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Benoît Hamon : les gilets jaunes comme « Printemps arabe »

Dans une interview au journal Le Monde, Benoît Hamon pose enfin une vision claire de comment il voit les choses. Le mouvement des gilets jaunes lui a évidemment forcé la main.

Benoît Hamon

Benoît Hamon, qui a fondé Génération-s afin de donner un nouvel élan à la Gauche, se retrouve dans une situation difficile de par la faiblesse de celle-ci, la faiblesse de son mouvement, l’émergence d’un concurrent direct (Place publique) et encore plus avec les ambiguïtés (au minimum) et l’ampleur d’un mouvement comme les gilets jaunes.

Il a tenu jeudi dernier un meeting à Paris, qui a été présenté comme un succès avec tout au plus 2 000 personnes, afin de se lancer en prévision des élections européennes. Dans le même temps, c’est part une longue interview au Monde qu’il a exposé quelques traits généraux de son orientation.

Enfin, pourrait-on dire, tellement Benoît Hamon oscillait entre un discours assez dur avec un retour aux sources, utilisant parfois même le terme de bourgeoisie, et une démarche ouvertement postmoderne, postindustrielle, avec des appels incessants à soutenir les migrants.

Aujourd’hui, une telle oscillation n’est plus possible. S’il était très prudent en effet auparavant, ne voulant se fermer aucune option, Benoît Hamon n’est plus en mesure de tergiverser. Il faut poser les choses.

Au Monde, Benoît Hamon ose donc enfin. Cela donne les choses suivantes. Il y a déjà les gilets jaunes : « cela marque le réveil du peuple français », c’est une « convulsion profonde de la société française ».

S’il dit qu’on ne sait pas si cela donnera plus de libertés ou un régime autoritaire, il évacue de la manière suivante la nature des gilets jaunes, au nom de ce qu’on peut appeler le « mouvementisme » :

« Ce qui me fascine, c’est la tétanie et la peur d’une grande partie des élites politiques par rapport à ce mouvement social.

Certains y voient de l’égoïsme, des gens qui préfèrent leur plein de diesel à l’avenir de leurs enfants. D’autres ne voient que les groupuscules fascistes ou insurrectionnels ; d’autres encore, que les racistes et antidémocratiques. Cela existe. Mais ce qui réunit les 80 % de Français qui soutiennent ce mouvement, c’est la volonté de transformer une société inégalitaire qui a perdu le sens de l’intérêt général et de la justice sociale (…).

Peu importe l’étincelle qui déclenche le mouvement actuel, il a un double moteur qui parle à tous les Français : les inégalités et le sentiment d’être pris pour quantité négligeable. A certains égards, ce mouvement qui mêle demandes sociales et démocratiques, ressemble aux « printemps arabes ». »

C’est là assez opportuniste, dans la mesure où Benoît Hamon se détourne de se confronter à la réalité en tant que telle des gilets jaunes. La référence aux « printemps arabes » est qui plus est extrêmement floue, puisque ceux-ci ont eu des formes difficilement saisissables, sans parler du rôle essentiel du média Al Jazira et des Frères Musulmans.

Mais, de manière intéressante sur le plan des idées, d’autres font pareillement référence aux « printemps arabes » au sujet des gilets jaunes, précisément dans toute la sphère intellectuelle voyant les choses en termes de « société postindustrielle ». Il s’agit des intellectuels s’inspirant de « l’autonomie italienne » et appréciant la « spontanéité » des mouvements sociaux « postindustriels ».

On est là dans la croyance. Il y aurait une sorte de mouvement flottant au-dessus des classes et surtout de l’État – qui transporterait une force citoyenne établissant des rapports sociaux meilleurs. Cette conception est très exactement celle de Michel Foucault, qui l’a très longuement exposé dans son analyse très positive de la révolution iranienne.

Faut-il ici y voir une sorte de romantisme orientaliste ? En tout cas, on a la même perspective postindustrielle d’une révolution qui serait une sorte de révolte de la société contre l’État.

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Benoît Hamon a-t-il raison d’employer le terme de « pauvrophobe »?

Benoît Hamon a pris la tête de la « fronde » à l’intérieur du Parti socialiste en fondant Génération-s et il a acquis une sympathie certaine chez les progressistes, car on voit bien qu’il cherche sincèrement à faire avancer les choses et les idées. C’est une figure active refusant la passivité et la résignation.

Malheureusement, son projet s’enlise toujours plus, car il vient à l’origine de la droite du Parti socialiste et ne parvient pas à revenir aux fondamentaux : il bascule toujours plus dans le camp de la modernité « posmoderne », « postindustrielle ». Dernier exemple en date : l’utilisation du concept de « pauvrophobe ».

Benoît Hamon est à la base un rocardien, c’est-à-dire un partisan de la « modernité » au sein du Parti socialiste. En ce sens, il préfigure Emmanuel Macron. Son parcours cependant en fait un être engagé et formé à l’école du Parti socialiste, avec ce réalisme froid et technocratique d’un côté, cette fibre sociale de l’autre.

Si l’on prend ainsi Benoît Hamon du côté des idées et de la tradition socialiste, ouvrière, on ne peut que se dire : ce type est une catastrophe. Si on le prend comme un bourgeois progressiste avec une grande fibre sociale et une vraie réflexion sur l’évolution catastrophique du monde, notamment sur le plan de l’écologie, ou encore du rapport aux animaux, on ne peut résolument pas le considérer comme un ennemi.

Les limites de l’horizon intellectuel de Benoît Hamon sont par là-même assez flagrantes. D’un côté, il parle de bourgeoisie… de l’autre, le concept de lutte des classes est pour lui insaisissable. Il ne peut pas dépasser intellectuellement et culturellement le capitalisme.

Ses propos dans une interview accordée au Journal du Dimanche reflètent de manière patente cette limite. Il n’y a pas d’exploitation, mais du « racisme social », pas de la misère provoquée par l’enrichissement toujours plus grands de la bourgeoisie, mais de la « pauvrophobie ».

Cela provoque un populisme anti-Macron à grands renforts de termes anglais censés montrer que le président de la République reflète un modèle « anglo-saxon » : winner, jetlag, ultra-bright, etc.

Emmanuel Macron prépare un plan antipauvreté. Un bon point pour lui ?

Macron, un plan antipauvreté ? Il est pauvrophobe. Il mène une guerre sociale aux gens « qui ne sont rien », comme il dit. Sa rentrée est placée sous le signe du racisme social : il veut punir les chômeurs en touchant au calcul de leurs indemnités. « Et en même temps », il a supprimé l’ISF et l’exit tax. Macron n’est pas le pragmatique ouvert qui prétendait rassembler largement pour réformer. C’est un vrai idéologue qui se méfie intrinsèquement du peuple. Où sont les résultats économiques du ruissellement ?

Il dit pourtant marcher sur deux jambes : libérer et protéger…

Il libère et protège surtout les siens, les winners. Le nouveau monde était une promesse intéressante, mais pas pour remplacer de vieux politiciens par des traders jetlagués qui infligent à ceux qui souffrent leur sourire ultra-bright. Nombre de citoyens espéraient une ère nouvelle de respect, je comprends leur déception face à ce mépris.

Il était inévitable que Benoît Hamon témoigne de cette limite à un moment donné, de par sa formation intellectuelle, ses goûts, sa nature sociale. Quelqu’un qui s’extasie devant l’art contemporain n’a, par définition, plus aucun lien avec la classe ouvrière.

Benoît Hamon est un modernisateur avec une fibre sociale-écologique, voilà pourquoi il tient finalement le même discours libéral sur les frontières qu’Emmanuel Macron, ainsi que sur l’Union Européenne, même si c’est pour revendiquer quant à lui « plus de social ».

Cela en fait quelqu’un d’assez intéressant, une fois qu’on a compris ces limites qui sont, très certainement, celle de la petite-bourgeoisie progressiste plus ou moins proche des centres-villes. Benoît Hamon est d’ailleurs très proche d’Europe Ecologie Les Verts, qui a la même base sociale. Leur unité semble d’ailleurs plus ou moins inéluctable.

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Discours de Benoît Hamon à la convention nationale de Génération•s

Génération-s a tenu sa première convention les 30 juin et 1er juillet 2018 à Grenoble. ; voici le discours de clôture de Benoît Hamon.

Les migrants en sont le grand thème, avec l’Union européenne et des revendications présentés comme relevant de l’écologie. Le mot capitalisme revient une fois, le mot ouvrier aucune fois, le mot travailleur une fois, le mot socialisme aucune fois,  le mot bourgeois une fois, le mot classe aucune fois, le mot prolétaire aucune fois, le mot gauche 30 fois.

Le discours de Benoît Hamon à la convention nationale de Génération•s le 1er juillet 2018

Cher.e.s ami.e.s,

Je vais vous parler de notre avenir mais l’actualité, et plus encore que l’actualité une forme de colère personnelle, m’incitent plutôt à commencer par vous dire un nombre.

34361.

34361, c’est un nombre à la fois à graver dans nos conscience et un nombre dont chacun doit avoir conscience qu’il continue en ce moment-même d’augmenter.

34361, c’est un nombre qui nous effraie et qui nous déshonore et qui nous déshonore encore davantage s’il ne nous effraie pas.

34361, c’est un nombre que l’Histoire retiendra comme une faute et, je le dis solennellement, comme un crime envers l’Humanité, un manquement impardonnable à nos devoirs les plus sacrés envers l’Humanité.

Ce nombre, publié par le Guardian il y a quelques jours, c’est celui des femmes, des hommes, des enfants morts en tentant de rejoindre l’Europe.
Amadou Taibou Diallo, 16 ans, noyé quand son embarcation a chaviré dans l’enclave de Mellila,
Binta Baldé, 21 ans, noyée, elle et tous ses rêves de jeune femme en Méditerranée,
L’adolescente Oumou Belle Bah, 16 ans, noyée quand son bateau a sombré sous le poids de ses passagers,
Le jeune Mengs Medhane, 16 ans, mort en tombant du camion à bord duquel il espérait quitter Calais pour rejoindre la Grande Bretagne.

Et dans cette interminable liste publiée par le Guardian, qui publie aussi les noms et les histoires de ces migrants, une mention revient, et notre regard s’arrête, au milieu de cette forêt d’humains décimés par l’égoïsme, sur cette mention-là : Bébé, 3 mois, nom inconnu, décédé de malnutrition et de fièvre sur le bateau de l’ONG lui portant secours entre la Libye et l’Italie.

Pour ce bébé, pour les nombreux autres, pour ces 34361 êtres humains qui étaient nos compatriotes citoyens du monde, je vous propose de leur témoigner notre fraternité en vous levant et en respectant une minute de silence.

Je vous remercie.

 

J’ai souhaité débuter par là parce que la question des migrants est un révélateur de l’époque et de nous-même.

C’est un révélateur de cette Europe qui n’a plus d’Union que le nom, où le fasciste Salvini et l’ultralibéral Macron se rejettent les 600 passagers de l’Aquarius comme de sinistres négociants une marchandise avariée.

C’est un révélateur de cette époque où l’on peut mentir impunément, faire de la communication en recevant le héros Mamoudou Gassama à l’Elysée quand il sauve un enfant et EN MÊME TEMPS, laisser des enfants qui sont les futurs Mamoudou Gassama à la dérive sur un bateau au milieu de la Méditerranée. C’est dans ces moment là que je me dis que notre différence irréductible avec Emmanuel Macron, c’est que définitivement, comme l’écrivait Guy Debord: Nous, contrairement à lui, “nous ne voulons plus travailler au spectacle de la fin du monde, mais à la fin du monde du spectacle”.

Oui, c’est un terrible révélateur de la lâcheté des gouvernants, cette étrange défaite intellectuelle et morale de nos élites, face aux peurs qui saisissent notre peuple.

On agite les sondages en nous disant “mais les Français sont majoritairement contre l’accueil de l’Aquarius”. Et alors ? Et alors ? Combien d’autres têtes tombées au pied de l’échafaud, si François Mitterrand et Robert Badinter avaient gouverné au gré des sondages et non de leur conscience ? Combien de femmes mutilées, opprimées dans leur chair, si Simone Veil avait cédé aux passions mauvaises ? Il faut être parfois un peu à la hauteur des femmes et hommes d’Etat qu’on prétend honorer ou imiter ! Et surtout il faut être parfois à la hauteur de notre peuple et de son histoire.

Il est temps que quelqu’un ose parler à l’intelligence d’un peuple qui n’a jamais été si grand que lorsqu’il était fraternel, quelqu’un doit résister à cette marée brune qui emporte tout, nos valeurs et avec elles notre honneur : “Française, français, grand peuple de la Révolution et de la Résistance, terre d’accueil des républicains espagnols et des boat-people vietnamiens, n’avez-vous, n’avons-nous pas honte ?

C’est mon devoir de le dire à chacun et chacune de nos compatriotes : j’aime passionnément notre pays, mais j’ai honte de nous lorsque nous ne sommes pas à la hauteur de notre tradition républicaine d’asile,

J’ai honte de nous lorsque certains sont obsédés par les racines chrétiennes de la France mais oublient soigneusement l’héritage du christianisme social,

J’ai honte de nous lorsque le Gouvernement dit que la France a pris sa part, voire que nous serions submergés, alors que l’Allemagne a délivré neuf fois plus de titres protecteurs que nous ces dernières années,

Honte à Gérard Collomb de placer en garde à vue les Français comme Cédric Herrou, comme Martine Landry, cette formidable grand-mère de 73 ans, poursuivis pour délit de solidarité, alors qu’il laisse les xénophobes de Génération Identitaire humilier des migrants épuisés en pleine montagne !

J’ai honte de nous quand ce gouvernement allonge la durée de rétention, y compris des enfants, y compris de mineurs isolés exactement comme chez M.Trump, ce n’est pas mon idée de la France.

 

Alors je sais que certains, à droite comme à gauche d’ailleurs, se taisent, mais moi je m’y refuse, peut-être parce que je viens de ce bout de terre où l’on connaît le prix déchirant du départ ou de l’exil,

Je dis aux Français : OUI, nous devions accueillir les femmes, les hommes et les enfants de l’Aquarius, oui c’était notre devoir moral et politique, envers eux et envers nous-même.

Et je vais plus loin : Française, français, vos gouvernants vous mentent et convoquent le pire de vous-même, je veux faire appel à ce qu’il y a de meilleur en chacun de vous. Osez entendre la vérité: nous devons prendre notre part d’hospitalité et d’accueil des migrants.

L’asile c’est 40 000 personnes l’an dernier. Dans un pays comme la France, cela se résume en une image simple, partagez-la avec vos amis, votre famille, vos collègues: c’est comme si, une fois par an, à une tablée où nous sommes 1500, ou dans cette pièce par exemple, nous ne pouvions accueillir 1 personne, UNE ! , qui a froid, qui a peur, qui a faim, qui a absolument tout perdu, sa liberté, son pays, sa famille. Voilà la réalité de l’asile aujourd’hui.

Ils vous parlent de submersion et de grand remplacement, de vague migratoire, de shopping de l’asile, je vous parle, moi, de cette fraternité universelle qui n’est rien de moins que notre raison d’être en tant que nation !

Ils ne rêvent que de murs et de barbelés ? Alors soyons, comme nous y invitait l’immense Edouard Glissant, “de part et d’autre de leurs murs et de toutes leurs barrières, les cent fois cent fois cent millions de lucioles ! — une seule pour maintenir l’espoir à la portée de tous, les autres pour garantir l’ampleur de cette beauté contre les forces contraires !”

Que sommes-nous si nous ne sommes plus la France fraternelle ? Renoncerons-nous, par égoïsme, à la voix historique de la France ? Que voulons-nous être, voilà la question qu’il faut que chacune et chacun se pose dans notre pays ? Quelle nation voulons-nous être ? Voulons-nous être un petit pays, aigri et replié, qui détourne les yeux au lieu de prendre ses responsabilités ? Ou une grande nation fière des valeurs ?

 

Cela nous dit aussi qui nous voulons être, nous, à Génération•s…

Ce n’est pas tout à fait un hasard si j’ai commencé en parlant des migrants, plutôt que de la vie du mouvement, même si c’est un très beau moment que nous vivons ici à Grenoble.

Voilà ce que nous sommes, voilà notre méthode, voilà la méthode Génération.s : parler du fond, faire passer nos valeurs et nos idées avant tout. Nous sommes un mouvement différent et nouveau parce que nous refusons de laisser l’accessoire prendre le pas sur l’essentiel, le court-termisme sur la vision de temps long, les petits intérêts particuliers sur l’intérêt général.
Nous assumons notre différence, nous assumons ce qui parfois suscite l’ironie dans leur si vieux “nouveau monde”:
Nous assumons cette exigence démocratique, qui est un respect élémentaire, de parler à l’intelligence de notre peuple, de croire en la politique, d’aimer à nouveau la politique quand, et uniquement quand, elle repose sur la raison des citoyens, leur pouvoir souverain, et des passions positives…
Nous assumons, disons-le, d’être le nouveau mouvement des valeurs, oui le mouvement des valeurs de la gauche et de l’écologie politique. La gauche régénérée, ressuscitée par l’écologie politique, voilà notre identité.

Mais je ne m’apesantirai pas trop sur notre identité. Car à force d’affirmation d’une identité on finit par exclure ou décourager tout ce qui n’est pas exactement comme nous. Dire ce que l’on est se résume souvent affirmer ce que l’on est pas, à prononcer des excommunications, des fins de non recevoir, des déclarations d’incompatibilité en tous genres. Le repli identitaire est le danger de notre époque. Un danger mortel pour la gauche et l’écologie politique.

 

La raison de cette situation est sous nos yeux. Les néolibéraux veulent convaincre les citoyens que tout ce qui relève de l’économie, du social, de l’écologie est trop complexe et trop puissant à la fois pour qu’on leur demande leur avis. D’ailleurs ils parlent une langue que personne ne parle, un sabir technocratique inventé pour tenir les citoyens à l’écart de la décision.

On assiste à une sacralisation de l’économie qui est entrée dans le domaine dangereux des dogmes irréfutables, c’est devenu la Loi naturelle, l’ordre incontestable du monde ! Ils saaaavent ! Eux, ce sont les gens qui savent, les gens sérieux ! Ce sont d’ailleurs les mêmes qui, pendant des siècles, vous envoyaient au bûcher sans sourciller si vous ne disiez pas amen à leur théorie très sérieuse selon laquelle la Terre était plate !

Aujourd’hui, ils voudraient nous faire croire que la règle de l’équilibre budgétaire est aussi indiscutable que la poussée d’Archimède !

Ainsi, on ne peut plus discuter le principe selon lequel un pays, pour faire des gens heureux, doit faire croître exponentiellement son PIB.

On ne peut plus discuter le principe selon lequel, pour être heureux, il faut être productif, COM-PE-TI-TIF et donc réduire à l’infini le coût du travail.

On ne peut plus discuter le principe selon lequel, délivrer une allocation à un pauvre est une mauvaise chose car cela l’encourage à préférer l’assistanat – C’EST LEUR MOT PREFERE CE SALE MOT D’ASSISTANAT MAIS EST-CE QUE QUAND LE PATRON DE CARREFOUR PART AVEC DES MILLIONS, EN SUPPRIMANT DES MILLIERS DE POSTES ET EN SE GAVANT DE CICE NOUS PARLONS, NOUS, DE “PARASITANAT” ? EST CE QUE NOUS PARLONS DE SUPERS-PROFITANAT ? DE FRAUDE FISCALANAT ? DU TRAVAIL AU NOIRANAT ? DU HARCELEMENTANAT ? PARCE QUE QUAND MEME, PARDON MAIS TOUT CA RIME QUAND MEME TERRIBLEMENT BIEN AVEC PATRONAT, N’EST CE PAS ! Etc etc…

Si on les écoute, le capitalisme, le consumérisme, sont aussi naturels – plus naturels même ! – que l’air que nous respirons, d’ailleurs ils finiront par essayer de nous le vendre après l’avoir pollué ! Cette naturalisation de l’économie conduit beaucoup de citoyens à croire qu’il est vain de vouloir changer de politique économique, écologique ou sociale.

Alors, il resterait l’identité, une espèce de refuge pour ceux que la démocratie exclue, c’est à dire de plus en plus de monde ! Ainsi on assiste à un repli identitaire généralisé partout où le néolibéralisme a soustrait à la délibération citoyenne les questions économiques, sociales et écologiques. La démocratie est malade, fatiguée, rabougrie. Allons-nous l’abîmer encore davantage, proposer encore davantage de petit repli identitaire à ceux qui s’angoissent chaque jour pour leurs droits, leur pouvoir d’achat, leurs services publics, leur retraite ou tout simplement leur espérance de vie ? Je crois moi que nous devons être le parti des solutions, un parti remède pour la démocratie, un parti antidote à cette ambiance morose et morbide !

 

Oui Génération-s est l’antidote à la peste néolibérale et à la lèpre nationaliste à la fois.

Génération est le remède à la nostalgie poussiéreuse du « reaganisme » ou du bonapartisme, au giscardisme 2.0 et au lepénisme quelque soit son prénom !

Nous sommes, avec notre diversité heureuse, la médecine contre la xénophobie brutale ou la haine bon chic bon genre envers nos compatriotes arabo-musulmans. Nous travaillons aux solutions avant tout. Vous voulez savoir qui nous sommes. Regardez ce que nous faisons.

En nous voyant travailler, hier et aujourd’hui et depuis un an maintenant avec cette formidable énergie, renouvelable évidemment – encore une mauvaise nouvelle pour eux – , avec désormais plus de 1000 comités, 60 000 membres, j’éprouvais une immense fierté.

Cette fierté éminemment collective d’appartenir à un mouvement de femmes et d’hommes qui n’ont pas renoncé et ne renonceront jamais à se battre pour leurs idées. Le temps est venu pour les femmes et hommes de gauche de ce pays de retrouver de la fierté !

La gauche est fière parce qu’elle est la gauche dans nos cortèges pour sauver le service public de la SNCF,
La gauche est fière parce qu’elle est la gauche lorsque les Jeunes Génération.s mènent la bataille, et nous avec eux, contre la sélection à l’Université, et cet été, partout en france en faveur des alternatives agricoles.
La gauche est fière quand nos membres accueillent des migrants chez eux, la gauche est fière quand nos élus au conseil régional de Nouvelle Aquitaine obtiennent d’ouvrir les ports de leur région aux bateaux des ONG.

 

Alors, ceux qui nous regardaient de haut commencent à nous regarder de travers…Ces derniers jours, un certain nombre d’articles erronés et d’attaques presque coordonnées de politiciens du siècle dernier ont achevé de m’en convaincre : ils ont enfin compris !

Ils croyaient que le mouvement du 1er juillet était la rêverie du promeneur solitaire alors que nous lançons la bataille de la multitude. Ils ont compris que nous sommes un mouvement incontournable. Une foule joyeuse, bruyante et surtout, surtout, déterminée.

Ils ont compris qu’une nouvelle force s’était levée. Et, mes ami.e.s, je vais parler haut et clair pour que le message passe bien au-delà de ces murs : ils ont enfin trouvé, face à l’offensive ultralibérale et aux populistes racistes une force politique qui ne fera plus aucune concession idéologique, qui n’accordera aucun point à l’adversaire, qui refusera de reculer sur ses valeurs.

Je veux, à ce moment, m’adresser à toutes celles et ceux qui se sentent orphelins de la gauche, qui s’étaient égarés et se réveillent groggy. A ceux-là, je leur dis, venez travailler, échanger, inventer avec nous l’après-Macron et l’après-carbone, parce que nous sommes le parti de la grande bataille culturelle à gauche.

Les vieux partis ont été emportés, mais vos idées, vos convictions, elles, sont bien là. Vous n’êtes pas seuls à ne plus vouloir être pris en tenaille entre la peste nationaliste et le choléra ultralibéral.
Vous n’êtes pas seuls à croire que l’urgence écologique et l’urgence sociale nous obligent à changer radicalement de modèle.
Vous n’êtes pas seuls à vouloir une autre Europe, mais ni l’Europe marché ni l’Europe bouc émissaire.
Vous n’êtes pas seuls à vouloir réformer le pays, mais à vouloir que réformer rime avec progrès et plus, comme depuis 30 ans de révolution néolibérale, avec casser,
Vous n’êtes pas seuls à être féministes, internationalistes, laïques. Vous êtes la gauche, vous n’avez plus à baisser la tête, vous êtes Jaurès et Occupy Wall Street !

Vous êtes la jeunesse assassinée de Guy Moquet et la sagesse indignée de Stéphane Hessel !
Vous êtes les pionniers et les résistants : ceux qui veulent la sortie du nucléaire, qui tenez tête à Monsanto et aux multinationales polluantes, qui dénoncez les tricheurs du dieselgate, vous avez secouru le vivant défiguré par l’Amoco et l’Erika, vous avez sauvé le Larzac et Notre Dame des landes.
Vous êtes le Front Populaire et le temps des cerises, vous êtes la voix métallique des adieux de Salvador Allende, vous êtes les manifestations pour libérer Mandela, vous êtes la Révolution des oeillets et la Rose au Poing, vous êtes la Fête de l’Huma et #BalanceTonPorc, vous êtes la retraite à 60 ans et l’abolition de la peine de mort, vous êtes Nuit Debout et Black Lives Matter, vous êtes les 99%, vous pouvez être fiers, vous pouvez redresser la tête !

La gauche est là, elle existe, elle vit comme le feu sous la cendre ! Le pays a moins besoin de Jean-Luc ou de moi que de vous, de votre colère, de votre révolte, de vos rêves, de vos idées et de votre invincible fraternité.

Et je dois vous faire une petite confidence qui ne vous surprendra peut-être pas… En tant que citoyen, en tant qu’homme de gauche, je rêve…et je rêve en grand ! Alors, je dois le confesser, ce n’est pas dans l’air du temps. Je dois bien le dire, mon grand rêve à moi, ce n’est pas une foule de nouveaux hamonistes, c’est une nation à nouveau humaniste !

Ensemble, nous serons plus forts, nous ne reculerons plus, nous ne renoncerons plus jamais à nos mots. Parce que la gauche ce sont des mots entrés comme une épiphanie dans la vie de tous, et notamment des plus fragiles. Les mots ce sont des conquêtes. Nos mots sont devenus des droits dans ce pays. Prendre ses RTT ou ses congés payés, le RMI, se PACSer, la CMU, il n’y a pas si longtemps, nous étions capables d’imposer notre imaginaire et ces sigles étonnants qui résonnaient comme des jours meilleurs. Et aujourd’hui ?

Nous avons, nous à Génération.s, osé prononcer les mots du futur pour préparer un autre futur. Ces mots ont fait irruption dans le débat public et ne l’ont pas quitté depuis. C’est sûr notre lexique n’est pas le petit bréviaire de la start up nation: nous, on ne disrupte pas les droits sociaux, on ne benchmarke pas les pauvres et les migrants, on ne fait pas de cost-killing à l’hôpital public !

Personne ne nous reconnaît à notre logo, à un slogan ou à une marque. On nous reconnait à nos propositions. Quelle incroyable force! Nous, nous disons “revenu universel d’existence”, nous disons “taxe sur la plus-value créée par les robots”, nous disons “burn-out reconnu comme maladie professionnelle”. Nous avons commencé à changer les mots, imaginez quelle tête ils feront quand nous changerons la vie !

D’autant que chaque jour, des leaders mondiaux, des articles de presse ou scientifiques, des citoyens que je rencontre dans le métro ou dans la rue disent : “ces idées sont les bonnes, il faut les regarder sérieusement”. Parfois, nous aurions pu mieux les expliquer, nous aurons encore à le faire. Car soyons clairs : avoir raison contre tout le monde ne nous intéresse pas, nous ne sommes pas la minorité éclairée et d’autant plus éclairée qu’elle reste toujours minoritaire…Nous croyons au pouvoir des idées et nous voulons porter nos idées au pouvoir. Parce que nous savons qu’il y a urgence.

 

Je vous parlais des mots auxquels nous tenons, des mots qui sont aussi nos combats, des mots que nous voulons faire entrer dans le réel. Si l’on vous demande comment résumer Génération.s, vous pouvez répondre trois jolis mots trop souvent malmenés : “Génération.s c’est l’Ecologie, l’Europe, l’Egalité”.

Nous sommes nés de l’urgence écologique. Nous venons, dans cette salle, d’horizons divers, mais nous avons réalisé le même cheminement vers l’écologie politique. Je vais même plus loin: lors de la dernière élection présidentielle, même si la bataille fut âpre et les trahisons nombreuses, nous avons remporté une immense victoire idéologique. Nous avons emmené la gauche vers sa révolution copernicienne écologique. C’était l’aboutissement d’une longue histoire commencée bien avant nous, notamment dès les années 1950 avec des penseurs de la technologie comme Jacques Ellul, ou encore la création des Verts dans les années 80. Ils ont ri lorsque nous parlions des perturbateurs endocriniens, des lobbys, du glyphosate déjà ! Aujourd’hui, plus personne ne rit. Et plus personne ne peut revenir sur cette transition écologique de la gauche.

L’écologie politique est la sève qui générera la gauche. Je ne crois pas à la sous-traitance d’une écologie dépolitisée par les vieux partis, ni au green-washing qui vient repeindre les vieilles idées climaticides, productivistes, qui ont déjà tant abîmé l’environnement et les humains. Nous ne croyons pas que la société sobre, décarbonée, doive s’accommoder du progrès humain. Nous croyons que c’est sa condition-même, et même la condition de la survie de l’espèce humaine. La gauche internationaliste ne peut pas se penser autrement qu’avec les millions de réfugiés climatiques menacés par le non-respect de l’objectif des 2°C. La gauche démocratique ne peut pas accepter le CETA, un énième accord contre les peuples, dangereux pour notre santé et notre agriculture. La gauche sociale doit défendre les discriminés énergétiques, les plus pauvres qui paient souvent la plus grosse facture environnementale, qu’ils paient leur essence, qu’ils soient exposés au glyphosate ou encore qu’ils travaillent dans les conditions ignobles de certains abattoirs.

Comme souvent ces derniers temps, on nous a cherché querelle, on a réduit cet engagement écologiste à des questions de listes et de postes. Alors je préfère être clair là encore: j’ai tiré toutes les leçons de l’élection présidentielle. Cela ne nous intéresse pas ! Nous ne croyons pas au repli identitaire sur les petites chapelles et les petits appareils. Nous sommes plus que jamais unitaires et nous disons à toutes les forces de gauche: “Le dialogue aujourd’hui est l’unité de demain et la victoire d’après-demain.” Une liste unie aux européennes placerait l’écologie politique en premier opposant à Macron. D’ici là, nous ferons face, en souriant s’il vous plaît, à la litanie des stratégies inavouables d’acteurs minuscules pour retarder le moment de cette unité. Mais je vous l’annonce, elle se fera cette unité en dépit des vieux appareils et de leurs professionnels de la vieille politique.

Une chose est sûre nous porterons de toutes nos forces les idées d’une nouvelle gauche écologique dans les mois qui viennent, avec des femmes et des hommes issus de tous les territoires, au trajectoires et aux cultures diverses, représentant sur le terrain les combats modernes de la gauche et des écologistes :
● contre la disparition de la biodiversité, pour un modèle agricole        écologique,
● contre la disparition des services publics, pour la reconnaissance des       biens communs,
● contre l’uberisation du travail, pour le revenu universel d’existence,
● contre les traités de libre échange, pour l’accueil des réfugiés,
● contre les discriminations, pour l’association des citoyens aux décisions qui les concernent,
● contre la souffrance animale, pour le respect de toutes les formes de vie sensible.
● contre le réchauffement climatique et pour une désintoxication urgente du dogme de la croissance.

Car il y a vraiment urgence.

Quand plus de 15 000 scientifiques lancent un appel parce qu’il y a urgence, nous ne nous occuperons pas de politique politicienne. Dans les prochains mois, nous serons toujours de ceux qui luttent contre la marchandisation du vivant et jamais de ceux qui s’occupent du marchandage des petites places. Nous préférons nous occuper de la disparition des abeilles que de rechercher le buzz ou de multiplier les piques. Quand Emmanuel Macron proclame Make the planet great again ET EN MEME TEMPS réduit les aides à l’agriculture biologique, nous avons le devoir d’être nous à la hauteur.

 

Nous proposerons donc un New Deal écologique en Europe.

Nous disons aux citoyens d’Europe : et si vous votiez enfin avec le sourire ? Depuis quand n’avez-vous pas voté pour ? Nous aimons l’Europe, moi j’aime l’Europe, et c’est une immense faute des dirigeants de l’UE d’avoir abîmé l’idée qui nous avait fait le plus vibrer depuis la Seconde guerre mondiale. Nous voulons sortir du tout-marché, mais nous ne voulons pas sortir de l’Europe, nous voulons une alter-Europe démocratique et sociale.

Les libéraux nous disent “chacun pour soi”, les souverainistes nous disent “chacun chez soi”. Nous, nous disons : nous voulons une grande gauche écologiste européenne. Pour citer à nouveau Glissant : “Agis dans ton lieu, pense avec le monde !”. Nous voulons une solution transnationale et nous la construisons;

Notre Europe, ce n’est pas vociférer contre le plombier polonais qui viendrait manger le pain du travailleur français. C’est se battre pour qu’il ait les mêmes droits sociaux, harmonisés par le haut ! C’est se battre aux côtés des femmes polonaises pour le droit à l’avortement ! C’est se battre contre le racisme et l’antisémitisme qui ressurgit, en Pologne, en Hongrie, comme chez nous ! Voilà nos combats européens !

Nous disons “Hope is back”, l’espoir est de retour. Nous voulons un processus de convention démocratique afin de réviser l’architecture européenne, y compris les traités, en y associant les citoyens européens et les corps intermédiaires. Nous laisserons-nous encore une fois, coincer entre les populistes fascistes, et les libéraux qui ont créé ces monstres. Parce que ce sont eux qui créent ces populistes par la désespérance démocratique que leurs politiques sèment au sein des peuples.

Nous voulons agir sans attendre. Avec le «Printemps européen», la nouvelle alliance européenne progressiste et écologiste que nous avons constituée avec Yánis Varoufákis, nous défendons donc un seul et même projet dans toute l’Europe. C’est le New deal écologique, pour réduire les inégalités, croissantes partout en Europe.

C’est aussi la condition pour être à nouveau entendus dans le monde. Les coups de menton d’Emmanuel Macron ne sont pas seulement ridicules: se prendre pour Louis XIV dans un monde aussi complexe ne produit aucun effet. Face à Salvini, il cède. Face à Poutine, il cède. Et j’ai bien peur que, si à l’Elysée on est très fier de communiquer sur le chien Nemo, M.Trump lui, ait choisi d’appeler son animal de compagnie Jupiter

 

La réalité, c’est qu’Emmanuel Macron n’est dur qu’envers les plus faibles.

Je le dis sans détour: je crois que le macronisme est avant tout et intrinsèquement un racisme social…Je l’ai répété plusieurs fois ces derniers jours, je veux le redire parce que le mirage n’est pas entièrement dissipé. La fête n’est pas encore achevée chez Gatsby le magnifique, ce héros trouble de Francis Scott Fitzgerald qui fascinait tant les élites.

Son idéologie peut paraître insaisissable aux Français. Il n’est évidemment pas de gauche, il le dit lui-même. Mais il n’est pas non plus gaulliste, obsédé qu’il est par la finance et les privatisations. Il n’est pas vraiment démocrate politiquement, vu son mépris du Parlement ou la loi asile-immigration.

En fait le seul fil rouge, la seule cohérence de sa pensée, c’est l’insupportable mépris des plus faibles, des pauvres, des illettrées, des sans-costards, des « riens ». Sa comparaison ignominieuse entre ceux qui se battent pour 50 euros d’APL et le sacrifice du colonel Beltrame. C’est sa politique toujours plus dure envers ceux qui sont déjà dans la difficulté: les personnes handicapées, les petits retraités, les chômeurs stigmatisés… Et je souhaite dire simplement ceci : M.Macron, quand on mange chaque jour, sur fonds publics, dans des assiettes dont chacune vaut un RSA, on évite l’indécence de critiquer le “pognon de dingu”e que coûte le RSA quand celui-ci ne permet même pas à des millions de français de manger à leur faim.

C’est un problème que le président de la France ne prononce jamais les mots de justice sociale, d’égalité, de fraternité, de redistribution. C’est pourtant simple, qu’il lève les yeux de son miroir et les pose sur le fronton d’une école ou d’une mairie ! C’est un problème que le président de la France n’aime que les riches, et se révèle en cela d’une terrible pauvreté morale. Emmanuel Macron aime les winners, c’est d’ailleurs sa caste, il la sert et avec lui elle se sert !

Nous le disions en 2017, la start up Macron n’avait pas de soutiens, elle avait des actionnaires et l’heure de la distribution de dividendes a sonné, sur fonds publics: suppression de l’ISF, de l’exit tax, des centaines de millions engloutis sans aucune contrepartie économique…il est le président d’une bourgeoisie réunifiée, qui ne fait plus semblant d’être de droite ou de gauche.

Nous serons nous, dans la patrie de l’égalité proclamée, le parti de l’égalité réelle. Encore un mot trop longtemps délaissé, renié, ignoré. Nous, nous aimons l’égalité, nous la porterons en panache. Égalité totale des femmes et des hommes, pas le féminisme cosmétique qui rend hommage à Simone Veil ET EN MÊME TEMPS bloque le congé parental en Europe. Egalité des territoires, parce que Parcoursup vient encore de nous montrer à quel point un enfant né en banlieue est discriminé dès le plus jeune âge malgré son travail et son mérite. Déjà condamné à attendre le ruissellement des places que les privilégiés lui auront laissées ! Et puisqu’on célèbre cette année Mai 68, n’oublions que la situation n’a pas beaucoup changé depuis que Pierre Bourdieu écrivait, à la même époque, les Héritiers et la Reproduction ! Egalité de formation, égalité de sécurité, égalité de logement, égalité dans l’accès à l’emploi….Egalité, évidemment, entre les générations ! Egalité, égalité, égalité, nous ne nous en lasserons jamais, parce qu’il faut bien que quelqu’un en parle, la défende, la célébre dans cette période où l’inégalité est devenue la norme !

Je terminerai par un mot sur notre avenir. Génération-s s’est dotée d’une charte, d’une démocratie interne et d’un manifeste. Il est maintenant l’heure de nous tourner entièrement, totalement, vers la société française. L’histoire que nous voulons partager avec nos concitoyens est celle de la société qu’ils mettent eux-même en mouvement. Au fond si je devais résumer en un mot le sentiment ou le tempérament qui vous, qui nous résume collectivement le mieux, ce serait la confiance. La confiance dans la commune Humanité en dépit de tout, en dépit de la démence d’un monde qui dévore ses propres entrailles, en dépit d’une époque qui exile la beauté, met en jachère les consciences, en dépit des ténèbres du fascisme, du racisme, du nationalisme et du fondamentalisme. “La folie fait le tour du globe comme le soleil, elle brille partout” nous disait La Nuit des Rois de Shakespeare. A leur folie destructrice nous opposerons la force irrésistible de notre joie et le refus de la résignation !

Nous prenons aujourd’hui un engagement, les uns vis à vis des autres et ensemble vis à vis des Françaises et des Français. Génération.s présentera le plus beau visage, celui de la France d’aujourd’hui qui pense et prépare le monde de demain. Génération.s va faire entrer, par effraction s’il le faut, dans ce jeu trop verrouillé, de nouveaux citoyens, de tous âges et de tous horizons, de tous les quartiers, de toutes les conditions. Nous les présenterons au suffrage de leurs semblables, dans cette République qui refuse de considérer tant de ses citoyens. Et ils gagneront. Ils feront gagner nos idées. Ils porteront, face un système à bout de souffle, le vent de la fraternité nouvelle. Aux Français, je dis, rejoignez cette force enfin à votre image, ici vous serez écoutés, ici vous parlerez, ici vous déciderez. Et aux puissants, je dis, attention tendez l’oreille, voilà la Génération.s qui vient !

 

Vive Génération.s,

Vive l’unité,

Vive la grande gauche écologiste européenne,

Vive l’Europe et vive la République !

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Politique

Génération.s et le tirage au sort de son « Conseil des Membres »

La modernité à tout prix n’est pas une bonne chose si cela signifie perdre toute caractère accessible, démocratique, surtout pour suivre la mode. Comment faut-il écrire par exemple le mouvement fondé par Benoît Hamon : « génération.s », « génération-s » ?

Ce serait une anecdote si cela ne reflétait pas une fascination pour le « moderne », le « en mouvement », au mépris des traditions historiques du mouvement ouvrier. Hier s’est réuni ainsi « le Conseil des Membres » de « génération.s », ou « génération-s », comme on le voudra.

Mais ces membres n’ont pas été élus, ils ont été tirés au sort, ce qui est présenté comme « la démocratie en mouvement ». La démocratie en mouvement, c’est donc l’absence de démocratie ! Car normalement, des membres représentant un mouvement sont élus, après des échanges, des débats, un vote, une majorité.

La forme répond au contenu, alors que là, le tirage au sort laisse au hasard ce qui relève de la démocratie dans un cas normal.

On pourrait arguer que c’est là un souci de renouvellement de la part d’un mouvement jeune. Sauf qu’une liste de critères est venue pondérer le tirage au sort, comme lorsqu’une coupe du monde de football avec les coefficients de victoires, les zones géographiques, etc.

On a eu ainsi, pour pondérer le tirage au sort de « génération.s », les critères suivants pris en compte :

– la parité entre femmes et hommes ;

– la mixité des âges ;

– la représentation territoriale ;

– la diversité des catégories socio-professionnelles.

Tous ces critères sont absurdes. Tout d’abord parce qu’il est évident qu’un mouvement de gauche est, ou plutôt devrait, être surtout composé d’ouvriers. A moins de nier les classes sociales et l’histoire du mouvement ouvrier, c’est une évidence.

Tout le monde sait très bien en plus que, malheureusement, il y a une grande différence de conscience de gauche selon les territoires. Des gens de gauche de Bretagne ou du Nord représentent davantage de choses que des gens à Lyon ou Bordeaux, par exemple.

La mixité des âges est absurde également, parce que normalement un mouvement de contestation de valeurs du passé a toujours davantage de jeunes que de gens plus âgés, par esprit de rupture faisant défaut chez ceux ayant fini par accepter les règles.

Enfin, la parité entre hommes et femmes ne se décrète pas, elle se conquiert et un grand travail est à mener sur ce plan. Tout le monde sait bien que les femmes évitent largement l’engagement politique, tout en étant plus que largement majoritaires en certains domaines, comme par exemple la protection des animaux.

Alors, bien sûr, le tirage au sort est là surtout pour masquer que génération.s » n’est qu’une coquille vide sur le plan des idées. Ayant quitté le Parti socialiste, Benoît Hamon a choisi de rompre avec toute la tradition historique de la gauche et de passer dans camp de la « modernité ».

Mais cette modernité, c’est celle du monde des entreprises, avec le choix des consommateurs et l’apparence comptant plus que tout. C’est le refus du principe d’organisation, de conscience, d’idées, du principe de responsabilité.

Au lieu d’en revenir à ces fondamentaux – qu’on peut résumer comme la forme démocratique pour de réels débats d’idées comme fond – « génération.s » s’avère être un dépassement moderne qui est plus proche d’Emmanuel Macron qu’autre chose dans son style. C’est un échec.

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Culture

Benoît Hamon : Johnny Hallyday ou les Sisters of mercy?

La comparaison de Johnny Hallyday avec la tour Eiffel qu’a faite Benoît Hamon est vraiment incompréhensible. Ou, plutôt, elle témoigne du fait que Benoît Hamon a sciemment fait de la démagogie.

Au détour d’une petite biographie que Libération lui consacre en 2007, on apprend que celui-ci a eu trois périodes niveau goûts musicaux :

Jeune, il n’est pas très lecture. Cela lui viendra plus tard: Primo Lévi, Gide, Gary, Cocteau, Gramsci. Il préfère la musique. Exhume trois strates datables au carbone 14. 1) Du hard rock (AC/DC, Trust). 2) De la new wave (Cure, Sisters of Mercy, encore les soeurs.) 3) Du rap. «J’écoute NTM, quand ma nana n’est pas là.»

Benoît Hamon, lorsqu’il avait gagné les primaires du Parti socialiste, avait accordé une interview au magazine Rolling Stone, présentant de manière plus poussée ses propres goûts musicaux. Le premier 45 tours qu’il a acheté était de Status Quo, puis il a écouté AC/DC, Motörhead, Saxon.

Après cette vague de son rock lourd et métallique, il est passé à la cold wave, avec Joy Division, The Cure (de la période très sombre de la fameuse trilogie) et les Sisters of mercy.

Ses goûts, ici, sont typiquement ceux des gens alternatifs au début des années 1980 : la minorité qui n’écoutait pas la musique commerciale dominante.

On se tourne alors vers le heavy metal, le punk, la cold wave, ou encore dez manière plus marginale vers le hip hop ou la musique electro-industriel.

On s’identifie à une certaine sensibilité exprimée de manière profonde, s’éloignant du caractère neutre, fade, répétitif d’une vie quotidienne dans une société morne et ennuyeuse.

C’est l’époque où, dans chaque lycée, il y avait quelques métalleux, quelques punks, quelques gothiques, tous ayant en commun de ne fréquenter que des gens pareillement tournés vers des musiques non commerciales.

Il y avait un besoin de distinction avec les normes dominantes. Benoît Hamon le revendiquait par ailleurs lui-même dans l’interview :

A ce propos, quand vous sortiez à Brest pour écouter de la bonne musique, c’était où votre QG ?

On allait tous au Mélo. Cette boite était le point de rendez-vous pour tous les amateurs de cold-wave. C’était le club rock incontournable de la ville. Au moins, là-bas on savait qu’on n’allait pas se retrouver encerclé par Michel Sardou ou François Valéry, la programmation musicale affichait clairement les couleurs.

« Encerclé » est un mot tout à fait bien choisi. Trouver un endroit où passait de la musique alternative, c’était briser l’encerclement de la ringardise, du consensus comme quoi dans la société tout est bien, tout va bien, etc.

Comment peut-il alors en arriver à Johnny Hallyday ? Dans la même interview, quand on lui la poste la question du rock français, il nomme les groupes Téléphone, Bijou, Starshooter, Noir désir. Il mentionne également Miossec.

Il ne parle pas de Johnny Hallyday. Si c’était une référence digne, en termes de référence, de comparaison avec la tour Eiffel, pourquoi ne pas le nommer ?

Dans une autre interview, il cite comme référence Trust, raconte qu’il appréciait (un peu) les Béruriers noirs et explique qu’il écoutait également les Stray cats, un groupe de rockabilly – psycho.

Il nomme également plusieurs groupes de New wave montrant qu’il s’y connaît au moins plutôt pas mal : Public Image Limited, Killing Joke, UltraVox, Depeche Mode, Talk Talk, Lords of the New Church.

Les gens qui écoutent ce genre de groupes ont deux caractéristiques : d’abord, le niveau musical est très poussé, ensuite c’est souvent une musique qui « rippe », qui a des sons perturbés, qui cherche à se démarquer musicalement des sons « traditionnels », pour souligner la rupture avec le consensus musical dominant et la société qui va avec.

Jamais ils n’écouteraient Johnny Hallyday ! Ce dernier recevait soit une indifférence complète, soit un mépris assumé. Johnny Hallyday, tout le monde savait qu’il se présentait comme un passeur de rêve et de sentiments, mais c’était juste symbolique, sans réelle profondeur, que c’était de la variété.

Joy Division ou les Smiths, par contre, voilà qui musicalement et sur le plan du vécu, représentait bien autre chose…

Benoît Hamon le sait très bien et a adopté la posture du démagogue en comparant Johnny Hallyday à la tour Eiffel. Il s’est plié au consensus.

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Politique

Benoît Hamon fonde Génération⋅s

Juste après les élections présidentielles (où il avait fait 6,36 % des voix au premier tour), Benoît Hamon avait quitté le Parti socialiste et fondé, dans la douleur, le mouvement du premier juillet (2017), le M1717. Il n’y avait ni cadre politique ni socle politique, mais l’idée était de profiter d’un élan de sympathie pour former quelque chose de nouveau.

Benoît Hamon savait avec justesse que, en comparaison à un Parti socialiste très marqué au centre-gauche et à un Jean-Luc Mélenchon populiste au possible, il y avait un large espace pour les gens de gauche.

On en sait désormais davantage, puisqu’il a profité de l’élan du M1717 pour fonder Génération⋅s. 1500 personnes étaient présentes pour cela ce samedi 2 décembre 2017 au palais du congrès du Mans, s’appuyant sur un questionnaire rempli par 28 000 personnes sur les 42 000 s’étant inscrit gratuitement à la plate-forme du M1717.

Le mouvement est composé surtout de cadres supérieurs, d’étudiants (tenant le principal syndicat étudiant, l’UNEF), de gens appartenant au sens très large aux « classes moyennes ».

Il ne se veut pas dans la tradition du mouvement ouvrier et pour cette raison, le nom du mouvement se veut donc résolument « moderne », en opposition complète avec la tradition (un parti centralisé, avec des congrès et des cadres, etc.) et les « gros mots » (socialiste, communiste, socialisme, communisme, ouvrier, etc.).

Les valeurs de Génération⋅s sont définies par conséquent comme suit : « égalité, écologie, démocratie, justice sociale et solidarité, internationalisme ».

Le charte donne comme objectif :

« Nous voulons fonder une nouvelle république démocratique et participative, écologique et sociale, laïque et décentralisée. »

Deux exemples peuvent aider à comprendre la nature du projet. Benoît Hamon a expliqué dans un discours que la nature du nouveau mouvement était la suivante :

« Notre Mouvement doit préfigurer la République que nous voulons, basée sur la démocratie continue »

La « démocratie continue » est un concept inventé par Maurice Thorez, à la toute fin des années 1950. Une citation de lui est très connue pour qui s’intéresse à l’histoire du mouvement ouvrier :

 « La démocratie, création continue, s’achèvera dans le socialisme. »

Sur le Twitter du nouveau mouvement Génération⋅s, on a aussi cette précision :

« Un nouvel espoir jaillit. Rénovons et chérissons cette démocratie en rhizome. »

Un rhizome est une structure qui se meut en permanence dans tous les sens, sans niveaux ni hiérarchie.

Il s’agit d’un concept philosophique inventé par Gilles Deleuze et Félix Guattari, auteurs de Mille plateaux. Cet ouvrage est le grand classique des universités américaines, de la théorie du genre, de « l’intersectionnalité des luttes », etc.

Si le monde est une sorte de gigantesque « rhizome », alors il n’y a plus de société mais des échanges innombrables entre individus. Une « démocratie en rhizome » serait alors une sorte d’alliance gigantesque entre les individus, sur une base de réciprocité.

Le projet de Benoît Hamon est de réguler le capitalisme pour permettre aux individus de s’épanouir en vaquant en quelque sorte à leurs occupations de la manière la plus aisée possible.