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L’anarchisme, une catastrophe pour une CGT toujours plus à l’heure du choix

En utilisant les anarchistes pour ajouter de la tension à des mobilisations pas vraiment vivifiantes, la CGT a recréé depuis quelques années l’atmosphère du tout début du XXe siècle. Celle où anarchistes et syndicalistes empêchaient les travailleurs d’accéder à la culture de la Gauche et aux questions politiques.

Si encore les anarchistes étaient vraiment des anarchistes, on pourrait se dire qu’il y a quelque chose qui bouge. Mais les anarchistes français actuels sont des post-anarchistes ; ils ne retiennent de l’anarchisme qu’une sorte de spontanéité maladive se justifiant par une fascination pour une hypothétique « grève générale ». C’est le fameux mythe mobilisateur du grand soir.

C’est que les anarchistes actuels sont particulièrement imprégnés des importants succès du syndicat CNT tout au long des années 1990 et jusqu’au début des années 2000. La CNT a servi de grande lessiveuse détruisant les idées et les fondements de la culture anarchiste, au nom du « syndicalisme » et de sa croyance en la « grève générale », « illimitée », « insurrectionnelle », etc.

Résultat, alors que les anarchistes ont toujours soutenu depuis la fin des années 1940 Force Ouvrière, ils servent désormais surtout de troupes de chocs à la CGT. Les uns ont besoin des autres. La CGT mobilise ses troupes, mais l’esprit n’y est pas, pas plus que le nombre, bien souvent. Alors quand les anarchistes cassent, cela fait du bruit, c’est donnant donnant et tout le monde est content.

Les anarchistes se montent la tête et pensent que la grève générale arrive. La CGT fait passer sa démarche anti-politique pour un succès social exprimant une tension réelle.

Il faut voir ici le grand écart opéré. Depuis mai 1968, la gauche de la Gauche a une profonde aversion pour les directions syndicales, voire pour la forme syndicale elle-même. Depuis que la CGT a tout fait pour torpiller mai 1968, la cassure était nette.

Tout cela s’est évaporé et la CGT se voit désormais attribuée toutes les qualités d’un syndicat combatif, non institutionnel, mobilisateur, etc. Alors que tout le monde sait qu’il s’agit d’une gigantesque machinerie bureaucratique ne tenant que par l’abnégation de petites mains bien isolées.

Sa terrible perte de vitesse en témoigne et comme le syndicalisme français n’est déjà pas de masse, c’est pratiquement la survie qui est en jeu. D’où le besoin de faire du bruit pour occuper l’espace médiatique. De la même manière que les gilets jaunes ont voulu faire croire qu’ils représentaient quelque chose alors qu’il s’agit d’un mouvement numériquement marginal, les anarchistes servent de force d’appoint pour les besoins spectaculaires de la CGT.

Depuis quelques années, la convergence est évidente. Son caractère entièrement improductif aussi. La mobilisation du 5 décembre 2019 en a été d’ailleurs un exemple assez frappant. Le contraste était saisissant entre les défilés syndicaux particulièrement lisses et une casse esthétisée au maximum (habits en noirs, fumigènes, graffitis s’appuyant sur des jeux de mots, etc.)

Il va de soi qu’à un moment donné, même la base de la CGT va dire qu’il faut arrêter les frais, cesser de jouer au « syndicalisme révolutionnaire » et passer aux choses sérieuses. Et là il n’y a pas 36 solutions. Soit la CGT plie et se fond dans Force Ouvrière, soit elle assume de se subordonner à la Gauche politique pour ses grandes orientations. Il n’y a que ces deux choix possibles.

La CGT tente de refuser tant l’un que l’autre, depuis plusieurs années, mais la crise est désormais là et l’heure du choix approche toujours plus.

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Acte 56 des gilets jaunes: une étrange parodie

Deux jours après la grève et les manifestations du 5 décembre 2019, les gilets jaunes étaient très attendus ce samedi par ceux qui ont vraiment cru qu’ils représentaient quelque chose dans le pays. Las! Leur retour n’aura consisté qu’en quelques poignées déambulant dans des grandes villes, la plupart de temps au milieu de cortèges formés essentiellement par l’ultra-gauche et des syndicalistes.

Que n’a-t-on pas entendu ou lu à propos des gilets jaunes, qui représenteraient un sursaut de la contestation populaire en France, un regain de radicalité contre le régime, etc. Alors qu’il y a dans le pays une grève dans les transports, chez les enseignants et dans quelques entreprises du privé, on était logiquement en droit d’attendre quelque chose de fort.

Ils n’étaient pourtant qu’un millier à Paris ce samedi, une trentaine au péage de Carcassonne. Ailleurs, on ne sait pas vraiment, car les cortèges mélangeaient des gilets jaunes avec des syndicalistes et l’ultra-gauche faisant leur habituelle manifestation de début décembre contre le chômage et la précarité.

Il y a ainsi eu 2 800 personnes à Nantes, 1 800 à Marseille, 1 200 à Caen, 1 100 à Bordeaux, 800 à Lille, 700 à Lyon, 670 à Rouen et quelques centaine à Toulouse, Strasbourg ou encore Montpellier.

Tout cela a été complètement trusté par l’ultra-gauche, avec des « black-blocs » à Nantes et Lyon, des déambulations sauvages en soirée à Paris conduisant à des feux de poubelles et des trottinettes jetées au milieu de la route.

À Nantes, bastion de l’ultra-gauche, la préfecture de Loire Atlantique a parlé de pas moins de «  500 radicaux de l’utra-gauche et des black blocs » participant à la manifestation, pour les habituels cassage de vitrine et tags folkloriques. C’est notamment une petite agence de mutuelle qui a eu cette fois le droit au saccage des anarchistes et gilets jaunes, ainsi qu’un engin de chantier qui a été incendié.

Même cinéma à Lyon où les gilets jaunes et l’ultra-gauche ont quitté le cortège de la CGT pour faire leur propre déambulation en cherchant bien sûr l’affrontement avec la police par des feux de poubelles et jets de projectiles. Le pont de la Guillotière, artère importante de la ville a été fermé pendant un moment, paralysant la circulation dans le secteur.

Tout cela est bien ridicule et insignifiant, pour un mouvement qui est censé avoir été massif et avoir marqué la contestation dans le pays. Les gilets jaunes ne sont plus qu’une parodie d’eux-mêmes, complètement liés à l’ultra-gauche et à quelques éléments « ultra » du syndicalisme.

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Assemblée générale et non intersyndicale ou gilets jaunes

Dans une intersyndicale, les travailleurs n’ont pas la parole ; chez les gilets jaunes, ils sont subordonnés aux revendications délirantes des couches moyennes. Il n’y a que dans les assemblées générales que la démocratie est à l’œuvre et permet d’avancer.

Beaucoup de gens de la Gauche ont compris qu’il y avait un souci profond dans la mobilisation du 5 décembre 2019. Les directions syndicales cherchent en effet déjà à se placer pour des négociations avec le gouvernement, ce dernier abattant ses cartes très lentement pour le projet de réforme des retraites, afin d’imposer son propre calendrier.

Il y a tous les ingrédients pour un enlisement et l’espoir d’un mouvement populaire côtoie le scepticisme. Les assemblées générales forment alors un thème qui refait surface, de manière normale puisque c’est un principe d’organisation populaire par définition.

Il est toutefois un problème très simple à comprendre : on trouve des gens de gauche disant oui aux gilets jaunes, oui aux syndicats, oui aux assemblées générales. Or, cela n’a aucun sens. Ces formes d’organisation ne sont pas que différentes, elles sont même résolument antagoniques, car elles affirment des lieux différents pour l’expression.

Le syndicat dit que ce sont les syndiqués qui décident, ce qui signifie bien souvent : la direction syndicale. Les gilets jaunes disent que ce sont les gens impliqués qui décident, ce qui est un volontarisme plus proche du Fascisme italien que d’autre chose.

L’assemblée générale dit que tout le monde s’exprime, que les décisions sont prises de manière démocratique par elle, que tout dépend d’elle. L’assemblée générale n’est pas composée que des gens le plus volontaires (comme chez les gilets jaunes ou les pseudos assemblées générales étudiantes). Elle est composée de tous.

> Lire également : Grève: qu’est-ce qu’une assemblée générale ? Qu’est-ce qu’un «soviet» ?

Il ne s’agit pas d’une unification des syndiqués, comme dans l’intersyndicale, il s’agit de l’affirmation d’une unité de tous les travailleurs, à la base même. L’assemblée générale, ce n’est pas une « mobilisation » d’une partie des travailleurs, c’est le lieu d’existence sociale et donc politique de tous les travailleurs.

C’est pour cela que seule la Gauche politique peut appeler à l’assemblée générale. La nature d’agora ou de forum (ou de soviet) de l’assemblée générale témoigne de sa nature démocratique et seule la Gauche politique peut affirmer cette démocratie.

C’est d’autant plus vrai en France où le syndicalisme est toujours resté un odieux volontarisme dans la perspective du syndicalisme révolutionnaire. Cela est tellement vrai qu’aujourd’hui anarchistes et CGT convergent ensemble, depuis plusieurs années déjà.

Si l’on valorise les syndicats ou les gilets jaunes, on est dans le volontarisme, dans le substitutisme. On ne peut pas dire qu’il faut forcer le cours des choses et vouloir la démocratie à la base. Si l’on prend l’exemple italien, on ne peut d’ailleurs que craindre les effets d’une valorisation du volontarisme dans un esprit syndical ou à la mode des gilets jaunes… Le Fascisme en tant qu’idéologie ne peut ici connaître qu’un profond regain.

La Gauche politique doit d’autant plus soutenir la démocratie à la base. Seules des assemblées générales peuvent par ailleurs sauver le principe même de démocratie, à une époque de consommation de masse supervisée par un capitalisme envahissant tous les aspects de la vie.

Même le régime républicain en place, déjà très peu démocratique avec sa démarche présidentielle, avec les préfets… parvient de moins en moins à donner l’illusion d’impliquer les gens dans les choix. Avec l’individualisme triomphant, on court donc à la catastrophe.

Il faut un formidable élan démocratique de la part du peuple. Sans cela, ce sera la mise en place d’un régime autoritaire « réglant les problèmes » par en haut, dans le sens du militarisme et de la guerre afin de satisfaire les besoins de conquête du capitalisme.

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Retraites: l’appel à la grève pour mardi 10 décembre 2019

Voici l’appel à la grève pour mardi 10 décembre 2019 par les syndicats CGT, CGT-FO, FSU et Solidaires ainsi que les organisations étudiantes-lycéennes MNL, UNL et UNEF.

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5 décembre 2019: une grève à l’esprit irréaliste

Allons donc ! Au lieu de travailleurs dans une lutte des classes, on a des gens revendiquant leurs acquis sur un mode corporatiste, avec quelques anarchistes perdus dans la masse. À croire que le capitalisme ne changera pas dans les 10, 20, 30 ans, qu’une guerre mondiale est impossible, que le réchauffement climatique n’existe pas. L’irréalisme est complet.

La grève du 5 décembre 2019 a été marquée d’une forte mobilisation et n’est qu’un début. Espérons qu’elle se transforme, qu’elle se dépasse. L’esprit qui y prédomine est en effet odieusement oiseux, faiblard et, pire encore, vague. Le flou prédomine pour une ligne de conduite dont la seule orientation est de se raccrocher à 1995.

Faisons comme en 1995 et nous conserverons nos acquis particuliers, tel est ce qui est ressort. Après tout, quel est le sens de la vie ? Avoir un bon salaire, une bonne carrière, une bonne retraite… Acquérir une petite propriété, former un patrimoine, normal quoi ! L’horreur !

Seulement, 2019 n’est pas 1995 et inversement. Qu’en 1995, on pense le capitalisme éternel, la société française entièrement stable, c’est ce que faisait 99 % des gens. Seule une infime minorité, même à l’extrême-Gauche, maintenait la théorie de l’effondrement.

En 2019, par contre, tout est instable. Le réchauffement climatique est désormais une donnée parfaitement intégrée par tout le monde. Rien qu’avec cela rien ne sera plus comme avant. Et de toutes manières, la crise est générale. Le militarisme prend une ampleur toujours plus grande avec en toile de fond l’affrontement sino-américain. Un million de personnes ont manifesté il y a peu au Chili et en Colombie, alors que l’Équateur vient de connaître un changement de régime, que l’Algérie, l’Irak et l’Iran vacillent sous les protestations. Plus d’un tiers des Argentins vit sous le seuil de pauvreté.

Et voilà donc des gens qui disent : ah mais nous ne sommes pas des travailleurs, nous sommes des individus qui travaillons et chacun, ensemble mais séparément, réclame la défense de « ses » acquis comme si le reste du monde n’existait pas. Au point de dire : ah ben il y a les cadres aussi, c’est très bien ! Les cadres ! Cette entité intelligente, mais beauf, cette source de nivellement par les bas !

Si encore, cela a été demandé aux riches, ou à la bourgeoisie, bon… mais non, c’est à l’État que cela est demandé. Et avec un discours misérabiliste servant à masquer qu’on vit en France dans l’un des pays les plus riches du monde. À un moment donné, tout cela devient ignoble. Encore une semaine comme cela et la grève va dans le mur.

La palme de tout cette médiocrité petit-bourgeoise va en tout cas indubitablement à la CGT Ingés Cadres Techs – UGICT, avec des affiches réussies sur la forme, mais d’un contenu même pas navrant, mais pathétique. Étudier, c’est travailler ? Ben non, travailler c’est travailler. Cette prétention de la petite-bourgeoisie diplômée est affolante : c’est à peine s’ils ne disent pas ouvertement que les ouvriers doivent leur payer leurs études. Car ils ne vont pas demander cela aux bourgeois : ils veulent le devenir !

Tout cela est lamentable et on sait à qui on le doit. À l’hégémonie des cadres, d’entreprises comme syndicaux, à une mentalité de beauf, à une fainéantise complète des travailleurs français qui préfèrent voter Le Pen en masse plutôt que d’assumer la transformation de la société.

Que cela soit la faute historique de la Gauche, c’est indéniable. Il n’en reste pas moins que cette médiocrité dominante est une obscénité historique. Il faut les ouvriers pour faire sauter les verrous du conformisme corporatiste !

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Grève du 5 décembre 2019: une mobilisation massive mais loin d’être inédite

Le premier jour de la grève de ce mois de décembre commence fort, mais pas du tout avec l’ampleur escomptée. De fait, on est dans la norme pour une grande mobilisation, tant pour les chiffres que pour la part des secteurs économiques impliqués.

Lors du mouvement contre la réforme des retraites en France en 2010, il y a eu quatorze journées de manifestations. La première fois, le 23 mars, la CGT a revendiqué 800 000 personnes présentes, puis notamment un million le 27 mai, 2,7 million le 7 septembre, 3 millions le 23 septembre et autant le 16 octobre, 3,5 millions le 19 octobre.

Pour le 5 décembre 2019, la CGT parle de 1,5 million de manifestants. On ne comprend donc pas vraiment pourquoi le communiqué de la CGT dit que :

« Ce haut niveau de mobilisation est historique, tant au regard du taux de mobilisation dans chaque grande ville que du niveau de grève dans les entreprises. Il démontre le refus d’une grande majorité des travailleurs, des retraités et des jeunes, de voir notre système de protection sociale sacrifié sur l’autel du libéralisme économique. »

Ce n’est tout simplement pas vrai. On a juste un peu plus de monde que pour les manifestation de mars et juin 2016 pour la loi travail. Il est vrai que le communiqué explique le pourquoi de tout cela, un peu plus loin :

« Si le président de la République refuse d’entendre les aspirations sociales, il démontrera de nouveau son dogmatisme et sa recherche de confrontation sociale. Il exposera le pays à un conflit social majeur et en portera l’unique responsabilité. »

Il y a surtout la grande trouille que tout cela se transforme en luttes de classes, ce qui amènerait la CGT à être débordée et surtout dépassée. Il s’agit donc de prétendre être arrivé déjà à quelque chose, pour conserver l’image de combatif et raisonnable, etc.

Après, il y a l’aspect principal : la grève. Là encore, la mobilisation n’a rien d’inédite. Pour l’éducation nationale, on a eu 51,15 % d’enseignants grévistes dans le primaire et 42,32 % dans le secondaire (collèges et lycées).

Du côté de la SNCF, 55,6% à la SNCF de grévistes, dont 85,7% chez les conducteurs et 73,3% chez les contrôleurs. Pour EDF, 43,9 %, chez Renault, 5 %.

Dans la fonction publique hospitalière, le chiffre est de 15,9 % de grévistes, pour la fonction publique territoriale de 10 %.

Bien entendu ces chiffres officiels sont minorés par les directions des entreprises concernées. Ce sont des chiffres importants, mais rien d’exceptionnels pour la France.

La seule chose vraiment nouvelle, ce sont sept des huit raffineries françaises en grève. Voilà qui est intéressant, tout comme ce dont on ne sait pas à moins d’y être impliqué. Car il y a eu de nombreux débrayages dans les usines. Pas forcément aussi important que chez Williams Saurin à Pouilly-sur-Serre en Picardie, Ysco à Argentan en Normandie, etc. Mais il y a eu du mouvement.

Or, c’est le blackout. Les syndicats n’en parlent pas à part localement et encore, à cela s’ajoute le problème bien entendu de ne pas placer les grévistes dans la situation inconfortables de devenir des cibles des ennemis (y compris intérieurs) du monde du travail.

C’est là que tout se joue. Si la classe ouvrière parvient à s’élancer, alors tout changera radicalement. Sans cela, on a un mouvement social tout ce qu’il y a de traditionnel dans notre pays et ce ne sont pas les quelques heurts avec la police menés par des franges anarchistes, surtout à Paris, qui modifient quoi que soit.

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Grève lancée le 5 décembre 2019: la Gauche politique est le seul repère

Le climat est délétère et il y a envie d’en découdre. Le souci est que tout le monde a envie d’en découdre, c’est vrai autant à Gauche qu’à Droite. Sauf que la Gauche est déstructurée, alors que la Droite est en reconstitution, avec une extrême-Droite formant un véritable pôle. Toute réduction à du syndicalisme, tout suivisme de la part de la Gauche politique serait un suicide. Cela va être malheureusement difficile de par les tendances à l’auto-intoxication promues par l’ultra-gauche, les syndicats et les populistes de La France Insoumise.

Le grand risque du mouvement de grève qui s’ouvre ce 5 décembre 2019, c’est l’auto-intoxication. On peut critiquer les cadres historiques du Parti socialiste, comme Jean-Christophe Cambadélis et Julien Dray, pour leur froid pragmatisme et leur sens, disons, de faire prendre aux choses une tournure relevant du calcul. Mais au moins avec eux les choses sont présentés comme elles sont.

Au contraire, prenons ce que dit le média Révolution Permanente, expression d’un courant du Nouveau Parti Anticapitaliste, dans l’article Vers une grève générale politique contre Macron ?. La première phrase est la suivante :

« Tout indique que la grève générale du 5 décembre sera d’une ampleur absolument inédite, sans doute la plus grosse mobilisation depuis celles de 1995, 2006 et 2010. »

Ce serait donc une ampleur « absolument inédite », mais on l’aurait déjà vu pas moins de trois fois ! Comment peut-on raconter une chose pareille ? Et c’est typique, c’est malheureusement un excellent exemple de ce qu’on voit régulièrement dans les expressions de soutien à la vague de grève qui se lance.

Pour les uns, on est à deux doigts de la démission d’Emmanuel Macron, de la fin du gouvernement, voire du capitalisme. Pour d’autres, il y a phénomène de convergence de tous les mouvements possibles qui est en train de se jouer.

Les gilets jaunes – un mouvement réactionnaire culturellement qui a toujours concerné une minorité du pays – aurait révolutionné les luttes et les syndicats se mettant en branle, tout va changer du tout au tout !

Ce n’est pas réaliste. Si le mouvement prend vraiment de l’ampleur, alors cela sera :

– une bataille ardue faisant une expérience formidable ;

– mais une bataille avec des larmes et du sang, au sens propre ;

– produisant inévitablement une puissante vague de Droite en réaction,

– provoquant un électrochoc à Gauche avec une compréhension que tout va se jouer à pas grand-chose, vu le peu de temps qu’il reste avant l’instauration d’un régime au minimum autoritaire et nationaliste.

Il faut arrêter de vendre du rêve, de prétendre qu’Emmanuel Macron c’est le fascisme, que la police frappe tout le monde et démantèle les manifestations. Parce que c’est ce qu’on lit, dans une surenchère folle.

Il faut les faits, politiquement. Et la Gauche est inexistante politiquement, alors que l’extrême-Droite a une véritable proposition stratégique. Que le programme de Marine Le Pen ne tienne pas debout n’est pas la question : pour l’instant, au moins la moitié des ouvriers sont attirés par cela. Il faut ajouter qui plus est à ce panorama la vague de type « conservatrice révolutionnaires » portée par Marion Maréchal, Éric Zemmour, Valeurs Actuelles, etc.

Soit le mouvement se lançant le 5 décembre devient politique et culturel, parce qu’il porte la lutte des classes. Soit il se réduit à une protestation économico-contestataire sans envergure et c’est l’échec assuré.

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CGT: «Réforme des retraites : les syndicats appellent à la grève interprofessionnelle»

Communiqué de la CGT :

« Réforme des retraites : les syndicats appellent à la grève interprofessionnelle

La journée de mobilisation du 5 décembre promet d’être puissante, avec des grèves pas uniquement à la SNCF et à la RATP… La CGT, FO, FSU, Solidaires, FIDL, MNL, UNL, Unef… appellent à une première journée de grève interprofessionnelle.

Selon l’enquête Elabe du 7 novembre, 64 % des Français approuve la mobilisation du 5 décembre, contre la réforme des retraites. Un signe qui déjoue la manœuvre de l’exécutif qui souhaitait enfermer la contestation dans le seul périmètre des régimes spéciaux.

Certes, dans un climat social de plus en plus pesant, le mouvement s’annonce massif à la SNCF et à la RATP et dans toutes les entreprises des services publics, mais les appels se multiplient dans les entreprises des industries chimiques de la métallurgie, du commerce, etc. Sans oublier les étudiants, dont les organisations s’engagent à construire « un plan d’action contre le projet de réforme de retraites par points et pour gagner un renforcement, une amélioration du système actuel de retraites solidaire et intergénérationnel ».

Dans les unions départementales de la CGT, une vraie construction intersyndicale avec la FSU, Solidaire, FO et les organisations de jeunesse étudiante se met en place. Des syndicats Unsa et CFDT, rares organisations à se montrer favorable au principe d’un système de retraite universel à point, se joignent aux mouvements dans quelques départements.

L’heure est au déploiement général pour aller à la rencontre des salariés dans les entreprises où il n’y a pas d’organisation syndicale. Les sollicitations de leur part se multiplient.

Les questions sont simples : « Comment faire grève ? » Pour y répondre, la CGT a édité un kit spécial.

Une chose est sûre, la mobilisation se structure et s’étend… L’idée qu’améliorer le système des retraites en élevant le niveau des droits passe par une meilleure répartition des richesses gagne du terrain dans les têtes, en même temps que grandit celle que la politique menée par le gouvernement aggrave la situation du plus grand nombre.

Selon le « Portrait social de la France » publié le 19 novembre par l’Insee, les plus aisés ont été les principaux bénéficiaires des mesures fiscales mises en œuvre en 2018.

En attendant, l’exécutif, sous pression, montre des signes de fébrilité… Il multiplie les manœuvres pour tenter de diviser tout en tentant de montrer sa volonté de dialogue. Une simple opération médiatique de plus…

Pas vraiment de quoi dégonfler l’effervescence actuelle autour du 5 décembre…

Le secrétaire de la confédération Belges FGTB apporte le soutien à la CGT

Quelques appels dans les entreprises privées: Cléon (76), Le Mans (72), Lardy (91), Flins (78), Technocentre (78), Douai (59), Arcelor-Mittal, Effia Stationnement, Legrand – Limoge, SMW Automotive Venette, Safran, ADS, TAS, Peugeot, Mecahers, Plastic Omnium Vernon, Trelleborg, ARKEMA MONT, UNILEVER France HPCI, GRL ARKEMA, LACQ/MOUREX ARKEMA, MICHELIN Vannes, MICHELIN Blanzy, BRIDGESTONE Béthune, WEST PHARMA, APTAR STELMI Granville, APTAR STELMI Brecey, JOINT Français, JOINT, Français, CAOUTCHOUC, MICHELIN Joué les Tours, PAULSTRA Ségré, HUTCHINSON, DUNLOP, CAOUTCHOUC, HUTCHINSON, CONTINENTAL, PAULSTRA Vierzon, MICHELIN, SOUGE, HUTCHINSON, COLOPLAST, Plastic Omnium Ruitz, SERQUIGNY ARKEMA, ARKEMA LA CHAMBRE, FEUCHY ARKEMA, HONFLEUR ARKEMA, MARSEILLE ARKEMA, Lesgors/ Rion des landes MLPC, COUBERT BOSTIK, SIEGE SOCIAL BOSTIK, AVELIN BOSTIK, PIERRE BENITE ARKEMA, PRIVAS BOSTIK, CARLING ARKEMA, SAINT AUBAN ARKEMA, SANOFI, PLASTIC OMNIUM, BOREALIS, GERFLOR PROVENCE ST PAUL TROIS CHATEAUX, RPC BRAMLAGE – SYNDICAT CGT, BAUSH ET LOMB, SITE CHIMIQUE DE PONT DE CLAIX, MICHELIN ROANNE, AIR LIQUIDE FEYZIN, CARBONE SAVOIE VENISSIEUX, ELF TOTAL FRANCE, GAMBRO INDUSTRIES, KEM ONE ST FONS, RHODIA P I BELLE ETOILE, RHODIA RECHERCHES, ALCAN ARC EX PEM LA BATHIE, ALCAN UCAR SNC CGT, FERROPEM EX PEM INVENSIL MONTRICHER, FERROPEM EX PEM CHATEAU FEUILLET, TRIMET ST JEAN DE, MAURIENNE, PIERRE FABRE SOUAL, PIERRE FABRE AVENE, PIERRE FABRE MURET, PIERRE FABRE CHARTREUSE, PIERRE FABRE PERAUDEL, ARKEMA MONT, TORAY CFE, ARKEMA, LACQ MOURENX, SOBEGI, AIR LIQUIDE PARDIES, DAVID OYONNAX SYNDICAT CGT, SCHOELLER ARCA SYSTEMS, TREDI, ZANINI FRANCE, CEVEN LABO, ARKEMA, ARKEMA, TOTAL, AIR LIQUIDE, BLUESTAR SILICONES EX RHODIA, CHARLES RIVER CENTRE DE, RECHERCHE DES ONCINS, CIDECOS CONSEIL, CONDATS LUBRIFIANTS, FAMAR LYON ( EX AVENTIS PROPHARM), FAMAR LYON RETRAITES, FINORGA, GENZYME LYON GERLAND, IFPEN LYON, RHODIA OPERATION, RHODIA ORGANIQUE RETRAITES, SANOFI PASTEUR, SANOFI PASTEUR NEUVILLE, SASCA CGT AVITAILLEURS, SBTN, SULO, TARAFLEX, LANXESS EX-THERMPHOS FRANCE EPIERRE, TRIMET (ALUMINIUM PECHINEY ST JEAN DE MAURIENNE CGT), Arlanxéo Elastomères France, LAM, ADISSEO FRANCE SAS PSR, AIR LIQUIDE DIV TECHN AVANCEES SASSENAGE, ARKEMA JARRIE, FERROPEM, TREDI, AGRI, POLYANE ST CHAMOND, SNF SAS, ALLIANCE HEALTHCARE, ARCHEMIS RHONE POULENC, BAYER CROSPCIENCE LA DARGOIRE, BAYER CROPSCIENCE FRANCE, BIOMERIEUX »

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Le sens historique de la réforme des retraites de décembre 2019

Le mouvement du 5 décembre a comme substance de s’opposer à la réforme des retraites du gouvernement qui va être proposé par Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire à la réforme des retraites, quelques jours après. Or, le capitalisme étant particulièrement en mouvement désormais, les individus sont atomisés et la réforme des retraites est une reconnaissance de cet état de fait. Peut-on gagner une lutte contre quelque chose dont les soubassement sont déjà là ? Oui, mais pas en défendant une version passée des retraites, avec ses bastions corporatistes.

Le principe des retraites devrait être simple, mais il ne l’est pas et paradoxalement, Emmanuel Macron veut le transformer vers plus de lisibilité, en torpillant un certain nombre d’acquis corporatistes faisant sa complexité. Et pourquoi veut-il le rendre simple ? Pour qu’un salarié soit toujours un salarié, uniquement un salarié, et non plus un plombier, un ouvrier, un fonctionnaire, un policier, etc.

C’est l’universalisation de la condition de salariée qui est visée, ainsi, à terme que la mise de côté de l’État dans la gestion de tout cela, au profit de mutuelles avec une capitalisation.

Emmanuel Macron veut donc un calcul des retraites qui soit universellement similaire – pour que chaque personne puisse avoir son parcours radicalement individuel.

Son idée est d’adapter les retraites au système libéral ; en 2017 en tant que candidat à la présidentielle, il proposait ainsi :

« un système universel des retraites où un euro cotisé donne les mêmes droits, quel que soit le moment où il a été versé, quel que soit le statut de celui qui a cotisé »

Pour réaliser un tel projet, il faut se confronter à la réalité et celle-ci est la suivante : les retraites en France ne consistent pas en une grande tirelire où l’on « capitalise » ce qu’on a cotisé en travaillant. Elles procèdent par répartition : ce sont les gens qui travaillent qui payent pour ceux à la retraite, et ainsi de suite pour les générations d’après.

Cela signifie que pour universaliser les retraites – et donc permettre le triomphe absolu de l’individualisme – le gouvernement doit d’abord abandonner le découpage des retraites existant. Quand il aura fait cela, il pourra passer à la capitalisation au lieu de la répartition par génération.

Comment une retraite se présente-t-elle aujourd’hui concrètement ? Pour connaître sa retraite, il faut voir sa propre durée d’activité (calculée par trimestre), ainsi que le niveau de revenu durant cette activité. Seulement, selon le type d’activité, la chose peut changer. Il y ainsi en France 42 caisses de retraites.

La plupart des gens ne sont pas concernés, car 80 % dépendent simplement du régime général des salariés du privé, avec en plus d’ailleurs une complémentaire obligatoire, unifiée désormais, de l’Agirc-Arrco. On a ensuite la fonction publique, la Mutualité sociale agricole, le régime des indépendants, les régimes spéciaux propres à certains métiers comme avocat, cheminot, travailleur de la RATP, etc.

Comme il n’y a pas de pot commun qui plus est, certains régimes sont déficitaires : 261 000 personnes touchaient ainsi des retraites liées à la SNCF en 2017, mais il y avait seulement 143 000 travailleurs actifs à la SNCF.

Le gouvernement arrive alors et dit donc, c’est ingérable, certaines retraites sont en faillite, on met un terme à tout cela et on universalise. Comme universaliser dit mettre à plat, cela veut dire niveler… et certains vont être perdants : ceux qui étaient dans les secteurs protégés. Ainsi, les fonctionnaires, ceux profitant des régimes spéciaux comme à la SNCF, à la RATP, etc. C’est pour cela que certains syndicats en particulier – la CGT et FO – ruent dans les brancards.

D’autres vont être gagnants : ceux qui font des petits boulots, qui ne rentrent pas dans les cases d’un système de retraites n’assumant pas encore la dimension atomisée existant socialement. C’est pour cette raison que la CFDT critique le système actuel qui « pénalise les femmes, les précaires, les bas revenus ».

Il y a alors deux tendances qui se dégagent. La première est assumée à mots voilés par le gouvernement : il y aura un allongement de l’âge légal de départ à la retraite, qui passera de 62 à 65 ans en 2025. Ceci afin de remplir les caisses pour que toute personne ayant travaillé toute sa vie dispose de 85 % du SMIC net comme retraite.

La seconde, personne n’en parle encore alors que c’est pourtant le but évident : le système des retraites s’effacera devant les mutuelles privées, avec donc la capitalisation. Car une fois qu’il y a universalisation des salariés, alors il n’y a aucune raison de décider pour eux individuellement…

La réforme des retraites a donc la même base idéologique – ou réelle, avec le capitalisme – que la légalisation de la PMA pour toutes et même de la GPA de manière indirecte avec la retranscription de l’état-civil, la future légalisation du cannabis, etc.

C’est une dérégulation générale qui est en cours – et comme la « Gauche » postmoderne y est favorable culturellement, elle a déjà perdu. Même les syndicats sont d’accord culturellement – comment feront-ils alors pour s’opposer à une tendance de fond, la réforme ne concernant qui plus est qu’une minorité du pays ?

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Grève: qu’est-ce qu’une assemblée générale ? Qu’est-ce qu’un «soviet» ?

La pratique de l’assemblée générale n’a jamais réellement pris en France : soit parce qu’elle est étouffée par les syndicats, soit parce qu’on la confond avec une sorte de meeting activiste. Dans les universités, la caricature est extrême, avec les présents qui se réduisent à une simple petite minorité se voulant agissante. Une assemblée générale est en réalité une structure qui englobe l’ensemble des travailleurs, existe de manière organisée et prolongée.

La pire erreur, c’est de considérer qu’une assemblée générale ne concerne que les grévistes ou les partisans de la grève. C’est là une erreur complète nuisant fondamentalement à l’unité des travailleurs. L’assemblée générale est un lieu démocratique rassemblant tous les travailleurs. Bien sûr tous ne veulent pas forcément y venir, par dédain, esprit de défaite ou opposition à la grève. Or dans tous les cas il faut chercher à les convaincre de venir, d’exposer leurs points de vue.

Une assemblée générale dans une entreprise, à l’occasion d’une grève, est en effet un lieu démocratique pour les travailleurs et par conséquent en soi un lieu de rupture avec l’idéologie dominante. C’est un saut dans l’organisation et c’est précisément la base nécessaire à quoi qu’il se passe.

Une grève qui n’est portée que par une minorité agissant est une grève qui échoue ; lorsqu’elle n’est portée que par les syndicats, elle s’enlise dans des tractations qui peuvent apporter quelque chose, mais produisent dans tous les cas à la base la passivité, l’absence d’organisation, une non-dénonciation du niveau de conscience.

L’assemblée générale impulse par contre la conscience, l’organisation, l’action, parce que dans tous les cas elle implique les travailleurs. En ce sens, même une assemblée générale décidant de ne pas faire grève est une réussite par rapport à l’absence d’assemblée générale. Elle aura au moins été un lieu de décision, donc une expérience favorable.

Et plus l’assemblée générale est capable de se structurer, plus elle reflète la prise de conscience des travailleurs, et inversement.

Quels sont les besoins d’une assemblée générale en termes d’organisation ?

D’un bureau s’occupant de noter les présents et les absents, de prévoir l’intendance telles les boissons non alcoolisés, le papier et les crayons ou l’ordinateur portable pour noter les points, pour compter les votes, etc.

D’un secrétaire de l’assemblée pour gérer les discussions en accordant la parole.

D’un secrétaire pour noter les points abordés et les résumer.

Ceci n’est qu’un minimum, puisque selon le nombre de travailleurs, l’ampleur de la grève, ses objectifs, d’autres besoins surgissent, auxquels il doit être répondu de manière démocratique et collective. Quelqu’un qui agit pour les autres ici ne les sert pas : il les dessert, en les maintenant dans la passivité. La moindre expérience pratique dans une grève a des conséquences fondamentales pour quiconque y participe : à chacun de faire son expérience.

Et, donc, l’assemblée générale continue. C’est elle qui mène les négociations, pas les syndicats. C’est elle qui choisit qui va négocier, avec un mandat bien déterminé. C’est l’assemblée qui décide d’accepter ou pas ce que les responsables de l’entreprise proposent.

Toutes les actions sont décidées par l’assemblée, rien n’est décidé dans l’assemblée.

L’assemblée ne doit jamais être le rassemblement d’une simple petite minorité – comme les étudiants le font jusqu’à la caricature – ni le lieu où une petite minorité agit avec une majorité qui suit passivement.

L’assemblée est ainsi générale car elle est démocratique et engage tout le monde. Si jamais l’assemblée cesse la grève, seule une minorité aura bien entendu assez de conscience pour en tracer le bilan, pour en conserver la mémoire, pour travailler dessus. Il s’agira là des éléments les plus conscients, qui le plus souvent seront politisés à Gauche. Inversement d’ailleurs, ces éléments n’existent pas dans la classe ouvrière s’il n’y a pas d’expérience de masse à la base… d’où leur nombre si restreint voire inexistant actuellement.

D’aucuns diront que l’assemblée générale, se prolongeant, doit se prolonger jusqu’au bout, jusqu’à former le fameux « soviet », le conseil décidant que le pouvoir revenait à tous les conseils partout. Cette hypothèse n’est pour l’instant simplement qu’une hypothèse, car il n’existe pour l’instant même pas de démocratie chez les travailleurs, qui sont isolés, passifs, sceptiques, quand ils ne sont pas corrompus par le capitalisme.

C’est pour cela que tout dépend de l’existence des assemblées générales, de leur organisation, de leur prolongement concret jusqu’à assumer la direction des luttes. Sans ces assemblées générales, il y a un « mouvement social » – pas une lutte des classes.

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Le 86e congrès de l’UNEF du 6 au 8 décembre 2019

Le syndicat étudiant UNEF, historiquement une véritable usine à cadres pour la Gauche, va tenir son 86e congrès alors qu’elle est à un tournant. Elle a perdu en effet son approche historique d’organisation de masse pour devenir pratiquement une structure politique de la « Gauche » postmoderne, avec une démarche très sectaire.

Le 86e congrès de l’UNEF a lieu du 6 au 8 décembre 2019 à Lille, alors que l’organisation est en perte de vitesse dans la jeunesse depuis plusieurs années et est même passée au second plan dans les institutions étudiantes derrière la FAGE.

L’UNEF a rompu en effet avec la tradition de la Gauche historique – avec ses innombrables débats de tendance et ses liaisons avec les partis politiques – et ses militants agissent littéralement comme ceux d’une organisation politique avec des revendications ultra-minoritaires et sectaires.

Si les éléments les plus radicaux allant en ce sens sont parties – formant en mai 2019 la Fédération syndicale étudiante l’orientation de ce type reste hégémonique et l’organisation risque pas moins que l’auto-destruction.

Les seules réponses à la crise qui sont proposées par les quatre tendances en prévision du congrès sont en effet la fuite en avant dans les thématiques « minoritaires » propres à la « Gauche » postmoderne ainsi qu’une puissante décentralisation.

La Tendance Action Syndicale (TAS), la Tendance Action Collective et Luttes Étudiantes (TACLE) et la Tendance Réformiste pour une Alternative Démocratique et Écologiste (TRADE) ne parviennent de toutes façons pas à peser sur la Tendance Majorité Nationale. Celle-ci dispose de la majorité depuis 2001 et provient même de la fraction majoritaire dans l’UNEF-ID, lié au Parti socialiste, depuis 1994.

Pour comprendre à quel point c’est l’échec, il suffit de regarder le programme de la Tendance Action Syndicale (TAS). Rien que la première page dispose d’une demi-page de notes en petits caractères pour expliquer des concepts comme crise du capitalisme, matérialisme dialectique, fascisme, capitalistes, État, crise politique/économique.

Tout cela est indéniablement important, intéressant, on ne peut pas en disconvenir. Mais s’imaginer que c’est le lieu pour cela ou que des notes en petits caractères vont élever le niveau idéologique, politique, c’est de l’ultra-gauchisme, purement et simplement.

Il en va de même pour la Tendance Action Collective et Luttes Étudiantes (TACLE), liée au NPA, qui nie totalement que la poignée d’activistes étudiants est totalement marginalisée chez les étudiants et s’imagine représenter une minorité politique à deux doigts de la prise du pouvoir :

« Nous avons donc une responsabilité, celle d’être une génération forgée à la chaleur de l’affrontement à ces attaques et à ce gouvernement capitaliste. Une génération militante formée, forgée et construite dans les Assemblées Générales massives contre la loi ORE, dans les grèves, dans les blocages, dans les manifestations massives, dans les actions coups de poing. »

La Tendance Majorité Nationale n’échappe à cette lecture fantasmée et décalée ; voici les premières lignes de son document :

« «La plus grande gloire n’est pas de ne jamais tomber, mais de se relever à chaque chute»

Nelson Mandela

Introduction: Etats-Unis, Brésil, Grande-Bretagne, Inde, Italie… Les forces réactionnaires et d’extrême-droite n’ont cessées de gagner du terrain ces dernières années aussi bien par la voie 8électorale que sur le plan des idées.

Pendant que le Brésil de Bolsonaro se referme sur lui-même, sacrifie l’Amazonie au nom de sa politique, coupe drastiquement sur le financement de l’enseignement supérieur et impose des lois homophobes, l’Inde persécute les personnes musulmanes de la région du Cashemir.

Néanmoins les populations mondiales ne restent pas silencieuses, et s’élèvent pour exiger démocratie et justice sociale: Algérie,Soudan, Hong Kong, Turquie etc. ici aussi la liste est longue. »

La Tendance Réformiste pour une Alternative Démocratique et Écologiste (TRADE) propose quant à elle l’abandon de tout projet global et un fédéralisme permettant une autonomie complète.

« Adopter une approche Bottom-Up : décentraliser

Notre organisation se doit d’être plus humble et de revenir à une structure décisionnelle locale, avec le développement de tracts locaux, de chartes graphiques locales. L’Unef se réalisera pleinement lorsqu’elle fera la somme de ses racines en un tronc commun et non pas en imposant à une multitude de branchages une seul voie. C’est l’appauvrissement des idées et des moyens d’actions qui nous touche par l’incapacité à renouveler nos méthodes militantes.Il faut accorder un poids plus important aux sections locales en leur accordant une autonomie accrue. »

On l’a compris : la majorité veut faire comme avant, les autres tendances exigent l’autonomie des sections, alors que dans tous les cas les seules valeurs communes sont un activisme estudiantin avec des thématiques telles l’écriture inclusive, les revendications « LGBT+ », etc.

Alors que la seule solution, pour que l’UNEF se maintienne et se reconstruise, est un retour aux fondamentaux, aux enseignements de l’UNEF-ID et de l’UNEF (dite « SE ») des années 1980, avec une cessation de la prétention à être ce qu’elle n’est pas : une organisation politique.

L’UNEF ne peut exister que comme mouvement de masse ; qu’il y soit parlé politique et que la politique décide, tant mieux, car le syndicalisme en soi n’aboutit à rien. Mais la négation du syndicalisme, sa transformation en un jeu « hyper-révolutionnaire » ultra-minoritaire se mettant sur le même plan que le monde du travail, c’est de la simple vanité et surtout un suicide.

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«Le PS appelle ses militants et sympathisants à se joindre aux manifestations du 5 décembre prochain»

Voici le communiqué du Parti socialiste pour les manifestations du 5 décembre 2019.


Lire également
: Est-ce le « soviet » qui manque à la Gauche française ?

« Le PS appelle ses militants et sympathisants à se joindre aux manifestations du 5 décembre prochain

À l’appel de plusieurs fédérations et confédérations syndicales, un préavis de grève reconductible a été déposé pour le 5 décembre prochain et un appel à manifester a été lancé afin de protester contre la réforme des retraites inscrite à l’agenda politique par le président de la République.
En entretenant volontairement le flou sur une réforme qui semble conçue uniquement dans une logique comptable au détriment du niveau des pensions et de la solidarité collective, le président de la République et le gouvernement méprisent les craintes légitimes de nos concitoyens.
Nous réaffirmons notre attachement à un système de retraite qui place en son cœur la solidarité par la répartition, qui prend pleinement en compte la pénibilité du travail, qui reconnaît les carrières longues et le droit à une retraite progressive, et qui assure à tous les retraités un revenu juste et décent.
Mais la mobilisation du 5 décembre est devenue plus qu’un rassemblement pour la défense des retraites. Chaque jour, nous mesurons la volonté d’un nombre croissant de citoyens de poser un acte de combat face aux inégalités qui déchirent le pacte social, face aux politiques du gouvernement qui précarisent les plus fragiles et renforcent les plus privilégiés au détriment des classes moyennes et populaires.
Réforme des retraites, de l’assurance-chômage, dégradation des services publics – l’état de l’hôpital public est l’exemple le plus criant – précarisation croissante du travail illustrée par la situation des travailleurs des plateformes numériques, ou encore colère croissante de la jeunesse face à ses conditions dégradées de vie, d’études, ou d’entrée dans la vie active. Voilà autant de raisons supplémentaires de se mobiliser le 5 décembre pour dire STOP à une politique néolibérale qui fait système et sape les fondements de notre pacte social par la destruction de l’État social, l’accroissement des inégalités dans les territoires, l’individualisation des mécanismes de solidarité et l’escamotage permanent du dialogue social.
Ainsi, le Parti socialiste apporte son soutien à la manifestation du 5 décembre et appelle ses militants et sympathisants à se joindre aux cortèges pour dénoncer une vision de la société qui se résume à la loi du premier de cordée. Ensemble, défendons notre modèle social et les services publics qui sont nos biens communs ; ensemble, appelons au retour de réformes solidaires et de progrès social ; nous voulons une vie digne pour toutes et tous, un salaire juste, une action publique au service de l’émancipation et de la solidarité collective. »
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Est-ce le «soviet» qui manque à la Gauche française?

La soumission de la Gauche politique aux syndicats lors des luttes sociales est une tradition en France. Cela va pourtant à l’encontre de l’expérience en Europe, où ce sont les syndicats qui reflètent normalement sur le plan économique les perspectives tracées de manière politique. Le Parti socialiste se place ici dans cette expérience européenne en appelant à la grève du 5 décembre 2019 sans se placer dans la perspective syndicale.

Y a-t-il un problème d’organisation démocratique des travailleurs en France ? À la fin de la Première Guerre mondiale, la forme du « soviet », du conseil des travailleurs, a été assimilée dans une large partie de l’Europe, mais justement pas en France. C’est pourtant une forme qui permet la politique, alors que le syndicalisme à la française l’interdit.

Toute la Gauche a soutenu le principe des « soviets » lorsqu’il est apparu. Seule une partie de la Gauche – Lénine et les bolcheviks – considéraient que c’était la forme du « nouveau pouvoir » propre au socialisme. L’autre partie considérait que c’était la République, avec une représentation nationale « à l’ancienne ».

Mais tout le monde considérait que dans une période de troubles, la formation de « conseils » de travailleurs dans les entreprises était une chose cohérente, une mobilisation tout à fait dans l’ordre des choses. Les élections au sein des soviets en Russie montraient que l’ensemble de la Gauche y participaient (anarchistes, bolcheviks, menchéviks, socialistes révolutionnaires, etc.)

Et la crise ouverte en 1917 a provoqué la naissance de soviets dans de nombreux pays, souvent de manière massive, comme en Allemagne, en Italie, en Hongrie, en Autriche, en Finlande, bien sûr en Russie, etc.

Les pays les plus stables n’ont pas été touchés ; il n’y a donc pas eu de soviets en France, ni en Grande-Bretagne, deux pays où le syndicalisme était également puissant. Si cette question du syndicalisme est importante, c’est qu’on peut également voir que, par la suite, la forme « soviétique » n’est jamais apparue ni en France, ni en Grande-Bretagne.

Il y a bien sûr eu des assemblées générales de travailleurs dans une entreprise en lutte. Mais il n’y a jamais eu de prolongement de cette assemblée jusqu’à former une structure compacte prenant les décisions. Dans ces assemblées d’ailleurs, ce n’était pas les partis politiques de la Gauche qui formaient des tendances, mais seulement les syndicats.

Or, le problème est simple à comprendre : comment la Gauche peut-elle exister chez les travailleurs s’il n’existe aucun espace où ceux-ci peuvent se confronter à la politique de la Gauche ? La déclaration commune de novembre 2019 de la quasi totalité de la Gauche (hors PS) dit en définitive : nous serons la caisse de résonance politique des luttes syndicales.

Mais une telle chose ne peut pas exister. C’est pourquoi le Parti socialiste s’est montré bien plus intelligent, conséquent, logique, en ne signant pas la déclaration commune et en faisant son propre texte affirmant que la question n’était pas que syndicale, qu’elle touchait toute une vision du monde.

La déclaration commune dénonce évidemment le libéralisme économique également, mais en se plaçant dans l’orbite des syndicats. Le communiqué du Parti socialiste prend bien soin de terminer sur une note indéniablement politique. Il n’y a d’ailleurs pas le mot « syndicat », le flou étant savamment entretenu dans la première phrase, et dans la première phrase seulement :

« À l’appel de plusieurs fédérations et confédérations syndicales… »

Aucune référence aux syndicats n’est alors plus faite de tout le long communiqué ! On peut reprocher au Parti socialiste de faire de la mauvaise politique – mais en attendant, il en fait, contrairement aux signataires de la déclaration commune.

Tant que les travailleurs en France ne sauront pas en mesure de mettre en place une assemblée générale, de lui conférer un statut organisé, tant qu’ils maintiendront la fiction de la « lutte syndicale », on sera ainsi toujours à la traîne, dans une impasse avec d’un côté les réformistes électoralistes, de l’autre les syndicalistes « ultras ».

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[Tribune] Retraites : contre l’individualisme, nous choisissons la solidarité

Voici une tribune initiée par Ensemble ! et signée par Europe Ecologie-les Verts (EELV), Gauche démocratique et sociale (GDS), Génération·s, Mouvement pour la démocratie en Europe (Diem 25), Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), Nouvelle Donne (ND), Parti communiste français (PCF), Parti communiste des ouvriers de France (PCOF), Parti de Gauche (PG),Pour une écologie populaire et sociale (PEPS), République et socialisme (RS) ainsi que François Ruffin de la France insoumise.

On y retrouve donc toute la Gauche électoraliste qui est hors du Parti socialiste :

« Retraites : contre l’individualisme, nous choisissons la solidarité

Les forces politiques et les personnes soussignées s’opposent totalement au projet de retraites d’Emmanuel Macron et soutiennent les mobilisations syndicales annoncées pour le mettre en échec le 5 décembre, ainsi que les appels à la grève reconductible.

E. Macron parle de droits «universels» ? Ils seraient en réalité «individualisés» et réduits.

C’est au Parlement de Versailles en juillet 2018 que E. Macron a proclamé son projet. Il veut «un Etat providence du XXIe siècle, émancipateur, universel…» et «protéger nos concitoyens non selon leur statut et leur secteur d’activité, mais de manière plus juste».

Plus «juste» ? Pour l’assurance-chômage, le Président avait déjà promis «l’universalité». Or avec sa «réforme», plus d’un million de personnes verront leurs droits amputés et paieront de leurs poches les 3,8 milliards d’économies imposées par l’Etat jupitérien. Très belle «émancipation» !

Dans le monde selon E. Macron, les statuts collectifs disparaissent. Il ne reste que l’individu face à son destin, évoluant sur le marché, traversant la rue pour obtenir un emploi, surveillant son compte de retraite à points pour arbitrer entre la prolongation de son travail et son niveau de pension. A condition bien sûr de ne pas être au chômage, en maladie, ou en invalidité, comme beaucoup de salarié·es après 60 ans.

E. Macron oublie que le projet du Conseil national de la résistance (CNR) visait une Sécurité sociale universelle, mais avec des droits en progrès. Il veut qu’on oublie que ces conquêtes résultent d’une mobilisation populaire obtenant qu’une part plus élevée de la richesse soit attribuée aux retraites et à la santé, donc au bien vivre. Il a fallu pour cela augmenter la part du PIB accordée aux retraites, de 4% jusqu’à 14% d’aujourd’hui, pour améliorer le taux de remplacement entre la pension versée et les meilleurs salaires. Ce taux atteignait 75%, avant les contre-réformes accumulées depuis 1993. Ainsi la retraite a représenté une prolongation de son revenu pour des activités nouvelles et libres. Cette répartition de la richesse a permis d’universaliser des droits pour des retraités plus nombreux et un progrès de l’espérance de vie.

Cependant, une forte injustice persiste en raison de la scandaleuse inégalité salariale entre femmes et hommes, réduisant en moyenne leurs pensions de 40% sur celles des hommes. Or l’application effective de l’égalité salariale permettrait un afflux de ressources : 6 milliards d’euros au moins. Il est donc tout à fait possible d’améliorer ce qui existe. Et aussi de réduire les inégalités inacceptables dues à la pénibilité du travail. Même Edouard Phillipe a reconnu qu’il n’y a pas vraiment de «déficit» et que le système actuel est «encore bon».

Alors pourquoi s’acharner à le démanteler ? Parce que ce gouvernement veut à tout prix obliger les travailleurs, femmes et hommes, y compris les indépendants, à s’adapter aux règles du libéralisme : les droits coûteraient trop chers parce qu’ils sont socialisés et incluent une solidarité collective (carrières incomplètes, années de chômage, enfants). Au lieu d’une retraite où la prestation est d’avance garantie, ce pouvoir cherche à imposer un système où seule la cotisation est définie. Chacun sait ce qu’il cotise pour acquérir des points, mais personne ne sait quelles prestations seront versées. La conversion des points en pension pourra évoluer en fonction de la marche générale de l’économie. Le gouvernement aura la haute main sur ce choix à chaque budget annuel de la Sécurité sociale. La «caisse des retraites» où siègeront les syndicats ne pourra donner qu’un avis.

La propagande du gouvernement sonne bien, mais elle est une tromperie.

«Un euro cotisé donnera les mêmes droits pour tous» ? Peut-être, mais appauvris. En effet le calcul des droits à pension s’effectuerait sur toute la carrière, alors qu’aujourd’hui il se fait sur les 25 meilleurs salaires dans le privé, et les derniers mois dans le public. Conséquence : la moyenne des salaires baissera en incluant les mauvaises années. La pension baissera en proportion. Le recul de l’âge de la retraite est aberrant alors qu’à 62 ans, 40% des seniors sont inscrits à Pôle Emploi.

Un «Etat providence du XXIe siècle» ? Appauvri encore ! La part des retraites dans la richesse nationale serait plafonnée (14% du PIB), alors que depuis 1945 elle a progressé. Les cotisations ont augmenté : les actifs et les retraités sont solidaires pour déterminer la part de valeur qui va au bien commun. Ce n’est pas aux propriétaires financiers et de dividendes de décider. Alors qu’ils s’approprient toujours plus de richesses sans aucun effet sur le chômage.

Des droits «dès le premier euro» ? On promet que les jeunes auraient des droits au premier euro cotisé. Mais si la part totale des retraites est gelée, toute avancée des uns sera prise sur les autres. On aura une division accrue au lieu de droits égaux ! Ainsi, les pensions de réversion vont diminuer, ce qui pénalisera encore les femmes. Macron veut en réalité rendre «naturelle» la précarité des temps partiels et des CDD au lieu de les combattre.

«Un système plus juste» ? Faux ! E. Macron veut rayer le mot «pénibilité du travail» du vocabulaire alors même que celle-ci participe largement à réduire l’espérance de vie en bonne santé. Que de retraites volées à celles et ceux qui en auraient le plus besoin !

La retraite par points ? Le secteur privé la connaît déjà, avec les «complémentaires» par points qui ne cessent de se dégrader. Les «complémentaires» sont le cheval de Troie introduit pour habituer à un système individualiste. Comme c’est le cas aussi en Suède souvent portée en exemple. En France, sous la pression du Medef, les pensions «complémentaires» ont été gelées de 2016 à 2018, et une baisse de 10% est prévue à partir de 2019. Ni Macron ni les patrons ne veulent plus parler de hausse de cotisations.

Etat «providence» ? Plutôt un tremplin vers la capitalisation pour les plus riches ! En effet, la baisse programmée du montant des retraites incitera ceux qui en ont les moyens à se tourner vers les fonds de pension. Les salaires au-dessus de 120 000 euros annuels ne cotiseraient plus au régime à points mais pourraient souscrire une épargne privée. Le ver serait dans le fruit.

Au total, la contre-réforme des retraites participe d’un plan de destruction des systèmes de solidarité : suppression des services publics, réforme punitive de l’assurance chômage, privatisations (ADP), attaques contre tous les statuts salariés.

Contre ce bouleversement de société, notre alternative repose sur un socle de droits universels : une retraite à 60 ans avec un taux de remplacement à 75% indexé sur les meilleurs salaires, garanti pour tous et toutes. Mais aussi un droit collectif à un départ anticipé en fonction de la pénibilité du travail, pour une retraite en bonne santé. Cela exige une augmentation des cotisations socialisées incluant les profits financiers. Et une baisse du chômage par la réduction du temps de travail apporterait aussi des ressources.

Les mobilisations syndicales unitaires seront décisives à partir du 5 décembre ! Nous appelons la population à leur apporter un soutien massif !

Signatures :

Europe Ecologie-les Verts (EELV) : Sandra Regol, porte-parole ; Alain Coulombel, secrétaire national adjoint

Ensemble ! : Clémentine Autain, députée de La France insoumise (FI), Myriam Martin, porte-parole, conseillère régionale LFI Occitanie; Jean-François Pellissier, porte-parole

Gauche démocratique et sociale (GDS) : Gérard Filoche, porte-parole ; Anne de Haro, GDS Ile de France

Génération·s : Guillaume Balas et Claire Monod, coordinateurs nationaux

Mouvement pour la démocratie en Europe (Diem 25) : Emma Justum, coordination nationale

Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) : Olivier Besancenot, Christine Poupin, Philippe Poutou, porte-parole

Nouvelle Donne (ND) : Aline Mouquet, co-présidente, Gilles Pontlevoy : co-président

Parti communiste français (PCF) : Cathy Apourceau-Poly, membre de la direction du PCF, sénatrice du Pas-de-Calais ; Pierre Dharreville, membre de la direction du PCF, député des Bouches-du-Rhône

Parti communiste des ouvriers de France (PCOF) : Véronique Lamy et Christian Pierrel, coporte-parole

Parti de Gauche (PG) : Eric Coquerel, député FI, co-coordinateur du PG; Danielle Simonnet, conseillère de Paris, co-coordinatrice du PG

Pour une écologie populaire et sociale (PEPS) : Sergio Coronado, Jean Lafont, Elise Lowy, Bénédicte Monville

République et socialisme (RS) : Marinette Bache, conseillère de Paris ; Lucien Jallamion, secrétaire national ; Mariane Journiac, secrétaire nationale

François Ruffin, député La France insoumise de la Somme.

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Une déclaration commune sans âme, une soumission aux syndicats

Toute la Gauche liées aux élections d’une manière ou d’une autre mais hors du Parti socialiste, a signé une déclaration commune défendant la solidarité contre l’individualisme dans la grande bataille des retraites qui va se dérouler en décembre 2019. Cette déclaration commune est toutefois sans âme, avec une approche réductrice à quelques mesures économiques, assumant une soumission complète aux syndicats. Or, c’est précisément cette soumission du politique au syndicalisme qui est la cause de la faillite de la Gauche française.

On retrouve dans la déclaration la plupart des mouvements de l’ancien « Front de Gauche » (Parti de gauche, Parti communiste français, République et socialisme, Ensemble !, Parti communiste des ouvriers de France).

On a également les anciennes structures de la gauche du Parti Socialiste : la Gauche démocratique et sociale et Génération-s.

À cela s’ajoute Europe Écologie-Les Verts, le Nouveau parti anticapitaliste, Nouvelle Donne, Mouvement pour la démocratie en Europe (Diem 25), Pour une écologie populaire et sociale, ainsi que la France Insoumise.

La liste des signataires de la déclaration commune témoigne donc de l’unanimité générale, à part de Lutte Ouvrière, qui pose cependant la même problématique. Sa propre déclaration dit ainsi :

« Quoi que l’on pense des confédérations syndicales et de leurs calculs divers et variés, il faut y aller. Nous n’avons que trop attendu pour réagir et nous opposer aux reculs imposés par le gouvernement ou le grand patronat. Le 5 décembre nous offre la possibilité de dire « ça suffit ». Profitons-en ! »

Le début et la fin de la déclaration commune générale sont exprimés de la manière suivante :

« Les forces politiques et les personnes soussignées s’opposent totalement au projet de retraites d’Emmanuel Macron et soutiennent les mobilisations syndicales annoncées pour le mettre en échec le 5 décembre, ainsi que les appels à la grève reconductible (…).

Les mobilisations syndicales unitaires seront décisives à partir du 5 décembre ! Nous appelons la population à leur apporter un soutien massif ! »

Le souci n’est bien entendu pas d’appeler à se mobiliser. Le souci est de soumettre la Gauche politique aux syndicats, c’est-à-dire de niveler par le bas les nécessaires besoins théoriques, culturels, programmatiques de la Gauche.

De plus, c’est un piège, car le front syndical n’est pas du tout unifié. L’idéal serait d’ailleurs normalement pour la Gauche d’appeler à la mobilisation générale sous un seul drapeau, pas de former une « alliance ». Tout le monde sait très bien qu’une union de la CFDT – désormais le premier syndicat en France -, de la CGT et de la CGT-Force Ouvrière ne peut être que fragile, temporaire, vouée à l’échec à moyen terme.

Cependant, cette erreur de la Gauche liée aux élections est malheureusement très simple à comprendre. La réforme des retraites est présentée comme un « bouleversement de société ». Cela signifie qu’il est fait une séparation entre le libéralisme politique, culturel, et le libéralisme économique.

Or, le triomphe dans l’opinion publique du libéralisme politique, culturel, implique immanquablement le triomphe du libéralisme dans le domaine économique. La bataille des idées a déjà été perdu, car elle n’a pas été menée, en raison de la liquidation de la Gauche historique.

La déclaration commune a donc tout faux et cela va se lire de deux manières : soit parce que, fort heureusement, le mouvement populaire va avoir une telle charge relevant de la lutte des classes que cette déclaration paraîtra ridicule. Soit parce que, malheureusement, il n’y aura aucun débouché politique à Gauche et que l’extrême-Droite s’imposera au moyen de la démagogie anticapitaliste.

Les temps sont tourmentés, les défis immenses ; la déclaration commune contourne cela, c’est un suicide politique consistant à attendre que les syndicats réussissent. Mais réussir à quoi ? Jamais dans l’Histoire les syndicats n’ont amené une modification dans une société. On paie ici encore et toujours le prix de la soumission de la Gauche politique à la Charte d’Amiens de la CGT de 1906.

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«La République en première ligne» du Printemps républicain le 30 novembre à Paris

Le mouvement Le Printemps républicain organise samedi 30 novembre un événement intitulé « La République en première ligne » avec comme objectif  « la reconstruction d’une force politique républicaine et progressiste », en confrontation avec cette « large partie de la gauche [qui] a choisi le déshonneur » en manifestant contre l’«islamophobie».

 

Le Printemps républicain est un rassemblement qui été considéré comme représentant surtout l’aile droite du Parti socialiste, avec une ligne républicaine « ultra » de centre-Gauche dans la lignée des positionnements de Manuel Valls. Le lancement de ce mouvement en 2016 avait cependant rassemblé plusieurs sensibilités signant son manifeste, depuis l’actuel dirigeant du PS Olivier Faure jusqu’à Emmanuel Maurel, qui a quitté le PS avec une critique par la gauche pour fonder Gauche républicaine et socialiste.

Le mouvement avait été fondé après le grand choc des attentats de 2015 et dans la foulée de l’esprit « Charlie ». C’est donc logiquement qu’il a été au cœur de la critique de gauche de la manifestation contre « l’islamophobie », avec notamment Amine El-Khatmi comme figure représentant le mouvement ces dernières semaines dans les médias.

Voici donc l’appel à l’événement « La République en première ligne », dont le programme précis n’est pas encore dévoilé.

« Chère amie,

Cher ami,

La manifestation contre l’islamophobie du 10 novembre dernier a marqué un tournant. En se rendant à ce rassemblement, en signant un appel à manifester avec des islamistes, en cautionnant par sa présence un parallèle insupportable entre le sort des musulmans en France aujourd’hui et celui des juifs sous l’occupation et la Shoah, en prenant part à un défilé durant lequel la foule a scandé Allahu Akbar à quelques centaines de mètres du Bataclan et des anciens locaux de Charlie Hebdo, une large partie de la gauche a choisi le déshonneur.

Un choix historique s’offre désormais à nous. Ce choix, nous le formulons depuis la naissance de notre mouvement. Il est notre raison d’être. C’est pourquoi nous sommes décidés à contribuer, avec les formations républicaines et progressistes qui le voudront, à entamer dès maintenant la reconstruction d’une force politique républicaine et progressiste.

C’est dans ce contexte que le Printemps Républicain a le plaisir de vous convier à l’événement La République en première ligne qui aura lieu le samedi 30 novembre à partir de 14h à La Bellevilloise à Paris.

Lors de ce rassemblement, nous aurons l’occasion de mettre à l’honneur les premières lignes de la République : les fonctionnaires qui protègent, soignent et éduquent ainsi que des élus et des citoyens courageux et engagés, défenseurs de la liberté d’expression, thème qui sera particulièrement mis à l’honneur. Ils nous parleront de leurs combats, ceux relatés dans Combats pour la France, le livre d’Amine El Khatmi. De grands témoins et des personnalités publiques de premier plan seront également présents.

L’inscription à cet événement est obligatoire (en se rendant sur le site www.printempsrepublicain.fr). L’événement est gratuit mais vous avez la possibilité de faire un don pour aider le Printemps Républicain, qui ne vit que des cotisations de ses adhérents, d’assumer le coût de cette journée.

Le programme complet sera dévoilé dans les prochains jours. »

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La tribune postmoderne en faveur d’Esther Benbassa

Aux yeux d’une large partie de la Gauche, Esther Benbassa s’est totalement décrédibilisée lors de la manifestation contre « l’islamophobie ». Une tribune de soutien a été réalisée en catastrophe par la « Gauche » postmoderne afin d’allumer un contre-feu.

Il y a une phrase qui, dans la tribune de soutien à Esther Benbassa, veut tout dire :

« Née juive dans un pays musulman, la Turquie »

Aucune personne de la Gauche historique n’aurait jamais écrit ni signé une telle ligne. Jamais la Gauche historique n’a défini un pays par sa religion et encore moins la Turquie, mosaïque de peuples et de religions, avec ses Turcs, ses Kurdes, ses Arméniens, ses Lazes, ses Tcherkesses, ses Juifs, ses Assyriens, ses Grecs, etc. La fiction d’une Turquie à la fois « turque » et « musulmane » est combattue par la Gauche turque depuis plus de cent ans.

Seulement voilà, tout est bon pour essayer de sauver Esther Benbassa, symbole de la « Gauche » postmoderne. Elle est à ce titre une figure insupportable pour la Gauche historique, tout comme le sont les arguments déployés en sa faveur :

« Depuis son entrée tardive en politique, en 2011, Esther Benbassa est sur tous les fronts. Mariage pour tous, PMA pour toutes, LGBT-phobies, violences faites aux femmes, personnes prostituées, monde carcéral, migrants, violences policières, abandon des Kurdes du Rojava, justice environnementale et justice sociale. Elle agit avec la même détermination au Sénat, et sur le terrain. Auprès des cheminots, des infirmières, des étudiants. Des Gilets jaunes, aussi, qu’elle a invités au Palais du Luxembourg dès le début du mois de décembre 2018, et qu’elle n’a jamais lâchés depuis. »

Esther Benbassa est effectivement sur tous les fronts de l’ultra-libéralisme maquillé en « conquête des droits individuels ». Ce n’est pas pour rien que parmi les signataires de la tribune la défendant, on a justement Judith Butler. C’est la grande théoricienne de la théorie du genre, c’est la principale figure de la philosophie post-structuraliste de la « déconstruction » dans le domaine du « genre ».

Pour la même raison, on a l’antiautoritaire Gabriel Cohn-Bendit, frère aîné de Daniel, trotskiste puis anarchiste et enfin proche d’EELV. Il est surtout connu pour sa pédagogie « alternative » antiautoritaire et son soutien au droit à la parole pour le sinistre négationniste Faurisson.

On a les écrivains « modernistes » Edouard Louis et Annie Ernaux, qui font de l’identité la clef de leurs romans résolument tournés vers la « modernité ».

On les philosophes Daniel Borrillo (du Laboratoire d’études sur le genre et les sexualités) et Geoffroy de Lagasnerie (un adepte de la « French Theory »). Ce dernier a notamment pu dire au sujet des terroristes du 13 novembre 2015 :

« Au fond, vous pouvez vous dire qu’ils ont plaqué des mots djihadistes sur une violence sociale qu’ils ont ressentie quand ils avaient 16 ans. »

On ne sera pas étonné non-plus de trouver parmi les signataires tout ce que la fausse Gauche a produit ces dernières années de petit-bourgeois parisiens radicaux s’imaginant dans le camp du peuple, tels Clémentine Autain, David Belliard, Olivier Besancenot, Elsa Faucillon, Thomas Porcher ou encore Danièle Obono.

Cette tribune est un modèle du genre, qui contribue à dessiner la fracture déjà immense au sein de la Gauche entre les populistes prêts à tous les renoncements et ceux qui sont attachés à leurs valeurs de gauche, entre ceux qui ont succombé à la thèse de « l’islamophobie » et ceux qui ne sont pas dupes de cette manipulation politique.

Voici la tribune, publiée sur huffingtonpost.fr :

« Esther Benbassa fait honneur à la République

“Youpine!”, “métèque!”, “la trinationale dehors!”… Réseaux sociaux, courriels, lettres. Esther Benbassa croyait peut-être avoir déjà tout vu en termes d’injures, de menaces, menaces de mort comprises. Elle se trompait. Désormais les insultes sont d’une autre nature. “Antisémite!”, “négationniste!”, “islamocollabo!”…

Elle est assurément loin d’être la seule, en cette circonstance, à subir des attaques indignes. Mais il est clair que certains ont décidé de lui faire payer au prix fort sa participation à la marche contre l’islamophobie, le 10 novembre dernier. Dans une formule d’une rare violence, Sabine Prokhoris vient même, sur le monde.fr, de la comparer à ces Français qui, hier, n’ont “rien vu” quand on a déporté leurs voisins juifs.

Sa faute? Avoir twitté une photographie prise sur le parcours de cette marche, où on la voit au milieu d’un petit groupe de manifestants brandissant fièrement des drapeaux tricolores.

Son crime? N’avoir pas remarqué, sur le moment, sur les vestes de ces personnes, et sur celle de la fillette qui les accompagnait, un autocollant associant une étoile à cinq branches, un croissant de lune et le mot “Muslim”, le tout en jaune sur fond blanc.

Son péché mortel? Avoir refusé de considérer a priori cette possible appropriation musulmane du symbole de l’étoile jaune comme un sacrilège. Comme la captation indigne d’une mémoire de souffrance.

Esther Benbassa ne nie pas que la simple existence de ce badge ait pu blesser des gens. Ni que l’on puisse y voir une maladresse. Reste que la focalisation sur ce badge et sur l’envoi de cette photo est d’abord l’effet visible d’une convergence d’intérêts politiques divers autour de cette manifestation. Elle sert de leurre, elle fait diversion. En détournant l’attention de la crise sociale qui secoue notre pays. Et en empêchant toute réflexion un tant soit peu équilibrée sur la réalité du racisme anti-musulman.

Esther Benbassa sait parfaitement que le port imposé de l’étoile jaune ne fut que l’une des dernières étapes d’un mouvement long et continu de stigmatisation des Juifs depuis le XIXe siècle. Elle n’a jamais assimilé la condition des musulmans dans la France d’aujourd’hui à celle des Juifs pendant la Shoah. Et pour cause. Elle est historienne. Elle a pour métier de distinguer, autant que de comparer.

Ses accusateurs d’aujourd’hui font mine d’ignorer qu’elle est l’auteure d’un essai déjà ancien, datant de 2004, couvrant une période longue (depuis la Révolution), La République face à ses minorités. Les Juifs hier, les musulmans aujourd’hui, et d’une étude importante parue en 2007, La Souffrance comme identité. Sur la concurrence mémorielle, ses causes et ses dérives, sur les difficultés de la France à vivre sereinement sa diversité, Esther Benbassa a écrit des pages qui suffisent à réduire à néant les accusations aujourd’hui portées contre elle.

Ces accusations sont ineptes. Et scandaleuses. Elles font comme si Esther Benbassa n’avait pas de passé. Née juive dans un pays musulman, la Turquie, ayant vécu les premières années de sa jeunesse en Israël, elle est arrivée en France au début des années 1970. Pendant quinze ans, elle a enseigné en lycée et en collège en Normandie puis en banlieue parisienne dans ce qu’on appelle parfois avec une pointe de mépris “nos quartiers populaires”.

Elle est entrée au CNRS comme directrice de recherche en 1989, et en 2000, elle a été élue sur la chaire d’histoire du judaïsme moderne de l’École pratique des hautes études (Sorbonne). Ses champs de recherche sont connus: histoire des Juifs en terre d’Islam, du sionisme, du judaïsme français, histoire comparée des minorités. Elle a écrit et dirigé une trentaine d’ouvrages sur ces sujets, lui ayant valu une reconnaissance internationale.

Que reproche-t-on, en fait, à Esther Benbassa? Ses engagements. Comme intellectuelle publique, d’abord, comme militante associative ensuite, comme politique enfin. Forte de son expertise, libre de toute attache communautaire, hermétique à toute forme de radicalité idéologique, et gardant en toute circonstance une franchise et une clarté sans faille, lauréate 2006 du prix Seligmann contre le racisme, Esther Benbassa se bat depuis des décennies contre l’antisémitisme et tous les racismes, islamophobie comprise, contre toutes les formes de discrimination, pour le respect des droits des minorités. Pour une solution juste du conflit israélo-palestinien et pour retisser les liens d’un dialogue judéo-musulman.

Depuis son entrée tardive en politique, en 2011, Esther Benbassa est sur tous les fronts. Mariage pour tous, PMA pour toutes, LGBT-phobies, violences faites aux femmes, personnes prostituées, monde carcéral, migrants, violences policières, abandon des Kurdes du Rojava, justice environnementale et justice sociale. Elle agit avec la même détermination au Sénat, et sur le terrain. Auprès des cheminots, des infirmières, des étudiants. Des Gilets jaunes, aussi, qu’elle a invités au Palais du Luxembourg dès le début du mois de décembre 2018, et qu’elle n’a jamais lâchés depuis.

Alors bien sûr, Esther Benbassa casse les codes et dérange les petits échanges feutrés ordinaires. Elle n’a pas peur du peuple. Elle est là pour les gens, les pauvres, les précaires, les racisés et les autres. Elle les écoute, elle leur parle. Et eux au moins la comprennent. Et respectent l’écharpe tricolore dont certains voudraient la dépouiller.

L’erreur d’Esther Benbassa est en fait de croire que tous ces combats n’en font qu’un. C’est d’incarner, avec d’autres et autant qu’elle le peut, cette “convergence des luttes” à laquelle une partie de la gauche a renoncé et qui fait peur à beaucoup d’autres, de LREM au RN. On pourra toujours se moquer de son accent. Esther Benbassa est une grande voix. Parce qu’elle est d’abord l’une des voix des sans-voix.

Les signataires de ce texte n’adhèrent pas forcément à toutes ses prises de positions, y compris sur la marche du 10 novembre. Ils ont pu avoir hier des débats avec elle. Ils en auront demain. Mais tous savent une chose. Cette voix-là ne doit pas se taire. Elle ne se taira pas.

Premiers signataires:

  • Clémentine Autain, députée FI de Seine-Saint-Denis
  • Guillaume Balas, coordinateur national Génération•s
  • Julien Bayou, porte-parole d’EELV
  • David Belliard, conseiller de Paris, EELV
  • Olivier Besancenot, NPA
  • Judith Butler, professeure à l’Université de Berkeley
  • Damien Carême, député européen
  • Aymeric Caron, journaliste et écrivain
  • Luc Carvounas, député PS du Val-de-Marne
  • Gabriel Cohn-Bendit, retraité de l’Education Nationale
  • Éric Coquerel, député FI de Seine-Saint-Denis
  • David Cormand, eurodeputé, secrétaire national d’EELV
  • Sergio Coronado, ancien député EELV
  • Rokhaya Diallo, journaliste, réalisatrice
  • Cécile Duflot, ancienne ministre
  • Didier Eribon, philosophe
  • Annie Ernaux, écrivaine
  • Elsa Faucillon, députée communiste des Hauts-de-Seine
  • Geneviève Garrigos, défenseure des droits humains
  • Cédric Herrou, Emmaüs Roya
  • Mémona Hintermann-Afféjée
  • Geoffroy de Lagasnerie, sociologue et philosophe
  • Sandra Laugier, professeure de philosophie à l’université Panthéon Sorbonne, membre de l’Institut universitaire de France
  • Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice Gauche Républicaine & Socialiste
  • Édouard Louis, écrivain
  • Noel Mamère, ancien député
  • Caroline Mecary, avocate au barreau de Paris
  • Frédéric Mestdjian et le Ralliement d’Initiative Citoyenne
  • Edgar Morin, sociologue, philosophe
  • Thomas Porcher, économiste
  • Sandra Regol, porte-parole d’EELV
  • Aron Rodrigue, professeur d’histoire, Stanford University
  • Malik Salemkour, président de la LDH
  • Danielle Simonnet, conseillère de Paris, FI
  • Sophie Taillé-Polian, sénatrice Génération•s du Val-de-Marne 
  • Mateo Alaluf, sociologue, professeur honoraire, Université Libre de Bruxelles
  • Arié Alimi, avocat au barreau de Paris
  • Pouria Amirshahi, président et directeur de Politis
  • Henri Arevalo, Bureau exécutif EELV
  • Mehdy Belabbas, Adjoint au Maire EELV d’Ivry
  • Annie Benveniste, anthropologue, Université Paris 8
  • Francine Bolle, docteure en histoire, maîtresse de conférences, Université libre de Bruxelles
  • Daniel Borrillo, maître de conférences, Université Paris 10
  • Etienne Bourel, anthropologue
  • Thierry Brochot, Trésorier, EELV
  • Marco Candore, auteur, réalisateur
  • Jean-Paul Chagnollaud, professeur émérite des universités
  • Pascal Cherki, ancien député
  • Myriam Chopin, maîtresse de conférences en histoire médiévale
  • Jérémy Clément, Gilet jaune (de Montargis, Loiret)
  • Pierre-Yves Collombat, sénateur du Var
  • Antoine Comte, avocat
  • Alain Coulombel, secrétaire national adjoint, EELV
  • Laurence de Cock, enseignante
  • Christelle de Cremiers, vice-présidente du conseil regional Centre-Val de Loire, EELV
  • Priscilla De Roo, économiste
  • Catherine Deschamps, professeure d’anthropologie à l’ENS d’architecture de Nancy
  • Josy Dubié, sénateur honoraire (Belgique)
  • Sophie Ernst, agrégée de philosophie
  • Éric Fassin, professeur de sociologie, Université Paris 8
  • Bastien François, professeur à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
  • Alexandra Galitzine-Loumpet, anthropologue
  • Guillaume Gontard, sénateur Gauche-écolo de l’Isère
  • José Gotovitch, professeur honoraire, Université Libre de Bruxelles
  • Bernard Hours, anthropologue
  • Heinz Hurwitz, professeur émérite, Université Libre de Bruxelles
  • Alain Joxe, directeur d’Etudes (H) à l’EHESS
  • Cecilia Joxe, militante écologiste
  • Gaëtane Lamarche-Vadel, Revue Multitudes
  • Mathilde Larrère, historienne
  • Stéphane Lavignotte, théologien protestant
  • Hinda Lewi-Férault, psychiatre, psychanalyste
  • Valérie Marange, psychanalyste
  • Danièle Obono, députée FI de Pars
  • Anne Querrien, co-directrice de la rédaction de la revue Multitudes
  • Caroline Roose, eurodeputée
  • Monique Selim, anthropologue
  • Pierre Serne, conseiller régional d’Île-de-France
  • Denis Sieffert, journaliste à Politis
  • Philippe Stanisière, Bureau exécutif EELV
  • Michel Staszewski, professeur d’histoire retraité, membre de l’Union des Progressistes Juifs de Belgique (UPJB), Bruxelles
  • Marie Toussaint, eurodeputée EELV
  • Dan Van Raemdonck, professeur, Université Libre de Bruxelles 
  • Françoise Vergès, politologue, militante féministe antiraciste, auteure
  • Dominique Vidal, journaliste et historien
  • Jean Vogel, professeur de sciences politiques à l’Université libre de Bruxelles, Président de l’Institut Marcel Liebman
  • Salima Yembou, eurodeputée
  • Karoline Zaidline, artiste lyrique, Gilet jaune »
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Politique

La polémique Valeurs Actuelles / Benjamin Stora

La revue réactionnaire Valeurs Actuelles a publié un hors-série sur l’Algérie française au mois d’octobre. L’historien Benjamin Stora y subit un portrait assassin. Il vient de rétorquer en dénonçant l’article à son sujet et une campagne « antisémite ». Le souci, c’est que l’article ne dit que des vérités : Benjamin Stora est bien « l’historien officiel » de l’Algérie française, passant savamment sous silence tout ce qui déplaît tant aux institutions qu’à la « seconde gauche ».

 

Benjamin Stora a dû être profondément vexé par les premières lignes de l’article de Valeurs Actuelles. C’est un assassinat politique :

« On a beau se promettre « pas le physique ! », la comparaison est édifiante. Sur la photo prise à l’université de Nanterre en 1970, le jeune militant d’extrême-gauche Benjamin Stora, âgé de vingt ans, ressemble aux innombrables Che Guevara peuplant alors les facultés : visage émacié, regard déterminé allure féline.

Près d’un demi-siècle plus tard, c’est un tout autre Stora, affichant désormais des allures de gros chat, et n’aimant rien tant que de poser pour la postérité dans une époque faite pour lui, et pour cause : il est de ceux qui l’ont façonnée. »

Il est en effet difficile de mentionner toutes les institutions auxquelles participent Benjamin Stora, il faudrait des pages. Lui-même en a beaucoup écrit : 50 ouvrages (et une dizaine de films). Cet enseignant universitaire est Officier de l’ordre national du Mérite, Officier de l’ordre des Arts et des Lettres, Chevalier de la Légion d’honneur, membre du jury du Prix du livre d’Histoire décerné par le Sénat, membre du conseil scientifique de la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme, président du Conseil d’orientation de l’Établissement public du Palais de la Porte dorée qui inclut la Cité nationale de l’histoire de l’immigration (il va en démissionner pour se focaliser sur ses recherches), etc. etc.

Tout cela est bien éloigné de son engagement révolutionnaire comme membre de l’Organisation Communiste Internationaliste, dont il fut l’un des hauts dirigeants. Pas étonnant que Valeurs Actuelles se focalise dessus pour utiliser la figure du style de la prétérition (amenant à parler de quelque chose après avoir dit qu’on allait pas le faire) :

« Depuis, l’homme n’a pas seulement fait du gras, il a enflé. Un poussah pontifiant. Gonflé, au risque d’exploser, de cette mauvaise graisse ayant prospéré à la proportion de vanité qui n’a cessé de croître en lui à mesure que s’élevait son statut social. »

Tout cela est agressif – c’est du Valeurs Actuelles, tout simplement. La revue est célèbre pour son ton voltairien de droite utilisant des informations bien trouvées, ce qui en fait somme toute un Canard enchaîné inversé (et tout aussi vaniteux).

Benjamin Stora s’est donc fendu d’un long message, intitulé « A propos d’un article paru dans le hors-série de « Valeurs actuelles », octobre 2019 ». Il accuse l’article d’antisémitisme, ce qui est absolument ridicule.

Mais il en avait besoin pour tenter de parer à la critique de Valeurs Actuelles. Cette revue sait très bien que Benjamin Stora est au cœur du dispositif idéologique de la « seconde gauche », née justement en soutien unilatéral à l’indépendance algérienne et totalement opposée au PCF comme à la Gauche historique en général.

Benjamin Stora, lui-même juif pied-noir, a été un haut cadre de l’OCI, courant trotskiste ayant fourni un appui significatif au Mouvement national algérien de Messali Hadj. Benjamin Stora a fait justement sa thèse sur celui-ci, avant de travailler en collaboration Mohammed Harbi, un historien algérien qui était un des hauts cadres du FLN et justement proche du trotskisme.

D’où l’idéologie qui en ressort, croisement des idéologies des États français et algérien, avec comme accord tacite la main-mise de la « seconde gauche » sur le plan intellectuel quant à cette question :

  • la colonisation a été un processus meurtrier ;
  • il faut une repentance, mais également un esprit de réconciliation, dont les immigrés algériens en France sont une expression ;
  • on ne parle pas des massacres et des attentats réguliers contre les civils commis par le FLN ;
  • on ne parle surtout pas des questions démocratiques (femmes, place de la religion, forme gouvernementale) ayant avant l’indépendance algérienne fait que la Gauche historique n’a pas soutenu le FLN ;
  • au sujet des colons français on ne parle pas de la toute petite minorité de grands propriétaires terriens et on fait passer la grande masse, petite-bourgeoise et populaire, pour des arriérés finalement racistes.

Il ne faut pas s’étonner qu’avec tout ça, la Droite a un boulevard – et cela depuis 1962 d’ailleurs. C’est d’ailleurs clairement une année fatidique – car, à partir de cette année-là, la Gauche historique a pratiquement totalement perdu pied sous les coups de boutoir de la seconde gauche. Jamais la Gauche historique n’aurait vu en l’Algérie des colonels la « nouvelle Mecque de la révolution ».

> Lire également : Benjamin Stora et ses ridicules accusations contre Valeurs Actuelles

Et depuis cette défaite de la Gauche historique, on a un activisme massif de l’ultra-gauche, avec un anticommunisme et un anti-socialisme virulents.

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Benjamin Stora et ses ridicules accusations contre Valeurs Actuelles

Benjamin Stora dénonce un article à charge de la revue réactionnaire Valeurs Actuelles comme étant antisémite. C’est pathétique et il est dramatique que son communiqué ait été beaucoup relayé à Gauche.

Valeurs Actuelles est une revue incontournable quand on est de Gauche et qu’on veut faire de la politique, car c’est l’expression peut-être la plus avancée de l’ennemi. C’est une revue de haut niveau, exprimant la Droite voulant l’alliance avec l’extrême-Droite, dans un esprit néo-gaulliste toujours prompt à espérer en l’armée un recours efficace, etc.

Qualifier Valeurs Actuelles d’antisémite n’a donc aucun sens. D’ailleurs, vue son poids social et politique, si elle était antisémite, elle l’assumerait. On a ici des intellectuels, des grands bourgeois, des gens aux plus hauts postes de la société française et il ne leur viendrait pas à l’idée de ne pas assumer.

Benjamin Stora a donc tout faux. Quels sont ses arguments d’ailleurs ? Il dit la chose suivante :

« Cet article est antisémite, voici pourquoi.

C’est le portrait d’un homme avide d’ambition et d’honneurs qui est ici dressé, hantant les couloirs du pouvoir, à la recherche de récompenses. C’est une description s’inscrivant dans la tradition classique antisémite des « juifs de cour » que l’on pouvait lire dans la presse d’extrême-droite au moment de l’Affaire Dreyfus, par exemple à propos de Bernard Lazare.

C’est une attaque fondée sur une description de mon physique. Ma prise de poids, notion qui revient à trois reprises dans l’article, s’explique non par les épreuves traversées dans ma vie (la perte de mon fille victime d’un cancer, mes crises cardiaques, ou les violentes agressions venant du monde intégriste dans les années 1990), mais par ma progression dans les couloirs du pouvoir. Cette obsession sur mon poids suggère l’expression d’un enrichissement, qui peut également se lire dans la presse antisémite, appliquée par exemple à Adolphe Crémieux ou Léon Blum.

C’est une charge contre les intellectuels qui travaillent dans un cadre universitaire, donc qui fabriquent un « Système », et des histoires officielles. Là encore, la haine des intellectuels d’origine juive est une vieille recette, déjà appliquée à des hommes comme Jacques Attali (cité dans l’article). »

Ce type est historien ? On ne le croirait pas à le lire. La thèse antisémite des « Juifs de cour » n’a jamais existé en France, elle n’est propre qu’à là où il y a une cour… Il faut donc se tourner vers la Grande-Bretagne avec Benjamin Disraeli (le grand modèle du « juif de cour » d’ailleurs seulement d’origine juive) ou l’Autriche-Hongrie (avec l’importance de certaines banquiers juifs).

La thèse de la prise de poids associée à un enrichissement est tellement forcée qu’elle est pathétique. Valeurs Actuelles présente une thèse très simple dans son article, une thèse qu’elle affirme régulièrement : les anciens révolutionnaires font carrière et sont la caricature de leur jeunesse. C’est ce qui est fait là, tout simplement.

Le troisième argument est « la haine des intellectuels d’origine juive ». Benjamin Stora est ici ridicule. Il suffit de consulter les couvertures de la revue : on y voit régulièrement Eric Zemmour et bien souvent Alain Finkielkraut. La tendance de Valeurs Actuelles est d’ailleurs bien plus de pousser à faire basculer les Juifs à Droite toute en jouant sur la peur des Arabes.

> Lire également : La polémique Valeurs Actuelles / Benjamin Stora

Benjamin Stora nuit donc puissamment à la lutte contre l’antisémitisme avec ses élucubrations. Quant aux 285 membres de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) qui ont « découvert avec consternation l’attaque nauséabonde de Valeurs Actuelles » contre Benjamin Stora, ils ne sont tout simplement pas sérieux. Espérons au moins qu’à l’époque ils se soient mobilisés contre Dieudonné. Mais on peut en douter.

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Gilets jaunes: un «anniversaire» raté

Les gilets jaunes avaient promis de célébrer leur première année d’existence de manière volontaire et efficace. Cela a bien entendu été une déroute de plus, avec même une qualité supérieure dans la défaite.

La France frémit, cela commence à bouillir et pourtant il n’y a pas eu de mobilisation favorable aux gilets jaunes. La lutte de classe reprend ses droits et la parenthèse « jaune » se referme.

Quelques centaines à Toulouse, 500 à Saint-Étienne, autour d’un millier à Marseille, Nantes et Lyon, 1500 à Montpellier, 1800 à Bordeaux, quasiment 5000 à Paris, 28 000 en tout. C’est extrêmement peu, mais les gilets jaunes n’ont jamais été vraiment nombreux de toutes façons, malgré tout le bruit qui a été fait autour d’eux. Ils n’ont pas non plus eu une quelconque influence dans la société française.

Jamais les ouvriers ne se sont tournés vers eux. Ils n’ont pas donné naissance à un style de lutte, ils n’ont pas donné naissance à des grèves, ils n’ont pas donné naissance à des dirigeants politiques. Ils en sont restés au niveau d’une passion française, le psychodrame.

Eux-mêmes sont le premier à le reconnaître : rien n’a changé au bout d’un an. Ils ne se remettent pas en cause pour autant, ce qui va renforcer de manière significative le populisme et l’antisémitisme. Il faudra bien expliquer par un « complot » l’échec complet, puisque les luttes de classes sont refusées.

Quant à l’ultra-gauche, elle a réussi à organiser de la casse, mais cela fut encore quelque chose de totalement ritualisé. Il y a bien eu des tentatives de sortir de cela à Paris, en occupant la salle de concert désaffecté La Flèche d’or pour en faire une « maison » contestataire ou en manifestant par surprise à 200 au niveau de la galerie commercial des Halles. Cela n’a pas fonctionné, car la police française a une stratégie bien précise : pas d’intervention sauf dans le cas où c’est « constructif ».

C’est cela que n’ont toujours pas compris les casseurs de Nantes ou de place d’Italie à Paris, réussissant divers feux de poubelle, quelques barricades sur le tas, des bris de vitrines, des graffitis divers, etc. L’État a laissé couler, sachant que là où il n’y a pas de proposition politique, tout est vain.

Nous revoilà d’ailleurs dans la même situation grosso modo qu’avant la fusion des socialistes français en 1905. On a des syndicalistes braillards, des anarchistes casseurs, une gauche électoraliste et un peuple qui reste totalement à l’écart de tout cela.

La grande question est de savoir maintenant ce qui va se passer en décembre, dans quelle mesure le cœur populaire du pays va se mettre en branle ou pas. Il est en tout cas déjà clair que la proposition stratégique des gilets jaunes a été réfuté par le peuple. C’est déjà donc indirectement un pas en avant vers une forme politique, de gauche, s’ancrant dans les valeurs du socialisme.