalov hats, cette spécialité typique des Arméniens du Karabagh, dont les recettes sont l’objet de discussion effrénée et d’échanges enjouée entre familles, les femmes tenant les ficelles et le haut de la scène sur le sujet. On avait là un aspect significatif dont le pittoresque exprimait de manière touchante les ressorts de la psychologie des Arméniens du Karabagh en tant que peuple.

Ce sont aussi largement les femmes qui se sont impliquées dans la pacification du pays après la guerre de séparation avec l’Azerbaïdjan, s’occupant des enfants et des nombreux mutilés de guerre et surtout des innombrables blessés par les mines, très souvent encore les enfants. Le Karabagh reste un des endroits les plus minés au monde, et ce sont des femmes qui se sont formées pour identifier les zones dangereuses, les isoler et désamorcer petit à petit les engins une fois ceux-ci prudemment localisés.

Le Karabagh arménien a existé et tenu de manière objective par les femmes et leur engagement. Mais celles-ci n’étaient pas au poste de commande, leur vision du monde n’a jamais pu affronter celles des nationalistes qui tenaient les institutions et le pouvoir, et qui ont perdu le pays au bout du compte.

Sans participation des masses au pouvoir, sans femmes au poste de commande, rien ne tient, rien ne peut exister. Le Karabagh arménien est mort sous les coups des nationalistes pan-turcs criminels, qui paieront pour leurs crimes devant l’Histoire. Mais il est mort aussi de ne pas avoir su exister comme nation authentiquement populaire et démocratique. Il est mort de s’être laissé intoxiqué à ses propres illusions nationalistes, il est mort de s’être vendu aux uniformes bellicistes des nationalistes, qui ont infesté son imaginaire et sa culture en le coupant de ses autres peuples-frères du Caucase au lieu de cultiver les gigantesques acquis de l’expérience soviétique et le doux sourire de Nina (jouée par l’actrice Natalia Varleï) dans le film La prisonnière du Caucase, à la valeur si suggestive pour qui regarde le Caucase et ses peuples avec le cœur.

Voici donc la situation maintenant que la nation arménienne d’Azerbaïdjan a été liquidée :

  • La Russie a envoyé un message clair aux autorités arméniennes : l’Arménie sera écrasée par l’Azerbaïdjan sans que Moscou ne bouge si les Arméniens ne reviennent pas immédiatement et complètement dans l’orbite russe. Tout rapprochement avec l’Occident, et notamment avec les États-Unis sera vu comme une provocation, avec l’idée aussi que l’Occident n’interviendra pas de toute façon en faveur de l’Arménie.
  • L’Azerbaïdjan a satisfait une partie importante de ses objectifs, profitant du rapprochement de l’Arménie avec l’Occident pour intervenir de manière écrasante avec l’assentiment de Moscou au Karabagh, et cela avant que l’hiver ne transforme le blocus arménien en catastrophe humanitaire. Car c’est là ce sur quoi l’Arménie comptait pour prendre prétexte à une intervention humanitaire de l’Union européenne, et notamment de la France, avec la bénédiction de Washington, qui se serait ainsi implantée dans la région au détriment de Moscou. Le coup est stratégiquement une leçon d’opportunisme, puisque Bakou réussi à occuper un Karabagh vidé sans violence directe de sa population civile, en se débarrassant de Moscou et en empêchant les Occidentaux éventuellement d’y prendre pied, tout en étant soutenu militairement et économiquement par l’Occident et ses alliés, notamment l’État d’Israël.
  • L’Occident échoue a prendre pied dans la région, à l’exception relative des États-Unis, mais continue à entretenir une pression sur l’Azerbaïdjan et indirectement sur la Turquie afin de clarifier de manière conflictuelle les divergences d’intérêts entre ces États et l’Occident sous hégémonie américaine, dans la perspective du conflit gréco-turc qui est la ligne de mire occidentale dans le secteur. La seule place de l’Arménie dans ce dispositif est de ne pas être un complet satellite de Moscou et de rester au maximum possible un coin dans l’expansion turco-azérie, au moindre coût pour les Occidentaux.
  • L’Iran dévolue à l’Arménie finalement le même rôle stratégique de coin à l’expansion turco-azérie, à laquelle elle s’oppose pour d’autres raisons. Pour l’Iran, la ligne rouge est la question du Syunik, qui s’ouvre directement désormais, c’est-à-dire la revendication de l’Azerbaïdjan à ouvrir a minima un corridor à travers cette région arménienne vers son enclave du Nakhitchevan, afin de se relier quasiment directement à la Turquie, voire à annexer cette région, peuplée de 100 000 habitants, selon un scénario de l’étranglement identique à celui du Karabagh. Toutefois, l’Iran a décidé d’ouvrir en octobre 2022 un consulat général, inauguré par Hossein Amir-Abdollahian, le ministre des affaires étrangères en personne, à Kapan exactement sur la route imaginée de ce futur « corridor » par le régime d’Azerbaïdjan. En alternative à celle-ci, l’Iran a même proposée que le « corridor » soit construit sous son contrôle, en passant par le territoire de l’Iran et non de l’Arménie, ce qui permettrait à l’Iran à la fois de garantir le rôle de glacis sacrificiel à l’Arménie, tout en contrôlant directement les échanges turco-azéris.

Pour ce qui est de la France, à part s’aligner sur les États-Unis en soutenant l’Arménie de par son propre appareil de propagande orientaliste, autant dire qu’elle est inexistante. Le régime arménien compte, ou comptait, un peu quand même sur son engagement, dans le cadre de l’Union européenne, au moins pour une intervention humanitaire au Karabagh, qui n’aura pas lieu désormais.

Mais de toute façon, l’empressement français est très relatif. On n’a même pas vu ne serait-ce que quelques propositions d’accueil ou d’envoi d’une aide humanitaire sérieuse pour les plus de 100 000 réfugiés du Karabagh. On se dit tout de même qu’il est bien loin le temps du romantisme du Moussa Dag.

Mais qui, même dans la Gauche française, comprend sérieusement cette question ? Qui l’a sérieusement étudié, et publié des analyses démocratiques sur ce sujet ?

Par contre, la France a promis une aide militaire, dans l’opacité la plus totale, puisque le conflit gréco-turc, que le régime de France a clairement en ligne de mire, n’est pas encore ouvert. À ce stade, il s’agit encore de poser des jalons, mais des jalons dans l’escalade. L’Arménie est écrasée au Karabagh pour les intérêts de la Russie ? Préparons la à un nouvel écrasement, cette fois pour les intérêts de l’Occident.

Voilà la proposition de l’appareil militaro-industriel de l’État bourgeois en France à l’Arménie.

La tâche de la Gauche en France est d’organiser la vengeance des masses arméniennes du Karabagh, en organisant les masses françaises, notamment turques et arméniennes, sur une base démocratique dénonçant l’étau des haines nationalistes, terreau des guerres impérialistes de repartage du monde qui embrassent le Caucase et étranglent les peuples, en Ukraine, en Arménie, en Palestine… et bientôt encore ailleurs aussi longtemps que les masses ne lèveront pas le drapeau rouge.

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Rapport entre les classes

L’inflation comme moyen de pression capitaliste

La grande actualité économique de l’année 2023 est évidemment l’inflation. Celle-ci est gigantesque, particulièrement si l’on regarde en détail les postes de dépenses majeurs des familles : logement, énergie, alimentation, carburant.

L’indice des prix à la consommation de l’INSEE en France donne environ 5 % d’inflation sur un an en septembre 2023. Mais ces chiffres sont donnés de manière statistique et pondérée, en incluant une grande variété de choses. Cela ne donne qu’une idée vague de la réalité et cela minimise en général la pression financière réelle pour les familles les plus modestes, et même celles au niveau de vie moyen.

Il faut donc regarder plus en détail pour voir apparaître la réalité. Celle-ci est brutale, marquant un changement évidemment d’époque et de situation.

En septembre 2023, les prix des produits de grande consommation vendus dans la grande distribution augmentent de 10,2 % sur un an. C’est une pression constante : +14,6 % en mai, +10,9 % en août, +12,5 % en juillet, +13,8 % en juin…

En considérant l’ensemble des points de vente (pas uniquement la grande distribution), les prix des produits de grande consommation en septembre 2023 sont en hausse de 10,3 % sur un an, après +11,2 % en août.

En ce qui concerne les loyers pour le logement, les augmentations sont plafonnées par la loi à 3,5 % (ce qui est déjà beaucoup) ; sans ça, ce serait la catastrophe pour les locataires. Dans une ville comme Paris, un ouvrier ne peut tout simplement pas se loger, à moins d’accéder à un HLM.

Il en est de même pour le carburant, dont l’augmentation à été plafonnée par l’État en dessous des deux euros par litre, pour éviter des envolées stratosphériques, qui se produiront quand même à un moment.

En ce qui concerne l’électricité (la plupart des familles en France se chauffent et chauffent leur eau chaude à l’électricité), la facture va être salée pour l’hiver : les prix ont augmenté de 10 % en août 2023.

Mais pour les familles qui se chauffent au gaz, la situation n’est pas meilleure : l’augmentation est de 15 %, et encore cela est-il freiné par l’État.

Il est souvent expliqué que tout cela est la faute des Russes avec la guerre en Ukraine, ou encore de la pandémie de Covid-19. En réalité, ce sont les grandes entreprises, qui sont des conglomérats monopolisant leur secteur d’activité, qui mettent une pression gigantesque sur les prix.

Il y a une pression pour maintenir ou développer des marges immenses et garantir un niveau de vie très élevé à toute une armée de cadres dirigeants. On parle ici de millions de gens vivant dans des grandes appartements et des grandes maisons, roulant dans de grosses voitures, dépensant sans compter dans le luxe, les restaurants, les voyages, etc.

Il ne s’agit pas ici de faire dans la caricature et le populisme anti-riche de bas étage, mais bien de décrire la réalité. C’est de cela qu’il s’agit : la pression sur les prix pour les familles est inversement la possibilité de revenus immenses pour tout un tas de gens déjà riches.

Pour comprendre les choses plus en détail, on peut aller lire du côté des communistes du PCF (mlm) une analyse poussée et scientifique de la question, avec la nouvelle série d’articles « Karl Marx et l’inflation ». Il est expliqué comment les monopoles exercent et maintiennent une pression artificielle sur les prix.

« L’exemple le plus fameux de hausse artificielle est naturellement Apple, dont les produits voient leur prix ne cesser de croître, sous prétexte d’améliorations plus ou moins fictives. L’inflation s’appuie clairement sur un marché captif et la mode sert de masque pour un « progrès » provoqué artificiellement.

Ce phénomène est présenté par certains philosophes, dont Martin Heidegger est le plus connu, comme une conquête du monde par la technique. La technique envahirait la société humaine et la déformerait. En réalité, c’est l’idéologie de la technique qui est à l’œuvre, avec des modifications artificielles ou relevant de la mode pour « justifier » une inflation.

Et il y a une dimension commerciale dans la démarche qui consiste très clairement en une régression. Ce jeu sur la hausse des prix reflète une tendance au monopole associé à une logique commerciale, ce dont tout le monde s’aperçoit bien – et cela montre que d’un côté on est arrivé au monopole, et qu’en même temps le capitalisme ramène en arrière, à une logique féodale d’arrachage forcé.

Le capitalisme est mûr pour l’effondrement, à un tel stade. »

En 2023, les Français sont loin d’être pauvres. Ils ont une marge gigantesque avant de se soucier réellement de devoir se nourrir et se chauffer. Il n’en reste pas moins que le niveau de vie baisse et va baisser drastiquement. La grande promesse capitaliste de la consommation à outrance pour tous s’effrite très clairement.

On ne va pas regretter le vieux monde. Qu’il s’effondre ! Tant mieux ! Mais soyons clairs : ce sont les prolétaires ayant cru en les mirages capitalistes, avec leur pavillon de banlieue (ou de campagne devenue banlieue), leur deux voire trois voitures par foyer… qui vont payer l’addition. Et plus ils seront dans l’amertume, pour ils se tourneront vers le nationalisme et les fausses promesses populistes (de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen), et moins ils s’en sortiront.

C’est tout qui est à revoir, et pas seulement les salaires pour compenser l’inflation. Il faut chambouler la vie quotidienne, il faut renverser les grands monopoles du capitalisme. Pour cela, il faut des mentalités nouvelles, assumant ouvertement le Socialisme. Et c’est historiquement inévitable !

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Refus de l’hégémonie

Joe Biden en Israël contre Vladimir Poutine en Chine

L’actualité mondiale est la conquête de l’hégémonie de la part des grandes puissances. Cela donne en pratique une guerre larvée, d’influence, en plus des théâtres strictement militaires en Ukraine, en Arménie ou en Palestine. Le 18 octobre 2023 était un jour particulièrement marquant pour la grande bataille pour le repartage du monde, avec le dessin toujours plus net de deux grands blocs opposés.

Le premier, celui mené par la superpuissance américaine, tente de maintenir à tout prix ses acquis et ses positions. C’est pour cela que le président américain Joe Biden était en Israël, afin d’y affirmer son autorité au Conseil de guerre israélien.

Pour la forme, il est fait comprendre que les États-Unis soutiennent fermement Israël… et que ce dernier lui est soumis stratégiquement. Joe Biden a dit :

« À la suite de l’attaque terroriste du Hamas, qui était brutale, inhumaine, inimaginable, ce conseil s’est rassemblé, solide et uni. Je veux que vous sachiez que vous n’êtes pas seuls. Comme je l’ai déjà souligné, nous continuerons de soutenir Israël, alors que vous travaillez à la défense de votre peuple. Nous continuerons de travailler avec vous et les partenaires régionaux pour protéger des civils innocents d’autres tragédies. »

Israël est concrètement une base américaine au Proche-Orient, une base militaire, mais aussi politique et culturelle. Tout doit se définir par là. Alors Israël est prié de ne pas trop faire de vague, pour assurer les intérêts américains.

En début de semaine, le secrétaire d’État américain Anthony Blinken avait déjà assisté à l’intégralité du Conseil de sécurité israélien… qui s’était déroulé en bonne partie en anglais, et pas en hébreu moderne. Jamais un pays réellement indépendant ne pourrait accepter une telle supervision, bien entendu.

Et mercredi 18 octobre, pour affirmer sa main-mise, Joe Biden a expliqué notamment qu’il fallait l’entrée d’une aide humanitaire dans la bande de Gaza « au plus vite ». Il veut surtout limiter au maximum la portée politique néfaste mondialement d’un massacre de masse de la part d’Israël à Gaza.

L’armée américaine, qui a fait de grosses livraisons d’armes et de systèmes militaires à Israël, est donc sur le qui-vive dans la région pour faire en sorte que tout reste sous contrôle… et assumer l’escalade au besoin, mais selon les intérêts américains.

Après s’être rendu à Tel-Aviv, Joe Biden devait se rendre à Amman, en Jordanie pour y rencontrer le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, ainsi que le roi Abdallah de Jordanie et le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi.

Il s’agit là de pays et d’une entité largement alignés en pratique sur les États-Unis, mais qui peuvent vite vaciller dans le contexte international. Et que s’est-il passé justement ? La visite a été annulée au dernier moment, officiellement en raison de l’explosion meurtrière survenue l’avant-veille sur le parking de l’hôpital al-Ahli, à Gaza. Il y a eu plusieurs centaines de morts et blessés graves selon le Hamas, quelques dizaines selon l’Union européenne.

Il y a eu tout un battage médiatique mondial pour accuser Israël, alors qu’en pratique l’attaque dans ces conditions d’une telle cible n’était pas cohérente. Israël explique de son côté qu’il s’agirait d’un tir de roquettes (ciblé ou manqué) de la part des brigades al-Qods, c’est-à-dire la branche armée du Djihad islamique palestinien (JIP), une organisation plus ou moins concurrente du Hamas (et liée à l’Iran, bien que sunnite).

Ce qu’il se passe en tous cas, c’est que les forces réactionnaires du monde arabe poussent de manière forcenée pour provoquer coûte que coûte un embrasement et se servent allégrement de cette tragédie autour d’un hôpital. Il y a notamment d’importants remous à Ramallah en Cisjordanie.

Pendant ce temps, la Chine assumait toujours plus clairement et ouvertement sa concurrence au bloc américain. Le 18 octobre 2023, elle recevait encore une fois Vladimir Poutine, le président russe. En l’occurrence pour des questions économiques, mais il a été rabâché à quel point les deux pays sont alignés, s’entendent sur les questions mondiales et veulent continuer leurs coopérations internationales.

Le président chinois a particulièrement insisté sur le « partenariat stratégique global de coordination sino-russe », expliquant que celui-ci est fondé sur un bon voisinage durable et une coopération mutuellement bénéfique, avec un engagement à long terme.

Le président russe a expliqué de son côté que :

« l’évolution du paysage international prouve pleinement le jugement stratégique du président Xi selon lequel le monde subit des changements sans précédent depuis un siècle. La Russie est prête à travailler avec la Chine pour renforcer la communication et la coordination au sein des BRICS et d’autres mécanismes multilatéraux, défendre le système international fondé sur le droit international et promouvoir la construction d’un système de gouvernance mondiale plus juste et équitable. »

Bien entendu, il a été question de la situation palestino-israélienne. Vladimir Poutine n’y est pas allé de main morte pour critiquer indirectement les États-Unis soutenant Israël, en leur opposant la création d’un État palestinien totalement « souverain et indépendant » et « avec Jérusalem comme capitale ».

Le même jour, mercredi 18 octobre 2023, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov arrivait à Pyongyang en Corée du Nord pour deux jours et la Chine recevait les présidents du Kenya, du Nigeria et de l’Indonésie. La veille, elle recevait les dirigeants de Hongrie, du Chili, d’Éthiopie et du Kazakhstan.

La situation mondiale se tend clairement drastiquement, la guerre mondiale se dessine toujours plus nettement avec la concurrence pour l’hégémonie des deux grandes superpuissances que sont les États-Unis et la Chine (et son premier allié la Russie).

Rien n’échappe à la satellisation par les deux superpuissances à moins d’une ligne d’indépendance, fondée sur les principes de la Gauche historique. On n’y est pas, nulle part, et il le faut pourtant à tout prix pour indiquer le vrai chemin à suivre !

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Événements significatifs

Hamas, Arras: la spirale négative et comment s’en protéger

La France était sous le choc à la suite des événement à Gaza, à la suite de l’offensive du Hamas contre Israël qui a tourné au massacre de civils (en filmant et en diffusant les vidéos sur les réseaux sociaux, y compris des assassinés). Et voilà que le 13 octobre 2023, un jeune d’origine tchétchène se rend dans son ancien lycée d’Arras pour poignarder des enseignants en criant « Allah Akbar », en tuant un, en blessant grièvement deux.

C’est un événement marquant de plus, qui est de la même ampleur que « Je suis Charlie » et que le massacre au Bataclan. La société française est touchée dans toute sa profondeur, en raison de son histoire. La lutte de 2023 contre la réforme des retraites n’avait par exemple qu’effleuré la surface de la société ; pour les gens, c’était important, et pourtant une anecdote historiquement.

Là, avec tout ce qui se passe, c’est très différent. C’est une question de civilisation et les masses savent très bien que ce n’est pas une question de religion. C’est une question d’effondrement des valeurs. Le capitalisme triomphant fait se dissoudre tout principe dans le relativisme et partout les monstres s’infiltrent, pratiquant le cannibalisme social. Monopoles d’un côté, éléments anti-sociaux de l’autre : le peuple subit les coups des uns et des autres.

L’arrière-plan du meurtrier est d’ailleurs sans ambiguïtés : on est typiquement dans l’effondrement moral, administratif, politique français. Voici comment Europe 1 présente la chose :

« Fiché S, âgé de 20 ans, d’origine tchétchène et arrivé en France en 2008… Plusieurs heures après l’attaque au couteau dans un lycée d’Arras, qui a tué un professeur et blessé trois autres personnes, le profil de l’assaillant et de son entourage se dessine. Et alors que son frère avait été interpellé à l’été 2019 dans le cadre d’un projet d’attentat déjoué, sa famille, alors assignée à résidence, aurait même pu être expulsée en 2014.

Selon un document qu’Europe 1 s’est procuré, le cabinet de Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur, avait décidé d’annuler la rétention de la famille Mogouchkov. Cette dernière, composée d’un couple et de cinq enfants, était assignée à résidence dans un foyer de La Guerche-de-Bretagne, au sud de Rennes. La police aux frontières s’y était rendue le 18 février 2014 à 6h du matin pour les conduire à l’aéroport de Saint-Jacques-de-la-Lande, près de Rennes, où un avion spécialement affrété attendait la famille, direction la Tchétchénie.

Mais la procédure avait suscité un tollé dans les rangs de plusieurs associations de défense des sans-papiers. Le parti communiste français (PCF) s’était également fendu d’un communiqué de soutien à la famille Mogouchkov. « Que de moyens gaspillés pour saboter la vie d’une famille ! »

Tout cela fournit des points à la Droite, mais la Droite n’est plus la Droite : la France est devenue un satellite américain et il n’y a même plus de bourgeoisie française à prétention gaulliste. La seule chose qui compte politiquement en France, c’est de savoir comment gérer une population occidentale cherchant à garder ses privilèges, y compris à travers le social-impérialisme. Tous les partis et dirigeants, de Marine Le Pen à Jean-Luc Mélenchon, soutiennent l’armée française dans son intégration à l’Otan, assument l’Union européenne comme vaste satellite américain, acceptent la guerre de conquête contre la Russie (et demain la Chine).

Il n’y a donc aucun espoir politique à attendre. La société française va continuer à péricliter. Le mélange LGBT cosmopolite et repli nationaliste-communautaire va perdurer, exactement comme aux États-Unis.

Et là n’est pas le vrai enjeu. La vraie alternative, c’est Socialisme ou barbarie. Ce dont on a besoin, c’est de porteurs de civilisation, de gens annonçant le futur inévitable qu’est le Socialisme. Il faut laisser le passé au passé. Ce passé est tellement passé qu’il s’entre-dévore, afin d’empêcher qu’on arrive au futur !

On ne peut pas comprendre autrement le Hamas qui massacre un festival techno. On aurait dû voir une offensive portée par la Gauche palestinienne, unifiant sur une base démocratique les masses travailleuses ; au lieu de cela, on a la fuite en avant dans le massacre et la folie fondamentaliste.

Telle est la division : entre le passé et le futur. Et il ne faut pas se faire piéger par ce passé qui s’entre-dévore ! C’est le seul moyen de se protéger de la spirale négative du capitalisme en crise !

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Événements significatifs

L’opération du Hamas du 7 octobre 2023

Étant donné que la crise est mondiale, aucune zone de la planète n’est à l’abri, et tous les points brûlants cèdent en premier. Il y a eu l’Ukraine, dans un conflit militaire annoncé ici plus de six mois avant son déclenchement. Il y a eu l’affrontement entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, dont nous avons parlé de manière approfondie, et qui est loin d’être terminé d’ailleurs. Il y aura Taïwan demain.

L’évènement du 7 octobre 2023, c’est l’offensive du Hamas depuis la bande de Gaza. L’État israélien a été pris par surprise, perdant un prestige déjà largement entamé. En fait, le monde entier a été pris par surprise, comme il le sera encore à l’avenir, alors que craquent toujours plus de zones.

Car plus rien ne tient. Il faudrait être bien fou justement pour croire que ce qui se passe, c’est une révolte armée palestinienne contre une occupation sioniste. Il y a bien entendu des gens en France pour imaginer une telle fiction, parce que cela correspond au film qu’ils se font. Mais ce qui se passe, c’est un craquage généralisé de tout ce qui existe, parce que les fondements de ce qui existe sont sapés par la crise.

Le Hamas est en effet un véritable reste du passé. C’est une organisation islamiste à l’ancienne, avec un style datant des années 1980-1990, qui a été portée par les forces féodales palestiniennes et du Moyen-Orient en général, avec l’appui tacite de l’État israélien qui voyait d’un bon œil l’affaiblissement de la Gauche palestinienne, si puissante dans les années 1970.

Le résultat pour les années 2000, c’est une OLP disposant en Cisjordanie d’une « autorité » bureaucratique vendue à l’Occident, alors que le Hamas s’installait en 2007 dans la bande de Gaza.

Gaza, c’est une bande de terre isolé du monde, 365 km² avec deux millions de personnes, dont une partie significative dans des camps de réfugiés. L’État israélien pratique un blocus et mène des frappes répressives quand il l’entend. Le Hamas brise toute valeur progressiste avec sa dimension féodale.

Tout le monde s’attendait donc à ce que le Hamas végète sur ce territoire. Et voilà qu’il lance une vaste opération le 7 octobre 2023, avec au moins 2000 roquettes lancées sur le territoire israélien et de multiples commandos d’infiltration. L’État israélien, qui se la joue si assuré et invincible, a été débordé et voyant au moins une centaine de personnes tuées de son côté, des soldats enlevés, des bases attaquées. Il a déclaré l’état d’urgence civile et commencé des représailles militaires.

Pourquoi tout cela, réellement ?

Parce que l’État israélien est décadent. La société israélienne n’a jamais été unifiée, le sionisme a disparu comme idéologie pour devenir le support d’un nationalisme religieux.

Parce que le Hamas, une force en perdition, précipite les choses exactement comme la Russie l’a fait, afin de sauver sa peau pour la suite des événements.

Il faut être d’une naïveté confondante pour croire le Hamas qui parle de moment décisif pour la libération de la Palestine, appelant tout le monde (c’est-à-dire uniquement les hommes) à prendre les armes, tous les Palestiniens à se lancer dans la bataille générale, etc.

C’est de la fiction, une mobilisation artificielle qui a comme but de faire que « tout change pour que rien ne change ». Exactement comme la Russie lorsqu’elle parle de défense de la civilisation pour l’avenir dans sa guerre avec l’Ukraine, alors que son objectif est simplement de maintenir le statu quo dans un monde en transformation.

En ce sens, l’initiative du Hamas est réactionnaire et pour cette raison elle n’aboutira à rien. C’est tout sauf une guerre du peuple. Si au moins on pouvait penser que cela aiderait les masses palestiniennes dans leur existence, mais celles-ci sont uniquement de la matière première pour que le Hamas perpétue son existence.

L’État israélien va d’ailleurs lui-même être obligé de précipiter les choses afin de sauver sa propre peau pour l’avenir. Les réactionnaires sont obligés de prendre l’initiative – et tout va être de pire en pire, il ne faut pas se leurrer !

On paie ici l’énorme retard historique des masses mondiales par rapport aux exigences historiques, et ce sont elles qui vont en payer l’horrible prix. Quel enfer, en 2023, de voir que les opposants sont la superpuissance américaine et la superpuissance chinoise, la Russie et l’Ukraine, le Hamas et l’État israélien !

Le vieux monde s’entre-déchire pour se maintenir dans la prochaine phase, alors que l’actualité devrait être la révolution mondiale !

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Rapport entre les classes

La France bientôt en faillite

L’heure est particulièrement grave pour les finances françaises, malgré l’incroyable silence médiatique. Non seulement la dette publique est abyssale (3 000 milliards d’euros au 31 mars 2023, selon l’Insee), non seulement la France produit moins de richesses que ce qu’elle doit à ses créanciers (la dette représente 112,5 % du PIB), mais en plus la France va avoir de plus en plus de mal à emprunter de l’argent pour faire face à ses dépenses.

Plus précisément, emprunter de l’argent coûte de plus en plus cher à l’État français. On parle de taux d’intérêt, dont la référence est l’obligation (OAT) à 10 ans (l’État emprunte une somme qu’il doit rembourser dans 10 ans). Jusque récemment, encore en 2021, il était systématiquement mis en avant des taux d’intérêt négatifs (une bizarrerie technique du système financier moderne) pour justifier tout et n’importe quoi. C’est maintenant de l’histoire ancienne.

En septembre 2023, le taux d’intérêt des obligations de l’État français à dix ans est de 3,3%, alors qu’il était de – 0,4% en janvier 2021. En deux ans et demi, cela fait une augmentation de 3,7 points. C’est littéralement un krach qui se dessine sous nos yeux. Il ne faudrait surtout pas s’imaginer pouvoir se rassurer en comparant avec les taux d’intérêt au 20e siècle (qui étaient plus élevés) : à l’époque, la France (et le capitalisme en général) ne vivait pas autant à crédit. La France n’a jamais été aussi dépendante que maintenant des marchés financiers.

Cela d’autant plus que la France n’est pas seule : elle est empêtrée dans la zone euro avec certains voisins tout aussi en difficulté, notamment en Italie, où le taux d’intérêt à 10 ans est de 4,5 %. Même en Allemagne, dont les comptes publics sont bien plus stables (et positifs), l’heure n’est plus à la fête au crédit. Finis les taux d’intérêt négatifs, l’Allemagne emprunte maintenant à 10 ans à 2,75 %.

Il faut bien se souvenir qu’il y a encore quelques mois, il a été rabâché qu’il n’y avait pas de crise, que les dettes des États européens n’étaient pas un problème, que ceux-ci étaient suffisaient solides pour emprunter de l’argent indéfiniment, et que d’ailleurs emprunter de l’argent ne leur coûtait rien. Mensonge !

La situation ne va faire que s’aggraver durant les prochains mois. L’inflation, qui plombe littéralement le capitalisme, est immense : proche de 6 % en France (et encore plus si l’on regarde uniquement l’alimentaire, qui est le véritable étalon). Cela n’aide en rien, et surtout cela empêche la Banque centrale européenne d’intervenir en trafiquant l’économie.

Jusqu’à présent, elle intervenait en baissant ses taux directeurs (les taux auxquelles les banques lui empruntent de l’argent, qui définissent ensuite directement tous les autres taux). Sauf qu’avec l’inflation, la Banque centrale européenne est piégée : si elle continue d’intervenir comme avant (avec des taux bas ou négatifs), elle fabrique encore plus d’inflation (en inventant de l’argent magique). Alors elle maintient et va maintenir des taux directeurs hauts (en tous cas plus élevés que ces dernières années), ce qui va continuer à pénaliser les États dans leur capacité de financement sur les marchés.

Le taux directeur de la BCE est supérieur à 4 % en septembre 2023, alors qu’il était encore à zéro il y a un peu plus d’un an. Personne n’imaginait une telle évolution il y a un an, alors que la BCE prétendait encore que l’inflation se stabiliserait. Fumisterie ou incompétence ? Toujours est-il que l’heure est grave pour le capitalisme, avec un risque de faillite généralisée de plus en plus évident.

La plus grande menace d’ailleurs vient de la contradiction existant au sein de la zone euro, avec d’un côté des pays en crise, mais avec des finances maîtrisées (l’Allemagne surtout), de l’autre des pays en crise et avec des finances totalement dans le rouge. Cet écart, qui se reflète surtout dans la capacité des États à emprunter de l’argent, crée un déséquilibre mortel pour la zone euro. On parle de spreads pour mesurer l’écart entre les différents pays : ceux-ci sont scrutés de près par les économistes (et surtout par les acteurs du marché financiers), car ils indiquent la cohérence économique, la stabilité, de la zone euro. Les spreads, notamment entre l’Allemagne et l’Italie, mais aussi entre l’Allemagne et la France (qui sont le moteur de l’Union européenne) montrent une zone malade et incohérente, avec un mélange de pays encore riches et relativement solides, et d’autres de plus en plus faibles, avec une économie (donc ici une capacité d’emprunt) relevant de plus en plus clairement du tiers monde.

De manière tout à fait pragmatique, les investisseurs, dont dépendent les États, se demandent maintenant jusqu’où les pays “sérieux” de la zone euro vont continuer à soutenir les pays malades. A l’époque de la crise de la dette de l’État grec, quand le pays avait été littéralement sauvé de la faillite par l’Union européenne (au prix d’une exploitation aggravée pour les travailleurs grecs), il s’agissait simplement de trouver 350 milliards d’euros. Aujourd’hui la dette publique italienne, c’est 2 800 milliards d’euros. La dette publique française, c’est 3 000 milliards d’euros. La donne n’est clairement pas la même.

Si la France était une entreprise, elle serait déjà en faillite. Elle va avoir de plus en plus de mal à trouver de l’argent pour assurer son train de vie monumental. Il suffit maintenant d’un rien pour que la machine déraille, comme nous l’avions vu depuis le début de la crise amorcée par la crise sanitaire de 2020. Les milliards d’euros tirés du chapeau pour sauver le capitalisme ne sont pas sans conséquence ; le système se retourne maintenant contre lui-même et est prêt à exploser.

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Vie quotidienne

Trois signalisations peu connues du Code de la route

Les « Zones de rencontre » sont de plus en plus présentes dans les villes, petites ou grandes. Elles sont censées permettre des zones de circulation « apaisées », selon la terminologie politique à la mode, sans pour autant devoir créer des zones strictement piétonnes.

Le décret d’application date de 2008, mais ces zones ont été très peu utilisées durant les années 2010. Elles ne se répandent que depuis les années 2020, mais très peu de gens en connaissent le sens, ainsi que le panneau assigné.

Il est pourtant facile à comprendre. De forme carrée, avec un fond bleu, il représente un piéton, puis un cycliste plus petit, puis une automobile plus petite, ainsi qu’une indication de limitation à 20 km/h. En général ce panneau est assez discret, de taille petite, placé en hauteur, ce qui fait qu’il est totalement ignoré par la plupart des usagers de la route.

Il indique pourtant quelque-chose d’essentiel, à savoir que dans la zone désignée, les cyclistes et les automobilistes doivent rouler à allure modérée et céder la priorité absolue aux piétons, qui sont littéralement autorisés à déambuler sur la voie. En principe, les cyclistes ont le droit de circuler dans tous les sens, du moment qu’ils cèdent la priorité aux piétons et ne roulent pas à plus de 20 km/h.

En principe également, les automobilistes doivent la priorité absolue aux cyclistes dans ces zones. En pratique, il est plus intelligent de s’en tenir à la règle habituelle de la priorité à droite, étant donné que tout le monde est censé rouler globalement à la même allure, de manière prudente.

Seul le tramway fait exception : lorsqu’il circule dans ces zones, il est prioritaire sur tout le monde, y compris les piétons.

Beaucoup de municipalités utilisent ce panneau avec une grande légèreté, c’est-à-dire sans mettre les moyens pour faire respecter en pratique les zones concernées, ni adapter les aménagements. Pire, il arrive bien souvent que ces zones ne soient pas strictement délimitées : les panneaux d’entrée ou de sorties peuvent manquer sur des voies adjacentes…

Refuser la priorité à un piéton dans une zone de rencontre expose un automobiliste à une contravention de 4e catégorie donnant lieu à une amende forfaitaire de 135€ et au retrait de 6 points sur le permis de conduire.

Une autre signalisation de plus en plus courante dans les villes, mais assez méconnue, est le « Panonceaux d’autorisation conditionnelle de franchissement
pour cycles (M12) ».

Il s’agit d’un triangle encadré en rouge, représentant en jaune un vélo et au moins une flèche directionnelle. On trouve ce panneau attenant à un bloc de feu de signalisation.

Sa signification générale est très simple à comprendre : lorsqu’il y a un feu rouge, les cyclistes ont l’autorisation de passer.

Toutefois, il faut connaitre ce panneau et sa signification plus en détail, pour en respecter l’esprit et ne pas se mettre en danger, ni mettre en danger autrui.

Premièrement, ce n’est pas un « laisser-passer » : les cyclistes ont le droit de s’affranchir du feu rouge du moment qu’ils cèdent le passage en respectant la priorité accordée aux autres usagers. Par exemple les automobiles qui arrivent de la gauche avec un feu vert, ou encore les piétons à un passage piéton.

Deuxièmement, il faut regarder les flèches présentes sur le panneau, qui désignent ce qu’il est possible de faire.

Avec une flèche à droite, le cycliste à le droit de s’engager sur la voie de droite, mais pas de traverser l’intersection.

S’il y a une flèche vers l’avant, alors seulement le cycliste est autorisé à franchir l’intersection sans respecter le feu rouge.

Voici les différentes variantes.

Depuis août 2020, un nouveau panneau existe afin de réserver une voie au covoiturage automobile. Il s’agit d’un petit losange blanc sur fond bleu.

C’est très simple à comprendre : lorsqu’il y a ce panneau, il est interdit d’emprunter la voie désigner si l’on est seul à bord de sa voiture.

Il est possible qu’il soit indiqué qu’il faille être au moins trois personnes à bord pour emprunter la voie.

L’interdiction peut être permanente ou intermittente. Dans ce cas, il y a soit un panneau activable et désactivable selon les moments, soit une tranche horaire et hebdomadaire clairement indiquée avec le panneau.

Ne pas respecter cette règle expose les conducteurs à une amende de 135 euros. 

Voici un extrait du Journal officiel présentant différentes variantes et forme de cette signalisation.

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Culture & esthétique

Les origines guerrières du sport

Le sport est une forme développée des jeux populaires traditionnels et des affrontements aristocratiques codifiés à l’époque féodale. Il existe de nombreuses continuités entre les sports d’aujourd’hui et ces activités, rien n’étant jamais créé ex nihilo

Une grande partie des sports actuels étaient d’abord des arts martiaux. Ils étaient liés à l’activité militaire, mais ont développé petit-à-petit une existence autonome avec une finalité propre, devenant des activités de délassement physique et morale raffinées, strictement codifiées et censées ne plus être dangereuses. 

L’escrime, sport français par excellence, a d’abord été enseigné pour la guerre. Il est devenu ensuite un art martial à mesure que son utilité militaire disparaissait avec le développement de la poudre pour les armes. Il était alors enseigné par des maîtres d’arme et pratiqué en duels.

À la fin du 16e siècle, le Roi Charles IX autorisa les « Maistres Joueurs et Escrimeurs d’Épée de Paris » à former l’Académie des Maistres en faits d’armes de l’Académie du Roy, ce qui va permettre à l’escrime de se structurer en France. Il deviendra un sport au 19e siècle avec la fin des duels et l’utilisation de protections dont le masque à grille ou encore l’utilisation du fleuret en combat (alors qu’il était réservé à l’entraînement). 

Les duels étaient des affrontements à l’épée devant témoin, convoqués par une personne s’estimant offensée. Les motifs pouvaient-être parfois futiles, parfois plus importants, mais les combats étaient normalement très codifiés. Ils pouvaient avoir lieu jusqu’au « premier sang » (le premier qui saigne perd) ou même jusqu’à la mort. Cette pratique était très courante au 16e siècle et a perduré en France jusqu’au 19e siècle, avec encore des centaines de morts par an en duel à cette époque. 

La pratique des duels était déjà une forme plus moderne et plus raffinés des joutes ou pas d’armes de la fin du Moyen-Âge. Ces derniers étaient eux-mêmes des combats issus des tournois de chevaliers.

Les tournois de chevaliers au Moyen-Âge donnaient lieu à de véritables épreuves physiques, se déroulant parfois sur plusieurs jours devant de nombreux spectateurs et avec des acteurs appréciés et ovationnés de manière assez proche des sportifs d’aujourd’hui.  

La savate, ou boxe française, se développe au 19e siècle également sur la base des duels, mais dans une forme plus raffinée et plus codifiée. C’est en quelque sorte l’escrime des pieds et des poings et cela permet des duels sans armes (donc plus discrets et moins risqués). L’intérêt est aussi de se défendre à tout moment, alors que l’usage du port de l’épée a disparu.

La boxe française est également devenue au fur et à mesure un sport, tout en continuant d’être un moyen de défense utile. Elle s’est cependant beaucoup effacée en France du fait de l’arrivée massive d’arts martiaux en provenance d’autres pays, notamment asiatiques. 

La savate, ou boxe française, développe pourtant un caractère national dans sa forme et ses usages. Elle se distingue par exemple fortement de la boxe anglaise, plus rude, moins fine. 

En France, l’armée a joué un rôle important pour le développement et la diffusion des techniques de combat et de la gymnastique, ce qui servira ensuite le développement et la diffusion du sport. 

L’intérêt des techniques de combat et de la gymnastique pour la préparation physique des soldats était évident pour le régime de Louis-Napoléon Bonaparte qui en 1852 ouvra l’École Normale Militaire de Gymnastique de Joinville, dans le bois de Vincennes à Paris.

Y furent mises au point des techniques d’assaut particulières, notamment de canne ou de bâton dont certaines sont toujours enseignées aujourd’hui dans les clubs de savate, ou boxe française, ainsi que dans les écoles de police. 

Après la défaite de 1870 face à l’armée prussienne, l’école se restructura et devint l’École Normale de Gymnastique et d’Escrime. En 1925 elle devint École Supérieure d’Éducation Physique puis s’émancipa des autorités militaires à partir des années 1930.

Elle changea plusieurs fois de nom avant devenir en 1975 l’INSEP (Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance), toujours en activité, mais coupée de ses origines militaires. 

Parallèlement, pour garder une affiliation militaire au sport, fût formé dès 1956 le Bataillon de Joinville, célèbre pour avoir accueilli jusqu’à la fin du 20e siècle des milliers de sportifs de haut niveau pendant leur service militaire. Y sont passé des figures du sport français telles que Michel Platini, Alain Prost, Laurent Fignon, Henri Leconte, etc. 

Le bataillon de Joinville a été dissous avec la suspension du service militaire en 2003. L’armée française continue néanmoins d’accueillir des sportifs de haut niveau sous le statut de Sportifs de Haut Niveau de la Défense (SHND) sous l’égide du Centre national des sports de la Défense (CNSD) (qui est maintenant appelé « bataillon de Joinville » en référence à l’ancien bataillon, bien qu’il n’en soit plus un au sens strict). 

Il est parlé de « l’armée des champions ». Ces engagés doivent participer à quelques stages militaires mais disposent de l’essentiel de leur temps pour leur sport et sont rémunérés pour cela.

Ces sportifs ont surtout un rôle de représentation pour l’Armée, ils n’ont plus vocation à être des militaires au sens strict. Ils sont environs 200 sous contrat chaque année.

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Refus de l’hégémonie

La nature des Brics et le rôle central de la Chine

Le nom Brics vient de l’acronyme BRICS formé par les initiales du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud (South Africa) ; c’est une alliance informelle entre ces 5 pays, élargie à partir de 2024 à l’Arabie saoudite, l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Argentine, l’Iran et l’Éthiopie.

C’est la Fédération de Russie qui est à l’origine de ce regroupement, en 2006, en marge d’une assemblée générale de l’ONU. Il y a eu ensuite différents jalons en vue des coopérations multilatérales entre ces pays se considérant au même niveau dans l’échiquier mondial : trop faible pour peser directement face aux puissances occidentales historiques, trop forts pour se contenter d’appartenir au tiers-monde.

Le premier véritable « sommet » des Brics n’eut lieu toutefois qu’en 2009, le 16 juin à Iekaterinbourg en Sibérie occidentale (et quatrième plus grande ville de Russie). La déclaration commune à l’issue disait avoir comme but de :

« promouvoir le dialogue et la coopération entre nos pays de manière progressive, proactive, pragmatique, ouverte et transparente.

Le dialogue et la coopération des pays BRIC sont propices non seulement à servir les intérêts communs des économies de marché émergentes et des pays en développement, mais également à construire un monde harmonieux de paix durable et de prospérité commune.

Le document expose une perception commune des moyens de faire face à la crise financière et économique mondiale. »

Cela ne souffre d’aucune ambiguïté : la volonté des Brics est d’exister de manière alternative à l’hégémonie de la superpuissance américaine. De par leur développement économique respectif, l’importance de leur population (plus de 40 % de la population mondiale) et la primauté de leurs ressources naturelles, ces pays entendent exister mondialement sans avoir à se soumettre aux États-Unis, mais tout en s’intégrant parfaitement dans la mondialisation capitaliste.

C’est pour cela que les Brics ne formaient pas, jusqu’au début des années 2020, une alliance formelle, de type militaire ou encore avec une intégration économique commune d’envergure. Il s’agissait normalement surtout d’une alliance de circonstance, pour peser et faire valoir leur puissance économique qui représentait en 2013 environ 27 % du PIB mondial.

La donne a toutefois changé depuis 2020. D’abord, il y a eu la crise sanitaire, qui s’est généralisée sur le plan économique, a changé la face du monde et chamboulé tous les rapports. Ensuite, il y a le conflit militaire en Ukraine, qui a accéléré la contradiction entre l’occident (sous domination américaine) et la Russie, créant un gigantesque clivage politico-diplomatique planétaire.

L’expansion potentielle des Brics

Surtout, la Chine s’est énormément développée durant les années 2010, devenant ouvertement une superpuissance challenger à l’hégémonie de la superpuissance américaine. Impossible dorénavant de considérer les Brics sans prendre en compte l’importance et le rôle de la superpuissance chinoise.

En fait, il faut même dire que l’existence des Brics, sa forme, ses discours, ses prétentions, intègrent totalement la stratégie chinoise d’hégémonie « alternative ». Voici le titre de l’allocution du président chinois Xi Jinping lors du 15e sommet des Brics à Johannesbourg en août 2023, où a été annoncée l’élargissement de l’alliance :

« Rechercher le développement par la solidarité et la coopération et assumer les responsabilités pour la paix. »

Ces mots choisis de manière très précise résonnent très fort dans tous les pays du tiers-monde, qui comprennent qui leur est proposé de suivre une autre voie que celle de la domination habituelle de la superpuissance américaine.

La Chine, particulièrement en Afrique, passe son temps à faire des accords économiques, acheter des terres, vendre des marchandises, proposer des appuis militaires, tout en prétendant ne pas du tout reproduire le schéma américain de domination.

Les Brics consistent essentiellement en ce support à la Chine dorénavant ; c’est une force d’appui à l’hégémonie « alternative » de la superpuissance chinoise. Voici ce qu’expliquait le porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois à Johannesbourg le 24 août 2023, expliquant les propos de son président durant le sommet :

« Les pays des BRICS sont une force importante pour façonner l’échiquier international, a déclaré Xi Jinping.

Le fait que nous choisissons en toute indépendance nos voies de développement, défendons ensemble notre droit au développement et avançons ensemble vers la modernisation représente l’orientation du progrès de l’humanité et influencera certainement en profondeur le cours du monde, a-t-il affirmé.

La coopération des BRICS se trouve à un moment crucial pour ouvrir de nouvelles perspectives sur la base des accomplissements réalisés, a souligné le président chinois.

Suivant la tendance du développement mondial et répondant aux aspirations des peuples du monde entier, le président Xi Jinping a fait une proposition en quatre points sur la coopération des BRICS dans divers secteurs, traçant la voie à suivre pour une croissance saine et substantielle de la coopération des BRICS.

Nous devons approfondir la coopération commerciale et financière pour stimuler la croissance économique.

Nous, pays des BRICS, devons être des compagnons de route sur le chemin du développement et de la revitalisation, et nous opposer au découplage et à la rupture des chaînes d’approvisionnement, ainsi qu’à la coercition économique, a déclaré XI Jinping.

Nous devons étendre la coopération politique et sécuritaire pour maintenir la paix et la tranquillité, a-t-il ajouté.

Les pays du BRICS doivent maintenir le cap du développement pacifique, se soutenir sur les questions relatives à leurs intérêts fondamentaux respectifs et renforcer la coordination sur les grandes questions internationales et régionales.

Nous devons proposer nos bons offices sur les questions brûlantes, en encourageant un règlement politique, a affirmé Xi Jinping. Nous devons intensifier les échanges entre les peuples, promouvoir l’apprentissage mutuel entre les civilisations et préconiser la coexistence pacifique et l’harmonie entre les civilisations, a-t-il proposé.

Nous devons promouvoir le respect de tous les pays dans le choix indépendant de leur voie de modernisation, a ajouté Xi Jinping.

Nous devons défendre l’équité et la justice et améliorer la gouvernance mondiale, a-t-il noté. Les pays du BRICS doivent pratiquer un véritable multilatéralisme, défendre le système international centré sur les Nations Unies, soutenir et renforcer le système commercial multilatéral centré sur l’Organisation mondiale du Commerce (OMC), et rejeter les tentatives de création de « petits cercles » ou de « blocs exclusifs ».

Nous devons faire avancer la réforme des systèmes financiers et monétaires internationaux et augmenter la représentation et le droit à la parole des pays en développement, a déclaré Xi Jinping. »

Les États-Unis, ainsi que tout le bloc occidental aligné sur la superpuissance américaine, sont directement visés. Il est fait allusion de manière très claire à la guerre en Ukraine entre l’Otan et la Russie ainsi qu’à la domination économique américaine au moyen du dollar et des embargos ou sanctions économiques. La République populaire de Chine prépare également très clairement le terrain en vue d’un affrontement direct avec les États-Unis sur la question de Taïwan.

Mais cela va plus loin que cela, car la Chine s’imagine pouvoir peser durablement et mise particulièrement sur le développement de l’Afrique au 21e siècle.

« En se concentrant sur le thème du sommet « Les BRICS et l’Afrique : Partenariat pour une croissance mutuellement accélérée, un développement durable et un multilatéralisme inclusif », les dirigeants des cinq pays BRICS ont eu un échange de vues approfondi et sont parvenus à un large consensus sur la coopération entre les BRICS et les questions majeures internationales d’intérêt commun.

Les parties sont d’avis que les BRICS doivent renforcer leur solidarité, continuer à embrasser l’esprit d’ouverture, d’inclusion et de coopération gagnant-gagnant, accélérer l’expansion des BRICS, rendre le système de gouvernance mondiale plus inclusif, plus juste et plus équitable, et promouvoir la multipolarité dans le monde.

Les BRICS doivent se soutenir sur les questions concernant les intérêts fondamentaux de chacun et respecter les voies de développement choisies indépendamment par les pays et adaptées à leurs réalités nationales.

Les BRICS doivent contribuer à accélérer la réforme du système financier et monétaire international, augmenter la représentation et le droit à la parole des marchés émergents et des pays en développement, faire progresser le développement durable et promouvoir une croissance inclusive. »

Depuis Johannesbourg, avec l’élargissement à d’autres pays, il devient évident que l’alliance des Brics n’est plus un regroupement informel, secondaire et de circonstance ; c’est un outil de développement pour l’hégémonie de la superpuissance chinoise en concurrence avec la superpuissance américaine.

C’est aussi, voire surtout en ce qui nous concerne en France, le marqueur de la dégringolade de la puissance américaine et de la fin de l’occident ! Non pas qu’il faille croire en l’hégémonie chinoise qui serait « meilleure » (si tant est qu’elle puisse se réaliser d’ailleurs), mais il faut se réjouir et appuyer l’effondrement occidental ; ce sera là le salut de la Gauche, la vraie, pour un monde qui doit changer de base!

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Culture & esthétique

Le train du passé doit nous inspirer

Il faut absolument en finir avec l’ère de l’automobile. Les voitures détruisent tout : la santé, la vie, le climat, les animaux, mais aussi les villes et les campagnes, qui ont été entièrement remodelées à la fin du 20e siècle et au début du 21e siècle pour correspondre au modèle de la circulation individuelle anarchique voulu par le capitalisme.

L’été, avec ses épisodes réguliers de surcharge des routes le samedi, où cumulent facilement les 1000 km de bouchons sur tout le territoire, est à chaque fois un désastre. Cela sans compter les surcharges abominables des routes et des parkings dans les zones touristiques elles-mêmes. Il faut penser ici à la bande littorale du Pays-Basque, littéralement prise d’assaut par les flux automobiles.

Il est évident que le modèle de développement par le chemin de fer dans la première moitié du 20e siècle, jusque dans les années 1960, était bien plus efficace, correspondant à un niveau de civilisation plus élevé. Bien entendu, ce n’était pas un choix : c’était une conséquence de la réalité et de la pratique, et de l’élan industriel du 19e siècle. Cependant, il y avait une dynamique de fond.

Pendant l’été 1958 par exemple, rien que pour la région parisienne, la SNCF transportait 1,6 millions de jeunes pour les colonies de vacances partout dans le pays. C’était une véritable organisation de masse, planifiée et efficace. Cette dimension de masse est à la fois présente encore, et a totalement disparu.

En 2022, la SNCF a ainsi connu une année historique avec un bénéfice record de 2,2 milliards d’euros, dépassant celui de 2017 avec 1,5 milliards d’euros. C’est l’augmentation du nombre de billets vendus, permettant donc un meilleur remplissage des trains, qui en serait la cause. La SNCF affirme avoir transporté 14 millions de voyageurs durant l’été 2022.

Ce chiffre important, reste sans commune mesure avec le nombre de voyageurs par la route. De plus, il ne reflète pas du tout la qualité de service qui en vérité s’est dégradée. La SNCF profite essentiellement de voyageurs sur ses grandes lignes TGV, entre les grandes métropoles et les points touristiques les plus denses. Mais elle ne dessert pas du tout uniformément et efficacement le territoire.

Même depuis les grandes métropoles vers des villes touristiques intermédiaires, il est en fait difficile de se déplacer. Par exemple, les liaisons entre Nantes et Vannes sont très faibles, et très chères, alors que par contre la route départementale (deux fois deux voies) entre les deux villes est absolument bondée. Pareillement, passer une semaine estivale de randonnée dans les Alpes en se déplaçant uniquement en train découragera vite la plupart des gens qui préféreront la voiture individuelle, quitte à en louer une pour l’occasion.

Tel n’était pas le cas jusque dans les années 1950/1960 où l’offre ferroviaire était beaucoup plus importante, et surtout plus systématique, pour une population bien moins grande (45 millions d’habitants en 1960 contre 68 millions en 2023).

Il y a donc lieu de connaître et reconnaître l’héritage ferroviaire du pays, qui certes ne s’est pas évaporé, mais n’est pas devenu à la hauteur de ce qu’il devrait être. Et de ce qu’il sera !

Il existe justement parfois sur YouTube, dans les méandres des vidéos insipides et sans valeurs, des productions de qualité, mettant en valeurs des aspects en particulier. C’est le cas des vidéos de la chaîne de modélisme ferroviaire de Renaud Yver. Seulement 23 000 abonnés pour cette chaîne, alors que les pires imbéciles égocentriques et futiles en ont des millions…

Cette chaîne est très instructive et incontournable si l’on s’intéresse aux chemins de fers français au 20e siècle. Pour résumer, il profite d’un réseau d’un réalisme exceptionnel, autour de la gare fictive de Luzy, pour montrer le quotidien ferroviaire de l’époque. C’est ludique et inspirant.

Et c’est là qu’on se dit, en voyant ses vidéos : que de temps perdu en France, que de compétences perdues, avec toutes ces petites gares fermées, avec toutes ces petites lignes qui ne fonctionnent plus !

La vidéo « De l’Atlantique à Luzy », réalisé sur plusieurs réseaux ferroviaires amis, est très marquante à cet égard.

Si on réfléchi intelligemment, on comprend tout de suite que la combinaison du transport voyageur et de fret, pour relier des petites villes, est une solution d’avenir ! Que de temps (et de vie, et de nature) perdu avec le fret routier !

Mais c’est que le fret ferroviaire demande du temps, avec surtout une planification à grande échelle en amont. Ce n’est pas du tout le rythme du capitalisme, qui fonctionne à flux tendu, avec des acteurs atomisés et perdus au milieu de la concurrence.

Voici la vidéo « Luzy marchandises » qui montre très bien le rythme qu’est celui du fret ferroviaire. Tout ce qui est expliqué est réaliste et n’a en vérité pas beaucoup changé, notamment dans les termes utilisés.

Pour comprendre le fonctionnement du chemin de fer, il est indispensable aussi de regarder cette vidéo : « Le 505 est en détresse ».

On y apprend en détail, et de manière réaliste, comment il faut s’organiser pour secourir en toute sécurité une machine en panne. Là encore, la procédure n’a pas vraiment changé à notre époque.

Pour la culture historique, il faut également regarder la vidéo « Sabotage à Marhodieu ». Le chemin de fer était économiquement incontournable dans les années 1940 et le travail de sabotage du réseau par la Résistance contre l’occupant nazi a été très importante en France ; la vidéo en est un témoignage intéressant.

Pour se rendre compte de l’importance et de la qualité du travail nécessaire à la réalisation d’un réseau ferroviaire de ce niveau, on trouve également sur la chaîne de nombreuses vidéos explicatives, en mode « tuto ».

Même quand on n’est pas intéressé par la construction d’un tel réseau, cela est plaisant à regarder. Il s’agit surtout d’ingéniosité et de simplicité, qui donnent avec application de grands résultats !

Se tourner le train est vraiment important. Le train façonne un pays. Et si l’on veut un contre-exemple le montrant bien, il suffit de prendre le Mexique et la Colombie avec leurs narco-trafiquants. Dans ces deux pays, il n’y a pas de trains de voyageurs. C’est donc le règne de la voiture (et des cars), avec les embouteillages et l’esprit individualiste qui va avec.

Il y a une véritable réflexion à avoir à ce sujet : un pays sans maillage ferroviaire peut-il réellement être organisé, planifié? Dans quelle mesure le train est-il un vecteur essentiel de la civilisation?