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Refus de l’hégémonie

Ukraine et France, le tournant du 26 février 2024

Les moments historiques où se rejoignent la vie quotidienne et la vie en collectivité sont rares dans une société française capitaliste qui divise, sépare, compartimente. Mais l’Histoire avance et précipite les gens dans des situations auxquelles ils ne s’attendaient pas.

Les propos d’Emmanuel Macron le 26 février 2024, avec une véritable mise en scène à l’occasion de la conférence de soutien au régime ukrainien à Paris, reflètent ici un saut qualitatif. Vous ne voulez rien savoir sur la guerre en Ukraine ? Eh bien le président du pays explique qu’il faudra peut-être y faire participer l’armée française.

Et là, ça a été le choc. Les gens ont été choqués. C’est une claque, bien entendu relativisé par le rationalisme français qui relativise tout. Il n’en reste pas moins que cela a profondément marqué.

Les partis politiques ont d’ailleurs été obligés de prétendre être étonné et choqué aussi, tellement la surprise a été grande. Mais c’est hypocrite, car dans les faits, tant La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon que le Rassemblement national de Marine Le Pen, tant le PCF de Fabien Roussel que Reconquête d’Eric Zemmour ont participé à la propagande de guerre contre la Russie, soutenu les mesures françaises de soutien au régime ukrainien.

Il suffit d’ailleurs de voir l’évolution des événements depuis six mois avant le conflit armé en Ukraine pour voir la montée en puissance de la narration belliciste, sous l’égide de la superpuissance américaine, y compris en France.

Pour prendre un seul exemple, il y a eu l’accueil triomphal réservé au président du parlement ukrainien Ruslan Stefanchuk, en février 2023. Mais il ne faut pas s’arrêter à quelques exemples et bien voir qu’il y a tout un fil narratif, une montée en gamme de la partition militariste.

Et juste après l’intervention d’Emmanuel Macron, il y a eu deux votes explicites au Parlement européen, le 29 février 2024, sur une ligne ouverte de défaite et de destruction de la Russie.

La vérité, c’est qu’à moins de dire qu’on ne veut rien avoir à faire avec le capitalisme français, on est obligé de le suivre. Si on veut des retraites plus fortes, on accepte de facto le capitalisme français qui va les financer et donc on ne veut pas qu’il s’écroule. Pareil si on prend la consommation avec un niveau de vie élevé au niveau mondial, les joies de la vie parisienne, etc.

Cela ne veut pas dire qu’il faille se replier au fond d’une forêt sous une tente, ou bien au sein d’une « ZAD » comme le veulent les anarchistes. Cependant, qu’il ne faut pas se faire corrompre par le capitalisme, même si on accepte de vivre dans une société dont les forces productives sont très développées.

Ce n’est pas simple, mais il y a un fil rouge, et la question de la guerre est ici décisive. Ceux qui ne parlent pas de la guerre de manière régulière sont hors-jeu, c’est aussi simple que ça. Ceux qui acceptent d’en parler mais rarement, simplement pour la forme, n’apportent pas grand chose.

Ceux qui, par contre, savent que dans 5, 10, 15 ans on va au carton, et qu’il faut empêcher cela, et que si on n’y parvient pas… alors il faudra assumer la révolution par la défaite de l’armée française – voilà ceux qui relèvent de la solution.

Ceux-là ont bien compris le sens du 26 février 2024, ils ont saisi que cette fois, le processus était enclenché, qu’il n’y aurait pas de retour en arrière.

Que faut-il faire ? Eh bien, la même chose que Rosa Luxembourg et Lénine, dans un contexte à la fois différent et similaire. Il faut prendre la position du défaitisme révolutionnaire. Dit autrement : la révolution comme négation du capitalisme revient sur le devant de la scène historique, car le capitalisme cherche à se sortir positivement de sa crise par la guerre.

Soit le capitalisme parvient à se relancer, soit il s’effondre. Soit le capitalisme parvient à la guerre et une force victorieuse relance un cycle capitaliste d’accumulation, soit il s’effondre sous le poids des contradictions, et c’est le Socialisme.

Telle est l’alternative !

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Deux votes unanimes, y compris français, de soutien complet de l’UE à l’Ukraine pour détruire la Russie

Le parlement européen a procédé à deux votes le 29 février 2024, concernant deux textes (qu’on peut lire ici). Ce sont des textes correspondent entièrement à la ligne exposée par Emmanuel Macron le 26 février 2024 lors de la Conférence de soutien à l’Ukraine.

On parle de deux appels à découper la Russie en morceaux, pas moins, et pour ce faire le régime ukrainien doit être soutenu par tous les moyens, principalement militaires.

Les titres des deux textes, votés à la quasi unanimité sont :

  •  L’assassinat d’Alexeï Navalny et la nécessité d’une action de l’UE pour soutenir les prisonniers politiques et la société civile opprimée en Russie
  • Nécessité d’un soutien sans faille de l’Union européenne à l’Ukraine, après deux ans de guerre d’agression russe contre ce pays

Le premier texte s’appuie sur la mort d’Alexeï Navalny en prison en Russie le 16 février 2024. Cet opposant russe était l’homme de main du camp occidental. Nationaliste raciste, il était devenu pro-Otan et allié des « libéraux » en Russie. L’Union européenne salue la mémoire de Navalny, dénonce comme illégitime le régime russe et affirme qu’elle:

« est convaincu que la victoire décisive de l’Ukraine peut entraîner de véritables changements dans le système de la Fédération de Russie, notamment désimpérialisation, décolonisation et refédéralisation, tant de conditions nécessaires à l’instauration de la démocratie en Russie »

C’est là un soutien total au régime ukrainien et un appel à dépecer la Russie, qui ne serait qu’une entité impériale. Le régime ukrainien diffuse depuis 2014 cette conception d’une Russie qui ne serait en réalité qu’une Moscovie ayant formé un empire.

Le vote pour ce texte : 506 voix pour, 10 contre, 21 abstentions.

Naturellement, du côté français, la droite et le centre ont voté pour.

Les députés liés au Parti socialiste ont également voté pour. C’est également le cas des députés liés à Europe écologie-Les Verts.

Les députés La France insoumise ont voté pour aussi. Il n’y a pas de députés PCF au parlement européen.

Jordan Bardella, à la tête avec Marine Le Pen du Rassemblement national, a voté pour, ainsi que les députés de son parti (à part certains absents ce jour-là).

Comme on le voit, le soutien au régime ukrainien, au dépeçage de la Russie est politiquement unanime en France.

Le second texte consiste entièrement en l’appel à soutenir par tous les moyens le régime ukrainien, car la Russie serait une « menace ». Il est dit que les économies occidentales sont bien plus fortes et qu’il faut que l’Union européenne remplace les États-Unis dans le soutien militaire.

L’Union européenne…

« redit une nouvelle fois son soutien à la fourniture constante d’une aide militaire à l’Ukraine, et ce aussi longtemps que nécessaire et sous toute forme possible pour que l’Ukraine puisse remporter la victoire. »

Et il faut toutes les armes, sans restriction. L’Union européenne…

« estime qu’il ne devrait y avoir aucune restriction auto-imposée à l’assistance militaire à l’Ukraine. »

Les missiles de longue portée, capables d’atteindre le territoire russe, sont nommés explicitement dans le texte ! Le texte est d’ailleurs extrêmement long pour attaquer la Russie à tous les niveaux, bref pour légitimer son dépeçage, son asservissement (avec des « réparations » à payer pour une durée infiniment longue).

Le vote de ce second texte : 451 voix pour, 46 contre, 49 abstentions.

Ici, il y a un petit changement, puisque Jordan Bardella et les députés du Rassemblement national se sont abstenus, tout comme ceux de La France insoumise.

Abstenus ! Ils n’ont pas voté contre, et de toutes manières c’est hypocrite, car le premier texte implique le second. Du moment qu’on dit qu’il faut détruire la Russie, alors inévitablement cela implique un vote concernant une question militaire ensuite.

Alors, qu’on ne s’y trompe pas. Toutes les bourgeoisies occidentales veulent la guerre, elles pensent que c’est jouable, et que c’est le meilleur moyen – le seul, même – pour sortir de la crise commencée en 2020.

Bien entendu, personne ne dira les choses ainsi et c’est pourquoi les propos d’Emmanuel Macron ont pu faire « scandale ». Personne ne dit jamais qu’il veut la guerre, pas même Hitler ou Mussolini ne le faisait. La guerre se fait toujours au nom de la « paix » et l’agressé est toujours présenté comme l’agresseur.

Encore est-il qu’avec des contradictions entre grandes puissances, tous les agressés sont agresseurs et vice-versa. Parce que c’est cela dont il s’agit : de la bataille pour le repartage du monde.

Et la ligne rouge est claire. Il faut que la France soit en échec, que l’Otan connaisse la défaite, que l’occident soit en déroute. C’est la position du défaitisme révolutionnaire, de Rosa Luxembourg et de Lénine, c’est la ligne juste !

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Les deux textes anti-Russie de l’UE du 29 février 2024

Deux votes concernant la Russie ont eu lieu le 29 février 2024, aboutissant à l’adoption de deux textes. Voici leur contenu.

La première résolution fait l’éloge d’Alexeï Navalny, enlève toute légitimité au régime russe et appelle à dépecer la Russie, car ce serait un empire colonial.

« Résolution du Parlement européen du 29 février 2024 sur l’assassinat d’Alexeï Navalny et la nécessité d’une action de l’UE pour soutenir les prisonniers politiques et la société civile opprimée en Russie (2024/2579(RSP))

Le Parlement européen,

– vu ses résolutions antérieures sur la Russie, notamment celles sur Alexeï Navalny et sur la situation des droits de l’homme dans le pays,

– vu le communiqué de sa Conférence des présidents du 21 février 2024,

– vu la déclaration du haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, au nom de l’Union européenne, du 19 février 2024 sur la mort d’Alexeï Navalny,

– vu la déclaration commune de la Présidente de la Commission et du vice-président de la Commission et haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité (VP/HR) du 16 février 2024 sur la mort d’Alexeï Navalny,

– vu la constitution de la Fédération de Russie et les obligations internationales en matière de droits de l’homme que la Russie s’est engagée à respecter,

– vu la déclaration universelle des droits de l’homme, la convention européenne des droits de l’homme et le pacte international relatif aux droits civils et politiques,

– vu le rapport de la rapporteuse spéciale des Nations unies sur la situation des droits humains dans la Fédération de Russie, Mariana Katzarova, du 15 septembre 2023 intitulé «Situation of human rights in the Russian Federation» (Situation des droits de l’homme en Fédération de Russie),

– vu la déclaration de la rapporteuse spéciale des Nations unies sur la situation des droits humains dans la Fédération de Russie du 22 février 2024,

– vu le rapport de l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne du 11 juillet 2023 intitulé «Protecting human rights defenders at risk: EU entry, stay and support» (Protéger les défenseurs des droits de l’homme menacés: entrée et séjour dans l’Union, et aide de l’Union),

– vu l’article 132, paragraphes 2 et 4, de son règlement intérieur,

A. considérant qu’Alexeï Navalny, éminente figure politique russe et lauréat du prix Sakharov pour la liberté de l’esprit 2021, a trouvé la mort dans une colonie pénitentiaire située au nord du cercle polaire en Sibérie, où il purgeait une peine d’emprisonnement infondée et motivée par des considérations politiques; que l’assassinat d’Alexeï Navalny est un nouveau signe de la répression croissante et systématique en Russie; que l’entière responsabilité de son assassinat incombe à l’État russe, et notamment à son président, Vladimir Poutine, qui devrait être tenu pour responsable;

B. considérant que les autorités russes n’ont pas encore donné d’informations sur les causes et circonstances exactes de sa mort, et que sa famille n’a été autorisée à récupérer sa dépouille pour une enquête médicale et ses funérailles que le 24 février 2024; qu’aucune autopsie ni enquête indépendante sur les causes de la mort n’a été réalisée;

C. considérant qu’Alexeï Navalny était en détention depuis le 17 janvier 2021, date à laquelle il était rentré en Russie après avoir bénéficié d’une rééducation médicale à la suite d’une tentative d’assassinat commanditée par l’État au moyen de l’agent neurotoxique Novitchok, interdit au niveau international; qu’il avait déjà été arrêté et placé en détention à de nombreuses reprises et condamné à de longues peines d’emprisonnement pour des motifs forgés de toutes pièces et de nature politique, dans le cadre de tentatives évidentes de mettre un terme à ses activités politiques et à ses campagnes de lutte contre la corruption; qu’il avait été soumis à des pressions psychologiques, à des sanctions arbitraires, à de mauvais traitements et tortures graves pendant sa détention dans plusieurs prisons et colonies pénitentiaires malfamées; que la santé d’Alexeï Navalny s’était détériorée en raison de mauvais traitements et faute de soins médicaux appropriés;

D. considérant qu’Alexeï Navalny a incarné la lutte pour la liberté et la démocratie, au nom de son rêve d’une «belle Russie de l’avenir»; que l’évolution constante de son point de vue sur la politique russe et le rôle de la Russie dans le monde a été accueillie avec respect; que, par son œuvre, M. Navalny a mis en lumière les illégalités et la corruption qui règnent au cœur du système de gouvernement russe; qu’il a inlassablement et courageusement poursuivi son combat depuis sa prison, ce qui illustre son attachement aux principes de la démocratie et de la justice; que ses avocats sont victimes de harcèlement et que trois d’entre eux sont en détention provisoire depuis octobre 2023;

E. considérant que, selon certaines informations, des citoyens russes ont rendu hommage à Alexeï Navalny dans des villes et villages partout en Russie, que nombre d’entre eux ont été arrêtés pour leurs actions pacifiques et que certains d’entre eux sont ciblés par la conscription; que l’ambassadeur de l’Union européenne en Russie, Roland Galharague, et nombre de ses homologues des États membres, du Royaume‑Uni et des États‑Unis figuraient parmi les personnes qui ont honoré la mémoire d’Alexeï Navalny devant la «pierre des Solovki» à Moscou;

F. considérant que le système politique russe est dominé par un régime autoritaire consolidé, au sein duquel règne une corruption endémique; que ce système organise des élections truquées pour apporter un semblant de démocratie et concentre l’ensemble du pouvoir entre les mains de Vladimir Poutine; que le gouvernement réprime toute dissidence avec l’aide de forces de sécurité loyalistes, d’un pouvoir judiciaire servile, de médias contrôlés et d’un corps législatif composé du parti au pouvoir et de partis d’opposition complaisants;

G. considérant que la mort d’Alexeï Navalny n’est pas un incident isolé, mais l’aboutissement du schéma de violence, de répression des dissidents et d’intimidation à l’encontre des opposants politiques et militants de la société civile propre au régime du Kremlin; que de nombreux droits démocratiques et libertés civiques consacrés par la constitution russe se révèlent inexistants dans la pratique; que la Fédération de Russie viole constamment le droit international et ses engagements;

H. considérant que la répression de la société civile indépendante en Russie, qui vise les organisations non gouvernementales, les défenseurs des droits de l’homme, les journalistes, les avocats, les historiens, les défenseurs des droits des femmes, des personnes LGBTIQ+ et de l’environnement, ainsi que les militants des minorités ethniques et culturelles, a eu un effet dévastateur sur la vie et les libertés des personnes appartenant à des minorités, des personnes LGBTIQ+, des femmes et de toutes les personnes qui n’adhèrent pas aux normes en vigueur ou qui critiquent le régime russe et ses politiques; qu’une société civile active et des médias libres sont essentiels à des sociétés démocratiques et ouvertes et à la protection des droits de l’homme;

I. considérant que le régime de Poutine a décimé toute une génération d’organisations russes de défense des droits de l’homme, comme Memorial et le groupe Helsinki de Moscou; que l’Union européenne a accueilli divers dissidents et représentants des médias et de la société civile russes qui ont été contraints de quitter la Russie pour avoir dirigé des critiques à l’encontre du gouvernement, ce qui les exposait à un risque élevé de représailles de la part des autorités;

J. considérant que de nombreux acteurs de l’opposition restent en Russie et continuent à lutter de l’intérieur pour la démocratie, l’état de droit et les droits de l’homme, à leurs risques et périls; que les représentants de l’opposition font systématiquement l’objet d’agressions verbales, de campagnes de dénigrement et de déshumanisation de la part du gouvernement ou des médias progouvernementaux; que le groupe de défense des droits de l’homme Memorial a désigné plus de 600 personnes comme étant des prisonniers politiques en Russie;

K. considérant que, depuis le début de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie en 2022, les autorités russes ont intensifié leur répression de l’opposition politique, des médias et de la société civile, restreignant davantage encore les droits et les libertés individuelles afin d’étouffer la dissidence intérieure, y compris en érigeant en infraction criminelle toute expression d’un sentiment d’opposition à la guerre; que les candidats opposés à la guerre ont été empêchés de se présenter à la prochaine élection présidentielle de 2024 en Russie;

L. considérant que, selon la rapporteuse spéciale des Nations unies sur la situation des droits de l’homme en Fédération de Russie, la société civile et l’opposition politique en Russie ne disposent plus d’espace sûr pour exercer leurs activités;

M. considérant que les graves restrictions que le régime russe applique aux droits de l’homme est en contradiction flagrante avec la constitution et le cadre juridique du pays, ainsi qu’en violation des obligations internationales de la Russie;

N. considérant qu’un processus de concurrence politique transparent, démocratique, libre et équitable n’est pas compatible avec les répressions politiques menées depuis de nombreuses années dans la Fédération de Russie, lesquelles ont abouti à l’assassinat d’un des principaux dirigeants de l’opposition russe, Alexeï Navalny;

1. condamne fermement l’assassinat d’Alexeï Navalny; présente ses plus sincères condoléances à sa famille, à ses collaborateurs et à ses collègues, ainsi qu’à ses innombrables partisans partout en Russie; exprime son soutien sans réserve à Ioulia Navalnaïa dans sa détermination à poursuivre l’œuvre qu’a entamée Alexeï Navalny avec son aide, ainsi qu’à la Fondation anticorruption fondée par M. Navalny, qui poursuit son œuvre dans ces circonstances nouvelles;

2. rend hommage à Alexeï Navalny, dirigeant politique et éminent militant anticorruption qui, grâce à son courage, à son charisme et à sa capacité à mobiliser les foules, a réussi ce que d’autres ont tenté, mais que peu d’entre eux ont réussi à faire, à savoir donner aux citoyens les moyens d’agir en leur faisant croire en leur capacité à améliorer leurs vies, à changer la société et à influer sur la politique;

3. rappelle sa contribution au façonnement d’une conscience civique grâce à de véritables débats publics, à des campagnes politiques, à des manifestations de rue et à une communication innovante, ce qui lui a valu d’être considéré par beaucoup comme le représentant d’une vision d’une autre Russie, où le pouvoir ne serait pas captif d’un régime kleptocratique protégé par des agents de la force publique serviles, mais serait aux mains du peuple et au service de celui-ci;

4. prie les autorités russes d’autoriser l’inhumation de la dépouille d’Alexeï Navalny conformément aux souhaits de sa famille et de ne pas entraver les efforts de celle-ci pour organiser ses funérailles dans la dignité; exige une enquête internationale indépendante et transparente sur les circonstances exactes de la mort d’Alexeï Navalny et sur les responsables, afin de découvrir la vérité, de veiller à ce que les responsables rendent des comptes et de permettre que justice soit faite; demande à l’Union et à ses États membres de jouer un rôle de premier plan en réclamant et en encourageant cette enquête;

5. déplore et condamne les campagnes de désinformation orchestrées par les médias contrôlés par le Kremlin qui ont cherché à salir la mémoire et la dignité d’Alexeï Navalny avant et après sa mort, ainsi que celles de son épouse, de sa famille et de ses proches collaborateurs;

6. demande au vice-président de la Commission et haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et aux États membres de demander des comptes aux dirigeants politiques et aux autorités russes, en étroite coordination avec les partenaires de l’Union; demande au Conseil d’avoir effectivement recours au régime mondial de sanctions en matière de droits de l’homme et d’appliquer des mesures ciblées à l’encontre des personnes impliquées dans les procès à motivation politique contre Alexeï Navalny et responsables de sa condamnation, de son emprisonnement et de ses conditions de détention, y compris les procureurs et les juges, le personnel pénitentiaire et les personnes responsables de sa mort prématurée; salue les sanctions récemment adoptées par les États-Unis à la suite de la mort d’Alexeï Navalny et invite l’Union à coordonner ses sanctions avec ses partenaires internationaux;

7. souligne que le gouvernement russe et Vladimir Poutine en personne portent la responsabilité pénale et politique de la mort d’Alexeï Navalny, leur opposant le plus en vue, et que, dans de telles circonstances, il est justifié de se poser la question de la légitimité de Vladimir Poutine dans le discours public et international;

8. exprime sa solidarité avec toutes les personnes, en Russie et ailleurs, qui, malgré la répression volontairement violente et les graves conséquences auxquelles elles font face, trouvent encore le courage de dire la vérité, de défendre les valeurs humanistes et de se battre pour que la Russie connaisse plus tard la démocratie et la paix; estime que le peuple russe ne peut être confondu avec le régime belliciste, autocratique et kleptocratique du Kremlin;

9. dénonce l’escalade des violations des droits de l’homme commises par le régime russe et condamne la répression en cours à l’encontre des détracteurs du gouvernement, des défenseurs des droits de l’homme, des militants pacifistes et écologistes, des dirigeants de minorités nationales, des militants autochtones des journalistes indépendants et des historiens, ainsi que la répression croissante à l’égard des communautés LGBTIQ+; invite le Conseil des droits de l’homme des Nations unies à mener une enquête immédiate sur l’emprisonnement dans des conditions inhumaines, la torture et l’assassinat d’opposants politiques; souligne que l’assassinat d’Alexeï Navalny rappelle avec force qu’il est urgent de s’attaquer aux politiques répressives du régime russe et de prendre résolument position contre de telles actions;

10. demande aux autorités russes d’abandonner toutes les accusations arbitraires et de libérer immédiatement et sans condition tous les prisonniers politiques et toutes les personnes détenues arbitrairement, notamment, mais sans s’y limiter, Vladimir Kara-Mourza, Youri Dmitriev, Ilia Iachine, Alexeï Gorinov, Lilia Tchanycheva, Ksenia Fadeeva, Vadim Ostanine, Daniel Kholodny, Vadim Kobzev, Igor Sergounine, Alexeï Liptser, Viktoria Petrova, Maria Ponomarenko, Alexandra Skotchilenko, Svetlana Petriïtchouk, Evguénia Berkovitch, Dmitri Ivanov, Ioann Kourmoïarov, Igor Barychnikov, Dmitri Talantov, Alexeï Moskalev, Oleg Orlov, Boris Kagarlitsky et Ivan Safronov;

11. prie instamment les autorités russes de mettre immédiatement un terme au recours à la torture, à d’autres mauvais traitements et aux mesures disciplinaires arbitraires à l’encontre de tous les détenus et de réformer d’urgence les conditions de détention des prisonniers afin qu’elles soient conformes aux obligations qui incombent à la Russie en vertu du droit international relatif aux droits de l’homme, en particulier concernant la possibilité pour les prisonniers de consulter les médecins de leur choix et leurs avocats, de bénéficier de soins médicaux adéquats et de communiquer avec leur famille;

12. invite les États membres à redoubler d’efforts pour trouver des moyens réalisables de libérer les prisonniers politiques qui pâtissent le plus de leurs conditions de détention, en particulier ceux qui sont malades ou victimes d’actes de torture, en envisageant également l’échange de prisonniers; invite le Conseil à créer un poste d’envoyé spécial pour les prisonniers politiques et les otages en Russie, chargé de coordonner ces efforts en coopération avec les partenaires internationaux et de servir de point de contact pour les familles et les partenaires concernés;

13. demande aux autorités russes de libérer immédiatement les centaines de personnes qui ont été arrêtées ces dernières semaines pour avoir rendu hommage pacifiquement à Alexeï Navalny; condamne la pratique cruelle des autorités russes consistant à cibler les participants à des manifestations politiques en leur faisant parvenir des ordres de recrutement;

14. invite les autorités russes à abroger leur législation oppressive qui contrevient à la Constitution de la Russie et aux engagements internationaux du pays, notamment les lois sur la censure d’informations véridiques sur la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine ainsi que sur les dénommés «agents étrangers» et «organisations indésirables»;

15. invite les États membres à instaurer des mesures restrictives de l’Union de grande ampleur à l’encontre des personnes impliquées dans les persécutions politiques et les affaires forgées de toutes pièces concernant des représentants et militants russes de la société civile, ainsi qu’à envisager d’ajouter à la liste des sanctions d’autres personnes identifiées par la Fondation anti-corruption d’Alexeï Navalny comme des «facilitateurs du régime» qui contribuent à la conduite et au financement de la guerre d’agression contre l’Ukraine et à la répression interne exercée en faveur de la survie du régime; insiste sur une plus grande transparence dans l’application et la levée des mesures restrictives de l’Union;

16. demande à la délégation de l’Union européenne et aux représentations des États membres en Russie de continuer à suivre les procès des personnes poursuivies pour des motifs politiques;

17. demande à l’Union et aux États membres de continuer à manifester leur solidarité indéfectible avec la société civile russe indépendante et l’opposition démocratique, et de les soutenir activement, alors qu’elles s’efforcent de transformer la Russie en une société ouverte où les droits politiques, les libertés fondamentales et les droits de l’homme sont respectés, honorant ainsi l’héritage durable d’Alexeï Navalny; demande à l’Union de soutenir la mise en place d’un réseau de défenseurs des droits de l’homme chargé de surveiller les violations des droits de l’homme et d’en rendre compte;

18. prie instamment les États membres d’étendre et de simplifier encore le programme de visas humanitaires destinés aux défenseurs des droits de l’homme, aux citoyens engagés en faveur de la démocratie et aux journalistes indépendants de Russie qui risquent d’être poursuivis pour des motifs politiques;

19. réitère son appel en faveur de la mise en place, à l’échelle de l’Union, d’un système européen de visas à entrées multiples pour les défenseurs des droits de l’homme, les militants de la société civile et les personnes faisant l’objet de persécutions politiques, et demande une nouvelle fois d’utiliser les marges de manœuvre juridiques existantes et de remédier aux carences de la législation, comme l’a proposé l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne dans son rapport de 2023 intitulé «Protecting Human Rights Defenders at Risk: EU entry, stay and support» (Protéger les défenseurs des droits de l’homme menacés: entrée et séjour dans l’Union, et aide de l’Union); invite les institutions de l’Union à préparer des mesures, y compris la reconnaissance de l’apatridie de facto et la délivrance de documents de voyage, pour l’hypothèse où la Russie cesserait de délivrer des passeports dans ses consulats, afin de permettre à l’opposition démocratique, aux militants de la société civile et aux autres victimes de persécutions politiques de s’installer dans les États membres de l’Union et, le cas échéant, de poursuivre leur travail en exil;

20. demande aux États membres de ne pas prendre de mesures restrictives injustifiées et disproportionnées à l’encontre des personnes qui fuient et combattent le gouvernement actuel de la Russie;

21. demande que les procédures soient simplifiées pour les dissidents russes dans l’Union, afin qu’ils puissent enregistrer des organisations et des institutions, ouvrir des comptes bancaires et effectuer d’autres tâches administratives, et ainsi poursuivre leur travail en exil;

22. désapprouve la politique impérialiste du régime au pouvoir en Russie et condamne fermement la guerre d’agression que la Russie continue de mener contre l’Ukraine; réaffirme que l’Union, ses États membres et les partenaires du monde entier qui partagent ses vues doivent continuer à apporter leur soutien politique, économique, financier et militaire à l’Ukraine, y compris un soutien à la société civile et une aide à long terme pour la reconstruction du pays, ce soutien constituant la meilleure réponse aux pratiques d’oppression et d’agression dont fait actuellement usage le régime du Kremlin; est convaincu que la victoire décisive de l’Ukraine peut entraîner de véritables changements dans le système de la Fédération de Russie, notamment désimpérialisation, décolonisation et refédéralisation, tant de conditions nécessaires à l’instauration de la démocratie en Russie;

23. invite la Commission à continuer de condamner, dans les enceintes multilatérales dont fait partie la Russie, les violations des droits de l’homme commises dans ce pays et le crime d’agression commis par la Russie contre l’Ukraine, à appuyer davantage la documentation des violations des droits de l’homme en Russie et à soutenir la transformation de l’examen de la situation des droits de l’homme dans la Fédération de Russie par le Haut‑Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme en un mécanisme d’enquête totalement indépendant;

24. fait part de son soutien au travail effectué par la rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l’homme en Fédération de Russie, Mariana Katzarova, et demande aux États membres de veiller à ce que le Conseil des droits de l’homme des Nations unies prolonge son mandat en 2024;

25. demande à la Commission et en particulier au Service européen pour l’action extérieure d’élaborer une politique stratégique proactive à long terme vis-à-vis de la Russie qui réponde efficacement à la réalité des relations actuelles entre l’Union et la Russie, de la situation des droits de l’homme en Russie et des besoins en matière de soutien des représentants de la société civile et de l’opposition russes en exil;

26. s’engage à lutter en permanence contre les violations du droit international et de la Constitution russe commises par le régime russe, y compris les élections du 17 mars 2024 qui auront probablement lieu dans les territoires occupés de l’Ukraine, dans un contexte où le pluralisme politique et des médias disparaissent toujours plus;

27. charge sa Présidente de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission, au vice‑président de la Commission / haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, aux gouvernements et aux parlements des États membres, au Conseil de l’Europe, à l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe et aux autorités russes, et de la mettre à disposition en langue russe.

Le second texte appelle à soutenir de manière totale le régime ukrainien, à tout prix.

Nécessité d’un soutien sans faille de l’Union à l’Ukraine, après deux ans de guerre d’agression russe contre ce pays

Résolution du Parlement européen du 29 février 2024 sur la nécessité d’un soutien sans faille de l’Union à l’Ukraine, après deux ans de guerre d’agression russe contre ce pays

Le Parlement européen,

– vu ses résolutions antérieures sur l’Ukraine et sur la Russie, en particulier celles adoptées depuis l’escalade de la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine en février 2022 et l’annexion de la péninsule de Crimée le 19 février 2014,

– vu l’accord d’association entre l’Union européenne et ses États membres, d’une part, et l’Ukraine, d’autre part, ainsi que l’accord de libre-échange approfondi et complet y afférent entre l’Union européenne et l’Ukraine, signés en 2014,

– vu la charte des Nations unies, les conventions de La Haye, les conventions de Genève et leurs protocoles additionnels ainsi que le statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI),

– vu la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil établissant la facilité pour l’Ukraine, présentée par la Commission le 20 juin 2023 (COM(2023)0338),

– vu la décision du 14 décembre 2023 du Conseil européen d’ouvrir des négociations d’adhésion avec l’Ukraine à la suite de la recommandation en ce sens du 8 novembre 2023 de la Commission à cet égard,

– vu les conclusions du Conseil européen du 14 décembre 2023 et du 1er février 2024, 

– vu le rapport publié le 14 février 2024 par la Banque mondiale, le gouvernement ukrainien, la Commission européenne et les Nations unies, intitulé «Ukraine – Third Rapid Damage and Needs Assessment (RDNA3) February 2022 – December 2023» [Ukraine – Troisième évaluation rapide des dommages et des besoins (RDNA3), de février 2022 à décembre 2023],

– vu le rapport du groupe de travail de haut niveau sur les conséquences environnementales de la guerre en Ukraine du 9 février 2024, intitulé «An environmental compact for Ukraine – A Green Future- Recommendations for Accountability and Recovery» [Un pacte environnemental pour l’Ukraine – Pour un avenir vert: recommandations en matière d’attribution des responsabilités et de récupération],

– vu l’article 132, paragraphes 2 et 4, de son règlement intérieur,

A. considérant que la Russie mène une guerre d’agression à grande échelle illégale, non provoquée et injustifiée contre l’Ukraine depuis le 24 février 2022; que la guerre de la Russie contre l’Ukraine a commencé en 2014 avec l’annexion illégale de la péninsule de Crimée et l’occupation ultérieure de certaines parties des régions de Donetsk et de Louhansk; que cette guerre d’agression constitue une violation flagrante et manifeste de la charte des Nations unies et des principes fondamentaux du droit international; que les actions menées par la Russie en Ukraine au cours des deux années écoulées continuent de menacer la paix et la sécurité en Europe et dans le monde;

B. considérant que, dans sa résolution du 2 mars 2022, l’Assemblée générale des Nations unies a immédiatement qualifié la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine d’acte d’agression en violation de l’article 2, paragraphe 4, de la charte des Nations unies et que, dans sa résolution du 14 novembre 2022, elle a reconnu la nécessité pour la Fédération de Russie de répondre de sa guerre d’agression et d’être tenue juridiquement et financièrement responsable de ses agissements internationalement illicites, notamment en réparant le préjudice et les dommages causés;

C. considérant que la guerre d’agression menée par la Russie constitue le plus grand conflit armé dont le continent européen est le théâtre depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et qu’elle est le reflet de l’opposition croissante entre autoritarisme et démocratie;

D. considérant que l’Ukraine et sa population résistent avec une détermination inébranlable à la guerre d’agression menée par la Russie, les citoyens réussissant à défendre leur pays malgré le lourd prix que représentent les victimes civiles et militaires, ainsi que la destruction et l’instrumentalisation à des fins militaires d’infrastructures civiles et publiques, d’espaces naturels et du patrimoine culturel; que le courageux peuple ukrainien a reçu le prix Sakharov 2022 en hommage à son courage et à sa résilience;

E. considérant que des millions d’Ukrainiens sont toujours déplacés à l’intérieur et à l’extérieur de l’Ukraine, après avoir fui l’agression de la Russie; que plus de 3,3 millions de personnes, dont 800 000 enfants, vivent le long de la ligne de front; que des logements, des écoles et des hôpitaux continuent d’être bombardés au quotidien; que, d’après l’Organisation internationale pour les migrations, la campagne de destruction russe a laissé en 2023 près de 720 000 personnes, dans les zones les plus durement touchées de l’Ukraine, sans logement décent ni sûr; que le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies a signalé que les attaques indiscriminées sur les zones peuplées en Ukraine ont connu un pic en décembre 2023, et souligné la récurrence systématique des morts civiles, des destructions et des besoins humanitaires tout au long de l’année 2023;

F. considérant que les crimes de guerre de la Russie traumatiseront une population tout entière, étant donné que l’on estime à 10 millions le nombre de personnes vivant avec des problèmes de santé mentale ou risquant d’en avoir, et à 3,9 millions le nombre de personnes qui souffrent de symptômes modérés à graves, nécessitant un traitement, de détresse psychologique, de dépression, d’anxiété ou de trouble de stress post-traumatique; qu’en 2023, 227 incidents touchant des opérations humanitaires dans le pays ont été signalés, 50 travailleurs humanitaires ayant été tués ou blessés, dont 11 tués dans l’exercice de leurs fonctions;

G. considérant que, selon les estimations prudentes de la mission des Nations unies de surveillance des droits de l’homme en Ukraine, près de deux ans après l’invasion à grande échelle de l’Ukraine, plus de 10 000 civils ont été tués et près de 20 000 ont été blessés, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH) estimant pour sa part que les chiffres réels sont bien plus élevés;

H. considérant que les enfants ukrainiens paient le prix fort de la guerre, avec plus de 520 tués, plus de 1 226 blessés, 1,8 million réfugiés dans les pays voisins et 2,5 millions déplacés à l’intérieur de l’Ukraine;

I. considérant que, depuis le début de la guerre d’agression à grande échelle, environ 20 000 enfants ukrainiens ont été déportés de force en Russie et en Biélorussie ou sont détenus dans les territoires occupés; que la CPI a délivré des mandats d’arrêt internationaux à l’encontre de Vladimir Poutine et de Maria Lvova-Belova pour leur responsabilité dans la commission du crime de guerre que constitue la déportation illégale et le transfert illégal d’enfants des territoires occupés de l’Ukraine vers la Fédération de Russie; que moins de 400 enfants déportés sont rentrés en Ukraine et ont retrouvé leur famille;

J. considérant que la rapporteure spéciale des Nations unies sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants s’est alarmée des rapports et des témoignages montrant les conditions inhumaines de détention des civils et prisonniers de guerre ukrainiens détenus par la Russie, lesquels sont notamment victimes d’actes de torture et privés de soins médicaux, ce qui nuit irréversiblement à leur santé; que l’on a connaissance de cas de soldats ukrainiens tués par des militaires russes au lieu d’être faits prisonniers, ce qui s’est notamment produit, selon les derniers signalements, le 24 février 2024 dans la région de Bakhmout; qu’en 2022, plus de 50 prisonniers de guerre ukrainiens, pour la plupart des membres du bataillon Azov, ont été délibérément tués lors d’une explosion intentionnelle dans la prison d’Olenivka;

K. considérant que les femmes et les filles sont particulièrement exposées lors des crises humanitaires et liées aux déplacements de population, car elles continuent d’être victimes, de manière disproportionnée, de violence fondée sur le genre; que de nombreuses femmes sont restées en Ukraine et ont été mobilisées pour servir dans les forces armées; que certains éléments indiquent que des militaires ukrainiennes en captivité ont été torturées et subi des violences sexuelles; que le HCDH a indiqué que, puisque les hommes représentent la majorité des victimes d’exécutions sommaires par les forces russes dans les territoires occupés, les membres de la famille survivants, dont de nombreuses femmes, sont livrés à eux-mêmes, car ils disposent de revenus familiaux limités, assument des charges de famille accrues et éprouvent de graves traumatismes et souffrances psychologiques;

L. considérant que les forces armées ukrainiennes sont parvenues à résister à l’invasion russe et à libérer plus de 50 % des territoires temporairement occupés après le 24 février 2022, et qu’elles ont repris le contrôle de l’accès occidental de l’Ukraine à la mer Noire, repoussant ainsi la flotte russe de la mer Noire;

M. considérant que l’Union a apporté à l’Ukraine un soutien considérable dans tous les domaines, y compris militaire, depuis le début de l’invasion à grande échelle; que l’aide globale promise à l’Ukraine par l’Union, ses États membres et les institutions financières européennes depuis février 2022 s’élève à au moins 85 milliards d’euros, dont l’aide humanitaire et l’aide d’urgence, le soutien budgétaire, l’aide macrofinancière et l’aide militaire; considérant que 17 milliards d’euros ont été fournis aux États membres pour accueillir quelque quatre millions de réfugiés ukrainiens, qui se sont vu offrir une protection étendue au titre de la directive relative à la protection temporaire jusqu’en mars 2025;

N. considérant qu’à ce jour, l’Union et ses États membres ont déjà fourni une aide militaire de 28 milliards d’euros à l’Ukraine et se sont engagés, à titre préliminaire, à lui fournir 21,2 milliards d’euros supplémentaires en 2024; que la facilité européenne pour la paix a permis de fournir pour 5,6 milliards d’euros de transfert d’équipements militaires à l’Ukraine par les États membres; que l’initiative en matière de munitions, qui était censée fournir un million d’obus d’artillerie de 155 mm à l’Ukraine en mars 2024 au plus tard, vise maintenant à en livrer près de la moitié à cette date et l’autre moitié à la fin de l’année 2024 au plus tard; que la mission d’assistance militaire de l’Union européenne en soutien à l’Ukraine a jusqu’à présent formé 40 000 soldats ukrainiens en Allemagne et en Pologne et que ce nombre ne fait qu’augmenter;

O. considérant que, pris ensemble, les PIB des pays occidentaux sont 25 fois supérieurs à celui de la Russie, mais, qu’en 2023, l’aide militaire occidentale à l’Ukraine représentait moins de 0,1 % de ce PIB total; qu’en 2023, la Russie a consacré environ 6 % de son PIB à sa guerre d’agression et l’Ukraine l’équivalent de 25 % de son PIB à sa défense;

P. considérant que le Congrès des États-Unis n’a pour l’instant pas adopté de nouvelle enveloppe de 60 milliards de dollars pour soutenir l’Ukraine en 2024, ce qui a, en substance, marqué l’arrêt des engagements d’aide et des livraisons militaires des États-Unis en faveur de l’Ukraine; que, pour remplacer intégralement l’appui militaire américain en 2024, l’Union et ses États membres devraient doubler le niveau de l’appui militaire qu’ils apportent actuellement et le rythme auquel ils le font;

Q. considérant que Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN, a déclaré que les membres de l’OTAN devaient se préparer à la possibilité d’une confrontation avec la Russie qui pourrait durer des dizaines d’années; que la guerre d’agression de la Russie a eu pour conséquences directes l’adhésion à l’OTAN de la Finlande et de la Suède, l’octroi à l’Ukraine et à la Moldavie du statut de pays candidat à l’adhésion à l’Union européenne, l’adoption, par plus de 50 États, de programmes ambitieux de soutien en matière de sécurité à l’Ukraine et l’expression d’un soutien politique fort à l’Ukraine au sein des Nations unies;

R. considérant que le Conseil européen a décidé d’ouvrir des négociations d’adhésion avec l’Ukraine à la suite de la recommandation en ce sens de la Commission et a invité le Conseil à adopter le cadre de négociation une fois que les recommandations correspondantes de la Commission auront été satisfaites;

S. considérant que l’Ukraine a signé des accords de sécurité avec le Royaume-Uni, l’Allemagne, la France, le Danemark et l’Italie, conformément à la déclaration conjointe du G7 de soutien à l’Ukraine, adoptée le 12 juillet 2023 en marge du sommet de l’OTAN à Vilnius; que l’engagement du G7 a ouvert la voie à des négociations visant à formaliser des engagements et des accords bilatéraux à long terme en matière de sécurité pour soutenir l’Ukraine;

T. considérant que, d’après les informations disponibles, la Russie réoriente de manière drastique son économie vers une économie de guerre, et qu’elle compte engager de très importantes dépenses dans le domaine de la défense, estimées à bien plus de 100 milliards d’euros; que la Russie produirait plus de 2 millions d’obus d’artillerie par an au niveau national, ce qui est beaucoup plus que la quantité promise par les États membres de l’Union européenne à l’Ukraine;

U. considérant que l’Union a adopté treize trains de sanctions depuis le début de la guerre et a créé une nouvelle fonction d’envoyé spécial international pour la mise en œuvre des sanctions de l’UE, lequel est spécialement chargé de lutter contre l’évitement et le contournement des sanctions visant la Russie et son alliée, la Biélorussie;

V. considérant que, selon les estimations, l’Union européenne et d’autres partenaires ont gelé 300 milliards d’euros de réserves de la banque centrale russe et 21,5 milliards d’euros d’argent des oligarques russes, tandis que les États-Unis et d’autres alliés occidentaux ont bloqué ou saisi plus de 58 milliards de dollars d’actifs détenus ou contrôlés par des Russes sanctionnés;

W. considérant que les institutions de l’Union sont récemment parvenues à un accord pour mettre en place une facilité pour l’Ukraine qui offrira un soutien prévisible à moyen terme de 50 milliards d’euros pour la réparation, le redressement, la reconstruction et la modernisation de l’Ukraine sous la forme de prêts et de subventions pour les années 2024-2027;

X. considérant que la guerre d’agression menée par la Russie témoigne de son attitude impérialiste vis-à-vis de ses voisins; que, tant que la Russie restera un État menant des politiques révisionnistes, elle continuera à faire planer une menace d’agression sur le continent européen; que de nombreux acteurs internationaux ont reconnu la Russie comme un État qui soutient le terrorisme et utilise des moyens terroristes;

Y. considérant que la Russie est responsable de la crise mondiale de sécurité alimentaire en raison de la guerre d’agression qu’elle mène contre l’Ukraine et du blocus des ports maritimes ukrainiens qu’elle impose; que la Russie instrumentalise la nourriture et la faim depuis le début de la guerre;

Z. considérant que, suite à deux déclarations ad hoc de l’Ukraine, la CPI est compétente pour les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et le crime de génocide commis sur le territoire de l’Ukraine depuis novembre 2013, mais qu’elle n’est pas compétente en l’espèce pour le crime d’agression défini à l’article 8 bis du statut de Rome, car ni l’Ukraine ni la Fédération de Russie n’ont ratifié ledit statut et les amendements relatifs au crime d’agression; que l’Union européenne soutient la création d’un tribunal spécial pour le crime d’agression;

AA. considérant que l’environnement naturel en Ukraine a été pris pour cible dans cette guerre, la Russie ayant choisi ouvertement de causer les dégâts les plus lourds possibles à l’environnement, notamment en brûlant des champs et des forêts, en exploitant illégalement les forêts ukrainiennes, en contaminant l’eau et les sols avec des déchets chimiques, ce qui a entraîné la destruction des sols, nuit à l’habitabilité du pays et limité la capacité des générations futures à prospérer; que la destruction du barrage de Kakhovka le 6 juin 2023 est un exemple limpide des agissements russes qui continueront de causer des dégâts écologiques pendant plusieurs années;

AB. considérant que, le 13 février 2024, Maksim Kuzminov, ancien pilote d’hélicoptère russe qui s’était enfui en Ukraine en 2023, a été retrouvé mort en Espagne, après avoir été assassiné par des hommes armés qui auraient été envoyés par le gouvernement russe; qu’au cours des dernières décennies, les services de renseignement russes ont mené un certain nombre d’opérations clandestines éhontées, y compris des assassinats, sur le territoire de l’Union européenne;

1. réaffirme sa solidarité sans faille avec le peuple et les dirigeants ukrainiens ainsi que son soutien à l’indépendance, à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues;

2. condamne une nouvelle fois avec la plus grande fermeté la guerre d’agression illégale, non provoquée et injustifiable de la Russie contre l’Ukraine ainsi que la participation du régime biélorusse; exige que la Russie et ses alliés cessent toutes leurs actions militaires et que la Russie retire l’ensemble de ses forces armées, de ses alliés et de son matériel militaire de la totalité du territoire internationalement reconnu de l’Ukraine; exige l’arrêt et l’inversion de l’installation de citoyens russes dans les territoires temporairement occupés de l’Ukraine;

3. rappelle que la guerre d’agression russe a commencé par l’annexion illégale de la péninsule de Crimée en février 2014, suivi par l’occupation de certaines parties des oblasts de Donetsk et de Louhansk; rappelle que la péninsule a été transformée en base militaire et a servi de plateforme de lancement à l’invasion totale en 2022;

4. condamne la torture et la mise à mort de prisonniers de guerre et de civils ukrainiens par le camp russe; demande que ces crimes fassent l’objet d’une enquête indépendante et soient poursuivis, et que davantage d’efforts soient déployés en faveur d’échange de prisonniers entre l’Ukraine et la Russie;

5. condamne les tentatives de la Russie de priver l’Ukraine et son peuple de leur identité ethnique, linguistique et historique en effaçant toute trace de l’identité ukrainienne dans les territoires occupés et annexés et en interdisant la langue ukrainienne et les symboles ukrainiens, ainsi que par la politique intensive de «passeportisation» et les tentatives répétées du président russe et d’autres responsables de réécrire l’histoire;

6. estime que l’issue de la guerre et la position adoptée par la communauté internationale joueront un rôle majeur car elles pèseront sur l’action future d’autres régimes autoritaires, qui observent de près le cours de la guerre et évaluent la marge de manœuvre dont ils disposent pour mener des politiques étrangères agressives, y compris par des moyens militaires;

7. souligne que l’objectif principal de l’Ukraine est de gagner la guerre contre la Russie, ce qui implique de chasser du territoire de l’Ukraine reconnu par la communauté internationale toutes les forces armées de la Russie et de ses alliés; considère que cet objectif ne peut être atteint que si l’on fournit de façon continue, soutenue et sans cesse renforcée tous les types d’armes conventionnelles, sans exception;

8. salue la résilience et la détermination dont fait preuve le peuple ukrainien dans sa volonté de respect des valeurs démocratiques, ses efforts de réforme et ses aspirations d’intégration au sein de la communauté euro-atlantique des nations;

9. rappelle l’importance de libérer la péninsule de Crimée de la Russie, qui l’occupe depuis dix ans; rappelle que les citoyens de la péninsule qui sont fidèles à l’Ukraine, en particulier les Tatars de Crimée, sont soumis aux répressions, aux arrestations et aux tortures; rappelle que les forces d’occupation russes ont tout mis en œuvre pour effacer le patrimoine tatar et la mémoire de la présence ukrainienne dans la péninsule, et qu’elles poursuivent leurs tentatives de modifier de force la composition démographique de la population, ce qui peut équivaloir à des actes de génocide tels que décrits dans la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide; soutient les efforts déployés par l’Ukraine pour réintégrer la Crimée, en particulier la plateforme internationale sur la Crimée;

10. redit une nouvelle fois son soutien à la fourniture constante d’une aide militaire à l’Ukraine, et ce aussi longtemps que nécessaire et sous toute forme possible pour que l’Ukraine puisse remporter la victoire; reconnaît les efforts déployés jusqu’à présent par les États membres pour fournir un soutien militaire à l’Ukraine et par le vice-président de la Commission/haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité (VP/HR) pour coordonner celui-ci; invite à nouveau les États membres à augmenter nettement leur soutien militaire, en particulier la fourniture d’armes et de munitions en réponse à des besoins clairement identifiés, et à l’accélérer afin de donner à l’Ukraine les moyens de se défendre contre les attaques russes, mais aussi de lui permettre de recouvrer pleinement le contrôle sur l’ensemble du territoire qui est le sien, et reconnu en tant que tel par la communauté internationale; souligne que la livraison insuffisante et tardive d’armes et de munitions risque de compromettre les efforts déployés jusqu’à présent; constate avec préoccupation que l’objectif d’un million d’obus d’artillerie ne sera pas atteint dans les délais promis; invite les États membres et le Service européen pour l’action extérieure (SEAE) à lui présenter des informations sur les livraisons passées d’aide militaire à l’Ukraine, notamment l’audit réalisé par le SEAE, et le montant de l’aide que les États membres sont disposés à engager en 2024;

11. estime qu’il ne devrait y avoir aucune restriction auto-imposée à l’assistance militaire à l’Ukraine; attire l’attention sur les écarts considérables entre les montants de l’aide fournie par les États membres de l’Union en pourcentage de leur PIB; demande que soient consentis les investissements nécessaires dans la base industrielle européenne de défense afin de pouvoir augmenter considérablement la production et ainsi répondre aux besoins ukrainiens et reconstituer les stocks épuisés des États membres de l’Union; souligne que l’Ukraine a notamment besoin de systèmes de défense aérienne sophistiqués, de missiles à longue portée, tels que les missiles TAURUS, Storm Shadow/SCALP et autres, d’avions de combat modernes, de différents types d’artillerie et de munitions (obus de 155 mm en particulier), de drones et de systèmes antidrones; souscrit à la proposition selon laquelle tous les États membres de l’Union et alliés de l’OTAN devraient soutenir militairement l’Ukraine à hauteur d’au moins 0,25 % de leur PIB annuel; demande que le plafond financier de la facilité de soutien à la paix soit relevé de manière générale et insiste pour que ces fonds soient utilisés, entre autres, pour centraliser l’achat de munitions sur le marché mondial afin de répondre aux besoins de l’Ukraine en la matière; invite instamment les gouvernements des États membres à engager immédiatement un dialogue avec les entreprises de l’industrie de la défense afin de garantir que la production et la livraison, en particulier, de munitions, d’obus et de missiles pour l’Ukraine soient prioritaires par rapport aux commandes d’autres pays tiers; invite l’Union et ses États membres à examiner les possibilités de mettre en place des entreprises communes et une coopération étroite avec les industries de la défense de pays tiers partageant les mêmes valeurs afin de fournir les munitions nécessaires à l’Ukraine; implore notamment les grands États membres qui disposent d’importantes capacités de industrielles de défense de renforcer sensiblement et de toute urgence, l’assistance militaire à l’Ukraine; invite la Chambre des représentants des États-Unis à adopter sans plus tarder le programme d’assistance militaire à l’Ukraine ;

12. demande à l’Union et à ses États membres de tenir les engagements de la déclaration de Versailles de 2022 en hâtant la pleine mise en œuvre de la boussole stratégique au moyen d’un renforcement de la coopération militaire européenne aux niveaux de l’industrie et des forces armées, dans le but de faire de l’Union une garante de la sécurité plus forte et aux capacités renforcées, dont l’action complète celle de l’OTAN et est interopérable avec celle-ci; se félicite que les États membres et les institutions de l’Union aient renforcé leurs budgets et leurs investissements dans le domaine de la défense et demande une augmentation des dépenses ciblées, des acquisitions conjointes et des investissements communs dans la recherche et le développement en matière de défense; souligne qu’il convient de prendre des mesures concrètes en vue d’intégrer l’Ukraine dans les politiques et les programmes de l’Union en matière de défense et de cybersécurité au cours de son processus d’adhésion à l’Union;

13. se félicite de la signature d’accords de sécurité entre l’Ukraine et le Royaume-Uni, l’Allemagne, la France, le Danemark et l’Italie, conformément à la déclaration commune de soutien à l’Ukraine publiée par le G7, et invite d’autres partenaires partageant les mêmes valeurs à suivre cette démarche; souligne que ces accords de sécurité ne peuvent pas être considérés comme un substitut à une future adhésion à l’OTAN; se félicite des progrès accomplis en ce qui concerne les modalités pratiques et le plafond financier d’un nouveau fonds d’assistance à l’Ukraine, au titre de la facilité européenne pour la paix, qui soutiendrait la fourniture d’équipements militaires à l’Ukraine au moyen d’initiatives européennes d’achats conjoints;

14. réaffirme son soutien à la formule de paix présentée par le président ukrainien, Volodymyr Zelensky; estime qu’il s’agit d’un plan global visant à restaurer l’intégrité territoriale de l’Ukraine ; rappelle que les 10 points du plan ont été pris en compte dans la résolution ES-11/6 du 23 février 2023 de l’Assemblée générale des Nations unies sur les principes de la charte des Nations unies qui sous-tendent une paix globale, juste et durable en Ukraine;

15. demande une nouvelle fois à la Commission, au VP/HR et aux États membres de collaborer avec l’Ukraine et la communauté internationale à la mise en place d’un tribunal spécial chargé d’enquêter sur le crime d’agression commis contre l’Ukraine par les dirigeants russes et leurs alliés, tels que le régime biélorusse, et d’engager des poursuites en la matière; se félicite de la création du centre international chargé des poursuites pour le crime d’agression contre l’Ukraine basé à La Haye;

16. soutient pleinement l’enquête actuellement menée par le procureur de la CPI sur la situation en Ukraine sur la base d’allégations de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et de génocide; exhorte l’Ukraine à ratifier le statut de Rome de la CPI et ses amendements et à devenir officiellement membre de la CPI, afin de contribuer aux initiatives internationales visant à établir la responsabilité des crimes internationaux de grande gravité; demande à l’Union de redoubler d’efforts diplomatiques pour encourager la ratification du statut de Rome et de tous ses amendements au niveau mondial;

17. est consterné que la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine ait conduit à l’un des déplacements massifs d’enfants les plus rapides depuis la Seconde Guerre mondiale; rappelle qu’en raison du ciblage massif des infrastructures civiles, les enfants ukrainiens ont été largement privés d’accès aux services de base tels que l’éducation et les soins de santé, et en particulier de l’accès aux soins de santé mentale;

18. rappelle que la poursuite de la relocalisation et de l’expulsion forcées d’enfants ukrainiens vers la Russie, y compris depuis des établissements d’accueil, ainsi que leur adoption forcée par des familles russes et biélorusses constituent une violation du droit ukrainien et international; souligne que le transfert forcé d’enfants d’un groupe à un autre groupe est constitutif du crime de génocide en vertu de l’article II de la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide; exige que les autorités russes et biélorusses garantissent le retour immédiat de tous les enfants ukrainiens; salue les efforts déployés par les organisations ukrainiennes locales qui, au cas par cas, soutiennent les parents et les familles dans la recherche de leurs enfants et la lutte pour leur retour en toute sécurité;

19. condamne une nouvelle fois le transfert forcé de civils ukrainiens vers la Russie, vers des territoires ukrainiens temporairement occupés par la Russie et vers la Biélorussie; invite tous les États et toutes les organisations internationales à faire pression sur la Russie pour qu’elle ramène tous les civils ukrainiens, en particulier les enfants, transférés de force et détenus illégalement, et pour qu’elle restitue les dépouilles de ceux morts en captivité; exhorte l’Union européenne et ses États membres à redoubler d’efforts dans la recherche de mécanismes visant à faciliter la libération des civils ukrainiens détenus illégalement par la Russie, y compris le recours à des mécanismes des Nations unies;

20. regrette que la directive relative à la protection temporaire soit interprétée de façon tellement étroite que de nombreuses femmes qui ont fui la guerre d’agression menée par la Russie ne peuvent pas accéder aux soins en cas d’avortement ou à d’autres traitements de santé sexuelle et génésique, y compris les traitements à la suite d’abus sexuels; est consterné par le fait que, par conséquent, de nombreuses femmes ont été contraintes de retourner dans une Ukraine déchirée par la guerre pour accéder aux services liés à la santé génésique et sexuelle et aux droits en la matière et aux soins de santé génésique; invite la Commission à réviser la directive afin de veiller à ce que tous les États membres soient tenus d’offrir les mêmes soins dont les femmes pourraient par ailleurs bénéficier en Ukraine;

21. condamne l’intention de la Russie d’organiser des élections présidentielles sur les territoires temporairement occupés de l’Ukraine les 15 et 17 mars 2024 et souligne qu’il refusera de reconnaître les résultats de ces élections illégales;

22. plaide une nouvelle fois en faveur d’interactions innovantes, complémentaires et flexibles entre les travaux en cours sur la mise en œuvre de l’accord d’association actuellement en vigueur et le processus de négociation en vue de l’adhésion, de manière à permettre l’intégration progressive de l’Ukraine dans le marché unique et les programmes sectoriels de l’Union, y compris l’accès aux fonds de l’Union dans les domaines correspondants, afin que les Ukrainiens puissent profiter des avantages de l’adhésion tout au long du processus et pas seulement après son achèvement; salue les actions entreprises avec succès par l’Ukraine pour rouvrir la route de la mer Noire aux céréales ukrainiennes afin qu’elles retrouvent leurs marchés traditionnels; invite les parties prenantes internationales concernées à assurer la pérennité de cette situation et à garantir la liberté de navigation dans la mer Noire à des fins commerciales; soutient la proposition de la Commission visant à renouveler la suspension des droits et des quotas à l’importation pour les exportations de l’Ukraine vers l’Union; demande instamment à la Commission d’examiner toute information faisant état d’une désorganisation du marché provoquée par la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine et les avantages commerciaux accordés à l’Ukraine; demande à la Commission et aux États membres de traiter les causes de toute action unilatérale qui, comme les blocages aux frontières, limiterait l’accès de l’Ukraine au marché unique européen, de mettre en place des mesures efficaces pour surveiller le transit des produits agricoles ukrainiens et d’introduire des mesures visant à atténuer les effets sur les agriculteurs européens, dont les protestations et demandes raisonnables sont également exploitées et ciblées par la désinformation russe; invite l’Union européenne, ses États membres, l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture, l’Organisation mondiale du commerce, l’Organisation de coopération et de développement économiques et d’autres acteurs à faire preuve de davantage de solidarité et à stabiliser le marché céréalier; demande à l’Union européenne et à ses États membres de mettre un terme à l’importation et au transit par le territoire de l’Union de céréales russes et de céréales volées à l’Ukraine;

23. souligne que la guerre d’agression menée par la Russie a fondamentalement modifié la situation géopolitique en Europe et au-delà, et menace son architecture de sécurité, et que pour y répondre, l’Union européenne doit prendre des décisions politiques, sécuritaires et financières audacieuses, courageuses et globales;

24. se félicite de la décision du Conseil européen d’ouvrir des négociations d’adhésion avec l’Ukraine une fois que les recommandations de la Commission auront été satisfaites; estime que l’adhésion de l’Ukraine à l’Union représente un investissement géostratégique dans une Europe unie et forte et qu’elle est synonyme de leadership, de détermination et de vision;

25. invite le Conseil et la Commission à établir clairement la marche à suivre pour les négociations d’adhésion, en mettant l’accent sur l’apport d’avantages tangibles à la société et aux citoyens ukrainiens dès le début du processus; invite le Conseil à charger la Commission de présenter immédiatement des propositions concernant le cadre de négociation adéquat et de les adopter une fois que les mesures appropriées énoncées dans les recommandations y afférentes de la Commission du 8 novembre 2023 auront été prises;

26. rappelle que le processus d’adhésion à l’Union sera fondé sur le mérite et que la méthodologie en matière d’élargissement met l’accent sur les domaines essentiels que sont le respect de l’état de droit, les valeurs fondamentales, les droits de l’homme, la démocratie et la lutte contre la corruption; estime qu’un processus d’adhésion fermement adossé au mérite est dans l’intérêt de l’Ukraine et de l’Union; encourage l’Union et ses États membres à apporter un soutien et une assistance plus importants à l’Ukraine au cours du processus d’adhésion à l’Union, notamment en ce qui concerne l’expertise technique, le renforcement des capacités et les réformes institutionnelles nécessaires pour répondre aux critères d’adhésion;

27. invite le gouvernement ukrainien à continuer de renforcer l’autonomie des pouvoirs locaux, réforme qui a reçu un large soutien à l’échelle nationale comme internationale, et à intégrer le succès de la réforme de décentralisation dans l’architecture globale des processus de réparation, de redressement et de reconstruction de l’Ukraine; affirme une nouvelle fois que les représentants des autorités locales et de la société civile d’Ukraine doivent être activement associés au processus de redressement et de reconstruction et que ce processus doit répondre aux normes de transparence et de responsabilité les plus élevées;

28. se félicite de l’accord de principe des institutions de l’Union concernant l’établissement de la facilité pour l’Ukraine, qui fournira une aide financière prévisible à l’Ukraine, et demande son déploiement rapide; souligne que le rôle de la Verkhovna Rada, des autorités sous-centrales et de la société civile a été renforcé, puisqu’ils sont d’importants partenaires du pouvoir exécutif au moment de recenser les priorités qui seront financées par le plan pour l’Ukraine, et précise que cela inclut également la surveillance et le suivi de la facilité; signale que la dernière évaluation rapide des dommages et des besoins effectuée par la Banque mondiale estime qu’au moins 452,8 milliards d’euros seront nécessaires au cours des dix prochaines années pour le redressement et la reconstruction de l’Ukraine; souligne dès lors que les fonds mis à disposition au titre de la facilité pour l’Ukraine ne suffiront pas; demande à l’Union et à ses États membres de s’engager à fournir un financement supplémentaire à long terme pour l’Ukraine, en particulier compte tenu du fait que le dernier train de mesures états-unien d’aide à l’Ukraine est toujours bloqué au Congrès;

29. invite l’Union européenne, les États membres et les partenaires partageant les mêmes valeurs à apporter une aide politique, économique, technique et humanitaire complète et coordonnée à la reconstruction et au redressement durables et inclusifs de l’Ukraine à l’issue de la guerre, en accordant une attention particulière au rétablissement des infrastructures essentielles, des services de santé, de l’enseignement et des services sociaux; estime que la reconstruction de l’Ukraine doit donner la priorité au bien-être du peuple ukrainien plutôt que favoriser les oligarques et les bénéfices des entreprises; invite l’Union et les États membres à continuer d’assurer le traitement médical et la rééducation, y compris un soutien psychologique, des soldats et civils ukrainiens blessés et endeuillés; demande qu’une attention constante et un soutien accru soient accordés aux activités de déminage en Ukraine ainsi qu’à un programme de déminage sur le long terme;

30. souligne qu’il est nécessaire d’aider l’Ukraine à rétablir les conditions qui permettront à son peuple de reprendre une vie économique et sociale dans la sécurité et la prospérité et de se remettre des conséquences graves que la guerre a eues sur la santé mentale, aux personnes déplacées dans leur propre pays et aux réfugiés de rentrer chez eux et, en particulier, aux jeunes générations de mener des projets personnels, éducatifs et entrepreneuriaux; souligne en outre qu’il faut tenir compte, dans le processus de redressement et de reconstruction, des préoccupations, des besoins et du savoir-faire des personnes déplacées à l’intérieur du pays et des réfugiés, car leur réinsertion dans le tissu local sera cruciale pour renforcer la résilience de la société et des institutions ukrainiennes et l’unité du pays;

31. invite le Conseil à maintenir et à étendre sa politique de sanctions contre la Russie et la Biélorussie tout en surveillant, en réexaminant et en renforçant son efficacité et son incidence; demande à la Commission et aux États membres de veiller à ce que l’ensemble des treize trains de sanctions soient rapidement et strictement appliqués; invite la Commission à réaliser une analyse d’impact sur l’efficacité des sanctions à entraver l’effort de guerre russe et sur le contournement des sanctions; rappelle que l’Union européenne travaille à l’élaboration d’une législation visant à faire de la violation des mesures restrictives une infraction pénale; invite de nouveau la Commission, le SEAE et les États membres à mettre au point un mécanisme permettant d’empêcher le contournement des sanctions;

32. insiste sur la nécessité d’interdire les importations métallurgiques et d’uranium de la Russie vers l’Union européenne, ainsi que d’interdire la coopération avec le secteur nucléaire russe et notamment avec Rosatom; demande un embargo immédiat et total sur les importations de la Russie vers l’Union de produits agricoles et de produits de la pêche, ainsi que de combustibles fossiles et de gaz naturel liquéfié transportés par gazoducs maritimes, et demande également un abaissement supplémentaire du plafonnement des prix des produits pétroliers russes, en coordination avec les partenaires du G7, afin que l’argent européen ne serve plus à financer la guerre de la Russie; réclame, en outre, des mesures de sanction à l’encontre de la «flotte de l’ombre» russe, qui transporte du pétrole sur des navires non assurés en mauvais état dans les eaux de l’Union et les eaux internationales, et réclame des sanctions à l’encontre des entreprises, de Chine et d’ailleurs, qui aident la Russie à contourner les sanctions; réclame l’élargissement du régime actuel d’octroi de licences pour les produits militaires et à double usage, afin qu’il s’applique à un plus grand nombre de biens utiles à des fins militaires, y compris des composants numériques; demande que les sanctions prises à l’encontre de la Biélorussie soient pleinement alignées sur celles prises contre la Russie; demande que d’autres personnes identifiées par la Fondation anticorruption d’Alexeï Navalny soient visées par le régime mondial de sanctions de l’UE en matière de droits de l’homme et inscrites sur d’autres listes de sanctions;

33. condamne tous les pays qui fournissent du matériel militaire à la Russie et l’aident à contourner et à éviter les effets des sanctions qui lui sont imposées, et demande à l’Union de poursuivre strictement les entreprises, les associations et les personnes qui participent à ces contournements; invite l’Union, les États membres et leurs alliés à renforcer l’efficacité des sanctions déjà imposées, à prendre des mesures urgentes pour bloquer toute tentative de contournement de ces sanctions et à élaborer un mécanisme de sanctions secondaires qui comblerait les éventuelles lacunes;

34. rappelle aux entreprises, aux particuliers, aux établissements financiers et aux autres personnes qui sont actifs en Fédération de Russie ou dans des territoires qu’elle occupe en Ukraine ou qui y disposent de chaînes de valeur, notamment les investisseurs, les consultants, les organisations non gouvernementales et les prestataires de services de contrôle préalable, qu’ils courent un risque sur le plan opérationnel, juridique, économique et de leur réputation en raison de leurs activités et de leurs relations professionnelles en Russie; invite les États membres à adopter des mesures particulières pour éviter que des produits technologiques de pointe exportés vers des pays tiers n’aboutissent en Russie;

35. insiste sur le fait que le contournement d’une mesure restrictive de l’Union, y compris en transférant des biens vers une destination où leur importation, leur exportation, leur vente, leur achat, leur transfert, leur transit ou leur transport sont restreints, devrait être érigé en infraction pénale au niveau de l’Union; souligne qu’il est essentiel aux fins de l’application que l’Union érige rapidement en infraction pénale les violations directes des sanctions, y compris lorsqu’elles sont commises par négligence grave, ainsi que les violations indirectes des sanctions par le contournement des mesures restrictives de l’Union; se félicite de l’accord de principe récemment conclu entre les institutions de l’Union sur de nouvelles règles érigeant en infraction pénale la violation des sanctions de l’Union;

36. condamne la pratique russe consistant à bloquer toute action au niveau des Nations unies visant à tenir la Russie responsable de la guerre d’agression qu’elle mène contre l’Ukraine; invite l’Union et ses États membres à prendre de nouvelles mesures pour que perdure l’isolement international de la Russie, notamment en ce qui concerne la participation de la Russie au sein d’organisations et d’instances internationales telles que le Conseil de sécurité des Nations unies;

37. souligne qu’il est urgent d’établir un régime juridique solide permettant de confisquer les avoirs russes gelés par l’Union et de les utiliser pour faire face aux diverses conséquences de l’agression de la Russie contre l’Ukraine, y compris la reconstruction du pays et l’indemnisation des victimes de l’agression russe, ce qui renforcera la résilience de l’Ukraine; rappelle qu’il est convaincu qu’une fois la guerre terminée, la Russie devra être astreinte à payer les réparations qui lui seront imposées afin qu’elle apporte une contribution importante à la reconstruction de l’Ukraine; se félicite de la création du registre des dommages causés par l’agression de la Fédération de Russie contre l’Ukraine, qui constitue la première étape de la mise en place d’un mécanisme international de compensation; se félicite dès lors de la décision du Conseil de mettre en réserve, dans un premier temps, les recettes considérables générées par les avoirs et les réserves de la Banque centrale de Russie immobilisés dans le cadre des sanctions de l’Union, qui pourront être utilisées afin de contribuer financièrement à l’aide apportée par l’Union en faveur du redressement et de la reconstruction de l’Ukraine dans le cadre de la facilité pour l’Ukraine;

38. exprime une nouvelle fois son inquiétude quant à la situation de la centrale nucléaire de Zaporijjia, contrôlée illégalement par la Russie; soutient les efforts visant à maintenir en permanence une présence de l’Agence internationale de l’énergie atomique à la centrale nucléaire de Zaporijjia; attire une nouvelle fois l’attention sur les actions de la Russie qui ont porté gravement atteinte à l’environnement en Ukraine, notamment la destruction du barrage de Kakhovka, l’abattage de forêts en Ukraine, l’exploitation minière de grande ampleur et la pollution de l’air et des ressources en eau, et condamne ces actions; exprime une nouvelle fois sa profonde inquiétude face aux conséquences environnementales à long terme de la guerre; souligne la nécessité de mettre en place un système de recensement et d’évaluation des dommages causés par la Russie à l’environnement et d’établir des bases juridiques permettant de demander des comptes à la Russie pour ces crimes;

39. condamne fermement l’éradication, la destruction et le pillage, par la Russie, des biens culturels ukrainiens, comme les églises, les œuvres d’art, les musées et les universités; prend acte des dégâts, vérifiés par l’Unesco, occasionnés à 341 sites depuis le début de l’invasion à grande échelle, dont 126 sites religieux, 150 bâtiments d’importance historique ou artistique, 31 musées, 19 monuments, 14 bibliothèques et un centre d’archives; réaffirme que la destruction et le pillage délibérés de sites du patrimoine culturel ukrainien sont susceptibles de constituer des crimes de guerre;

40. invite l’Union et ses États membres à agir de manière stratégique et proactive pour lutter contre les menaces hybrides, renforcer la communication stratégique de l’Union et prévenir l’ingérence de la Russie dans les processus politiques, électoraux et autres processus démocratiques en Ukraine et dans l’Union, en particulier par des actions hostiles visant à manipuler l’opinion et à compromettre l’intégration européenne, notamment dans la perspective des prochaines élections au Parlement européen; invite la Commission, le SEAE et les États membres à fournir des informations pertinentes sur les avantages mutuels et les possibilités offertes par l’élargissement, tant en Ukraine que dans les États membres, afin d’améliorer la compréhension du processus d’adhésion et d’accroître encore le soutien dont celui-ci bénéficie;

41. condamne l’assassinat de Maksim Kuzminov en Espagne; demande aux États membres de réagir rapidement et avec fermeté à toute action déstabilisatrice des services de renseignements russes sur le territoire de l’Union; recommande aux États membres de renforcer la coopération en matière de contre-espionnage et le partage d’informations;

42. se déclare préoccupé par la restriction des déplacements à l’étranger des membres de la Verkhovna Rada d’Ukraine; estime que cela pourrait être considéré comme une restriction arbitraire de l’activité politique de députés élus, en particulier de ceux qui représentent l’opposition; est fermement convaincu qu’en temps de guerre, aucune ressource politique susceptible de représenter la cause de l’Ukraine au sein d’une instance internationale ne devrait être négligée;

43. adresse ses plus vifs remerciements au personnel local de la délégation de l’Union européenne en Ukraine, dont le travail assidu et inlassable, réalisé dans des circonstances qui restent difficiles pour les membres du personnel et leur famille, mérite d’être salué; invite instamment le SEAE et la Commission à adopter des plans d’urgence et des solutions provisoires pour le personnel local de la délégation de l’Union européenne, y compris des modalités de travail flexible et de télétravail et des solutions de relocalisation temporaire, à même de répondre aux besoins réels du personnel et aux difficultés qu’il rencontre; souligne, en outre, qu’il importe de prendre soin de la santé mentale du personnel de la délégation de l’Union;

44. charge sa Présidente de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission, au vice-président de la Commission/haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, aux gouvernements et aux parlements des États membres, au président, au gouvernement et à la Verkhovna Rada d’Ukraine, ainsi qu’aux Nations unies et aux autorités russes et biélorusses. »

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Refus de l’hégémonie

La conférence de Paris du 26 février 2024

La conférence de soutien au régime ukrainien à Paris, le 26 février 2024, a été un événement très marquant. Sa signification réelle doit être saisie avec précision, car on parle ici d’une pièce d’un puzzle dont les contours généraux ne seront visibles par tout le monde que tout à la fin.

De quoi s’agit-il? Cette conférence a été organisée du jour au lendemain. Elle a été décidée lors de la visite du président Volodymyr Zelenski à Paris et Berlin le 16 février 2024, avec à chaque fois la signature d’accords bilatéraux ayant une dimension militaire.

Cela n’a pas été une vraie conférence. En pratique, cela a été une réunion de quelques heures avec des présidents et des premiers ministres. Et seul Emmanuel Macron a pris la parole au début, pour introduire la conférence, et à la fin, pour une conférence de presse.

C’est là pour le moins étrange, bien entendu. Et c’est la clef pour comprendre la signification de la conférence.

Regardons d’abord quels sont les pays concernés. L’Elysée a parlé de 27 pays représentés… sans en dresser la liste !

Par les médias, on sait que sont au moins concernés la superpuissance américaine (avec un adjoint du secrétaire d’État Antony Blinken), le Royaume-Uni (avec le secrétaire aux Affaires étrangères, David Cameron), le Canada, la Suède (qui vient de rentrer dans l’Otan), ainsi que les pays européens suivants : Allemagne, Belgique, Croatie, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, Grèce, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République tchèque et Roumanie.

Comment se fait-il que des représentants de tous ces pays n’aient pas pris la parole? C’est bien qu’Emmanuel Macron avait été envoyé en « mission » s’il était le seul à parler. Il devait parler au nom de tout le monde… Sans engager tout le monde.

Et c’est pourquoi il a pu balancer sa « bombe » de troupes occidentales au sol venant épauler l’armée ukrainienne.

Voici ce qu’Emmanuel Macron a dit lors de la conférence de presse.

« Il n’y a pas de consensus aujourd’hui pour envoyer de manière officielle, assumée et endossée des troupes au sol. Mais en dynamique rien ne doit être exclu.

Nous ferons tout ce qu’il faut pour que la Russie ne puisse pas gagner cette guerre. Je le dis ici avec à la fois avec détermination mais aussi avec l’humilité collective que nous devons avoir quand on regarde les deux années qui viennent de s’écouler.

Beaucoup de gens qui disent ‘jamais, jamais aujourd’hui’ étaient les mêmes qui disaient ‘jamais jamais des tanks, jamais jamais des avions, jamais jamais des missiles de longue portée, jamais jamais ceci il y a deux ans’.

Je vous rappelle qu’il y a deux ans, beaucoup autour de cette table disaient ‘nous allons proposer des sacs de couchage et des casques’ et aujourd’hui disent ‘il faut faire plus vite et plus fort pour avoir des missiles et des tanks’.

Ayons l’humilité de constater qu’on a souvent eu six à douze mois de retard, c’était l’objectif de la discussion de ce soir.

Donc tout est possible si c’est utile pour atteindre notre objectif. »

Il s’agissait là une réponse à une question d’une journaliste. Voici la question posée.

« Sur les propos du Premier ministre slovaque qui avant cette conférence d’aujourd’hui évoquait la possibilité d’envoyer des troupes au sol occidental en Ukraine. Est-ce que cela a été discuté aujourd’hui? Qu’est-ce que vous en pensez et qu’en est-il? »

Emmanuel Macron n’est donc pas arrivé en expliquant de but en blanc qu’une intervention armée occidentale était possible. Ce n’est pas comme ça qu’il est possible de procéder dans le cadre d’une démocratie formelle, bourgeoise, qui fait tout pour maintenir les apparences « démocratiques ».

Emmanuel Macron a ainsi parlé de « cyberdéfensif », de coproduction d’armement en Ukraine, du soutien à la Moldavie (« menacée » par la Russie), de l’envoi de forces non militaires à la frontière entre la Biélorussie et l’Ukraine, du déminage.

Mais, « comme par hasard », un journaliste du Monde revient à la charge. Voici sa question.

« À propos de l’envoi éventuel de troupes au sol, vous dîtes que cela a a été évoqué, est-ce que vous pouvez préciser par quels pays cela a été évoqué. Quels sont les pays qui envisageraient de le faire à titre bilatéral? Et pourquoi la France n’y est pas favorable à ce stade? »

La réponse du président français est la suivante.

« Je n’ai absolument pas dit que la France n’y était pas favorable, je ne lèverai pas l’ambiguïté des débats de ce soir en donnant des noms. Je dis que ça a été évoqué parmi les options. Je vous ai dit les cinq points sur lesquels il y avait un consensus qui s’était établi.

Si ces points d’ailleurs étaient totalement mis en œuvre, et il ne faudrait pas exclure qu’ils nécessitent des sécurisations qui justifient ensuite quelques éléments de déploiement, mais je vous ai dit de manière très claire pourquoi la France maintiendra sa position, qui est une ambiguïté stratégique que j’assume.

Rien ne doit être exclu pour poursuivre l’objectif qui est le nôtre: la Russie ne peut ni ne doit gagner cette guerre ».

Un peu plus tard, Emmanuel Macron demande s’il y a une dernière question, il constate qu’il n’y en a pas et que c’est une première. Alors, « comme par hasard », le même journaliste du Monde veut poser une seconde question. Emmanuel Macron répète sa petite blague comme quoi c’est de nouveau une première, puisque normalement c’est une seule question par journaliste.

La question est naturellement parfaitement calibrée… La voici.

« Est-il possible d’envisager qu’un pays envoie des troupes en Ukraine sans l’accord des autres au niveau européen?

Par exemple la Pologne pourrait-elle envisager de le faire et est-il possible de la retenir dans ce cas-là et est-ce que ça a été l’un des objets de la discussion de ce soir? »

Il est évident que la question était prévue en amont, au plus haut niveau, car elle est d’une diplomatie parfaite, puisqu’il s’agirait de « retenir » la Pologne…

Et Emmanuel Macron de répondre à cette dernière question, en soulignant… Qu’il n’était pas possible de retenir qui que ce soit.

« Chaque pays est souverain, sa force armée est souveraine, il a par sa constitution les voies et moyens de son engagement. Personne ne peut engager un autre pays de faire ce qui lui revient.

Il faut définir un cadre d’intervention et dans ces cas-là des cadres de solidarité mais ma réponse est non : personne ne peut engager personne.

Je vous dis simplement que l’esprit qui régnait ce soir c’est qu’autour des cinq actions que j’ai évoquées, le consensus était là. Nous sommes prêts à faire aussi longtemps que ce qui est nécessaire, et tout ce qui est nécessaire, pour que la Russie ne puisse gagner cette guerre ».

Naturellement, le lendemain, tous les pays européens, l’Otan et la superpuissance militaire américaine ont dit que, oh que non, ils n’enverraient pas de soldats au sol en Ukraine.

Et on a pu voir les journalistes se précipiter dessus, ainsi que certains partis politiques français critiquant l’initiative d’Emmanuel Macron, considéré comme trop dangereuse. Alors qu’en même temps, ces mêmes partis (comme le RN, le PS ou LFI) ont soutenu l’Otan et la propagande de guerre contre la Russie…

Mais en réalité, Emmanuel Macron a agi en service commandé. Il a été utilisé sciemment pour ouvrir un nouvel espace au bellicisme. Car il est très difficile de commencer une guerre, il faut beaucoup de subtilités et de bourrage de crâne, de préparation de l’opinion…

Là, Emmanuel Macron a parlé pour tout le monde, tout en n’engageant personne. Cependant, l’idée est désormais bien installée.

Il suffit de lire nos articles sur l’Ukraine – depuis six mois avant le début du conflit que nous avions prévu – pour voir comment on est ici dans la mise en place d’une narration.

Bien entendu que personne n’allait dire qu’Emmanuel Macron avait raison et que tout le monde allait envoyer ses troupes! Il sera dit que les troupes seront envoyées « parce qu’on avait pas le choix »… Il sera explique que, malheureusement, Emmanuel Macron avait raison, « mais nous ne voulions pas car nous sommes pour la paix », etc. Tel sera le discours!

Le 26 février 2024 est un excellent exemple d’un très haut savoir-faire politique… et inversement du niveau totalement nul des masses, qui ne comprennent rien à rien. Elles voient une pseudo-opposition à l’initiative d’Emmanuel Macron, alors elles se disent qu’il y a débat… Alors que les dés sont pipés.

La Pologne interviendra militairement en Ukraine (ce que nous avons annoncé en février 2023) et ce sera par la force de la nécessité, soit disant « sans le vouloir », que les armées occidentales suivront dans la foulée…

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Refus de l’hégémonie

La France assume la guerre contre la Russie

Et voilà, tout est joué, le drame est écrit, il ne manque plus que l’arrivée des acteurs. Le 26 février 2024, lors d’une conférence internationale à Paris pour le soutien militaire à l’Ukraine, le président français Emmanuel Macron a dit deux choses.

Tout d’abord, que la Russie comptait attaquer militairement d’ici quelques années les pays de l’Union Européenne. C’est absolument n’importe quoi, mais il est en moyen de le dire, car tout l’appareil médiatique et institutionnel est avec lui.

C’est de la propagande de guerre et le bourrage de crâne est tel que cela passe comme une lettre à la poste.

Ensuite, il a expliqué que l’envoi de troupes françaises en Ukraine n’était nullement exclu, car « tout est possible si c’est utile ».

L’envoi de troupes est bien entendu posé comme « hypothèse », afin bien sûr d’installer l’idée dans les esprits pour la faire triompher, et personne ne dit rien.

La guerre s’annonce donc ! Jusqu’au dernier Ukrainien, d’abord, et si cela ne suffit pas les armées des pays de l’Union Européenne entreront dans l’affrontement.

Tout cela pour démanteler la Russie, l’asservir pour s’en servir comme levier de sortie de crise – car tout part de la crise de 2020, qui a littéralement torpillé le capitalisme.

Il en faut une preuve? Regardez à gauche : personne ne dit rien, nulle part ! Il y a des gens qui se disent contre le capitalisme pourtant, dans notre pays. Où sont-ils? Eh bien ils disparaissent dès que les intérêts stratégiques du capitalisme français sont en jeu.

Pour les retraites dans le capitalisme, là il y a du monde qui s’active. Mais contre la guerre menée par le capitalisme pour se relancer, comme par hasard, il n’y a plus personne.

C’est l’unanimité. De La France Insoumise au Rassemblement National, de la CGT à la CFDT, des socialistes aux conservateurs, des LGBT aux activistes nationalistes, tous sont d’accord.

Et c’est justement cette unanimité qui est la preuve que c’est tout le capitalisme français qui est en jeu, que tout le monde le « sent » et se range, s’aligne, se fonde dans le décor, s’amalgame, s’unit.

Le capitalisme a donc les mains libres et peut amener l’armée française à la guerre. Et les rares anti-guerre peuvent prévoir la répression et l’isolement le plus complet… En théorie.

Car une telle situation ne durera pas. Ce qui compte, ce sont les contradictions. Les rêves capitalistes sont ainsi voués à l’échec, tout comme la recomposition du prolétariat est inéluctable.

La France capitaliste qui tente de s’en sortir par la guerre connaîtra la déroute et le Socialisme émergera de celle-ci, comme dépassement historique d’une situation horrible.

Il appartient donc à chacun d’être soit une partie du problème, soit une partie de la solution. C’est soit le repli sur soi et l’acceptation de la marche à la guerre, soit la lutte sous le drapeau du Socialisme contre la guerre.

Ce drapeau, agauche.org le porte, seul, contre vents et marées. Et nous appelons à vous organiser avec et autour de nous, à étudier les documents que nous proposons sur la situation urainienne depuis six mois avant le déclenchement du conflit. Nos documents sont essentiels pour comprendre la mise en place de la tendance à la guerre, l’installation du bellicisme.

Ils sont l’outil pour comprendre comment cela doit produire l’inverse du capitalisme et de la guerre : le Socialisme et l’humanité unifiée!

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Refus de l’hégémonie

Chronologie de l’escalade française en Ukraine

Chronologie de l’escalade depuis le 26 février 2024. Le symbole « ✜ » indique un lien vers un article.

23 avril 2024 : dans Les Echos, tribune de Phuc-Vinh Nguyen, chercheur en politique française et européenne de l’énergie à l’Institut Jacques Delors, appelant au boycott total du gaz russe.

21 avril 2024 : Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de l’Europe, affirme dans une interview à Ouest-France que « Nous sommes pilonnés par la propagande de la Russie ».

Le youtubeur français « HugoDécrypte » (1,5 millions d’abonnés) met en ligne un entretien avec le président ukrainien Zelensky, à Kiev dans un cadre officiel, nécessairement avec l’aval et l’appui des autorités françaises. Ils y abordent la question de l’envoi de soldats français sur le front en Ukraine ainsi que le risque d’emballement avec l’implication directe de la France dans une guerre contre la Russie. La mise en scène est totale, jusqu’à faire semblant à la fin de l’entretien que celui-ci se déroule en off, dans les escaliers, en abordant des sujets personnels, du type que dites-vous à vos enfants ? La guerre vous a-t-elle changé ? Vous pensez à la vie après la guerre ?

20 avril 2024 : sur LCI, une chaîne d’intense propagande quant à la supposée imminente défaite totale de la Russie, le général Michel Yakovleff qui a été membre de l’état-major de l’Otan assure que la production européenne d’artillerie sera plus puissante que celle de la Russie en 2025.

18 avril 2024 : interviewé par BFMTV, le premier ministre Gabriel Attal affirme que « la victoire de la Russie sur l’Ukraine serait un cataclysme pour le pouvoir d’achat des Français ».

17 avril 2024 : tribune publiée dans Le Monde et signée notamment par l’économiste Thomas Piketty demandant que soient confisqué les avoirs russes pour les attribuer par la force au régime ukrainien.

13 avril 2024 : l’économiste Thomas Piketty appelle à l’intégration de l’Ukraine dans une tribune publiée dans Le Monde.

12 avril 2024 : la Russie convoque l’ambassadeur français ; le ministre des Armées Sébastien Lecornu affirme vouloir « moderniser » le recensement des jeunes, afin d’être en mesure d’identifier les compétences et dans une perspective de « remilitariser » la Journée défense et citoyenneté ; Sébastien Lecornu dans une interview à Ouest France parle de guerre à venir et annonce que des pilotes ukrainiens sont entraînés en France ; un pseudo sondage du CEVIPOF et de l’IRSEM annonce qu’un jeune sur deux est prêt à s’engager dans l’armée française pour se battre en Ukraine. ✜

11 avril 2024 : Emmanuel Macron pose la première pierre d’une usine de poudre pour obus à Bergerac. « Nous sommes partis durablement pour nous installer dans un changement géopolitique, géostratégique où les industries de défense vont avoir un rôle croissant. »

8 avril 2024 : le ministre français des Affaires étrangères Stéphane Séjourné, depuis Abidjan, affirme qu’une rupture de contact avec la Russie est nécessaire. Il prend pour prétexte de dénoncer les comptes rendus russes des discussions qui seraient mensongers. Il explique qu’il n’y aura pas de retour à la normale avant une évolution sur le terrain militaire pour l’Ukraine.

5 avril 2024 : la tête de liste PCF pour les Européennes, Léon Deffontaines, est interviewé par Franceinfo où il affirme que « Moi, je suis favorable, et on l’a toujours dit, à aider les Ukrainiens militairement, à se défendre, et il faut regarder bien sûr les besoins qu’ils ont, et il faut qu’on regarde bien évidemment en fonction des besoins du front ukrainien. Il faut cesser à tout prix, à tout prix, que les Russes continuent d’avancer ».

4 avril 2024 : à la suite de l’entretien téléphonique de la veille, la Russie affirme espérer que la France n’a rien à voir avec l’attentat islamiste à Moscou, ce qui amène le président français Emmanuel Macron à dénoncer des commentaires « baroques et menaçants ».

3 avril 2024 : le Chef d’état major de l’armée de terre Pierre Schill explique lors d’un long entretien sur France culture que l’intention d’Emmanuel Macron « est la perspective de franchir une marche supplémentaire dans l’aide à l’Ukraine« .
Le ministre français des Armées Sébastien Lecornu s’entretient au téléphone avec son homologue russe Sergueï Choïgou pour la première fois depuis octobre 2022, et souligne que la France « continuera de soutenir l’Ukraine aussi longtemps et aussi intensément que nécessaire ».

2 avril 2024 : le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken se rend, visitant l’usine Nexter avec le ministre des Armées Sébastien Lecornu, faisant une conférence de presse avec le ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné, rencontrant finalement le président Emmanuel Macron.

1er avril 2024 : le ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné se rend à Pékin, rencontrant son homologue Wang Yi et le Premier ministre Li Qiang, et demande que la Chine cesse son soutien à la Russie (« Nous attendons de la Chine qu’elle passe des messages très clairs à la Russie« ) afin que s’établisse un « rapport de force favorable à l’Ukraine ».

31 mars 2024 : dans une interview au quotidien La Tribune, le ministre des armées Sébastien Lecornu annonce que la France allait fournir au régime ukrainien un nouveau lot de missiles Aster 30 et des centaines de véhicules de l’avant blindé.

30 mars 2024 : Anne Hidalgo, maire de Paris, se rend à Kiev où elle affirme que « Je veux dire aux athlètes russes et aux (athlètes) biélorusses qu’ils ne sont pas les bienvenus à Paris et dire aux athlètes ukrainiens et à l’ensemble du peuple ukrainien que nous les soutenons de façon très active, très forte« .
Le Premier ministre polonais Donald Tusk affirme lors d’une interview à la presse occidentale que « Cela semble dévastateur, surtout pour la jeune génération, mais nous devons nous habituer au fait qu’une nouvelle ère a commencé: l’ère de l’avant-guerre. Je n’exagère pas » et que « Le plus inquiétant en ce moment est qu’absolument tous les scénarios sont possibles ».

28 mars 2024 : voyage secret jusqu’au dernier moment à Kiev de la  présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, accompagnée d’une délégation du groupe parlementaire européen libéral Renew Europe, dont la présidente Valérie Hayer est également tête de liste pour la majorité présidentielle aux élections européennes; la première a souligné que « nous ne mettons pas de limite a priori à notre engagement » et que « rien n’est a priori exclu de ce qui pourrait se révéler nécessaire », la seconde a dit que le soutien français était « inébranlable », « aussi longtemps qu’il faudra », « quoi qu’il en coûte ».

26 mars 2024 : conférence de presse du ministre des Armées Sébastien Lecornu avec Emmanuel Chiva, délégué général pour l’armement, et Thierry Burkhard, chef d’état-major des armées, où est annoncée la possible réquisition de l’industrie de l’armement pour renforcer la production, conformément à ce que permet désormais la loi de programmation militaire 2024-2030.

24 mars 2024 : dans le cadre de l’attentat islamiste à Moscou, l’Etat français remet Vigipirate à son plus haut niveau (« urgence attentat »), clairement une opération de propagande psychologique.

19 mars 2024 : le chef d’Etat-major de l’armée de Terre Pierre Schill explique dans une tribune dans le quotidien Le Monde que l’armée de terre « est prête » et disposée à prendre la tête d’un corps d’armée de coalition de 60 000 hommes, alors qu’en Russie le chef des services secrets extérieurs annonce l’envoi de 2000 soldats français en Ukraine, qui seront alors « une cible prioritaire et légitime pour les attaques des forces armées russes ».

16 mars 2024 : le quotidien Le Parisien publie une interview d’Emmanuel Macron effectuée lors de son retour de Berlin. « Peut-être qu’à un moment donné – je ne le souhaite pas, n’en prendrai pas l’initiative –, il faudra avoir des opérations sur le terrain, quelles qu’elles soient, pour contrer les forces russes. »

15 mars 2024 : réunion à Berlin du chancelier allemand Olaf Scholz, du premier ministre polonais Donald Tusk et du président français Emmanuel Macron, annonçant des mesures de soutiens militaires au régime ukrainien.

14 mars 2024 : le président français Emmanuel Macron accorde une interview au au « 20 heures » des chaînes TF1 et France 2. Il y présente la Russie comme un « adversaire ».

13 mars 2024 : le Sénat vote en faveur de l’accord bilatéral franco-ukrainien, par 293 voix pour, 11 abstentions, 22 contre.

12 mars 2024 : l’Assemblée nationale vote en faveur de l’accord bilatéral franco-ukrainien (signé le 16 février 2024), par 372 voix pour, 101 abstentions et 99 voix contre.

11 mars 2024 : l’institut suédois SIPRI fournit son rapport sur les ventes d’armes, où la France est le second exportateur mondial pour la période 2019–23.

8 mars 2024 : le ministre français des Armées Sébastien Lecornu annonce que des armements français seront directement produits en Ukraine. Il mentionne l’entreprise KNDS (qui produit des munitions, les canons Caesar et des véhicules militaires). Sont également concernés le producteur de véhicules Arquus et le fabricants de drones Delair.

7 mars 2024 : le président français Emmanuel Macron reçoit à l’Elysée les chefs des partis politiques ayant une représentation au Parlement, afin de parler de la question ukrainienne.

29 février 2024 : le Parlement européen vote pratiquement à l’unanimité deux appels contre la Russie, celle-ci devant par passer une étape de « désimpérialisation, décolonisation et refédéralisation ».

26 février 2024 : conférence à Paris de soutien au régime ukrainien, avec au 27 pays représentés au plus haut niveau (la liste n’est pas rendue publique). Emmanuel Macron est le seul présent à la conférence de presse et explique que l’envoi de troupes au sol en Ukraine est une possibilité.

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Refus de l’hégémonie

2022-2024 : la Russie et l’Ukraine, et désormais la France

Le 24 février 2022, l’armée russe prenait l’initiative d’une offensive contre le régime ukrainien, dans le cadre de ce qui fut appelée du côté russe « l’opération militaire spéciale ». Le choix de cette expression tient aux rapports entre Russes et Ukrainiens, au refus d’une guerre totale, puisque le but est d’intégrer les Ukrainiens dans la Fédération de Russie.

Nous avions annoncé cet affrontement militaire six mois auparavant, en en parlant ensuite régulièrement. Nous avions compris que la crise de 2020 avait fait basculer les choses ; le capitalisme s’était heurté à un mur. Finie la croissance fabuleuse comme durant la période 1989-2020, désormais c’est la bataille pour le repartage du monde.

Dans la logique des choses, des centaines de milliers, des millions de personnes auraient dû en France se précipiter sur internet pour se renseigner sur le conflit, se documenter, et notre page Ukraine aurait dû être consultée en conséquence un très grand nombre de fois.

Comment en est-on arrivé là ? Quelle est l’origine de la situation ? Quelle est la nature de cette crise ? Quels sont les enjeux ?

Mais il n’y a rien eu, rien de rien, les gens ont observé cela de loin et continuent de le faire, deux ans après, alors que la France se veut toujours plus partie prenante du conflit. Les Français consomment et se moquent de tout ; ce qui est sérieux les dérange.

C’est une fausse légèreté érigée en caractéristique nationale, tout comme dans chaque pays occidental. Il y aurait une douceur de vivre, il suffirait de se laisser porter… Et malheur à qui vient déranger tout cela ! Le régime ukrainien est devenu le symbole de l’occident paradisiaque : l’Ukraine ne veut-elle pas rejoindre l’Otan, l’Union européenne, adopter le mode de vie occidental ?

Pseudo squat d’artistes rue de Rivoli à Paris, bien entendu pro-régime ukrainien avec notamment le slogan nationaliste « Gloire à l’Ukraine, gloire aux Héros »

Nous l’avons analysé, dit et redit : si à l’arrière-plan le conflit Ukraine-Russie est un conflit entre la superpuissance américaine et son concurrent la superpuissance chinoise, ce qui est en jeu c’est aussi le basculement du monde, l’irruption d’un tiers-monde qui s’est massivement développé ces trente dernières années. L’ordre mondial vacille, les rapports de force sont bouleversés. C’est une époque de révolution qui s’ouvre !

agauche.org est sur la ligne de Lénine et de Rosa Luxembourg, car nous vivons la même situation. Ou la révolution empêche la guerre, ou bien la guerre provoque la révolution. Le capitalisme, c’est la guerre ; le Socialisme, l’unité mondiale !

La bourgeoisie française ne s’y trompe pas et s’est précipitée aux pieds de la superpuissance américaine. Elle est entièrement acquise à la cause de l’Otan. Les dernières poches de « gaullisme » subsistent à peine, et encore, symboliquement. L’avenir, c’est soit le triomphe occidental et une France capitaliste renforcée, devenue un protectorat américain, soit la déroute de l’occident, la défaite de l’Otan, et l’affirmation historique du Socialisme en France comme décrochage de l’ordre mondial soumis aux superpuissances.

Voilà comment nous comprenons les choses, et c’est également comment la bourgeoisie, qui ne « pense » pas, sent les choses. La Direction générale de la sécurité intérieure a, comme le rapporte le quotidien Le Figaro, demandé aux forces de l’ordre de faire remonter toute « ingérence russe » au sujet du conflit, tel que les « dégradations de biens publics (graffitis, tags), placardage d’affiches, de stickers, distribution de flyers ».

C’est la criminalisation de la position anti-guerre, et d’ailleurs la même note assimile à « soutenir ouvertement les intérêts de la Russie » si on est sur une position « dénonçant la politique étrangère de la France, les États-Unis ou l’OTAN ».

Nous avions déjà abordé la question de l’interdiction d’agauche.org, le 14 février 2023. Nous voyons les choses de la même manière et il est évident qu’à un moment, l’État français finira par nous couper le courant.

Les choses sont ainsi très claires, la ligne de démarcation est tracée ! Engagez-vous dans la bataille, le plus tôt possible, car de toutes façons vous serez obligés un jour de le faire! Pour la déroute de l’occident et la défaite de l’Otan !

Le ministre français des armées, Sébastien Lecornu, brandit de manière ininterrompue la menace russe, présentée comme un danger vital pour la France

Et voyez les choses en face. Nous sommes les seuls, à gauche, à parler régulièrement du conflit en Ukraine, à dénoncer la tendance à la guerre, à appeler à la défaite de l’Otan et de l’armée française. Tous les autres… ont la trouille, ou bien ne veulent pas y croire, ou bien sont corrompus par le doux confort capitaliste occidental.

On a ainsi en France une sainte alliance, des socialistes aux macronistes, de l’extrême-Droite de Marine Le Pen à LFI de Jean-Luc Mélenchon, allant des LGBT post-modernes aux nazis fascinés par « Azov » en Ukraine, pour soutenir le régime ukrainien, à tout prix. Tel est le consensus de la France capitaliste.

Si on est contre la France capitaliste, alors on est pour que ses entreprises voulant rester un îlot protégé échouent ! Il faut saboter le militarisme et le nationalisme, le bourrage de crâne anti-Russie et la soumission à la superpuissance américaine !

La négation de la culture russe, ainsi que de sa nature européenne, est un leitmotiv de la propagande nationaliste ukrainienne reprise en France

Le plus grand souci, c’est bien entendu l’absence de Gauche en Ukraine. S’il y avait un mouvement prenant en main la question nationale de manière démocratique, cela faciliterait l’affirmation démocratique au niveau mondial. Il n’y a cependant rien du tout, le pays est entièrement aux mains des nationalistes, qui détruisent des millions de livres car en russe, qui veulent annexer une partie de la Russie et démanteler le reste, qui démolissent tous les monuments aux héros de la seconde guerre mondiale ayant combattu les nazis, qui veulent interdire Dostoïevski, Tolstoï et Tchaïkovski, etc.

Pour prendre un exemple, prenons le navire militaire russe Tsezar Kounikov. C’est un petit navire de débarquement, endommagé de manière importante le 14 février 2024, en Mer Noire. Le jour choisi pour lancer des drones contre lui ne doit rien au hasard : Tsezar Lvovitch Kounikov est mort le 14 février 1943. Il fait partie de la petite troupe de héros bloquant à l’armée allemande une partie de la ville de Novorossiïsk pendant 225 jours. Le régime ukrainien n’a rien d’autre à faire que choisir des dates symboliques pro-nazies, c’est vraiment révélateur !

Novorossiïsk

Pour résumer : l’État français est dans l’orbite américaine et soutient le régime ukrainien à coups de milliards et en laissant l’extrême-Droite activiste s’enrôler dans l’armée ukrainienne, alors que la « gauche » ne sert que de faire-valoir social au capitalisme et accepte la guerre.

Cela doit changer – il faut prendre en exemple Rosa Luxembourg et Lénine! La seule actualité, c’est la marche à la guerre mondiale de repartage du monde, c’est elle qui décide tout. Et il faut œuvrer à ce que l’Histoire bascule dans le bon sens, celui du drapeau rouge !

Rosa Luxembourg
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Refus de l’hégémonie

Silence complet à gauche sur l’alliance militaire franco-ukrainienne

Il est impossible de se voiler la face. La signature de l’accord France-Ukraine dans le cadre du conflit armé entre l’Ukraine et la Russie amène la France à s’impliquer, dans une logique de s’impliquer toujours davantage.

La France forme des soldats, donne des milliards d’euros, alimente en obus et en obusiers, fournit des drones militaires, etc. Et elle compte étendre son armée, clairement pour une intervention.

Si on était dans les années 1930, cela aurait fait naturellement la Une du Populaire et de l’Humanité, les quotidiens des socialistes et des communistes. Nous assumons la filiation quant à cette Gauche historique.

Quant au reste, quel désastre ! L’alliance France-Ukraine semble ne même pas exister. Cela reflète la réalité sociale de la « gauche » qui en réalité accompagne le capitalisme de l’intérieur, dans une version « sociale ».

Le PCF ne dit rien. La France insoumise ne dit rien. Le NPA est divisé en deux factions conservant ce nom, mais aucun ne dit rien. La Gauche républicaine et socialiste ne dit rien, mais l’une de ses principales figures, Marie-Noëlle Lienemann, dit tout de même que le soutien au régime ukrainien est « indispensable ».

Le Parti socialiste ne dit rien, mais sa tête de liste aux élections européennes de 2024, Raphaël Glucksmann, en a profité pour expliquer que l’Union européenne devait… passer en économie de guerre, pour affronter la Russie d’une manière… ou d’une autre.

« Ce que j’estime, c’est que la France devrait augmenter ses capacités de production. On ne va pas livrer toutes nos munitions, par contre ce qu’on va faire, ce qu’on devrait faire si on avait un leadership courageux qui comprend les enjeux, et bien on devrait aujourd’hui passer en mode économie de guerre sur la production.

On devrait passer des contrats à long terme avec nos industriels, ce qui n’est toujours pas fait. On devrait aller écouter le président tchèque qui dit qu’il y a 800 000 obus disponibles sur le marché international et que donc on pourrait les acheter en commun à l’échelle européenne et les envoyer en Ukraine.

Et on ne le ferait pas simplement par solidarité, ou comme vous l’avez dit par morale, on le ferait pas intelligence et par égoïsme même. Parce qu’on sait que c’est notre intérêt vital.

Et je vais vous dire une chose Apolline de Malherbe : si nous le faisons pas maintenant et que le front ukrainien s’effondre, les questions que nous devrons nous poser dans un an ou dans deux ans seront infiniment plus douloureuses que celles que vous me posez.

Les questions qu’on devra se poser c’est « quel type d’homme on envoie crever en Lettonie », ça sera ça les questions qu’on devra se poser.

Donc si vous voulez vous éviter ces questions, si vous voulez vous éviter que des soldats français aient à crever, et bien il faut aujourd’hui aider ceux qui crèvent pour nous autant que pour eux. »

L’Union communiste libertaire ne dit rien, la CNT ne dit rien, la CNT-AIT ne dit rien, la CNT-SO ne dit rien, la Fédération anarchiste ne dit rien, le PCOF ne dit rien, l’UPML ne dit rien, Unité communiste ne dit rien, le PCRF ne dit rien.

Lutte ouvrière se contente d’une brève sur Twitter pour dénoncer les marchands de canon.

Initiative communiste, l’organe du PRCF, ne dit rien non plus, pas plus que Révolution permanente. C’est intéressant, car Lutte ouvrière, le PRCF et Révolution permanente dénoncent normalement l’Otan et la fuite en avant vers la guerre… Mais c’est de l’incantation, ils n’y croient pas vraiment, ils en parlent une fois par mois, et c’est tout.

En fait, personne ne croit réellement en la guerre. C’est une « possibilité », mais c’est considéré comme nullement inévitable. Le capitalisme aurait tendance à aller à la guerre, cependant on ne marcherait nullement, comme des zombies, à la troisième guerre mondiale de repartage du monde.

Nous, qui sommes seuls fidèles à la Gauche historique, qui avons annoncé le conflit en Ukraine six mois avant son déclenchement, sommes fiers de ne pas ressembler à ces gens intégrés dans le capitalisme, fantasmant sur la « république » ou « l’écriture inclusive », les syndicats ou les LGBT.

Nous portons le drapeau rouge et, tout comme Rosa Luxembourg et Lénine, nous soulignons que la guerre est inéluctable à moins que le Socialisme ne l’empêche, et que de la guerre sinon sortira le Socialisme. Les 5-10 années qui viennent vont être folles – folles de militarisme, folles de dépression capitaliste – et il faut être à leur hauteur!

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Refus de l’hégémonie

Le ministre français des armées présente la guerre contre la Russie

Le 16 février, alors que le président ukrainien Volodymyr Zelensky était de passage à Berlin et Paris pour signer des accords militaires, un avion de l’armée de l’air française s’est baladé non loin de la frontière ukrainienne.

Il s’agit d’un Mirage 2000D, certainement muni d’une nacelle ASTAC capable de capter les signaux électromagnétiques. Passant par la Pologne, il a longé la frontière biélorusse, puis l’enclave russe de Kaliningrad, et enfin le nord de la frontière biélorusse.

Le début du parcours du Mirage, alors qu’un avion ravitailleur de type Airbus l’a précédé

C’est naturellement tout un symbole ! La France « indique » qu’elle est prête à l’escalade par ce geste agressif. Le ministre des Armées Sébastien Lecornu s’est empressé alors de fixer la ligne ; c’est d’ailleurs lui qui a accueilli Volodymyr Zelensky à son arrivée en France, à l’aéroport d’Orly. On est dans le bellicisme le plus clair.

Dans une interview au Journal du dimanche du 18 février 2024, Sébastien Lecornu a expliqué les choses suivantes.

1. La France n’est pas en guerre contre la Russie… Mais enfin c’est tout comme, et on y viendra bien, d’une façon ou d’une autre.

« Nous ne sommes pas en guerre avec la Russie. Et aider l’Ukraine, État agressé, à se défendre, n’est pas être cobelligérant.

Mais soyons lucides et regardons les choses de près : la Russie présidée par Vladimir Poutine adopte un comportement de plus en plus agressif à notre encontre.

En 2023, nous avons ainsi recensé une centaine d’incidents agressifs, allant de simples communications menaçantes à des tentatives de contrôle sur des patrouilles françaises dans des espaces aériens et maritimes internationaux libres d’accès.

Un tel niveau d’agressivité n’existait pas auparavant. Il s’agit d’une stratégie délibérée de la part du régime du Kremlin. »Un tel niveau d’agressivité n’existait pas auparavant. Il s’agit d’une stratégie délibérée de la part du régime du Kremlin. »

2. La Russie serait faible. C’est le leitmotiv de la France en direction de tous les journalistes traitant du conflit depuis une semaine. Il y a, à l’international, des propos de militaires français expliquant en « off » que si l’offensive ukrainienne (qui a échoué) avait été surestimé, il ne fallait pas non plus considérer la situation actuelle comme désespérée pour le régime ukrainien, loin de là, etc.

« La Russie de Vladimir Poutine, tout en étant plus agressive sur le plan hybride, rencontre en parallèle d’importantes difficultés sur le terrain conventionnel face à l’armée ukrainienne.

Cela s’explique bien entendu par les efforts héroïques des soldats ukrainiens et de l’aide des pays occidentaux, mais également des mauvaises analyses et décisions de la part des autorités russes, sans oublier les désorganisations liées à la corruption et au mensonge au sein de leur appareil de sécurité (…).

Nous assistons à la stabilisation de cette ligne de front, mais cela ne traduit pas un avantage décisif immédiat pour la Russie, qui va devoir opter pour une stratégie de guerre d’usure et de pourrissement.

L’enjeu actuel est donc d’assurer que l’Ukraine conserve ses capacités défensives et de contre-offensive, ce qui est précisément l’objectif de l’accord que le président Zelensky vient de signer à Paris avec le président Macron. »

3. La France a armé, arme et armera le régime ukrainien. Missiles, drones kamikazes, construction d’une nouvelle usine pour la poudre… Rappelons que le budget militaire français passe de 32 milliards d’euros à 68 milliards d’euros entre 2017 et 2030.

« La France est l’un des pays européens qui forme le plus de soldats ukrainiens : nous en avons déjà formé 10 000 depuis le début de la guerre, et nous en formerons entre 7 000 et 9 000 supplémentaires en 2024, sur des formations généralistes comme spécialistes. Cet accompagnement est crucial, l’armée ukrainienne subissant de lourdes pertes. »

« Nous avons donné des chars sur roues AMX-10 RC et des véhicules de l’avant blindé VAB qui sont remplacés plus vite par des Jaguar et des Griffons produits par Nexter. C’est du gagnant-gagnant. »

« Nous cédons donc des missiles qui auraient été perdus du fait de leur « date de péremption » si nous ne les avions pas utilisés. Je peux citer en cela les systèmes Crotale.

Mais de fait, depuis septembre dernier, nous faisons évoluer la logique en privilégiant des acquisitions directes entre l’armée ukrainienne et nos industries de défense sur des matériels de haute valeur ajoutée et aux meilleurs standards de qualité. »

« Nous tirons aussi des enseignements de la guerre en Ukraine pour notre propre industrie de défense et pour certains programmes d’armement qui profiteront demain à l’armée française. »

« Grâce aux programmes d’économie de guerre, nous avons pu doubler les capacités de production, avec la possibilité de produire jusqu’à 78 canons pour l’Ukraine dans les usines Nexter en 2024.

Je tiens d’ailleurs à exprimer ma gratitude aux ouvriers et techniciens qui travaillent parfois en trois-huit à Roanne et à Bourges. Leur engagement est remarquable et, grâce à eux, ces 78 canons, ainsi que d’autres équipements, pourront être livrés à l’Ukraine en 2024. »

« Le premier exemple concerne le développement d’une nouvelle génération de drones kamikazes. Ce projet, que j’ai amorcé dès ma nomination, est en phase d’expérimentation.

L’Ukraine sera parmi les premiers bénéficiaires de ces drones dans les prochaines semaines. Cela représente aussi une opportunité de tester au combat cette nouvelle génération de matériels. »

« Prenons l’exemple de Bergerac en Dordogne, où l’entreprise Eurenco a lancé avec le ministère des Armées un projet important. Le mois prochain, nous assisterons à la pose de la première pierre de cette usine dédiée à la production de poudre : cela permettra d’alimenter la production de 150 000 obus par an ! Cette usine créera 150 emplois, et c’est un domaine où la France va retrouver sa pleine souveraineté. »

Le scénario est tout tracé. L’horizon, c’est 2030. Le régime ukrainien va être soutenu à fond – financièrement, militairement – jusque-là. Entretemps, la France va se militariser, afin d’être en mesure d’agir militairement à grande échelle.

Quand le régime ukrainien titubera, et les occidentaux espèrent le plus vite possible, les Pays-Bas, l’Allemagne et la Pologne au Nord, la France et la Roumanie au Sud interviendront pour « empêcher » la défaite totale.

On aura alors un bourbier suffisamment grand pour « éviter » l’emploi d’armes atomiques… Du moins, c’est ce que disent les militaires français. En réalité, on va avoir une guerre généralisée en Europe, donc à mort y compris contre des installations civiles, bien loin du conflit Russie-Ukraine consistant en une guerre des tranchées entre frères ennemis.

Soit le camp du Socialisme en France se reconstitue et triomphe par et contre cette marche à la guerre, soit le bellicisme l’emporte et là c’est le désastre. Telle est l’actualité principale, la clef historique.

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Refus de l’hégémonie

L’accord France-Ukraine de 2024

Voici le texte de l’accord entre la France et l’Ukraine à l’occasion de la visite du président ukrainien Volodymyr Zelensky à Paris en février 2024. C’est un accord militaire relevant de la bataille pour le repartage du monde, avec à l’arrière-plan l’affrontement entre les superpuissances américaine et chinoise.

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16 février 2024

ACCORD DE COOPÉRATION EN MATIÈRE DE SÉCURITÉ ENTRE LA FRANCE ET L’UKRAINE

La France et l’Ukraine, ci-après dénommées individuellement et respectivement « le Participant français » et « le Participant ukrainien » et conjointement « les Participants »,

Réaffirmant leur solidarité face à l’agression armée de la Fédération de Russie contre l’Ukraine en violation du droit international, de la Charte des Nations Unies, de l’Acte final d’Helsinki et de la Charte de Paris ;

Réaffirmant le droit inhérent de l’Ukraine à la légitime défense, conformément à l’article 51 de la Charte des Nations Unies ;

Reconnaissant que l’invasion à grande échelle, illégale et non provoquée de l’Ukraine par la Russie constitue une menace pour la paix et la sécurité internationales et une violation flagrante du droit international, notamment de la Charte des Nations Unies ;

Réaffirmant leur attachement indéfectible à l’objectif stratégique d’une Ukraine libre, indépendante, démocratique et souveraine, dans ses frontières internationalement reconnues à partir de 1991, capable de se défendre et de dissuader toute agression future ;

Reconnaissant l’importance des principes fondamentaux d’une paix juste et durable énoncés dans le plan de paix ukrainien, conforme au droit international ;

Réaffirmant leur profond attachement aux principes démocratiques, à l’État de droit, à la bonne gouvernance, au respect des libertés fondamentales et des droits de l’Homme ;

Réaffirmant l’objectif de l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne et le fait que la sécurité de l’Ukraine fait partie intégrante de la sécurité de l’Europe et de la région euro-atlantique ;

Rappelant les décisions historiques du Conseil européen du 23 juin 2022 et du 14 décembre 2023 d’accorder à l’Ukraine le statut de candidat et d’ouvrir des négociations d’adhésion avec l’Ukraine, soulignant que l’élargissement est un investissement géostratégique dans la paix, la sécurité, la stabilité et la prospérité ;

Considérant la Déclaration commune de soutien à l’Ukraine adoptée à Vilnius le 12 juillet 2023 par les dirigeants du G7, que 25 pays ont depuis lors approuvée à date du 16 février 2024 ;

Ont conjointement décidé de renforcer leur coopération bilatérale sur le long terme en matière de sécurité en poursuivant les mesures énoncées dans le présent accord :

I.     INTRODUCTION

Les Participants confirment qu’ils soutiennent la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de l’Ukraine dans ses frontières internationalement reconnues depuis 1991. Ils souhaitent réaffirmer le droit souverain de chaque État de choisir librement ses arrangements de sécurité.

Par cet accord, la France et l’Ukraine approfondiront leur coopération et leur partenariat, qui sont fondés sur leurs intérêts communs en faveur de la défense de l’ordre international, de la paix et de la protection des droits de l’Homme et des libertés fondamentales.

Les Participants réaffirment que la sécurité de l’Ukraine fait partie intégrante de la sécurité euro-atlantique et mondiale. La France confirme que la future adhésion de l’Ukraine à l’OTAN constituerait une contribution utile à la paix et à la stabilité en Europe. Les Participants coordonneront et renforceront leurs efforts conjoints pour soutenir l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN.

Les principaux éléments des engagements de sécurité à long terme pris par la France à l’égard de l’Ukraine dans le cadre de cet accord sont les suivants :

  • la fourniture d’une assistance globale à l’Ukraine pour la protection et le rétablissement de son intégrité territoriale dans ses frontières internationalement reconnues, ainsi que pour le relèvement économique et la reconstruction ; 
  • la prévention, la dissuasion active et les mesures à prendre face à toute nouvelle agression de la part de la Fédération de Russie ;
  • le soutien à l’intégration de l’Ukraine dans les institutions européennes et euro-atlantiques, notamment en soutenant l’adhésion de l’Ukraine à l’UE et l’interopérabilité avec l’OTAN. 

II. COOPÉRATION DANS LE DOMAINE DE LA SÉCURITÉ

1. Coopération générale au renforcement de la sécurité de l’Ukraine

Le Participant français fournira une assistance militaire et civile pour permettre à l’Ukraine de défendre sa souveraineté, son indépendance et son intégrité territoriale face à l’agression de la Fédération de Russie, de manière bilatérale par le biais d’accords, ainsi que par l’intermédiaire des institutions et organisations auxquelles elle est partie.

Le Participant français contribuera à renforcer les capacités militaires, la résilience et la stabilité économique de l’Ukraine, afin de décourager toute agression future.

Afin d’assurer plus efficacement la réalisation de cette coopération, le Participant ukrainien, avec l’aide du Participant français, maintiendra et développera de manière continue et efficace sa capacité à résister à une agression armée.

2. Coopération en matière de communication stratégique et de lutte contre l’ingérence étrangère et la manipulation de l’information

Les Participants reconnaissent que la Fédération de Russie continue de manipuler l’information à l’appui de sa guerre contre l’Ukraine et s’efforceront de continuer à soutenir mutuellement les efforts qu’ils déploient pour contrer l’ingérence numérique et la manipulation de l’information par la Russie ainsi que la propagande au niveau mondial.

Le Participant français aidera l’Ukraine à rejoindre les instruments collectifs de lutte contre l’ingérence étrangère et la manipulation de l’information.

Les Participants collaboreront pour améliorer les capacités de l’Ukraine à contrer l’ingérence étrangère et les manipulations de l’information, principalement la propagande et les campagnes de désinformation russes, partageront leurs expériences et favoriseront l’élaboration de programmes communs d’enseignement et de formation pour les professionnels de l’intégrité de l’information.

3. Coopération dans le domaine de la cybersécurité

Les Participants travailleront ensemble à permettre à l’Ukraine de détecter, dissuader et perturber toute agression cybernétique, tout cyber espionnage, notamment en renforçant la résilience cybernétique et la protection des infrastructures essentielles contre les cyberattaques, tout en soutenant la modernisation et la réforme de l’architecture de sécurité de l’Ukraine, et en fournissant une assistance technique internationale à l’Ukraine.

Les Participants travailleront ensemble à augmenter le coût de l’utilisation irresponsable des capacités cybernétiques par la Fédération de Russie et d’autres acteurs étatiques et non étatiques hostiles contre les Participants. Ils renforceront également leur coopération opérationnelle dans la lutte contre la cybercriminalité.

Les Participants s’efforceront d’approfondir la coopération de l’Ukraine avec les structures de l’UE et de l’OTAN en matière de cybersécurité.  

4. Protection des infrastructures critiques

Le Participant français contribuera au développement des capacités de protection des infrastructures critiques de l’Ukraine, y compris par des moyens militaires, en donnant la priorité, sans s’y limiter, aux capacités modernes de défense aérienne.

Les Participants envisageront des programmes conjoints d’enseignement et de formation pour les spécialistes de la protection des infrastructures critiques.

Les Participants renforceront leur coopération dans le domaine de l’amélioration de la résilience et de la préparation des entités gouvernementales et civiles, notamment par le partage d’informations, l’échange de bonnes pratiques et le retour d’expérience. Les Participants approfondiront également leur coopération sur l’évaluation des vulnérabilités des chaînes d’approvisionnement vitales, la rétro-ingénierie des biens et services critiques, la constitution de stocks stratégiques, ainsi que les questions logistiques correspondantes.

Le Participant français travaillera avec l’Ukraine à identifier des sources de financement afin de développer la protection et la résilience des infrastructures critiques, y compris par le biais du Fonds de soutien aux infrastructures critiques et secteurs prioritaires de l’économie ukrainienne mis en place par le Participant français pour l’Ukraine.

5. Coopération en matière de renseignement et de contre-espionnage

Les Participants poursuivront et s’efforceront d’approfondir leur coopération dans le domaine du renseignement et du contre-espionnage conformément au cadre défini par les accords bilatéraux, sans préjudice de leurs intérêts nationaux et dans le respect de la législation de chaque Participant.

6. Coopération dans le domaine de la lutte contre la grande criminalité et la criminalité organisée

Les Participants prendront des mesures pour contrer les activités de la grande criminalité organisée (GCO), en particulier les individus et les groupes qui tentent de s’infiltrer dans la société ukrainienne, qui ont une influence criminelle dans certaines régions, y compris celles qui sont temporairement occupées, et qui sont activement utilisées comme outil de guerre hybride pour contrecarrer les processus de reconstruction et de réconciliation en Ukraine.

Afin de contrer les activités de la GCO, les Participants prendront des mesures pour :

  • mener des opérations conjointes pour détecter et supprimer la GCO ;
  • analyser la situation criminelle dans les pays et identifier les principaux risques liés à la GCO ;
  • identifier et tracer les dividendes et les instruments du crime organisé en vue d’en faciliter la saisie et, le cas échéant, la confiscation ;
  • créer des groupes de travail et des équipes d’enquête conjoints composés de procureurs et d’autres parties, en fonction des besoins identifiés ;
  • faciliter l’offre de formation et le partage des meilleures pratiques.

Les mesures susmentionnées ne sont pas exhaustives et les Participants peuvent recourir à d’autres formes de coopération pour atteindre leurs objectifs en matière de lutte contre la GCO.

III. COOPÉRATION EN CAS D’AGRESSION ARMÉE FUTURE

Toute invasion russe future violerait la Charte des Nations Unies et les principes fondamentaux du droit international, et porterait gravement atteinte à la sécurité euro-atlantique, y compris celle de la France.

En cas de future agression armée russe contre l’Ukraine, à la demande de l’un ou l’autre des Participants, les Participants mèneront des consultations dans les 24 heures pour déterminer les mesures nécessaires pour contrer ou dissuader l’agression.

Dans ces circonstances, et conformément à ses obligations légales et constitutionnelles, le Participant français fournira à l’Ukraine une assistance rapide et soutenue en matière de sécurité, des équipements militaires modernes dans tous les domaines, selon les besoins, et une assistance économique ; il imposera des coûts, économiques notamment, à la Russie et consultera l’Ukraine sur ses besoins dans le cadre de l’exercice de son droit à la légitime défense consacré par l’article 51 de la Charte des Nations unies.

Afin de garantir la réponse collective la plus large et la plus efficace à toute agression future, les Participants peuvent modifier ces dispositions afin de s’aligner sur tout mécanisme que l’Ukraine pourrait ultérieurement convenir avec ses autres partenaires internationaux, y compris les Participants à la déclaration conjointe du 12 juillet 2023.

IV. COOPÉRATION DANS L’INDUSTRIE MILITAIRE ET DE DÉFENSE

7. Coopération militaire et de défense

Les Participants travailleront ensemble et avec d’autres partenaires de l’Ukraine à faire en sorte que les forces de défense et de sécurité ukrainiennes soient en mesure de rétablir pleinement l’intégrité territoriale de l’Ukraine dans ses frontières internationalement reconnues depuis 1991, ainsi que d’accroître la résilience de l’Ukraine de manière à ce qu’elle soit suffisante pour dissuader les agressions futures et s’en défendre. Il s’agira notamment, mais pas exclusivement, de travailler ensemble pour que les institutions de sécurité militaires et non militaires de l’Ukraine soient en mesure de fonctionner efficacement selon les normes européennes et euro-atlantiques et soient pleinement responsables devant le peuple, le parlement et le gouvernement ukrainiens. 

Les Participants travailleront ensemble à la mise en place d’une force durable capable de défendre l’Ukraine aujourd’hui et de dissuader l’agression russe à l’avenir, grâce à la fourniture continue d’une assistance en matière de sécurité et d’équipements militaires modernes dans les domaines terrestre, aérien, maritime, spatial et cybernétique, en accordant la priorité, sans s’y limiter, à la défense aérienne, à l’artillerie, à la capacité de frappe de longue portée, aux véhicules blindés, aux capacités de l’armée de l’air et à d’autres capacités essentielles.

Le Participant français, aux côtés d’autres partenaires internationaux, aidera l’Ukraine à renforcer sa capacité de dissuasion et de défense contre les agresseurs extérieurs en développant de futures forces de défense armées modernes, de plus en plus interopérables avec l’OTAN et contribuant aux forces de l’OTAN. Cela inclut le développement d’un secteur de défense moderne en Ukraine et d’une voie vers un avenir au sein de l’OTAN.

Le Participant français aidera l’Ukraine à préserver ses capacités qualitatives militaires et de défense dans un contexte de transformation rapide, incertaine et difficile de la politique et de la sécurité régionales.

Dans le domaine militaire, sans préjudice de leur position dans le contexte de la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine, les Participants proposent d’établir une coopération permettant au Participant ukrainien de développer des capacités militaires complètes dans les domaines suivants, qui ne sont pas exhaustifs :

  1. Équipements militaires, y compris par le biais d’une coopération industrielle, en particulier dans les domaines de l’artillerie et de la défense aérienne, mais aussi dans les domaines des véhicules blindés, de la sécurité maritime, du soutien médical militaire, des technologies de l’information et du déminage ;
  2. Formation des forces ukrainiennes de défense et de sécurité, à titre national et dans le cadre européen, y compris le programme de formation des formateurs, la formation spécialisée dans des domaines tels que l’artillerie, la défense aérienne, les véhicules blindés, les forces aériennes et la sécurité maritime, les nouvelles technologies et le déminage ;
  3. Soutien initial et soutien au lancement de la maintenance par les fabricants, sur le terrain si nécessaire ;
  4. Soutien structurel à la réforme du secteur de la défense ;
  5. Soutien aux initiatives de cyberdéfense et de résilience, y compris pour faire face aux menaces hybrides ;
  6. Assistance au système ukrainien de soutien médical pour le traitement et la réadaptation des militaires ukrainiens ;
  7. Soutien au développement des forces de défense et de sécurité ukrainiennes, y compris, mais sans s’y limiter : conception des forces futures, évolution vers les concepts et les procédures opérationnelles de l’OTAN, formation du commandement et de l’état-major, exercices combinés, et amélioration de la compatibilité et de l’interopérabilité avec les Alliés de l’OTAN ;
  8. Soutien à la protection et à la défense des frontières, au génie et à la fortification, à la surveillance, au suivi des mouvements de troupes ennemies, à la reconstruction des infrastructures frontalières après la guerre, au déminage et à l’élimination des munitions non explosées ;

Le Participant français soutiendra les plans et les structures de gouvernance des coalitions capacitaires dans le cadre du Groupe de contact pour la défense de l’Ukraine, en jouant un rôle de premier plan dans les coalitions sur l’artillerie et la défense aérienne, et en participant aux coalitions sur la force aérienne et la sécurité maritime, ainsi qu’à d’autres coalitions auxquelles le Participant français est susceptible de contribuer, à la fois pour fournir la force future et pour apporter plus de cohérence à la fourniture de capacités dans la guerre en cours.

Le fonds bilatéral d’aide à la sécurité et à la défense de l’Ukraine, en bonne coordination avec la Facilité européenne de paix, permettra de soutenir ces efforts de coopération dans les domaines concernés.

La France a fourni à l’Ukraine une aide militaire d’une valeur totale de 1,7 milliard d’euros en 2022 et de 2,1 milliards d’euros en 2023. En 2024, la France fournira jusqu’à 3 milliards d’euros de soutien supplémentaire.

Les Participants s’efforceront de faire en sorte que les capacités militaires de l’Ukraine soient d’un niveau tel qu’en cas d’agression militaire extérieure contre la France, l’Ukraine soit en mesure de fournir une assistance militaire efficace. Les modalités, le format et la portée de cette assistance seront déterminés par les Participants.

Le Participant français poursuivra son soutien à l’Ukraine pendant les dix ans que durera le présent accord. 

8. Coopération dans le domaine de l’industrie de la défense

Les Participants s’efforceront de coopérer dans le domaine de l’industrie de la défense et de la sécurité, notamment dans le but de promouvoir la coopération entre leurs industries de défense et de renforcer la normalisation et l’interopérabilité de leurs équipements de défense. Les Participants chercheront, dans la mesure du possible, à développer un partenariat industriel impliquant des entreprises de défense françaises et ukrainiennes et, dans la mesure du possible, libre de toute restriction émanant de tiers.

Le Participant français contribuera au développement de la base industrielle de défense de l’Ukraine, notamment par le biais d’investissements français, de la localisation de la production en Ukraine et de la production conjointe pour la fabrication d’armes et de munitions prioritaires. Les Participants faciliteront la création de coentreprises, notamment pour l’entretien et la réparation d’armes et d’équipements militaires.

Le Participant français travaillera avec l’Ukraine pour identifier les sources de financement nécessaires pour permettre le développement de la base industrielle de défense de l’Ukraine et pour encourager les investissements dans de nouvelles capacités.

Les Participants travailleront ensemble pour éliminer les goulets d’étranglement existants dans la chaîne d’approvisionnement en matériel de défense qui empêchent la France et l’Ukraine de développer leurs capacités de fabrication d’armes et de munitions prioritaires. À cette fin, le Participant français travaillera avec son industrie de défense et l’Ukraine pour renforcer la chaîne d’approvisionnement en matériaux critiques nécessaires à la fabrication de munitions et d’autres armes prioritaires, en particulier les munitions de gros calibre.

Les Participants travailleront ensemble pour renforcer la protection des technologies transférées et des droits de propriété intellectuelle.

Les Participants favoriseront l’échange d’informations sur leurs efforts respectifs de recherche et de développement en matière de défense afin de mettre en œuvre des projets et des programmes conjoints visant à développer de nouveaux armements et équipements. Dans cet objectif, le dialogue entre le ministère français des Armées et le ministère ukrainien des Industries stratégiques sera renforcé. Le dialogue entre la Direction générale de l’armement et l’Agence d’acquisition de défense sera également renforcé, conformément à la lettre d’intention signée entre les deux organisations lors de la visite du ministre français des Armées à Kiev en septembre 2023.

Le Participant français soutiendra les efforts de l’Ukraine pour intégrer son industrie de défense dans les cadres de défense et de sécurité de l’OTAN et de l’UE. 

V. COOPÉRATION DANS LE DOMAINE CIVIL

9. Assistance humanitaire

Le Participant français poursuivra son assistance humanitaire pour répondre aux besoins immédiats de la population ukrainienne face à l’agression armée de la Fédération de Russie. Il contribuera également, aux côtés de ses partenaires, au relèvement économique, à la reconstruction et à la modernisation de l’Ukraine, afin de restaurer et de renforcer sa stabilité économique, de réduire ses dépendances et vulnérabilités et de construire une base économique et industrielle plus solide, innovante, durable et résiliente, notamment dans le cadre des négociations d’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne.

Le Participant français s’efforcera de poursuivre dans la durée le soutien en cours à l’Ukraine, notamment dans les secteurs des transports, de l’énergie, de l’agriculture, de l’eau, du déminage humanitaire, des infrastructures critiques, du numérique, du logement et de la santé.

Le Participant français utilisera les instruments économiques et financiers à sa disposition, en coopération avec toutes les organisations internationales concernées et ses partenaires.

10. Soutien au programme de réformes de l’Ukraine

Le Participant français se félicite de la décision d’ouvrir des négociations d’adhésion avec l’Ukraine et salue les progrès substantiels accomplis par l’Ukraine pour atteindre les objectifs qui sous-tendent le processus d’adhésion.

Le Participant ukrainien s’efforcera de poursuivre son ambitieux programme de réformes, en particulier dans le cadre de son processus d’adhésion à l’Union européenne, afin de satisfaire aux obligations requises pour l’adhésion à l’UE. Le Participant ukrainien poursuivra ses réformes systémiques dans les secteurs de la défense et de la sécurité, notamment en ce qui concerne le contrôle civil des forces armées ainsi que l’efficacité et la transparence des institutions et de l’industrie de défense de l’Ukraine. Il s’efforcera d’approfondir les réformes clés dans les domaines de la justice et de l’État de droit, de la lutte contre la corruption et le blanchiment d’argent, de la modernisation de son appareil d’État, de la décentralisation, de la protection des droits des personnes appartenant à des minorités, de la transparence et de la bonne gouvernance, tant dans le secteur économique que dans le secteur de la défense et de la sécurité. La mise en œuvre de ces réformes contribuera au renforcement de la démocratie, au respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales, à la modernisation et à la résilience de l’économie ukrainienne.

Le Participant français réaffirme son intention de soutenir pleinement l’objectif d’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne. Dans cette perspective, le Participant français apportera un soutien technique à la mise en œuvre des réformes nécessaires, notamment en matière d’État de droit, de réforme de la justice, de lutte contre la corruption, de modernisation de l’appareil d’État, de décentralisation, de transparence et de contrôle civil dans le secteur de la défense, y compris le déminage. A cette fin, le Participant français prévoit le déploiement d’experts techniques intégrés à l’administration ukrainienne. 

11. Relèvement et reconstruction de l’Ukraine

Le Participant français s’efforcera de continuer à favoriser l’implication des entreprises privées, des collectivités locales et des organisations non gouvernementales dans le processus de reconstruction, dans le prolongement des actions initiées lors de la Conférence pour la résilience et la reconstruction de l’Ukraine qui a été organisée à Paris le 13 décembre 2022.

Les Participants reconnaissent la nécessité d’unir les efforts visant à protéger la population et les territoires de l’Ukraine des conséquences négatives causées par les mines et les engins explosifs non détonés.

A cette fin, le Participant français utilisera les outils bilatéraux appropriés, en bonne coordination et en optimisant autant que possible l’effet de levier avec les fonds européens et privés, y compris dans le cadre de la Facilité Ukraine de l’Union européenne qui vise à préparer l’Ukraine à une future adhésion à l’Union en soutenant son processus d’adhésion.

Le Participant ukrainien poursuivra la mise en œuvre de toutes les réformes requises dans le cadre de son processus d’adhésion à l’Union européenne et du plan ukrainien.

Le Participant français aidera l’Ukraine à planifier la réintégration des territoires temporairement occupés, à contribuer à la stabilisation dans les domaines vitaux et à la réhabilitation socio-économique, en particulier dans les zones libérées, les zones de la ligne de front et les zones limitrophes de la Russie, à promouvoir un relèvement social inclusif et à répondre aux besoins des plus vulnérables, y compris par des actions en faveur des femmes, des systèmes de protection sociale et des anciens combattants.

12. Indemnisation des pertes, préjudices et dommages causés par l’agression russe

Les Participants réaffirment que la Fédération de Russie doit payer pour la reconstruction à long terme de l’Ukraine. Conformément au système juridique français, les actifs souverains russes relevant de la juridiction de la France restent immobilisés jusqu’à ce que la Fédération de Russie ait payé pour les dommages qu’elle a causés à l’Ukraine. Le Participant français, en collaboration avec ses partenaires, continuera à explorer toutes les voies légales compatibles avec les obligations contractuelles applicables et conformes au droit européen et international, par lesquelles les avoirs russes pourraient être utilisés pour soutenir l’Ukraine.

En priorité, les Participants continueront à travailler ensemble, avec les États du G7 et d’autres, à la mise en place d’un mécanisme d’indemnisation des dommages, pertes ou préjudices causés par l’agression de la Russie, comme le prévoit le statut du registre des dommages causés par l’agression de la Fédération de Russie contre l’Ukraine, adopté par la résolution du Comité des ministres du Conseil de l’Europe CM/Res(2023)3. À cet égard, les Participants exploreront les options appropriées pour le financement d’un mécanisme d’indemnisation afin de fournir une indemnisation rapide et adéquate aux victimes de l’agression.

13. Sanctions

Les Participants reconnaissent la valeur des sanctions pour restreindre l’accès de la Fédération de Russie et d’autres États agresseurs au financement, aux biens, à la technologie et aux services qu’ils utilisent dans leur agression, pour réduire les sources de revenus de la Russie et pour dissuader de futures agressions. Les Participants continueront d’œuvrer pour que le coût de l’agression de la Russie continue d’augmenter, notamment par le biais de sanctions et de contrôles des exportations.

Alors que l’agression de la Fédération de Russie contre l’Ukraine se poursuit, le Participant français restera déterminé, dans le cadre européen, à appliquer des sanctions sévères contre les secteurs de l’économie russe et ceux qui, dans la Fédération de Russie et à l’extérieur, soutiennent la guerre ou en tirent profit, ou qui aident à contourner les sanctions dans les pays tiers. Le Participant français prendra également des mesures déterminées avec ses partenaires pour s’attaquer à toutes les formes de contournement des sanctions et pour renforcer sa propre résilience contre les financements illicites et les individus liés au pouvoir russe.

Les Participants se fourniront mutuellement des informations appropriées et actualisées sur les motifs des sanctions et d’autres informations pertinentes, dans le respect des obligations et des législations nationales en la matière.

14. Redevabilité

Les Participants réaffirment leur engagement à tenir la Fédération de Russie pour responsable des pertes ou des dommages causés à des personnes et à des entités, ainsi qu’à l’État ukrainien, du fait des actes internationalement illicites qu’elle a commis en Ukraine ou contre l’Ukraine, y compris son agression en violation de la Charte des Nations Unies.

Les Participants réaffirment qu’il ne doit pas y avoir d’impunité pour les crimes de guerre et autres atrocités et que la Fédération de Russie doit en assumer la responsabilité juridique, notamment en réparant tout dommage causé par de tels actes, ce qui contribuera également à dissuader de futures agressions et à soutenir la résilience de l’Ukraine. 

Les Participants s’efforceront de demander des comptes aux responsables de crimes de guerre et d’autres crimes internationaux, commis en Ukraine ou contre l’Ukraine dans le contexte de la guerre d’agression de la Russie, conformément au droit international, notamment en soutenant les travaux du bureau du procureur général de l’Ukraine et de la Cour pénale internationale afin de garantir que les allégations de crimes de guerre fassent l’objet d’enquêtes complètes et équitables menées par des mécanismes juridiques indépendants, efficaces et robustes.

Les Participants poursuivront leur engagement au sein du « Groupe sur les options pour la création d’un tribunal sur le crime d’agression contre l’Ukraine ».

VI. MISE EN ŒUVRE DE LA COOPÉRATION

Les Participants mettront en œuvre cette coopération conformément à leurs obligations internationales et nationales, ainsi qu’aux engagements européens de la France.

Les Participants désigneront, si nécessaire, des organismes autorisés pour l’élaboration et la mise en œuvre d’accords bilatéraux conformément aux domaines de coopération spécifiés dans le présent accord.

Les Participants s’informent mutuellement par la voie diplomatique des autorités compétentes chargées de la mise en œuvre du présent accord.

Ces autorités mèneront des consultations afin de discuter, de prendre les décisions nécessaires et d’entreprendre les actions requises dans le cadre du présent accord.

Les organes autorisés des Participants peuvent conclure des accords exécutifs et techniques sur des domaines spécifiques de coopération dans le cadre de la mise en œuvre du présent accord.

VII. DÉLAI ET AUTRES DISPOSITIONS

Le présent accord est valable pour une durée de dix ans à compter de la date de sa signature.

Conformément à la déclaration conjointe du G7 du 12 juillet 2023, les Participants entendent que le présent accord reste en vigueur pendant que l’Ukraine poursuit son chemin vers une future adhésion à la communauté euro-atlantique.

Dans l’hypothèse où l’Ukraine deviendrait membre de l’OTAN avant la fin du présent accord, les Participants décideront de son futur statut.

Le présent accord peut être résilié par l’un ou l’autre des Participants en notifiant par écrit à l’autre Participant son intention de résilier l’accord. Le présent accord sera résilié six mois après la date de réception de cette notification.

Le présent accord peut être modifié et complété d’un commun accord entre les Participants, par écrit.

Le présent accord prendra effet à la date de sa signature.

Signé à Paris le 16 février 2024, en double exemplaire, en langues française et ukrainienne.

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Refus de l’hégémonie

Navalny : du RN à LFI, tous pour la guerre contre la Russie

Décédé le 16 février 2024, Alexeï Navalny était un homme politique russe sur une ligne brutalement populiste et nationaliste, qui a eu un tournant pro-Union européenne et pro-Otan. Il est alors devenu la principale figure de l’agitation pro-occidentale en Russie durant les années 2010.

C’est pourquoi toutes les forces politiques françaises le pleurent, depuis Marine Le Pen jusqu’à Jean-Luc Mélenchon. La France est entièrement aux mains du capitalisme occidental et de son objectif qui est l’affrontement militaire avec la Russie pour se l’approprier. En perdant Alexeï Navalny, elles perdent leur espoir d’un soulèvement interne pro-occidental en Russie.

Alexeï Navalny lors d’une manifestation à Moscou en 2012, wikipédia

C’est que les forces libérales en Russie sont totalement déconnectées de la réalité russe et le plus souvent composées de gens habitant en occident. Leur impact, leur influence, leur marge de manœuvre sont totalement nulles. Avec Alexeï Navalny, cela devait changer. Une alliance devait permettre de concrétiser un assemblage de forces, absurde mais efficace, pour chercher à modifier le régime.

Alexeï Navalny a ainsi obtenu 27,2% des voix aux élections municipales de Moscou en 2013. Quant à ses propres opinions politiques, il les a passés sous silence alors, afin d’émerger comme figure de proue d’une contestation appelant à un tournant « occidental ». C’est la raison pour laquelle tous les médias occidentaux n’ont cessé depuis de l’encenser.

Alexeï Navalny en procès en 2021, photo d’Evgeny Feldman, wikipédia

En fait, pour insister dans l’analyse, l’alliance n’est pas si absurde, car Alexeï Navalny était un nationaliste russe au sens ethnique (et raciste) du terme. Il pouvait donc converger avec la logique occidentale (et nationaliste ukrainienne) de démantèlement de la Fédération de Russie.

La figure de Navalny permettait tout à fait le discours comme quoi la Russie est une dictature depuis toujours, un empire « moscovite » pratiquant la violence aveugle, etc. L’objectif est très clair ici, c’est la destruction de la Russie comme nation. Alexeï Navalny voulait terminer président ou dictateur d’une petite « Moscovie » instaurée par l’occident.

Sondage en ligne du Figaro œuvrant à la propagande belliciste

Alexeï Navalny, profitant des appuis libéraux pro-occidentaux, avait cherché à taper où cela fait mal, afin d’obtenir un succès dans les masses. Il avait pour cette raison fait de la lutte contre la corruption son thème de prédilection.

C’est alors que les « mésaventures » arrivèrent. Il écope notamment de cinq ans de camp avec sursis en juillet 2013 pour… détournement d’argent, et en 2020 il part se faire soigner à Berlin, selon les occidentaux en raison d’un empoisonnement avec un produit neurotoxique militaire russe.

Revenu en Russie en janvier 2021, le sursis fut révoqué, ce qui provoqua des manifestations (avec 10 000 arrestations). L’occident tenta de lui sauver la mise en lui accordant le « prix Sakharov de défense de la liberté de pensée » en octobre 2021.

La réponse fut qu’il a ensuite été considéré comme coupable d' »escroquerie » et « outrage à magistrat », avec en mars 2022 une peine de 9 ans de prison. Un an plus tard, c’est la condamnation pour « extrémisme » à 19 ans de prison, et l’emprisonnement dans la colonie pénitentiaire de Kharp, dans l’Arctique russe, où il est décédé.

La mort d’Alexeï Navalny, juste avant l’élection présidentielle de mars 2024, a été le point culminant de toutes les années 2010, années où le régime russe s’est débarrassé en pratique à la fois de toutes les structures libérales, mais aussi de toutes les structures nationalistes racistes pourtant très puissantes.

Alexeï Navalny lors d’une manifestation à Moscou en 2017, photo d’Evgeny Feldman, wikipédia

La mort d’Alexeï Navalny douche les espoirs occidentaux, alors qu’en plus l’armée russe commence à prendre le dessus dans son conflit militaire avec le régime ukrainien. D’où la vague complète de propagande dénonçant la Russie comme le mal absolu, afin d’accorder à l’occident toutes les qualités.

Les deux grandes figures du libéralisme ont été en première ligne : le président français Emmanuel Macron a expliqué que « dans la Russie d’aujourd’hui, on met les esprits libres au goulag », et le premier ministre canadien Justin Trudeau a déclaré que le président Vladimir Poutine était « un monstre ».

Et derrière la critique libérale, il y a surtout le fait de faire la guerre à la Russie. Emmanuel Macron a ouvertement parlé de guerre avec la Russie, présentée naturellement comme à l’origine de l’agression.

« La mort de Navalny nous a tous bouleversés. Elle rappelle de la plus tragique des manières la dureté du régime du Kremlin.

La Russie est entrée dans une nouvelle phase. Une phase d’agression à l’égard des pays européens. Et de durcissement dans son pays où une forme d’impunité s’est installée : tuer les opposants et interdire les autres candidats. »

Le responsable britannique des Affaires étrangères, David Cameron, a affirmé que « Poutine doit rendre des comptes pour ce qui s’est passé, personne ne doit douter de la nature épouvantable de son régime ». Son homologue américain, Antony Blinken, a expliqué que  « la Russie est responsable de cette situation ».

La première ministre italienne, Georgia Meloni, a parlé d’un « nouvel avertissement pour la communauté internationale ». Et c’est un bon exemple, car elle est d’extrême-Droite et alignée sur l’Otan. C’est bien ce qui se passe, en France également.

On sait qu’en France, on lit souvent que le Rassemblement national ou La France insoumise seraient opposés à l’Otan ou à la superpuissance américaine. C’est totalement faux, ils se sont alignés, et ce depuis le début du conflit en Ukraine. Les forces jouant sur le nationalisme s’alignent immanquablement sur les intérêts nationaux bourgeois, et comme la France est désormais un satellite de la superpuissance américaine…

Jordan Bardella, à la tête du Rassemblement national avec Marine Le Pen, a publié le message suivant sur X/Twitter :

« Alexeï Navalny est mort dans la prison de l’Arctique où il purgeait une peine de 19 ans pour son opposition au régime. C’est une nouvelle tragique pour tous les défenseurs des droits humains et des libertés fondamentales. »

Marine Le Pen a salué sobrement Navalny comme un « militant politique engagé dans la défense de la démocratie »; elle avait tenté de profiter du soutien de la Russie (qu’elle avait également obtenu en un certain sens, notamment avec un prêt bancaire), alors elle évite d’en faire trop. Mais son alignement sur la superpuissance américaine et l’Otan est totale.

Jean-Luc Mélenchon a lui aussi salué Navalny, « au-delà des désaccords ». Une bonne expression pour signifier l’Union sacrée autour des intérêts de l’occident.

Alexeï Navalny était un nationaliste associé au libéralisme, que pouvait-on attendre d’un type pareil, qui espérait simplement parvenir au pouvoir en « Moscovie » par la main-mise occidentale sur la Russie dépecée ?

C’est là qu’on voit la convergence générale avec les visées impérialistes occidentales de la part de tout le personnel politique français, et également de la société française, corrompue par la société de consommation.

Il a été dit ici et il est donc répété : oui, la France est en guerre avec la Russie, une guerre dirigée par la superpuissance américaine, et à l’arrière-plan l’actualité réelle sur le plan mondial, c’est la confrontation entre les superpuissances américaine et chinoise.

Toute l’agitation française en faveur de Navalny est à la fois une contribution à la marche vers la guerre mondiale de repartage du monde et un reflet de cette guerre déjà installée dans le paysage.

Il faut assumer la position de la Gauche historique et affirmer que l’ennemi est dans notre propre pays. Pour la défaite de l’Otan – et la déroute de l’Occident !

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Rapport entre les classes

La France, simple décoration prête au crash

Les jeux sont faits ! En février 2024, on peut dire que plus rien ne sert à rien, qu’il n’y a plus qu’à attendre ce qui va se passer. Et les choses sont simples. Soit la France n’est que ce qu’elle est, c’est-à-dire pas grand chose, un territoire de petits-bourgeois rêvant de vivre replié sur eux-mêmes, sur leur couple et leur « bien-être », en ne prenant aucune responsabilité et en râlant sur tout.

Alors, les Jeux olympiques de l’été 2024 seront un succès bourgeois, et aux élections européennes, l’extrême-Droite obtiendra un très bon score. Les bourgeois gagnent encore et toujours, le peuple vote à l’extrême-Droite pour que ce soit moins brutal, moins « mondialisé », et c’est tout.

Paris continuera d’être le centre des plus riches, le reste du pays le territoire de ceux qui le sont moins, beaucoup moins ou pas du tout, mais cela ne change rien à l’affaire. La France tourne, Mondial Relay distribue, le capitalisme tourne et la Russie est chaque jour davantage l’objectif militaire.

Soit c’est l’autre option, et tout ce que la France a charrié historiquement sur le plan de la lutte de classes connaît une émergence subite. Finies les stupidités comme la pseudo protestation contre la réforme des retraites, la répétition en version nihiliste de la révolte des banlieues, ou bien les agriculteurs capitalistes prenant le masque de « paysans » en protestation.

Non, si c’est l’autre option, alors cela y va vraiment. Il y a réappropriation de tout : du patrimoine de la lutte et de la conscience du prolétariat, des valeurs de la Gauche historique. Le rapport entre les classes se voit modifié, la contradiction entre bourgeoisie et prolétariat se redessine, les gens s’alignent sur des perspectives de classe.

Du jour au lendemain, des connaissances aussi ardues que celles sur Spinoza, le Capital de Karl Marx ou le matérialisme dialectique se voient étudiées, assimilées, du jour au lendemain par on ne sait qui, sorti d’on ne sait où. L’Histoire réapparaît, c’est le glissement de terrain dans l’Histoire française, et on passe du nihilisme médiocre à des consciences intenses, aiguës, tendues.

Ce n’est plus Paris qui reste le centre, cette ville embourgeoisée à tous les degrés, mais la France en tant que formation historique à bout de souffle, devant passer à « autre chose ».

Dialectiquement, les deux options sont possibles. Pour l’instant toutefois, c’est le scénario à l’américaine : les villes « civilisées » votent à « gauche » pour profiter de la « mondialisation » et les campagnes « barbares » votent à droite, car elles n’en peuvent plus de la déstructuration du pays.

Il faut beaucoup d’efforts pour se sortir de là et les gens n’ont rien fait. Ils ne vont pas commencer non plus maintenant, c’est trop tard. Non, maintenant, il n’y a plus que le crash qui va jouer. Naturellement, chaque personne se dit que ce crash n’arrivera pas, tout tiendra, d’une manière ou d’une autre, comme ça l’a toujours fait.

Sauf que non. La France d’aujourd’hui n’a rien à voir avec celle d’il y a cinq ans, qui elle-même est foncièrement différente de celle d’il y a dix ans, et pareil à l’horizon de 15, 20, 25, 30 ans ! L’essor inexorable du capitalisme entre 1989 et 2020 a fondamentalement modifié le cadre des choses – même si le capitalisme n’a quant à lui pas changé de nature.

Les petits-bourgeois peuplant la France ont-ils réussi à être tellement corrompu que plus rien n’est possible, à part râler, éventuellement sur les réseaux sociaux ? Ou bien les choses vont mal tourner, révélant en 2024 le crash ?

Tout déraille, tout le monde fait semblant que ça tienne, cela continuera-t-il de suffire pour que les s’enfoncent et s’enfoncent, sans effondrement général ? Ou bien y aura-t-il un ressort, un saut dialectique, une déchirure historique ?

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Culture & esthétique

Merci Damo Suzuki !

Né le 16 janvier 1950 avant de s’en aller le 9 février 2024, Damo Suzuki est une figure marquante et attachante de la musique. Japonais parcourant le monde en mode bohème, il est découvert jouant de la musique sur les trottoirs de la ville de Munich en Allemagne et directement engagé par les membres du groupe Can. Il joue le soir même en concert et chante sur plusieurs albums, Soundtracks (1970), Future Days (1973), et surtout Tago Mago (1971), ainsi que Ege Bamyasi (1972).

Can

Can est un groupe dit de « Krautrock », la variante allemande de rock progressif. On parle ici d’un mélange de musique psychédélique, de jazz, de funk, avec l’utilisation des premiers matériels de musique électronique. Ecouter Can, c’est redécouvrir de nombreux groupes essentiels qui l’ont suivi : Joy Division, The Stone Roses, The Happy Mondays, Siouxsie and the Banshees, Cabaret Voltaire, Radiohead, The Jesus & Mary Chain, Sonic Youth, Portishead, Talk Talk, The Talking Heads, PIL, et plus tard on retrouve bien entendu Kanye West.

Can est emblématique d’un son répétitif envoûtant, au son particulièrement léché et d’un rythme dansant (ou bien au contraire très lancinant), avec une boucle psychédélique retrouvant pied grâce à la dynamique funk. C’est à la fois totalement minimaliste et entièrement plein, et toujours d’une pleine maîtrise musicale. On est ici chez des orfèvres de la musique.

En un sens, l’approche de Can est très intellectuel ou intellectualisé ; c’est entre Pink Floyd avec son approche psychédélique et le Velvet Underground (de White Light / White Heat) avec son approche abrasive underground. On est ici dans l’expérimental et il ne s’agit pas d’en faire un fétiche, ce que s’empressent de faire les snobs. On ne peut pas être un intellectuel bourgeois parisien – forcément « de gauche » – sans ne pas tarir d’éloge sur Can.

Si on voit les choses de manière socialiste par contre, on peut voir que Can a été à la base d’un mouvement de musique populaire de masse : la scène de Manchester appelée « Madchester », avec sa musique « avant-funk », sorte de démarche d’avant-garde de funk électronique avec tout un arrière-plan disco, dont les Happy Mondays sont un bon exemple. Can a produit tout un travail en amont et c’est en cela qu’il faut s’y intéresser et l’estimer. C’est sans doute de la musique pour musiciens, mais il en faut aussi.

Dans les Happy Mondays, il y a Bez qui ne sert à rien dans le groupe, il ne fait au sens strict que danser. Mais ce petit élément inégal tient justement à Can. Tout comme les postures de David Bowie ont bouleversé les jeunes qui formeront ensuite la vague gothic rock, la position de Damo Suzuki a inspiré ceux qui faisaient le dos rond au star system dans la musique.

Damo Suzuki chantait dans une langue inventée par lui, mais ce n’était pas un délire comme le feraient des tenants de l’art contemporain aujourd’hui, il y avait une idée de négation qu’on retrouve dans la « no wave », les sons répétitifs ou abrasifs à la PIL, Sonic Youth ou à la Jesus & Mary Chain (qui jouaient initialement souvent le dos au public).

Damo Suzuki insistait sur la dimension « spontanée », mais on parle ici d’un vrai artiste, avec un immense arrière-plan culturel. On est dans un travail sur la composition musicale, pas dans le subjectivisme.

Tago Mago fut enregistré dans un château prêté gratuitement au groupe par un collectionneur d’art, dans l’esprit « mécène » propre aux années 1960-1980, et inconcevable aujourd’hui dans la (haute) bourgeoisie.

En ce sens, merci Damo Suzuki, pour sa contribution à l’histoire de la musique, au développement de la composition musicale ! Il est un bon exemple de la rencontre inéluctable de toutes les nations du monde, de leur mélange, de leur fusion. Le monde de demain, fusion de toutes les nations en une seule humanité, regorgera de productions de valeur s’interpénétrant comme des vagues l’une en l’autre, à l’infini !

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Culture & esthétique

Triomphe bourgeois de l’exposition Van Gogh au musée d’Orsay

L’établissement public du musée d’Orsay et du musée de l’Orangerie – Valéry Giscard d’Estaing, plus connu sous le nom de musée d’Orsay, joue un rôle majeur dans le dispositif idéologique et culturel français. Il représente en effet le grand accompagnateur, celui qui présente de manière accompagnée la peinture du milieu du 19e siècle à 1914, en insistant de manière acharnée sur le rôle central de l’impressionnisme.

Autrement dit, c’est un lieu essentiel pour nier le réalisme, pour affirmer le subjectivisme, pour présenter l’individu et son égocentrisme comme inéluctable. Il n’y aura pas de révolution qui ne ferme le musée d’Orsay, et il n’y aura pas de révolution qui n’ait comme objectif de le fermer. Ou, plutôt, de le transformer, car le lieu, une ancienne gare, peut faire rêver.

Il est donc fort logique qu’il y ait un engouement bourgeois fondamental pour le musée d’Orsay et ses expositions. Celles-ci sont de véritables messes bourgeoises de masse. Celle qui fut le plus visitée depuis 1986, c’est Van Gogh à Auvers-sur-Oise, les derniers mois, tenue du 3 octobre au 4 février 2024, avec 793 556 visiteurs.

Le catalogue de l’exposition, 45 euros

Suivent dans le classement deux autres expositions, consacrées à deux autres géants du subjectivisme : Un poème de vie, d’amour et de mort consacré à Edvard Munch en 2022, avec 724 414 visiteurs, et Bleu et rose consacré à Picasso en 2018, avec 670 667 visiteurs.

Ce sont là des chiffres très importants. En soi, ils ne représentent rien en termes de qualité, car Van Gogh, Munch et Picasso sont des tapisseries bourgeoisies. Ils ne jouent aucun rôle à aucun niveau sur le plan culturel, à part éventuellement Guernica en cours d’histoire au collège.

Mais en termes de quantité, les chiffres sont puissants. Ils valent largement les chiffres des manifestants syndicalistes, surtout que culturellement l’impact est plus marqué, davantage prolongé. Avec Van Gogh, Munch et Picasso, on présente l’art comme un accident individuel, un déraillement créatif à vocation subjectiviste.

Champ de blé aux corbeaux, peint par Van Gogh quelques jours avant de se suicider en juillet 1890

Si Van Gogh a la préséance, c’est bien en raison du cliché qu’il véhicule justement sur ce plan. On a un artiste tourmenté, mettant fin à ses jours, n’ayant jamais connu le succès de son vivant, etc. La bourgeoisie porte la disharmonie et elle ne peut pas concevoir l’art autrement que comme un délire, une chute, un acte gratuit visant la toute-puissance de l’ego.

L’exposition avait un but précis : présenter de manière artificielle les derniers mois de Van Gogh comme un aboutissement créatif, une synthèse sans commune mesure. Le subjectivisme et le nihilisme de Van Gogh se voient ici présentés comme de l’art pur. Christophe Leribault, président des musées d’Orsay et de l’Orangerie, résume de la manière suivante cette mystique bourgeoise décadente sur l’art.

« Cette exposition prouvait que, jusqu’à la fin, Van Gogh s’est réinventé et frayait de nouveaux chemins pour l’art : à Auvers, il trouve des sujets nouveaux, développe un style plus synthétique, compose sur des formats différents, continue à réveiller les couleurs du monde en inventant des accords inédits, toujours avec cette expressivité hallucinante qui fait qu’un Van Gogh ne ressemble qu’à du Van Gogh ! »

On a ici la clef du charlatanisme bourgeois. Chaque artiste serait « unique », chaque grand artiste atteindrait une dimension unique qui serait incomparable.

En réalité, ce que célèbre la bourgeoisie, ce sont des artistes décadents dont la sensibilité est incapable d’aller à l’universel. Ils agissent comme un filtre d’un produit de graphisme qui prendrait une représentation de la réalité pour la déformer dans un sens ou dans un autre, en appelant cela de la nouveauté artistique.

Van Gogh? Ce n’est qu’un massacreur de Rubens. Il suffit de regarder des tableaux de Van Gogh, de regarder ensuite des tableaux de Rubens, de revenir à Van Gogh, et même sans être un expert en art, on voit comment Van Gogh n’est que du Rubens déformé, du Rubens sans la vigueur, du Rubens sans la technique, du Rubens sans la synthèse sur le plan de la composition.

L’Église d’Auvers-sur-Oise, peint par Van Gogh en juillet 1890
Rubens, Deborah Kip et ses enfants, 1630
Van Gogh, Autoportrait à l’oreille bandée, 1889
Rubens, Portrait équestre du Duc de Lerme, 1603

Il est tout à fait juste de ne voir en Van Gogh rien d’autre qu’un tenant de l’impressionnisme, dans une version simpliste-coloriste :

« Au sens strict, pour définir les choses de manière la plus nette, il faut résumer la peinture de Vincent Van Gogh comme de la gravure amenée à la peinture et dégradée en illustration de carte postale.

Vincent Van Gogh dévie littéralement toute une tradition germanique puis néerlandaise, avec un sens complexe de l’organisation du tableau, de la disposition des formes en mouvement, pour tout réduire à l’extrême. Vincent Van Gogh est une insulte à toute la tradition de la peinture flamande, dont il se veut évidemment le dépassement.

Vincent Van Gogh inaugure le colorisme, ce principe d’avoir quelques formes qu’on peut s’évertuer à remplir de couleur, pour se vider l’esprit.

C’est du crayonnage, comme plaisir personnel, avec un choix de couleur pour faire passer une impression. Cela peut être plaisant, on peut apprécier un aspect agréable dans une telle peinture ; ce n’en est pas de l’art par autant, ni même d’ailleurs de la décoration ou tout autre art appliqué.

C’est une fuite dans une démarche psychologisante formant une fin en soi.

La peinture de Vincent Van Gogh a une dimension accessible qui forme un piège terrible : une bourgeoisie pétrie d’oisiveté se complaît dans son moi, tout comme elle sera fascinée justement par la psychanalyse. Les peintures simplistes-coloristes de Vincent Van Gogh apparaissent alors comme de la culture, alors qu’ils sont une production idéologique relevant d’une classe improductive.

On peut d’ailleurs considérer que le néo-impressionnisme simpliste-coloriste de Vincent Van Gogh, c’est le cézannisme accompli. Là où Paul Cézanne considérait quelque chose manquait, car il était encore lié à l’Histoire de l’art au moins symboliquement, Vincent Van Gogh parvient à plonger dans le subjectivisme comme en fin en soi.

En cela, son style préfigure directement Pablo Picasso, même si pour la forme ce dernier relève au sens strict du cézannisme géométrique, sans la charge impressionniste renforcée comme chez Vincent Van Gogh.

Vincent Van Gogh est si fascinant pour la bourgeoisie, comme Claude Monet, car il est pareillement plaisant et complaisant.

C’est un monde sans profondeur et, d’ailleurs, ce qui est marquant, c’est que cette lecture idyllique-fragile du monde, même illusoire et purement esthétisante-psychologique, ne pourra pas être reproduit.

La bourgeoisie entrera dans une telle décadence que le sordide prévaudra, avec une incapacité de représenter quoi que ce soit.

Vincent Van Gogh est le symbole d’une nostalgie, celle de la Belle époque, d’une bourgeoisie installée et s’installant, d’un confort réel et rêvé, d’un maintien sans fin dans une aise aussi ouatée que les peintures impressionnistes et néo-impressionnistes. »

Le néo-impressionnisme simpliste-coloriste de Vincent Van Gogh

Van Gogh est un drapeau bourgeois, il est un outil idéologique, et non un grand artiste. Et sa célébration par le musée d’Orsay et par 800 000 visiteurs relève d’un dispositif bourgeois – contre le réalisme, contre la réalité, contre la Nature.

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Refus de l’hégémonie

L’identité des deux « humanitaires » français tués en Ukraine

L’affaire des deux « humanitaires » français morts en Ukraine prend une tournure pittoresque, à vrai dire conforme au caractère fondamentalement louche de cette histoire.

On se rappelle que le ministre français des Affaires étrangères Stéphane Séjourné avait parlé de la « barbarie russe » et que le président Emmanuel Macron était monté au créneau.

Ce n’est pas tout : le Parquet national anti-terroriste s’est emparé de l’affaire. Il y a donc une enquête !

On ne voit pourtant pas les photographies et biographies des deux « martyrs » mis en avant dans les médias français…

Même l’association pour laquelle ils ont travaillé refuse de dire qui ils sont!! Là, on est clairement dans du louche. Voici comment le quotidien Le Monde présente cet aspect, en fournissant nouvellement le nom des deux personnes concernées.

« Adrien Pajol et Guennadi Guermanovitch, les deux secouristes tués, étaient des volontaires de l’ONG suisse Entraide protestante suisse (connue sous l’acronyme EPER) participant à une mission humanitaire. La seconde victime possédait également la nationalité biélorusse. Contactée, l’EPER confirme les faits mais ne souhaite pas confirmer l’identité des victimes. »

Si là on en sait pas plus, voici leur parcours qu’on peut trouver diffusé sur internet par ceux qui dénoncent le camp occidental.

« Guennadi Guermanovitch, 52 ans, a été policier scientifique biélorusse jusqu’en 1996, puis légionnaire du 2e REP (régiment étranger de parachutistes) jusqu’en 2007, au 3e REI (régiment étranger d’infanterie) de Kourou, Guyane, jusqu’en 2009. Spécialiste des transmissions, il était entrepreneur dans la sécurité privée, formait des Ukrainiens à son art depuis 2019

Adrien Baudon de Mony Pajol, 41 ans, était homme d’affaires et spécialiste vinicole au large réseau international, le profil idéal d’un honorable correspondant de la DGSE.  »

Un ancien légionnaire et un homme d’affaires au large réseau, en train de distribuer de la nourriture pratiquement sur la ligne de front ?

Il n’y a pas besoin de réfléchir bien longtemps pour comprendre que cela ne tient guère et qu’on a ici beaucoup de choses à l’arrière-plan.

Et c’est en cela, au-delà de la simple question de ces « humanitaires », que les Français sont coincés, sans le savoir.

En effet, il y a :

  • un alignement complet de la France sur l’Otan pour défaire la Russie;
  • un alignement de l’armement et de la logistique militaire de l’armée française sur l’Otan;
  • un alignement diplomatique et financier de la France sur l’Union européenne pour le soutien au régime ukrainien;
  • toute l’extrême-Droite activiste française tournée vers l’Ukraine, avec de nombreuses personnes parties sur le front, en liaison inévitable avec les services secrets français.

Autrement dit, impossible de reculer. La France est dans l’engrenage, changer de position impliquerait un renversement sur le plan militaire, financier, diplomatique.

On lit souvent que le Rassemblement national de Marine Le Pen et La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon aimeraient se tourner vers la Russie. Déjà, c’est faux en soi, ensuite ils ont déjà tous deux soutenu l’Ukraine, et enfin de toutes façons ils n’auraient jamais le courage de poser une rupture complète.

Le camp américain a gagné dans la bourgeoisie française, le néo-gaullisme aventuriste n’existe plus dans la situation présente, donc toute force parlementaire doit par définition, si elle veut accéder au gouvernement, s’aligner.

Même dans l’hypothèse absurde où il y aurait une force contestatrice totale accédant au pouvoir, elle aurait l’armée contre elle de par son alignement technique-pratique, elle aurait l’Union européenne pour bloquer juridiquement toute initiative, etc.

L’affaire des deux « humanitaires » devrait d’ailleurs faire la Une des médias pendant des jours, et on a rien de tout ça. C’est simplement une note de plus dans la partition jouée à l’arrière-plan d’un pays qui vit au jour le jour et s’est fait happé sans même s’en apercevoir.

Les Français vont payer historiquement très cher leur nonchalance, leur mauvaise foi, leur suffisance. Le Ciel des événements historiques va leur tomber sur la tête.

A nous de faire que cette expérience traumatisante soit salvatrice pour saboter l’engrenage – pour la défaite de l’Otan et la déroute de l’Occident – pour les masses mondiales et le Socialisme !

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Refus de l’hégémonie

Les deux « humanitaires » français morts en Ukraine

Allons droit à l’essentiel avant de documenter relativement l’affaire. Le 1er février 2024, deux Français sont morts en Ukraine et ont été présentés du côté français comme des humanitaires. Un bombardement russe les aurait tué.

Premier problème, la localisation. Il a été dit que cela s’est déroulé dans la ville de Berislav. Eh bien si on regarde le point de situation du conflit Russie-Ukraine fourni par l’armée française le même jour, on voit qu’on est ni plus ni moins que sur la ligne de front, établi par le Dniepr.

Second problème : les deux humanitaires étaient membres… de l’Entraide Protestante Suisse (EPER). C’est un équivalent suisse et protestant du Secours catholique français, bien qu’en fait cette dernière structure ne soit que l’antenne française de la Caritas (officiellement toutefois une « confédération »).

L’EPER n’est que suisse, d’une part, et n’emploie pas de Suisses à l’étranger, puisqu’elle fonctionne comme génératrice de partenariats locaux. Comment se retrouve-t-on alors avec deux « salariés français » de cette association en pleine ligne de front?

L’association explique que son activité consiste, dans le cas de l’Ukraine, notamment à distribuer distribuer des biens essentiels tels la nourriture et des produits d’hygiène à la population. Mais sur la ligne de front? Dans une zone hyper militarisée? Surtout que toute l’Ukraine est surveillée, tant par l’État que les milices nationalistes, qu’il est impossible de faire quoi que ce soit sans avoir reçu une validation officielle.

Ce n’est en soi pas impossible, mais c’est au moins très étrange, et dans tous les cas, on est au moins dans un soutien matériel à une partie prenante du conflit armé. Au maximum, on est dans une couverture bien pratique pour des agents français.

D’ailleurs, on se retrouve dans la propagande de guerre. Le ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné a parlé de « barbarie russe », pas moins, et que la Russie le paiera.

On est en plein bellicisme assumé, dans l’établissement du narratif nous menant à la guerre ouverte contre la Russie, et rappelons que Stéphane Séjourné s’est précipité à Kiev dès sa nomination.

Emmanuel Macron est monté au créneau aussi. Là encore, on est dans l’établissement du narratif anti-Russie.

Les Français soutiennent les bons, la Russie est maléfique. Et ce discours va monter en puissance. Parallèlement à la mise en place d’alliances industrielles militaire en Europe, à la militarisation de la jeunesse (notamment avec l’instauration prévue des uniformes à l’école), on est dans un basculement visant à ce que la France soit militairement en place contre la Russie dans les 10-15 ans.

Il faut saboter ce basculement, mobiliser contre le bellicisme français, dénoncer le militarisme au service de la bataille pour le repartage du monde!

Le capitalisme français, pour sauver sa peau, s’est vendu à la superpuissance américaine, et entend participer avec les autres États européens à la guerre contre la Russie, pendant que la superpuissance américaine s’occupe de la superpuissance chinoise.

Il ne doit pas réussir son entreprise !

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Nouvel ordre

L’agriculture doit être étatisée et planifiée

Porter un regard intelligent sur le mouvement des agriculteurs français de janvier-février 2024, c’est se rappeler que les paysans ne sont pas une classe, et qu’il n’y a d’ailleurs plus de paysans en France. D’une masse fondamentalement petite-bourgeoise dans sa définition, les paysans sont devenus des agriculteurs, c’est-à-dire des petits-bourgeois entrepreneurs.

Le paysan possède, en effet, sa terre, et il veut accumuler ; c’est un propriétaire, même dans les cas où il est un petit propriétaire, même s’il est pauvre. C’est la raison pour laquelle l’URSS a mis en place tout un système pour « avaler » les paysans pauvres et moyens dans les collectivisme, par les fermes collectives (les kolkhozes) et les fermes d’État (les sovkhozes). Cela a été une bataille très dure, l’affrontement avec les paysans riches (les koulaks) est bien connu.

Affiche soviétique pour chasser les koulaks des kolkhozes, avec une citation de Lénine sur leur rôle dans la restauration du capitalisme

L’agriculteur est quant à lui un paysan qui a réussi, et dans le capitalisme du début du 21e siècle, cela en fait un capitaliste acharné, qui utilise notamment les animaux pour arracher du profit. Qui ne prend pas en compte les animaux tant sur le plan de la sensibilité que sur le plan de leur utilisation par le capitalisme ne peut pas comprendre notre époque. Le document Crise du capitalisme et intensification de la productivité : le rôle des animaux dans la chute tendancielle du taux de profit est ici fondamental.

Il n’y a donc rien à attendre des agriculteurs. Il faut faire avec, mais là encore ils sont les rois des bluffs. Il y a largement de quoi assez manger et leur prétention à dire qu’on va mourir de faim sans eux est juste risible. Ils font juste beaucoup de bruits pour se présenter comme incontournables.

Mais avec de l’organisation, une agriculture étatisée et planifiée est facile à mettre en place. Avec l’industrialisation et les technologies, c’est facile si on a les masses en mouvement. L’agriculture doit devenir une industrie, et les agriculteurs doivent céder la place aux ouvriers du 21e siècle. Le Socialisme n’a pas besoin d’eux et s’ils veulent travailler la terre, ils devront la faire dans une optique de service au peuple, pas d’aventurisme capitaliste aux dépens de la Nature.

Affiche soviétique : En avant !
Pour l’industrialisation du pays,
pour la collectivisation du village!

Le marteau et la faucille sont, il faut le rappeler, le symbole de l’alliance de la classe ouvrière et de la paysannerie pauvre. Il n’a jamais été question de faire de la petite-bourgeoisie des campagnes, propriétaire et entrepreneuse, une figure du Socialisme. Les paysans, c’est le petit capitalisme à fond, un puissant générateur de capitalisme, comme le montre l’histoire des États-Unis.

Lénine a dit un très bon mot à ce sujet :

« La petite production engendre le capitalisme et la bourgeoisie constamment, chaque jour, à chaque heure, d’une manière spontanée et dans de vastes proportions. »

S’imaginer, comme le fait « révolution permanente« , qu’il est possible de se tourner vers les agriculteurs et d’établir un programme « qui cherche à remettre en question le système agraire actuel qui est destiné à servir les grands capitalistes de l’agro-alimentaire, la grande distribution et les banques »… c’est ne rien comprendre justement aux agriculteurs, qui sont nés dans ce système, sont ce système et y tiennent dur comme fer.

D’ailleurs, les agriculteurs ne remettent jamais en cause le capitalisme et demande toujours à l’État de faire l’arbitre. Ils le font en correspondance avec leur nature sociale.

Affiche soviétique : jour de récolte, collectivisation

Au moins, la dirigeante des Écologistes Europe Écologie Les Verts Marine Tondelier l’a bien compris. Elle raconte qu’elle est fière de visiter les fermes et de discuter avec l’Interbev (l’Association Nationale Interprofessionnelle du Bétail et des Viandes), tout en étant vegan.

« Nous ne sommes pas les ennemis des agriculteurs », a déclaré la secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier, mercredi depuis une ferme de Bourgogne, où elle dit « soutenir totalement » les paysans dans leur combat pour un « juste revenu ». »Nous ne sommes pas les ennemis des agriculteurs », a déclaré la secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier, mercredi depuis une ferme de Bourgogne, où elle dit « soutenir totalement » les paysans dans leur combat pour un « juste revenu ».

« Je ne suis pas du tout mal aimée des agriculteurs », a assuré cette petite-fille de paysans du Pas-de-Calais, après avoir caressé des vaches bazadaises, une espèce menacée élevée dans une exploitation bio de Villebichot (Côte-d’Or), près de Dijon.

« J’ai même rencontré Interbev », l’association du bétail, « alors que je suis végane depuis 15 ans », a martelé Marine Tondelier. « Les fermes, c’est le type de déplacement que je fais le plus ! », a-t-elle ajouté. »

Voilà une soumission totale et ignoble, immorale et totalement opportuniste. Et c’est très vraisemblablement une vraie construction mythomane pour se soumettre ostensiblement, car elle n’a jamais auparavant dit qu’elle était vegan, mais végétarienne.

C’est un très bon exemple. Faut-il faire comme elle, considérer que les agriculteurs seront toujours là sous cette forme pendant encore cinquante ans? Ou bien faut-il révolutionner l’agriculture, car les temps sont mûrs pour un nouveau rapport avec la Nature?

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Refus de l’hégémonie

Déclaration franco-suédoise pour la guerre contre la Russie

Théoriquement, c’est simplement une « tribune », cosignée par Emmanuel Macron, le président français, et Ulf Kristersson, le premier ministre suédois, publiée en France dans Les Echos et en Suède dans le Dagens Nyheter.

En réalité, c’est un accord franco-suédois qui scelle l’alliance à leur niveau, alliance des pays de l’Union européenne pour faire la guerre à la Russie.

Les pays de l’Union européenne ont fourni jusqu’à présent 28 milliards d’euros de matériel de guerre au régime ukrainien, et ce sera 21,2 milliards rien que pour cette année. L’Union européenne prend le relais de la superpuissance américaine, celle-ci pouvant se reconcentrer sur la superpuissance chinoise.

Photo encadrée d’un missile Scalp français. Le texte dit « De Paris avec amour, Rachysty, allez en enfer ». Le terme de « rashiste » est employé par les nationalistes ukrainiens, en mélangeant « russe » et « fasciste »

Le réveil va être très dur pour les Français, qui n’ont jamais compris l’envergure de la question, y compris à Gauche où personne ne s’est soucié de rien. Nous allons à la guerre, nous ne sommes déjà plus dans la paix.

Les bourgeoisies européennes sentent le désastre venir. Elles n’ont plus le choix. Le seul moyen de sauver l’occident, c’est de démanteler la Russie, alors on y va de manière mécanique. Voilà pourquoi même l’extrême-Droite française s’est alignée sur l’Otan, comme l’a fait l’extrême-Droite italienne.

Dans les 10-15 ans, la France mettra en place une armée de masse, ce que le Royaume-Uni et l’Allemagne annoncent déjà de leur côté. Cela sera un mélange de libéralisme moderniste à la Emmanuel Macron et de conservatisme militariste, le second quinquennat d’Emmanuel Macron s’alignant déjà là-dessus.

Le « partenariat stratégique » franco-suédois relève de cette dynamique. La Suède, qui va rentrer dans l’Otan, est d’ailleurs emblématique de la combinaison d’un libéralisme culturel généralisé et d’un nationalisme militariste très dur fonctionnant à l’arrière-plan, sous des dehors « démocratiques ».

Telle est la réalité, la vraie actualité – et c’est là-dessus que doit se fonder la conscience de l’Histoire, celle qui a compris le caractère inéluctable du Socialisme, de son impérieuse nécessité pour briser la barbarie.

« L’année 2024 sera une année décisive pour l’Europe, à un moment où notre liberté et notre souveraineté sont en jeu.

Face aux multiples menaces actuelles, telles que la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine, les perturbations en matière d’approvisionnement énergétique, le terrorisme et la criminalité organisée, ainsi que face à la problématique de la transition vers une économie numérique et bas carbone, la France et la Suède collaboreront plus étroitement pour renforcer la capacité de l’Europe à agir.

Cette semaine, lors d’une visite d’Etat organisée à l’invitation de Sa Majesté le roi Carl XVI Gustaf, la France et la Suède réaffirmeront les liens étroits qui les unissent en concluant des accords relatifs à l’innovation, l’énergie nucléaire et la sécurité. A cette occasion, les deux pays signeront un partenariat bilatéral stratégique pour l’innovation dans des sociétés durables, numériques et résilientes.

La France et la Suède sont toutes deux de grandes puissances industrielles et des moteurs de l’innovation, à la pointe dans plusieurs secteurs, tels que la technologie et l’industrie spatiale.

Ces capacités exceptionnelles doivent être exploitées pour renforcer encore la position géostratégique de l’Europe, réduire ses dépendances stratégiques et bâtir une assise économique plus résiliente et plus solide.

Alors que nous entrons dans une année incertaine, porteuse de multiples menaces pour notre sécurité et notre prospérité, et que l’Europe se doit de jouer un rôle de premier plan dans les transitions écologique et numérique, les contributions de nos deux pays seront essentielles pour rendre l’Europe plus sûre et plus forte.

La France et la Suède collaboreront plus étroitement encore en s’appuyant sur trois constats.

Premièrement, la guerre en Ukraine fait peser un risque existentiel sur la sécurité de notre voisinage. Défendre l’Ukraine, c’est avant tout défendre les principes de souveraineté et d’intégrité territoriale et l’idée selon laquelle la force ne fait pas loi.

C’est la raison pour laquelle la France et la Suède apportent un soutien politique, économique, humanitaire et militaire à l’Ukraine, tant sur le plan bilatéral que par l’intermédiaire de l’Union européenne (UE). C’est également la raison pour laquelle l’UE doit veiller à ce que l’avenir de l’Ukraine soit au sein de l’Europe, tout en renforçant en parallèle la sécurité et la défense européennes.

Lors du Conseil européen de décembre dernier, nous avons pris la décision historique d’ouvrir les négociations d’adhésion avec l’Ukraine, ce qui souligne notre engagement commun en faveur d’une trajectoire européenne pour ce pays.

L’UE doit également prendre des décisions fortes en ce qui concerne le soutien financier à l’Ukraine et parvenir à un accord lors du prochain Conseil européen extraordinaire, qui se tiendra le 1er février. Ce soutien pourrait en effet aujourd’hui revêtir une importance capitale, plus qu’à tout autre moment depuis le début de l’invasion illégale et à grande échelle de l’Ukraine par la Russie il y a presque deux ans.

Si nous voulons que l’Europe se présente comme une puissance géopolitique incontournable, nous devons démontrer que la phrase selon laquelle nous soutiendrons l’Ukraine « aussi longtemps qu’il le faudra » n’est pas vide de sens. Le projet de défense, de réforme et de reconstruction de l’Ukraine sera de longue haleine.

Confrontées à de nouvelles menaces sur le sol européen, la France et la Suède prendront des mesures concrètes pour renforcer leurs relations en matière de défense, notamment dans le secteur de l’industrie, et en faisant en sorte de devenir des alliées au sein de l’Otan dès que possible.

Deuxièmement, la guerre en Ukraine et ses conséquences ont également mis en évidence un autre défi à long terme que l’Union européenne doit relever de toute urgence : accélérer la transition énergétique. Cela sera essentiel à la fois pour atteindre nos objectifs climatiques et pour renforcer la résilience et la souveraineté de l’Europe.

Pour ce faire, nous devons exploiter toutes les sources d’énergie non fossiles dont nous disposons, notamment l’énergie nucléaire, l’énergie éolienne en mer et la bioénergie. C’est le seul moyen d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050. La France et la Suède approfondiront ainsi leur coopération tant au niveau bilatéral qu’européen, afin de mettre en place des systèmes énergétiques indépendants des combustibles fossiles, et elles en feront l’élément principal de leur partenariat stratégique actualisé pour l’innovation.

À l’échelle mondiale, il sera indispensable que la capacité de production d’énergie nucléaire triple d’ici à 2050. En tant que membres de l’alliance européenne sur l’énergie nucléaire, la France et la Suède souligneront le rôle essentiel que joue l’énergie nucléaire pour parvenir à la neutralité carbone, et elles s’efforceront de créer des conditions réglementaires, industrielles et financières favorables pour les projets nucléaires.

Conformément à leur déclaration d’intention signée en décembre dernier, la France et la Suède favoriseront également les échanges d’expériences entre les acteurs français et suédois sur des aspects clés, tels que la construction de centrales nucléaires, la sûreté et la recherche. Les deux pays étant parmi les plus grands exportateurs nets d’énergie en Europe, ces échanges profiteront à l’ensemble du continent dans sa transition écologique.

Troisièmement, la résilience de l’Europe va de pair avec sa compétitivité ainsi que sa capacité à bâtir une assise économique solide et à définir un nouveau modèle d’investissement et de croissance pour la décennie à venir.

La coopération économique et industrielle entre la France et la Suède peut jouer un rôle moteur pour la compétitivité de l’Europe, notamment grâce aux projets concrets portés par les entreprises françaises et suédoises dans les domaines stratégiques dans lesquels l’Europe doit réduire sa dépendance, tels que l’espace, l’industrie de la défense, la sécurité des approvisionnements en matières premières critiques ou encore le renforcement du secteur pharmaceutique.

La France et la Suède partagent une même culture de l’innovation et de la technologie au service d’un développement juste et durable, fondée sur une coopération scientifique de qualité. Leur partenariat renouvelé contribuera à la réussite des ambitions européennes en matière de lutte contre les changements climatiques et la pollution et de préservation de la biodiversité. Il leur permettra également de faire face aux progrès rapides de la technologie dans le domaine du numérique.

Il sera également nécessaire d’accélérer les investissements pour rester en tête de la course mondiale et conserver la maîtrise des technologies décisives pour notre avenir. À cet effet, la France et la Suède s’efforceront d’approfondir l’union des marchés des capitaux pour accroître les financements privés en faveur de l’innovation et des transitions en Europe.

Les liens unissant aujourd’hui la France et la Suède, si étroits soient-ils, devront se resserrer encore à l’avenir. Face aux bouleversements géopolitiques actuels, les relations entre les deux pays doivent être développées et approfondies. La coopération franco-suédoise pourra aussi être renforcée dans d’autres domaines, notamment en matière policière et de sécurité, afin de lutter contre le terrorisme et la criminalité organisée. Au niveau de l’UE, nous devons renforcer la coopération opérationnelle et judiciaire, les échanges d’information et la protection de nos frontières extérieures.

En unissant leurs forces pour traiter ces questions déterminantes, la France et la Suède parviendront non seulement à se renforcer elles-mêmes, mais aussi à renforcer l’Europe tout entière.

Ulf Kristersson et Emmanuel Macron »

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Sahra Wagenknecht fonde son parti au « Kosmos »

Le parti politique autour de Sahra Wagenknecht s’est fondé le week-end des 27-28 janvier 2024, avec des principes et un programme électoral pour les élections européennes. C’est à cette occasion d’ailleurs que le parti changera de nom, car pour l’instant il s’appelle « Alliance Sahra Wagenknecht – Raison et Justice ».

Cela tient au rôle central de Sahra Wagenknecht comme figure polarisante dans la situation actuelle en Allemagne ; elle-même est la co-présidente du parti fondé aux côtés d’Amira Mohamed Ali. Mais un autre nom sera choisi.

Pour l’instant, il y a eu 44 délégués pour officialiser le parti, qui a reçu 1,4 million d’euros de dons et n’a officialisé l’adhésion que de quelques centaines de personnes. Le temps choisi est le temps long.

Sahra Wagenknecht lors de la fondation

Il a été parlé ici et là de cet événement en France, et ce pour une raison très simple : la gauche gouvernementale française est pour la guerre à la Russie, ou du moins pas contre (y compris La France insoumise), mais Sahra Wagenknecht est, elle, totalement contre cette guerre.

On retrouve ici toute la tradition allemande, dans le prolongement de Rosa Luxembourg. L’ambiance de la fondation du parti y doit être quelque chose. Voici comment le quotidien français Les Echos présentent le lieu où s’est tenu le congrès de fondation :

« C’est au numéro 131 de l’avenue Karl-Marx, à Berlin, qu’ils se sont réunis. Dans un ancien cinéma construit au début des années 1970 par le régime communiste.

Planté au milieu de grands bâtiments staliniens, tout droit sortis d’une BD d’Enki Bilal, le Kosmos était alors la plus grande salle de cinéma d’Allemagne de l’Est.

Avec son architecture ovale, le lieu se voulait l’incarnation de la modernité communiste. »

En fait, l’avenue Karl-Marx, c’est la Karl-Marx-Allee, qui était auparavant la Stalin-Allee, une immense avenue (2,6 km de long et 89 mètres de large) emblématique de la reconstruction architecturale réaliste socialiste après 1945.

Et Sahra Wagenknecht est arrivée habillée… tout en rouge. Tout un symbole.

Mais ce n’est pas tout. Le Kosmos est aujourd’hui une salle pour les réunions et les meetings et c’était effectivement un cinéma en RDA. Il était consacré aux premières… dont celle du film Les Aventures de Werner Holt. Sorti en 1965, il a été vu par trois millions de personnes et le roman dont est tiré le film, écrit par Dieter Noll, avait été tiré à deux millions d’exemplaires.

La première du film Les Aventures de Werner Holt, au Kosmos

Le roman raconte la prise de conscience d’un jeune Allemand de ce qu’est vraiment le nazisme. Et il faut bien comprendre que ça, c’est l’arrière-plan de Sahra Wagenknecht.

Lors de la fondation du parti, dont on trouvera ici les principes et objectifs, il n’a pas été parlé de Socialisme, mais toujours de l’unité des gens du commun. Les commentateurs journalistiques français (ou allemands) disent alors : c’est donc un discours populiste, ou bien d’extrême-Droite.

C’est là où le manque de culture historique se révèle. Car Sahra Wagenknecht est historiquement issue de l’aile gauche de la « gauche de la gauche » allemande et elle est connue pour ne jamais critiquer la République démocratique allemande.

Et quel était le noyau idéologique de la RDA ? C’était, comme dans le roman et le film mentionnés, le traumatisme de la défaite de la Gauche face au nazisme. Pourquoi le peuple a-t-il choisi les nazis plutôt que les communistes ? Pourquoi n’y a-t-il eu une prise de conscience de ce qu’est le nazisme que de la part d’une minorité de gens ?

Car les communistes allemands ne se sont pas mentis à eux-mêmes, ils n’ont jamais prétendu que les Allemands avaient été manipulés, hypnotisés, ou que sait-on encore. Ils avaient conscience des problèmes historiques dans le parcours national allemand.

D’où, dès 1945, la volonté des communistes de fusionner avec les socialistes et d’établir une alliance avec plusieurs partis (ce qui continuera dans les années 1960, 1970, 1980, même si de manière fictive). Et le modèle de tout cela, c’est le Front populaire français, considéré comme l’opération « miraculeuse » sauvant de l’extrême-Droite.

Si on veut comprendre Sahra Wagenknecht, il suffit de voir comme les communistes français se sont alignés sur les centristes en 1934-1935 pour établir le Front populaire. C’est précisément la même ligne d’unir « les gens du commun », ceux qui travaillent, contre une poignée de va-t-en guerre de la haute bourgeoisie.

D’ailleurs, à l’époque, on visait les « deux cents familles » – une expression inventée par le centriste Édouard Daladier qui l’emploie le premier lors du congrès du Parti radical-socialiste de 1934. Et Sahra Wagenknecht parle elle des « 10 000 » d’en haut.

Ainsi, Sahra Wagenknecht entend parler à la classe moyenne et avec son approche, on croit lire le PCF de 1935, avec cette idée que le capitalisme ne tourne plus rond et que seule l’alliance populaire contre les « dominants » peut empêcher le désastre.

C’est une très bonne chose, si on part du principe de faire un front le plus large possible contre la guerre.

C’est par contre erroné, s’il est escompté que va s’ouvrir, comme par magie, une voie à une autre société. Là-dessus, Sahra Wagenknecht a une approche très RDA : il suffit d’unir les gens contre la guerre et les choses iront d’elles-même dans l’autre sens.

C’est une sous-estimation de la question de la culture. D’ailleurs, c’est le grand problème de la nature de son parti, qui oppose les petites gens au style de vie grand-bourgeois ou bobo urbain. Sauf que les petites gens, en Allemagne, ce sont les outils Lidl pour s’occuper de « son jardin » en mangeant « ses » saucisses et en buvant « sa » bière. On ne va pas loin avec ça.

Si on dit que Sahra Wagenknecht est un obstacle à la guerre et une contribution au rejet de la « gauche » post-moderne, alors c’est très bien. Et c’est déjà effectivement quelque chose !

Mais courir derrière les « classes moyennes », quitte à tout accepter de leur part, est erroné : il faut au contraire qu’elles se plient au prolétariat.

En France, on ne va pas courir derrière les gilets jaunes, les antivax, ceux qui ne pensent qu’à leurs retraites en 2023 ou les agriculteurs de 2024. D’ailleurs, ces gens n’en ont rien à faire du Socialisme ; ils vivent dans le fantasme petit-bourgeois qu’ils vont trouver une « troisième voie ».

Qu’il faille leur ôter le terrain pour les amener à bon port, à la base, oui. En ce sens, ce que fait Sahra Wagenknecht est utile à connaître. Mais sans poids culturel – et idéologique – le poids des traditions capitalistes l’emportera et c’est le prolétariat qui se retrouvera à la traîne des « classes moyennes » et de leur mode de vie « beauf » déjà largement répandu et triomphant.

Les mesures « socialistes », même bien présentées, « neutralisées », ne suffisent pas en soi. Il faut le drapeau, la conscience, les cœurs, la culture. Sans cela, on n’a rien, rien du tout !

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Principes fondateurs du parti de Sahra Wagenknecht

Ils ont été adoptés en janvier 2024 au congrès de fondation à Berlin en Allemagne.

« Notre pays ne fait pas bonne figure. Depuis des années, il est gouverné en mettant de côté les souhaits de la majorité.

Au lieu de récompenser les réalisations, il a été redistribué depuis les durs au labeur aux 10 000 d’en haut.

Au lieu d’investir dans un État compétent et de bons services public, les politiciens ont servi les vœux de lobbys influents, et par là vidé les caisses publiques.

Au lieu de prendre soin de la liberté et de la diversité des opinions, un style autoritaire de politique s’est répandu, qui entend dicter aux citoyens comment ils vivent, comment ils se chauffent, comment ils pensent et comment ils parlent.

Beaucoup de décisions politiques semblent prises sans plan d’ensemble, à courte vue et en partie même de manière incompétente.

Sans un redémarrage, notre industrie et notre classe moyenne sont en jeu.

Beaucoup de gens ont perdu confiance en l’État et ne se sentent représentés par aucun des partis existant. Ils ont, à juste titre, l’impression de ne plus vivre dans la République fédérale qui a existé auparavant.

Ils s’inquiètent pour les leurs et l’avenir de leurs enfants. Ils souhaitent une politique responsable de conservation de nos atouts économiques, de compensation sociale et de répartition juste de la prospérité, d’une coexistence pacifique des peuples et d’une préservation des fondements naturels de notre vie.

« L’Alliance Sahra Wagenknecht – Raison et Justice » a été fondée, afin de redonner la parole à ces gens. Nous sommes pour le retour de la raison en politique.

L’Allemagne a besoin d’une économie forte, innovante, et de la justice sociale, de la paix et du commerce équitable, du respect de la liberté individuelle de ses citoyens et d’une culture ouverte de discussion.

Il y a besoin de politiciens fiables, qui se sentent obligés par des objectifs.

Les membres du parti soutiennent les principes et objectifs qui suivent :

Raison économique

Notre pays dispose encore d’une industrie solide et d’une classe moyenne prospère et innovante.

Mais les conditions générales se sont considérablement détériorée ces dernières années. Notre infrastructure publique est dans une situation embarrassante pour un pays industriel leader.

Pratiquement aucun train ne circule à l’heure, en tant que patient de l’assurance maladie obligatoire, on attend des mois pour un rendez-vous avec un médecin spécialiste, il manque des dizaines de milliers d’enseignants, de places en garderie et d’ appartements.

Des rues et des ponts délabrés, des trous dans les réseaux et un internet lent, des administrations débordées et des réglementations inutiles rendent la vie difficile précisément aux plus petites et moyennes entreprises.

Le système scolaire allemand avec 16 différents niveaux d’études, des classes beaucoup trop nombreuses et une sélection anticipée, sabote les chances des enfants de familles moins aisées quant aux opportunités d’éducation et dans la vie, et échoue en même temps à la tâche de former des travailleurs qualifiés dont l’économie a un besoin pressant.

Depuis qu’avec les sanctions russes et la prétendue politique climatique, l’énergie est soudainement également devenue plus chère, ce qui menace notre pays, c’est la perte d’industries importantes et des centaines de milliers d’emplois bien rémunérés.

De nombreuses entreprises envisagent une délocalisation de leur production à l’étranger. D’autres sont menacées dans leur existence même.

La politique, influencée et achetée par les grandes entreprises [les konzerns] et l’échec des autorités antitrust ont créé une économie de marché dans laquelle de nombreux marchés ne fonctionnent plus.

Se sont mises en place de grandes entreprises qui dominent le marché, des monopoles financiers surpuissants comme Blackrock et des monopoles numériques comme Amazon, Alphabet, Facebook, Microsoft et Apple, qui imposent leur tribut aux autres participants du marché, portent atteinte à la compétition et détruisant la démocratie.

Dans une mesure considérable, l’inflation actuelle est également un résultat d’un échec du marché provoqué par un pouvoir économique trop grand.

Nous aspirons à une économie innovante, avec une concurrence loyale, des emplois sûrs et bien payés, une forte proportion de création industrielle de valeur, une fiscalité équitable et une classe moyenne forte.

Pour ça, nous voulons limiter le pouvoir de marché et dégrouper les entreprises dominants le marché.

Là où les monopoles sont inévitables, il faut confier les tâches à des prestataires à but non lucratif.

L’industrie allemande est l’épine dorsale de notre prospérité et doit être conserver. Nous avons de nouveau besoin de davantage de technologies d’avenir made in Germany, plus de champions cachés et non pas moins.

Afin d’empêcher le déclin économique de notre pays, des investissements massifs dans notre système éducatif, notre infrastructure publique et dans des administrations compétentes, sont nécessaires.

Nous avons besoin de fonds futurs pour le soutien des entreprises locales innovantes et des start-up, et non des milliards de subventions pour les monopoles d’outre-Atlantique.

L’Allemagne comme pays fort en exportations et pauvre en matières premières a besoin d’une politique de commerce extérieur fondée sur des relations commerciales stables avec le plus grand nombre de partenaires, au lieu de la formation de nouveaux blocs et de sanctions sans bornes, et qui assure notre approvisionnement en matières premières et en énergie bon marché.

Le changement du climat mondial et la destruction de nos moyens naturels de subsistance sont de sérieux défis, que la politique ne doit pas ignorer.

Cependant, une politique environnementale et de climat sérieuse requiert de l’honnêteté : l’approvisionnement énergétique de l’Allemagne, eu égard aux technologies d’aujourd’hui, ne saurait être uniquement assurée par les énergies renouvelables.

Un activisme aveugle et des mesures mal pensées n’aident pas le climat, mais mettent en danger notre substance économique, rendent la vie des gens plus chère et minent l’acceptation du public de mesures sensées de protection du climat.

La contribution la plus importante qu’un pays comme l’Allemagne puisse réaliser dans la lutte contre le changement climatique et la destruction de l’environnement est le développement de technologies clés innovantes pour une économie du futur neutre sur le plan du climat et acceptable par la nature.

Justice sociale

Dans notre pays, depuis des années, l’inégalité grandit.

Des millions de personnes travaillent dur, afin de permettre une vie bonne pour eux-mêmes et leurs familles.

Ils sont ceux qui font fonctionner notre société et payent une grande partie des impôts.

Au lieu d’avoir en retour le respect et la protection sociale, leur existence est devenue moins certaine et plus lourde dans les dernières décennies.

Beaucoup de gens, malgré un emploi à temps plein, ne parviennent avec leur revenu pratiquement pas au bout du mois.

La promesse d’avancement de l’économie sociale de marché n’est plus d’actualité, la prospérité personnelle dépend depuis longtemps avant tout du statut social des parents.

La concentration des richesses en Allemagne est aujourd’hui aussi élevé qu’elle l’était avant le début de la Première Guerre mondiale, lorsque le Kaiser régnait encore à Berlin.

Alors que les monopole, même en temps de crise, versent des dividendes records, les files d’attente aux associations caritatives sont de plus en plus longues.

Même ceux qui ont travaillé pendant des années et cotisé pour la sécurité sociale se retrouvent quémandeurs plein d’amertume après une année de chômage.

Parce qu’il n’y a pas de places en garderie et que notre société est tout sauf favorable au cadre familial, les parents célibataires et leurs enfants en particulier vivent souvent dans la pauvreté, qui n’est pas devenue plus supportable par le changement de nom de Hartz IV [réforme de 2005 supprimant des droits sociaux].

Des millions de personnes âgées ne peuvent pas, après une une longue vie professionnelle, profiter de leur retraite, parce que leurs pensions sont abaissées de manière humiliante.

Les appartements, hôpitaux, établissements de soins, cabinets médicaux et bien d’autres d’autres institutions sociales importantes ont été et sont vendus à des chasseurs de rendement

Depuis, les coûts ont augmenté tandis que coule la qualité des services pour la majorité des gens.

Nous voulons stopper la désintégration du vivre-ensemble social et de nouveau aligner la politique sur le bien commun.

Notre objectif est une société méritocratique juste avec de véritables égalité des chances et un niveau élevé de sécurité sociale.

Une économie hautement productive a besoin d’employés qualifiés et motivés. Les conditions préalables pour cela, ce sont des salaires compétitifs, des emplois sûrs et de bonnes conditions de travail.

C’est également vrai pour les salariés des métiers de services, qui sont tout aussi importants pour notre société que les bons ingénieurs et ingénieurs en mécatronique.

Afin d’éviter la pression sur les salaires, la convention collective doit à nouveau être renforcée et la validité générale des conventions collectives être facilitée.

Nous soutenons les employés, leurs syndicats et les comités d’entreprise et du personnel dans leur engagement en faveur des droits des travailleurs et d’un bon travail.

En même temps, notre pays en a besoin un État-providence fiable, qui démonte les peurs de l’avenir et protège de la chute en cas de maladie, de chômage et de vieillesse.

La privatisation et la commercialisation des services existentiels, comme dans les domaines de la santé, des soins ou du logement, doivent cesser ; les prestataires à but non lucratif doivent avoir la priorité sur ces secteurs.

Ce qu’il faut, c’est un système fiscal équitable qui allège le fardeau des faibles revenus et empêche les grandes entreprises et les particuliers très riches de se soustraire à leur juste part du financement de la communauté.

La prospérité personnelle ne doit pas être une question d’origine sociale, mais doit être le résultat d’un travail acharné et d’efforts individuels. Chaque enfant a le droit de voir ses talents découverts et promus.

La paix

Notre politique étrangère se situe dans la tradition du chancelier fédéral Willy Brandt et du président soviétique Mikhaïl Gorbatchev, qui ont opposé à la pensée et l’action dans la logique de la guerre froide une politique de détente, d’équilibre des intérêts et de coopération internationale.

La solution des conflits par les moyens militaires, nous la rejetons fondamentalement.

Nous nous opposons à ce que de plus en plus de ressources vont aux armes et aux équipements de guerre, au lieu d’aller à l’éducation de nos enfants, la recherche de technologies protectrices de l’environnement ou aux installations de santé et de soins.

L’armement nucléaire et l’escalade des conflits entre les puissances nucléaires mettent la survie du l’humanité en danger et il faut y mettre fin.

Nous luttons pour une nouvelle ère de détente, et de nouveaux contrats de désarmement et de sécurité commune.

La Bundeswehr [l’armée allemande] a pour mission de protéger notre pays. Pour cette tâche, elle doit être adéquatement équipée.

Nous refusons le déploiement de soldats allemands dans les guerres internationales, tout comme leur stationnement à la frontière russe ou en mer de Chine méridionale.

Une alliance militaire, dont la puissance dominante a ces dernières années attaqué cinq pays en violation du droit international, avec plus d’un million de personnes tués dans ces guerres, alimente les sentiments de menace et les réactions de défense et contribue ainsi à l’instabilité générale.

Au lieu d’un instrument de pouvoir pour des objectifs géopolitiques, nous avons besoin d’une union de défense alignée de manière défensive, qui respecte les principes de la Charte des Nations unies, vise au désarmement au lieu de s’engager dans la course aux armements, et dans laquelle les membres sont sur un pied d’égalité.

L’Europe a besoin d’une architecture de sécurité stable qui, à long terme, devrait aussi inclure la Russie.

Notre pays mérite un politique sûre d’elle-même, qui place l’accent sur le bien-être de ses citoyens et qui soit porté par la considération que les intérêts américains diffèrent parfois grandement des nôtres.

Notre objectif est un Europe indépendante des démocraties souveraines dans un monde multipolaire, et non pas une nouvelle confrontation des blocs, dans laquelle l’Europe se retrouve comprimée entre les États-Unis et un bloc en formation prenant toujours plus conscience de lui-même, autour de la Chine et de la Russie.

La liberté

Nous voulons redonner souffle à une formation démocratique des vœux, élargir le processus décisionnel démocratique et protéger la liberté personnelle.

Nous rejetons les idéologies extrémistes de droite, racistes et promptes à la violence.

La Cancel Culture, la pression à la conformité et le rétrécissement croissant de l’éventail d’opinions sont incompatibles avec les principes d’une société libre.

Il en va de même pour le nouvel autoritarisme politique, qui prétend éduquer les gens et réglementer leur mode de vie ou leur langage.

Nous condamnons les tentatives de surveillance générale et de manipulation des gens par les monopoles, services secrets et gouvernements.

L’immigration et la coexistence de différentes cultures peuvent être un enrichissement. Mais cela ne s’applique que tant que l’afflux est limité à un certain ordre de grandeur, ne déborde pas notre pays et ses infrastructures, et tant que l’intégration est activement promu et réussit.

Nous le savons : le prix d’une concurrence accrue pour des logements abordables, des emplois à bas salaires et pour une intégration ratée sont payés en premier lieu par ceux qui n’ont pas leur place au soleil.

Toute personne politiquement persécutée dans son pays a droit à l’asile.

Mais la migration n’est pas la solution au problème de la pauvreté dans notre monde.

Au lieu de cela, nous avons besoin des relations économiques mondiales équitables et une politique qui s’efforce de produire davantage de perspectives dans les pays d’origine.

Une société dont les acteurs les plus puissants ne sont motivés qu’à gagner plus d’argent au moyen de l’argent conduit à des inégalités croissantes, jusqu’à la destruction nos ressources naturelles et à la guerre.

Nous y opposons nos idées de sens commun, de responsabilité et de vivre-ensemble, à qui nous souhaitons redonner une chance par la modification des rapports de force.

Notre objectif est une société dans laquelle le bien commun est supérieur aux intérêts égoïstes, où ce ne sont pas les tricheurs et les joueurs qui gagnent, mais ceux qui réalisent un travail honnête et bon, sincère et solide.