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Slogans de mai 1968

À bas les groupuscules récupérateurs
À bas la société de consommation.
À bas la société spectaculaire-marchande.
À bas le crapaud de Nazareth
À bas le réalisme socialiste. Vive le surréalisme.
À bas les journalistes et ceux qui veulent les ménager
À bas l’État.
À bas le sommaire
Vive l’éphémère
Jeunesse Marxiste Pessimiste
Vive l’Association Internationale des Travailleurs
À bas le vieux monde
À bas l’objectivité parlementaire des groupuscules. L’intelligence est du côté de la bourgeoisie. La créativité est du côté des masses. Ne votez plus.
Abolition de l’aliénation.
Abolition de la société des classes.
L’aboutissement de toute pensée, c’est le pavé dans ta gueule, C.R.S.
L’action ne doit pas être une réaction mais une création
L’action permet de surmonter les divisions et de trouver des solutions.
L’âge d’or était l’âge où l’or ne régnait pas.  Le veau d’or est toujours de boue.
L’agresseur n’est pas celui qui se révolte mais celui qui affirme
L’agresseur n’est pas celui qui se révolte mais celui qui réprime
Aimez-vous les uns sur les autres
L’alcool tue.  Prenez du L.S.D.
« Amnistie : acte par lequel les souverains pardonnent le plus souvent les injustices qu’ils ont commises. » (Ambrose Bierce)
L’anarchie c’est Je
L’aptitude de l’étudiant à faire un militant de tout acabit en dit long sur son impuissance.  -Les filles enragées.
Les armes de la critique passent par la critique des armes
Arrêtez le monde, je veux descendre
L’art est mort. Godard n’y pourra rien.
L’art est mort, libérons notre vie quotidienne.
L’art est mort, ne consommez pas son cadavre.
Attention : les arrivistes et les ambitieux peuvent se travestir en « socialards ».
Attention les cons nous cernent. Ne nous attardons pas au spectacle de la contestation, mais passons à la contestation du spectacle.
« Au grand scandale des uns, sous l’oeil à peine moins sévère des autres, soulevant son poids d’ailes, ta liberté. » [André Breton]
Autogestion de la vie quotidienne
Autrefois, nous n’avions que le pavot. Aujourd’hui, le pavé.
Avant donc que d’écrire, apprenez à penser.
À vendre, veste en cuir spéciale manifestation, garantie anti-CRS, grande taille, prix 100 F
Ayez des idées
Baisez-vous les uns les autres sinon ils vous baiseront
Bannissons les applaudissements, le spectacle est partout.
La barricade ferme la rue mais ouvre la voie
Le bâton éduque l’indifférence
Belle, peut-être pas, mais ô combien charmant.  La vie contre la survie.
Bien creusé vieille taupe
Le bleu restera gris tant qu’il n’aura pas été réinventé
Le bonheur est une idée neuve.
Un bon maître nous en aurons dès que chacun sera le sien
La bourgeoisie n’a pas d’autre plaisir que de les dégrader tous
Cache-toi, objet
Camarades, 5 heures de sommeil sur 24 sont indispensables : nous comptons sur vous pour la révolution.
Camarades, l’amour se fait aussi à Sc. Po., pas seulement aux champs
Camarades, lynchons Séguy !
Camarades, si tout le peuple faisait comme nous…
Camarades, vous enculez les mouches
Céder un peu c’est capituler beaucoup
Celui qui peut attribuer un chiffre à une (é)motion est un con
Ce n’est pas seulement la raison des millénaires qui éclate en nous, mais leur folie, il est dangereux d’être héritier
C’est en arrêtant nos machines dans l’unité que nous démontrons leur faiblesse.
« C’est parce que la propriété existe qu’il y a des guerres, des émeutes et des injustices. » (Saint Augustin)
C’est pas fini !
Ceux qui ferment les portes à clé sont des froussards donc des ennemis
Ceux qui font les révolutions à moitié ne font que se creuser un tombeau.
Ceux qui parlent de révolution et de lutte des classes sans se référer à la réalité quotidienne parlent avec un cadavre dans la bouche
Changez la vie, donc transformez son mode d’emploi
Chassez le flic de votre tête.
Le Christ seul révolutionnaire
Colle-toi contre la vitre. Croupis parmi les insectes
« Le combat est père de toute chose. » (Héraclite)
Comment penser librement à l’ombre d’une chapelle ?
Concours du prof le plus bête. Osez donc signer les sujets d’examen.
Le conservatisme est synonyme de pourriture et de laideur
Consommez plus, vous vivrez moins
Construire une révolution, c’est aussi briser toutes les chaînes intérieures
Contestation. Mais con d’abord
Cours camarade, le vieux monde est derrière toi
Cours camarade, le P.C.F. est derrière toi
Cours, connard, ton patron t’attend
Créez.
Crier la mort c’est crier la vie
C.R.S. qui visitez en civil, faites très attention à la marche en sortant
La culture c’est l’inversion de la vie
« Dans la révolution, il y a deux sortes de gens : ceux qui la font et ceux qui en profitent. » (Napoléon)
Dans le décor spectaculaire, le regard ne rencontre que les choses et leur prix.
Dans les chemins que nul n’avait foulés, risque tes pas !  Dans les pensées que nul n’avait pensées, risque ta tête !
Debout les damnés de l’Université.
Déboutonnez votre cerveau aussi souvent que votre braguette
Déchristianisons immédiatement la Sorbonne
Déculottez vos phrases pour être à la hauteur des Sans-culottes
Déjà 10 jours de bonheur
Défense de ne pas afficher
Désirer la réalité, c’est bien ! Réaliser ses désirs, c’est mieux
Dessous les pavés c’est la plage…
Dieu, je vous soupçonne d’être un intellectuel de gauche
Le discours est contre-révolutionnaire.
Le droit de vivre ne se mendie pas, il se prend
L’économie est blessée, qu’elle crève !
Écrivez partout !
L’éducateur doit être lui-même éduqué
Élections pièges à cons
L’émancipation de l’homme sera totale ou ne sera pas
Embrasse ton amour sans lâcher ton fusil
L’ennemi du mouvement, c’est le scepticisme.  Tout ce qui a été réalisé vient du dynamisme qui découle de la spontanéité.
L’ennui est contre-révolutionnaire.
Enragez-vous
En tout cas pas de remords !
Espérance : ne désespérez pas, faites infuser davantage.
Est prolétaire celui qui n’a aucun pouvoir sur l’emploi de sa vie quotidienne et qui le sait
Et cependant, tout le monde veut respirer et personne ne peut respirer et beaucoup disent « nous respirerons plus tard ».  Et la plupart ne meurent pas car ils sont déjà morts.
Êtes-vous des consommateurs ou bien des participants ?
Être libre en 1968, c’est participer.
Être réactionnaire c’est justifier et accepter la réforme sans y faire fleurir la subversion
Être riche c’est se contenter de sa pauvreté ?
Et si on brûlait la Sorbonne ?
L’état c’est chacun de nous
Les étudiants sont cons.
Exagérer c’est commencer d’inventer
Exagérer, voilà l’arme
Examens = servilité, promotion sociale, société hiérarchisée.
Explorons le hasard
Fais attention à tes oreilles, elles ont des murs
Faites l’amour et recommencez
Faites la somme de vos rancoeurs et ayez honte
Le feu réalise !
Fin de l’Université.
Un flic dort en chacun de nous, il faut le tuer
La forêt précède l’homme, le désert le suit.
Les frontières on s’en fout.
Les gens qui travaillent s’ennuient quand ils ne travaillent pas.  Les gens qui ne travaillent pas ne s’ennuient jamais
Godard : le plus con des Suisses pro-chinois !
L’homme n’est ni le bon sauvage de Rousseau, ni le pervers de l’église et de La Rochefoucauld.  Il est violent quand on l’opprime, il est doux quand il est libre.
Un homme n’est pas stupide ou intelligent : il est libre ou il n’est pas
D’un homme, on peut faire un flic, une brique, un para, et l’on ne pourrait en faire un homme ?
L’humanité ne sera heureuse que quand le dernier capitaliste sera pendu avec les tripes du dernier gauchiste
L’humanité ne sera vraiment heureuse que lorsque le dernier des capitalistes aura été pendu avec les tripes du dernier des bureaucrates
Hurle.
Ici, bientôt, de charmantes ruines.
Ici, on spontane
Il est douloureux de subir les chefs, il est encore plus bête de les choisir.
Il est interdit d’interdire
Il est interdit d’interrompre
« Il faut porter en soi un chaos pour mettre au monde une étoile dansante. » (Nietzsche)
Il faut systématiquement explorer le hasard
Il n’est pas de pensées révolutionnaires. Il n’est que des actes révolutionnaires
Il n’y a de mortel, de temporel, de limitée et d’exclusif que dans l’organisation et dans les structures
Il n’y aura plus désormais que deux catégories d’hommes : les veaux et les révolutionnaires.  En cas de mariage, ça fera des réveaulutionnaires.
Ils pourront couper toutes les fleurs, ils n’empêcheront pas la venue du printemps
Il y a, en France, 38 000 communes… nous en sommes à la seconde
« Imagination n’est pas don mais par excellence objet de conquête. » (Breton)
L’imagination prend le maquis
L’imagination prend le pouvoir
L’insolence est la nouvelle arme révolutionnaire
Interdit d’interdire.  La liberté commence par une interdiction : celle de nuire à la liberté d’autrui.
Inventez de nouvelles perversions sexuelles (je peux pus !)
J’aime pas écrire sur les murs.
J’ai quelque chose à dire mais je ne sais pas quoi
Je décrète l’état de bonheur permanent
Je joue
« Je me propose d’agiter et d’inquiéter les gens.  Je ne vends pas le pain mais la levure. » (Unamuno)
J’emmerde la société et elle me le rend bien
Je ne sais qu’écrire mais j’aimerais en dire de belles et je ne sais pas
Je ne suis au service de personne, le peuple se servira tout seul
Je ne suis au service de personne (pas même du peuple et encore moins de ses dirigeants) : le peuple se servira tout seul.
Je participe.
Tu participes.
Il participe.
Nous participons.
Vous participez.
Ils profitent.
Je plane/hashich
Je prends mes désirs pour la réalité car je crois en la réalité de mes désirs
Je rêve d’être un imbécile heureux
Je suis marxiste, tendance Groucho
Je suis venu, j’ai vu, j’ai cru
Je t’aime !!! Dites-le avec des pavés
Jeunes femmes rouges toujours plus belles
Les jeunes font l’amour, les vieux font des gestes obscènes.
Jouissez ici et maintenant
Jouissez sans entraves
Jouissez sans entraves, vivez sans temps morts, baisez sans carotte
Laissons la peur du rouge aux bêtes à cornes… et la peur du noir aux staliniens
Les larmes des Philistins sont le nectar des dieux
La liberté, c’est la conscience de la nécessité
La liberté, c’est le crime qui contient tous les crimes, c’est notre arme absolue
La liberté, c’est le droit au silence
La liberté commence par une interdiction.  Celle de nuire à la liberté d’autrui
La liberté d’autrui étend la mienne à l’infini.
La liberté est le crime qui contient tous les crimes.  C’est notre arme absolue.
La liberté n’est pas un bien que nous possédions. Elle est un bien que l’on nous a empêché d’acquérir à l’aide des lois, des règlements, des préjugés, ignorance…
Libérez nos camarades.
Luttons contre la fixation affective qui paralyse nos potentialités. -Comité des femmes en voie de libération.
Lynchons Séguy ! La marchandise, on la brûlera !
Le mandarin est en vous
Mangez vos professeurs
Manquer d’imagination, c’est ne pas imaginer le manque
La marchandise, on la brûlera
Le masochisme aujourd’hui prend la forme du réformisme
Make love, not war.
La marchandise est l’opium du peuple.
Même si Dieu existait, il faudrait le supprimer.
Merde au bonheur (vivez)
Mes désirs sont la réalité
Métro, boulot, dodo
Mettez un flic sous votre moteur
Millionnaires de tous les pays, unissez-vous, le vent tourne.
Mort aux tièdes
La mort est nécessairement une contre révolution
Les motions tuent l’émotion
Mutation lave plus blanc que révolution ou réformes
Mur baignant infiniment dans sa propre gloire
Les murs ont des oreilles. Vos oreilles ont des murs
N’admettez plus d’être / immatriculés / fichés / opprimés / réquisitionnés / prêchés / recensés / traqués /
La nature n’a fait ni serviteurs ni maîtres, je ne veux donner ni recevoir de lois
Ne changeons pas d’employeurs, changeons l’emploi de la vie
Ne consommons pas Marx
Ne dites plus : Monsieur le Professeur, dites : crève salope !
Ne dites plus : urbanisme, dites : police préventive
Ne me libère pas, je m’en charge
Ne nous attardons pas au spectacle de la contestation, mais passons à la contestation du spectacle.
Ne nous laissons pas bouffer par les politicards et leur démagogie boueuse.  Ne comptons que sur nous-mêmes.  Le socialisme sans la liberté, c’est la caserne.
Ne prenez plus l’ascenseur, prenez le pouvoir
Ne travaillez jamais !
Ne vous emmerdez pas, merdifiez
Ne vous emmerdez plus, emmerdez les autres
Le n’importe quoi érigé en système
Le nihilisme doit commencer par soi-même
Ni maître, ni Dieu. Dieu, c’est moi
Ni robot, ni esclave
Non à la révolution en cravate.
Notre espoir ne peut venir que des sans-espoir
Nous avons une gauche préhistorique
Nous n’avons fait que la 1ère insurrection de notre révolution
« Or, les vraies vacances, c’était le jour où nous pouvions regarder une parade gratuitement, où nous pouvions allumer un feu géant au milieu de la rue sans que les flics nous en empêchent. » Harpo Marx
Nous ne voulons pas d’un monde où la certitude de ne pas mourir de faim s’échange contre le risque de mourir d’ennui.
Nous refusons d’être H.L.M.isés, diplômés, recencés, endoctrinés, sarcellisés, sermonés, matraqués, télémanipulés, gazés, fichés.
Nous sommes des rats (peut-être) et nous mordons. Les enragés
Nous sommes rassurés : 2 + 2 ne font plus 4
Nous sommes tous des « indésirables ».
Nous sommes tous des juifs allemands
Nous voulons : les structures au service de l’homme et non pas l’homme au service des structures. Avoir le plaisir de vivre et non plus le mal de vivre
Nous voulons une musique sauvage et éphémère.  Nous proposons une régénération fondamentale : grève de concerts, des meetings sonores : séances d’investigation collectives, suppression du droit d’auteur, les structures sonores appartiennent à chacun.
Nous voulons vivre.
La nouveauté est révolutionnaire, la vérité aussi
Nul n’arrive à comprendre s’il ne respecte, conservant lui-même sa propre nature, la libre nature d’autrui
L’obéissance commence par la conscience et la conscience par la désobéissance
Occupation des usines.
O gentils messieurs de la politique, vous abritez derrière vos regards vitreux un monde en voie de destruction. Criez, criez, on ne saura jamais que vous avez été castrés.
On achète ton bonheur, vole-le !
On n’a… pas le temps d’écrire !!!
On n’efface pas la vérité (ni d’ailleurs le mensonge)
On ne revendique rien, on prend
On ne revendiquera rien, on ne demandera rien, on prendra, on occupera
L’orthografe est une mandarine
Osons
« Osons ! Ce mot renferme toute la politique de cette heure. » (Saint-Just)
Oubliez tout ce que vous avez appris.  Commencez par rêver
Ou vous vous emparez des usines, des bureaux, des banques, de tous les moyens de distribution, ou vous disparaîtrez sans laisser de traces ! La révolution a besoin d’argent et vous, aussi; les banques sont là pour nous en fournir ! Une organisation, oui ! Une autorité ou un parti, NON ! (Bonnot and Clyde)
Ouvrez les fenêtres de votre coeur
Ouvrons les portes des asiles, des prisons et autres facultés
La paresse est maintenant un crime, oui, mais en même temps un droit
Parlez à vos voisins (et à vos voisines, bordel !)
Participez au balayage. Il n’y a pas de bonnes ici
Pas de liberté aux ennemis de la liberté.
Pas de replâtrage, la structure est pourrie.
« La passion de la destruction est une joie créatrice. » (Bakounine)
Le patron a besoin de toi, tu n’as pas besoin de lui.
Au pays de Descartes les conneries se foutent en cartes
La pègre, c’est nous
Une pensée qui stagne est une pensée qui pourrit
Penser ensemble, non. Pousser ensemble, oui
La perspective de jouir demain ne me consolera jamais de l’ennui d’aujourd’hui
Plébicite : qu’on dise oui qu’on dise non, il fait de nous des cons.
Pluie. Pluie et vent et carnage ne nous dispersent pas mais nous soudent (Comité d’agitation culturelle)
La plus belle sculpture, c’est le pavé de grès. Le lourd pavé critique c’est le pavé que l’on jette sur la gueule des flics.
Plus jamais Claudel
Plus je fais l’amour, plus j’ai envie de faire la révolution. Plus je fais la révolution, plus j’ai envie de faire l’amour
La poésie est dans la rue
La politique se passe dans la rue.
Pour mettre en question la société où l’on « vit », il faut d’abord être capable de se mettre en question soi-même.
Pourvu qu’ils nous laissent le temps…
Le pouvoir avait les universités, les étudiants les ont prises.  Le pouvoir avait les usines, les travailleurs les ont prises.  Le pouvoir avait l’O.R.T.F., les journalistes lui ont pris.  Le pouvoir a le pouvoir, prenez-le lui !
Le pouvoir est au bout du fusil (est-ce que le fusil est au bout du pouvoir ?)
Le pouvoir sur ta vie tu le tiens de toi-même
Prenez vos désirs pour la réalité
Prenons la révolution au sérieux, mais ne nous prenons pas au sérieux
Professeurs, vous êtes aussi vieux que votre culture, votre modernisme n’est que la modernisation de la police, la culture est en miette (les enragés)
Professeurs, vous nous faites vieillir
Quand l’assemblée nationale devient un théâtre bourgeois, tous les théâtres bourgeois doivent devenir des assemblées nationales
Quand le dernier des sociologues aura été étranglé avec les tripes du dernier bureaucrate, aurons-nous encore des « problèmes » ?
Quand le doigt montre la lune, l’imbécile regarde le doigt (proverbe chinois)
Quand les gens s’aperçoivent qu’ils s’ennuient, ils cessent de s’ennuyer.
Que c’est triste d’aimer le fric.
Qu’est-ce qu’un maître, un dieu ?  L’un et l’autre sont une image du père et remplissent une fonction oppressive par définition
Qui parle de l’amour détruit l’amour.
Le reflet de la vie n’est que la transparence du vécu
Réforme mon cul.
Regarde-toi : nous t’attendons !
Regarde ton travail, le néant et la torture y participent
Regardez en face !!!
Les réserves imposées au plaisir excitent le plaisir de vivre sans réserve.
Le respect se perd, n’allez pas le rechercher
Le rêve est réalité
La révolution cesse dès l’instant qu’il faut se sacrifier pour elle.
La révolution, c’est une INITIATIVE.
La Révolution doit cesser d’être pour exister
La révolution doit se faire dans les hommes avant de se faire dans les choses
La révolution est incroyable parce que vraie
Révolution, je t’aime.
Un révolutionnaire est un danseur de cordes
Nouvelle faculté de médecine
La révolution n’est pas seulement celle des comités mais avant tout la vôtre.
La révolution prolétarienne est l’acte intellectuel par excellence
Une révolution qui demande que l’on se sacrifie pour elle est une révolution à la papa
Un rien peut être un tout, il faut savoir le voir et parfois s’en contenter
Le rouge pour naître à Barcelone, le noir pour mourir (non, Ducon, pour vivre à Paris)
Le sacré, voilà l’ennemi
Savez-vous qu’il existait encore des chrétiens ?
Scrutin putain
Seule la vérité est révolutionnaire.
Un seul week-end non révolutionnaire est infiniment plus sanglant qu’un mois de révolution permanente
Institut des langues orientales
SEXE : c’est bien, a dit Mao, mais pas trop souvent.
Si besoin était de recourir à la force, ne restez pas au milieu
Si tu rencontres un flic, casse-lui la gueule
Si tu veux être heureux, pends ton propriétaire.
Si vous continuez à faire chier le monde, le monde va répliquer énergiquement
Si vous pensez pour les autres, les autres penseront pour vous
La société est une fleur carnivore
La société nouvelle doit être fondée sur l’absence de tout égoïsme, de tout égolatrie.  Notre chemin deviendra une longue marche de la fraternité.
Sous les pavés la plage
Soyez réalistes, demandez l’impossible
Soyez salés, pas sucrés !
Soyons cruels
Staliniens vos fils sont avec nous
Les syndicats sont des bordels
Toi, mon camarade, toi que j’ignorais derrière les turbulences, toi jugulé, apeuré, asphyxié, viens, parle à nous.
Tout acte de soumission à la force qui m’est extérieure me pourrit tout debout, mort avant que d’être enterré par les légitimes fossoyeurs de l’ordre.
Tout ce qui est discutable est à discuter
Tout enseignant est enseigné. Tout enseigné est enseignant.
Tout est Dada
« Toute vue des choses qui n’est pas étrange est fausse. » (Valéry)
Tout le pouvoir aux conseils ouvriers (un enragé).
Tout le pouvoir aux conseils enragés (un ouvrier).
Tout pouvoir abuse.  Le pouvoir absolu abuse absolument.
Tout réformisme se caractérise par l’utopiste de sa stratégie et l’opportunisme de sa tactique
Travailleur : tu as 25 ans mais ton syndicat est de l’autre siècle.
Le vent se lève. Il faut tenter de vivre
Vibration permanente et culturelle.
La vie est ailleurs
La vieille taupe de l’histoire semble bel et bien ronger la Sorbonne.  Télégramme de Marx, 13 mai 1968.
Vigilance ! Les récupérateurs sont parmi nous ! « Anéantissez donc à jamais tout ce qui peut détruire un jour votre ouvrage. » (Sade)
Violez votre Alma Mater.
Vite !
Vive le pouvoir des conseils ouvriers étendu à tous les aspects de la vie
Vive les enragés qui bâtissent des aventures.
Vive les mômes et les voyous
Vivre au présent.
Voir Nanterre et vivre. Allez mourir à Naples avec le Club Méditerranée.
Vous aussi, vous pouvez voler
Vous êtes creux.
Vous êtes en face d’une force. Prenez garde de déclencher la guerre civile par votre résistance.
Vous finirez tous par crever du confort
Zelda, je t’aime !  À bas le travail !

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Guerre d’Espagne : affiches du PSUC et de l’UGT

Le Parti socialiste unifié de Catalogne est né en juillet 1936, quelques jours après le coup d’État de Franco, en tant que fusion des socialistes et des communistes. Il dirigeait également l’Union générale des travailleurs (UGT). Voici quelques unes de leurs affiches durant la guerre d’Espagne.

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Célébration des femmes du 8 mars 2018

Les femmes ne sont pas présentes partout. Soit parce qu’elles sont exclues, soit parce qu’elles décident de ne pas être présentes. Prenons la chasse à courre. Le site venerie.org décrit la participation de la femme à la chasse comme un « apport chaleureux dans les équipages ».

Les femmes représentent 20% des veneurs. Les seules femmes participant à la chasse à courre sont issues des milieux grands-bourgeois le plus souvent parisiens. Pourtant, c’est d’une pratique féodale dont il s’agit ici. Les rôles de chacun durant la chasse sont immuables, tout est ritualisé, codifié, hiérarchisé à la manière des castes : le maître d’équipe, noble le plus souvent, les piqueurs, hommes influents triés sur le volet et les suiveurs appartenant aux classes populaires.

Il n’y a pas de suiveuses. Chacun doit tenir sa place dans ce qui est la traque d’un animal, sans relâche et à mort. Le spectacle est sanguinaire. Le système de valeurs est réactionnaire.

Les femmes refusent la violence gratuite. C’est pour cela qu’elles sont aussi rarement présentes dans les tribunes des supporters ultras de football. Pourtant, les femmes aiment le football. Elles pratiquent le jeu, mais rejettent le côté beauf « apéro-barbecue » d’avant match !

Voilà un exemple de la clairvoyance des femmes et de leur aptitude à trancher. Contrairement aux hommes qui se laissent entraîner, par faiblesse morale, de la tribune à la bière et de l’insulte à la ratonnade, les femmes coupent court. Dans le fatras de la culture foot, elles prennent le sport, le spectacle éventuellement, mais elles rejettent massivement le hooliganisme et la culture beauf.

D’ailleurs ce côté beauf, elles le fuient également dans les milieux syndicaux et leurs cortèges bières-merguez. Les femmes ne sont présentes qu’à hauteur de 7,5% dans les syndicats français.

Ces derniers prétendent négocier l’égalité entre hommes et femmes. Ils ne s’intéressent qu’aux salaires. C’est bien, mais cela ne remet pas du tout en cause la base sociale ! Les syndicats ont brillé par leur absence dans le mouvement #balancetonporc, qu’ils n’ont pas compris, alors qu’il concernait en premier lieu les violences sexistes au travail.

Un grand nombre de femmes s’est emparé de ce hashtag, et au-delà des réseaux sociaux, un véritable élan s’est amorcé pour dénoncer ce qu’elles subissent au quotidien, au boulot ou dans la rue. Ce n’est pas grâce aux syndicats si la peur a, partiellement et pour un temps seulement, changé de camp.

La barbarie est omniprésente. Et moins les femmes s’expriment et moins les femmes sont là, et plus la barbarie s’affirme. La société entretient les lieux de la barbarie et étouffe la voix des femmes, la voix sensible.

Prenons les relations sentimentales. Soit elles n’existent pas et les rapports entre les individus sont voués à la brutalité, soit elles sont d’une pauvreté lamentable. Même s’il n’y a pas toujours violence physique, la violence émotionnelle est bien là. Du fait d’un isolement causé par le mode de vie, une solitude qui détruit moralement se répand. Les rencontres se réduisent alors aux coups d’un soir, la drague à Tinder et l’amoureux n’est qu’un sexfriend. C’est toute notre sentimentalité qui se trouve ratatinée à la mode 50 nuances…

Cela la bourgeoisie semble ne pas l’avoir perçu.

Son indignité est à l’image d’Aurore Bergé, député La République en Marche, qui s’est illustrée dernièrement à la télévision. Elle s’est présentée dans un talk-show dans une toilette qui a fait polémique.

Il est évident que, vu de gauche, le problème n’est pas de savoir si une femme peut apparaître dénudée en public. La femme doit pouvoir se vêtir comme elle le souhaite, y compris en public, sans subir aucune violence quelle qu’elle soit. Mais les gens qui font de la politique à ce niveau savent que leur carrière est en partie déterminée par leur popularité. Aurore Bergé a choisi son image en conscience, pour « se vendre ». Elle a tout raté.

Car le corps des femmes est engagé politiquement. Pour les sentiments véritables, pour la dignité, contre la violence gratuite, les femmes veulent changer la vie parce qu’elles en connaissent la valeur.

Les femmes du 8 mars 2018, ce sont ces femmes de l’Oise qui comptent parmi les opposants à la chasse à courre. Après la journée de travail, leur corps se fait barricade, elles s’unissent par conviction à des actions, parfois violentes, afin de protéger un autre être, de la violence barbare. Ces femmes doivent gagner le pouvoir politique.

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Discours du pasteur Martin Luther King à Washington le 28 août 1963

Le fameux discours de Martin Luther King concluait une marche sur Washington pour l’emploi et la liberté, à laquelle avait participé environ 300 000 personnes, en majorité des Afro-américains.

Je suis heureux de me joindre à vous aujourd’hui pour participer à ce que l’histoire appellera la plus grande démonstration pour la liberté dans les annales de notre nation.

Il y a un siècle de cela, un grand Américain qui nous couvre aujourd’hui de son ombre symbolique signait notre Proclamation d’Émancipation. Ce décret capital se dresse, comme un grand phare illuminant d’espérance les millions d’esclaves marqués au feu d’une brûlante injustice. Ce décret est venu comme une aube joyeuse terminer la longue nuit de leur captivité.

Mais, cent ans plus tard, le Noir n’est toujours pas libre. Cent ans plus tard, la vie du Noir est encore terriblement handicapée par les menottes de la ségrégation et les chaînes de la discrimination.

Cent ans plus tard, le Noir vit à l’écart sur son îlot de pauvreté au milieu d’un vaste océan de prospérité matérielle. Cent ans plus tard, le Noir languit encore dans les coins de la société américaine et se trouve exilé dans son propre pays.

C’est pourquoi nous sommes venus ici aujourd’hui dénoncer une condition humaine honteuse. En un certain sens, nous sommes venus dans notre capitale nationale pour encaisser un chèque.

Quand les architectes de notre République ont magnifiquement rédigé notre Constitution de la Déclaration d’Indépendance, ils signaient un chèque dont tout Américain devait hériter.

Ce chèque était une promesse qu’à tous les hommes, oui, aux Noirs comme aux Blancs, seraient garantis les droits inaliénables de la vie, de la liberté et de la quête du bonheur.

Il est évident aujourd’hui que l’Amérique a manqué à ses promesses à l’égard de ses citoyens de couleur. Au lieu d’honorer son obligation sacrée, l’Amérique a délivré au peuple Noir un chèque en bois, qui est revenu avec l’inscription “ provisions insuffisantes ”.

Mais nous refusons de croire qu’il n’y a pas de quoi honorer ce chèque dans les vastes coffres de la chance, en notre pays. Aussi, sommes-nous venus encaisser ce chèque, un chèque qui nous donnera sur simple présentation les richesses de la liberté et la sécurité de la justice.

Nous sommes également venus en ce lieu sacrifié pour rappeler à l’Amérique les exigeantes urgences de l’heure présente. Ce n’est pas le moment de s’offrir le luxe de laisser tiédir notre ardeur ou de prendre les tranquillisants des demi-mesures. C’est l’heure de tenir les promesses de la démocratie.

C’est l’heure d’émerger des vallées obscures et désolées de la ségrégation pour fouler le sentier ensoleillé de la justice raciale. C’est l’heure d’arracher notre nation des sables mouvant de l’injustice raciale et de l’établir sur le roc de la fraternité.

C’est l’heure de faire de la justice une réalité pour tous les enfants de Dieu. Il serait fatal pour la nation de fermer les yeux sur l’urgence du moment. Cet étouffant été du légitime mécontentement des Noirs ne se terminera pas sans qu’advienne un automne vivifiant de liberté et d’égalité.

1963 n’est pas une fin, c’est un commencement. Ceux qui espèrent que le Noir avait seulement besoin de se défouler et qu’il se montrera désormais satisfait, auront un rude réveil, si la nation retourne à son train-train habituel.

Il n’y aura ni repos ni tranquillité en Amérique jusqu’à ce qu’on ait accordé au peuple Noir ses droits de citoyen. Les tourbillons de la révolte ne cesseront d’ébranler les fondations de notre nation jusqu’à ce que le jour éclatant de la justice apparaisse.

Mais il y a quelque chose que je dois dire à mon peuple, debout sur le seuil accueillant qui donne accès au palais de la justice : en procédant à la conquête de notre place légitime, nous ne devons pas nous rendre coupables d’agissements répréhensibles.

Ne cherchons pas à satisfaire notre soif de liberté en buvant à la coupe de l’amertume et de la haine. Nous devons toujours mener notre lutte sur les hauts plateaux de la dignité et de la discipline. Nous ne devons pas laisser nos revendications créatrices dégénérer en violence physique. Sans cesse, nous devons nous élever jusqu’aux hauteurs majestueuses où la force de l’âme s’unit à la force physique.

Le merveilleux esprit militant qui a saisi la communauté noire ne doit pas nous entraîner vers la méfiance de tous les Blancs, car beaucoup de nos frères blancs, leur présence ici aujourd’hui en est la preuve, ont compris que leur destinée est liée à la nôtre.

L’assaut que nous avons monté ensemble pour emporter les remparts de l’injustice doit être mené par une armée bi-raciale. Nous ne pouvons marcher tout seul au combat. Et au cours de notre progression il faut nous engager à continuer d’aller de l’avant ensemble. Nous ne pouvons pas revenir en arrière.

Il y a des gens qui demandent aux militants des Droits Civiques : “ Quand serez-vous enfin satisfaits ? ” Nous ne serons jamais satisfaits aussi longtemps que le Noir sera la victime d’indicibles horreurs de la brutalité policière.

Nous ne pourrons être satisfaits aussi longtemps que nos corps, lourds de la fatigue des voyages, ne trouveront pas un abri dans les motels des grandes routes ou les hôtels des villes.

Nous ne pourrons être satisfaits aussi longtemps que la liberté de mouvement du Noir ne lui permettra guère que d’aller d’un petit ghetto à un ghetto plus grand. Nous ne pourrons être satisfaits aussi longtemps que nos enfants, même devenus grands, ne seront pas traités en adultes et verront leur dignité bafouée par les panneaux “Réservé aux Blancs”.

Nous ne pourrons être satisfaits aussi longtemps qu’un Noir du Mississippi ne pourra pas voter et qu’un Noir de New-York croira qu’il n’a aucune raison de voter. Non, nous ne sommes pas satisfaits et ne le serons jamais, tant que le droit ne jaillira pas comme l’eau, et la justice comme un torrent intarissable.

Je n’ignore pas que certains d’entre vous ont été conduis ici par un excès d’épreuves et de tribulations. D’aucuns sortent à peine d’étroites cellules de prison. D’autres viennent de régions où leur quête de liberté leur a valu d’être battus par les orages de la persécution et secoués par les bourrasques de la brutalité policière. Vous avez été les héros de la souffrance créatrice. Continuez à travailler avec la certitude que la souffrance imméritée vous sera rédemptrice.

Retournez dans le Mississippi, retournez en Alabama, retournez en Caroline du Sud, retournez en Georgie, retournez en Louisiane, retournez dans les taudis et les ghettos des villes du Nord, sachant que de quelque manière que ce soit cette situation peut et va changer. Ne croupissons pas dans la vallée du désespoir.

Je vous le dis ici et maintenant, mes amis, bien que, oui, bien que nous ayons à faire face à des difficultés aujourd’hui et demain je fais toujours ce rêve : c’est un rêve profondément ancré dans l’idéal américain.

Je rêve que, un jour, notre pays se lèvera et vivra pleinement la véritable réalité de son credo : “ Nous tenons ces vérités pour évidentes par elles-mêmes que tous les hommes sont créés égaux ”.

Je rêve qu’un jour sur les collines rousses de Georgie les fils d’anciens esclaves et ceux d’anciens propriétaires d’esclaves pourront s’asseoir ensemble à la table de la fraternité.

Je rêve qu’un jour, même l’Etat du Mississippi, un Etat où brûlent les feux de l’injustice et de l’oppression, sera transformé en un oasis de liberté et de justice.

Je rêve que mes quatre petits-enfants vivront un jour dans une nation où ils ne seront pas jugés sur la couleur de leur peau, mais sur la valeur de leur caractère. Je fais aujourd’hui un rêve !

Je rêve qu’un jour, même en Alabama, avec ses abominables racistes, avec son gouverneur à la bouche pleine des mots “ opposition ” et “ annulation ” des lois fédérales, que là même en Alabama, un jour les petits garçons noirs et les petites filles blanches pourront se donner la main, comme frères et sœurs. Je fais aujourd’hui un rêve !

Je rêve qu’un jour toute la vallée sera relevée, toute colline et toute montagne seront rabaissées, les endroits escarpés seront aplanis et les chemins tortueux redressés, la gloire du Seigneur sera révélée à tout être fait de chair.

Telle est notre espérance. C’est la foi avec laquelle je retourne dans le Sud.

Avec cette foi, nous serons capables de distinguer dans la montagne du désespoir une pierre d’espérance. Avec cette foi, nous serons capables de transformer les discordes criardes de notre nation en une superbe symphonie de fraternité.

Avec cette foi, nous serons capables de travailler ensemble, de prier ensemble, de lutter ensemble, d’aller en prison ensemble, de défendre la cause de la liberté ensemble, en sachant qu’un jour, nous serons libres.

Ce sera le jour où tous les enfants de Dieu pourront chanter ces paroles qui auront alors un nouveau sens : “ Mon pays, c’est toi, douce terre de liberté, c’est toi que je chante. Terre où sont morts mes pères, terre dont les pèlerins étaient fiers, que du flanc de chacune de tes montagnes, sonne la cloche de la liberté ! ” Et, si l’Amérique doit être une grande nation, que cela devienne vrai.

Que la cloche de la liberté sonne du haut des merveilleuses collines du New Hampshire !
Que la cloche de la liberté sonne du haut des montagnes grandioses de l’Etat de New-York !
Que la cloche de la liberté sonne du haut des sommets des Alleghanys de Pennsylvanie !
Que la cloche de la liberté sonne du haut des cimes neigeuses des montagnes rocheuses du Colorado !
Que la cloche de la liberté sonne depuis les pentes harmonieuses de la Californie !

Mais cela ne suffit pas.

Que la cloche de la liberté sonne du haut du mont Stone de Georgie !
Que la cloche de la liberté sonne du haut du mont Lookout du Tennessee !
Que la cloche de la liberté sonne du haut de chaque colline et de chaque butte du Mississippi ! Du flanc de chaque montagne, que sonne le cloche de la liberté !

Quand nous permettrons à la cloche de la liberté de sonner dans chaque village, dans chaque hameau, dans chaque ville et dans chaque Etat, nous pourrons fêter le jour où tous les enfants de Dieu, les Noirs et les Blancs, les Juifs et les non-Juifs, les Protestants et les Catholiques, pourront se donner la main et chanter les paroles du vieux Negro Spiritual : “Enfin libres, enfin libres, grâce en soit rendue au Dieu tout puissant, nous sommes enfin libres !”

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« Jeunes dirigeant.e.s et élu.e.s du PCF » : « c’est le moment ! »

Ce texte signé par des « Jeunes dirigeant.e.s » (sic) du PCF vise le Congrès extraordinaire de celui-ci, du 24 au 26 novembre 2018. Sous la houlette de Igor Zamichei, le secrétaire de la fédération de Paris du PCF, il s’agit ni plus ni moins que d’un appel d’une sorte de nouvelle génération d’élus et d’intellectuels à prendre le contrôle du PCF.

On notera qu’il n’est pas parlé de capitalisme mais de « capitalisme mondialisé et financiarisé » ; s’il est dit que « La critique populaire progresse et la pensée de Marx retrouve une place dans la production intellectuelle », on ne trouve dans le texte ni le mot ouvrier, ni le mot bourgeoisie, ni le mot exploitation, ni le mot prolétariat, etc.

Comme nous y invite notre congrès, nous prenons ensemble la parole pour porter une haute ambition : poser les bases d’un communisme du XXIe siècle et révolutionner notre parti, sa stratégie, son organisation.

Cela implique de faire lucidement le bilan de nos difficultés pour les dépasser. Soyons francs : malgré toute l’énergie des militant.e.s et des élu.e.s communistes, malgré toutes les initiatives prises pour répondre aux intérêts populaires, notre parti perd pied dans la vie politique nationale.

Notre recul de plusieurs centaines de milliers de voix aux dernières élections législatives et le caractère inaudible de nos décisions nous conduisent à une marginalisation que la recomposition politique en cours peut rendre durable. Comme une majorité de communistes, nous ne nous y résignons pas.

Jeunes dirigeant.e.s et élu.e.s du PCF, nous sommes convaincu.e.s que notre parti peut et doit redevenir une force politique nationale influente au regard de l’évolution du monde. Nous n’avons pas toujours fait les mêmes choix stratégiques par le passé mais nous nourrissons ensemble de grandes ambitions pour le combat communiste. C’est le moment de notre propre révolution pour hisser le PCF à la hauteur des défis de notre temps. Il faut saisir ce moment car il ne reviendra pas.

À mesure que le capitalisme mondialisé et financiarisé semble écraser tout sur son passage, il génère dans le même mouvement des critiques et des aspirations toujours plus fortes pour son dépassement. La critique populaire progresse et la pensée de Marx retrouve une place dans la production intellectuelle.

Dans nos travaux résident beaucoup de clés de compréhension et de solutions face aux impasses du système : l’égalité et la lutte des classes, rendues incontournables par l’aggravation des inégalités et l’accumulation sans précédent de richesses par une minorité ; l’écologie, à l’heure où le changement climatique enfanté par le mode de production capitaliste menace l’humanité ; la libération du travail du coût du capital et la sécurisation de l’emploi pour en finir avec le chômage, la précarité et la souffrance au travail, qui ne cessent de progresser avec l’utilisation capitaliste de la révolution informationnelle.

C’est sur tous ces enjeux qu’il nous faut travailler à réidentifier le PCF.

Notre société y est prête. Le récent mouvement contre la loi travail, portant le mot d’ordre « On vaut mieux que ça », jusqu’aux luttes contre les ordonnances Macron ; la mobilisation des salarié.e.s de l’hôpital public et des EHPAD pour que la qualité de leur travail soit respectée, le droit fondamental à la santé garanti et pour que notre société prenne soin de nos aînés ; la montée en puissance d’un mouvement féministe, qui constitue un des plus puissants leviers pour l’égalité ; la mobilisation d’associations de solidarité et de tant de citoyens individuellement pour un accueil digne des migrants ; et d’autre part l’émergence d’initiatives comme les projets alternatifs à l’ubérisation des activités à l’image de Coopcycle ; la création de coopératives ou la reprise de l’activité sous cette forme par les salarié.e.s dans de nombreux secteurs ; l’action de collectivités pour promouvoir le logement social ou pour une nouvelle maîtrise publique par le retour en régie publique de la gestion de l’eau.

Et tant d’autres ! Avec les grandes conquêtes que constituent le droit du travail, la Sécurité sociale et la fonction publique, toutes ces initiatives constituent autant de « morceaux de communisme » à faire grandir pour de nouvelles victoires au XXIe siècle.

Avec ces forces vives, une voie nouvelle, faite de combats offensifs et d’ambitions révolutionnaires pour la France se cherche. Contre le « tout État » et le « tout marché », visons l’appropriation par chacun.e des avoirs, des savoirs et des pouvoirs.

Visons un nouveau mode de production basé sur des critères de gestion sociaux et écologiques et sur une appropriation sociale des moyens de production. Visons le développement de services publics démocratisés et de promotion des communs.

Pensons la combinaison des oppressions capitalistes, sexistes, racistes pour les surmonter. Visons l’émancipation culturelle, qui brise le carcan des identités. Visons un nouvel internationalisme, qui s’appuie sur la coopération des individus et des peuples pour un développement partagé et la paix. Ce communisme a de l’avenir si nous le prenons au sérieux.

Le prendre au sérieux, c’est passer à l’offensive politique. Passer à l’offensive, c’est relever d’importants défis stratégiques et organisationnels.

Nos difficultés stratégiques débouchent sur un gâchis d’énergie. Un doute se répand sur l’utilité de nos actions militantes. Nous avons souvent un coup de retard. Au lieu de subir un agenda, il s’agit de penser la manière dont chaque lutte, chaque initiative peut contribuer à nous faire progresser sur la base d’un cap politique national clair, d’objectifs réalistes mais ambitieux. Cessons d’opposer rassemblement et affirmation de notre parti.

À l’approche des européennes, retenons la leçon des échéances présidentielles et législatives : chercher à rassembler sans affirmer nos idées et sans rapport de force revient à nous positionner comme une force d’appoint et conduit in fine à l’échec d’un rassemblement pourtant indispensable. Par ailleurs pensons-nous encore qu’un rassemblement majoritaire est possible sans intervention populaire consciente de ses intérêts ?

Le PCF a un rôle décisif à jouer pour aider à cette intervention par la mise en débat de propositions radicales et la construction d’espaces politiques ouverts, pluralistes, concentrés sur la production d’alternatives crédibles.

Conséquence organisationnelle : nous devons revaloriser la place des adhérent.e.s et des structures locales pour construire des réseaux d’actions à l’échelle nationale capables de déployer des campagnes politiques fortes, efficaces et visibles sur tout le territoire. Et tout à la fois, nous devons revaloriser le rôle de direction, en perte de crédibilité.

Cela implique d’utiliser le meilleur de ce que nous produisons comme pratiques militantes dans les quartiers et les campagnes, les lieux de travail, d’expérimenter, de tirer profit de la révolution numérique, de prendre appui sur nos actions de solidarités concrètes, sur les batailles de nos parlementaires et sur les avancées obtenues dans les collectivités que nous dirigeons.

Cela implique une mise en commun nationale sans précédent, un renouvellement de notre communication politique et de profondes transformations de nos directions, dont le bilan témoigne de dysfonctionnements entraînant des difficultés à produire positionnements, outils militants et initiatives nationales.

Pourquoi ne sommes-nous pas, par exemple, capable de mener une campagne dans la durée ? Ou encore pourquoi ne nous donnons-nous pas tous les moyens d’une offensive médiatique pourtant plus indispensable que jamais ?

Dans le grand débat politique qui s’ouvre, toutes les questions doivent être sur la table, sans céder aux tendances qui rétrécissent le débat et sans tabou aucun sur notre projet et notre stratégie, jusqu’aux femmes et aux hommes qui se verront confier la tâche d’animer la nouvelle ambition qui sera fixée. Sans quoi nous nous serons payés de mots, en l’occurrence du beau mot de révolution.

Notre parti est à un moment clé de son histoire. L’idée communiste, qui a été le moteur de l’engagement de générations de militants, frappe à la porte du XXIe siècle. C’est le moment d’en prendre pleinement la mesure, d’écrire un nouveau manifeste.

Les signataires :

Simon Agnoletti, membre de la direction départementale du Nord (59), 26 ans ; Pierric Annoot, membre du CN (92), 34 ans ; Aurélien Aramini, professeur de philosophie (90), 38 ans;

Pierre Bell Lloch, vice-président du conseil départemental du Val-de-Marne (94), 40 ans ; Hélène Bidard, membre du CN en charge du féminisme et des droits des femmes et adjointe à la Maire de Paris (75), 36 ans ; Thibaut Bize, secrétaire de la fédération du Doubs (25), 33 ans ; Vincent Boivinet, secrétaire de la section de Bègles, membre du CN (33), 33 ans ; Nicolas Bonnet Oulaldj, membre du CN et président du groupe PCF – FG au Conseil de Paris (75), 43 ans ; Caroline Brebant, adjointe au Maire de Saint-Maximin (60), 38 ans ; Ian Brossat, membre du CN et adjoint à la Maire de Paris en charge du Logement (75), 37 ans;

Maxime Cochard, membre de la direction départementale de Paris (75), 33 ans ; Nicolas Cossange, membre du CN et secrétaire de la fédération de l’Hérault (34), 32 ans;

Raf Debu, membre du CN et secrétaire de la fédération du Rhône (69), 36 ans ; Ismaël Dupont, secrétaire de la fédération du Finistère (29), 38 ans;

Pierre Garzon, vice-président du conseil départemental du Val-de-Marne (94), 43 ans ; Aurélien Guillot, secrétaire de la fédération d’Île-et-Vilaine (35), 35 ans ; Florian Gulli, professeur de philosophie (25), 40 ans;

Mina Idir, membre de la direction départementale du Vaucluse (84), 42 ans;

Maud Jan-Brusson, dirigeante départementale de la Mayenne (53), 32 ans;

Sébastien Laborde, membre du CN et secrétaire de la fédération de Gironde (33), 43 ans ; Clara Laby, membre de la direction départementale du Nord (59), 22 ans ; Cédric Lattuada, secrétaire de la fédération de la Marne (51), 42 ans;

Elsa Maillot, vice-présidente de la communauté d’agglomération du Grand Besançon (25), 32 ans ; Céline Malaisé, membre du CEN et présidente du groupe FG à la région Île-de-France (75), 38 ans ; Pierre Miquel, membre du CN et secrétaire de la fédération du Puy-de-Dôme (63), 38 ans ; Yannick Monnet, membre du CN et secrétaire de la fédération de l’Allier (03), 43 ans ; Yannick Nadesan, président de la collectivité eau du bassin rennais (35), 34 ans ; Fred Mellier, membre de la direction départementale de la Gironde (33), 45 ans;

Sébastien Prat, secrétaire de la fédération du Cantal (15), 26 ans ; Anne Sabourin, membre du CEN en charge des affaires européennes (75), 33 ans ; Aymeric Seassau, membre du CN et secrétaire de la fédération de Loire Atlantique (44), 40 ans;

Adrien Tiberti, membre du CN et secrétaire à l’organisation de la fédération de Paris (75), 36 ans;

Bora Yilmaz, membre du CN et secrétaire de la fédération de Meurthe-et-Moselle (54), 38 ans;

Igor Zamichiei, membre du CEN en charge du projet et secrétaire de la fédération de Paris (75), 32 ans…

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La raison pour laquelle Jean-Luc Mélenchon défend Laurent Wauquiez

Jean-Luc Mélenchon a défendu Laurent Wauquiez contre le « parti médiatique ». Comment quelqu’un se voulant engagé contre la droite peut-il défendre des propos ultra-populistes dits par le président des Républicains, le grand représentant de la droite dure ?

La raison en est simple, finalement : le populisme va au populisme. Car Laurent Wauquiez a joué les Donald Trump, jouant sur la corde du « peuple » contre l’élite, comme hier au salon de l’agriculture.

Ce n’est pas pour déplaire à Jean-Luc Mélenchon, qui prône un populisme de gauche.

Rappelons les faits : jeudi 15 février 2018, Laurent Wauquiez a tenu des propos devant des étudiants de l’une des trois meilleures écoles de commerce, l’EM Lyon, où il est professeur, sachant pertinemment qu’ils seraient enregistrés et qu’ils provoqueraient un tollé.

Il dit d’ailleurs alors pertinemment à ses élèves :

« La caractéristique quand on est un élu, surtout dans le monde actuel, c’est que tout ce que vous dites, à tout moment, peut être utilisé, repris, et détourné contre vous. En gros, dans ma vie politique, dès que j’ai plus deux personnes autour de moi, il faut toujours que je me dise que tout ce que je dis va sortir. »

Il ne peut pas par la suite prétendre ne pas se douter qu’il aurait été enregistré, et d’ailleurs sur BFMTV où il était interviewé par la suite pour s’expliquer, il était pratiquement mort de rire en écoutant chaque extrait, tout en feignant après d’être une victime.

Voici quelques uns de ses propos tenus à l’EM Lyon, sur un mode populiste extrême, exactement comme Donald Trump.

« Si j’ai la moindre interface qui sort par le moindre élève, là pour le coup ça se passera très mal.

Si on veut que ce lieu soit un lieu de liberté, il faut que tout ce que je dise reste entre nous. Donc, pas de tweets, pas de posts sur les réseaux sociaux, pas de transcription de ce que je dis. Parce que sinon, ça ne peut pas être un espace de liberté et ce que je vais vous sortir sera juste le bullshit que je peux sortir sur un plateau médiatique. »

« Le président de la République actuel, Macron, lui, pour faire cool, il fait comme moi ! Il se met en chemise, bras de chemise. Jamais un président ne s’était mis en bras de chemise. »

« On parlera beaucoup d’enjeux de sécurité. Je ne suis pas un adepte de la thèse du complot, mais je pense qu’il est assez vraisemblable que dans les trois à quatre ans, ça va péter très très mal et très très dur. »

« Nicolas Sarkozy en était arrivé au point où il contrôlait les téléphones portables de ceux qui rentraient en conseil des ministres. Il les mettait sur écoute pour pomper tous les mails, tous les textos, et vérifiait ce que chacun de ses ministres disait au moment où on rentrait en conseil des ministres. »

« Par exemple, les associations syndicales recevaient à peu près 5 millions d’euros chaque de la région. La CGT se faisait un joli chèque de 3 millions d’euros sur le budget de la région, chaque année. Moi je les ai reçues, et je leur ai dit : ‘Je suis extrêmement attaché à l’indépendance des syndicats. Et donc, comme je ne veux surtout pas que vous dépendiez de moi et bah c’est zéro.’ Et le pire, si on est très honnêtes entre nous, c’est que les plus catastrophiques, c’est le Medef et c’est la CGPME. Eux, c’est le pire de tout. C’est-à-dire, eux ils n’en ont rien à foutre de savoir si on augmente les cotisations sur les entreprises, si on augmente le truc. La seule chose qu’ils veulent, c’est encaisser l’argent. »

« L’équilibre des pouvoirs… Ça, ça fait vraiment partie d’une illusion. Vous croyez qu’un parlementaire a le moindre pouvoir aujourd’hui ? Vous avez vu les guignols d’En Marche !, là ? Ils sont tous avec le petit doigt sur la couture, et ils doivent tous voter la même chose. Quand ils osent apporter la moindre dissonance, ils se font taper dessus avec une matraque. Il n’y a aucun équilibre des pouvoirs en France. Donc il y a une dictature totale en France ! L’alignement entre l’exécutif et le législatif, c’est une vaste foutaise. »

Le régime est une dictature avec des gens qui de toutes façons ne pensent qu’à encaisser, MEDEF comme CGT, et tout ce qui peut être dit publiquement ne serait que du « bullshit médiatique ».

De tels propos sont tels risibles venant de la part d’un responsable d’une formation de droite, qui a fait comme études Sciences-po, l’Ecole Normale Supérieure et l’ENA, qui est Président du conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes, qui a été Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche ainsi que Ministre chargé des Affaires européennes, Porte-parole du gouvernement, deux fois secrétaire d’État, etc. etc.

Cette révolte « de l’intérieur » contre le système est un exemple flagrant de populisme, allant de pair avec le style « parka rouge » de Laurent Wauquiez, pour faire « classes moyennes », élaboré mais pas raffiné, cultivé mais pas sophistiqué, etc.

Alors, pourquoi plus d’une semaine après, Jean-Luc Mélenchon s’est-il lancé dans la défense de Laurent Wauquiez ?

Parce que lui fait pareil, mais à gauche. D’où sa défense de son alter-ego, avec des propos sans ambiguïtés sur le plan populiste : le « parti médiatique », des « seaux de boue », « on ne peut plus nulle part parler librement »…

« Wauquiez s’est pris une lourde attaque globale du parti médiatique. « L’affaire » est ridicule : trois phrases volées dans une conférence. Mais « l’affaire » a tenu cinq jours de médias. Sans aucun contenu, l’opération est destinée à empêcher la droite de se regrouper autour de son parti traditionnel au moment où l’opération « Macron chef de toutes les droites » a du plomb dans l’aile du fait des sondages.

On sent que cette équipe Wauquiez n’est pas encore rodée. Elle a eu du mal à trouver la réplique aux seaux de boue. Mais elle a fini par trouver son registre. Et les rangs se sont reformés. La salve est de mauvaise qualité. Elle fonctionne donc comme un vaccin pour la nouvelle direction de la droite.

Déjà, Wauquiez a appris l’essentiel : ne pas reculer. Et même prendre appui sur l’effet voulu par la pauvre cloche de journaliste à la manoeuvre. En effet, la plupart d’entre eux ne connaissent de l’art du combat que les méthodes des coups tordus des salles de rédaction.

Ils ne savent rien de la façon avec laquelle se construit l’opinion populaire qui nous intéresse. Leur culture de classe les handicape. Dans l’épisode des « écoutes aux portes », Wauquiez a fortifié son autorité et s’est débarrassé d’une nouvelle poignée de traitres. De son point de vue il s’est renforcé. Autant de tireurs dans le dos de moins pour le prochain épisode.

Mais la leçon reste. Dorénavant, on ne peut plus nulle part parler librement. La presse est ainsi la première ennemie de la liberté d’expression qui ne se confond pas avec la liberté de « tout répéter » ni avec le délire névrotique de la transparence absolue que réclament les médias (et qu’ils ne s’appliquent pas à eux-mêmes).

Mais le fondamental est que, petit à petit, la scène politique à droite retourne à sa configuration ancienne RPR/UDF. D’un côté la droite de toujours, les bourgeois flanqués de petit bourgeois qui s’y croient. De l’autre le marais avec Macron. »

Jean-Luc Mélenchon a été malin : il a conclu sa défense de Laurent Wauquiez en disant que la droite ce sont des bourgeois. Sauf que lui-même est un bourgeois, que tous les gens autour de lui en sont.

Leur style de vie, leur manière de concevoir la vie quotidienne, leurs salaires, leur sens de la propriété, leur rapport à l’argent, leur rapport au travail surtout, tout cela en fait des bourgeois.

Mais vu que Jean-Luc Mélenchon oppose ces bourgeois au camp d’Emmanuel Macron, on comprend qu’il ne veut pas dire bourgeois au sens classique du terme, comme la gauche le fait historiquement, mais le bourgeois comme bourgeois conservateur, celui de Neuilly-Auteuil-Passy, tourné vers le catholicisme de manière marquée.

Les autres bourgeois ne seraient alors plus des bourgeois… Cependant, comment se masquer ? En dénonçant justement une prétendue « oligarchie » qui contrôlerait le pays, la presse, etc., comme il le fait dans le même article où il défend Laurent Wauquiez :

« Macron est là comme candidat à être le chef raisonnable de toutes les droites raisonnables. Une sorte de Giscard mâtiné de Sarkozy… L’oligarchie le soutient fermement et ne veut pas d’autre champion. Le coup monté des « écoute aux portes » à l’école de commerce de Lyon montre comment le parti médiatique, qui est dans la main des neufs milliardaires, est prêt à le hacher menu. »

On est là dans la théorie du complot orchestré par les médias au service d’une oligarchie contrôlant le pays… C’est le genre de fantasme de l’extrême-droite, des gens critiquant le capitalisme, mais sans reconnaître les classes sociales.

Inévitablement, avec une telle vision du monde, Laurent Wauquiez « victime » du « système » devient alors une sorte d’allié objectif aux yeux de Jean-Luc Mélenchon, qui n’avait pas appelé, au second tour des présidentielles, à voter Emmanuel Macron pour barrer la route à Marine Le Pen.

Tout cela pourquoi ? Parce qu’au fond, Jean-Luc Mélenchon n’est jamais sorti du trotskysme et de son machiavélisme forcené. Il est dans le calcul, pas dans les valeurs. Cela va jusqu’à ne pas appeler à voter Emmanuel Macron… Ou jusqu’à défendre le style Donald Trump de Laurenz Wauquiez.

Afin de mieux apparaître comme le rebelle « anti-système ». Ce qui contribue au populisme ambiant, se renforçant, et amenant la société française droit dans le mur.

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Discours de Marion Maréchal-Le Pen au CPAC 2018

Discours de Marion Maréchal-Le Pen au Conservative political action conference aux États-Unis.

« Aujourd’hui, je suis venue honorer 240 ans d’amitié. Notre amitié a commencé il y a longtemps, avant les plages de Normandie et les tranchées de Belleauwood, où l’écho de la bravoure de vos soldats résonne encore. Notre alliance est formée par la quête commune de la liberté.

Mon pays, la France, fut la première à reconnaître votre indépendance. Ce fut avec le sang français, répandu sur le sol américain, que commença notre amitié. Aujourd’hui, plus de deux siècles plus tard, ici à la CPAC, nous nous tenons à nouveau côte à côte dans une autre bataille pour la liberté.

Cette liberté est un bienfait. Libertés économiques et politiques, liberté d’expression, liberté de conscience sont nos trésors communs. Après 1500 ans d’existence, c’est nous, Français, qui devons à présent nous battre pour notre indépendance.

Non, la France n’est aujourd’hui plus libre. Les Français ne sont pas libres de choisir leur politique, qu’elle soit économique, monétaire, migratoire ou même diplomatique. Notre liberté est dans les mains de l’Union européenne.

Cette Union européenne n’est pas l’Europe. C’est une idéologique qui ne sait que regarder vers l’avenir tout en souffrant d’amnésie historique. Une idéologie hors-sol, sans peuple, sans racines, sans âme et sans civilisation. L’UE est en train de lentement tuer des nations millénaires.

Je vis dans un pays où 80% – oui, vous avez bien entendu – 80% des lois sont imposées par l’UE. La seule fonction de notre Assemblée est aujourd’hui de valider des lois faites par d’autres.

Que je sois claire : je ne suis pas offensée lorsque j’entends le président Trump dire « America First ». En fait, je veux que l’Amérique passe en premier pour les Américains. Je veux l’Angleterre pour les Anglais. Et je veux la France pour les Français !

C’est pourquoi je me bats pour que la diplomatie française conserve son rôle unique, de lien entre l’Est et l’Ouest. Une longue histoire nous a permis de former des liens privilégiés avec l’Afrique, la Russie, l’Asie et le Moyen-Orient.

Nous devons être capables de garder les capacités de décider pour nous-mêmes sur les sujets militaires et diplomatiques. Nos forces sont complémentaires.

Comme vous, si nous voulons que la France redevienne grande, nous devons défendre nos intérêts économiques dans la globalisation. L’UE nous soumet à une concurrence déloyale face au reste du monde. Nous ne pouvons accepter un modèle qui produit des esclaves dans les pays en voie de développement et des chômeurs en Occident.

Je refuse le monde standardisé proposé par l’UE. Je considère que les peuples ont le droit à une continuité historique.
Ce que je veux, c’est la survie de ma nation, être capable de transmettre, pas seulement mon héritage matériel mais aussi mon patrimoine immatériel.
Les jeunes Français ne sont pas encouragés à découvrir et à aimer cet héritage culturel. On leur fait subir un lavage de cerveaux, à base de culpabilité et de honte de leur pays.

Le résultat, c’est le développement d’une contre-société islamiste en France.

Après 40 ans d’immigration massive, de lobbies islamiques et de politiquement correct, la France est en train de passer de fille aînée de l’Église à petite nièce de l’islam. Et le terrorisme n’est que la partie émergée de l’iceberg. Ce n’est pas la France pour laquelle nos grands-parents se sont battus.

Comment en sommes-nous arrivés là ?

Parce que l’UE et la France ont oublié un point crucial : « pour s’ouvrir à l’autre, il faut un cœur ferme ; pour accueillir, il faut rester, et pour partager il faut avoir quelque-chose à offrir[RBEJ1] ».

Dans cette perspective, le modèle de société que nous portons est basé sur une conception de l’humain enraciné dans sa mémoire collective et sa culture partagée.

Sans nation et sans famille, le bien commun, la loi naturelle et la morale collective disparaissent cependant que perdure le règne de l’égoïsme.

Même les enfants sont devenus une marchandise ! Nous entendons dans le débat public « nous avons le droit de commander un enfant sur catalogue ». « Nous avons le droit de louer le ventre d’une femme ». « Nous avons le droit de priver un enfant de mère ou de père ». Non, vous ne l’avez pas ! Un enfant n’est pas un droit.

Est-ce cela, la liberté que nous désirons ? Non, nous ne voulons pas de ce monde atomisé de l’individu sans genre, sans père, sans mère et sans nation.

Que voulons-nous alors ?
Comme vous, je veux retrouver mon pays !

Je suis venu vous dire qu’il y a aujourd’hui une jeunesse prête pour cette bataille en Europe : une jeunesse qui croit au dur labeur, qui croit que ses drapeaux signifient quelque-chose, qui veut défendre les libertés individuelles et la propriété privée. Une jeunesse conservatrice qui veut protéger ses enfants de l’eugénisme et des délires de la théorie du genre. Une jeunesse qui veut protéger ses parents de l’euthanasie et l’humanité du transhumanisme.

Comme la jeunesse américaine, la jeunesse française est héritière d’une grande nation. À qui beaucoup est donné, et de qui beaucoup est attendu.

Notre combat ne doit pas être seulement électoral : nous devons diffuser nos idées dans les médias, la culture et l’éducation, afin de stopper la domination des libéraux et des socialistes.

C’est pourquoi j’ai récemment lancé une école de management et de sciences politiques. Le but ? Former les chefs de demain. Ceux qui auront le courage, le discernement et les techniques pour défendre les intérêts de leur peuple.

Le défi est gigantesque, mais les 2 années qui viennent de s’écouler ont montré une chose : ne sous-estimez jamais le peuple ! Une bataille qui n’est pas menée est déjà perdue.

Le Brexit au Royaume-Uni, Manif pour tous en France, et, bien sûr, l’élection de Donald Trump prouvent une chose : quand les peuples ont l’opportunité de reprendre leur pays, ils la saisissent !

Par votre action et votre talent, vous avez réussi à remettre le conservatisme en priorité dans l’agenda politique. Construisons sur ce que vous avez accompli ici, afin que des deux côtés de l’Atlantique un agenda conservateur domine.

Je termine par une citation de Malher que j’aime particulièrement. Une citation qui résume le conservatisme moderne : « La Tradition n’est pas la vénération des cendres, mais la transmission de la flamme. » Vous fûtes l’étincelle. C’est maintenant à nous de nourrir la flamme conservatrice dans notre pays.

Vivent les nations libres, vivent les peuples libres et longue vie à l’amitié franco-américaine.

Merci. »

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Le retour de Marion Maréchal-Le Pen dans la vie politique française

Cela n’est nullement étonnant pour qui suit de près et analyse correctement la vie politique française : le départ de la vie politique de Marion Maréchal-Le Pen était en fait surtout la préparation de son retour. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce retour se fait rapidement, et par la « grande porte ».

L’ancienne députée du Front National a fait parler d’elle de deux manières, qui sont liées. D’une part pour la tribune qu’elle a publiée dans le magazine réactionnaire Valeurs Actuelles. D’autre part pour son intervention lors d’une conférence des conservateurs américains.

Valeurs Actuelles est un hebdomadaire qui a pris une grande importance dans les franges les plus réactionnaires de la Droite française. C’est un magazine d’opinion ayant de l’influence et un grand rayonnement depuis le début des années 2010.

La Conservative political action conference durant laquelle elle s’est exprimée, est également de grande importance. Cela représente un courant du parti républicain américain. Ce sont ces gens qui ont fait élire Donald Trump à la présidence. Le Président américain s’y est d’ailleurs exprimé, ainsi que son vice-président, Mike Pence, la veille. Et ce dernier s’exprimait juste avant Marion Maréchal Le Pen. C’est dire l’importance qui est accordée à cette française.

Sa venue a été commentée par les médias américains, avec notamment la chaîne réactionnaire Fox News présentant favorablement ses propos.

L’objet du discours était de dire qu’elle soutient la ligne « America First » porté par Donald Trump, et qu’elle souhaite en quelque sorte la même chose en France. Le but de ce discours était surtout de faire connaître ses opinions, faire parler d’elle. Elle est en ce moment aux États-Unis pour récolter des fonds afin de financer la fondation d’une École de sciences politiques marquée à Droite.

C’est justement de ce projet dont il est question dans sa tribune à Valeurs Actuelle.

Marion Maréchal Le Pen a mis en suspend ses mandats de représentation politiques pour se placer sur le terrain de la bataille idéologique. Elle entend mener un travail en profondeur, pour former la « jeunesse conservatrice de France ».

Valeurs Actuelles utilise le mot « métapolitique » pour qualifier sa démarche. C’est une notion portée en France par le fasciste Alain de Benoist, du courant dit de la « Nouvelle Droite ». Cela exprime l’idée qu’il faut travailler en profondeur dans la société française, pour y diffuser ses idées, sa morale, sa culture.

Marion Maréchal Le Pen a compris l’ampleur de l’échec et la profondeur du revers subi par sa tante Marine Le Pen lors de l’élection présidentielle 2017. La société française n’est pas prête à accepter l’Extrême-Droite au pouvoir, ni n’est convaincu par les approximations de son projet. La petite-fille de Jean-Marie Le Pen entend y remédier, dans le sens d’une « métapolitique » ultra-conservatrice.

On voit qu’elle a des relais importants, avec une ambition très grande. Il y a clairement de quoi s’en inquiéter et suivre cela de très près.

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Le « Bastion social » et ses locaux à Lyon, Strasbourg, Chambéry, Aix-en-Provence, Marseille

« Si nous voulons incarner la transmission de la flamme devant brûler au sein de chaque âme européenne, alors nous devons être des soldats politiques, tant physiquement qu’intellectuellement. »

Ce discours, on le connaît : c’est celui de l’extrême-droite des troupes de choc, des bandes armées, des milices menant des opérations d’agression. C’est le style des chemises noires italiennes de Benito Mussolini, des chemises brunes d’Adolf Hitler. Et c’est le mythe d’une Europe « nationaliste » qui était le grand projet nazi du début des années 1940.

Or, c’est une réalité toujours plus prégnante en France et cela a une cause bien déterminée. Quand la gauche n’est pas capable de développer une ligne culturelle, elle laisse des espaces béants à la confusion qui permet l’émergence de l’extrême-droite, avec des thèmes « sociaux » nationalistes.

On l’a vu avec Alain Soral, avec Dieudonné, ces dernières années, et désormais on peut le voir avec le mouvement « Bastion Social », qui dispose d’un local à Lyon (Le Pavillon Noir), ainsi qu’à Strasbourg (L’Arcadia), Chambéry (L’Edelweiss), Aix-en-Provence (La Bastide), et compte en ouvrir un à Marseille (Le Navarin) le 24 mars 2018.

L’idée de ce mouvement est de fédérer les activistes d’extrême-droite non plus politiquement, mais culturellement, en s’appuyant sur des locaux, si possible sous la forme de ce qui est appelé une « occupation non-conforme ». En clair, l’objectif est si possible de réaliser un squat d’extrême-droite à visée culturelle, associative.

Cette stratégie vise directement à faire un mouvement de contestation non-institutionnel, en se donnant une aura de radicalité, comptant profiter du fait que la gauche universitaire ou anarchiste vit en cercle fermé et profite souvent des espaces culturels et intellectuels institutionnels pour exister matériellement.
Une conférence de presse a ainsi été tenue il y a peu à Strasbourg et celle-ci a été justifiée notamment ainsi par le « Bastion Social » :

« La conférence de presse avait pour objectif de rappeler quelques vérités sur ce torrent médiatique qui a sévit autour de notre local [à Strasbourg]. Je rappelle que M. Ries, maire de Strasbourg, subventionne à hauteur de 23 000€ par an un local d’extrême gauche, le Molodoï, avec l’argent public et qu’il a également financé 500 000€ de ses travaux. »

Voici la version du Molodoï, qui assume tout à fait, sans voir de problèmes, à ce que la mairie soutienne un projet pourtant censé être alternatif, ce qu’il n’est par définition pas, pour recevoir une somme pareille.

« Rapidement, lorsqu’il a fallu chiffrer nos désirs nous nous sommes rendu compte de notre incapacité à financer les travaux. Dès lors nous nous sommes tournés vers la municipalité qui, depuis le premier bail emphytéotique signé en 1991 accompagne financièrement le projet associatif Molodoï à l’aide d’une subvention annuelle de fonctionnement.

Le montage financier, à hauteur de 500 000 euros, nécessitera que la ville de Strasbourg soit porteuse du projet de chantier et donc que nous abandonnions temporairement notre emphytéose.

Muni d’un bail précaire -dûment négocié- dont la durée de validité s’adaptait à la durée des travaux, nous avions ainsi la garanti de retrouver notre emphytéose lors de la remise des clefs de fin de chantier.

Nous y sommes et vous allez découvrir un lieu qui n’est pas métamorphosé mais embelli. La seule concession que nous ayons dû faire est le paiement annuel d’un forfait de 3000€ soit un « loyer » de 250€ mensuel.

Les grincheux/euses parleront d’une augmentation de plus de 200% puisque depuis 1994 le forfait n’était que de….15€ annuels ! Les joyeux/euses souligneront qu’avec un nouveau bail de 20 ans et une salle toute fraîche, ce forfait nous coûtera 60 000€ pour un investissement de 500 000€ de travaux…

D’autres nouveautés vous attendent : nous proposons un service supplémentaire aux associations utilisatrices qui souhaitent vendre de la bière pression. Une tireuse 4 becs est désormais installée en permanence au bar de la salle. Mais attention, le prix de la bière étant beaucoup plus cher au litre (2,40€ à la pression pour 1,32€ en bouteille) les associations n’auront pas d’obligation de fonctionner avec la tireuse et pourront continuer avec le bon vieux système des 75 cl.

Car nous souhaitons instamment que les associations gardent à l’esprit la nécessité de pratiquer des prix les plus bas possible : le Centre Autonome Jeune Molodoï doit rester un lieu de cultures alternatives, abordable pour tous et ne doit pas participer à la gentrification du quartier. Nous serons vigilant.e à ce que les prix d’entrée et les prix des boissons ne s’envolent pas au prétexte de servir des bières exotiques.

Depuis 2004, le Molodoï embauchait de jeunes ingénieurs son en contrat aidé de deux ans, histoire de se former et de faire ses premiers pas dans une salle polyvalente aux événements multiples.

La politique du gouvernement mettant fin aux emplois aidés (sauf pour la police!) les désignant comme des vestiges d’un temps révolus, nous oblige à embaucher en CDD. Les charges financières vont donc augmenter pour la salle et dans cette perspective, nous avons décidé d’augmenter le forfait « grande sono » de 450 à 500€. »

Subventions et contrats aidés, aides massives aux travaux : il est évidemment impossible de prétendre par la suite être en conflit avec un État si généreux avec soi.

Et cette compromission a un prix, car là-dessus, l’extrême-droite peut asseoir sa légitimité. En disant que, finalement, les gens de gauche apparemment les plus contestataires profitent de l’argent de gens qu’ils sont censés haïr, l’extrême-droite en profite pour discréditer la gauche en général.

La démagogie a alors un vaste espace pour affirmer qu’être de gauche, c’est finalement boire sa bière dans des locaux associatifs au milieu d’étudiants et d’universitaires, en cercle fermé, alors qu’être d’extrême-droite serait véritablement une rébellion.

C’est ce que fait le « Bastion Social » en dénonçant la « finance apatride », en se revendiquant d’une « inspiration nationaliste-révolutionnaire », en se voulant une « troisième voie, tant éloignée du capitalisme destructeur des peuples et des civilisations que du marxisme internationaliste. »

Et son succès tient à quelque chose d’également très important. Le grand problème de l’extrême-droite, c’est la révolution française. L’extrême-droite est historiquement liée au catholicisme et récuse 1789 et le principe de république, notamment avec l’Action française.

Or, cela signifie que le nationalisme ne peut pas profiter du drapeau français comme moyen d’expression, ce qui est un grand handicap politique. D’où l’utilisation des croix celtiques comme symboles pour les nationalistes, du trident pour les nationaux-révolutionnaires.

« Bastion Social » est ici, pour la première fois historiquement depuis 1945 si l’on met de côté le Front National qui lui visait directement à être un mouvement de masse, un mouvement nationaliste jouant sur la « préférence nationale » au nom des couleurs bleu – blanc – rouge.

C’est un changement d’une grande importance, permettant d’être davantage fédérateur. Et qui se justifie idéologiquement par un discours nationaliste européen, où chaque patrie viendrait s’intégrer au projet.
Et dont l’objectif est de manière très claire la constitution de brigades de choc, de confrontation, de provocation.

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[PCF] Bilan et avenir de notre démarche stratégique : 6 questions à débattre

Le document « Bilan et avenir de notre démarche stratégique : 6 questions à débattre » représente la ligne de Pierre Laurent, dirigeant du PCF qui se réunira en Congrès extraordinaire du 24 au 26 novembre 2018.

Le groupe de travail « stratégie » met à la disposition des communistes cette première note pour nourrir les débats dans le Parti. Mise en ligne sur le site du congrès, elle vise à introduire les réunions de militant·es, les débats des communistes, et à susciter contributions et réactions qui seront, elles aussi, mises en ligne. Elle n’est pas une restitution de tous les débats de notre groupe de travail, ni un point de vue unanime, encore moins définitif de celui-ci.

Des membres du groupe de travail publieront aussi leurs propres contributions. C’est donc une note intermédiaire sur les débats à instruire. Ce texte comporte de premières réflexions sur la redéfinition de notre démarche stratégique et des questions à approfondir sur le bilan et l’avenir de nos expériences stratégiques.

Vers la redéfinition de notre démarche stratégique

Débat stratégique induit trop souvent et presque automatiquement débat sur nos alliances, notamment électorales. C’est une dimension très réductrice, pour une part révélatrice de ce qui doit changer dans notre manière de penser notre démarche politique. C’est pourquoi, il nous paraît indispensable de repenser d’abord le sens de notre démarche stratégique au fond. Nous soumettons ici six questions à débattre pour une redéfinition de cette démarche.

1. Prendre la mesure de la période : le dépassement du modèle de développement capitaliste historiquement posé

L’actualité historique de notre démarche communiste Notre stratégie a d’abord à voir avec notre parti pris fondamental : celui du combat communiste comme mouvement de dépassement du capitalisme et de toutes les aliénations historiques du genre humain.

Nous ne vivons pas n’importe quelle période historique, mais celle d’une crise globale, de civilisation, du capitalisme mondialisé. Jamais la nécessité d’un autre mode de développement, construit sur la mise en commun et non la concurrence systématique, n’a connu une telle actualité. Le capitalisme parvient pourtant à organiser des contre-offensives victorieuses en affaiblissant les forces progressistes.

Nous considérons cependant possible d’opposer à ce système en crise un processus de luttes émancipatrices, de changements des pouvoirs, de conquêtes sociales, écologistes et démocratiques qui rendent concrètement accessible la réappropriation par tous des grandes activités sociales humaines dont la maîtrise est aujourd’hui confisquée par le capital.

Les prodigieuses révolutions en cours de la productivité humaine permettent d’envisager une telle révolution, mais elles sont aujourd’hui détournées de la satisfaction des besoins de tous par les énormes gâchis capitalistes et par une conception de l’économie tournée vers le profit et un consumérisme ravageur pour la planète et le genre humain.

C’est dans les luttes de classes concrètes, dans les pratiques et les expérimentations sociales qui cherchent à anticiper une manière de développer l’humanité en commun qu’adviendra ou non la possibilité de ces temps nouveaux. C’est dans ces luttes et ces pratiques que s’ancre notre démarche stratégique.

Un processus d’évolution révolutionnaire multiforme

Ce mouvement est et sera un processus d’évolution révolutionnaire multiforme et inégal, poursuivi dans la durée avec esprit de suite, fait de combats quotidiens immédiats, de succès partiels remportés, de ruptures et d’initiatives de longue portée, de phases de transition vers de nouveaux rapports sociaux, tout cela dans des rapports de forces sans cesse construits et modifiés, visant l’élévation progressive des objectifs. Notre communisme est un chemin et une visée.

C’est un mouvement d’émancipation continu en actes, un processus de réappropriation engagé au présent sur tous les terrains possibles, un processus immédiat et de longue portée. Ce point fait débat, notamment sur les ruptures nécessaires dans ce processus révolutionnaire, sur ce que signifie la prise des pouvoirs aujourd’hui dans les institutions (assemblées élues, entreprises, banques, etc.).

2. Fronts de luttes et visée commune d’émancipation : quelle démarche politique concrète ?

C’est dans les luttes et les pratiques nouvelles que peut grandir une articulation concrète entre les changements exigés par la société et une visée commune d’émancipation, une visée consciente, concrète et réelle de la nécessité du dépassement des logiques capitalistes.

Notre combat est celui qui permet en toutes circonstances au mouvement réel de la société de pousser le plus loin possible ses potentialités libératrices ; de construire au fil des luttes et des pratiques nouvelles un renversement des rapports sociaux tel qu’il permet au plus grand nombre de reconquérir les pouvoirs sur la maîtrise des grands choix de sa vie et de celle de l’avenir de l’humanité ; de faire advenir une société nouvelle d’égalité et de partage des richesses, des savoirs et des pouvoirs. La question est donc posée d’interroger nos pratiques politiques concrètes pour les mettre à la hauteur de ces objectifs politiques.

Parmi ces questions: – comment identifier les enjeux de transformations et s’y engager dans la durée ?

Quels sont ces enjeux transformateurs déjà présents dans la société ?

Comment déployer dans la durée tous les efforts de construction politique, toutes les expérimentations nécessaires pour rendre les mouvements qui les portent capables de gagner des transformations concrètes, des droits et des pouvoirs nouveaux.

Cela invite à réévaluer en conséquence nos priorités, nos pratiques, notre organisation.

Transformation du travail ; sécurisation de l’emploi et de la formation tout au long de la vie ; services publics et biens communs ; écologie ; révolution numérique au service de quoi et de qui ; révolution des pouvoirs ; transformation démocratique de toutes les institutions (assemblée élues, État, entreprises, banques, Union européenne) ; reconquête des pouvoirs sur l’argent ; épanouissement de la personne humaine ; appropriation des savoirs et de la culture ; nouvelle industrialisation et nouveau mode développement productif ; économie sociale et solidarités concrètes ; antiracisme ; luttes féministes ; droits des migrants.

Mais quelles priorités identifier dans ces combats ?

Quelle pratique et démarche concrète développer ? Comment passer d’une lutte concrète au sens profond qu’elle révèle, en portant son potentiel transformateur le plus loin possible. Exemple : de la lutte des Ehpad à la construction d’un nouveau service public décentralisé de la prise en charge de la personne humaine en situation de perte d’autonomie.

Et à travers cela, la question du service public comme grande question de société.

– quelles campagnes politiques décider et comment les mener à fond dans la durée ? Avec qui les mener ? Pour quels objectifs ?

Contre qui les mener ? En visant quels rapports de force ? Avec quelle ambition ? Pour témoigner ou pour gagner ? Pour changer quelles logiques, quels pouvoirs ?

– libérer l’initiative communiste et mieux la coordonner. Nous sommes une force militante de terrain. L’actualité du dépassement des aliénations capitalistes est dans les luttes et des processus en cours.

Ces terrains où s’affrontent concrètement deux logiques (au service de l’humain ou de la finance) ne sont pas décidés par nous, comme si nos objectifs surplombaient la réalité, mais émergent de la société au cœur des contradictions capitalistes entre intérêt humain et intérêt du capital.

L’initiative libérée de nos militant·es et leur ancrage dans les luttes de terrain est un atout.

– monter d’un cran dans notre bataille pour le pluralisme des média et dans nos propres campagnes de communication et de propagande.

– comment changer notre organisation, le rôle de nos réseaux de travail, la conception de nos directions, pour favoriser l’aide au terrain et une centralité coordinatrice au service de l’initiative militante ?

– être désormais capables d’organiser la lutte à toutes les échelles, dans toutes les institutions, tous les lieux de pouvoir.

Le « terrain » aujourd’hui, ce n’est pas seulement le local, le « bas », mais c’est en même temps le local, la métropole, le départemental, le régional, le national, l’Europe et le monde. Conquérir le pouvoir, c’est mener la bataille dans les lieux de pouvoir pour les transformer : les institutions et les assemblées élues (du conseil municipal au parlement européen), dans toutes les entreprises jusqu’aux multinationales, dans les banques et le système financier jusqu’à la BCE et au FMI, dans les institutions internationales comme l’ONU.

Animer une bataille pour la faire gagner, c’est porter cette lutte jusqu’au niveau d’intervention nécessaire. Exemples : évasion fiscale, écologie, paix, partage de la valeur (Gafa, multinationales…), avenir industriel (Alstom, Carrefour…)

– penser les contradictions pour penser le mouvement Le mouvement que nous visons n’est pas linéaire.

Les possibilités de nouveaux progrès humains n’ont été aussi présentes et, en même temps, les instruments politiques de domination, de division et de dépossession n’ont jamais été si importants.

Nous devons penser les contradictions que cela génère. Exemples :

– la révolution numérique rend possible le partage à une échelle jamais connue mais elle est aussi massivement retournée contre les travailleurs.

Quelles conceptions concrètes promouvoir ? – la mondialisation fait grandir la conscience d’intervenir sur les affaires du monde mais elle déconnecte les lieux de pouvoir du capital des espaces politiques d’intervention. Comment agir ? – la politique provoque à la fois le rejet et de nouvelles formes d’engagement. Comment tout cela fonctionne dans les consciences ?

3. La centralité de la question démocratique

Le mouvement démocratique de l’immense majorité du peuple Notre stratégie est une stratégie pour gagner en toutes circonstances du terrain sur les logiques capitalistes, pour des avancées de progrès, le plus loin possible à chaque fois.

Ce mouvement est pour nous aujourd’hui celui de l’immense majorité de notre peuple et de l’humanité. La démocratie est le but et le moyen de ce mouvement. Il a un caractère de classe, en ce sens qu’il est et sera une intense lutte de classes contre toutes les exploitations, aliénations et dominations qui entravent un développement humain émancipateur et solidaire.

Mais il n’est pas le mouvement d’une seule classe, il est le mouvement démocratique de toutes les forces collectives et individuelles qui y ont intérêt et y aspirent. Unité et conscience du salariat Au cœur de cette mise en mouvement démocratique, l’unité du salariat est une question politique centrale.

Aujourd’hui largement majoritaire, mais en pleine transformation et abondamment divisé par les nouvelles formes d’exploitation et d’organisation des entreprises, comme par les logiques de dumping social, de racisme, de division, le salariat doit reconstruire la conscience commune de ses intérêts.

C’est un enjeu politique et idéologique à tous les niveaux, dans l’entreprise, dans les branches et les filières, dans les bassins d’emploi, au plan de la nation comme au plan européen ou international. Le parti communiste doit repenser son organisation pour cela.

La question démocratique au cœur de nos pratiques La démocratie, la reconquête des pouvoirs par les citoyen·nes est pour nous un moyen et un but. Nous agissons à partir de ce que veut et cherche la société pour pousser en avant les potentiels progressistes et émancipateurs.

Notre stratégie ne descend pas du parti vers la société. Elle construit les processus de transformation avec la société, à partir de ses besoins de vie et des besoins exprimés ou ressentis de transformation.

Nous aspirons à construire une ambition citoyenne permettant à chacune et chacun de trouver à la fois sa place et à participer concrètement à la décision et à la mise en œuvre.

Toutes nos pratiques doivent viser à redonner du pouvoir à l’intervention démocratique des citoyen·nes dans les constructions politiques à venir. Nous nous inscrivons dans un épanouissement culturel et une plus grande politisation des citoyens là où la financiarisation croissante de l’économie a besoin de déculturation et de dépolitisation.

4. Comment reconstruire dans les conditions concrètes de la nouvelle situation politique issue de 2017 ?

Le sens du bouleversement politique de 2017 La société française a voulu secouer un système politique verrouillé par des alternances entre forces de droite et forces social-libérales autour d’un même projet libéral. Les forces qui paraissaient le mieux incarner ce dégagisme souhaité par les Français l’ont emporté : Macron, qui a réussi à capter au nom de la modernité cette exigence de nouveauté ; Le Pen en devançant la droite, et Mélenchon, pour lequel nous appelions à voter, à gauche.

Les législatives ont installé la domination parlementaire de Macron (pas au Sénat) ; la droite reste forte, malgré ses divisions, dans les deux assemblées ; le FN a raté le second tour de la présidentielle et les législatives et souffre depuis dans les partielles ; la FI a installé sa première place à gauche, le PS est en difficulté majeure et existentielle, comme tous les partis sociodémocrates européens historiques ; notre parti a subi un nouvel affaiblissement aux législatives au profit de la FI, mais a conservé deux groupes parlementaires grâce à son implantation, à une reconnaissance de son travail.

Aujourd’hui, Macron veut structurer dans la durée un bloc libéral central, en effaçant la ligne d’affrontement droite-gauche, et en cantonnant durablement aux marges les oppositions de droite, d’extrême-droite et de gauche. Son pouvoir d’attraction et d’agrégation reste important, en témoignent les débats internes au PS ou chez les Républicains.

FI cherche à incarner l’opposition, en refusant les accords, baptisés « tambouille », et en tenant à distance la notion de gauche jugée « repoussoir ». Existe ainsi le risque de cantonner la gauche durablement dans l’opposition, sans réel espoir de se placer en capacité de transformation.

Quoi reconstruire et comment ? La situation est marquée par l’offensive de Macron, brutale et profonde au service des objectifs libéraux, et par ses premières difficultés dans l’opinion. Il existe des potentiels de luttes réels liés aux effets très durs de la situation pour les gens et au décalage entre la promesse de renouveau de Macron et les effets concrets de sa politique .

Ces potentiels s’expriment déjà (Ehpad, hôpitaux, enseignement scolaire et supérieur, etc.) mais restent essentiellement cantonnés dans leur cadre catégoriel. La situation est aussi marquée par la division ou la dispersion des forces de résistance, par un état de la représentation et des constructions politiques possibles à gauche très difficile. Comment agir et reconstruire une perspective d’espoir dans ces conditions?

Reconstruire dans l’action, unir face à Macron et pour des alternatives Pour les raisons énoncées plus haut, il convient de prendre au sérieux et jusqu’au bout les luttes engagées, les pratiques politiques et sociales nouvelles qui émergent, sans chercher à enfermer dans un schéma de perspective politique préétabli.

Il faut croire au potentiel de ces luttes et déployer l’initiative communiste la plus utile et la plus adaptée au service de leurs développements politiques.

– C’est le sens des États généraux du progrès social et de l’appel final de cette rencontre. Cela implique de construire dans la durée sur les objectifs cités dans cet appel et dans le discours conclusif de Pierre Laurent. Hôpital et EHPAD, logement, sécurisation de l’emploi, universités, femmes, nouvelle industrialisation, migrants, égalité des territoires … plus marche sur l’Élysée du 9 juin à l’appel des Hauts-de-France. A noter aussi le moment national de popularisation des niches parlementaires des 7 mars (au Sénat) et 8 mars (à l’Assemblée nationale).

– C’est le sens des autres grandes initiatives en préparation : états généraux du numérique, assises de l’écologie communiste, journée sur école, antiracisme, convention nationale sur art, culture et éducation populaire.

– c’est le sens de la bataille engagée sur réformes institutionnelles et révision constitutionnelle. Macron veut changer en profondeur le cadre démocratique pour aller vers un régime assumé d’absolutisme présidentiel.

Nous devons lui opposer notre projet de démocratisation globale de la République.

Repenser nos constructions politiques dans le nouveau paysage

Nous devons probablement agir dans plusieurs directions simultanément.

– Initiative communiste et rassemblement Comment manier ensemble, sans les opposer, l’expression des idées communistes, leur expérimentation par le plus grand nombre, et l’animation du rassemblement de toutes les forces d’opposition et d’alternative à Macron. Quel(s) nouveau(x) cadre(s) unitaire(s) faire émerger ?

– débattre de la notion de gauche. Macron veut rendre obsolète cette notion. FI la rejette. Le clivage capital-travail existe bel et bien. Des millions de gens se réfèrent à la gauche au nom de ce clivage mais un très grand nombre des citoyen·nes qui se déclarent à gauche ne se reconnaissent pas dans les partis ou les formes d’union qu’elle a incarnée.

Quel nouveau type de construction à gauche faut-il inventer comme nous l’avions tenté avec le Front de gauche ?

– inventer des formes nouvelles d’intervention citoyenne dans ces constructions politiques. Comment mettre la politique au service de l’intervention démocratique, et non s’y substituer ?

– repenser nos alliances. Les acteurs politiques ont changé. Et plus rien de ce qui a existé n’est acquis.

Le parti communiste ne peut renoncer à la construction majoritaire. Faut-il figer de nouvelles alliances, rester le plus ouvert possible à cette étape ?

– la place des élections

– Elles sont, dans les processus démocratiques que nous visons, des moments clés de structuration des consciences et de conquête de positions pour agir.

Nous avons vocation à toutes y participer, des municipales à la présidentielle, en travaillant à la présentation de candidatures adaptées à chacune de ces échéances, à partir des conditions politiques du moment, des niveaux de pouvoir qu’elles visent, des conditions de mode de scrutin concrètes qui sont imposées.

Nous devons assumer la part tactique, au sens de l’adaptation à une échéance concrète, que comporte chaque échéance électorale dans le cadre de notre démarche stratégique globale. – réévaluer le rôle de nos élus Il faut sortir des faux débats sur les relations du parti aux élus, pour repenser le rôle tenu par nos élus à partir de ce qu’ils sont, des militant·es plongé·e·s dans l’expérimentation concrète.

La somme d’expérimentations politiques et sociales menées par les milliers d’élus que nous avons, des élus locaux aux parlementaires, est largement sous-évaluée et sous-utilisée. L’articulation de leurs expériences à celles de tous les autres militant·es doit être repensée pour dynamiser l’action communiste d’ensemble et notre visibilité politique locale et nationale.

5. Le bilan de nos expériences antérieures

Pour avancer vers la redéfinition de notre stratégie, le bilan de nos expériences antérieures est indispensable. Sans masquer les échecs, par exemple notre score historiquement bas aux législatives, il ne sert à rien de le faire sur le mode : tout est à jeter, et maintenant nous allons faire enfin du neuf, du vrai. Le bilan doit être conduit à la lumière d’un débat sur nos objectifs stratégiques.

Que visions-nous ? Pourquoi n’y sommes nous pas parvenus ? Que faut-il changer ?

Voilà l’ordre des questions qui permet de faire un bilan plus dynamique pour nos décisions à venir et de tirer des leçons pour la suite.

Plusieurs pistes de travail :

– réévaluer les processus unitaires que nous avons conduits en tenant compte de leurs évolutions : union de la gauche dans la durée jusqu’à la gauche plurielle ; Front de gauche, dans ces différentes périodes de 2009 à 2012, de 2012 à l’élection européenne, et la dernière jusqu’à l’élection présidentielle, dans laquelle le Front de gauche n’a plus de réalité à l’échelon national ; mais aussi bilan de nos expériences de gauche locales qui sont très contrastées.

Cet examen critique révélera sans nul doute la permanence d’obstacles de fond que nous n’arrivons pas à résoudre et qui appelle un changement d’optique et des problèmes plus conjoncturels, ou liés à l’évolution insuffisamment prise en compte des obstacles rencontrés ou à celle de la stratégie des autres forces politiques.

– réévaluer les conséquences de la présidentialisation dominante qui renvoie tout à un pouvoir « jupitérien » hors du contrôle citoyen. Comment manier présidentialisation et intervention populaire ?

Et, compte tenu du caractère central du couple élection présidentielle-élections législatives depuis le quinquennat, et de nos difficultés récurrentes à aborder ces échéances dans ces conditions nouvelles, jusqu’à l’écartèlement de 2017, soutenir un candidat sans accord législatif, une réflexion nouvelle est nécessaire sur cette question.

– le « rassemblement » : de quoi parlons-nous avec ce mot ? Des gens, des alliances, de la dimension majoritaire et démocratique des processus de lutte ?

De ce point de vue, l’expérience de 2005 (le « non » au TCE), ou celle d’autres luttes de masse comme les retraites ou la loi travail, appellent tout autant notre réflexion.

– les transformations de notre parti qui ont insuffisamment avancées dans cette période et ne nous ont pas permis la relance adaptée de l’initiative communiste.

– les enjeux de communication, d’affirmation et de visibilité nationale des objectifs et de la parole communiste.

6. Les échéances électorales à venir

Le congrès devra tout à la fois redéfinir notre démarche stratégique et prendre des décisions concrètes sur les échéances à venir.

– les élections européennes de 2019

Elles auront lieu du 23 au 26 mai 2019 pour élire, en France, 79 députés français (contre 74) sur une liste nationale à la proportionnelle, avec un seuil d’éligibilité fixé pour le moment à 5 % (nous proposons aucun seuil ou 3%).

Nous avons demandé des rencontres bilatérales à FI, EELV, Générations, MRC, Ensemble, République et Socialisme, Diem 25.

Ces rencontres sont en cours. Nous avons l’objectif d’ici la fin mars :

– de fixer l’orientation et les objectifs sur lesquels nous entendons mener campagne

– faire une offre publique de construction ouverte d’une liste sur cette base

– lancer un processus public de débat sur nos objectifs : avril-octobre

– désigner de premiers porte-paroles communistes pour cette campagne

– les élections locales de 2020-2021

Nous pourrions commencer à construire partout, de manière la plus large possible, en ayant conscience que tout est à reconstruire à gauche. Notre démarche doit privilégier processus de contenus, de consultations, de construction citoyenne avant tout, et d’alliances utiles au maximum de gains à gauche.

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Fondation des « Patriotes »: un nouveau parti nationaliste

« J’ai beaucoup d sympathie pour les électeurs et sympathisants du FN qui sont déçus, j’en fais partie. »

Voilà la ligne, l’identité du mouvement des « Patriotes » de Florian Philippot, qui vient de tenir son congrès de fondation.

Ce mouvement se veut l’enfant légitime de la ligne tenue par Marine Le Pen lors du débat télévisé face à Emmanuel Macron entre les deux tours des présidentielles. L’échec de Marine Le Pen a fait reculer celle-ci sur la question de la sortie de l’Europe ; Florian Philippot se pose comme canal historique.

Sa ligne est celle du « Frexit », l’équivalent français du Brexit.

Il y a encore beaucoup d’amateurisme, le site du mouvement étant plus que mal sécurisé. Cependant, il ne faut pas se leurrer, ce nouveau mouvement d’extrême-droite a un espace réel pour exister, car Florian Philippot tente de rassembler le plus largement possible en supprimant l’aspect raciste qui, d’une manière ou d’une autre, marquait le Front National.

A cela s’ajoute l’ajout de l’idéologie « sociale » apporté par Florian Philippot, qui a fait du Front National un véritable mouvement d’extrême-droite, au sens où il y a l’alliance du national et du social, alors qu’avec Jean-Marie Le Pen, il n’y avait qu’une ligne pro-libérale.

Florian Philippot, qui tente de chercher à exprimer cela par des formules bien net, résume cela en disant :

« J’ai mis le FN sur des rails gaullistes, on a changé le logiciel, les scores ont augmenté. Mais ça a déraillé, le FN est revenu sur des rails lepenistes. »

Or, on sait très bien comment la démagogie « sociale » nationaliste est difficile à combattre pour la gauche. En jouant sur le repli sur soi, sur l’unité au-delà des classes sociales – des classes sociales par ailleurs niées par la « nouvelle » gauche -, en jouant sur la peur de la compétition de la mondialisation (les « Chinois », les « Américains, etc.), le nationalisme a aisément de la vigueur.

Il faut d’ailleurs souligner deux choses importantes. D’abord, le congrès de fondation des « Patriotes » s’est tenu ce week-end à Arras, histoire de montrer que le but est la conquête du Nord, aux dépens des traditions ouvrières, de gauche.

Font partie des 6500 adhérents revendiqués du mouvement José Évrard, député élu avec le Front National après avoir longtemps été membre du PCF. Mentionnons également le fait que le vice-président des « Patriotes » est Franck de Lapersonne, un tribun de très haute volée avec une vraie connaissance idéologique des principes d’extrême-droite.

Ensuite, le siège des « Patriotes » est à Saint-Ouen, en banlieue parisienne, un bastion de la ceinture rouge, avec un maire PCF de 1945 à 2014. C’est une sorte de vague écho à la tentative de Jacques Doriot, dirigeant communiste de Saint-Denis, qui s’est tourné vers le fascisme dans les années 1930 avec le Parti Populaire Français.

Notons également que le siège est loué à Marcel Campion, le patron des forains, connu pour ses rodomontades médiatiques, ses coups de force en mode blocage des voies, etc.

On a ici tous les ingrédients typiques de l’extrême-droite : des réseaux et des cadres nationalistes, une dynamique « sociale » revendiquée où la nation est présentée comme le seul vecteur possible, une orientation populaire pour affaiblir la gauche en général, tout en prétendant ratisser le plus large possible.

Florian Philippot explique ainsi cela au sujet des membres :

« On a des gens du FN, de DLF, de l’UPR, de la France insoumise, de LR… et deux tiers de nos adhérents ne viennent d’aucun parti. »

Ce n’est pas pour rien que Florian Philippot ne mentionne ni le PS, ni le PCF. Son but est de liquider la gauche et il se positionne comme fer de lance d’un discours capable de faire cela. Les « Patriotes » sont censés agir comme l’éperon du souverainisme, c’est-à-dire du nationalisme.

Au projet d’une France socialiste, le nationalisme des « Patriotes » oppose l’union au-delà des classes sociales. Pour aujourd’hui, cela ne rime pas à grand chose. Mais pour demain – et qui est de gauche sait que le capitalisme est instable, toujours victime de crises profondes, d’une tendance au militarisme, à la guerre – cela peut suffire pour donner naissance à un vaste mouvement nationaliste, dans une fièvre qui suivrait une crise.

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Les Jeunes Socialistes voient une « jeunesse française plus engagée que jamais »

Les Jeunes Socialistes ont pris position au sujet de la proposition de service national obligatoire ; ils ont également lancé une pétition pour protester. Une initiative louable, certainement, de par l’esprit de militarisation, d’encasernement dont cela relève.

Cependant, la phrase justifiant l’absence de valeur de ce service national laisse littéralement pantois :

« Dans des associations, des mutuelles, des organisations de jeunesse politique, auprès des réfugié.e.s ou dans des luttes écologiques, la jeunesse française est plus engagée que jamais. »

Comment quelqu’un peut-il oser écrire cela ? Jamais les organisations de jeunesse politique n’ont été aussi clairsemées, vide de militants et de contenus. Jamais le degré d’organisation politique n’aura été aussi vide dans notre pays.

Les seules structures qui se maintiennent profitent soit du copinage et de l’amitié pour se maintenir, soit de postes à pourvoir, et beaucoup plus rarement, si elles ont du contenu, restent ultra-minoritaires.

La jeunesse vit un faux hédonisme, elle tente de « profiter de la vie » à travers toute une série d’échappatoires, s’imaginant qu’il suffit de prendre un micro pour être un rappeur, de faire quelques sons pour faire de la techno, tout étant censé s’offrir avec facilité, et de toutes façons « tu ne connais pas ma vie », personne n’aurait le droit de juger.

La jeunesse vit un gigantesque non-dit : elle est culturellement vide, elle consomme pour chercher un sens à sa vie, s’imaginant que le capitalisme permettra de trouver une voie individuelle privilégiée.

On est à l’opposé de mai 1968, de la jeunesse mobilisée, en colère, étudiant, se révoltant, s’engageant.

Quelle est donc cette histoire d’associations et de mutuelles ? Et où les Jeunes Socialistes voient-ils également des luttes écologiques ? La jeunesse devrait ruer dans les brancards en raison du réchauffement climatique : elle ne prend pas cela au sérieux. D’ailleurs, elle ne prend rien au sérieux.

Il ne faut donc pas dire que « la jeunesse française est plus engagée que jamais », mais qu’au contraire elle est une génération faillie, en échec total sur le plan des idées et de la pratique.

Est-ce à dire que cela ne va pas changer ? Bien au contraire. Néanmoins, pour cela il ne faut pas faire du populisme. Il faut être exigeant, ne pas céder sur le dur labeur intellectuel à mener, sur la pratique sur le terrain nécessaire.

Les Jeunes Socialistes ne veulent donc pas assumer cela, ils espèrent que tout cela se fera tout seul. Ils maintiennent la fiction d’une gauche qui irait bien, d’où justement la remarque sur le prétendu soutien de la jeunesse aux «  réfugié.e.s », alors que ce terrain du soutien est porté par des adultes d’esprit catholique, dans le direct prolongement des incessants appels du Vatican.

Le mouvement ouvrier a déjà historiquement réglé sur le plan des idées cette question des réfugiés. Mais encore faut-il assumer le mouvement ouvrier et son histoire, et les ouvriers eux-mêmes.

Un service national obligatoire ? Emmanuel Macron vit dans le passé

La volonté du gouvernement de mettre en place un “service national” obligatoire constitue une attaque grave contre la jeunesse, ses aspirations et sa liberté. La République ne s’apprend pas dans les casernes.

Le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux a confirmé ce mardi matin que le “service universel” voulu par Emmanuel Macron serait obligatoire. Le gouvernement fait donc le choix très conservateur d’imposer à toute une génération un encasernement forcé. Cette décision démagogique ne fait que répondre et soutenir la nostalgie réactionnaire d’un service militaire qui n’a jamais véritablement joué le rôle de mixité sociale dont on le crédite.

Dans des associations, des mutuelles, des organisations de jeunesse politique, auprès des réfugié.e.s ou dans des luttes écologiques, la jeunesse française est plus engagée que jamais. Elle n’a pas besoin d’une injonction au civisme de la part d’un gouvernement qui voudrait penser pour elle. La conjonction de la sélection à l’université, de la baisse des aides au logement, et de l’instauration d’un service national obligatoire révèle la nature réactionnaire d’un gouvernement qui veut mettre au pas sa jeunesse.

Plutôt que ce carcan paternaliste, le gouvernement ferait mieux de donner à la jeunesse les moyens de son autonomie. C’est à l’école que la République doit faire ses preuves : les Jeunes Socialistes appellent à investir en urgence au moins un milliard d’euros par an dans l’université et à embaucher 40 000 enseignant.e.s, prioritairement dans l’école primaire.

Pour être libres de faire nos propres choix, les Jeunes Socialistes proposent également la mise en place d’un Revenu Universel d’Existence (RUE), universel et inconditionnel, et supérieur au seuil de pauvreté. C’est la seule universalité dont la jeunesse a aujourd’hui besoin.

Le texte de la pétition.

Emmanuel Macron veut mettre en place un “service national” qui sera obligatoire pour toutes et tous les jeunes. Vingt ans après l’abrogation du service militaire, il veut remettre la jeunesse au pas. Il vit dans le passé.

Après la sélection à l’université et la baisse des aides au logement, Emmanuel Macron s’attaque une nouvelle fois à la jeunesse.

Nous ne nous laisserons pas faire ! Nous revendiquons le droit d’agir, de penser et de nous engager là où nous le souhaitons plutôt que de subir un encasernement forcé.

Non, Monsieur le Président, la République ne s’apprend pas dans les casernes !

3 raisons de s’opposer au service national obligatoire
Nous refusons ce carcan paternaliste et réactionnaire qu’est le service national obligatoire.

1 – C’est cher : le cout estimé est au minimum de trois milliards d’euros ! Autant d’argent qui serait bien plus utile ailleurs.

2 – C’est inutile : d’une part, l’armée n’en a pas besoin et s’y oppose. De l’autre, la jeunesse n’a pas attendu une injonction du gouvernement pour s’engager dans des associations, des mutuelles, auprès des réfugié.e.s ou dans des luttes écologiques !

3 – Si c’est obligatoire, c’est un endoctrinement, pas un choix. La République ne s’apprend pas par la contrainte !

3 meilleures idées pour vraiment changer la vie des jeunes
1 – C’est à l’école que la République doit faire ses preuves : plutôt que sélectionner à l’université, il faut investir 1 milliard d’euro par an dans le supérieur et embaucher 40 000 enseignant.e.s

2 – Un véritable accès des jeunes à la santé et au logement : un.e jeune sur trois renonce à des soins chaque année.

3 – Un Revenu Universel d’Existence, supérieur au seuil de pauvreté et inconditionnel, seule universalité dont la jeunesse a aujourd’hui besoin pour s’émanciper

La jeunesse a besoin de davantage de droits, non pas qu’on exige d’elle de nouveaux devoirs !

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François Ruffin ou le populisme assumé

Le Parti Communiste Français (PCF) tente de se maintenir coûte que coûte malgré les coups de boutoir de la France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon. Pour ce faire a été notamment mis en place « une revue d’action politique du PCF », qui a comme nom « Cause commune« .

Il s’agit d’une revue d’intellectuels post-post-marxistes, c’est-à-dire relativement jeunes, coupés de toute tradition historique, mais saupoudrant leurs remarques de références à Karl Marx, à Octobre 1917, sans jamais de lien avec un quelconque contenu, mais afin de s’approprier une image de « gauche de la gauche ».

Son dernier numéro est consacré au populisme, une idéologie qui est revendiquée par la France Insoumise et notamment par François Ruffin dans une interview reproduite ici. C’est l’ancien dirigeant trotskyste Ni définition pertinente, ni projet d’avenir pour la gauche« .

C’est que le PCF est d’accord pour ne pas vouloir un retour aux fondamentaux – ce que nous, nous trouverons au contraire juste – mais il se considère comme post-mouvement ouvrier, pas comme une rupture totale avec le passé comme la France Insoumise et avec elle François Ruffin.

Fakir se revendique du « populisme de gauche » mais, si l’on en croit un entretien de 2016, bien avant d’avoir lu Chantal Mouffe. Par quel chemin y parvenez-vous ?

Je me souviens l’éditorial de Serge July dans Libé le lendemain du référendum de 2005 sur le traité de Rome. Amer devant la victoire du « non », il parle d’« épidémie de populisme ». À ce moment, pour moi, « populiste » renvoyait au « prix du roman populiste » qui récompense une œuvre qui « préfère les gens du peuple comme personnages et les milieux populaires comme décors à condition qu’il s’en dégage une authentique humanité ».

Populiste était pour moi un mot noble, pas une injure. Par ailleurs, ce mot décrivait parfaitement bien l’idée que je me faisais de mon activité de journaliste : peindre les vies populaires avec empathie. Chez Serge July, le mot servait à dénoncer, à condamner le peuple pour n’avoir pas été assez rationnel.

D’où l’idée chez moi de retourner le stigmate et de ne pas faire de ce mot un épouvantail. Voilà pourquoi avec Fakir, on n’a pas hésité à se dire « populistes », en précisant que nous étions populistes de gauche. Preuve au passage que le populisme n’élimine pas le clivage gauche-droite.

Qu’est-ce que le populisme pour vous ?

Le populisme, c’est d’abord une pratique. Une histoire. Chez les Whirlpool, certains ouvriers disent du mal des « assistés », etc. Il existe un clivage entre « nous », les ouvriers, et « eux », les assistés. Pratiquer le populisme, c’est leur proposer un autre adversaire.

Il s’agit pour moi de reconstruire un autre « nous ». Le « nous » des simples, des gens, des petits, etc. Cela fonctionnait ainsi avant les années 1980. Mais après, on a commencé à nous dire que cette manière de voir était archaïque, dépassée, etc. Au contraire, il faut y revenir, revenir au conflit entre les petits et les gros.

Et les classes sociales dans tout ça ?

Parler du peuple n’empêche pas de parler de classe. S’il faut parler de peuple, il faut aussi avoir conscience de sa diversité sociologique interne. Pour conquérir l’hégémonie, il faut réussir à dépasser deux divorces au sein du peuple.

Pour le dire vite, le divorce entre les « profs » et les « prolos », les deux cœurs sociologiques de la gauche. Et le divorce dans les milieux populaires entre enfants d’immigrés et enfants d’ouvriers des campagnes.

Parler de « peuple », abstraitement, ne risque-t-il pas de contribuer à rendre invisibles les classes populaires ?

La faible représentation des classes populaires est un problème général. Il n’y a qu’à regarder la composition des différents partis ou mouvements à gauche. C’est un problème de fond : comment rend-on la parole et un rôle aux classes populaires ? Comment fait-on monter des ouvriers, des aides-soignantes, etc., en responsabilité ?

Est-ce qu’il faut recréer des écoles de parti ? Compter sur la formation syndicale ? Je n’ai pas de recette toute faite. Juste, accuser le « populisme » de les rendre invisibles, ça me paraît à côté de la plaque.

Chantal Mouffe dit vouloir rénover la social-démocratie. Partagez-vous cet objectif ?

Je lis les livres de Chantal Mouffe. J’y prends des choses, mais pas tout. En ce qui concerne la social-démocratie, ce n’est pas pour moi un mot à dénigrer.

Le problème, c’est qu’il est revendiqué par des gens qui ne sont ni sociaux ni démocrates. Jaurès parle d’un « réformisme révolutionnaire », ce qui me va bien. Mais il manque évidemment la préoccupation écologique.

*François Ruffin est député (FI) de la Somme et rédacteur en chef de Fakir.

Entretien réalisé par Florian Gulli.

Cause commune n° 3 – janvier/février 2018

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Politique

La lutte corporatiste de l’UNEF contre la sélection universitaire

Le syndicat étudiant UNEF a mis en ligne un site afin de critiquer la sélection universitaire. Le choix du nom de domaine de ce site en dit long sur le populisme, puisqu’il s’agit de sélection-université.lol.

L’absence de contenu n’étonnera pas quand on sait que le congrès d’Aubervilliers du Parti socialiste se tient bientôt et que les partisans de Benoît Hamon et de son mouvement génération-s s’agitent beaucoup pour obtenir une certaine influence.

Voici d’ailleurs l’argumentaire mis en avant sur le site produit par l’UNEF pour dénoncer la sélection. On y voit une argumentation particulièrement bornée, utilisant l’écriture inclusive pour revendiquer les droits étudiants, sans jamais mettre en perspective le sens de la réforme par rapport au capitalisme et à ses exigences.

C’est une vision corporatiste, défendant les seuls intérêts des étudiants en tant qu’individus ayant le droit, par définition, de faire ce qu’ils veulent. C’est une déformation complète du principe de la lutte pour une éducation populaire, accessible, mais donc avec un certain contenu.

Ce n’est pas sans rappeler les récents propos de Hervé Christofol, le secrétaire général du principal syndicat d’enseignants du supérieur, le Snesup. Un sénateur de droite demandait en effet il y a dix jours que le nombre de postes à l’université soit corrélé aux emplois disponibles suite à ces études.

La réaction de Hervé Christofol a été de dire :

« C’est l’Etat qui planifierait les carrières des gens ? On se croirait en RDA du temps des soviétiques ! »

C’est une vision libérale, qui nie que les études, les emplois, sont définis par le capitalisme, et qui déforme la gauche pour la transformer en service après-vente du capitalisme, ainsi qu’en Père Noël venant agrandir la possibilité des souhaits individuels.

La mise en place de la sélection à l’entrée des filières “en tension”

Cette réforme remet en cause le principe de libre accès à l’université qui garantit à chaque titulaire du baccalauréat de pouvoir poursuivre les études, dans la filière de son choix à l’université.

Désormais, lorsque les demandes seront supérieures au nombre de places dans une filière, les universités trieront les étudiant-e-s sur dossier, et en fonction de l’avis du conseil de classe du lycée, entre ceux qui pourront accéder à cette filière, et ceux à qui on répondra “non”, en les empêchant de poursuivre leur projet d’étude.

Cette sélection ne concernera pas uniquement les quelques filières en tension citées habituellement (droit, santé, psycho, staps). Pour rappel, cette année ce sont 169 filières qui ont été “en tension” à la rentrée 2017 : ce serait donc d’ors et déjà ces 169 filières qui pourraient avec cette disposition de la loi sélectionner l’année prochaine. Pire, face au manque de moyens budgétaires et à la hausse des effectifs étudiants, le nombre de filières en tension va certainement s’accroître.

Ainsi, à court terme, ce sont la majorité des filières qui pourraient sélectionner à l’entrée de l’université, et fermer la porte à des milliers de jeunes.

Le “oui, si” : les universités imposeront une année supplémentaire à certain-e-s étudiant-e-s

Le constat est partagé, il est urgent de remédier aux 60% d’échec en licence. Pourtant les mesures annoncées ne sont pas à la hauteur de cette ambition puisque l’on nous fait croire qu’il faudrait changer les étudiant-e-s plutôt que l’université.

En effet, la réforme de l’accès au premier cycle universitaire mettra en place une nouvelle réponse possible sur APB : « oui,si ». Les universités pourront sélectionner sur dossier d’un côté les étudiant-e-s qui pourront faire leur licence normalement, en trois ans, et de l’autre côté, les étudiant-e-s à qui l’on imposera une année de remise à niveau, qui rallongera leur cursus universitaire, et entraînera des coûts financiers inabordable pour de nombreux-ses étudiant-e-s.

Au lieu de mettre en place des dispositifs pédagogiques pour tou-te-s les étudiant-e-s sur la base du volontariat, le gouvernement fait encore une fois le choix d’imposer des dispositifs particuliers et d’entériner un enseignement supérieur à multiples vitesses.

Nos bourses en danger avec la mise en place d’un “contrat pédagogique”.

Un “contrat de réussite pédagogique” sera désormais signé entre les universités et chaque étudiant-e. En fonction de la réussite ou non de l’étudiant-e durant ses examens, des années d’études ou des modules supplémentaires seront imposées à l’étudiant-e, ce qui accentuera un peu plus l’individualisation des diplômes, et ses bourses pourraient même lui être retirées.

Derrière ce contrat, une logique : si l’on échoue à l’université, c’est de notre responsabilité en tant qu’étudiant-e, et il faudrait ainsi mettre en place des sanctions supplémentaires. Cette logique nie la responsabilité de l’Etat et des universités, qui ne mettent pas en place des conditions d’études de qualité, nous permettant de réussir et de progresser.

Nos droits étudiants en danger avec la mise en place de licences à la carte

Le gouvernement souhaite créer des licences à la carte: dans une même filière d’un même établissement les étudiant-e-s n’auront pas les mêmes cours, le même nombre d’heures d’enseignement. Le gouvernement souhaite en profiter de cette individualisation des diplômes pour supprimer les rattrapages et la compensation des matières, des droits fondamentaux aujourd’hui pour les étudiant-e-s pour nous permettre de réussir.

Au-delà de supprimer des droits fondamentaux, cela va créer des inégalités entre les étudiant-e-s d’une même filière, car nos diplômes ne seront pas les mêmes! Ainsi, nos chances d’avoir une insertion professionnelle  de qualité ne seront pas les mêmes car nos diplômes n’auront pas la même valeur.

Par ailleurs, tous les établissements ne pourront pas mettre en place les mêmes enseignements, ce qui va accentuer les inégalités qui existent déjà entre les universités.

La réduction des voeux sur APB: des milliers de bachelier-e-s seront sans affectation

Le gouvernement souhaite limiter le nombre de vœux qu’il est possible de faire sur APB et d’enlever la possibilité de les hiérarchiser. Cette mesure, combinée à la possibilité pour les universités de sélectionner à l’entrée des filières “en tension”, va aggraver le nombre d’étudiant-e-s orienté-e-s dans des filières par défaut ou bien sans proposition d’inscription.

Cette mesure ne permettra donc pas « un accès plus juste et plus transparent dans le supérieur », comme le prétends le ministère, mais empêchera à des milliers de jeunes l’accès à l’enseignement supérieur.

Prétendre vouloir accueillir tou-te-s les étudiant-e-s sans investissement budgetaire suffisant … De qui se moque-t-on ?

Alors que le budget de l’enseignement supérieur et de la recherche est débattu à l’assemblée nationale, celui-ci est en totale contradiction avec les objectifs affichés par le gouvernement.

Alors que plus de 15 établissements sont dans une situation budgétaire particulièrement difficile selon la Cours des Comptes, les locaux des universités sont vétustes, que les amphithéâtres sont surchargés et que des milliers de jeunes n’ont obtenu d’inscription à l’université en cette rentrée, l’augmentation prévisionnelle du budget des université est largement insuffisante.

En effet, le ministère prévoit d’investir 1 milliard d’euros ans l’enseignement supérieur durant la totalité du quinquennat, alors qu’il faudrait un investissement de deux milliards d’euros par ans aux universités pour pouvoir fonctionner et accueillir tou-te-s les étudiant-e-s!

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« Les journées ouvrières des 9 et 12 Février 1934 »

Voici un extrait de l’ouvrage de Marc Bernard, Les journées ouvrières des 9 et 12 Février 1934 (« L’appauvrissement révolutionnaire de Paris »). Il fut publié dans la foulée de ces journées qui suivent la tentative de coup d’Etat par l’extrême-droite le 6 février 1934.

«  Depuis plusieurs années le centre de Paris, la ville proprement dite, est devenu réactionnaire. Le 6 février on vit ce phénomène curieux se manifester avec une force d’une puissance inouïe, d’un Paris entièrement soumis aux organisations de droite.

Cette brusque volte-face d’une capitale que l’on avait toujours connue à l’avant-garde des révolutions, de cette ville qui avait fait celles de 1793, de 1848, de la Commune, a étonné certains, qui n’ont pas très bien vu les causes de ce changement d’orientation politique.

Les réactionnaires ont triomphé, prétendant avoir conquis Paris à leurs méthodes ; les gens de gauche et d’extrême-gauche ont été navrés et inquiétés par ce reniement de tout un passé de lutte.

La vérité c’est que Paris, peu à peu, et plus particulièrement au cours de ces vingt dernières années, a vu émigrer vers la banlieue sa population ouvrière.

Ce qu’on appelle « la ceinture rouge » s’est formé au détriment des forces révolutionnaires de la capitale, de jour en jour envahie par l’élément bourgeois qui, débordant certains quartiers du centre de la ville, s’est répandu bien au-delà de ses premières frontières, et par la foule de petits-bourgeois : employés, boutiquiers, etc., dont le nombre n’a cessé de croître.

La population ouvrière, artisanale, des faubourgs Saint-Antoine et même dans un certaine mesure de Belleville, Ménilmontant, etc., est allée se grouper dans la banlieue autour des usines ; une partie de cette population, quoique travaillant aux portes de Paris, s’est exilée dans les innombrables lotissements qui entourent la ville, fort éloignés parfois du lieu de leur travail, les moyens de communications rapides ne faisant plus de cet éloignement un obstacle insurmontable.

Cette émigration, sans cesse croissante, explique le changement d’orientation politique de la capitale ; Paris tend, de jour en jour davantage, à devenir une ville d’intellectuels, de bourgeois, de commerçants et d’employés : et l’on sait bien que ce n’est jamais parmi ces gens-là que le socialisme a recruté de nombreux adeptes.

Il est remarquable que, malgré l’énorme avance du socialisme, qui dura jusqu’à ces dernières années dans le monde entier, et particulièrement en France où le nombre d’élus socialistes au Parlement, au Sénat, dans les conseils municipaux de la presque totalité des villes, Paris à peu près seul, ait vu réactionnaires augmenter avec une constante régularité.

En dehors même de la répartition des sièges – monstrueuse iniquité qui exige plus de dix mille votants dans certaines circonscriptions, alors que moins d’un millier suffisent dans d’autres pour élire un conseiller – il n’en reste pas moins vrai que cette émigration ouvrière dans Paris, avec le glissement vers la droite des étudiants, coupés entièrement aujourd’hui du prolétariat.

Les combats du 6 février furent menés par une foule – en dehors des quelques éléments communistes qui furent rapidement absorbés – où dominait une écrasante majorité bourgeoise. Il suffisait de jeter un regard sur elle pour s’en apercevoir.

Le 12 février devait voir à Vincennes le regroupement des forces prolétariennes et populaires. »

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Aymeric Caron fonde le Rassemblement des Ecologistes pour le Vivant

Aymeric Caron, dont la philosophie est une sorte d’écologie décroissante s’inspirant très librement des écrivains russe Tolstoï et américain Thoreau, a fondé un parti politique, dénommé « rev », Rassemblement des Ecologistes pour le Vivant.

Il se définit comme un « Parti écologiste antispéciste et non-violent, pour la justice économique globale et les droits des humains, des non humains et des écosystèmes ».

En voici le document fondateur, qui ne se revendique par ailleurs pas de gauche, mais d’une sorte d’apolitisme au-dessus des partis, avec comme objectif de se présenter aux élections européennes de 2019.

C’est, à n’en pas douter, une initiative de plus à ajouter dans la liste des partis « modernes » et « progressistes » qui n’en ont strictement rien à faire des valeurs et traditions de gauche, considérées comme dépassées, fausses, périmées, etc.

Le REV : un nouveau parti écologiste, au service du vivant

8 février 2018

*Version longue de La Tribune publiée dans Le Monde du 9 février 2018:

L’écologie politique est dans l’impasse en France. Europe Ecologie les Verts a perdu aujourd’hui la crédibilité nécessaire pour porter le projet d’une société réinventée autour du respect de la planète et de tous ses habitants, humains comme non humains. Les guerres d’ego et les calculs mercantiles n’expliquent pas à eux seuls ce fiasco.

Une des principales faiblesses d’EELV réside dans son mode de pensée dépassé : ce parti prône encore une écologie trop anthropocentrée, qui prétend que la nature est au service de l’homme. Si nous devons sauver la planète, ce serait donc uniquement en raison des services qu’elle nous rend.

D’après cette conception, les animaux non humains, les mers et les forêts ne sont que des « ressources » qu’il faut prendre soin de ne pas épuiser trop vite. De ce fait, EELV s’accommode du modèle économique néolibéral et de sa violence intrinsèque, se contentant de lutter contre ses conséquences les plus néfastes pour la planète – ce qui explique sa participation à des gouvernements libéraux. On peut qualifier ce modèle d’ « écologie molle ».

Résultat : la défense des droits des animaux n’avance pas d’un pouce, l’industrie continue à faire la loi sur notre agriculture, notre politique énergétique reste indéfectiblement liée au nucléaire, la destruction de la biodiversité s’accélère, en même temps que la pollution de l’eau, de l’air et des sols.

Ces sujets devraient faire la une de l’actualité, mais ils n’y occupent qu’une place accessoire. Les gouvernements qui se succèdent n’y accordent pas la moindre importance, en dépit de quelques effets d’affichage qui ne peuvent tromper que les naïfs.

La France vient par exemple d’être rappelée à l’ordre par Bruxelles pour non-respect des normes européennes sur la qualité de l’air, tandis qu’elle manque de fermeté face aux perturbateurs endocriniens et qu’elle accorde de plus en plus de droits aux chasseurs, alors même que la majorité des Français demande une remise en cause de leurs privilèges.

Il y a peu pourtant, 15 000 scientifiques de 184 pays signaient une tribune pour interpeller sur la gravité de la situation en cours, à savoir cette sixième extinction de masse du vivant en 540 millions d’années, dont nous sommes les responsables.

Quelques chiffres pour le comprendre. Entre 1990 et 2015, la surface des forêts mondiales – indispensables notamment au stockage de CO2 et à la biodiversité – a diminué de 129 millions d’hectares, ce qui équivaut à la surface de l’Afrique du Sud.

La disponibilité d’eau douce par habitant a diminué de moitié depuis le début des années 60. Les trois dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées et le réchauffement climatique risque d’atteindre 4 degrés à la fin du siècle.

Nous avons déclenché la sixième extinction de masse du vivant depuis 540 millions d’années : il y a cent ans, on dénombrait 20 millions d’éléphants et 500 000 lions en Afrique ainsi que 100 000 tigres en Asie. Aujourd’hui, il ne reste que 500 000 éléphants et 20 000 lions en Afrique, et 3200 tigres à l’état sauvage en Asie.

Une baisse d’effectifs qui dépasse les 95% à chaque fois. Si nous ne changeons rien à nos pratiques, les grands mammifères sauvages auront disparu de la surface de la Terre dans quelques décennies.

Quant aux océans, ils pourraient être vides de poissons d’ici trente ans. De manière globale, au cours des 40 dernières années, les populations de vertébrés ont baissé de 60% sur la planète.

Nous tuons tout ce qui nous entoure, et nous nous tuons aussi par la même occasion, en raison de pratiques industrielles barbares : la pollution de l’eau et de l’air engendre chaque année la mort de plus de 12 millions de personnes dans le monde, les pesticides en tuent 200 000 et l’antibiorésistance 700 000.

Face à l’indifférence des partis de gouvernement qui continuent à promouvoir les politiques responsables de la catastrophe, et pour répondre aux manquements des partis écologistes actuels, s’impose la nécessité d’une nouvelle formation qui défende les intérêts du vivant sous toutes ses formes, le bonheur individuel et collectif, la non-violence, la liberté de chacun à s’épanouir dans sa singularité et dans le respect d’autrui.

Il convient de créer un espace d’expression et de rassemblement pour tous les citoyens, de plus en plus nombreux, éveillés à la perspective d’un monde nouveau à inventer autour de ces valeurs. Dans ce but, le Rassemblement des Ecologistes pour le Vivant (REV) voit aujourd’hui le jour.

Il ne s’agit pas d’une énième entreprise de recyclage d’hommes, de femmes et d’idées vus et entendus depuis des années. Le REV est porteur d’une écologie nouvelle, radicale, que nous nommons « essentielle ».

Cette écologie s’interroge sur nos devoirs à l’égard de toutes les formes du vivant, auxquelles nous reconnaissons une valeur intrinsèque, indépendamment de l’utilité immédiate que nous pouvons en retirer.

Toute parcelle de vie possède en effet a priori le même droit que chacun d’entre nous à persévérer dans son existence, et l’appartenance à l’espèce dominante ne nous autorise en rien à détruire une vie animale ou végétale sans nécessité absolue.

Cette écologie est métaphysique car elle souhaite repenser la place de l’homme dans le cycle du vivant en l’appelant à l’humilité, et en lui demandant d’endosser le rôle de tuteur de de toutes les formes de vie, puisque nous avons désormais sur elles le pouvoir de destruction ou de préservation.

Cette écologie essentielle est antispéciste : elle réclame une égalité de considération pour tous les animaux non humains sensibles, qu’ils soient chiens, chats, poules, cochons, vaches, moutons, lapins, renards, loups, sangliers, visons ou requins.

Cela implique des droits fondamentaux pour chacun des individus animaux non humains, à commencer par le droit de vivre et celui de ne pas être maltraité.

Actuellement nous élevons et tuons chaque année plus de 70 milliards d’animaux non humains terrestres, et nous pêchons 1000 milliards d’animaux marins, dans le seul but de satisfaire nos estomacs et ainsi que les intérêts de grands groupes agro-alimentaires. Est-il encore moralement acceptable de jouir ou de s’enrichir sur le calvaire de milliards d’êtres vivants sensibles ?

L’écologie du XXIème siècle se doit de militer pour la fin de ce que le philosophe Jacques Derrida n’hésite pas à nommer le « génocide des animaux » : il convient de réclamer la suppression de la corrida, l’interdiction de la chasse, des zoos, des animaux dans les cirques, de la vivisection, et bien évidemment la fin programmée de la viande grâce au lancement d’une transition agricole vers un modèle entièrement végétal.

L’écologie essentielle ne se contente pas de militer pour les animaux : elle propose d’accorder une identité juridique à toutes les expressions du vivant avec lesquelles nous interagissons : les systèmes écologiques de la planète, mais aussi les « communs planétaires » tels que l’air ou les océans.

A ce titre, nous souhaitons la reconnaissance par le droit international du crime d’ « écocide », c’est-à-dire de l’atteinte à un écosystème, afin de faire condamner les dirigeants d’entreprises et les politiciens complices qui polluent, cancérisent, exproprient ou détruisent des terres.

Notre constitution nationale doit par ailleurs intégrer le respect de la planète comme l’un de nos impératifs. A ce titre, les énergies fossiles et nucléaires doivent évidemment être entièrement abandonnées au plus vite et remplacées par des énergies renouvelables.

L’écologie essentielle est porteuse d’un projet global qui ne se limite pas à protéger ce qu’on appelle maladroitement « l’environnement ». Elle est une philosophie de société qui prône la fin de l’exploitation sous toutes ses formes : exploitation de la nature, des animaux, mais aussi des humains.

Or les inégalités extrêmes explosent : selon l’ONG Oxfam, 82% des richesses créées dans le monde l’an dernier ont profité aux 1% les plus riches, tandis que la moitié de la population mondiale n’en a tiré aucun bénéfice. Et nous connaissons tous désormais ce chiffre: les 1% les plus riches de la planète possèdent à eux seuls la moitié de la richesse mondiale.

A rebours d’une conception progressiste de l’humanité, l’idéologie libérale a fait de l’égoïsme et de la compétition ses principes moteurs. L’écologie essentielle propose au contraire de mettre en place une politique de l’empathie et de la coopération : réduction des inégalités, renforcement des mécanismes de solidarité, consolidation et amélioration des services publics de santé, d’éducation, de transport et de culture.

Le projet qui doit concentrer notre attention est celui de l’épanouissement personnel de chaque individu. Il nous faut laisser de côté la question : «combien cela va rapporter, et à qui ? » et privilégier la seule qui vaille : « cela va-t-il contribuer au bonheur réel ? ».

L’écologie essentielle et l’antispécisme s’inscrivent dans la continuité de toutes les luttes qui ont permis, depuis des siècles, l’augmentation de notre sphère de considération morale afin d’y intégrer des catégories d’humains jusque-là rejetées : combat pour les droits des femmes, pour l’abolition de l’esclavage, pour la fin de la ségrégation raciale, ou pour les droits des homosexuels.

Le REV porte le projet d’un nouveau progrès moral de l’humanité. Il milite pour une réduction substantielle du temps de travail, la décroissance de notre consommation, le renouvellement des pratiques démocratiques, le partage équitable des richesses avec un revenu d’existence doublé d’un plafonnement des plus hauts revenus, l’instauration d’un gouvernement mondial ou encore la fin progressive des frontières qui séparent les hommes.

Nous, signataires de cette tribune et fondateurs du Rassemblement des Ecologistes pour le Vivant, n’avons aucune ambition politique personnelle : les places ne nous intéressent pas. Nous souhaitons simplement favoriser l’expression d’un mouvement de pensée révolutionnaire pour les droits du vivant.

Nous désirons que cette pensée infuse l’espace public. La création d’un parti politique et la participation à des élections nous semble une étape pour cela. Le REV propose de faire émerger une nouvelle génération d’élus que le mandat unique et non renouvelable ne détournera pas de sa mission altruiste, au service des autres.

L’objectif du REV est d’être présent aux prochaines élections européennes, en 2019, et d’y incarner l’alternative écologiste. Afin de n’être prisonnier de personne, le REV ne s’appuie sur aucune structure politique ou associative existante. Il ne bénéficie donc à sa création d’aucun moyen financier.

Il se développera au gré des volontés individuelles, et de toutes ces énergies fatiguées d’être empêchées de rêver un avenir meilleur pour les hommes, les animaux non humains, et la nature.

Malena AZZAM, ancienne porte-parole de l’association PEA (Pour l’Egalité Animale), Aymeric CARON, journaliste et écrivain, Benjamin JOYEUX, juriste en droit de l’environnement

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Des armes de guerre lors de la surveillance de la manifestation étudiante du 8 février 2018 à Nantes

Dans le cadre de la lutte actuelle à l’université de Nantes, un communiqué a été diffusé suite à l’intimidation militariste de la police lors d’une manifestation.

Communiqué de presse du personnel de l’université contre la répression du mouvement étudiant.
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Protestation contre la présence d’armes de guerre aux abords de la manifestation étudiante du 8 février 2018 à Nantes

Ce jeudi 8 février après-midi, à Nantes, des étudiants et lycéens au nombre d’environ 600 ont entrepris une nouvelle manifestation contre la réforme des modalités d’accès à l’université.

Alors qu’ils défilaient pacifiquement sans constituer la moindre menace pour quiconque, ils ont dû faire face, au niveau de la Faculté des sciences, à un important dispositif policier.

Et, comme en témoigne la photographie jointe, certains des CRS en présence étaient équipés de fusils d’assaut.

Rappelons que la dotation en fusils d’assaut des forces de police chargées de l’ordre intérieur a été initiée en 2016 au seul motif « qu’elles pouvaient être amenées à intervenir en premier sur une scène d’attentat, avant l’arrivée des forces d’élite spécialisées ».

Ce qui ne justifie donc en rien la présence de telles armes dans un dispositif de maintien de l’ordre voué à assurer la sécurité publique aux abord d’une manifestation d’étudiants et de lycéens.

Après les deux précédentes manifestations des 1er et 6 février repoussées par des effectifs policiers dont le volume disproportionné a d’ailleurs été souligné par la presse locale, c’est un nouveau pas particulièrement inquiétant qui a été franchi.

Au nom du principe selon lequel « Qui ne dit mot consent », nous, enseignants-chercheurs, enseignants, doctorants, personnels de l’Université de Nantes, nous élevons pour condamner fermement la présence d’armes de guerre lors des manifestations de nos usagers étudiants.

Nous appelons notre Président, M. Olivier Laboux, à prendre une position publique à ce sujet et à saisir Mme la Préfète des conditions actuelles du maintien de l’ordre autour de nos campus.

Au motif que manifester est un droit constitutionnel et qu’opposer des armes de guerre à une contestation étudiante nous paraît former une atteinte grave et lourde de conséquences au pacte citoyen, nous appelons également l’ensemble des personnels de l’Université de Nantes à se joindre à un débrayage de protestation sur les lieux de travail le mercredi 14 février, de 8 h à 10 h.

Collectif informel de personnels et doctorants, syndiqués ou non syndiqués, opposés, favorables ou indifférents à la réforme en cours des conditions d’accès à l’université

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Loi sur la mémoire : l’honneur de la Pologne

L’amitié entre les peuples est un grande principe de la Gauche. Aucun peuple n’est supérieur à un autre et si jamais un peuple sombre dans la barbarie, c’est pour des raisons historiques, cela ne tient pas à la nature de ce peuple.

Nous formons une seule humanité, qui toute entière veut le bonheur et la paix. Ce principe est considéré comme naïf par ceux qui veulent diviser l’humanité, pour défendre des intérêts étroits. Mais il n’en est pas moins sacré pour la Gauche, car il faut savoir faire face aux diviseurs.

On sait malheureusement aussi comment le nationalisme est un poison qui naît dans les peuples victimes d’injustice. L’Allemagne affaiblie et humiliée en 1918 a connu ce terrible poison.

L’Ukraine le connaît actuellement : il y a quelques jours a été mise en place une milice pour épauler la police. Organisée à partir du régiment Azov, elle regroupe 600 de ces néo-nazis du fertile terreau d’un pays dévasté économiquement, humilié par l’occupation d’une partie de son territoire par des séparatistes pro-russes.

Tout l’est de l’Europe est d’ailleurs contaminé par une vague nationaliste de type néo-nazie, avec des thèmes abandonnés par la Gauche : la dignité, l’arrêt de l’effondrement du cadre juridique avec les mafias ayant l’hégémonie, le respect de la nature. Toutes les questions importantes sont déviées vers des réponses nazies, barbares.

Les réseaux sociaux connaissent une diffusion massive de jeunes blondes avec des symboles nazis ou des armes, symboles d’un « renouveau », et cela avec une base massive : en Pologne, 60 000 personnes manifestaient en novembre pour une « Pologne blanche ».

C’est en ce sens qu’il faut comprendre la loi polonaise qui punit d’une peine, allant jusqu’à trois années de prison, toute personne qui « accuse, publiquement et contre les faits, la nation polonaise, ou l’État polonais, d’être responsable ou complice des crimes nazis commis par le IIIe Reich allemand. »

La loi interdit également de parler de « camps polonais » au sujet des camps de la mort, étant donné que ceux-ci avaient été organisés par l’Allemagne nazie.

Cette loi est-elle erronée ? Non, elle est tout à fait juste. Il est tout à fait exact qu’il y a eu des exactions antisémites commis en Pologne, même après la défaite de l’Allemagne nazie.

Mais cela est indépendant de l’organisation industrielle de destruction de la population juive d’Europe par l’Allemagne nazie.

La Pologne ne faisait pas partie des États alliés à l’Allemagne nazie, directement ou indirectement, comme la Hongrie, l’Italie ou encore la Finlande et la très hypocrite Suède. La Pologne était une nation martyre, souffrant atrocement.

Elle a d’ailleurs ses héros, bien entendu, comme Jan et Antonina Żabiński, responsables du zoo de Varsovie ayant permis la fuite de centaines de Juifs. Le film de 2017 retraçant leur histoire, La Femme du gardien de zoo, s’il est mièvre, est très émouvant, mais n’est même pas sorti en salle.

Comment veut-on après connaître l’histoire des héros, l’histoire des événements réels, si on ne s’intéresse qu’à des mondes illusoires, ceux de Game of thrones ou Star Wars ?

Comment aller à l’amitié des peuples, si on célèbre des mondes imaginaires, tout en laissant justement à l’imaginaire le plus nauséabond l’image d’un pays comme la Pologne ?

Comment ne pas comprendre qu’en Pologne on en ait assez qu’il soit parlé des camps de la mort polonais, alors que Pologne était alors écrasée par l’Allemagne nazie, dirigée par le gouverneur Hans Frank ?

Hans Frank, le « bourreau de la Pologne », vivant dans une opulence baroque dans le château de Wawel, à Cracovie ; Malaparte, dans son roman Kaputt, revient à de nombreuses reprises sur cette figure sanglante et sordide, parlant d’un « singulier mélange d’intelligence cruelle, de finesse et de vulgarité, de cynisme brutal et de sensibilité raffinée ».

Il raconte en effet des soirées où la prétention à la plus haute culture côtoyait l’affirmation du cynisme destructeur le plus vil. Comme lorsqu’il décrit la scène suivante :

« C’étaient les premières notes d’un Prélude de Chopin. Dans la pièce voisine (je le voyais par la porte entrouverte), Frank était assis au piano de Madame Beck, le visage penché sur la poitrine.

Il avait le front pâle, moite de sueur. Une expression de profonde souffrance humiliait son visage orgueilleux. Il respirait péniblement, et mordait sa lèvre inférieure. Il avait les yeux fermés ; je voyais ses paupières trembler.

C’est un malade, pensai-je. Et, tout de suite, cette idée me contraria.

Tous, autour de moi, écoutaient en silence, en retenant leur souffle. Les notes du Prélude, si pures, si légères s’envolaient dans l’air tiède comme des petits tracts de propagande lancés par un avion.

Sur chaque notre était imprimé en capitales rouges : VIVE LA POLOGNE !

A travers les vitres de la fenêtre, je regardais les flocons de neige tomber lentement sur l’immense Place de Saxe, déserte sous la lune, et sur chaque flocon était écrit en capitales rouges : VIVE LA POLOGNE ! »

Malaparte explique ressentir « un sentiment de honte et de révolte » alors que le bourreau de la Pologne osait jouer, dans le Palais de Brühl, à Varsovie, l’immense compositeur polonais Chopin.

C’est le même sentiment de honte et de révolte qui traverse la Pologne quand on l’accuse d’être l’auteure de ce dont l’Allemagne nazie est responsable.

Quant aux exactions antisémites, aux pogroms, faut-il en accuser la nation polonaise toute entière ? Certainement pas, pas plus d’ailleurs qu’il faut haïr l’Allemagne. Tous les peuples sont égaux et frères et c’est malheureusement l’histoire, dirigée par des criminels, des conquérants, des pillards, qui les divisent.

Il n’y aucune raison d’accuser la Pologne, cette nation martyre victime du bourreau nazi, et de dédouaner justement ce dernier du système général de destruction qu’il a alors mis en place.

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Affiches de mai 1968

 

 

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Génération.s et le tirage au sort de son « Conseil des Membres »

La modernité à tout prix n’est pas une bonne chose si cela signifie perdre toute caractère accessible, démocratique, surtout pour suivre la mode. Comment faut-il écrire par exemple le mouvement fondé par Benoît Hamon : « génération.s », « génération-s » ?

Ce serait une anecdote si cela ne reflétait pas une fascination pour le « moderne », le « en mouvement », au mépris des traditions historiques du mouvement ouvrier. Hier s’est réuni ainsi « le Conseil des Membres » de « génération.s », ou « génération-s », comme on le voudra.

Mais ces membres n’ont pas été élus, ils ont été tirés au sort, ce qui est présenté comme « la démocratie en mouvement ». La démocratie en mouvement, c’est donc l’absence de démocratie ! Car normalement, des membres représentant un mouvement sont élus, après des échanges, des débats, un vote, une majorité.

La forme répond au contenu, alors que là, le tirage au sort laisse au hasard ce qui relève de la démocratie dans un cas normal.

On pourrait arguer que c’est là un souci de renouvellement de la part d’un mouvement jeune. Sauf qu’une liste de critères est venue pondérer le tirage au sort, comme lorsqu’une coupe du monde de football avec les coefficients de victoires, les zones géographiques, etc.

On a eu ainsi, pour pondérer le tirage au sort de « génération.s », les critères suivants pris en compte :

– la parité entre femmes et hommes ;

– la mixité des âges ;

– la représentation territoriale ;

– la diversité des catégories socio-professionnelles.

Tous ces critères sont absurdes. Tout d’abord parce qu’il est évident qu’un mouvement de gauche est, ou plutôt devrait, être surtout composé d’ouvriers. A moins de nier les classes sociales et l’histoire du mouvement ouvrier, c’est une évidence.

Tout le monde sait très bien en plus que, malheureusement, il y a une grande différence de conscience de gauche selon les territoires. Des gens de gauche de Bretagne ou du Nord représentent davantage de choses que des gens à Lyon ou Bordeaux, par exemple.

La mixité des âges est absurde également, parce que normalement un mouvement de contestation de valeurs du passé a toujours davantage de jeunes que de gens plus âgés, par esprit de rupture faisant défaut chez ceux ayant fini par accepter les règles.

Enfin, la parité entre hommes et femmes ne se décrète pas, elle se conquiert et un grand travail est à mener sur ce plan. Tout le monde sait bien que les femmes évitent largement l’engagement politique, tout en étant plus que largement majoritaires en certains domaines, comme par exemple la protection des animaux.

Alors, bien sûr, le tirage au sort est là surtout pour masquer que génération.s » n’est qu’une coquille vide sur le plan des idées. Ayant quitté le Parti socialiste, Benoît Hamon a choisi de rompre avec toute la tradition historique de la gauche et de passer dans camp de la « modernité ».

Mais cette modernité, c’est celle du monde des entreprises, avec le choix des consommateurs et l’apparence comptant plus que tout. C’est le refus du principe d’organisation, de conscience, d’idées, du principe de responsabilité.

Au lieu d’en revenir à ces fondamentaux – qu’on peut résumer comme la forme démocratique pour de réels débats d’idées comme fond – « génération.s » s’avère être un dépassement moderne qui est plus proche d’Emmanuel Macron qu’autre chose dans son style. C’est un échec.