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Décès de Bernard Stiegler, philosophe idéaliste de la gauche post-moderne

Le parcours de Bernard Stiegler est exemplaire d’une faillite historique de la Gauche.

Bernard Stiegler aurait été philosophe. Là où cela pose problème, c’est qu’on sait que pour être « philosophe », il faut avoir un certain goût de l’envergure. Mai 68 a ainsi produit de nombreux philosophes de gauche et qu’on les aime ou pas, ils voyaient les choses en grand. Michel Foucault et Alain Badiou disaient le contraire après 1968, mais enfin ils proposaient quelque chose de large, de grand, de dense.

Bernard Stiegler, lui, a fait comme Jean-Claude Michéa : il a rejoint le PCF juste après 1968. Il faut se rappeler ce qu’est le PCF alors : une organisation d’envergure, avec une base populaire immense… mais qui s’oppose radicalement à mai 1968, cherche à casser la tête aux « gauchistes » et prône le soutien aux institutions, notamment avec la CGT.

C’est déjà mal parti et Bernard Stiegler, s’ennuyant, quitte le PCF en 1976 en raison du « stalinisme imposé par Georges Marchais ». Ce qui n’a aucun sens, car justement Georges Marchais supprime le concept de dictature du prolétariat et lance le processus d’accord avec le Parti socialiste, amenant le gouvernement du programme commun en 1981. Bernard Stiegler cependant ne devait pas y saisir grand-chose puisqu’il a ouvert un bistrot musical à Toulouse et que face aux découverts, il s’est mis à braquer des banques.

Il est arrêté, fait cinq ans de prison et à sa sortie passe sous la coupe du philosophe postmoderne Jacques Derrida, faisant une carrière au sein du Collège international de philosophie, pour ensuite devenir un haut cadre de la culture, comme en étant directeur de l’Institut de recherche et coordination acoustique/musique (IRCAM), responsable du développement culturel du centre Pompidou à Paris, etc., etc.

Et la Gauche dans tout cela, car Bernard Stiegler est toujours présenté comme de gauche ? Eh bien, il n’y a rien à part un discours sur la technique. Représentant les thèses du national-socialiste Heidegger, Bernard Stiegler fait de l’être humain un accident du développement de la nature qui fait face à la « technique » comme une menace l’amenant à des catastrophes possibles.

Suivant même l’approche nietzschéenne de Heidegger, Bernard Stiegler prônait un idéal européen pour remotiver l’humanité et « réinventer » le monde, afin de retrouver le « savoir-faire » et le « savoir-vivre ».

Qui connaît l’histoire des idées sait qu’on a là une vision « post-consumériste » et « post-industrialisation », pour reprendre les termes de la démarche de Bernard Stiegler, qui correspond à la revue Esprit des années 1930, avec Emmanuel Mounier et le « personnalisme », bref ce fascisme français spiritualiste anti-production anti-technique, partisan du retour à la « vérité », etc.

C’est la même idéologique que les zadistes, les décroissants et Julien Coupat ; ce n’est pas quelque chose relevant du mouvement ouvrier et de la Gauche, mais bien plutôt une philosophie pré-fasciste ou fascistoïde, voire fasciste au sens historique authentique. Le fascisme, ce n’est en effet nullement le racisme et la dictature comme le pensent sommairement les anarchistes, mais une « révolte contre la vie moderne » avec un idéalisme censé « transcender » une réalité quotidienne mièvre et fausse.

C’est quelque chose de totalement faux, tout en étant justement terriblement compliqué à formuler intellectuellement ; un dessinateur comme Marsault, qui dénonce le « monde moderne », n’y parvient par exemple pas.

Les luttes de classe sont en fait trop fortes, et aussi la lutte des places ; même des idéalistes cherchant un monde post-consommation sont freinés dans leur élan, comme justement Bernard Stiegler qui dénonce les injustices sociales parce qu’il se veut révolter… tout en étant membre du think tank de la SNCF.

Avec la crise, par contre, ces idéalistes vont se lâcher et Michel Onfray est l’exemple même de l’intellectuel de « gauche » assumant un discours « national-social » en proposant une voie qui est, clairement, celle du fascisme.

Les gens comme Bernard Stiegler n’auront ainsi, vu a posteriori, fait que contribuer à l’asséchement de la Gauche, à la négation du mouvement ouvrier. Il a fait partie de cette vaste couche d’intellectuels de « gauche » qui, à l’instar de Philippe Frémeaux de la revue Alternatives économiques, n’ont cherché qu’à pourrir la Gauche de l’intérieur.

 

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Le point sur l’épidémie de Covid-19 en France au 6 août 2020

Depuis plusieurs semaines déjà, il y a des signes montrant une circulation accrue du coronavirus responsable de l’épidémie de covid-19. C’est un rebond potentiel que la société ne sait pas aborder.

L’illusion comme quoi le covid-19 allait disparaître comme il est venu ne tient plus. L’humanité a joué avec le feu et provoqué des dérèglements à l’échelle planétaire, cela ne disparaîtra pas comme par enchantement. De fait, la maladie est encore très mal connue, tant en termes de conséquences (les cas sont très divers, tant dans la forme que la gravité), que dans sa façon de circuler.

La tension réapparaît ainsi en France, avec 14 départements considérés en situation de vulnérabilité :

– modérée pour Bouches-du-Rhône, Gironde, Haute-Garonne, Haute-Savoie, Ille-et-Vilaine, Nord, Val d’Oise, Paris, Seine-Saint-Denis, Hauts-de Seine et Val-de-Marne ;

– élevée pour Mayenne, Mayotte et Guyane.

Le 6 août 2020, il y a également 175 « clusters » en cours d’investigation (soit 14 de plus que la veille).

7 personnes sont officiellement décédées du covid-19 en France, avec surtout une hausse du nombre de patients en réanimation. 5060 personnes sont actuellement hospitalisées pour cette maladie, avec 21 nouvelles personnes admises en réanimation, portant le nombre total en réanimation à 390 personnes contre 384 la veille (+6).

Ce « solde » entrée/sortie de près de 400 personnes correspond à la situation juste avant le confinement, alors que le pic s’est officiellement situé à plus de 7000 personnes pendant quelques jours début avril.

Ce n’est évidemment guère rassurant. Rappelons en effet que les cas en réanimation reflètent une situation antérieure en termes de circulation du virus, puisqu’il faut plusieurs jours pour que les symptômes se développent et plusieurs jours encore pour qu’ils s’aggravent. Grosso modo, les symptômes mettent au maximum dix jours à apparaître, en admettant toutefois qu’on soit en mesure de les reconnaître comme relevant du covid-19.

Il y a donc l’hypothèse d’une vague qui va arriver à court terme ou, en tout cas, au moins l’hypothèse qu’une vague peut se produire de nouveau. Cela ne fait pas du tout les affaires des capitalistes qui, à l’instar du nouveau premier ministre, veulent relancer l’économie à marche forcée.

Ils tablent sur une meilleure organisation. En effet, la situation est différente aujourd’hui par rapport à lorsque le covid-19 est apparu, en raison des mesures sanitaires prises entre-temps, de la saison (avec la vie davantage à l’extérieur), ainsi que des capacités supérieures à mener des tests (bien que l’organisation soit faible, mal orientée, etc.).

Ces augmentations actuelles ne signifient donc pas nécessairement dans les prochains jours l’explosion qu’on a connue en mars, si l’encadrement est suffisant. On peut avoir le covid-19 comme bruit de fond, présent à de nombreux endroits mais sans se diffuser massivement, somme toute le contraire d’auparavant où il se diffusait rapidement dans des foyers localisés.

Le problème, c’est que les Français sont pétris de libéralisme et ont basculé pour certains dans un libéralisme toujours plus assumé. Cela se lit en particulier dans la jeunesse.

Ainsi l’Agence santé publique France parle pour le 6 août 2020 d’indicateurs montrant une « progression et une intensification de la transmission de l’infection à SARS-COV-2 », ce qui indique une tendance à venir d’augmentation de ces cas graves dans les jours ou semaines à venir.

Mais il est également insisté depuis plusieurs jours sur la prévalence des cas positifs dans la population jeune et c’est encore le cas dans la communication du 6 août 2020, qui évoque particulièrement les jeunes adultes.

Les jeunes se disent qu’ils ne risquent pas grand-chose et ne pensent pas à protéger les autres, ils vivent dans une bulle, d’ailleurs anxiogène. Ils ne savent pas comment se placer alors que, par définition, les jeunes veulent réaliser des choses.

Ici, la société n’a aucune réponse, paralysée par le capitalisme. Il faudrait un haut niveau d’organisation de la société et là on a l’inverse. Dans un contexte où il y a un décalage entre la diffusion du virus et sa manifestation avec les symptômes, c’est évidemment fatal. Les services de santé courent littéralement derrière une société passive et des citoyens infantilisés par des mœurs libérales-libertaires.

Le covid-19 est un défi collectif ; la réponse ne peut être que collective. Ni le capitalisme, ni l’État, ni les gens ne sont prêts à cela. Les gens n’auront pourtant pas le choix.

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Écologie

AVA: «La chasse à courre contre la démocratie»

Voici le communiqué d’AVA France, qui mène depuis plusieurs années un combat démocratique et populaire contre la chasse à courre. AVA est impliqué dans l’initiative du Référendum pour les animaux et dénonce ici l’attitude particulièrement agressive et anti-démocratique des chasseurs à courre voulant étouffer toutes voix n’allant pas dans leurs sens.

« ⚔️ LA CHASSE A COURRE CONTRE LA DÉMOCRATIE ⚜️

Depuis l’annonce du Référendum pour les Animaux, les tenants de la chasse à courre déploient tout l’arsenal qu’on leur connaît pour faire barrage à l’expression du peuple.

Sur les réseaux sociaux, les personnalités qui se sont prononcées pour cette initiative sont prises pour cible : Julien Courbet, Cauet, Pierre Niney, Nicola Sirkis, Nagui sont harcelés de messages injurieux sous leurs publications.
Les parlementaires qui ont choisi publiquement de soutenir le projet référendaire reçoivent quant à eux des SMS et des e-mails mensongers pour qu’ils retirent leur nom des listes. Quelques-uns hésitent désormais à se montrer. Mais malgré cette atmosphère, le nombre de soutiens dans la société civile et parmi les élus continue de grimper de jour en jour. Il ne manque plus qu’une cinquantaine de parlementaires pour déclencher le processus du Référendum d’Initiative Partagée ! 👍

La chasse à courre, pratique portée par une des franges les plus réactionnaires des classes dominantes actuelles, ne peut être abolie que grâce à une mobilisation massive de la population, d' »en bas », tellement les rouages de l’Etat sont pris dans la rouille des lobbies et le clientélisme des notables locaux. 🗣👥

C’est en tous cas l’option qu’a choisi AVA, plaçant une confiance totale dans la volonté de la population, accélérant son organisation. 📣

La route est peut-être encore longue, et les forces qui tiennent cette pratique détestée de tous encore vives. En Angleterre, dans les mois qui ont précédé l’abolition de la chasse à courre, des députés avaient du être placés sous protection policière suite à des menaces venant du monde de la vénerie. Soyons certains qu’ils nous réservent encore des choses ici aussi.

Cet épisode raconte un peu plus ce qu’est, et ce qu’aura été, la chasse à courre, ses valeurs et ce qu’elle aura représenté comme force sociale néfaste dans notre société.

Vivement l’abolition ! 🌳🏡👨‍👩‍👧‍👦

➡️ La situation vue par la presse : https://www.ladepeche.fr/…/les-defenseurs-de-la-chasse-a-co…
➡️ Pour suivre l’avancée du projet : https://twitter.com/RIPanimaux »

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Culture

Liverpool FC x Nike: «Tell us never»

Le peuple dit qu’il peut tout changer, car lui seul est en mesure de le faire. La vidéo de Nike pour/avec le club de football de Liverpool reflète un changement d’époque : le peuple s’impose, partout.

Il y avait le « yes we can » de Barack Obama, qui était un idéalisme américain tout à fait caricatural. Le « Tell us never » de Nike dans sa collaboration avec le club de football de Liverpool est bien différent. On y voit en effet, en quelque sorte, la classe ouvrière dire qu’elle a un mode de vie qui lui est propre et qu’elle est capable d’apporter un débordement, un saut en qualité.

Dis : « jamais » [cela ne pourra être fait] et la réponse est : « C’est déjà fait ».
(tell us « never », it’s already done.)

https://www.youtube.com/watch?v=c4AimVVtoBQ

C’est là le reflet de la collision entre un capitalisme toujours plus de masse et la culture de masse. Le peuple s’impose à travers les interstices d’une consommation se voulant aliénante, mais obligée de coller à la réalité populaire. La contradiction est explosive et on lit déjà l’avenir, avec un peuple coloré dans son style et stylé dans ses couleurs.

De fait, il n’y a qu’à socialiser Nike et on a déjà une base solide. Le capitalisme touche vraiment à sa fin, il est déjà hors-jeu.

Il suffit d’ailleurs de comparer cette vidéo de très haut niveau à la campagne d’affiches délirante, d’une esthétique très fasciste, que Nike avait réalisé en 1998 lors de la coupe du monde de football en France, avec sa « république populaire du football ». La Mairie de Paris avait d’ailleurs interdit ces affiches faisant la promotion du Nike Park établi sur le Parvis de la Défense (Adidas étant également le sponsor de la coupe du monde, cela a dû joué).

Il est évident, cependant, qu’une telle vidéo s’appuie sur la particularité du club de Liverpool, qui assume directement sa dimension populaire. Paradoxalement, ce n’est pas forcément le cas de clubs éminemment populaires comme le Racing Club de Lens, par exemple, et ce même pour les organisations de supporters, qui ne jouent pas au sens strict de manière ouverte sur cette dimension.

On a une démarche localiste de soutien, mais cela ne s’élève pas à une dimension populaire, ouvrière, alors que dans le fond c’est pourtant évident. On a là un refus de faire de la politique, en quelque sorte, même indirectement. Il y a bien entendu l’erreur inverse, avec d’autres clubs se voulant de gauche de manière assumée, de manière forcée et donc folklorique (l’AS Livorno en Italie, Hapoel Tel Aviv, Sankt-Pauli à Hambourg, etc.).

Rares sont les clubs se revendiquant de la classe ouvrière en tant que telle, en se fondant sur une réelle tradition. Cela se lit dans les détails ; sur le site de Schalke 04, par exemple, au lieu de « bonjour », on a l’expression des mineurs : « Glück auf ! » (soit « à la chance »). On a également le symbole des mineurs sur les annonces des prochaines rencontres.

Et de manière encore plus intelligente, sur le logo de son magasin en ligne, le caddie est remplacé… par une berline de mine. Subtile, fin, populaire !

Le sweat shirt « Love your hood » (soit en anglais « aime là d’où tu viens ») est pareillement une affirmation de l’identité ouvrière (et en promo ici à trente euros).

Le club de l’Union de Berlin s’assume pareillement ouvrier (Nous de l’Est nous allons toujours de l’avant / Épaule contre épaule pour l’Union de fer / Durs sont les temps et dure est l’équipe / Aussi gagnons avec l’Union de fer (…) Qui ne se laisse pas acheter par l’Ouest ? / Union de fer, Union de fer). Mais c’est surtout le Rapid de Vienne qui se pose dans cette perspective avec le plus de netteté, avec une définition officielle comme un « club ouvrier », le club appartenant indirectement au Parti socialiste avec même un contrôle de l’identité du club par les ultras.

On voit ici évidemment comment la Gauche historique est capable d’insuffler des véritables valeurs, parce qu’elle se situe dans un prolongement. La démarche de Liverpool FC repose ainsi clairement sur les fondements de la Gauche historique, en l’occurrence du Labour Party britannique en général et de son identité locale en particulier. Cela a ses limites, mais c’est vrai, c’est authentique et c’est donc cent fois plus radical que les revendications folkloriques « de gauche », qui sont décalées de tout contenu populaire et ne satisfont que des petits-bourgeois en mal d’aventure identitaire.

Le peuple n’aime pas parader, il aime la vérité, il manifeste.

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Guerre

Tribune: «Nous devons refuser les armes nucléaires»

Voici une tribune de la branche française de la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires. À l’occasion des 75 ans des « horreurs des bombardements nucléaires de Hiroshima et Nagasaki », elle rappelle à quel point cette question est plus que jamais d’actualité, particulièrement en France. Le démantèlement immédiat de l’arsenal nucléaire de notre pays doit être point fondamental et indiscutable du programme de la Gauche. Rien ne peut justifier un tel pouvoir de destruction, aucun gouvernement véritablement démocratique et populaire, pacifique et internationaliste, n’est possible sans se débarrasser immédiatement de telles armes.

« Nous devons refuser les armes nucléaires

Soixante-quinze ans après les horreurs des bombardements nucléaires de Hiroshima et Nagasaki, les Etats disposant d’armes nucléaires investissent toujours des dizaines de milliards d’euros, en vue de leur modernisation et de leur renouvellement. Devant la complexité de la tâche de parvenir à l’élimination de ces armes de destruction massive, il serait tentant de rester dans le déni, comme le font trop de personnes à l’égard du changement climatique. Mais nos organisations, regroupées dans la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires (Ican en France), pour paraphraser les mots de Camus au lendemain du 6 août 1945, se refusent à tirer d’une aussi grave nouvelle autre chose que la décision de plaider encore plus énergiquement pour la mise en œuvre de l’interdiction et de l’abolition des armes nucléaires. (Tribune publiée, le 5 août 2020 sur Libération par les organisations membres de ICAN France)

Nous revenons de loin. Si l’on se retourne sur le temps écoulé depuis les 6 et 9 août 1945, nous avons eu beaucoup de chance : entre course aux armements – avec un arsenal nucléaire mondial qui a atteint le chiffre astronomique de 69 368 ogives en 1986 –, accidents nucléaires militaires qui ont avorté par chance (Goldsboro en 1961, Palomares en 1966, Thulé en 1968…) ou par courage (26 septembre 1983, colonel Petrov) et des tensions extrêmes (Cuba en 1962, confrontation indo-pakistanaise du Kargil en 2001). Par ailleurs, face au risque d’utilisation de ces armes, l’importante mobilisation d’un grand nombre d’organisations et d’individus a permis d’obtenir la mise en place d’un droit international de plus en plus contraignant en faveur de la non-prolifération et du désarmement nucléaire, notamment le Traité de non-prolifération (1968) et le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (1996).

Alors que le risque de détonation nucléaire avec son flot de potentielles conséquences humanitaires, environnementales et sanitaires, n’a jamais été aussi imminent en ce début de siècle, l’adoption du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (Tian) par 122 Etats le 7 juillet 2017 à l’ONU montre que la résistance d’une large majorité d’Etats non-possesseurs et de nombreuses ONG (dont la campagne Ican) s’est amplifiée. Ce n’est pas une vue de l’esprit ou une croyance, mais une réalité avec l’entrée en vigueur d’ici quelques mois du Tian. Cette nouvelle norme de droit est d’ores et déjà efficace, si l’on en juge par les pressions diplomatiques exercées par la France et les autres puissances nucléaires pour dissuader Etats, villes et même des opérateurs privés de rejoindre ou de soutenir un traité dont l’ambition est de renforcer la sécurité internationale…

Résistons aux côtés des Hibakushas

«Nous avons vécu le feu des bombes atomiques larguées sur Hiroshima et Nagasaki, il y a soixante-quinze ans. Nous avons consacré notre vie à nous assurer que notre génération serait celle du dernier hibakusha – les survivants des bombes atomiques. Nous avons appris à être courageux, pleins d’espoir et audacieux. Nous avons appris que c’est à des gens comme vous et moi de se dresser contre les armes nucléaires et les dirigeants qui menacent le monde avec elles. Le dernier grand défi auquel nous sommes confrontés est d’interdire et d’éliminer ces armes. Affrontez-le avec nous, nous y sommes presque.» (Engagement à soutenir les Hibakusha, Ican, juillet)

Résister, c’est s’engager avec détermination devant ce qui apparaît «intouchable». Comme citoyen français, nous sommes confrontés à chaque instant à cette bombe. Le budget dissuasion, issu de nos impôts, nous coûte 9 000 euros par minute en 2020, à l’heure où des acteurs du service de santé crient devant l’urgence sanitaire. Des banques, en contradiction avec leur politique de responsabilité sociétale de l’environnement (RSE), investissent notre épargne dans les entreprises fabriquant des systèmes d’armes nucléaires. Notre génération et les futures vont devoir gérer et payer pour le stockage d’un minimum de 15 000 m3 de déchets nucléaires militaires. Quant à la protection de l’environnement et de la biodiversité, cause essentielle, les efforts et luttes seront réduits à néant si le «bouton» nucléaire est poussé. La liste serait longue de tous les effets dangereux auxquels notre Etat nous expose en conservant une politique de dissuasion, qui consiste à être prêt en permanence à utiliser des moyens de destruction sur des populations civiles et en engageant les Etats de l’Union européenne à la soutenir.

Les campagnes (par exemple, via le Mouvement de la paix, Pugwash, Abolition 2000…) pour le désarmement nucléaire sont nées au lendemain de Hiroshima et Nagasaki. Mais la résistance est devenue plus organisée, plus active, non seulement à travers ces organisations, mais aussi avec de nouveaux acteurs (voir les signataires de cette tribune), comme le sont des villes françaises (dont Paris, Grenoble, Cordes-sur-Ciel et une vingtaine d’autres) et à travers le monde (plus de 300) qui sont convaincues que leurs habitants ont le droit de vivre dans un monde libéré de cette menace nucléaire et qui, pour cela, soutiennent l’interdiction des armes nucléaires.

Notre pays a une position et un rôle singulier. Certes, son arsenal est moindre (300) par rapport aux Etats-Unis (5 800) ou à la Russie (6 375), mais la France a le quatrième plus grand arsenal au monde. Cette France dont un sous-marin transporte en permanence un millier de Hiroshima, alors que dans le même temps son ministre des Affaires étrangères affirme que «le respect du droit international humanitaire n’est pas une option [mais] c’est une obligation» (Conférence nationale humanitaire, 22 mars 2018) et que son Président s’interroge sur la prise en compte d’un crime d’écocide… alors qu’il pourrait lui-même en être l’auteur !

Nous engageons les associations et les individus à nous rejoindre pour agir et faire résonner cet appel des Hibakushas. Nous pouvons tous résister et agir à notre niveau en interrogeant l’action des élu·e·s (parlementaires et maires), en s’informant, en sollicitant sa banque de respecter ses engagements d’acteur responsable, dans l’objectif de contraindre le Parlement et le pouvoir exécutif d’engager le processus de signature et de ratification du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.

Signataires :

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Beyrouth: une explosion meurtrière dans un pays déjà à l’agonie

L’explosion survenue après un incendie sur le port de Beyrouth mardi 4 août a été puissante et dévastatrice, à l’image de l’immense crise dans laquelle s’enfonce le pays depuis plusieurs mois. Le bilan accablant d’au moins 73 morts et 3700 blessés, en plus de la destruction de toute une partie de la capitale, ne fait qu’enfoncer encore plus un Liban déjà à l’agonie.

Le souffle de l’explosion de 2750 tonnes de nitrate d’ammonium dans le port de Beyrouth a été particulièrement violent et les fumées qui s’en dégagent visibles depuis Chypre, à 200 km de là. Les rues les plus proches ont été dévastées avec de nombreux écroulements. Quasiment toutes les vitrines des quartiers Hamra, Badaro et Hazmieh ont volé en éclat, marquant toute cette partie de la ville jusqu’à plusieurs kilomètres du port.

L’impact a été tellement fort que des voitures ont été soulevées, des airbags déclenchés, des gens projetés en l’air dans leur propre appartement, des portes d’habitations arrachées jusqu’à très loin du port. Il y a même un navire militaire dépendant de l’ONU qui a été endommagé, faisant des blessés graves sur l’embarcation.

Le chef de la Croix-Rouge libanaise a parlé de « morts et des blessés partout, dans toutes les rues et dans tous les quartiers, qu’ils soient proches ou éloignés de l’explosion ». Dans la soirée, alors que les premières opérations de sauvetage sous les décombres étaient à peine lancées, le ministère de la santé libanais annonçait que les hôpitaux de la ville étaient déjà saturés, les milliers de blessés affluant en masse.

Triste coïncidence, mais terriblement significative, un grand mouvement social des infirmiers était prévu ce mercredi 5 août 2020, suite aux vagues massives de licenciement dans les hôpitaux. Ceux-ci croulent sous les dettes depuis plusieurs mois, sans aides de l’État, devant par exemple se fournir en mazout sur le marché noir pour produire l’électricité que le réseau public ne leur fournit plus, ou seulement par intermittence.

D’ailleurs, dans l’après-midi avant l’explosion survenue sur le port de Beyrouth, des manifestants prenaient d’assaut le ministère de l’Énergie en raison de ces coupures massives d’électricité, parfois pendant 20 heures par jour dans certains quartiers. Le réseau public d’électricité perd chaque année 2 milliards de dollars et est dénoncé comme un des plus gros foyers de corruption.

À l’automne 2019, le pays a connu de grandes manifestations populaires face à la généralisation de la crise. Depuis, c’est encore pire. La monnaie libanaise a perdu 80 % de sa valeur par rapport à cet automne, les épargnant n’ont plus accès à leurs dépôts, la moindre marchandise est hors de prix… quand elle est disponible. Des choses comme les médicaments, la lessive ou encore les couches pour bébé deviennent très rares. Le troc s’est généralisé.

Le salaire d’un militaire n’équivaut qu’à 100 dollars, alors que le pays vit pratiquement que d’importations commerciales. Le Liban ne produit quasiment rien et son économie est totalement dépendante des grandes puissances et de ses voisins, tandis que de nombreuses familles vivent en partie grâce à l’argent envoyé par les émigrés, une « diaspora » de millions de personnes, souvent à l’étranger depuis plusieurs générations. On sait aussi qu’à Paris vit une oligarchie libanaise au mode de vie richissime.

Naturellement, le chaos est aussi politique avec une incapacité pour les classes dirigeantes à gouverner depuis la démission du gouvernement de Saad Hariri fin octobre. Le pays est dirigé selon un système de partition communautaire intenable, n’ayant pas d’autre perspective que la soumission aux exigences du FMI. En l’absence d’un mouvement démocratique et populaire organisé, la situation est bloquée, par incapacité à bouleverser toute la chaîne de corruption, de bureaucratie et de désorganisation généralisée.

Le 23 juillet 2020, c’est le ministre des affaires étrangères français Jean-Yves Le Drian qui est venu sur place pour exiger les mesures préalables à l’« aide » du Fonds monétaire international :

« Il est aujourd’hui urgent et nécessaire de s’engager de manière concrète dans la voie des réformes, c’est le message que je suis venu transmettre à toutes les autorités libanaises. »

Ces scandaleux propos de mise sous tutelle ne se ressentent que plus douloureusement aujourd’hui. les Libanais, avec les Palestiniens, ont toujours été les premières victimes dans la région des prétendus accords de paix maintenant en réalité une chape de plomb sur les peuples et la notion même de démocratie.

Le Liban, ce petit bout d’Orient à peine plus grand que la Corse avec officiellement 5,5 millions d’habitants, paye directement sa situation historique, n’étant au fond qu’un terrain d’affrontement entre puissances mondiales et locales, avec un main-mise de grandes familles issues de la féodalité.

Créé de toute pièce par la France en 1920 dans le cadre de son mandat sur les provinces syriennes après le démantèlement de l’Empire Ottoman, il n’a jamais été en mesure de connaître un véritable développement national, avec un fractionnement religieux extrême. De ce fait, des parties entières de son territoire échappent encore aujourd’hui à toute autorité centrale, l’aspect le plus connu récemment étant le sud du pays avec la main-mise du Hezbollah.

La France, puissance en perdition, ne parvient plus à y maintenir ses positions. Symbole de cela, l’effondrement de l’enseignement chrétien francophone, concernant des centaines de milliers d’élèves.

L’explosion de cet entrepôt du port de Beyrouth où était stockée 2750 tonnes de nitrate d’ammonium est ainsi terriblement exemplaire de la situation dramatique du Liban, comme de tout le Moyen-Orient. Ces matières explosives étaient là depuis 2014, cela était tout à fait connu, la proximité du bâtiment étant évité pour cette raison, etc. Mais en l’absence d’une autorité politique efficace, démocratique et au service du peuple, la catastrophe n’a pas été empêchée.

Que celle-ci ait eu lieu sur le port de Beyrouth est d’ailleurs un terrible symbole pour le Liban, tant le pays finalement ne fonctionne que grâce à ce port et ses importations, au cœur de la situation de crise actuelle.

L’humanité a encore beaucoup de chemin à parcourir dans sa quête d’un monde pacifique, prospère et harmonieux… Particulièrement dans cette région du monde, pourtant berceau de la civilisation. Mais rien ne sera possible tant que ce ne sera pas le peuple lui-même au pouvoir, avec des exigences démocratiques élevées, assumant tant la Raison que l’héritage historique de chaque partie de la grande famille humaine. C’est le programme du XXIe siècle sur la Terre.

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Décès de Philippe Frémeaux, à l’origine de la revue Alternatives économiques

Journaliste, Philippe Frémeaux avait lancé la revue devenue incontournable pour la gauche postmoderne, dans une optique keynésienne ouvertement coupée du mouvement ouvrier.

Il est dans la tradition de la Gauche historique que la presse dépende des partis, que les orientations soient prises uniquement en leur sein, par leurs membres. Au contraire, la revue Alternatives économiques a été un très puissant vecteur de l’affirmation de la gauche postmoderne.

La trajectoire de Philippe Frémeaux est ici exemplaire. Il ne s’agit pas d’une figure d’un mouvement, mais d’un carriériste intellectuel. Il est d’abord professeur d’économie au lycée à partir du milieu des années 1970, maître de conférence à Sciences-Po, avant de donner des cours à l’école de communication CELSA. À côté il écrit pour Le Monde, avant de rejoindre Alternatives économiques, dont il va devenir le rédacteur en chef, ce qui va véritablement lancé la revue.

Sous son impulsion, la revue a pris un tournant commercial. Tirant à un peu moins de 100 000 exemplaires, elle se veut facile d’accès, vulgarisant les thèses keynésiennes. Elle est extrêmement sobre dans ses exigences, qui se veulent toujours « justifiés » par un mélange de « réalisme » et de « justice sociale ». Philippe Frémeaux est en même temps passé par France Info, France Culture, toute cette approche correspondant à tout un état d’esprit propre aux années 2000-2010, celle de la gauche finalement très en phase avec Lionel Jospin.

Aujourd’hui, on appelle cette idéologie « l’économie sociale et solidaire », même si évidemment, la revue Alternatives économiques a toujours revendiqué être au-dessus des idéologies. Philippe Frémeaux n’hésitait d’ailleurs pas à se revendiquer comme le patron (directeur général) de la revue et on chercherait en vain une référence politique bien délimitée. D’ailleurs, ont salué sa mémoire à la fois Benoît Hamon, Eric Piolle, Julien Bayou… tous mettant ce qu’ils veulent derrière.

On aura compris que derrière la « vulgarisation » de l’économie, il y avait en fait un appel énorme vers les milieux intellectuels petits-bourgeois, en particulier les professeurs d’économie (plus précisément de SES, sciences économiques et sociales). Il faut ici savoir qu’après 1989, l’approche des cours d’économie a totalement changé. Avant 1989, on avait pour chaque thème trois points de vue qui étaient expliqués, relevant du libéralisme, du keynésianisme et du marxisme conforme à l’interprétation du PCF. Dans un processus commençant en 1989 et se concrétisant en quelques années, il n’y a plus eu qu’un seul point de vue expliqué par les professeurs. Les professeurs d’économie se sont alors sentis investis d’une mission.

Il n’y a bien entendu pas eu que les professeurs ; au sens strict, tout le milieu intellectuel de gauche parisien a suivi, ou plus exactement des centre-villes, dans une vaste anticipation de ce qu’allait devenir EELV. Il y a ici une énorme histoire des idées à écrire, mais il y a une ligne droite allant de la revue Alternatives économiques, néo-keynésienne, à EELV. Benoît Hamon a été, si l’on veut, l’articulation entre les deux. L’Histoire a d’ailleurs été injuste avec le « passeur » Benoît Hamon.

Cependant, c’était inévitable. La petite-bourgeoisie n’existe pas historiquement, elle est une zone-tampon et se raccrocher à elle en s’imaginant qu’elle va orienter tout un pays, toute une économie, c’est rêver éveillé. D’ailleurs, personne ne se souviendra de Philippe Frémeaux ; quant à Alternatives économiques, la revue ne peut que rentrer dans le mur. Le néo-keynésianisme triomphe en effet en ce moment avec les milliards distribués à l’économie, c’est-à-dire aux entreprises. Que va-t-il en résulter ? Une facture colossale, que les travailleurs vont devoir payer, et pour qu’ils payent l’État va devoir employer une violence inouïe. Les néo-keynésiens se démasqueront alors d’autant plus que comme un simple support moderne aux entreprises, dont le temps est définitivement passé.

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Culture Culture & esthétique

La playlist «Hier et demain»

La playlist « Hier et demain » présente des versions modernes de la musique folklorique. Si en France la musique folklorique et le folklore ont été pratiquement anéantis avec la révolution française, ce n’est pas le cas du tout dans la plupart des pays. Il y a alors un patrimoine musical, ou même plus généralement culturel, qui ne s’efface pas.

On ne parle pas ici de reconstruction artificielle comme en Bretagne, avec une langue bretonne bricolée au XXe siècle, dans le prolongement d’un drapeau calqué sur le drapeau américain. On parle d’une continuité et d’une insertion dans la culture moderne. D’ailleurs, les groupes de musique se tournant vers le folklore présentent souvent les mêmes caractéristiques :

– ils se veulent « pop » ;

– ils ont un haut niveau technique sur le plan musical ;

– ils sont ouverts sur le monde et nullement « traditionalistes » ;

– il n’y a pas de dimension identitaire et il y a des échanges culturels assumés.

Il y a évidemment des pôles. À l’un, on a des formes qui ne se distinguent pas vraiment de la musique folklorique, voire en relèvent carrément. À l’autre, on a des inspirations plus qu’autre chose, comme le groupe allemand Heilung qui va puiser de manière assez imaginaire dans le milieu eurasien de la Norvège à la Russie actuelles, avec un goût prononcé pour le chamanisme.

On aura compris le choix du nom de la playlist : en parlant d’hier, ces musiques parlent en fait de demain. Il y a un besoin de culture, de vie en communauté de manière harmonieuse. C’est là l’idéal de la Gauche. Et il va sans dire que si la Gauche oublie la culture, le « national-socialisme » interviendra ici pour dévier ces aspirations. C’est d’ailleurs le cas en Russie où, à côté de la main-mise de la religion orthodoxe sur les gens, il y a une vague très forte de paganisme mystique, identitaire et aberrant.

La playlist ne se veut évidemment nullement exhaustive ; elle est d’ailleurs principalement tourné vers l’Est et le Nord de l’Europe. C’est simplement qu’un portrait relativement unifié et la formidable richesse des musiques africaines demande une présentation spécifique.

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Politique

«V» les visiteurs, le modèle idéologique des complotistes

Cette série des années 1980, à la fois ridicule et stupide, fournit la base même de l’approche « dissidente » des complotistes.

Produite entre 1983 et 1985, « V » est une série qui fournit tous les éléments de la démarche complotiste. Cela n’est pas dû à l’intelligence du script ni au jeu des acteurs, le tout étant d’une nullité indiscutable. C’est que la série reflète l’esprit violemment anti-communiste des États-Unis des années 1980, dont Star Wars est un exemple bien connu.

Le schéma est toujours la même. D’un côté, des populations diverses, désordonnées mais créatives, avec des individus authentiques et plein d’initiatives… De l’autre, une machine froide et anonyme, pratiquement robotique et en tout cas sans états d’âme, dont le but est d’absolument tout uniformiser.

La série « V » a toutefois une particularité qui la distingue de Tron, Rambo II, Rocky IV, Star Wars, Top Gun, etc. En effet, dans tous ces films l’ennemi est parfaitement identifié. Ce qui fait la particularité de « V », c’est sa dimension paranoïaque. On a des envahisseurs extra-terrestres voulant prendre l’eau sur Terre et manger les humains.

Au sens strict, un film comme « They live » (Invasion Los Angeles), de John Carpenter et sorti en 1988, est strictement équivalent. Seulement « They live » possède une dimension satirique, sa dénonciation de la société de consommation prime sur le reste, l’ambiance est à une révolte autant contre « l’occupant » que contre les gens qui acceptent d’être hypnotisés.

On a rien de tout cela dans « V », qui se veut le portrait de résistants se formant sur le tas. On a le même principe dans le film de John Milius de 1984, L’aube rouge, où une poignée de jeunes américains organise la guerre de guérilla contre l’occupant soviéto-cubain. Quelque chose vient s’ajouter pourtant : les « visiteurs » se déguisent en humains, alors qu’ils sont des « reptiliens ».

Ces « reptiliens » déguisés en humains, cela ne tient pas debout et la scène d’une reptilienne déguisée en humaine en train d’engloutir un cochon d’Inde vivant en deux secondes est d’une stupidité complète.

On a toutefois tous les ingrédients pour la conception d’un régime d’occupation par des forces inhumaines. Les théories nazies avaient déjà ce principe d’une « occupation » intérieure et après 1945, elles allèrent encore plus loin avec la théorie du « ZOG » (Gouvernement d’occupation sioniste). « V » apporta une inspiration en plus.

L’Anglais David Icke a ainsi directement repris la thèse au début des années 1990, avec un succès important, pour expliquer que des reptiliens extra-terrestres créés génétiquement cherchent à prendre le contrôle de planète Terre, composant notamment la famille Rothschild et la famille royale britannique, etc.

C’est aberrant, mais là n’est pas la question. Ce qui compte, c’est le modèle paranoïaque, digne des folies furieuses des années 1920 dans toute l’Europe, surtout en Allemagne. La petite-bourgeoisie avait besoin de dénoncer le capitalisme sans le dénoncer, de mobiliser les ouvriers en sa faveur, mais sans remise en cause de la propriété.

On parle évidemment de cas extrêmes mais, en même temps, le petit parti nazi totalement délirant est devenu un mouvement de masse et la SS, avec des fantasmes mystiques complètement fous, a été un organe d’État extrêmement puissant. Des millions et des millions de personnes ont perdu la vie à cause de cette idéologie servant de levier aux conquêtes nazies.

« V » n’est évidemment pas une série raciste et, d’ailleurs, il y a des allusions contre le racisme et l’antisémitisme, le nazisme est clairement dénoncé par la bande. Cependant, cette idée d’une armée d’occupation non pas « neutre », mais particulièrement agressive, avec des « dissidents » cherchant à lutter contre un ennemi invisible… on a exactement la psychologie des complotistes.

Des fanatiques des thèses nazies à l’ancienne aux gilets jaunes, des partisans de l’antisémitisme « réconciliateur » d’Alain Soral aux tenants de la quenelle, on retrouve la même logique : le système est inhumain et porté par des forces occultes, à la fois anonymes et assassines. Toute l’Histoire est mensongère, toutes les informations sont trompeuses et il faut diffuser une dissidence dont les contenus sont, par définition même, aussi flous que la petite-bourgeoisie comme classe sociale.

« V » les visiteurs est ainsi une série très intéressante, au-delà de sa nullité, car elle présente des caricatures psychologiques qu’on retrouve justement chez les complotistes. Il y a bien plus d’intérêt à cela, à saisir la nature sociale du phénomène que de perdre son temps à « expliquer » comme le font les « décodeurs » du Monde et autres anti-complotistes tout autant petit-bourgeois que les complotistes.

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Société

PMA pour toutes : l’ultra-gauche en accord avec LREM

En ce qui concerne les mœurs, l’ultra-gauche est tout à fait en phase avec LREM et le turbocapitalisme en général. Il n’y aurait ni normes, ni principes, tout est au choix du consommateur.

« La famille du code napoléonien n’est plus la famille d’aujourd’hui et personne ici n’a le monopole de la famille. »

Tels ont été les propos du ministre de la Justice, l’avocat Éric Dupond-Moretti, lors de l’adoption du projet de loi de bioéthique par l’Assemblée nationale. Cela confirme la mise en place de la PMA pour toutes, la loi allant désormais passer au Sénat avant de revenir devant les députés pour sa validation finale.

Et ce qu’on peut constater, c’est que ses propos sont en accord complet avec la philosophie de l’ultra-gauche qui, conservant les fantasmagories gauchistes des « avant-gardes » intellectuelles russes des années 1920, considère que la famille est un préjugé du passé. Cette conception « gauchiste » n’a évidemment jamais été existante dans le mouvement ouvrier en tant que tel, mais on sait comment les « gauchistes » et avant eux les anarchistes ont une lecture particulière du monde. Pour eux, il faut tout dissoudre : la culture, les mœurs, les valeurs.

Dans une époque où le capitalisme prend toujours plus de place, ils convergent parfaitement avec les turbocapitalistes, telle Catherine Michaud, activiste LGBT largement appuyé dans son initiative par BNP Paribas où elle travaille.

Pour ces gens, il faut aller plus loin, toujours plus loin dans le démantèlement des normes. Officiellement, c’est pour permettre de prétendument « inclure » davantage, de permettre l’épanouissement de certaines personnes marginalisées. En réalité, c’est de la démolition pour faire davantage d’espace pour le capitalisme. Ce dernier avance dans toujours plus de domaines de la vie au nom de la « liberté », des différences censées être irréductibles entre individus. À l’Assemblée, lors du débat sur la bioéthique cette semaine l’élue LREM du Rhône Blandine Brocard a affirmé :

« Soyons imparfaits. Acceptons de ne pas tout contrôler. »

C’est là l’idéologie libérale, pour qui la société organisée c’est 1984, pour qui le Socialisme c’est l’étouffement de la créativité. Et l’ultra-gauche est parfaitement d’accord avec tout cela, elle se veut très radicale mais en réalité elle ne fait qu’œuvrer au démantèlement des normes pour satisfaire le capitalisme. Elle se retrouve, à l’été 2020, à être un appendice de LREM sur le plan des valeurs morales, sur le plan des mœurs, sur le plan des principes et de la théorie d’une société « inclusive ».

L’ultra-gauche prétend, comme LREM, que l’opposition à la PMA pour toutes et à la GPA relève de la « manif pour tous », des catholiques arriérés, alors qu’en réalité, tout ce discours n’est qu’un écran de fumée pour masquer que le turbocapitalisme est à l’offensive, qu’il a besoin d’espace, toujours plus d’espace.

Le turbocapitalisme a besoin de consommateurs isolés, atomisés, par de deux personnes s’aimant et faisant des enfants comme prolongement naturel de leur existence. Tout doit relever d’un acte de consommation bien déterminée, ramenant du profit. Et cet élargissement du marché se fait au nom de la « liberté ».

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Société

Tribune anti-prostitution: «Sous le Strass, le corporatisme d’un monde libéral et antiféministe»

Le journal L’Humanité a publié vendredi 28 juillet 2020 une tribune très intéressante, dénonçant les défenseurs de la prostitution qui se prétendent féministes. Les arguments sont pertinents et revendiquent la Gauche historique… mais on se demande où étaient ces gens pendant toutes ces années. Car toute cette offensive libérale sur le plan des mœurs ne date pas d’aujourd’hui, et ne se limite pas qu’à la défense de la prostitution.

Voici la tribune et sa liste de premiers signataires :

« Sous le Strass, le corporatisme d’un monde libéral et antiféministe

Depuis quelques années, les médias de gauche ouvrent leurs colonnes à une obscure association corporatiste se présentant comme syndicat des « travailleuses du sexe » (STRASS). Cette association, portée par un projet profondément libéral vise à soumettre l’ensemble des activités humaines aux logiques du marché capitaliste.

Leur projet s’oppose à toutes les femmes qui luttent contre les violences qui leur sont faites au premier rang desquelles se trouvent les violences sexuelles. Les positions du STRASS sont en opposition radicale avec les organisations qui défendent le droit des salarié-e-s.

La position de la CGT et de la gauche majoritaire est très claire à l’égard de la prostitution.

« Dans la prostitution, la personne est engagée tout entière ; il n’y a plus de séparation entre elle et la fonction qu’elle occupe. Pour nous, la force de travail physique ou intellectuelle est à distinguer de l’intimité. Le sexe doit rester une barrière, il est du domaine de l’inaliénabilité. Tout ne se vend pas. »

Voilà en substance la position de la CGT concernant l’activité prostitutionnelle. Cette position est historiquement celle portée par la gauche française qui soutiendra dans sa grande majorité la campagne de Joséphine Butler pionnière de la lutte abolitionniste à la fin du XIXe siècle.

Le Parti Communiste a lui aussi affirmé maintes fois son positionnement abolitionniste et s’est prononcé en faveur de la pénalisation des clients. Du côté de Marx, la prostitution est une activité qui n’ouvre pas sur une contradiction porteuse d’émancipation comme c’est le cas pour l’ouvrier mais une activité seulement destructrice de l’individu.

Alors que le nombre de personnes se trouvant sous le seuil de pauvreté ne cesse d’augmenter dans ce pays, les médias de masse ne cessent de faire la promotion de la prostitution. Ils recourent au vocabulaire de la « travailleuse du sexe » et soutiennent que la prostitution serait un « travail comme un autre » en donnant régulièrement la parole au STRASS.

Or, ce « syndicat » est en réalité une association Loi 1901. Il est signataire de la charte du GLOBAL network of sexwork project (NSWP) lobby mondial en faveur du système prostitutionnel. La charte du NSWP prévoit d’inclure à la fois les femmes prostituées, les « intermédiaires » et les « managers » (autrement dit des proxénètes) sous le vocable de « travailleurs du sexe ».

Cela s’appelle une corporation. Comme le rappelle la CGT, un syndicat doit faire preuve d’une totale indépendance à l’égard de l’employeur. Ce n’est manifestement pas le cas du STRASS puisque ses principales revendications portent sur « la dépénalisation du proxénétisme et le refus de pénaliser les clients. Autrement dit, garantir et préserver la liberté pleine et entière d’exploiter !» soulignent Sophie Binet et Sabine Reynosa de la CGT.

Le STRASS tout comme Médecins du Monde France (contrairement à Médecin du Monde Espagne qui se bat pour l’abolition de la prostitution) ont saisi le Conseil Constitutionnel en janvier 2019 pour demander la suppression du délit « d’achat d’un acte sexuel sur les enfants, les personnes handicapées, les femmes enceintes et les personnes vulnérables », arguant que ces catégories de personnes pouvaient elles aussi « consentir ».

Leur argumentaire juridique consiste à soutenir que « pénaliser le client » porterait gravement atteinte « à la liberté individuelle, la liberté contractuelle et la liberté d’entreprendre » ! Discours classique de l’idéologie libérale qui fait abstraction de l’atteinte à la dignité des personnes prostituées et ne dit rien des violences qu’elles subissent au quotidien.

Rappelons que 80 % des personnes qui « consentent » à subir des pénétrations sexuelles non désirées sont des personnes étrangères et que 90 % sont des femmes. L’âge moyen d’entrée dans la prostitution est de 14 ans et leur espérance de vie moyenne est 34 ans !

La prostitution est une domination de classe profondément misogyne, raciste et LGBTphobe. C’est aussi un système largement pédocriminel (enfants et adolescents étant source de plus de profit). En outre, les corporations comme le Strass veulent revenir à une conception archaïque du viol, en refusant de considérer qu’une pénétration obtenue sous la contrainte de l’argent du « client » prostitueur ou d’un proxénète soit un viol.

Pourtant l’immense majorité des viols sont commis sans violence, par le biais de stratagèmes, de rapport de force morale et de sidération psychique. Les mêmes mécanismes qui rendent possible la soumission des personnes victimes de prostitution. Ainsi sous couvert de défendre des personnes prostituées, ces corporations sont des chevaux de Troie réactionnaires, gouvernés par un projet ultra libéral et antiféministe visant à décriminaliser le viol sous contrainte morale pour permettre la régulation des rapports sexuels sous l’égide d’un marché capitaliste. Cela représenterait un recul civilisationnel considérable.

Premiers signataires: Benoît Martin, secrétaire général de l’union départementale CGT Paris; Nathalie Arthaud, porte-parole de Lune ouvrière; Laurence Cohen, sénatrice PCF; Hélène Bidard, responsable de la commission féminisme du PCF; Charlotte Pommier, Parti de gauche; Amor Bella, rédacteur en chef de la revue Progressistes; Stéphanie Roza, chargée de recherche (CNRS/ENS Lyon); Michel Étievent, historien; René Granmont, directeur-gérant du Travailleur catalan; Jean-Michel Galono, professeur de philosophie, syndicaliste et membre de la rédaction du Travailleur catalan; Lise Bouvet, philosophe et traductrice féministe; Florian Galli, agrégé de philosophie; Suzy Rojtman, Collectif national pour les droits des femmes: Claire Charlès, présidente des Effronté-es; Céline Piques, porte-parole d’Osez le féminisme, ; Nelly Martin, Marche mondiale des femmes; Anne Godard, membre de la direction nationale de Femmes solidaires: Daria Khovanka, survivante de la prostitution et militante abolitionniste; Mourad Aliaza, survivant de la prostitution ; Rosen Hicher, survivante de la prostitution. »

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Écologie

Pourquoi donc le journal L’Humanité mène-t-il campagne contre le «référendum pour les animaux»?

Le journal L’Humanité a publié récemment une tribune, puis une interview, pour dézinguer le projet de référendum d’initiative partagé concernant six mesures en faveurs des animaux. La protection animale est refusée au nom du capitalisme agricole, avec le mythe réactionnaire de l’élevage « paysan ».

L’Humanité a publié une tribune le 21 juillet 2020 intitulée « Quand des prédateurs capitalistes se soucient du bien-être animal ». Elle est écrite par Gérard Le Puill, qui fait figure de monsieur agriculture au PCF où il écrit régulièrement à ce sujet dans la revue théorique « Économie et politique ».

Dans sa tribune, il se fait directement le porte-parole du capitalisme agricole français, refusant toute amélioration de la condition animale au prétexte de la concurrence mondiale :

« Supprimer seulement en France la manière tout en « case, box ou stalle » pour les veaux, agneaux, vaches et truies conduirait les metteurs en marché hexagonaux à importer des viandes de veaux, de porcs et autres élevés en « case » en « box » ou en «stalle » dans d’autres pays de l’Union européenne. Ce qui aboutirait, en même temps, à une réduction de l’emploi en France et à un déficit accru de la balance commerciale. »

Gérard Le Puill parle directement au nom de ce capitalisme agricole français, expliquant au sujet des œufs par exemple que « la filière est très engagée vers une sortie progressive du système de poules pondeuses en cage. » Pour cette raison, il faudrait la préserver de tout changement législatif et surtout pas que la population française donne son avis sur la question.

C’est, au sens strict, un argument capitaliste et c’est d’ailleurs celui que les industriels utilisent régulièrement en matière environnementale ou sociale. Avec un tel raisonnement, il ne faudrait pas lutter pour des augmentations de salaire ou la protection sociale, parce que les autres pays du monde ou de l’Union européenne ont de moins bonne pratique et font concurrence, il faudrait d’ailleurs ne jamais rien dire et même dire merci patron.

La question des accords commerciaux avec des pays exportateurs de viandes est bien sûr un véritable problème, mais cela n’est pas une raison pour refuser que les choses changent en France. Cet argument de la concurrence mondiale, utilisé de cette façon, n’est qu’un prétexte pour empêcher toute mesure en faveur des animaux.

Il y a à l’arrière-plan un point de vue profondément rétrograde, prétendant qu’il existerait encore en France une paysannerie élevant des animaux, alors que cela fait bien longtemps que les éleveurs sont des capitalistes et que ce secteur est ultra modernisé, considérant l’animal comme une marchandise.

Gérard Le Puill a donc beau jeu ici de dénoncer les « prédateurs capitalistes » à l’initiative du projet de « referendum pour les animaux », car il ne vaut pas mieux en proposant à la place de défendre les capitalistes utilisant les animaux à leurs profits.

Notons au passage que L’Humanité ne se pose pas autant de question sur les « prédateurs capitalistes » quand il s’agit de sponsoriser la « Fête de l’Huma », où on a pu voir ces dernières années un stand Groupe Dassault, propriété de la richissime famille capitaliste du même nom, exposant des avions de guerre.

Tout cela est fort dommageable pour les animaux. Et, donc, cet argument des « milliardaires » a été utilisé une nouvelle fois dans L’Humanité dans son édition du 31 juillet 2020 avec une interview de Jacqueline Porcher. Elle est sociologue à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (un organisme d’État servant le capitalisme agricole) et explique cette fois que les défenseurs des animaux… n’aiment pas les animaux !

Naturellement, l’initiative du projet de « référendum pour les animaux » vient des richissimes capitalistes Jacques-Antoine Granjon, Xavier Niel et Marc Simoncini, et on peut comprendre que cela ne soit pas attirant pour des gens de gauche. Cependant, ce n’est pas une raison pour raconter n’importe quoi en enfonçant les associations de protection animale embarquées dans la démarche.

> Lire également : Lancement du projet «référendum pour les animaux»

Le problème, c’est que Jocelyne Porcher ne croit pas en un monde meilleur, où l’humanité aurait un nouveau rapport avec les animaux, sans les exploiter, sans les martyriser, etc. Son modèle, c’est « l’élevage paysan » d’avant les « transformations du capitalisme au XIXe siècle », avec « des races locales en libre parcours et abattage à la ferme »… Dans le genre rétrograde, et surtout mensonger, difficile de faire pire.

Alors elle explique que ce projet de referendum accréditerait sa thèse selon laquelle « la cause animale est devenue celle du capital » (elle a écrit un livre à ce sujet). Forcément, défendre les animaux ne va pas dans le sens du retour au XIXe siècle qu’elle défend, et qui relève d’ailleurs bien plus du pétainisme que de la Gauche historique.

Du coup, elle raconte n’importe quoi, pour dénigrer. L’interdiction de l’expérimentation animale ? Cela ne servirait à rien car « c’est déjà dans la loi ». La mesure concernant les animaux de cirque ? Elle ne servirait à rien, car ceux-ci sont « en voie de disparition ». Et en ce qui concerne la chasse à courre ? Là encore, cela ne concernerait « que très peu d’animaux », donc ce serait inutile.

Si de tels arguments sont possibles, dans « L’Huma », c’est que la Gauche en France est à la ramasse depuis des années et des années sur la question animale. Elle n’a jamais su se tourner vers le monde de la protection animale, des refuges animaliers, du végétarisme, du veganisme, etc.

Pourtant le monde ne l’a pas attendu pour évoluer. Et comme la Gauche n’est pas là pour donner un contenu social à des questions fondamentales comme celle des animaux, c’est le capitalisme qui s’en empare, pour tenter de se moderniser. Si la Gauche avait fait son travail, on n’en serait pas là, avec des milliardaires pratiquant une véritable OPA sur le milieu de la protection animale.

En attendant, la question est sur la table et les associations de protection animale ont décidé de porter l’initiative, en souhaitant ce référendum pour avoir une large audience auprès de la population. Les députés et les sénateurs de gauche devraient donc les soutenir, au moins pour une raison démocratique (il faut 185 parlementaires signant pour lancer une pétition et accéder ensuite au référendum).

Tel n’est pas le cas, puisque seuls quelques députés et sénateurs de gauche apporte leur soutien pour l’instant, d’après le site referendumpourlesanimaux.fr (Alain David, Olivier Faure, Régis Juanico et Laurence Rossignol du PS, Elsa Faucillon du PCF ainsi que Guillaume Gontard du groupe communiste au sénat).

Le 31 juillet 2020, il manque ainsi 63 parlementaires pour lancer la pétition préliminaire au référendum ; les députés et sénateurs de gauche porteraient une lourde responsabilité face aux associations de la protection animale s’ils continuaient à leur refuser la possibilité d’un referendum.

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Société

L’Assemblée nationale fait de l’enfant une marchandise en adoptant (de nouveau) la «PMA pour toutes»

La « PMA pour toutes », c’est le capitalisme triomphant tellement qu’il en arrive à faire de l’enfant une marchandise. Pire, le capitalisme fera payer cela à la collectivité, en faisant rembourser cet acte de consommation par la sécurité sociale.

La Procréation médicalement assistée (PMA) est une technique permettant aux couples ayant un problème de santé d’y remédier. On peut être contre éventuellement, mais il s’agit en tout cas de médecine et c’est pour cela que la sécurité sociale est concernée.

Tel n’est pas le cas avec l’élargissement le la PMA, votée pour la seconde fois par l’Assemblée nationale mercredi 29 juillet 2020. Il s’agit cette fois de consommation d’enfant.

Une femme ne peut pas avoir d’enfant seule, non pas en raison d’une maladie ou d’un problème de santé, mais pour des raisons biologiques, que l’on apprend aux enfants au collège. La PMA n’y change rien puisque dans tous les cas, il y a la fécondation de l’ovule d’une femme par un spermatozoïde produit par un homme.

L’article 1 de la loi de bioéthique élargissant l’accès à la PMA ne change rien à la réalité des femmes, car elles ne peuvent toujours pas avoir un enfant sans hommes. Cependant, il détourne une technique de sa finalité médicale en la mettant à disposition d’une consommatrice à qui l’on vend le sperme d’un homme ainsi que la technique pour la féconder.

L’article du projet de loi voté en seconde lecture par l’Assemblée nationale est très vicieux dans sa formulation. Il est parlé de « couple » et de « projet parental », avec l’idée de mettre les femmes seules ou en couple de deux femmes sur le même plan qu’un couple formé d’un homme et d’une femme ayant un problème sanitaire empêchant la fécondation.

Il est ainsi dit :

« L’assistance médicale à la procréation est destinée à répondre à un projet parental. Tout couple formé d’un homme et d’une femme ou de deux femmes ou toute femme non mariée ont accès à l’assistance médicale à la procréation […]. »

Cela est une énorme escroquerie sur le plan intellectuel, car il s’agit de deux choses tout à fait différentes ; les députés se couvrent de honte en inscrivant une telle aberration dans la loi française (ils n’étaient d’ailleurs que 66 à voter pour cette loi, 27 contre et 3 abstentions). Dans le premier cas, on a un acte naturel d’accouplement qui est aidé par la médecine. Dans le second cas, il y a un mensonge légal consistant à prétendre qu’il puisse y avoir un enfant sans père.

Parler de « projet parental » pour une femme seule ou un couple de deux femmes, c’est effectivement le mensonge d’un enfant sans père. C’est dénaturer un mot, en lui ôtant tout rapport avec la réalité biologique.

La parentalité, en ce qui concerne la procréation, c’est le fait pour un enfant d’avoir un père et une mère, et inversement c’est le fait pour un homme et une femme d’être parents d’un enfant. Point. Un « projet parental » pour une femme seule ou pour un couple de femme, cela n’existe pas, c’est impossible, c’est un non-sens.

Ce qui existe par contre, c’est la consommation d’enfant et c’est uniquement de cela qu’il s’agit avec « l’extension » de la PMA aux femmes seules et aux couples de deux femmes. Il est reconnu à celles-ci le « droit » de se voir payer par la collectivité (avec la sécurité sociale) l’achat du sperme d’un homme et de tout le processus d’insémination, en vue d’avoir un enfant. L’enfant n’est plus qu’une marchandise auquel on aurait droit.

Cette marchandisation des enfants va aller de plus en plus loin, car les gens défendant de telles choses sont de véritables barbares. Déjà, il a été voté (et refusé heureusement) la possibilité pour une femme d’être fécondé par le sperme de son compagnon… décédé. Certains ont même proposé l’élargissement la PMA aux transgenres (des femmes se prétendant « homme »).

Il y a également eu la tentative d’autoriser la « Ropa », c’est-à-dire le fait pour une femme de se voir implanter l’embryon conçu avec les ovocytes de sa compagne, grâce au spermatozoïde d’un homme.

C’est là une porte ouverte, très grande ouverte même, à la GPA, la gestation pour autrui. La « Ropa » fut rejetée heureusement, à 78 voix contre 31. Mais le sujet est sur la table et le capitalisme va maintenant pousser très fort en ce sens, au nom du droit à la consommation.

Tout le monde sait d’ailleurs très bien comment cela va se passer. L’article 1 du projet de loi de bioéthique a tout prévu, car il est précisé :

« Cet accès ne peut faire l’objet d’aucune différence de traitement, notamment au regard du statut matrimonial ou de l’orientation sexuelle des demandeurs. »

Il sera donc parlé de discrimination pour les couples d’hommes homosexuels dans leur « projet parental », et cela mènera inévitablement à la GPA. De toutes façons, la GPA existe déjà en France, car le Droit est torpillé par des grands bourgeois y ayant recours à l’étranger puis l’imposant dans le pays.

Les rapports marchands sont plus importants que les lois dans un pays capitaliste comme la France. En fait, les lois sont façonnés en fonction de ces rapports capitalistes eux-mêmes. C’est contre cela qu’est la Gauche, qui veut un ordre nouveau pour que le Droit triomphe vraiment, et donc sur une base populaire.

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Politique

Le gouvernement Jean Castex à la rescousse d’Alain Soral

L’État français a accordé une aura formidable à Alain Soral en l’interpellant pour menace aux intérêts de la nation, alors que son mouvement décrochait et qu’il y avait déjà ce qu’il suffisait pour l’embastiller.

Alain Soral a un parcours en trois temps. D’abord c’est un branché, qui traite des milieux parisiens et de la drague. Ensuite, c’est un intellectuel qui se veut post-marxiste et propose d’assumer une morale de droite dans la défense du « travail ». Enfin, c’est un activiste proposant une lecture national-socialiste du monde, avec la diffusion de toute la littérature qui va avec.

Alain Soral a obtenu d’énormes succès d’édition, notamment avec « Comprendre l’empire » et il a eu son heure de gloire au moment de la « quenelle » de l’humoriste Dieudonné. L’antisémitisme a permis aux deux agitateurs-provocateurs de disposer d’une vraie base. Ils n’ont cependant rien su en faire.

On a en effet un vrai bric-à-brac, Alain Soral se revendiquant maintenant de Julius Evola, un racialiste italien d’esprit aristocratique, ce qui ne correspond en rien à l’idée d’une « réconciliation » nationale au-delà de la couleur de peau des Français. Si on ajoute à cela la vulgarité proverbiale d’Alain Soral, son style provocateur totalement à rebours de l’approche française… cela ne pouvait que s’enliser. Son mouvement Égalité & Réconciliation était ainsi en perte de vitesse et un magnifique contre-exemple.

En effet, avoir diffusé l’antisémitisme en disant que les Juifs seraient la cause de tous les maux, alors que le Covid-19 montre l’ampleur du problème écologique et qu’on va à une guerre de repartage sino-américaine… C’est pour le moins absurde et c’est très clairement absurde.

Alain Soral a d’ailleurs dû être en secret très content de la fermeture de ses chaînes sur Youtube début juillet. Quant à une arrestation de 48 heures fin juillet, pour « provocation aux crimes et délits portant atteinte aux intérêts de la nation », il a dû sortir le champagne. Surtout qu’il est ressorti libre !

Ce qui va lui permettre, même si on est au creux de l’été, de mobiliser ses troupes, de se présenter comme le seul vrai « révolutionnaire ». Si la loi française avait réellement été appliquée, cela fait longtemps qu’il serait en prison. On applique la loi Gayssot et on envoie ce type aux oubliettes.

Cependant on sait comment le capitalisme adore les provocateurs du genre d’Alain Soral, qui proposent des voies de garage, qui cherchent à dévier la colère du peuple. Les associations juives qui se sont réjouies de l’arrestation d’Alain Soral feraient malheureusement mieux de se préparer au contraire à une énorme vague d’antisémitisme qui va profiter de l’aura que celui-ci a obtenu avec cette affaire. Alain Soral est clairement réactivé par le régime. Il est remis en selle afin de diffuser son poison et de faire des Juifs le paratonnerre de la colère populaire.

Ce n’est pas tout. En collant sur le dos d’Alain Soral une « provocation aux crimes et délits portant atteinte aux intérêts de la nation », le gouvernement introduit cette forme très rare dans la banalité de la répression. On en a déjà entendu parler au moment des gilets jaunes, mais ce n’était guère sérieux. On parle en effet du principe de violence collective de nature à mettre en péril les institutions de la République. C’est quelque chose de bien particulier mais là on est dans une démarche assumée de la part du gouvernement de faire en sorte de le généraliser.

Alain Soral a servi ici également de marche-pied à la répression future, car on peut évidemment s’attendre à d’autres accusations du même genre. Surtout qu’il y a le coup du « non suivi d’effet ». Avec une telle expression juridique, on peut justifier tout et n’importe quoi. Une ligne comme quoi il faut un soulèvement populaire pour renverser le régime, ce qu’on va trouver sur tout site d’extrême-Gauche… et on pourra faire l’accusation de « provocation aux crimes et délits portant atteinte aux intérêts de la nation ».

Alain Soral sert ici sur tous les tableaux. Il pousse à la division des masses et ses provocations servent à préparer le terrain à la répression. C’est précisément à cela qu’on reconnaît qu’il relève du fascisme.

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Politique

Décès de Gisèle Halimi, figure du libéralisme progressiste

Gisèle Halimi a été l’avocate de la cause des femmes, sauf que cette cause ne passe pas par l’éloquence, mais par le changement réel des mœurs, des mentalités, des structures mêmes de la société.

Dans son article au sujet du décès de Gisèle Halimi, le journal Libération commence de la manière suivante :

« Avocate, femme politique et écrivaine, Gisèle Halimi, décédée mardi à 93 ans, a fait de sa vie un combat pour le droit des femmes, marqué par le procès de Bobigny en 1972, qui a ouvert la voie à la légalisation de l’avortement.

Née Gisèle Taïeb le 27 juillet 1927 dans une famille modeste à La Goulette, en Tunisie, elle est très bonne élève et ne manque pas de caractère. »

On a ici une image d’Épinal assez caractéristique, qui correspond à celle de la personne qui s’est faite « toute seule » et a contribué à faire avancer les choses. En pratique, elle a tout de même son bac à 17 ans, à une époque où l’a environ 15 % d’une tranche d’âge. Cela ne colle pas vraiment. Elle part ensuite faire des études à la Sorbonne, vivant des « cours particuliers » qu’elle a donné à Tunis auparavant et d’une bourse. Tout cela est magnifiquement romancé et France Culture en raffole bien sûr.

Ses études l’amènent à être avocate. Elle le devient à un moment où le Droit en France est chamboulé, pour une raison très simple : le FLN algérien pratique des attentats meurtriers contre les civils et l’armée française réagit par la torture, ou même le viol. Gisèle Halimi devient dans ce cadre l’avocate de Djamila Boupacha, une activiste FLN torturée et violée pour avouer avoir l’intention de déposer une bombe dans un restaurant universitaire.

Ce fut un contexte où la Gauche historique, celle du mouvement ouvrier, fut totalement dépassée en France par d’un côté un nationalisme agressif et de l’autre une « seconde gauche » littéralement pro-FLN, préfigurant celle pro-migrants et pro-LGBT aujourd’hui. Cela amena le Parti socialiste à prendre l’ascendant.

Gisèle Halimi relève de ce courant. Lors de l’affaire Djamila Boupacha elle mena une intense campagne avec Simone de Beauvoir notamment ; elle devint ensuite une figure pour le droit à l’avortement. Ce thème est également particulièrement clivant et la Gauche historique n’a jamais été pour un droit unilatéral à l’avortement, qui est le point de vue du libéralisme pour qui l’individu a des prérogatives au-delà de toute réalité naturelle.

Gisèle Halimi fut ici un outil majeur du libéralisme, en contribuant à fournir un masque démocratique aux lois françaises. Ses interventions politiques sont passées par l’intermédiaire de son activité d’avocate.

Il y eut d’abord l’affaire Marie-Claire, du prénom d’une jeune femme ayant avorté illégalement à la suite d’un viol et qui heureusement, grâce à Gisèle Halimi, obtint une relaxe en 1972. Cependant, l’affaire fut en réalité employée pour généraliser le droit à l’avortement, ce que Gisèle Halimi exigeait déjà depuis 1971.

C’est pour cela qu’elle est saluée de manière unanime : pour les limites qu’elle a posé à son engagement purement institutionnel et symbolique. Les messages présidentiels en font l’aspect principal. Emmanuel Macron dit ainsi :

« Pour Gisèle Halimi, le féminisme était un humanisme. La France perd une républicaine passionnée qui, comme avocate, militante et élue, fut une grande combattante de l’émancipation des femmes. »

François Hollande, de son côté, a affirmé que :

« Gisèle Halimi a inlassablement servi la cause des femmes donc celle de la République. Elle ajoutait le courage au talent, le génie du verbe à la science du droit, l’engagement pour la dignité des peuples à la bataille pour l’égalité. Elle restera pour toutes et tous un exemple. »

C’est la théorie à la Victor Hugo de l’éloquence pour changer le monde. Gisèle Halimi a été cohérente dans sa démarche, d’ailleurs, puisqu’elle participe à la fondation du mouvement altermondialiste ATTAC.

Elle avait soutenu François Mitterrand en 1965, elle est députée apparentée socialiste de 1981 à 1984, ambassadrice de la France auprès de l’Unesco en 1985-1986, numéro deux pour les élections européennes de 1994 sur la liste du la liste du Mouvement des citoyens de Jean-Pierre Chevènement.

En 1949 elle s’était mariée à un administrateur civil au ministère français de l’Agriculture ; un de ses fils deviendra le chef du Monde Diplomatique, ce qui est ici une double référence à son parcours : institutionnel et altermondialiste. Elle s’est ensuite remarié à un secrétaire de Jean-Paul Sartre et est la marraine de Nicolas Bedos !

Toute la démarche de Gisèle Halimi, tout son milieu, absolument tout relève de la seconde gauche, celle qui rejette le mouvement ouvrier et naturellement les valeurs de la Gauche historique. Le message de Fabien Roussel, le secrétaire national du PCF, apparaît ainsi comme incompréhensible :

« Nous perdons aujourd’hui une grande avocate, celle des militant.es du FLN et des droits des femmes. Puisse son histoire, sa hauteur de vue et son intelligence accompagner encore et toujours nos combats pour l’égalité des droits humains #GiseleHalimi »

Incompréhensible, sauf si on comprend que la seconde gauche a pris le dessus à tous les niveaux. Mais voir un responsable du PCF saluer unilatéralement le FLN et quelqu’un qui est toujours restée entièrement extérieur au mouvement ouvrier, à tous les niveaux, est toujours choquant.

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Société

Décès de Jacqueline Sauvage, au cœur d’une affaire anti-Droit

La vague populiste autour de Jacqueline Sauvage a été terrible ; le Droit a véritablement vacillé, dans son principe même, devant une fantasmagorie.

François Hollande, qui avait gracié Jacqueline Sauvage à un moment, a révélé dans une interview à France Bleu quel était le fond de l’affaire, pour ceux ne l’ayant pas compris. Il dit ainsi que :

« C’était une décision difficile parce que deux cours d’assises l’avaient condamnée à 10 ans de réclusion. Je n’étais pas favorable, en principe, à la grâce car ce n’est pas au président de rendre la justice.

Donc j’étais devant le dilemme suivant : soit de confirmer les décisions de justice soit de tenir compte d’une situation certes personnelle mais qui était aussi symbolique des violences faites aux femmes. »

L’ancien président de la république explique ainsi qu’il a accordé la grâce en cédant à une campagne faisant de Jacqueline Sauvage un « symbole ». Il a été populiste et a suivi une vague elle-même populiste. On n’est pas dans le réel, mais dans l’imaginaire symbolique.

Jacqueline Sauvage, en effet, n’a pas tué en se défendant, mais a commis un meurtre avec préméditation. Elle, qui était capable d’aller menacer une maîtresse de son mari avec un fusil de chasse, n’avait jamais dénoncé les prétendues violences de son mari. Il n’y a aucun témoin de ces 47 années de violences conjugales.

Il n’y a pas non plus de preuves des attouchements et viols censés avoir été commis par le père sur ses filles. Il y a bien sûr des situations qui sont terribles, délicates, compliquées, mais les procès ont justement cherché à démêler le fil. Et ils ont constaté que toutes les accusations ne sont apparues qu’avec le premier procès, pour justifier Jacqueline Sauvage.

Cela semblait une construction a posteriori et on parle là d’une étude dans un cadre juridique, qui cherche à cerner les faits. Et à moins de considérer de manière absurde les procès comme des lieux où l’on cherche à tout prix à condamner les femmes qui se défendent, il faut voir la chose en face : l’affaire Jacqueline Sauvage est une construction.

Une construction qui dessert la cause des femmes utilisant avec légitimité la violence pour se défendre, car elle démantèle le principe même du droit.

Des féministes en quête de reconnaissance et les médias ont en effet accepter le discours de Jacqueline Sauvage. Le Droit a été emporté par cette campagne d’intoxication. L’avocat Régis de Castelnau, historiquement de Gauche, parle avec justesse de ce :

« mécanisme particulier qui voit des culpabilités reconnues et sanctionnées par la justice faire l’objet d’une contestation exclusivement dans le champ médiatique où une opinion publique chauffée à blanc prend le parti du condamné sur la base d’un récit et d’une vérité aux antipodes de ceux élaborés par une procédure régulière et contradictoire. »

Dans un article publié justement après le décès de Jacqueline Sauvage, Disparition de Jacqueline Sauvage : prospérité du mensonge, il rappelle que :

« Absolument TOUTE LA PRESSE nous la décrit comme une victime pendant des dizaines d’années d’un mari violent et l’ayant tué pour cela. Jusqu’à en faire « un symbole des violences conjugales ». Pas un scribouillard pour sauver l’honneur

Cette présentation est FAUSSE. LA VÉRITÉ est que Jacqueline Sauvage n’a pas été victime des violences d’un mari qu’elle a de sang froid abattu de trois balles dans le dos. Une instruction judiciaire très complète, et deux décisions de cour d’assises l’ont irréfutablement établi. »

Voici la liste des articles qu’il a fait ce sujet et qui sont incontournables pour qui s’intéresse à cette affaire :

Chapitre 1 : AFFAIRE SAUVAGE : LE CULTE DES COUPABLES INNOCENTS.

01/02/2016  https://www.vududroit.com/2016/02/affaire-sauvage-le-culte-des-coupables-innocents/

Chapitre 2 : AFFAIRE SAUVAGE: LE MÉPRIS DE LA JUSTICE

12/08/2016 https://www.vududroit.com/2016/08/1414/

Chapitre 3 : GRÂCE SAUVAGE : HOLLANDE A UN DON

28/12/2016   https://www.vududroit.com/2016/12/grace-sauvage-hollande-a-un-don/

chapitre 4 : JACQUELINE SAUVAGE: PAYSAGE APRÈS LA BATAILLE

02/01/2017 https://www.vududroit.com/2017/01/jacqueline-sauvage-paysage-apres-la-bataille/

chapitre 5 : NE PAS CONFONDRE JUSTICE ET FÉMINISME.

30/01/2017 https://www.vududroit.com/2016/01/ne-pas-confondre-justice-et-feminisme/

chapitre 6 : TÉLÉFILM SAUVAGE SUR TF1 : AUTOPSIE D’UNE IMPOSTURE

29/09/2018 https://www.vududroit.com/2018/09/telefilm-sauvage-tf1-autopsie-dune-imposture/

Il est fort dommage que Régis de Castelnau, somme toute, ait tendance à considérer que face à tout cela, comme dans l’affaire Traoré, la Gauche ferait bien d’être la vraie Droite. Il est assez exemplaire de gens de Gauche ne croyant plus en l’issue victorieuse de la lutte des classes, mais reconnaissant la lutte des classes, et cherchant ainsi en réponse un État fort, faisant du libéralisme le seul ennemi.

C’est là ne pas saisir que le Droit vacille parce que le capitalisme est tellement corrompu que sa société se ratatine. C’est la fin d’une époque. Il n’est plus possible de « régénérer » le Droit dans un tel cadre, il faut le faire porter par la peuple lui-même. C’est la sortie par en haut et l’élévation du Droit au niveau de la société elle-même.

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Société

Justice pour Axelle Dorier

La mort d’Axelle Dorier le week-end du 20 juillet 2020 a suscité de nouveau une forte vague d’indignation et d’horreur. Encore une fois, des anti-sociaux ont tué. Et encore une fois, le silence de la Gauche est révoltant : elle aurait pu comprendre son erreur suite aux morts de Mélanie Lemée et de Philippe Monguillot le week-end du 4 juillet. C’est une grave faute morale.

Allégories de la Justice et de la paix - Corrado Giaquinto

De ce que l’on sait aujourd’hui, Axelle Dorier fêtait son anniversaire avec des amis dans un parc lyonnais lorsque trois voitures sont arrivées. La première renverse le chien d’une des personne sur place. Le ton monte, les amis d’Axelle Dorier appellent la police.

Afin d’empêcher les coupables de s’enfuir, Axelle Dorier s’interpose et bloque le passage au véhicule qui a renversé le chien et en même temps aux deux autres l’accompagnant.

Le conducteur d’une des deux autres voitures, voyant qu’il est coincé, décide de forcer le passage et renverse Axelle Dorier. Il accélère et la traîne sur 800 mètres. La voiture s’enfuit et laisse derrière elle le corps mort d’Axelle Dorier, démembrée. Les coupables se rendront au commissariat de police quelques heures plus tard et affirmeront qu’ils ne savaient pas qu’ils l’avaient traînée.

On apprendra rapidement que le meurtrier roulait sans permis.

Nous avons donc un jeune homme qui conduit en toute illégalité, n’hésite pas à renverser une jeune femme qui le dérange et la traîne sous sa voiture pendant 800 mètres avant de prendre la fuite. Cet homme est littéralement un barbare pour qui la vie est un mot vide ; seul compte son intérêt propre et immédiat : une personne me bloque le passage ? Je l’écrase. Une telle logique est glaçante.

Ce jeune homme a été, semble-t-il, pris a parti parce qu’il était avec les femmes qui ont renversé le chien d’une des personnes présentes à la soirée d’anniversaire d’Axelle Dorier. Au lieu d’essayer de calmer la situation et de faire comprendre à ses amies qu’elles sont coupables et qu’elles devront répondre de leurs actes, il préfère la démonstration de force.

Une personne qui a donc empêché des coupables de partir et de se défiler, une personne qui s’est comportée comme une personne civilisée a donc été tuée de manière barbare. Une aide-soignante, au service des autres, morte trois semaines à peine après Mélanie Lemée et Philippe Monguillot. Et encore une fois le même schéma : une femme du peuple tuée par un anti-social.

Très peu d’informations sur le chien

L’origine de l’altercation entre les deux groupes est donc un chien. Certains affirment qu’il est mort, d’autres ne donnent pas davantage d’informations. C’est un gros problème : sa vie ne compte pas, comme s’il n’était qu’un élément du décor. C’est une position qui n’est pas acceptable moralement et qui est encore plus dérangeante quand on sait qu’Axelle Dorier s’est justement interposée pour empêcher les jeunes femmes qui l’ont renversé de s’enfuir.

Elle a cherché à ce que la justice soit faite.

La civilisation doit reprendre ses droits

Combien de temps les masses françaises vont-elles encore tenir face à ces drames ? Combien de marches blanches ? Combien de familles détruites, de proches, de frères, de sœurs, de parents ravagés par la perte d’un des leurs ?

La Gauche devrait être en première ligne face à ces expressions de la décadence pure de la société. Elle devrait porter un ordre nouveau, un ordre socialiste. Au lieu de cela, la Gauche française est détruite par l’opportunisme et le libéralisme.

Quatre mois après avoir appelé à applaudir le personnel soignant, la Gauche reste silencieuse face à la mort d’une jeune aide-soignante. Après avoir fustigé le gouvernement sur les conditions de travail du personnel soignant, la Gauche est incapable de dénoncer la mort d’une aide-soignante. Elle est incapable de dénoncer un acte de barbarie sans nom.

Si la Gauche n’avait pas pratiquement coupé tous ses liens avec le mouvement ouvrier, elle aurait réagi avec fermeté : un tel niveau de barbarie ne peut être toléré. Pire : une prolétaire sauvagement tuée par anti-social complet, jamais un mouvement ouvrier fort et digne de ce nom n’aurait laissé passer ça !

La Gauche entre silence et réactions abjectes

En attendant, le Parti Socialiste et ses principales figures continuent leur communication autour du lancement de leurs poadcast sur les principales plateformes de streaming, ou du « rdv de la gauche d’après ». Et au silence assourdissant de cette Gauche fait face les réactions immondes des populistes comme Bastien Lachaud :

« La fachosphère crie à la ‘racaille’, surfe sur les drames pour exciter la haine, le racisme. Mais elle ne dit pas un mot sur ceux qui détruisent vraiment la France: nous #OnVeutLesNoms de l’oligarchie qui détruit l’État, des fraudeurs du fisc, des multinationales qui délocalisent »

Donc ne parlons pas de la mort d’Axelle Dorier parce que… l’extrême droite le fait ? Cette personne prétend dénoncer les récupérations racistes de l’extrême droite tout en récupérant cette mort à son tour pour donner dans le populisme anti-oligarchie ? Au moins les militants d’extrême droite font preuve d’un peu plus de dignité : ils donnent le nom de la victime.

Ils le font parce qu’ils savent que le peuple veut la Justice et ils cherchent à dévier cette volonté de Justice.

La Gauche historique doit se reconstituer et lever le drapeau de la civilisation. Pour qu’aucune famille ne pleure comme celles de Mélanie Lemée, Philippe Monguillot et Axelle Dorier. La vie doit l’emporter, les démons doivent tomber. Il doit y avoir justice pour Axelle Dorier !

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Écologie

Le SOS du sanctuaire pour animaux «Domaine des Douages»

[photo : sanctuaire des Douages ]

Les refuges animaliers sont dans une situation très précaire depuis toujours. La crise sanitaire ne les a pas aidé, comme cela avait été souligné ici à plusieurs reprises.

Dimanche 26 juillet 2020, les associations de protection animales et une centaine de refuges publiaient une tribune, énième appel à l’aide. Le gouvernement n’en a rien à faire, pas plus que l’Assemblée nationale qui a refusé début juillet un fonds d’urgence pour les aider.

Les refuges à aider sont nombreux, et divers. En voici un, un parmi d’autre se dira-t-on : le « Domaine des Douages ». Pour les animaux qui y vivent par contre, ce n’est pas « un refuge parmi d’autre », mais leur maison. Et il y a péril en la demeure.

Voici le SOS lancé, qu’on ne peut que soutenir :

« Le domaine des Douages est un sanctuaire créé en 2009, qui s’étend sur 100 hectares et se situe dans la Nièvre, ce qui fait des Douages le plus grand sanctuaire de France.

Dominique, 60 ans, ancienne éleveuse, devenue vegan, s’occupe à temps pleins de plus de 850 animaux, tous issus d’élevages ou sauvés des abattoirs.

Seulement voilà : noyée sous une charge de travail immense, Dominique lance aujourd’hui un appel à l’aide. La raison ? Un manque cruel de dons, et donc d’argent, indispensable à l’entretien du sanctuaire, à l’achat de matériel et de nourriture pour ses centaines d’hôtes, ainsi que pour les factures du vétérinaire.

Cette année, la canicule a brûlé la totalité des ressources alimentaires des animaux : les champs. Nous avons donc dû piocher dans leur précieux stock de foin d’hiver.

La période hivernale risque d’être très difficile pour nos animaux que ce soit pour la nourriture mais également pour les protéger du froid, car des travaux doivent être faits pour isoler les bâtiments.

La place ne manque pas… Nous sommes en mesure d’accueillir d’autres animaux ! Mais pour cela, la bonne volonté ne suffit pas. Il nous faut les moyens, une fois sauvés, d’entretenir les pensionnaires dans les meilleures conditions possibles aussi longtemps qu’ils vivent.

« Après dix ans de combat au quotidien, sept jours sur sept et 24 heures sur 24, pour sauver les animaux de l’abattage, je me demande si je vais pouvoir tenir le coup. Si je dois arrêter, que deviendront alors mes 850 animaux ? Mes moutons, poneys, génisses, juments, oies, poules, canards… Aucune association ne les reprendra. Ce sera l’euthanasie pour les plus faibles ou les plus âgés, et l’abattoir pour les autres. »

Le sanctuaire ne recevant aucune subvention de l’État, les dons sont le seul recours pour l’empêcher de fermer. »

 

>> Pour aider :

DONS : https://domainedesdouages.com/donner/
PARRAINAGES : https://domainedesdouages.com/parrainer/

 

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Politique

Une situation compliquée au NPA

Le Monde a publié un article à sensation sur un NPA au bord de la scission. C’est une manière apolitique de voir un véritable mouvement de fond sur le plan des idées.

Le Monde a publié un article racoleur intitulé « Le Nouveau Parti anticapitaliste menacé d’implosion », avec beaucoup de sensationnalisme. Le journal avait déjà présenté en 2012 le conflit entre la « majo » et les minoritaires avec beaucoup de bile (« Au NPA, bataille autour de l’héritage financier de la LCR »). Il faut y voir une part de rancœur, puisque la personne qui a écrit l’article, Sylvia Zappi, a été elle-même une militante pendant toutes les années 1980 de la Ligue Communiste Révolutionnaire, l’ancêtre du NPA.

Durant ces années, la LCR était une organisation extrêmement sérieuse, avec des permanents, des cadres de très haut niveau, une capacité d’intervention d’une grande efficacité. La LCR est partie avec succès à la conquête des « mouvements sociaux », notamment des structures associatives, et c’est justement cela qui a produit le NPA. Cela a marqué toutes les années 1990, avec l’apogée dans les années 2000. En 2007, Olivier Besancenot obtenait alors 1,5 million de voix aux élections présidentielles, dans le prolongement de cette image à la fois sociale et urbaine, non-idéologique et concrète. C’est très exactement la stratégie que mène actuellement le PTB en Belgique.

Le Nouveau Parti Anticapitaliste remplace alors la LCR en février 2009, avec pratiquement 10 000 personnes impliquées alors dans cette structure, soit trois fois plus que la LCR. Tout a cependant tout de suite raté. Il aurait fallu le double d’adhérents pour noyer les « militants » politiques et associatifs, voire le triple. Au lieu de cela, l’ambiance a été rapidement une bataille de tendances et de courants, avec de concurrences locales et au niveau de la direction. Le NPA a pratiquement été paralysé dès le départ et il est devenu inexistant électoralement, alors qu’il avait été pensé que justement c’était acquis à ce niveau.

En même temps, cela a fait un formidable d’appel d’air pour pratiquement toutes les organisations trotskistes, qui ne parvenaient plus à tracer de perspectives. Elles ont trouvé dans le NPA une certaine orientation de masse et se sont fondés là-dessus pour se développer et se structurer. L’une des formes les plus développées est autour du média Révolution permanente, produit par le Courant Communiste Révolutionnaire. L’année dernière s’est également fondée l’alternative communiste révolutionnaire.

Le choix de « communiste révolutionnaire » est évidemment une allusion à la LCR et au trotskisme en général (qui se définit comme « communiste » mais dans une version « révolutionnaire »). Cependant, il ne faudrait pas croire une seconde que l’objectif est de refonder la LCR. Il s’agit de fonder un NPA bis, qui aurait les mêmes principes que le trotskisme anglais, notamment avec le SWP (qui relève par contre d’un autre courant du trotskisme, il y en a à peu près sept désormais). C’est un mélange d’autogestion de type libertaire, avec par contre une lecture marxiste de l’État et une tactique trotskiste des revendications sociales.

Si l’on regarde bien, l’influence de cette démarche a été énorme et pratiquement toute l’extrême-Gauche a adopté cette approche, et ce même dans les cas où elle ne revendique pas du trotskisme (OCML-VP, UCL, PCM, etc.). L’idée est de se raccrocher à un « mouvement social » (donc évidemment les gilets jaunes), de soutenir la CGT, d’avoir des principes anti-oppressifs (racisme « systémique », « LGBT » etc.), de pratiquer le populisme au maximum (contre les policiers, les ministres, le président…) et de recruter (notamment sur les réseaux sociaux) en se présentant comme toujours plus revendicatif. Un NPA bis pourrait indubitablement disposer d’un certain écho.

Les « historiques » de la LCR n’ont par contre aucune envie de repartir sur ce qu’ils voient comme de vieilles lunes. Ils ne sont pas contre les interprétations postmodernes du marxisme, mais de là à devoir les porter soi-même, c’est une autre histoire. Ils sont pour une « realpolitik », quelque chose de pragmatique, des avancées au moyen de « coups » (comme les élections municipales à bordeaux avec Philippe Poutou, les interventions médiatiques d’Olivier Besancenot, etc.) Ils pensent qu’il suffit d’attendre pour voir La France Insoumise s’enliser et le NPA former une alternative crédible… à condition de tenir.

Comme on le voit, ce sont deux visions très sérieuses, très élaborées, et on ne peut nullement l’aborder comme le fait l’article du Monde. Le congrès du NPA en 2020 sera d’ailleurs forcément riche en points de vue, même si dans le contexte actuel, dans pratiquement six mois, cela veut dire que c’est dans une éternité.

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Société

Covid-19: une campagne britannique contre le surpoids

Le gouvernement du Royaume-Uni a présenté ce lundi 27 juillet 2020 une grande campagne contre le surpoids et l’obésité, facteur de risque important dans le cadre du covid-19. C’est un événement majeur pour la société britannique, montrant à quel point la crise sanitaire en cours bouleverse profondément le monde.

Le covid-19 n’est pas simplement une maladie de plus, relevant d’une sorte de fatalité naturelle. C’est le produit de tout un système et du mode de vie allant avec. L’alimentation de mauvaise qualité responsable du surpoids relève directement de ce mode de vie conforme au capitalisme… et favorable à l’expression de formes sévères du covid-19.

Cela avait été un phénomène flagrant au plus fort de la crise sanitaire : les personnes en réanimation étaient essentiellement des gens en surpoids (hormis d’autres types de maladie ou bien la fragilité inhérente à la vieillesse).

En France, cette information est au fond très peu connue, car le sujet du surpoids et de la mauvaise alimentation est relativement taboue. Ce n’est pas le cas aux Royaume-Uni, pour des raisons culturelles.

Comme aux États-Unis, il y a un paradoxe énorme dans le pays : dans les centre-villes, et surtout à Londres, on peut manger pratiquement la nourriture la plus saine du monde, quasiment à tous les coins de rue, pour pas cher et souvent sans viande. Pour les classes populaires vivant en dehors par contre, l’alimentation est d’une qualité pitoyable, provoquant un surpoids généralisé, qui engendre une épidémie massive d’obésité à des degrés particulièrement alarmants.

À peine entrés dans l’adolescence, ce sont déjà un enfant sur trois qui sont en surpoids ou carrément obèses dans le pays. En ce qui concerne les adultes, les chiffres sont dramatiques : 63% ne sont pas dans une situation saine vis-à-vis de leur poids et 28% sont carrément obèses.

Alors que la crise du covid-19 n’en finit plus, le sujet est donc particulièrement brûlant dans le pays. L’agence sanitaire a publié samedi 25 juillet 2020 une étude affirmant que les obèses ont 40 % de risques supplémentaires de mourir de la maladie.

Une grande campagne « better health » (meilleur santé)  a donc été lancée et elle est radicale.

Toute publicité pour la malbouffe est interdite (y compris sur internet) avant 21h pour préserver les enfants, le nombre de calories des repas (qui n’est pas forcément un bon indicateur par ailleurs) doit être rendu public pour toutes les grandes enseignes de restauration, les supermarchés n’ont plus le droit de faire des promotions sur aliments considérés comme de mauvaise qualité. Autrement dit, il est dorénavant interdit de présenter des friandises ou des sodas devant les caisses au supermarché.

C’est un changement extrêmement profond, qui en dit très long sur la catastrophe sanitaire en cours, d’autant plus que la mesure est prise par un gouvernement censé être favorable avant tout au business. Rien que pour les friandises aux caisses, il faut bien voir que cela change drastiquement l’organisation de nombreux magasins où l’on fait pour ainsi dire la queue à la caisse au milieu d’un rayon friandises…

En arrière-plan, il y a la situation personnelle du premier ministre, en soins intensifs après avoir été touché par le covid-19, qui impute régulièrement son hospitalisation à son surpoids. Il a failli mourir (après avoir relativisé honteusement la pandémie pendant des semaines) et cela a provoqué un électrochoc dans le pays.

En 2019 encore, Boris Johnson avait affirmé qu’il reviendrait sur la taxe « boissons sucrées » d’avril 2018. En juillet 2020 finalement, son gouvernement a mis en place un plan massif estimé à 10 millions de livres sterling pour lutter contre le surpoids et la mauvaise nourriture. Le symbole est très fort.

Cela n’a rien d’anecdotique, cela prouve à quel point le monde n’est plus le même, à quel point la situation a changé dans tous les domaines, en profondeur, augurant des bouleversements sociaux-culturels majeurs dans les temps à venir.

L’obésité et le surpoids dans les classes populaires sont une horreur du 20e siècle, produites par un capitalisme soumettant chaque moment de la vie aux profits des grandes entreprises. Mais la vie se révolte, et elle est de plus antagonique avec le capitalisme. Le capitalisme lui-même le constate, mais il ne peut pas se rebeller contre lui-même…