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Planète et animaux

Chicago 1905, le socialisme et les animaux

En 1905, l’écrivain Upton Sinclair publie sous la forme de feuilletons La Jungle dans le journal socialiste Appeal to Reason. Un roman-reportage qui témoigne des pires horreurs des abattoirs de Chicago et va provoquer un véritable scandale tant il dévoilera aux yeux du grand public la face cachée de la fabrication en masse d’aliments à base de viande.

Derrière, c’est le capitalisme américain que l’on retrouve dépeint et qui va conquérir l’ensemble de l’Occident jusqu’à façonner l’ensemble de son industrie agroalimentaire. Et surtout il va généraliser la barbarie industrialisée envers les animaux à la base de la société de consommation.

Les usines à viande de Chicago en 1947

C’est de ces chaînes automatisées d’abattage qu’Henri Ford puisera son inspiration pour réaliser ses chaînes d’automobiles et ainsi systématiser tout un mode d’organisation du travail mis au seul service d’une minorité capitaliste.

Les animaux… Un thème moins mis en avant à l’époque face au drame vécu par les ouvriers et aux méthodes insupportables déployées par les industriels pour falsifier la qualité de leur nourriture tout en la vendant aussi chère. Jusqu’à vendre des produits issus de cuves dans lesquelles des ouvriers sont morts dans des accidents de travail…

Et pourtant, on y trouve également un passage où un philosophe, Schliemann, passionné de diététique, vivant parmi les ouvriers de Chicago et participant aux réunions du Parti socialiste affirme des choses qui sonnent si justes. Si justes car, malgré le temps perdu, elles attestent de l’inéluctable fusion de la cause animale avec le Socialisme…

« Schliemann reprit son souffle quelques instants avant de poursuivre :

– Et puis il faut ajouter à cette production agricole illimitée la récente découverte de certains physiologistes qui affirment que la plupart des troubles dont souffre le corps humain sont dus à la suralimentation !

Qui plus est, il a été prouvé que l’homme peut se passer de viande. Or celle-ci est évidemment plus difficile à produire que les denrées d’origine végétale, plus déplaisante à préparer et à manipuler, plus délicate à conserver. Mais qu’importe, n’est-ce pas, du moment qu’elle nous flatte plus agréablement le palais.

— Comment le socialisme peut-il changer ces habitudes ? se permit de demander l’étudiante. C’était la première fois qu’elle intervenait.

Tant que le salariat sera de règle, répondit Schliemann, il sera toujours facile de trouver des bras pour s’acquitter des tâches les plus avilissantes et les plus répugnantes.

Mais, dès que le travail sera libre, le prix de ce genre de besogne augmentera. On abattra une par une les vieilles usines sales et insalubres, car il sera moins onéreux d’en bâtir de nouvelles.

On équipera les bateaux à vapeur de machines capables d’alimenter automatiquement les chaudières, on éliminera les risques dans les métiers dangereux ou on élaborera des produits de substitution pour les substances toxiques actuellement utilisées.

De la même façon, chaque année, au fur et à mesure que les citoyens de notre République industrielle verront leurs goûts s’affiner, le coût des produits carnés augmentera, si bien, qu’un beau jour, les amateurs de viande devront tuer eux-mêmes les bêtes qu’ils mangent.

Combien de temps croyez-vous, alors, que la coutume survivra ? »

Aujourd’hui, alors que le 21e siècle est déjà largement lancé, tout cela résonne profondément, malgré la naïveté du propos. L’humanité a acquis une conscience avec une telle ampleur qu’il y a des évidences qui s’imposent.

Et ce n’est pas pour rien justement que le capitalisme se débarrasse de la cause animale, en faisant quelque chose d’anecdotique, et que la vieille gauche emprisonnée dans des traditions du siècle dernier ou de l’agitation superficielle est incapable d’aborder la question des animaux.

Penser aux animaux, c’est inévitablement exiger la révolution, c’est assumer que rien n’est possible sans le renversement de l’ordre établi. C’est porter la conscience de la Société nouvelle, du Socialisme !

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Nouvel ordre

L’agriculture doit être étatisée et planifiée

Porter un regard intelligent sur le mouvement des agriculteurs français de janvier-février 2024, c’est se rappeler que les paysans ne sont pas une classe, et qu’il n’y a d’ailleurs plus de paysans en France. D’une masse fondamentalement petite-bourgeoise dans sa définition, les paysans sont devenus des agriculteurs, c’est-à-dire des petits-bourgeois entrepreneurs.

Le paysan possède, en effet, sa terre, et il veut accumuler ; c’est un propriétaire, même dans les cas où il est un petit propriétaire, même s’il est pauvre. C’est la raison pour laquelle l’URSS a mis en place tout un système pour « avaler » les paysans pauvres et moyens dans les collectivisme, par les fermes collectives (les kolkhozes) et les fermes d’État (les sovkhozes). Cela a été une bataille très dure, l’affrontement avec les paysans riches (les koulaks) est bien connu.

Affiche soviétique pour chasser les koulaks des kolkhozes, avec une citation de Lénine sur leur rôle dans la restauration du capitalisme

L’agriculteur est quant à lui un paysan qui a réussi, et dans le capitalisme du début du 21e siècle, cela en fait un capitaliste acharné, qui utilise notamment les animaux pour arracher du profit. Qui ne prend pas en compte les animaux tant sur le plan de la sensibilité que sur le plan de leur utilisation par le capitalisme ne peut pas comprendre notre époque. Le document Crise du capitalisme et intensification de la productivité : le rôle des animaux dans la chute tendancielle du taux de profit est ici fondamental.

Il n’y a donc rien à attendre des agriculteurs. Il faut faire avec, mais là encore ils sont les rois des bluffs. Il y a largement de quoi assez manger et leur prétention à dire qu’on va mourir de faim sans eux est juste risible. Ils font juste beaucoup de bruits pour se présenter comme incontournables.

Mais avec de l’organisation, une agriculture étatisée et planifiée est facile à mettre en place. Avec l’industrialisation et les technologies, c’est facile si on a les masses en mouvement. L’agriculture doit devenir une industrie, et les agriculteurs doivent céder la place aux ouvriers du 21e siècle. Le Socialisme n’a pas besoin d’eux et s’ils veulent travailler la terre, ils devront la faire dans une optique de service au peuple, pas d’aventurisme capitaliste aux dépens de la Nature.

Affiche soviétique : En avant !
Pour l’industrialisation du pays,
pour la collectivisation du village!

Le marteau et la faucille sont, il faut le rappeler, le symbole de l’alliance de la classe ouvrière et de la paysannerie pauvre. Il n’a jamais été question de faire de la petite-bourgeoisie des campagnes, propriétaire et entrepreneuse, une figure du Socialisme. Les paysans, c’est le petit capitalisme à fond, un puissant générateur de capitalisme, comme le montre l’histoire des États-Unis.

Lénine a dit un très bon mot à ce sujet :

« La petite production engendre le capitalisme et la bourgeoisie constamment, chaque jour, à chaque heure, d’une manière spontanée et dans de vastes proportions. »

S’imaginer, comme le fait « révolution permanente« , qu’il est possible de se tourner vers les agriculteurs et d’établir un programme « qui cherche à remettre en question le système agraire actuel qui est destiné à servir les grands capitalistes de l’agro-alimentaire, la grande distribution et les banques »… c’est ne rien comprendre justement aux agriculteurs, qui sont nés dans ce système, sont ce système et y tiennent dur comme fer.

D’ailleurs, les agriculteurs ne remettent jamais en cause le capitalisme et demande toujours à l’État de faire l’arbitre. Ils le font en correspondance avec leur nature sociale.

Affiche soviétique : jour de récolte, collectivisation

Au moins, la dirigeante des Écologistes Europe Écologie Les Verts Marine Tondelier l’a bien compris. Elle raconte qu’elle est fière de visiter les fermes et de discuter avec l’Interbev (l’Association Nationale Interprofessionnelle du Bétail et des Viandes), tout en étant vegan.

« Nous ne sommes pas les ennemis des agriculteurs », a déclaré la secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier, mercredi depuis une ferme de Bourgogne, où elle dit « soutenir totalement » les paysans dans leur combat pour un « juste revenu ». »Nous ne sommes pas les ennemis des agriculteurs », a déclaré la secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier, mercredi depuis une ferme de Bourgogne, où elle dit « soutenir totalement » les paysans dans leur combat pour un « juste revenu ».

« Je ne suis pas du tout mal aimée des agriculteurs », a assuré cette petite-fille de paysans du Pas-de-Calais, après avoir caressé des vaches bazadaises, une espèce menacée élevée dans une exploitation bio de Villebichot (Côte-d’Or), près de Dijon.

« J’ai même rencontré Interbev », l’association du bétail, « alors que je suis végane depuis 15 ans », a martelé Marine Tondelier. « Les fermes, c’est le type de déplacement que je fais le plus ! », a-t-elle ajouté. »

Voilà une soumission totale et ignoble, immorale et totalement opportuniste. Et c’est très vraisemblablement une vraie construction mythomane pour se soumettre ostensiblement, car elle n’a jamais auparavant dit qu’elle était vegan, mais végétarienne.

C’est un très bon exemple. Faut-il faire comme elle, considérer que les agriculteurs seront toujours là sous cette forme pendant encore cinquante ans? Ou bien faut-il révolutionner l’agriculture, car les temps sont mûrs pour un nouveau rapport avec la Nature?

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Vie quotidienne

L’échec commercial de la viande « vegan »

C’est un symbole qui ne trompe pas en raison de son envergure. Au milieu de l’année 2023, les ventes de Beyond Meat ont chuté de 30% et l’entreprise assume que le reste de l’année ne se déroulera pas positivement du point de vue capitaliste. Les prévisions sur le long terme elles-mêmes sont remises en cause, le point de vue général étant désormais que la « fausse viande » végétalienne s’avère un échec commercial. L’action de Beyond Meat à la bourse américaine a perdu 64.79% depuis un an, soit 94% de moins que lorsque l’action était au plus haut.

La « fausse viande » vegan a été critiquée dès le départ par les vegans comprenant l’enjeu culturel qui se posait. Et on peut voir que ce qui s’est passé est tout à fait logique. Il y a eu un effet de mode, une petite minorité s’est précipitée en se présentant comme « branchée ». Cela a produit une petite vague et des capitalistes se sont dit : « allons-y ». Comme ce sont des capitalistes, ils ont eu des rêves délirants d’accumulation et l’argent a coulé à flot.

Cela produit naturellement une idéologie. L’association L214 a ainsi reçu 2,5 millions d’euros d’une association américaine philanthrope, dont l’intérêt capitaliste derrière est en fait la « viande cellulaire », une variante de la « viande végétale ».

Cependant, l’industrie de la viande n’a pas été ébranlé, bien au contraire. Des grandes entreprises capitalistes du secteur de la viande ont d’ailleurs elles-même investi dans la « viande vegan », comme celles de l’agro-industrie française, qui représente le pire de l’exploitation des animaux.

On parle ici de Herta, le Gaulois, Fleury Michon ou encore Bordeau Chesnel… Mais des capitalistes d’autres secteurs ont pu s’y mettre aussi (ainsi… LVMH pour l’entreprise suisse Planted).

Mais le fantasme d’une croissance à 15% par an a été rattrapé par la réalité et les poids lourds de la « viande végétale » comme Beyond Meat, Impossible Foods, Lightlife, Field Road… subissent le choc de la crise capitaliste commencée en 2020. Les promesses d’une consommation exponentielle ne peuvent tout simplement pas être tenues.

Car la mode passe, le véganisme (avec ses principes) est liquidé par le libéralisme (par définition sans principes), les gens retournent à l’original plutôt qu’à la copie. La croissance de la consommation de viande de bœuf aux États-Unis le montre, tout autant que le fait que les restaurants branchés à New York sont tout sauf vegan.

C’est une question de culture. Si on mange quelque chose qui a le goût de la viande, comment ne pas valoriser celle-ci ? Ce n’est pas pour rien qu’une fausse viande au goût d’humain est inconcevable. Le rapport avec le cannibalisme serait évident. Pareillement, on ne pourrait pas avoir de fausse viande avec un goût de chien. Il n’y a ainsi aucune raison pour qu’un consommateur mangeant du faux canard… ne passe pas au vrai.

Un autre aspect est la dimension alimentaire, celle de la nutrition. La « viande végétale » relève de l’ultra-transformation.

Voici par exemple la composition des chipolatas Happyvore (ex-les Nouveaux Fermiers) : 

eau, huile de tournesol, protéines de pois, protéines de fèves, stabilisant : méthylcellulose, herbes aromatiques (dont herbes de Provence 0,6%), épices, fibres végétales, extraits d’épices (extraits d’oignons), vinaigre, amidon de pomme de terre, arômes naturels, maltodextrine, colorant : extrait de betterave rouge, antioxydant : extrait de romarin, enveloppe végétale : alginate de calcium comme gélifiant.

Ce n’est pas de la nourriture de qualité, mais un produit ultra-transformé qui ne vaut pas mieux que ce que l’on peut trouver à McDonald’s ou Burger King. Quel est le problème dans ce cas ? Et bien tout simplement que cela n’a rien de naturel.

L’organisme a prévu pendant des millions d’années d’évolution une façon particulière d’assimiler les nutriments, qui sont combinés dans des formes complexes et particulières dans les aliments naturels (bien que déjà transformés par l’agriculture depuis des milliers d’années, mais sous une forme naturelle).

Les aliments ultra-transformés changent la donne, et chamboulent tout. Quand on ajoute de la maltodextrine par exemple dans des chipolatas Happyvore, on ajoute tout simplement des bombes de sucre.

Il s’agit d’une transformation chimique (hydrolyse) à partir de maïs, de riz, d’amidon de pomme de terre ou de blé pour obtenir une poudre blanche et insipide. Cela sert comme agent de texture pas cher pour les industriels.

Une tel matière fait littéralement exploser l’indice glycémique des aliments qu’elle compose. Autrement dit, le taux de sucre explose dans l’organisme, comme avec les sodas ou les burgers industriels.

Les dents sont attaquées, le surpoids arrive (car l’organisme se débarrasse rapidement du surplus de sucre en le transformant en graisse) et bien sûr, maladie de notre époque, cela favorise directement le diabète.

Ce n’est pas mieux pour le méthylcellulose, qui sert dans ce cas de stabilisant. C’est un additif alimentaire (code E461), mais ce n’est pas du tout de la nourriture ! Cela relève du bricolage industriel pour obtenir une texture : le produit est une modification chimique de la cellulose, le principal constituant du bois !

Rien de dangereux en soi d’après les autorités sanitaires, mais rien d’intelligent pour autant. Cela n’est pas digéré par l’organisme et fini directement à la selle, causant éventuellement au passage des ballonnements, des diarrhées, des obstructions intestinales ou autres désagréments intestinaux.

Et rien à voir avec les fibres alimentaires naturelles, qui elles sont utiles, et en tous cas correctement intégrées par l’organisme habitué à une nourriture saine et naturelle.

Ce genre d’horreurs industrielles sont très loin de la gastronomie. Ce n’est pas avec cela que la France deviendra vegan !

L’alimentation du futur sera saine et pleine de saveurs végétales, car une agriculture bien maîtrisée et tournée vers la nature a bien mieux à offrir que ces marchandises typiques du capitalisme moderne.

Les pois, les lentilles, les fèves, sont bien plus intéressants culturellement, sur le plan de la gastronomie et moralement que les fausses viandes « végétales », qui appartiennent déjà au passé, dans leur forme, dans leur goût, dans leur conception même.

Le Socialisme, ce n’est pas peindre en rouge les centrales nucléaires, les parkings, les zoos, le béton. Le Socialisme, ce n’est pas non plus le retour en arrière à un passé idéalisé. Le Socialisme, c’est une civilisation nouvelle qui se fonde sur les meilleures bases possibles à tous les niveaux pour l’humanité, en prenant le meilleur du passé et en dépassant le reste.

C’est ce que montre parfaitement l’échec de la « viande végétale ». On est soit une partie du problème, soit une partie de la solution !

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Écologie

En Chine, l’usine de l’horreur

L’humanité persiste à basculer dans l’horreur.

Touchée par une épidémie de fièvre porcine africaine (FPA) depuis 2019, la Chine a investi des millions d’euros pour la construction de gratte-ciels d’élevage monstrueux pouvant contenir 650 000 cochons sur 26 étages, afin de reconstituer son cheptel de porcs et garder sa place de premier producteur de viande porcine.

Si celui-ci était auparavant en grande majorité réparti sur des exploitations paysannes, la filière chinoise prend un virage entièrement industriel sur le modèle européen. Un modèle porté à son paroxysme dans la négation de la vie des animaux et sans aucune garantie d’être épargné par l’épidémie qui continue à se répandre dans le monde.

L’immeuble-usine est ainsi climatisé à chaque étage pour aérer les salles, de la même manière que chaque porc verra sa température suivie à la trace numérique afin de détecter au plus vite tout cas de fièvre porcine. Avec ces immeubles-usines, on est dans le pire du capitalisme avec sa mentalité infâme qui veut qu’on pourrait « produire » de la matière vivante comme bon nous semble, sans se soucier d’aucune sensibilité.

Les épidémiologistes annonçaient en 2019 qu’un quart du cheptel mondial pourrait être menacé, la chine ayant sur son sol 400 millions de porcs destinés à la consommation et à l’exportation, c’est près de 100 millions d’individus en moins que la filière cherche à compenser dans ces élevages hyper-concentrés. L’idée est de garder les animaux confinés pour défier le virus et ainsi préserver le marché de la viande porcine.

Même si les cas se multiplient en Europe, la France a vu ses exportations vers la Chine augmenter de 55 %. À ce titre la coopérative agricole et agroalimentaire du Grand Ouest revendique être passée de 70 000 tonnes de porc exportée vers la Chine en 2020 à 85 000 en 2021. En 2021 également, un accord a été signé entre la Chine et la France pour pouvoir continuer ces exportations même si un élevage en France venait à être touché par la FPA.

Rien que cela montre à quel point mentent tous ceux qui parlent d’avancées pour les animaux puisque de grandes entreprises proposent des gammes de nourriture végétale… Au contraire, les animaux subissent une situation toujours plus infâme, toujours plus dégradante, toujours plus insoutenable.

Tout est fait pour que les choses continuent comme si de rien était, tant en France qu’en Chine alors que de nombreux rapports pointent la responsabilité de la concentration de l’élevage associé à la déforestation comme source des zoonoses.

Notons que dans le cas de ces « porcheries gratte-ciel » on se trouve à Ezhou non loin de Wuhan. Une ville à l’expansion galopante, mordant sur les forêts alentours et où la proximité entre animaux d’élevage et animaux sauvages a été pointée dans le cadre du covid-19. Bref, l’Humanité n’a décidément aucune envie d’apprendre de ses erreurs, pire elle persiste à basculer dans l’horreur.

Le seul moyen de sortir du cercle vicieux menant aux pandémies et aux ignobles abattages préventifs d’animaux d’élevage, c’est évidemment d’arrêter la consommation d’animaux et de produits d’origine animale. Non seulement parce que c’est ignoble moralement de considérer des animaux comme des objets-marchandises, mais aussi parce que les épidémies de zoonose en sont le revers tout comme les émissions de gaz à effets de serre.

Que de telles choses soient encore possibles en 2022 révèle bien que l’Humanité a besoin d’une grande vague morale qui soit en mesure de la purifier de toutes les horreurs qu’elle commet…

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Société

L’interdiction des sels nitrités pose la question d’une nouvelle alimentation

Les sels nitrités sont une catastrophe sanitaire qui doivent poser la question plus générale d’une nouvelle alimentation.

Début février, une proposition de loi va être soumise à l’Assemblée nationale visant à interdire l’utilisation de nitrates et des nitrites dans l’alimentation, à l’horizon de quelques années mais déjà avec un arrêt immédiat dans les écoles.

Initiée par le député Modem du Loiret Richard Ramos, cette loi se veut une mesure sanitaire contre la survenue des cancers digestifs. On sait que ces cancers sont favorisés par la consommation de charcuteries qui contiennent des sels nitrités.

Le problème n’est d’ailleurs pas tant les sels nitrités, qui se composent de 99, 4 % de sels de cuisine et de 0,6 % de nitrite de sodium ou de nitrite de potassium, mais leur réaction chimique au contact du fer naturellement présent dans la viande lors du processus (acide) de la digestion. A ce moment, les sels nitrités se transforment avec un pouvoir oxydant qui provoque une inflammation, avec à long termes des risques de développement de cancers du colon, de l’estomac ou du rectum.

C’est d’ailleurs pour cela que la charcuterie est, avec l’alcool et les produits de salaison, l’un des seul aliment classé dans le « groupe 1 » par l’OMS et le Centre internationale de recherche sur le cancer (Circ), c’est-à-dire cancérigène avéré pour l’homme.

Lors d’audition parlementaire, Denis Corpet, spécialiste dans la prévention des cancers, a parlé des nitrites comme d’un « poison » à bannir de toute urgence. Cela d’autant plus qu’en France, il y a un une consommation massive de charcuterie, ayant pour conséquence le fait que le cancer du colon est le second cancer le plus fréquent, après celui du poumon.

L’omniprésence des sels nitrités dans les salaisons et la charcuterie pose donc la question de l’agrobusiness de la viande, et particulièrement de celle de porc. A ce niveau, l’industrie française est leader mondial, notamment en Bretagne avec des géants de la production de porc. Troisième « producteur » de l’Union européenne, la France a abattu 23,5 millions de porcs en 2019.

C’est un chiffre énorme, un massacre industrialisé qui en dit long. Comment une société qui regarde cela avec indifférence peut-elle prétendre se préoccuper du sort de la planète ? Il y a ici un antagonisme complet entre deux visions du monde. On ne peut pas dire qu’on accepte la destruction en masse, la tuerie en masse, et en même temps qu’on veut protéger la planète. C’est incompatible.

D’autant plus que dans le capitalisme, on parle de « productions » formées à partir de montagnes de cadavres qu’il faut bien pouvoir écouler le plus vite possible, tout en maintenant la possibilité de consommation le plus longtemps possible. Et c’est là qu’interviennent les sels nitrités, car cet additif permet justement, pour un coût moindre, de conserver des viandes plus longtemps avec moins de chair utilisée (les sels nitrités font de la rétention d’eau).

Les sels nitrités, ce sont aussi ces additifs qui rendent le jambon à la couleur très rose, « appétissante », comme le justifie l’agrobusiness qui ajoute que, sans eux, la viande serait grise, voire verdâtre. Ce qui est vrai puisque l’on parle ici de parties d’animaux en décomposition, avec des additifs visant à bloquer un processus naturel.

D’ailleurs, ces additifs ont commencé initialement à être utilisés comme agent anti-infectieux, dans le cadre de la conservation de la viande, à une époque où le système de réfrigération n’étaient pas celui d’aujourd’hui.

Et dans le capitalisme, ce sont les classes populaires, à côté des animaux bien sûr, qui paient le prix de cette production alimentaire au rabais. Dans la proposition de loi qui va être soumis au débat à l’Assemblée nationale, il est remarqué de manière juste la chose suivante :

Il y a quelques décennies, les pauvres mangeaient des légumes et les riches de la viande, cette tendance s’est donc inversée. Qui plus est, les foyers modestes mangent de la charcuterie de moindre qualité.

Cela montre à quel point le capitalisme produit une société qui déborde de richesses, déborde de capacités productives, mais les utilisent de manière mortifère. Il y a un nombre d’animaux abattus supérieurs à la réalité de la consommation, trop de viande à écouler et pour le faire dans des conditions de profitabilité capitaliste, il est forcé d’en passer par des tas d’ajouts chimiques afin de maintenir la possibilité de vendre, ou bien de trouver de nouveaux marchés, de nouveaux types de consommation, etc.

A l’évidence, à l’instar de la généralisation du Nutriscore, l’interdiction des sels nitrités seraient une bonne chose, allant dans le sens d’une préservation de la santé de tous.

Mais l’on voit bien que le problème de fond, c’est le trop-plein de viande, un problème quantitatif qui ne peut être vraiment réglé à coup de réglementation, mais par l’élaboration d’une nouvelle alimentation, supérieure. Une alimentation qui doit devenir à 100 % végétale et biologique, afin d’éviter au maximum les aliments ultra-transformés et composés d’additifs, et pour cesser de maintenir une consommation forcenée sur la base d’une destruction industrialisée.

Le capitalisme a tout faux, dans le fond comme dans la forme.

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Société

De simples menus «sans viandes» à Lyon horripilent la vieille France

La vieille France, qu’elle soit de droite ou qu’elle s’imagine de gauche, fait toute une histoire pour de simples menus temporairement « sans viande » dans les cantines lyonnaises. Cela en dit long sur l’arriération des mentalités de notre pays.

La mairie EELV de Lyon prend prétexte de la crise sanitaire pour distribuer des menus « sans viande » dans les cantines scolaires. On pourrait imaginer qu’il y a en arrière plan une motivation environnementale, mais ce n’est pas assumé. La mairie se cache derrière de prétendues contraintes techniques, avec l’idée « d’accélérer le service » pour « accueillir tous les enfants » dans le cadre d’un nouveau protocole sanitaire.

D’autant plus que la mairie explique qu’il ne s’agit surtout pas de menus volontairement « végétariens », et que d’ailleurs il y aura du poisson ou des œufs, que tout cela n’est que temporaires, etc.

C’est, du point de vue de la question animale, totalement incohérent. Soit on se passe de produits d’origine animale et on l’assume, soit on ne le fait pas. Ce qu’il y a entre les deux ne rime à rien et culturellement une telle incohérence prête le flanc à une démolition en règle par le conservatisme.

Pourquoi ? Parce que tout pas en avant est déjà de trop pour une France arriérée qui n’a comme idéal que les « 30 glorieuses » du capitalisme, où justement la viande et le lait ont été imposés en masse dans l’alimentation des Français. Les cantines scolaires ont justement été un endroit clef de ce dispositif idéologique et culturel visant à faire de la viande et du lait une norme, avec un prétendu équilibre alimentaire allant avec.

La France est tellement empiété dans cette arriération que, si l’on en croit les recommandations sanitaires officielles, il serait même impossible d’être végétalien et vivant !

Le contenu du BTS diététique, par exemple, qui dispense tout un référentiel pour un prétendu équilibre alimentaire, celui-là même qui est imposée aux cantines scolaires (avec des menus supervisés par les infirmières), est incapable d’expliquer pourquoi des gens peuvent être végétalien et en bonne santé !

Il y a pourtant des centaines de milliers de vegans dans le monde, des sportifs de haut niveau, des gens qui sont nés vegan de parents vegan. Mais pour la France, ces gens n’existent pas ! Alors, quand une mairie fait des menus « sans viande », la vieille France monte au créneau et s’insurge.

Le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie est lui-même intervenu, rappelant qu’il était également ministre de l’alimentation. Il a expliqué comment il comptait saisir le Préfet pour obliger à servir de la viande, avec au passage tout un cinéma sur les « cantines de la République » devant servir de la viande. Il n’hésite pas à raconter n’importe quoi en prétendant qu’il serait « aberrant » d’un point de vue nutritionnel de ne pas servir de viande, ou encore que ce serait une injustice sociale.

« Je suis ministre de l’Agriculture et de l’alimentation. D’un point de vue nutritionnel, c’est aberrant d’arrêter de servir de la viande dans toutes les cantines de la République.

D’un point de vue social aussi, c’est une honte, car c’est toujours une écologie de l’entre soi où à chaque fois ce sont les plus fragiles qui n’ont pas forcément accès à des repas équilibrés qui sont fragilisés. »

Comme si en 2021 on ne savait pas que la viande n’est pas utile à l’équilibre alimentaire ! Et comme si dans la France opulente de 2021, de par sa société de consommation, on en était à ce que des familles modestes soient « privées » de viande !

Mais la Droite n’est pas la seule à s’insurger ainsi. On a par exemple les JRCF, l’organisation de « jeunesse » liée au PRCF, une structure dont le but est le retour à un PCF des années Thorez, des années 1960, qui fait le même cinéma lamentable sur Twitter :

« Fascinant ce débat sur la #viande ! Maintenant, le progrès consiste à priver des milliers d’enfants de la seule viande qu’ils pourront manger au nom de l’idéologie #écologiste ! Ces individus sont un des grands piliers du Capitalisme. #EELV

Avec leurs discours ils participent au cirque médiatique auquel se prête également la droite fascisante (qui ose se prétendre anti-système). Ils vocifèrent 2 visions du capitalisme, l’un avec un maquillage #vert, l’autre brun, mais en aucun cas ils offrent une réelle solution!

Il faut pouvoir assurer à nos enfants (ainsi qu’au reste de la population) une alimentation saine et de bonne qualité. Ils doivent avoir accès à de la viande et surtout à de la viande digne de ce nom.

Il est inadmissible que dans pays comme le nôtre le principal repas pour certain soit dans les #CantinesScolaires. Il est inadmissible que des milliers de français fassent la queue afin de se nourrir.

Face à un pouvoir capitaliste qui n’a aucunement comme priorité l’intérêt de ceux qui font vivre jour après jour notre Nation, et face aux fausses alternatives que représentent la droite fascisante et cette « gauche », il est urgent de faire renaître une alternative populaire! »

On voit ici à quel point la Droite dispose d’une assise immense dans le pays, comment elle est capable idéologiquement de tout écraser en un rien de temps. Un simple menu « sans viande » anecdotique provoque un tollé et se fait balayer d’un revers de main.

Le capitalisme s’est bien ancré dans les esprits.

C’est pourquoi on ne pourra échapper à une révolution en profondeur sur le plan des mœurs, des mentalités, de la culture, pour balayer le vieux monde. Mais il ne peut y avoir de réels changements que s’ils sont démocratiques, portée à la base par la population voulant réellement changer les choses, améliorer le monde, faire la révolution.

Et ces changements doivent être clairs, entiers. En tronquant la question animale, les bobos tentent d’en nier la signification historique. Il appartient à la Gauche de porter haut et fièrement le drapeau du futur, celui qui célèbre la nature et la compassion pour les animaux. Il faut forger une génération d’enfants qui refuseront de manger de la viande dans les cantines, cette horreur du passé, cette horreur de la vieille France !

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Société

Covid-19: une campagne britannique contre le surpoids

Le gouvernement du Royaume-Uni a présenté ce lundi 27 juillet 2020 une grande campagne contre le surpoids et l’obésité, facteur de risque important dans le cadre du covid-19. C’est un événement majeur pour la société britannique, montrant à quel point la crise sanitaire en cours bouleverse profondément le monde.

Le covid-19 n’est pas simplement une maladie de plus, relevant d’une sorte de fatalité naturelle. C’est le produit de tout un système et du mode de vie allant avec. L’alimentation de mauvaise qualité responsable du surpoids relève directement de ce mode de vie conforme au capitalisme… et favorable à l’expression de formes sévères du covid-19.

Cela avait été un phénomène flagrant au plus fort de la crise sanitaire : les personnes en réanimation étaient essentiellement des gens en surpoids (hormis d’autres types de maladie ou bien la fragilité inhérente à la vieillesse).

En France, cette information est au fond très peu connue, car le sujet du surpoids et de la mauvaise alimentation est relativement taboue. Ce n’est pas le cas aux Royaume-Uni, pour des raisons culturelles.

Comme aux États-Unis, il y a un paradoxe énorme dans le pays : dans les centre-villes, et surtout à Londres, on peut manger pratiquement la nourriture la plus saine du monde, quasiment à tous les coins de rue, pour pas cher et souvent sans viande. Pour les classes populaires vivant en dehors par contre, l’alimentation est d’une qualité pitoyable, provoquant un surpoids généralisé, qui engendre une épidémie massive d’obésité à des degrés particulièrement alarmants.

À peine entrés dans l’adolescence, ce sont déjà un enfant sur trois qui sont en surpoids ou carrément obèses dans le pays. En ce qui concerne les adultes, les chiffres sont dramatiques : 63% ne sont pas dans une situation saine vis-à-vis de leur poids et 28% sont carrément obèses.

Alors que la crise du covid-19 n’en finit plus, le sujet est donc particulièrement brûlant dans le pays. L’agence sanitaire a publié samedi 25 juillet 2020 une étude affirmant que les obèses ont 40 % de risques supplémentaires de mourir de la maladie.

Une grande campagne « better health » (meilleur santé)  a donc été lancée et elle est radicale.

Toute publicité pour la malbouffe est interdite (y compris sur internet) avant 21h pour préserver les enfants, le nombre de calories des repas (qui n’est pas forcément un bon indicateur par ailleurs) doit être rendu public pour toutes les grandes enseignes de restauration, les supermarchés n’ont plus le droit de faire des promotions sur aliments considérés comme de mauvaise qualité. Autrement dit, il est dorénavant interdit de présenter des friandises ou des sodas devant les caisses au supermarché.

C’est un changement extrêmement profond, qui en dit très long sur la catastrophe sanitaire en cours, d’autant plus que la mesure est prise par un gouvernement censé être favorable avant tout au business. Rien que pour les friandises aux caisses, il faut bien voir que cela change drastiquement l’organisation de nombreux magasins où l’on fait pour ainsi dire la queue à la caisse au milieu d’un rayon friandises…

En arrière-plan, il y a la situation personnelle du premier ministre, en soins intensifs après avoir été touché par le covid-19, qui impute régulièrement son hospitalisation à son surpoids. Il a failli mourir (après avoir relativisé honteusement la pandémie pendant des semaines) et cela a provoqué un électrochoc dans le pays.

En 2019 encore, Boris Johnson avait affirmé qu’il reviendrait sur la taxe « boissons sucrées » d’avril 2018. En juillet 2020 finalement, son gouvernement a mis en place un plan massif estimé à 10 millions de livres sterling pour lutter contre le surpoids et la mauvaise nourriture. Le symbole est très fort.

Cela n’a rien d’anecdotique, cela prouve à quel point le monde n’est plus le même, à quel point la situation a changé dans tous les domaines, en profondeur, augurant des bouleversements sociaux-culturels majeurs dans les temps à venir.

L’obésité et le surpoids dans les classes populaires sont une horreur du 20e siècle, produites par un capitalisme soumettant chaque moment de la vie aux profits des grandes entreprises. Mais la vie se révolte, et elle est de plus antagonique avec le capitalisme. Le capitalisme lui-même le constate, mais il ne peut pas se rebeller contre lui-même…

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Société

Des scientifiques belges contestent l’avis de l’Académie royale de médecine de Belgique sur les dangers du végétalisme

Au printemps dernier, la prise de position de l’Académie royale de médecine de Belgique contre le végétalisme chez les femmes enceintes et allaitantes ainsi que chez les enfants avait provoqué quelques remous, tellement cela relevait de la propagande ouverte contre les vegans et pas de l’argumentation scientifique. Des professionnels de la santé et docteurs en sciences se sont alors réunis autour d’une position commune, afin de contredire l’institution.

Des médecins belges ont formé un collectif suite à la publication de l’Académie royale de médecine de Belgique. Les docteurs Lamprini Risos, cardiologue préventive à l’hôpital Erasme et Catherine Devillers, médecin nutritionniste et rédactrice scientifique au Centre Belge d’Information Pharmacothérapeutique à titre privé, ont alors produit une analyse critique très approfondie, venant selon leurs mots « contredire les conclusions alarmistes de l’académie ».

Dans un communiqué, il est expliqué ni plus ni moins que « l’avis est infondé » et qu’il « relève d’une désinformation » :

« Des médecins belges se sont rassemblés pour répondre à l’ARMB. Ils ont analysé une par une les études dont celle-ci s’était inspirée dans deux rapports successifs à charge contre le végétalisme.

Leur constat: les sources citées par l’académie, parfois hors sujet, contredisent ses propres conclusions. Parmi plus de 40 références, seules deux sources allemandes, plus réservées, incitent à la prudence et au suivi régulier des patients végétaliens. En revanche, les autres sources citées par l’ARMB concluent qu’une alimentation végétalienne bien planifiée et équilibrée est bénéfique pour la santé à tous les stades de la vie. »

On ne sera pas étonné qu’un conflit d’intérêts ait été remarqué, avec 4 membres de la commission ayant rédigé cet avis « liés à l’industrie laitière (Danone et Nestlé) ».

Un long rapport a été produit, ainsi qu’une version plus courte destinée au grand public, que nous publions ci-dessous. Cette réponse à l’institution belge a été signée par plus de cent professionnels de la santé et docteurs en sciences, issus de 13 pays différents. C’est une contribution très importante au débat démocratique sur la question du végétalisme, contre les tentatives de désinformation.

(Les informations sont également disponibles en anglais et en néerlandais).

Réponse à l’Académie Royale de Médecine de Belgique : version courte

« Nous, professionnels de la santé (médecins, chirurgiens, dentistes, diététiciens, docteurs en sciences), avons souhaité réagir au récent avis de l’Académie Royale de Médecine de Belgique (ARMB) qui proscrit l’alimentation végétale exclusive (végétalienne ou végane) chez les femmes enceintes, allaitantes, les enfants et adolescents.

Nous leur avons adressé une longue réponse que nous souhaitons transmettre au grand public de façon plus succincte. Les alimentations végétariennes (excluant les chairs animales) et végétaliennes (excluant aussi les produits laitiers, les œufs, le miel) sont en augmentation en Belgique et partout dans le monde pour des raisons éthiques, écologiques et sanitaires. Par leur caractère récent chez nous, elles suscitent des inquiétudes auprès du grand public et des professionnels de la santé. Cependant, elles sont bien mieux connues à l’étranger, notamment dans les pays anglo-saxons qui les ont intégrées dans leurs recommandations nutritionnelles.

L’ARMB a émis deux avis datant de juin 2018 (paru dans la presse en mai 2019) et de juin 2019. Elle invoque des carences systématiques sans apporter d’argument scientifique valable pour soutenir cette affirmation. Nous avons minutieusement analysé les sources utilisées pour ces deux avis et nous estimons sa position incompréhensible.

Aucune des sources citées ne proscrit l’alimentation végétale. Depuis des décennies, de nombreuses publications comparant l’alimentation végétale au régime omnivore chez les adultes sont rassurantes et même encourageantes. Ce type d’alimentation est associé à des effets positifs sur divers paramètres cliniques et biologiques reconnus comme facteurs de risque des maladies cardiovasculaires et des cancers, premiers contributeurs à la mortalité globale à l’échelle mondiale. Les végétaliens souffrent moins d’obésité, ont une meilleure tension artérielle, moins de «mauvais» cholestérol, moins d’insulinorésistance (diabète).

Chez les enfants et les femmes enceintes ou allaitantes en particulier, nous citons de nombreuses recommandations (américaines, anglaises, australiennes, portugaises, israéliennes, italiennes, canadiennes) qui peuvent être résumées en reprenant les mots de l’AND (Academy of Nutrition and Dietetics) américaine, organisme fort de 67 000 professionnels faisant autorité dans le domaine de la nutrition.

Son avis est le suivant: «Les alimentations végétariennes (y compris végétaliennes) bien menées sont adaptées à tous les stades de la vie, notamment aux femmes enceintes, aux femmes qui allaitent, aux nourrissons, aux enfants, aux adolescents ainsi qu’aux sportifs.» Les recommandations britanniques précisent qu’il n’y a pas d’âge minimum pour une alimentation végétalienne. Nous rappelons que de 0 à 6 mois, l’allaitement maternel doit être privilégié et fortement encouragé. Ces recommandations insistent sur une information correcte des professionnels de santé auprès des personnes et des parents qui souhaitent adopter ce type d’alimentation.

Les publications scientifiques les plus récentes précisent qu’aucune étude sur le végétalisme n’a montré de risque pour la santé ni de malformations néonatales. Elles ont même mis en évidence certains bénéfices: moindre gain pondéral pour la mère durant la grossesse, réduction du risque de prééclampsie et d’accouchement prématuré. Notre réponse à l’ARMB est motivée par le souci d’une information scientifique rigoureuse et à jour, et par la nécessité d’informer correctement le grand public en-dehors de tout intérêt financier. Aucun de nos cosignataires (belge ou étranger) n’a de lien financier avec l’industrie agroalimentaire ou pharmaceutique. Nous regrettons que le rapport de l’ARMB ne mentionne pas les conflits d’intérêts de ses experts. Sur les 8 membres de la commission qui ont rédigé cet avis, 4 sont liés à l’industrie laitière (Danone et Nestlé).

En 2015, le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) a classé la viande transformée comme cancérogène et la viande rouge comme cancérogène probable. Il semble dès lors logique de vouloir l’exclure de son alimentation. Plus récemment, le Canada a retiré les produits laitiers des aliments dits indispensables. Nous rappelons aussi que nous faisons face à une épidémie d’obésité infantile aux conséquences graves et avérées: morbi-mortalité cardiovasculaire et par cancers.

Il est de notre devoir de professionnels de la santé de prendre toutes les mesures nécessaires pour promouvoir une alimentation saine dès le plus jeune âge. Pointer systématiquement du doigt une alimentation végétale pour laquelle, jusqu’à présent, nous n’avons aucune preuve de risque, mais au contraire de nombreux indices de bienfaits, correspond à de la désinformation. En cas d’alimentation végétalienne, il faut veiller à des apports suffisants, quotidiens et variés en fruits, légumes, céréales, légumineuses et oléagineux. Les oléagineux sont des sources de graisses non saturées saines et peuvent se consommer sous forme de graines, noix (pâtes d’oléagineux chez les jeunes enfants) ou huiles.

Chez les tout-petits, il faut veiller à augmenter progressivement la quantité de fibres dans l’alimentation. Une alimentation exclusivement à base de plantes nécessite à tous les âges une supplémentation en vitamine B12 et en vitamine D (la supplémentation en vitamine D est également recommandée en cas d’alimentation omnivore). Une carence en nutriments n’est à craindre que si l’on exclut intentionnellement de son alimentation un groupe alimentaire. Une alimentation équilibrée, variée, et contenant le plus possible d’aliments non-transformés apportera tous les nutriments nécessaires.

Quelques exemples de sources pour certains nutriments: les noix, les graines de lin et les huiles qui en sont dérivées sont de bonnes sources d’omega-3. Le calcium est présent en abondance dans les légumes à feuilles vertes, les graines de sésame et l’eau minérale. Les céréales et les légumineuses sont riches en fer et en protéines. Les modes de préparation (trempage, fermentation, germination) et de cuisson (vapeur) des végétaux permettent une meilleure assimilation des différents nutriments.

La carence en protéines dans notre pays n’est pas un problème si l’on consomme suffisamment de calories de sources végétales diverses. Nous espérons, par ces éclaircissements, rétablir une vérité scientifique actuelle et bien référencée, rassurer les professionnels de l’enfance et les parents, mais aussi encourager la formation en nutrition des divers corps de métiers de notre système de soins de santé. »

CONTACTS PRESSE Pour plus d’informations concernant les auteurs et cosignataires ainsi que les références mentionnées dans notre publication : Lamprini Risos, cardiologue préventive à l’hôpital Erasme T 0486 59 00 26 lamprini.risos@hotmail.com

Catherine Devillers, médecin nutritionniste et rédactrice scientifique au Centre Belge d’Information Pharmacothérapeutique T 0493 56 85 10 catherine.devillers76@gmail.com

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Rapport entre les classes Société

L’évolution de la figure du livreur «Deliveroo» dans les grandes métropoles

Le livreur « Deliveroo », du nom de la principale plateforme de livraison de plat à domicile, est devenu une figure incontournable du centre-ville des grandes métropoles. Elle a cependant très vite évoluée, passant en quelques années d’une image très moderne et branchée à ce qu’il y a de plus terrible en termes d’exploitation capitaliste.

Il y a quelques années, cinq ans peut-être, Deliveroo se payait des livreurs-ambassadeurs pour promouvoir sa plateforme. C’était des jeunes, forcément branchés, avec du style sur le vélo, de préférence en pignon-fixe, si possible brakeless (sans frein). Ceux-ci recrutaient dans leur entourage en promouvant des conditions de travail et de rémunération attrayantes pour de jeunes urbains au mode de vie libéral. Être payé à faire du vélo en ville en choisissant ses horaires à la carte, sans un chef sur le dos et en pouvant partir en vacances quand on veut : le rêve ! C’est en tous cas ce que se sont dit de nombreux jeunes dont beaucoup d’étudiants et il y a eu un afflux pour ce nouveau job.

Le petit-bourgeois urbain, trop content d’avoir une nouvelle application à utiliser sur son iphone, a lui aussi pleinement répondu à l’appel. Il s’est mis à commander des hamburgers végétariens ou un petit plat asiatique très sympa, sans bouger de chez lui.

Les livreurs étaient un peu des copains, ou s’ils ne l’étaient pas, ils auraient très bien pu l’être, car ils avaient toujours l’air cool et ils avaient du style. D’ailleurs, cela payait relativement bien à ce moment d’être livreur par rapport à d’autres jobs. Il y avait une rémunération fixe qui était majorée à chaque livraison et même une petite prime les jours de pluie.

Rapidement cependant, on a vu apparaître des livreurs d’un tout autre style. C’était ce trentenaire un peu perdu, lassé de l’intérim, qui a ressorti son vieux VTT pour essayer un job qui a l’air moins ennuyeux. Ou encore cette étudiante fraîchement arrivée de la campagne, un peu perdue dans la grande ville où elle n’a pas eu le temps de trouver mieux. Elle aussi avait un VTT et c’est là quelque-chose de très marquant : les urbains branchés portent en horreur ce VTT qui n’a rien à faire en ville, symbole du périurbain, de gens pas hype.

Forcément, le livreur n’est alors plus un pote, juste un prestataire lambda à qui ont fait appel par habitude. On a vite pris cette habitude. Le profil des clients a changé aussi puisqu’il s’est élargi, comme c’était prévu. Le livreur en VTT a de plus en plus livré des plats basiques, le plus souvent froids et renversés dans le sac, à monsieur et madame tout le monde.

Les livreurs-ambassadeurs sont en général passés à autre chose. Il faut dire que les conditions de rémunération des plateformes se sont dégradées, petit à petit. Il a fallu se connecter chaque semaine à une heure très précise sur le serveur pour avoir la chance d’obtenir les créneaux de livraison les plus intéressants, tellement il y a de monde. Il n’y a plus de rémunération fixe. Depuis quelques mois, les livraisons courtes sont même encore moins bien payées.

Une poignée d’« historiques » tentent de s’organiser contre cela, ou plutôt s’imaginent pouvoir peser en s’y opposant. On a entendu parler de quelques « grèves » cet été, bien relayées par la presse, probablement parce que les journalistes sont eux-mêmes des grands clients de ces plateformes.

Cela ne représente cependant rien du tout face à la grande machinerie que sont devenues ces plateformes. Déjà, parce qu’on ne peut pas vraiment faire grève quand on a soi-même accepté de devenir auto-entrepreneur à la base. Mais surtout, car il y a des dizaines et des dizaines d’autres livreurs qui acceptent ces nouvelles conditions.

Tout le monde l’a remarqué tellement c’est flagrant : le profil des livreurs a bien changé ces deux dernières années, d’abord à Paris puis maintenant dans toutes les villes. Ils sont de plus en plus des immigrés fraîchement arrivés, dans des situations très précaires.

Quelques jeunes prolétaires de banlieue ont également rejoint le cortège des livreurs, mais en scooter par contre, avec l’idée de pouvoir optimiser bien plus les livraisons par la vitesse. C’est complètement absurde, car l’amortissement d’un scooter (complètement à sa charge) rend vraiment ridicule la possibilité de rémunération avec ce travail dans ces conditions. Mais ce n’est qu’une absurdité de plus dans la folie des grandes métropoles.

En quelques années, la figure du livreur « Deliveroo » a complètement changé. C’était un jeune urbain branché, faisant quelque-chose ayant l’air moderne et sympa. C’est maintenant un africain sans-papier sur un vélo en piteux état, qui sous-loue le compte de quelqu’un d’autre s’octroyant une partie de sa rémunération. C’est quasiment de l’esclavage, c’est absolument ignoble et tout le monde le sait. Mais tout le monde s’en fiche, ou prétend ne pas le savoir.

Les restaurants eux aussi sont devenu complètement dépendant de ces plateformes, qui changent totalement la nature de leur travail le rendant de plus en plus industriel. Le comble de l’horreur en ce domaine consiste même, à Paris, en des entrepôts en banlieue pour des restaurants uniquement dédiés à la production de plats pour la livraison via ces plateformes.

Voilà à quoi ressemble aujourd’hui la pseudo-modernité dans les grandes métropoles. C’est du capitalisme, toujours plus de capitalisme et encore plus de capitalisme, partout, tout le temps…

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Société

Et maintenant on mange quoi ? de Christophe Brusset

Le livre Et maintenant on mange quoi ? de Christophe Brusset entend dénoncer de l’intérieur les agissements de l’agro-industrie capitaliste qui tend à abaisser la qualité de la nourriture et empoisonner les consommateurs pour maximiser ses profits.

« Ce qui me choque le plus, ce n’est pas que des industriels avides nous fassent manger des crottes de rats ou des asticots de temps en temps, car cela n’aura finalement aucune incidence sur notre santé. Non, ce qui me révolte véritablement c’est qu’on légalise l’empoisonnement collectif uniquement pour assurer les profits de multinationales déjà très riches et hyperpuissantes. »

L’ouvrage de Christophe Brusset est un témoignage convainquant, venant de l’intérieur du système qu’il dénonce. Ancien acheteur dans l’alimentaire, il relève de nombreuses anecdotes présentées comme typiques et donne quelques conseils pour éviter les pires aliments. C’est une volonté démocratique qui est affichée par l’auteur, celle d’un « repenti » qui entend informer le grand public.

Y sont expliquées dans le détail tout un tas de pratiques visant à contourner les réglementations ou désorienter les consommateurs, ainsi que de nombreuses réglementations qui ne protègent pas suffisamment, voir autorisent des choses dangereuses.

Ce qu’on apprend dans son livre n’est pas malheureusement pas étonnant, c’est tout à fait conforme à la logique même du capitalisme. Il y a cependant quelque-chose de saisissant à découvrir certaines pratiques dans le détail, car il est parfois difficile d’imaginer que les choses vont aussi loin.

La plupart de ce qu’il dénonce n’est pas vraiment illégal, et c’est cela qui est le plus consternant. Il est en fait très difficile de savoir vraiment ce que l’on mange avec la nourriture industrielle. Par exemple, sur un emballage, s’il est marqué qu’un produit est fabriqué en France, rien n’indique l’origine des aliments qui le composent. Ainsi, une grande partie de la production agricole mondiale vient de Chine et beaucoup de ces aliments sont donc incorporés dans les produits industriels ici. Ce sont par exemple des tomates de très mauvaise qualité et produites avec l’usage de nombreux pesticides, sans qu’on n’en sache rien.

S’il existe des normes, par exemple pour les pesticides, il y a en fait très peu de contrôles et ceux-ci se basent souvent de toutes façons seulement sur des certificats qui peuvent facilement être falsifiés. On a en fait tout un système, qui fonctionne à l’échelle mondiale, et qui dispose d’usages et d’astuces pour contourner les règles, qui ne sont de toutes manière pas très protectrices.

À cela s’ajoute le fait que les industriels ont énormément de stratégies pour réduire le coût de leurs marchandises tout en favorisant les ventes. C’est-à-dire que même dans le cadre strictement légal, la qualité des produits alimentaires est de moins en moins bonne en raison de l’impérieuse nécessité de l’élargissement des profits.

Il en va de même pour la santé, qui est de plus en plus malmenée par l’agro-industrie capitaliste pour les mêmes raisons, qui sont directement liées. Il faut penser bien sûr à tout un tas d’additifs, comme des conservateurs qui permettent de garder plus longtemps pour vendre plus facilement, des agents de texture pour rendre un produit addictif, des colorants pour masquer des ingrédients de mauvaise qualité, etc. Ceux-ci, pris isolément et en faible quantité sont présentés comme inoffensifs, mais ils sont en fait systématiques et leurs effets s’additionnent et peuvent se mutualiser.

La question de la malbouffe est très connue, avec notamment produits très sucrés et très gras, addictifs et très nocifs, mais on aurait tort de penser que cela ne concerne que les fast-foods ou les sodas.

Christophe Brusset nous explique très bien dans Et maintenant on mange quoi ? qu’une grande majorité des restaurants ou des cantines scolaires ne sont pas épargnés par ce problème de la qualité de la nourriture, car les industriels ont totalement colonisé ces secteurs de telle manière qu’on n’y cuisine quasiment plus, ou alors que les aliments de base y sont de mauvaise qualité.

Les différents conseils donnés par l’auteur pour s’y retrouver dans ce chaos sont bien sûr très utiles afin d’y voir plus clair. Certains labels comme le « bio » permettent, normalement, de s’assurer une qualité certaine, sanitaire ou nutritive. Le meilleur moyen d’éviter les problèmes réside surtout dans l’achat à la base de produits locaux de bonne qualité qu’on cuisine soi-même, afin de véritablement savoir ce que l’on mange.

Il serait erroné cependant d’imaginer que la solution réside, comme le pense l’auteur, dans le choix de consommateurs qui aurait le pouvoir d’orienter la production. L’ensemble de son ouvrage montre au contraire à quel point l’agro-industrie capitaliste est puissante et piégée par sa logique propre. C’est donc la production elle-même qu’il faut changer, l’orienter dans un sens non-capitaliste, la destiner uniquement et unilatéralement à la satisfaction culturelle et sanitaire de la population en matière d’alimentation.

 

> Et maintenant on mange quoi ? de Christophe Brusset, paru en octobre 2018, est disponible aux éditions Flammarion. Cliquez sur l’image ci-dessous pour lire un extrait de l’ouvrage :

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Politique

Emmanuelle Wargon défendait cet été le lait infantile à l’huile de palme contre la nature

Dans une vidéo qui a beaucoup circulé, ont peut entendre la nouvelle secrétaire d’État à la transition écologique Emmanuelle Wargon défendre l’huile de palme cet été. Elle représentait alors les intérêts du groupe Danone dont le lait infantile est un produit phare, qu’il veut généraliser contre la pratique naturelle de l’allaitement.

Plus un produit alimentaire est transformé, plus il génère de plus-value et donc de bénéfices pour les industriels. Un groupe comme Danone vit précisément et particulièrement de cela.

Son rôle consiste à remplacer des produits simples par des produits transformés, très rentables. C’est pour cela que le groupe est implanté dans le secteur de l’eau, avec sa marque phare Evian. C’est pour cela aussi qu’il est très implanté dans le secteur du lait infantile. Emmanuelle Wargon a d’ailleurs été elle-même en charge de superviser la commercialisation du lait infantile en Afrique pour le groupe Danone.

On touche ici avec ces produits pour les nourrissons à quelque-chose de tout à fait dramatique et scandaleux d’un point de vue sanitaire. Ces produits sont présentés comme équivalents au lait maternel, ce qui n’est pas vrai, au moins pour la raison qu’ils ne contribuent pas efficacement au système immunitaire des nourrissons.

Une véritable politique de santé publique, libérée des intérêts privés, ferait largement la promotion de l’allaitement, voire interdirait les substituts avant un certain âge.

Même pour les femmes qui ont un empêchement sanitaire, il est tout à fait possible, et cela existe déjà en partie, de mettre en place une solidarité organisée cliniquement pour que d’autres femmes partagent leur excédent de lait maternel.

Seulement voilà, des grands groupes comme Danone existent et il en en va de leur propre existence de ne pas laisser des pratiques aussi simples et populaires. La nomination d’Emmanuelle Wargon auprès du Ministère de l’écologie est donc extrêmement significative de ce point de vue. C’est une expression de l’offensive gigantesque du capitalisme contre la Nature, ici par le biais de l’alimentation des nourrissons.

L’allaitement recule en France à mesure que des grands groupes comme Danone ou Lactalis accentuent leur emprise sur les nouveaux-nés. Les propos Emmanuelle Wargon défendant ouvertement l’huile de palme pour le lait infantile lors des rencontres économiques d’Aix-en-Provence en juillet 2018, vont pleinement dans ce sens :

« L’huile de palme, on en a besoin pour les laits infantiles. C’est l’un des produits essentiels pour les laits infantiles. Pourtant c’est un ingrédient qui fait l’objet de plus en plus de méfiance, à la fois pour des raisons environnementales, à cause des ravages que ça peu causer dans certaines parties du sud-est asiatique, et aussi pour une forme de défiance d’absence de naturalité. Et pourtant l’huile de palme est le meilleur ingrédient pour les laits infantiles et donc on en a besoin et on est tout à fait capable d’expliquer pourquoi. »

Au-delà du cynisme, puisqu’elle reconnaît ouvertement la destruction de la forêt tropicale indonésienne , on comprend qu’il y a ici un enjeu immense pour l’agro-industrie capitaliste. L’huile de palme est une matière première très intéressante commercialement pour de nombreuses entreprises qui n’envisagent aucunement de s’en passer.

Quand elle parle de « naturalité », il faut donc comprendre qu’elle attaque ici directement l’intérêt sanitaire des nourrissons, puisque le besoin naturel est celui du lait maternel, pas de substituts industriels.

Le mot « naturalité » est prononcé comme un euphémisme de manière prudente, mais il n’en est pas moins très violent quant à la négation de la réalité naturelle. Car si le lait de vache généralisé pour des bébés humains est bien sûr une absurdité en soi, personne ne peut croire qu’il faille absolument de l’huile de palme pour les nourrissons.

À moins justement de considérer que la nature est quelques choses de relatif et secondaire, et de critiquer la défense de la réalité naturelle comme relevant de la superstition, d’un point de vue qui serait arriéré ou réactionnaire de la part des classes populaires.

On voit ici d’ailleurs à quel point les discours postmodernes et ultralibéraux contre l’allaitement (qui serait un asservissement de la femme), pour la PMA, pour la GPA, etc., n’ont rien de Gauche, mais servent au contraire pleinement le capitalisme.

Il est significatif qu’il n’existe pas de statistiques précises au sujet de l’allaitement en France, alors que les observations montrent un recul de cette pratique depuis de nombreuses années, malgré les recommandations de l’Organisation mondiale pour la santé et toutes les connaissances à ce sujet.

C’est clairement la confiscation démocratique d’une question qui concerne pourtant l’essence de la vie, que les capitalistes veulent soumettre dès le premier jour.

Voici donc où l’on en est en France en 2018 sous la Présidence d’Emmanuelle Macron :

Emmanuelle Wargon a été nommée Secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire alors qu’elle assume ouvertement une critique de la nature ayant pour but de soumettre les nourrissons à une grande entreprise, ce partout dans le monde, et qu’elle défend l’huile de palme dont la production industrielle est l’une des choses la plus absurde et néfastes pour la planète.

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Politique

Nomination d’Emmanuelle Wargon de Danone : symbole de l’emprise de l’agro-industrie capitaliste sur l’alimentation des Français

La nouvelle secrétaire d’État auprès du ministre de l’écologie Emmanuelle Wargon a été pendant trois ans la directrice des affaires publiques de Danone, l’un des plus grands groupes mondiaux spécialisé dans les produits laitiers. Elle a représenté directement les intérêts de l’agro-industrie capitaliste contre les intérêts de la population.

Emmanuelle Wargon Danone

Les produits laitiers illustrent de manière effroyable l’emprise de l’agro-industrie capitaliste dans le quotidien alimentaire des Français. Inutiles à la base, néfastes à plusieurs égards , ils sont en fait partout, avec une image de produits sains voire indispensables pour la santé.

La communication de ce secteur est très intense. Il ne s’agit pas simplement de publicités commerciales, mais de toute une activité structurée et présentée comme scientifique, relayée par les autorités publiques. C’est ainsi que les cantines scolaires sont obligées de proposer chaque jour au moins un produit laitier aux enfants et aux adolescents, le plus souvent des yaourts, la spécialité de Danone.

Le secteur laitier de l’agro-industrie capitaliste impose ainsi littéralement ses produits, manipulant les opinions et façonnant les habitudes de manière profonde. Le rôle d’Emmanuelle Wargon chez Danone était justement de diriger cela, particulièrement en ce qui concerne les relations avec les pouvoirs publics.

Elle a par exemple géré le déploiement du Nutri-Score avec le ministère de la Santé. Ce référentiel censé évalué la valeur nutritionnelle d’un produit est typique des fausses mesures en faveur de la santé alimentaire. Sa destinée n’est autre que de maintenir la position dominante des grands groupes et leurs ventes de produits alimentaires hautement transformés. Il ne vise pas à informer la population mais à contrer les critiques de fond en classant les produits selon leur nocivité sur quelques critères restreints, ce qui contribue en définitive à promouvoir certains produits transformés un peu moins néfastes par rapports à d’autres qui sont pires.

Emmanuelle Wargon représente donc directement les intérêts capitalistes dans le domaine de l’alimentation. Sa nomination au Ministère de la transition écologique suscite alors de nombreuses critiques, tellement les manipulations dans ce secteur sont connues et reconnues. Mais elle assume cela, et s’imagine d’ailleurs très forte en ce domaine, comme c’est expliqué dans le Figaro :

«J’ai toujours eu un rôle de passeur entre les mondes. J’aime naviguer entre le privé et le public, faire comprendre aux uns qu’ils peuvent travailler avec les autres et débloquer les systèmes complexes».

Par « systèmes complexes », il faut bien sûr comprendre ici qu’il s’agit de toutes les manipulations et les mensonges de grands groupes comme Danone pour se maintenir et accroître leurs positions. La question des OGM est ici très brûlante, et ce n’est pas pour rien que l’extrait d’une vidéo montrant Emmanuelle Wargon les défendre ouvertement au nom de Danone lors des rencontres économiques d’Aix-en-Provence en juillet 2018, a largement circulé. Elle y dit :

« On a pas pris une position dogmatique sur les OGM parce que cette position dogmatique, ce serait un refus de l’innovation et un refus de la science. On a dit aux États-Unis l’agriculture issue des OGM est une agriculture extrêmement standardisée qui réduit très fortement la biodiversité et c’est la raison pour laquelle aux États-Unis on sortira des OGM, mais ça ne veut pas dire qu’on en sortira systématiquement. »

Ce discours mesuré, posé, est typique d’un grand groupe français qui se donne l’image d’une entreprise « durable », allant dans le sens de la santé et du bien commun. Le slogan sous le logo du groupe est ainsi « ONE PLANET. ONE HEALTH », qui signifie « une planète, une santé ».

Ce genre de communication dont Emmanuelle Wargon avait la charge depuis 2015 est largement utilisée par le groupe. Le directeur général Emmanuel Faber expliquait par exemple en 2016 aux étudiants de la Grande École de commerce HEC que « l’enjeu de la globalisation, c’est la justice sociale. Sans justice sociale, il n’y aura plus d’économie ».

Ces grands groupes utilisent de grands moyens pour vendre et répandre partout leurs produits tout en masquant leur propre nature, leur réalité sanitaire. Il existe depuis quelques années un mouvement dénonçant cela, mettant en avant la connaissance des ingrédients et des étiquetages, dénonçant les manquements.

Des livres comme ceux de Christophe Brusset (Vous êtes fous d’avaler ça !, 2015, Et maintenant on mange quoi ?, 2018 ), qui décrivent de l’intérieur les stratégies de l’industrie, ont ainsi une valeur démocratique très précieuse. Il en est de même d’applications comme Open Food Facts, du travail d’enquête régulier de l’association 60 millions de consommateurs ou encore du travail d’éducation diététique du CLCV, une autre association de consommateurs.

Toutefois, cela est bien peu de choses face à la puissance de frappe de l’ago-industrie capitaliste, des moyens de commutation qu’elle développe et surtout des moyens culturels qu’elle a développé depuis de nombreuses années, jusqu’à façonner directement les habitudes alimentaires des Français.

L’arrière-plan de cela est bien sûr la récente loi sur l’alimentation, dont le rôle est de maintenir et renforcer tout ce qui est en place dans ce domaine.

> Lire également : Une loi sur l’alimentation favorable à l’agro-industrie capitaliste

Quand on voit que le groupe Danone est capable de débaucher une personnalité comme Emmanuelle Wargon qui a eu un grand parcours dans la sphère publique, pour ensuite la voire introduite directement au Ministère s’occupant de l’écologie, il n’y a pas de quoi être rassuré.

Danone s’est servi directement dans le vivier des plus hauts cadres de l’État, puisqu’elle a fait l’ENA, est entrée au cabinet du ministère de la Santé en 2001, celui du haut-commissariat aux Solidarités actives en 2007, puis a été nommée secrétaire générale des ministères sociaux en 2010 avant de devenir déléguée générale à l’emploi et à la formation professionnelle en 2012.

Le système est ainsi verrouillé de toute part, avec des gens se promouvant les uns les autres et s’organisant pour maintenir l’existant, peu importe le coût que cela a pour la planète et la population.

Le combat démocratique que doit mener la Gauche dans le secteur de l’alimentation est donc tout autant une bataille culturelle qu’une bataille pour la production. Il faut changer les habitudes mais il faut aussi arracher le pouvoir aux grands groupes pour soumettre directement l’industrie aux intérêts de la collectivité.

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Une loi sur l’alimentation favorable à l’agro-industrie capitaliste

L’Assemblée nationale a voté en lecture définitive ce mardi 2 octobre 2018 une loi issue des États généraux de l’alimentation. Elle focalise largement sur la question de la grande distribution et des prix, dans un sens favorable au modèle agro-industriel français.

Lors de son discours de Rungis il y a presque un an, Emmanuel Macron avait expliqué qu’il fallait un « changement profond de paradigme » concernant l’alimentation. L’idée derrière cette expression n’était pas de remettre en cause le modèle agro-industriel français mais d’encadrer mieux la position dominante exercée par le secteur de la grande distribution.

Le modèle agro-industriel français qui s’est développé durant les « Trente Glorieuses » a en effet engendré ce monstre de la grande distribution. Ce secteur n’existe que parce que lagro-industrie capitaliste a eu besoin d’écouler massivement et rapidement ses marchandises. Toutefois, sa position privilégiée vis-à-vis des consommateurs lui permet un certain rapport de force.

Essentiellement, cela consiste en une bataille pour baisser plus ou moins artificiellement les prix des marchandises alimentaires, afin d’attirer les clients. Cela rend totalement dépendante la population, et surtout les classes populaires, qui se dirigent forcément vers là où les prix sont les plus bas.

Ce mécanisme a renforcé la position dominante des grandes surfaces, qui se sont largement développées jusqu’à façonner entièrement le quotidien alimentaire des familles ainsi que l’organisation des villes elles-mêmes.

La loi s’inscrit précisément dans ce contexte, avec comme panorama l’épisode récent de la ruée dans des supermarchés pour des pots de « Nutella » à prix cassé, cela alors qu’une simple pomme « bio » est vendue très chère et est finalement assez difficile à se procurer.

La loi présentée par le Ministre de l’agriculture Stéphane Travert ne vise pas à remettre en cause ce modèle. Son intitulé exact est « pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine et durable ».

Son objet est surtout une tentative de régulation des contradictions entre le secteur de la production des marchandises alimentaires et celui de leur distribution. La pression à la baisse sur les prix perturbe l’ensemble de l’économie agro-industrielle, et affaiblit notamment la rémunération d’une grande partie des agriculteurs qui sont déjà largement subventionnés.

Seulement, on est pas là dans un modèle cohérent et organisé, mais dans une succession de conflits d’intérêts privés entre différents secteurs et différent groupes qui rend impossible toute tentative d’avancer concrètement. Cela a engendré d’importantes luttes d’influence avec des débats très houleux tant à l’Assemblée nationale qu’au Sénat, avec plusieurs milliers d’amendements déposés et en arrière-plan la démission de l’ex-ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot.

La loi vise surtout à encadrer les excès sur les prix avec des promotions sur les produits alimentaires limitées à 34 % de leur valeur et à 25 % des volumes de vente. Le seuil de vente à perte a également été relevé à 10 %, mais tout cela ne représente pas grand-chose. Aucune des parties, agriculteurs ou distributeurs, n’est réellement satisfaite.

L’aspect essentiel qu’il faut bien voir cependant, c’est que le modèle alimentaire français ne changera pas, qu’il restera conforme aux intérêts de l’agro-industrie capitaliste qui le façonne presque entièrement. Cela d’autant plus que les agriculteurs eux-mêmes se sont montré réfractaires à tout changement, assumant totalement leur soumission à cette agro-industrie via leur dépendance aux produits phytosanitaires.

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La bataille pour l’interdiction des néonicotinoïdes et du glyphosate qu’ont mené quelques députés est un échec, de même que la plupart des prétentions réformistes d’améliorer le sort des animaux exploités.

La loi a même reconnu une revendication forte des industriels de la viande qui est d’interdire des termes comme « steak végétal » ou « saucisse vegan ».

Toutes les dispositions visant à plus de transparence sur les produits industriels (OGM, mode d’élevage, origine géographique, pesticide, engrais) ont été rejetées. Par contre, la loi favorise l’encadrement des secteurs protégés, des origines contrôlées. Ce sont des domaines permettant de fortes valeurs ajoutées, destinés à une clientèle aisée, n’existant qu’à la marge du modèle agro-industriel classique qui est la norme pour la majorité de la population.

L’obligation faite à la restauration collective d’avoir un objectif de 50% des achats de produits locaux ou avec un signe de qualité de type « Label Rouge » d’ici à 2022, dont au moins 20 % de produits issus de l’agriculture biologique, n’est qu’une tentative de modernisation du secteur.

Il n’y a aucune disposition stratégique agricole et industrielle allant dans ce sens, ni aucun véritable plan productif qui est établi. L’obligation ne concerne que des labels, dont les grands groupes pourront tout à fait s’accommoder d’ici là si cela permet d’assurer et d’élargir les bénéfices.

Cette loi n’a aucune ambition d’améliorer les choses, et la seule mesure allant éventuellement dans un sens positif n’est qu’une mesure d’accompagnement à la marge d’un phénomène qui existe déjà de plus en plus. En l’occurrence, les restaurants collectifs de plus de 200 couverts par jour devront présenter un plan pluriannuel de « diversification des protéines » avec « des alternatives à base de protéines végétales ».

Seulement, il ne suffit pas de décréter les choses par en haut de manière abstraite, sans bataille sur le plan culturel, si c’est pour en même temps laisser la main libre à l’agro-industrie capitaliste qui a totalement façonné les habitudes alimentaires de la population depuis plusieurs dizaines d’années.

L‘obligation, à titre expérimental pour une période de deux ans, d’instaurer dans les cantines scolaires un menu végétarien au moins une fois par semaine n’est par contre pas du tout une bonne chose. Dans le cadre actuel, avec les impératifs tarifaires que l’on connaît, avec les habitudes alimentaires qu’ont les chefs de cantines et avec la position dominante des grands groupes de l’alimentation pour fournir ces cantines, on sait déjà ce que cela donnera. Au lieu de la viande, il y aura des substituts type « nugget » ou « cordon bleu », à base de blé ou de soja industriels insipide, que les enfants n’apprécieront pas du tout (ou qu’ils n’apprécient déjà pas du tout, puisque beaucoup de cantines proposent déjà régulièrement ce genre de produits).

C’est absolument contre-productif, mais cela est conforme à l’agro-industrie capitaliste qui trouve là un nouveau débouché pour diversifier sa production.

Cela fait d’ailleurs quelques années que la grande distribution propose largement ce genres produits. Ce sont des marchandises hautement transformées, ne changeant absolument pas le modèle alimentaire dans un sens meilleur, ni nutritivement, ni gustativement (qui sont deux aspects totalement liés par ailleurs).