Dans le capitalisme, chacun fait ce qu’il veut, du moment qu’il n’y a pas de préjudice pour autrui. C’est du moins la définition quasi officielle. Cela veut dire qu’on ne peut pas juger les attitudes des gens, leurs comportements. Qu’on soit motard, collectionneur de timbres, LGBT, musulman, cycliste invétéré ou acharné de mangas, peu importe, c’est comme aux États-Unis, chacun son bonheur et ça s’arrête là.
La cause animale est ici l’ultime frontière, puisqu’elle implique à la fois l’universalisme et la morale. Si on dit qu’expérimenter sur les animaux est une mauvaise chose, alors c’est vrai partout et tout le temps. Et cela remet en cause le relativisme qu’exige le capitalisme.
Voilà pourquoi le capitalisme a pu absorber les vegans, en leur proposant une consommation spécifique. Mais voilà aussi pourquoi le capitalisme n’a pas pu absorber la cause animale. Le relativisme du capitalisme implique qu’on a le droit de dédaigner la protection des moineaux, ce qui bien entendu est inacceptable pour la cause animale.

De manière intéressante, aux yeux des Français pétris dans le libéralisme culturel, la cause animale apparaît comme quasi religieuse en raison de son universalisme et de ses exigences morales personnelles.
Si on regarde bien, on s’aperçoit qu’ils diront la même chose du Socialisme, du Communisme. Et ils ont dit la même chose du protestantisme, pourtant né en France avec Calvin, ce que tout le monde a oublié, ou jamais su, tellement ça a été passé sous silence.
C’est la grande peur du collectivisme, c’est la grande peur des responsabilités personnelles. Voilà pourquoi on a en France une valorisation d’ouvrages comme 1984 d’Orwell ou Le meilleur des mondes de Huxley.
Pour les Français, la collectivité c’est la dictature, et les bonnes idées mènent toujours au pire, car la révolution dévorerait ses enfants. Toute ambition collective relève de la démesure et d’ailleurs, il n’y a pas d’utopie possible, cela finirait nécessairement en dystopie.
D’où le dédain pour les animaux, l’aveuglement sur la condition animale. Car les animaux et la condition animale posent en soi la nécessité de la révolution. Révolution des mœurs, révolution des mentalités, révolution des villes et des campagnes, révolution du rapport aux animaux lui-même.

Il y a aussi l’incroyable pression de la société de consommation, qui force au cynisme et à l’indifférence. Accepter ses émotions, être à la hauteur de ses sentiments… ce ne sont pas des choses valorisées par le capitalisme et le rapport aux animaux (ainsi qu’aux enfants) est extrêmement révélateur sur ce plan.
L’enfance est, d’ailleurs, un angle mort de la société française. La condition de l’enfance se dégrade ; il suffit de constater comment les très jeunes enfants sont placés devant des écrans de téléphone portable. C’est là quelque chose d’irresponsable, et pourtant de très commun.
C’est concrètement tout le rapport à la vie quotidienne qui est aliéné dans le capitalisme. Et on comprend que le capitalisme français ait besoin des syndicats, CGT y compris bien sûr, afin de maintenir toute contestation dans un cadre bien contrôlé portant sur les acquis sociaux.
Tout est fait pour masquer la question de la vie quotidienne, et comme cela ne suffit plus, il y a l’idéologie LGBT qui est utilisée de manière massive, à l’échelle de l’Union européenne, pour faire croire que le capitalisme inclusif change réellement les choses.

En réalité, rien ne change et c’est absolument flagrant pour la condition animale. La société française se fonde sur le cynisme et l’indifférence, les animaux rencontrent le cynisme et l’indifférence.
Prendre parti pour la cause animale, c’est déclarer la guerre au cynisme et à l’indifférence.
Le monde a besoin de changer, le monde a besoin de la révolution !