Le premier ministre Michel Barnier a été renversé par une motion de censure, avec 331 voix sur 577 de l’Assemblée nationale en faveur de celle-ci. C’est une alliance étrange qui a provoqué sa chute, puisque les votants sont à la fois du « Nouveau Front Populaire » et du Rassemblement national.
Tous sont unis contre le « macronisme », espérant profiter d’une vague de colère visant le président Emmanuel Macron, sur qui se portent toutes les rancœurs accumulées.
Ce n’est guère rationnel, car la situation de la France en décembre 2024 ne doit pas tout à Emmanuel Macron, loin de là. Le mal est plus profond et le renversement du gouvernement est lié justement à cette paralysie française, à ce marasme, à cet effondrement, à cette impuissance qui marque le pays.
C’est que les Français sont lessivés depuis la crise de 2020. Les mentalités sont mauvaises, les esprits nerveux. Il y a un désarroi et un fuite en avant, une passivité et une colère, une envie de renverser la table et une fainéantise généralisée.
En octobre 2024, nous parlions :
« d’une situation de crise, marquée par l’immobilisme, l’impossibilité de gouverner à moins de tout renverser.
Et comme le gouvernement n’a aucune majorité au Parlement, il ne renversera rien du tout et la France va continuer de s’enfoncer dans la crise de régime.
En fait, la France est tellement enferrée dans la crise que personne n’est capable de quoi que ce soit, ni n’ose faire le premier pas qui ferait ensuite tout vaciller. »
C’est le sens d’une crise, lorsqu’elle est générale, systématique : elle touche tous les aspects, de l’économique au psychologique, du culturel jusqu’au moral.
On pourrait se dire qu’alors les affaires continueraient comme si de rien n’était. Après tout, pourquoi faire tomber le gouvernement, au lieu de négocier telle ou telle mesure, et de faire des compromis ?
Et c’est tellement vrai que beaucoup ont cru jusqu’au dernier moment que les uns ou les autres n’oseraient pas renverser le gouvernement. La haute bourgeoisie n’a cessé également de donner des avertissements, soulignant la nécessité de fournir une bonne image de la France.
Patrick Martin, le président du MEDEF, avait même publié le 3 décembre une lettre ouverte, avertissant que la censure « pourrait être la dernière étincelle qui allume l’incendie », dont les conséquences « pourraient nous coûter la confiance de nos créanciers et de nos voisins ».
C’est que la France est en faillite, comme le dit la lettre ouverte, sans le dire ainsi mais les chiffres parlent d’eux-mêmes :
« Avec une dette représentant 112 % du PIB, notre pays atteint le niveau d’endettement le plus élevé jamais relevé – à l’exception des deux guerres mondiales. Il faut en prendre la mesure : au rythme actuel de 6 % de déficit, le FMI projette une dette publique à 124 % d’ici 2029.
Pour financer ses dépenses et refinancer ses précédentes dettes, la France lèvera ainsi au moins 300 milliards d’euros de dette nouvelle l’année prochaine.
Ce choix n’est déjà plus vraiment le nôtre. Notre pays doit attirer un nombre grandissant d’investisseurs, de plus en plus étrangers de surcroit (47 % en 2021 contre 55 % désormais). Rien ne les oblige à nous prêter de l’argent plutôt que de le placer ailleurs : il nous faut donc les convaincre. »
Mais la France est déboussolée, et même la stabilité d’un gouvernement dans une situation très tendue, c’est trop demander. Ce qui fait que comme l’a formulé juste après le renversement du gouvernement l’ancien Premier ministre Édouard Philippe, « nous sommes au bord du gouffre ».
Sauf que celui-ci est aussi nul que les autres. Comme nous l’avons dit au moment de la dissolution : la bourgeoisie est décadente, son personnel politique est nul, ce sont des minables et des corrompus.
Ils sont désorientés et ils se démolissent entre eux, comme là avec un renversement qui ajoute de l’instabilité à l’instabilité. C’est la dégringolade.
Et tant mieux que les forces anti-populaire n’arrivent à rien. Encore faut-il que les masses populaires en profitent. Sauf qu’elles brillent par leur absence, elles ne démontrent que la pesanteur, la passivité. Et à un moment, les forces anti-populaires vont bien finir par trouver quelque chose à faire. On peut se douter que ce sera violent.
Ce qui pose la nécessité du pouvoir populaire, qui affronte violemment le capitalisme. On va au devant de grands chocs.
De toutes manières, dans ce cas de figure, il n’y a pas 36 solutions pour un gouvernement, il n’y en a que deux. Soit on fait payer la bourgeoisie, soit on fait payer les masses.
Traditionnellement, l’État procède à une dévaluation de la monnaie, et ce sont alors les masses qui paient, les bourgeois mettant leur argent à l’abri dans les autres pays après l’avoir converti.
On parle par exemple beaucoup du Front populaire de 1936 et de ses acquis. Mais quelques mois après, en octobre Léon Blum procède à une dévaluation et tous les acquis sont perdus !
De toutes manières, avec l’Union européenne, il y a l’euro comme monnaie et donc plus de possibilité de dévaluation à l’échelle d’un seul pays. Il va donc falloir des mesures très dures de la part du capitalisme. Cela va être la confrontation.
Et la ligne que nous mettons en avant, c’est celle dont nous avons besoin pour cela.
C’est celle de l’affirmation populaire assumant la culture et l’ordre au nom de la civilisation, en précipitant la chute de l’occident.