Quand on lit Le Figaro en ligne, le site de presse en ligne le plus lu en France, on y trouve des fautes d’orthographe et de grammaire. C’est un excellent exemple de comment dans notre pays, le niveau culturel et intellectuel s’effondre. Même les bourgeois ne sont plus des entrepreneurs dynamiques, mais des héritiers vivotant dans un style de vie consommateur mi-bobo, mi-conservateur.
Comme aux États-Unis, d’ailleurs, la politique se divise en des Républicains et des Démocrates, c’est-à-dire entre des conservateurs et des progressistes, entre des capitalistes à l’ancienne et des turbocapitalistes. Mais ils sont les deux faces de la même pièce, et les extrémistes des uns – les identitaires – répondent aux extrémistes des autres – les LGBT, « anticapitalistes ».
Tout cela semble bien lointain de toutes façons, dans un paysage conformiste où la bourgeoisie s’enivre d’odeurs et de couleurs pastel, pendant que le prolétariat va à Lidl ou Aldi.
Non pas que le pastel soit une mauvaise chose en soi, ce serait du formalisme que de dire une telle chose. Cependant, utilisé par la bourgeoisie, il sert à nier les nuances, les différences, les contradictions.
Le pastel sert à neutraliser, à assécher, à lisser et rien n’est plus affreux que cet environnement bourgeois aseptisé, faussement détendu, vide. Quelques objets, chers, sans profondeur intellectuelle, culturelle, sentimentale ou spirituelle, voilà ce qui accompagne le pastel bourgeois.
Comme figure, prise à tort ou à raison, on retrouve l’actrice Audrey Hepburn, utilisée comme symbole d’un féminin précieux et bourgeois, intime et mondain.
Le pastel bourgeois est, si on regarde bien, un bric-à-brac, entre baroque et rococo, où des biens très chers s’amoncellent entre les bougies parfumées et les savons hors de prix. Tout cela est propre, lisse, sans aspérité, sans référence… on comprend qu’un tableau d’art contemporain manque rarement à l’appel dans un cadre bourgeois pastel.
L’inévitable ordinateur Apple est également omniprésent, et il faut rappeler ici que son utilisation initiale vient des milieux de l’édition, du graphisme et de la musique surtout. C’est la bourgeoisie « de gauche » qui a mis en place l’idéologie de la bourgeoisie pastel. C’est la bourgeoisie de l’époque de la consommation de masse, qui permet un cadre « social » en Occident, corrompant les larges masses.
La bourgeoisie est ainsi aveuglée, elle a atteint son pic historique. Elle ne voit même plus le passé. Faire la révolution contre les bourgeois français des années 1960, voilà ce qui aurait été extrêmement difficile. Les cadres bourgeois de l’époque étaient efficaces, capable de produire des ministres au kilomètre. Pareil dans les années 1930 ou dans les années 1980.
L’expansion massive du capitalisme dans les années 1989-2020 a toutefois lessivé la bourgeoisie elle-même. Elle est devenue narcissique sans commune mesure. Même l’extrême-Droite, dont la fonction est de redresser la bourgeoisie, par le nationalisme, le militarisme, la religion, l’esprit aristocratique, est devenue brouillonne, molle, sans idées ni ambition.
Cela ne veut pas dire que le prolétariat – surtout en Occident – n’ait pas été corrompu lui aussi. Il ne porte toutefois pas le capitalisme, donc il peut rompre avec lui et c’est d’ailleurs sa mission historique. Lui peut répondre à l’appel du Socialisme – encore faut-il que cet appel soit réalisé.
Et il y aura de la place pour le pastel, non pas le pastel bourgeois, mais le pastel socialiste, celui qui exprime l’harmonie réelle et non pas fictive, celui qui correspond au mouvement et non pas au statique, celui qui est célébration et non pas complaisance !