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Écologie

Super Cow

Un clip saisissant.

Moby, musicien et artiste renommé ayant adopté une démarche démocratique, socialement consciente au sujet de la question animale au point de devenir vegan, a sorti une nouvelle vidéo réalisée avec l’écrivain et réalisateur Dustin Brown et l’organisation Last Chance for Animals sur laquelle il est impossible, en 2022, de faire l’impasse.

Tout y est. Tout brûle d’empathie pour les vaches victimes des abattoirs, dans un clip dont le style artistique très réussi et le message véhiculé par le scénario et son « twist final » ne peuvent laisser personne indifférent si ce ne sont les individus sans conscience ayant déjà depuis longtemps perdu la capacité de s’émouvoir de quoi que ce soit.

Ce clip rappelle un fait que tout le monde préfère ignorer pour éviter d’avoir à y faire face : les animaux sont des êtres sensibles, capables d’émotions, de construction sociale et qui, rongés par la terreur, préféreraient évidemment fuir les couloirs froids d’un lieu de mort pour rejoindre l’herbe et la chaleur du soleil à l’air libre s’ils en avaient la possibilité.La musique accompagnant le clip est une reprise de sa propre chanson « Why does my heart feel so bad ? » de 1999, que l’on pourrait traduire par « Pourquoi ai-je si mal au coeur ? (et à l’âme, dans la suite des paroles) ». Déjà à l’époque associée à son clip original, cette chanson était d’une mélancolie arrachante… La reprise est ici est donc très pertinente, et compte tenu de la scène qui se déroule au long de ces 2 minutes et 33 secondes, la mélancolie est décuplée et se mue en véritable sentiment de tristesse face à une porte scénaristique qui se referme violemment, exactement comme le rideau métallique menant à l’enclos de mise à mort du début de la vidéo.

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Culture

Le sang des bêtes, de Georges Franju (1949)

Ce film d’une vingtaine de minutes est un documentaire qui mériterait d’être une référence à gauche. Il faudrait bien sûr pour cela que celle-ci s’élève jusque-là. Qu’elle revoit ses exigences culturelles. La gauche en sortirait plus forte car Le sang des bêtes est à la fois une production artistique de très haute qualité et un vecteur politique tout à fait actuel.

Le sujet du film, c’est le travail dans les abattoirs de La Villette et de Vaugirard, autour de Paris donc, à la fin des années 1940. Le spectateur assiste aux processus successifs qui font que les animaux entrant en vie dans le bâtiment n’en ressortent pas. Entre temps, les travailleurs des abattoirs auront produit des carcasses.

Georges Franju disait avoir entrepris de tourner ce film, son premier film, par amour pour les animaux, et non avoir choisi les animaux en cherchant un sujet de film. Cette formulation exprime à elle seule la sincérité de l’auteur. C’est cette démarche qui permet au réalisateur de transmettre des émotions justes au spectateur. Avec Franju, on est dans le sensible.

Le spectateur de 2021 pense bien sûr aux video-chocs, et prétendument volées, des associations qui dénoncent les conditions de l’abattage dans les abattoirs d’aujourd’hui. Et justement, l’un des traits marquant du film de Franju est de, notamment par le travail du montage, toujours lier le sort des animaux à la ville, à la circulation des hommes, au travail. Le spectateur comprend, sans qu’à aucun moment l’argument ne lui soit asséné, que la condition des animaux d’élevage est une question d’organisation de la société, qu’elle est politique.

Plan après plan, un cheval, des vaches, des veaux et des moutons sont parqués, tués, vidés de leur sang, de leurs entrailles, dépecés, décapités, démembrés. De ces opérations réalisées de manière semi-artisanale, pratiquement sans procédés mécaniques, autant dire « à la main », aucun détail ne sera caché. Pour autant, il n’y a aucune complaisance. La violence et l’horreur des manœuvres ouvrières de cette chaîne de montage inversée ne sont pas traitées à la manière d’un spectacle.

Franju a développé, à côté de son cinéma « de genre » lui aussi d’une grande qualité, une démarche documentaire originale. L’auteur parlera du « réel documentaire » à propos de son approche. Elle consiste en une construction du film permettant au spectateur de saisir le réel à partir de sensations éprouvées.

Georges Franju (à droite)

Ainsi, dans Le sang des bêtes, si les images se confrontent les unes aux autres au travers du montage, le son joue aussi un rôle de tout premier plan. Parce que la musique est de Joseph Kosma, mais surtout puisqu’un texte dit par Nicole Ladmiral et Georges Hubert accompagne le spectateur au travers de toutes les séquences. Or, une grande tension nait entre le ton et la signification du texte et les images. C’est l’ensemble qui fait sens. On peut dire que c’est le cerveau du spectateur qui projette le réel à partir des éléments qui lui sont proposés par le film. On est donc loin du film didactique ou du cinéma à thèse et de ses dissertations filmées. Pour autant, on n’est pas non plus dans l’élitisme de l’avant-garde des plasticiens aux gribouillis cryptés. Il n’est pas question de laisser le spectateur dans le doute, comme dans une expérience postmoderne ou une expo d’art contemporain. Le Sang des bêtes n’est pas équivoque. Georges Franju donne au spectateur un accès sensible à une réalité difficile et permet à l’intelligence de la saisir dans sa complexité.

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Écologie

Les cas de covid-19 dans les abattoirs, un symptôme du capitalisme

Plusieurs cas de contaminations au covid-19 ont été détectés dans des abattoirs français, avec plus d’une centaine de cas recensés. Cela place l’industrie de la viande au centre des attentions sanitaires, et sociales.

À Saint-Jacut-du-Mené, près de Saint-Brieuc dans les Côtes d’Amor, il y a 69 cas positifs confirmés. À Fleury-Les-Aubrais, près d’Orléans dans le Loiret, ce sont 34 cas et il y a aussi une vingtaine de cas confirmés à Essarts-en-Bocage en Vendée.

Cela n’est pas une exception française puisqu’en Allemagne, aux États-Unis mais aussi en Australie, des centaines de salariés de ce secteur sont touchés. Aux États-Unis, ce sont quatre inspecteurs sanitaires d’abattoirs qui sont décédés du Covid-19 et on estime que ce secteur est touché à hauteur 4 %.

D’après l’Agence régionale de santé de Bretagne qui s’est penchée sur le cas de l’abattoir de Saint-Jacut-du-Mené, les « clusters » en abattoir résulte de la promiscuité qui règne dans les ateliers et les vestiaires.

La manipulation de scies et surtout de karchers augmentent également la diffusion d’aérosols qui transportent des potentielles gouttelettes humaines porteuses du Covid-19. Il y a aussi la question des travailleurs détachés, souvent issus d’Europe de l’Est, qui ont du mal à respecter les consignes sanitaires, ne comprenant tout simplement pas le français. Leurs conditions de logement, dans la promescuité, pourrait aussi être une cause de la diffusion du virus.

Dans les ateliers, l’organisation du travail à la chaîne avec des postes de découpes nécessitant un travail manuel répétitif très précis rend difficile la distanciation physique. C’est une différence par exemple avec d’autres branches de l’industrie agroalimentaire, notamment de fruits et légumes, où ce n’est pas un animal qui est débité et découpé en plusieurs parties très fines.

À Saint-Jacut-du-Mené, petit village de 726 personnes, l’abattoir Kermené filiale de Leclerc, emploie près de 2 000 personnes. Ce sont 7 700 cochons, 500 gros bovins et 200 veaux qui sont tués et transformés tous les jours, nécessitant un nettoyage régulier au karcher… Les abattoirs de Fleury-Les-Aubrais, propriété de Sicarev Coop, et Les Essarts, propriété de LDC (Lambert Dodard Chancereul) , emploient respectivement 400 et 700 salariés.

Les grandes entreprises de l’agroalimentaire qui détiennent ces usines montrent l’incapacité du capitalisme à assurer la vie dans des conditions naturelles normales. D’ailleurs, l’abattoir de Fleury-Les-Aubrais était déjà à l’arrêt au début de l’année pour cause de listériose et il est évident que la promiscuité humaine dans un environnement traitant des milliers d’animaux morts à la journée n’est pas logique écologiquement.

Ces usines sont l’expression directe de la nature anti-démocratique et anti-populaire d’un capitalisme agonisant, et la gauche doit assumer une critique générale de cet horrible « secteur » qui doit, à terme, être démantelé.

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Écologie

Pourquoi le cochon, l’oie, la poule ? Et pas le chat ?

Il y a quelque chose de profondément troublant dans ce dessin d’un boucher qui caresse un chat, alors qu’il fait face à de nombreux autres animaux qui, eux, peuvent terminer à l’abattoir, voire n’existent que pour cela. Cela expose une vérité simple et dérangeante en même temps.

C’est qu’on se demande, en toute bonne logique : pourquoi l’un et pas l’autre ? Et naturellement, on ne se dit pas que le chat lui aussi devrait faire partie des animaux servant d’alimentation. Strictement personne ne va penser cela. Telle est d’ailleurs finalement la preuve qu’à terme, on ne mangera plus d’animaux. Si on est socialiste avec le chat, si on l’intègre à notre vie et qu’on lui fournisse plein de choses, alors pourquoi pas l’autre, si on peut ?

On dit d’ailleurs que le chien, par exemple, fait partie de la famille. C’est inexact : il rejoint la famille, il est un élargissement de la famille naturelle. Il est pratiquement un élargissement de la vie communautaire familial, une extension du communisme familial à quelque chose d’extérieur. Aimer les animaux, c’est en quelque sorte élargir encore plus le champ du partage, de la collectivité, même du collectivisme.

Est-ce à dire qu’on aura un jour des poulets et des cochons chez soi, comme membres de la famille ? Et que rien ne changera pour ces animaux jusque-là ? Il va de soi que non et qu’à l’arrière-plan, il s’est déroulé des convergences faisant que les chats et les chiens font irrémédiablement partie de l’humanité. Il y a une symbiose qui s’est faite. Cela est vrai d’ailleurs pour d’autres animaux, tels certaines espèces de pigeons, largement domestiquées et qui restent par la suite, même libérées, dans les zones où les humains se rassemblent : les villes.

Quant aux animaux où cette convergence a été inexistante ou malheureuse pour elle, comme les cochons, les poules et les coqs, les chevaux et les moutons, il est évident cependant qu’à un moment, la dynamique du partage va les attendre aussi. Une fois qu’on est sorti de la démarche de compétition, d’arrachage de tout et n’importe quoi juste pour satisfaire sa consommation, ses caprices, on sort d’un irrationnel allant jusqu’au meurtre.

Car, franchement, qui a envie de tuer ? Qui se voit un couteau à la main en train d’égorger ? Rien que l’idée est odieuse. Certains le peuvent, effectivement, mais ce n’est pas qu’ils sont forts, c’est qu’ils sont devenus insensibles. Après tout, quand on voit les images atroces des islamistes égorgeant des gens ligotés, on ne dit pas : oh, comme ils sont forts ! On se dit : quelle horreur, ces gens sont des monstres !

Il y a bien entendu de nombreux hommes, et même des femmes, pour célébrer la dimension patriarcale du « triomphe » de l’humanité sur la nature. Vu comment les choses tournent dans le rapport entre l’humanité et la nature, ces gens feraient bien de définitivement se taire. Et comme ils ne veulent pas, il a falloir les forcer à se taire.

Parce qu’ils sont odieux, parce qu’ils relèvent du passé, parce qu’il sont des criminels.