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Départ d’une partie de Génération-s à EELV

La déchéance touche à sa fin.

Lorsque Génération-s a été mis en place par Benoît Hamon, l’idée était de reconstruire à Gauche en profitant de la mouvance socialiste pour développer des idées partant de la base. Lors de la journée de fondation à Vincennes, en banlieue parisienne, en juillet 2017, les gens autour de Benoît Hamon n’ont rien proposé : ils ont demandé aux gens ce qu’ils pensaient, ce qu’ils souhaitaient.

Malheureusement, de par la composante sociale des gens autour de Benoît Hamon (et de lui-même), cela s’est transformé en une sorte de petit carriérisme bourgeois sans envergure. Benoît Hamon lui-même abandonnait le mouvement en mai 2019, devenant candidat aux régionales de 2021 pour Europe Ecologie Les Verts pour rejoindre dans la foulée une entreprise visant les migrants à fort potentiel entrepreneurial.

Génération-s s’était entre-temps mis dans l’orbite d’Europe Ecologie Les Verts – il s’agit des mêmes bobos – avant qu’une partie pousse justement la logique jusqu’au bout, comme l’explique cette tribune en ce début juillet 2022.

Génération-s aurait pu être la critique de gauche de l’échec historique du Parti socialiste, cela aurait été une critique par la droite… EELV est désormais entièrement pro-OTAN en effet, rejoindre un tel mouvement en ce moment n’est même pas de la capitulation par rapport aux valeurs de gauche, c’est carrément aller aider la superpuissance américaine dans l’installation de forces lui étant asservies sur le plan des valeurs et des propositions.

Idéologiquement c’est d’ailleurs la tentative de former un Parti Démocrate à l’américaine, en mode Europe fédérale, écriture inclusive et LGBT, modernisation du capitalisme et neutralisation sociale – pacificatrice des contradictions, etc. Ces gens se disent de « gauche » mais leur modèle c’est le centrisme historique ayant existé en France dans les années 1950, en mode pro Union européenne inféodée aux États-Unis, modernisation et accompagnement social de celle-ci. Ignoble !

« Pelouse de Reuilly. 1er juillet 2017. Des personnes aux parcours politiques variés se retrouvent à l’invitation de Benoît Hamon. Elles sont nombreuses. Certaines sont socialistes, écœurées par le quinquennat Hollande qui vient de s’achever. D’autres sont écologistes et ont fait le pari courageux d’un rassemblement autour d’un candidat et d’un projet qui, pour la première fois, portent les questions environnementales et sociales ensemble avec la même ambition.

Nombre n’ont eu jusqu’alors aucun attachement partisan mais ont répondu à l’élan démocratique issu d’une primaire ouverte à laquelle des millions de Françaises et Français ont participé, partageant l’espoir d’une candidature audacieuse portant un projet de profonde transformation de la société et répondant aux enjeux réels de notre pays par des mesures innovantes : revenu universel, lutte contre les perturbateurs endocriniens et la taxe robot notamment. 

Elles ont en commun d’avoir voulu créer un futur désirable pour la France. Un futur désirable offrant un horizon de sortie de la société de consommation vorace et mortifère qui accumule toujours plus de profits en exploitant les ressources de la Terre et la force humaine de travail.

Un futur désirable dont l’étendard est celui du revenu universel, incarnant la sortie de la pauvreté, un revenu digne tout au long de la vie, une aspiration à retrouver du sens en mettant le travail à sa juste place et en reprenant le pouvoir sur notre vie et notre rapport au temps. Surtout, il permet d’envisager les mutations profondes que nécessite la transition écologique et à la rendre acceptable pour l’immense majorité d’entre nous.

Une grande partie des participantes et participants de la pelouse de Reuilly ont traduit cette histoire dans une aventure un peu folle : celle de créer un nouveau parti politique à partir de rien, ou plutôt à partir d’un projet ayant structuré le débat public le temps d’une présidentielle et du rêve puissant d’unir les familles issues de la gauche et de l’écologie. 

Un peu partout en France et au-delà. Juillet 2022 

Cinq ans ont passé depuis la pelouse de Reuilly. Cinq ans d’un quinquennat dévastateur pour les droits sociaux et les pratiques démocratiques de notre pays.

Cinq années durant lesquelles les conséquences du réchauffement climatique sont devenues plus visibles et fréquentes. Mais si le consensus est réel sur l’enjeu climatique, la bataille commence seulement sur la manière de conduire et de financer la transition écologique. Nous proposions par le revenu universel d’instaurer un nouveau droit social permettant d’affronter les crises. La COVID-19 avec la mise en place du « Quoi qu’il en coûte » a balayé les critiques le qualifiant d’utopique. Mais un autre projet, théorisant la croissance verte comme réponse à tous les maux, a été choisi.

Nous sommes conscient.e.s qu’il est plus facile d’adhérer à un projet promettant de ne pas changer, de ne pas faire d’effort et de garder coûte que coûte les repères du modèle productiviste. C’est vrai pour la minorité qui a accumulé assez de richesses pour faire face aux crises à venir. C’est faux pour celles et ceux qui ont vu leur pouvoir de vivre s’amoindrir depuis de nombreux mois et qui sont les premières victimes du réchauffement climatique. 

Alors, notre premier défi est de convaincre que la majorité d’entre nous vivra mieux dans une société de la sobriété, adaptant son modèle économique au fait que les ressources sont limitées et que nous avons atteint ces limites. Cela pose avec une acuité nouvelle la question de la répartition juste des fruits de l’exploitation de ces ressources.

Tout au long de ces 5 dernières années, nous avons œuvré à incarner ce trait d’union entre les combats de la gauche et des écologistes, pour finalement voir aboutir l’accord historique de la NUPES pour les élections législatives. Nous avons pris acte de la demande des électrices et électeurs de voir notre camp se rassembler.

Nous avons mis notre énergie à ce que cette union s’incarne dans des campagnes communes permettant de susciter le plus d’espoir possible. Nous y avons vu les prémices d’un nouveau cycle : celui de la recomposition du camp progressiste après dix ans de décomposition et d’essoufflement lié à la démultiplication des partis du camp du progrès. 

Les défis que notre camp social a à affronter sont tels que nous avons besoin d’une force politique regroupant des milliers de personnes, dont la vitalité démocratique repose sur la qualité de son débat politique, dont les membres impulsent de nouvelles solidarités à l’image des coopératives. 

Aujourd’hui, il ne reste pas grand chose à Génération.s de l’élan de 2017. Pas de campagne depuis 2 ans pour convaincre de la nécessaire sobriété et du revenu universel. Une inconstance stratégique, avec la mise à mal du rassemblement autour du pôle écologiste au moment de l’accord pour les législatives; une orientation pourtant approuvée massivement par les militant-es pendant la dernière convention.

Moteurs pour faire vivre le pôle écologiste dans leurs territoires, les militantes et militants de Génération.s ont été laissé.es dans l’incompréhension totale face à cette décision. Dans le même temps, l’absence de souffle démocratique, des instances ne parvenant pas à répondre à l’aspiration originelle de promouvoir la diversité et la formation militante, ont conduit à de nombreux découragements. 

Génération.s est devenu trop étroit, dénué de projet politique distinctif, et ne parvient plus à justifier de son utilité à terme. Pour notre part, nous souhaitons continuer à marcher sur nos deux jambes que sont : la justice sociale et la réponse au défi climatique.

Or, ce projet politique existe et nous y avons toute notre place : c’est celui de l’écologie politique porté au sein d’EELV. Nous l’avons suffisamment appris, construit et partagé à leurs côtés depuis deux ans en menant des campagnes communes à toutes les échelles locales et nationales. 

Construire la suite : au sein d’EELV 

Nous savons qu’au sein d’EELV nous pourrons porter les idées que nous avons défendues à Génération.s. Nous nous engagerons pour une écologie populaire, tournée vers les personnes précaires, premières victimes de la crise climatique.

Nous construirons le renouveau démocratique pour rajeunir nos institutions et mettre les habitantes et les habitants au cœur des décisions qui les concernent. Nous nous battrons pour l’équité territoriale afin d’offrir dans les quartiers populaires et dans les milieux ruraux une autre voie que celles de l’abstention, du rejet de la politique ou de la haine portée par l’extrême-droite.

Nous militerons pour une nouvelle Europe fédérale qui remet l’humain au cœur de son projet politique, en première ligne de la lutte contre le réchauffement climatique, avec la primauté du principe de solidarité et un fédéralisme du mieux-disant écologique, social et démocratique. Nous défendrons également la mise en place d’un Revenu Universel d’Existence, pierre angulaire de la prise en compte des enjeux nouveaux du XXIème Siècle.

Alors, cinq ans plus tard, nous militant.es, élu.es, responsables politiques issu.es de Génération.s soufflons une dernière fois les bougies de notre engagement dans ce parti. En rejoignant EELV, nous partons pour une aventure nouvelle, riches de rencontres, riches d’une expérience démocratique, riches d’une conscience plus aiguisée que l’écologie politique est l’alternative au libéralisme. 

Nous partons aussi en gardant l’espoir porté au sein du pôle écologiste : celui de devenir une force partisane offrant de nouvelles perspectives pour l’écologie politique. C’est pourquoi nous décidons d’accompagner et de rejoindre la dynamique initiée par EELV, celle d’un dépassement et d’une refondation avec l’ambition de défendre une société plus juste, plus respectueuse et portant un véritable projet d’avenir. »

Les premiers signataires : 

Ameris Amblard 

Pierre-Yvain Arnaud

Maxime Auger

Françoise Benaïm 

Sabrina Benmokhtar

Setni Baro

Alain Blanc

Alice Bosler

Sophie Boussemart

Nicolas Braemer

Maïtena Bru

Ghislain Cabayot

Gaëlle Capitaine

Jean-Michel Mischa Cazeaux

Sandrine Charnoz

Amélie Cohen-Langlais 

Emmanuelle Cretin-Magand

Marianne Cuoq

Tanguy Dassonville

Elliot de Faramond

Joséphine Delpeyrat

Danielle Depierre-Martin

Chérif Diallo

Sylvie Dumas

Gérald Elbaze

Thomas Franck 

Nicolas Garcia

Julie Godichaud

Dominique Guillou

Loreleï Guys

Popée Guys

Reine Guys

Denis Haudebault 

Frédéric Hocquard   

Sylvain Indjic   

Mathieu Kerbouche

Ronan Kerguiduff

Arthur Lacour

Sébastien Lagrave

Marie-Charlotte Latour

Clarisse Leclair

Jean Mariaud

Nathalie Maquoi

Laila Megharbi

Marc Mejean 

Félix Mésonnier

Marthe Nagels

Patrick Nana

Stéphane Pfeiffer

Agathe Pigneux

Sylvie Poupon

Bastien Recher

Michaël Ristic

Lucile Robert

Marie-Dorothée Schmidt

Pascale Seux

Fausto Sinigaglia

Laura Slimani

Guy Tabacchi

Jean-Daniel Thumser

Anaïs Touzet

Laurent Touzet

Arthur Wolff

Dan Zisso

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Politique

Benoît Hamon préfère les migrants et l’argent et abandonne la Gauche

Il agit directement en renégat.

Benoît Hamon est un salaud. On sait tous qu’en Afghanistan il faut soutenir l’opposition aux Talibans, que les Afghans ont le droit de vivre dans la dignité et de connaître le bonheur, dans leur pays, avec leur culture. Et alors que ce pays connaît un drame, lui annonce qu’il devient le directeur général d’une entreprise faisant du commerce des initiatives entrepreneuriales de migrants. C’est pathétique, lamentable. Quel salaud!

En ce sens, il trahit ce qui aurait dû être son rôle: profiter de son écho pour contribuer à reconstruire la Gauche. N’ayant pas réussi en ce sens avec son mouvement Génération-s, il s’est mis de côté puisque les choses ne se sont pas déroulées comme lui le voulait, et maintenant il va encore plus loin, il abandonne tout au profit des migrants et de l’argent.

Et il assume. Dans son communiqué du 9 septembre 2021 où il annonce qu’il quittait la vie politique, il présente avec enthousiasme son « entreprise sociale », Singa, qui compte dans différents pays utiliser des migrants pour produire des innovations au sein du capitalisme. Dans une interview au Monde, il explique cela en utilisant… la théorie d’extrême-Droite du « grand remplacement » en l’inversant!

« Plusieurs études l’attestent: plus une société est inclusive, plus sont économie va bien, plus les rapports sociaux sont pacifiés. »

C’est en quelque sorte l’idéologie du « rêve américain » où les migrants viennent irriguer le capitalisme comme main d’oeuvre bon marché et esprit d’entrepreneur, mais avec une lecture française prenant au pied de la lettre les fantasmagories d’extrême-Droite en les inversant.

Ce n’est même pas de l’humanisme, c’est littéralement du business, de manière sordide, comme ces propos infâmes de la part de Benoît Hamon au Monde dans l’interview…

« Combien de gens sous les tentes sont des trésors? Il y a un potentiel incroyable.

Tout le monde ne créera pas Google ou BioNtech. Mais il y a aussi les futures Marie Curie sous les tentes de la porte de la Chapelle. »

Non seulement c’est une insulte au principe d’accueil des réfugiés – qui ne sont pas des migrants et qu’on doit accueillir qu’ils soient « utiles » ou pas -, mais c’est une valorisation de type capitaliste des migrations. Et Benoît Hamon va gagner entre 4 et 12 000 euros par mois pour cela.

Autant dire qu’il se comporte directement en renégat. L’ouvrier en France ne l’intéresse pas, ce qui a de la valeur à ses yeux c’est le potentiel capitaliste du migrant laissant son pays comme il est pour réaliser une carrière individuelle. C’est un exemple parfait de la fausse « gauche » en fait modernisatrice, au service du turbocapitalisme.

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Benoît Hamon trahit la Gauche pour EELV

L’opportunisme pro-EELV se généralise sans états d’âme.

Benoît Hamon sera candidat en juin pour les régionales sur la liste Europe Écologie-Les Verts. Ce sera dans les Yvelines et il sera même en seconde position, juste derrière Julien Bayou.

Naturellement, Benoît Hamon justifie cela en disant qu’il faut davantage d’écologie, qu’il faut une majorité clairement écologiste. Dans une interview accordée au Parisien, il assume cependant au détour d’une question ce qui est le réel arrière-plan : la liquidation de la Gauche par l’intermédiaire d’EELV.

« Vous ne craignez pas de vous faire vampiriser par Les Verts ?

Si l’on peut se diriger vers la création d’une grande formation écologiste et sociale, moi, comme Génération.s, nous nous en réjouirions. Il n’y a rien d’indépassable entre nous, le PS, les Verts et les Insoumis. »

Benoît Hamon précise d’ailleurs qu’il soutiendra le candidat de rassemblement prenant en compte son programme de revenu universel. Cela sera donc EELV.

Comment en est-on arrivé là ? C’est assez simple : Benoît Hamon est sympathique et sincère, mais il vit en bourgeois et Génération-s est composé de bourgeois. Le résultat en a été que la scission à gauche du Parti socialiste se ramène à un retournement par la liquidation. Incapable d’assumer l’orientation vers la Gauche historique, il y a l’attirance naturelle vers les valeurs post-modernes, une « écologie » pour relancer le capitalisme qui serait humanisé, etc.

Le principe du revenu universel relève tout à fait de cette approche individualiste. Il est né à l’origine dans la gauche italienne issue de l’Autonomie Ouvrière des années 1970, qui espérait dépasser le capitalisme en instaurant une sorte de communisme immédiat par le revenu universel.

Il a été repris par toute une flopée d’intellectuels de la « seconde gauche » (c’est-à-dire non liée au mouvement ouvrier), puis même par des courants ultra-libéraux de la Droite comme moyen de supprimer en échange la sécurité sociale et les assurance-chômage. Car, dans l’idée, on a une atomisation complète de la société, une société qui n’est d’ailleurs même alors plus qu’un simple mot pour désigner une myriade d’individus séparés les uns des autres, vivant chacun « différemment ».

Cependant, au-delà de cette question, ce qui compte c’est la réalité politique et il faut dire les choses comme elles le sont. Benoît Hamon poignarde la Gauche. N’ayant pas réussi à mettre en place une formation de gauche assez puissante, Benoît Hamon procède à une vente à la découpe au profit d’EELV. Les dernières élections internes de Génération-s reflètent bien ce processus.

EELV a en effet un objectif stratégique : former un appel d’air pour siphonner les cadres de la Gauche, en présentant les élections présidentielles comme incontournables et en disant que seul un candidat EELV peut parvenir à quelque chose.

C’est en appeler à l’opportunisme. C’est la lutte des places au lieu de la lutte des classes. Benoît Hamon s’est vendu tôt : il aura une bonne place. Pour EELV, il sert de poteau indicateur au reste de la Gauche : pour exister, venez à nous. Entre EELV et les populistes de La France Insoumise, la Gauche est d’ailleurs en train de se faire broyer.

Cela souligne d’autant plus la nécessité de défendre les fondamentaux et de ne pas se laisser contaminer par l’opportunisme et le populisme. Surtout à une époque où l’extrême-Droite avance à grands pas ! EELV ne fait pas le poids face au nationalisme et au militarisme et La France Insoumise n’en est qu’une sorte de variante ultra-sociale.

C’est vers le mouvement ouvrier et son histoire qu’il faut se tourner, pas vers EELV. Quant à l’excuse de l’écologie, elle ne tient pas une seule seconde. Car l’écologie passe aussi par la question animale et cette question est tellement subversive qu’elle porte directement en elle un conflit de classe. Ce n’est pas pour rien qu’EELV ne peut pas réellement en parler.

La question animale, l’écologie… c’est la question de la vision du monde pour une société entièrement nouvelle, où tout a été transformé. C’est quelque chose d’envergure. C’est donc quelque chose qui ne peut être porté que par la classe ouvrière.

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Politique

Benoit Hamon lance SensTV

Benoit Hamon a annoncé le lancement d’une plateforme streaming nommée SensTv, avec comme slogan « mettons-nous d’accord sur nos désaccords ! ». L’accès est payant, avec un abonnement « sans engagement » à 4€99 par mois.

Voici la lettre de présentation :

« Cher.e.s toutes et tous,

Au croisement d’une année éprouvante et d’une année nouvelle que nous voulons fabriquer plus juste, écologique et bienveillante, je vous annonce que je me lance dans une aventure inédite avec ma chaîne SensTV.

À travers un média qui donne une grande place à l’intelligence collective, à l’argumentation, à la science, à la rigueur intellectuelle, j’ai choisi de poursuivre différemment et compléter une vie d’engagements. SensTV est l’antidote aux chaînes infos et aux réseaux sociaux qui rugissent du tumulte des polémiques et des préjugés.

Témoigner des injustices, montrer des solutions, changer la perspective, ouvrir des débats pour infléchir la trajectoire au désastre vers laquelle glissent nos sociétés productivistes et liberticides, voilà la raison d’être de SensTV.

SensTV est surtout une chaîne qui propose de ralentir le temps, de nous asseoir pour réfléchir, de nous arracher à la tyrannie de l’urgence et de voir si nous pouvons nous mettre d’accord sur nos désaccords.

Joyeuses fêtes de fin d’année à chacun.e d’entre vous.

Fidèlement.

Benoît Hamon »

La plateforme est disponible ici : senstv.fr

Sont déjà mis en avant des « grands entretiens » vidéos, ce qui donne une idée du contenu et de l’orientation du projet :

« 1er Grand Entretien avec Nora Lakheal

Je reçois Nora Lakheal pour le premier entretien sur le thème « La police et la République ». Cette officière est la première femme à avoir rejoint les renseignements généraux, au sein du « groupe islam radical » de la Section Opérationnelle et Recherche Spécialisée (SORS).

2ème Grand Entretien avec Mgr. Matthieu Rougé

Pour le second entretien, j’ai choisi d’échanger sur « Le travail et le christianisme ». J’ai reçu pour cela Mgr. Matthieu Rougé, Évêque de Nanterre et membre du conseil permanent de la conférence des Évêques de France.

Prochains invités pour les Grands Entretiens de janvier :

Lilian THURAM

Alice COFFIN

Michel-Edouard LECLERC »

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Politique

Le « départ » de Benoît Hamon

Benoît Hamon filait un mauvais coton avant les élections. Ses propos négatifs étaient nombreux. Dépassant 3 %, Génération-s est remboursé de ses investissement pour les élections et est sauvé de ce point de vue-là. Lui préfère prendre un peu de champ, tout en soutenant le mouvement.

Benoît Hamon a multiplié les signaux négatifs juste avant les élections, reflétant ses inquiétudes. Une semaine avant le vote, il déclarait en « off » à des journalistes la chose suivante :

« C’est fou, on est à une semaine de l’élection, et j’ai l’impression d’apprendre aux gens que je suis candidat, ça me laisse pantois. »

Peu après, sur France 2, il expliquait :

« Je tirerai les leçons d’un deuxième échec majeur au suffrage universel et les idées que je porte, naturellement, elles disparaîtront et de la reconstruction de la gauche et du paysage politique (…).

Je veux le dire aux électeurs et notamment aux indécis : si je ne passe pas les 5%, les idées que j’ai défendues, le revenu universel, la taxe sur les robots, la transition écologique telle que je l’ai défendue avec la justice sociale, ces idées s’évanouiront aussi. »

Il a hier soir annoncé sa décision à la suite de l’échec de Génération-s à atteindre 5 %: il se met en retrait. Voici son message à Génération-s.

« Chères amies, chers amis,

Ces élections européennes nous ont déçu par leur résultat mais nous avons fait une incroyable campagne, à moyens financiers minuscules, mais à énergie humaine (et propre) incroyable.

C’est une des campagnes dont je suis le plus fier. Partout vous avez déployé engagement et arguments pour convaincre. J’ai eu écho des mille initiatives prises sur le terrain, des nuits de collage, des petits matins de tractage dans les gares, des après midi de porte-à-porte. Ce sont des jours heureux dans nos mémoires. Nos idées grandissent, c’est l’essentiel.

Maintenant s’ouvre une nouvelle étape pour la gauche qui doit se reconstruire et se rassembler, d’une part, et pour notre mouvement qui prépare déjà les prochaines élections municipales, d’autre part.

D’ici là, nous aurons l’occasion de débattre, de faire le bilan de notre jeune existence et de cette première épreuve du feu et de décider comment nous inscrire dans l’avenir de la gauche : construction d’un lobby citoyen ; participation à la réalisation d’une maison commune de la gauche et de l’écologie… Le collectif national prendra des initiatives bientôt.

Je participerai à cette nouvelle étape, fidèlement à vous et à notre projet. J’ai cependant besoin de prendre du recul, de m’éloigner des médias notamment. Cela fait presque trois ans et le lancement de la primaire de la gauche, que je bats campagne sans interruption. J’ai besoin de retrouver un peu mon souffle, de penser, lire, croiser de nouveau regards. Génération·s est le mouvement de l’intelligence collective. Soyez sûrs qu’elle nous portera loin.

On ne se quitte donc pas.

Merci.

A bientôt.

Benoît Hamon »

Cela est fort dommage, car Benoît Hamon est une figure connue de la Gauche. Cela sonne comme une capitulation, même si cela en est pas une. Ce n’est dans tous les cas pas dignes de la politique. Vus les défis attendus, il faut des gens connus, avec de l’expérience, ayant fait preuve de leur engagement. On ne se met pas de côté au moment où les batailles terribles s’annoncent.

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Société

Non, Benoît Hamon, le kebab n’est certainement pas un apport culturel

Voulant combattre le racisme à Béziers, Benoît Hamon a mangé un kebab et l’a revendiqué. Cela représente pourtant le degré le plus haut de souffrance animale, d’exploitation des travailleurs, d’alimentation anti-diététique, de produit ultra vite fait et ultra mal fait mais appétant, de petit commerce agressif et prêt à tout.

Benoît Hamon est, parmi toutes les figures actuelles de la Gauche, sans doute celle qui est la plus ouverte à l’esprit alternatif sur le plan du mode de vie. Il a très certainement de la sympathie pour l’esprit authentique des rastas, du respect pour les vegans, un intérêt pour les hippies, et si on lui parle du skate punk californien, il dira très certainement que c’est fort intéressant et nettement positif. Malheureusement, cela reste indéniablement extérieur à lui. Et de nos jours, le capitalisme est tellement puissant qu’on ne peut pas être alternatif à moitié.

Ainsi, Benoît Hamon a succombé à son manque de rigueur, à son formatage bourgeois. Cela part d’un bon sentiment, il est vrai : il est à Béziers, une ville dont le maire Robert Ménard joue sur la corde identitaire et nationaliste autant qu’il peut, dans une région fortement marquée par un racisme revendiqué. Il est également accompagné de Naïma Charaï, élue bordelaise à qui Robert Ménard intente un procès en diffamation.

Elle avait dit dans la presse l’an passé que celui-ci a été condamné pour incitation à la haine raciale. Le jugement avait en fait été réformé en appel (et non « cassé » comme le dit Benoît Hamon, qui confond avec un pourvoi en cassation). Dans ce cas, l’arrêt rendu par la cours d’appel rend caduque le jugement initial – c’est comme s’il n’avait jamais existé, puisqu’il est considéré que l’affaire a été mal jugée. Au sens strict, Naïma Charaï ne peut donc pas dire que Robert Ménard a été condamné pour incitation à la haine raciale.

Tout cela pour dire que, donc, jeudi 16 mai 2019, Benoît Hamon s’est filmé en train de manger un kebab, envoyant une « dédicace » à Robert Ménard, Marine Le Pen et Jordan Bardella. La publication a même été « épinglée » sur son compte Twitter de manière à ce qu’elle reste visible un long moment, dans le but d’en faire une actualité politique anti-raciste. Peut-on être pourtant plus incohérent ?

Il est invraisemblable qu’en 2019, il y ait des gens à Gauche pour valoriser le kebab. Pourquoi le kebab est-il si peu cher ? Parce que les animaux qui ont servi pour la viande ont connu le pire des enfers, dans le cadre d’un capitalisme ultra-agressif. Il ne s’agit pas seulement d’animaux par définition dans les abattoirs, il s’agit d’animaux connaissant le pire des abattoirs, car il s’agit ici de fournir la viande la moins chère de toutes. Les gens qui ont servi dans les abattoirs et pour les livraisons font partie des prolétaires les plus pressurisés, les plus exploités, en plus du caractère démolisseur psychologiquement de leur travail pour les premiers.

 

Voir cette publication sur Instagram

 

Spéciale dédicace à Robert Menard, @marine_lepen, @jordanbardella, en direct du meilleur kebab de #Beziers 📸 @teofaure

Une publication partagée par Benoît Hamon (@benoit_hamon) le


Le kebab est également ultra appétant, à coups de sauces grasses mélangées aux viandes, à la fois pour masquer le goût ignoble (les viandes étant les pires restes des secteurs déjà les plus agressifs de cette industrie) et pour contribuer à l’empiffrage, qui est le principal « plaisir » du kebab, comme pour la pizza, le hamburger ou le tacos. C’est le principe de la malbouffe et cela a un succès gigantesque dans notre pays.

C’est donc une catastrophe. Et il est tout aussi catastrophique de parler du couscous en le plaçant au même degré que le kebab, comme le fait Benoît Hamon par anti-racisme. Le kebab est une invention très récente, faite par des commerçants turcs à Berlin. Sa nature est industrielle, commerciale, un équivalent du hamburger ou du hot-dog.

Le couscous est quant à lui un plat relevant de la culture populaire, avec un profond équilibre nutritif, une recherche gustative au moyen d’une grande finesse dans le choix des éléments. Ce n’est pas une accumulation des pires viandes mélangée à de la sauce, coupée en petits morceaux et mélangés avec le fameux triptyque salade – tomates – oignons, dans un pain dont rien que la digestion coûte plus d’énergie au corps qu’il n’en apporte, avec des frites surgelées !

Si on conclut en plus en disant que les kebabs sont des repères patriarcaux, on aura tout dit. Benoît Hamon aurait dû comprendre le piège tendu par Robert Ménard qui ne cesse de dénoncer les kebabs depuis plusieurs années. Il aurait dû comprendre qu’il l’a fait pour se donner une image anticapitaliste romantique auprès des masses, qui ne sont pas dupes de ce que représente le kebab. Quant aux jeunes qui vont au kebab (surtout des jeunes hommes), ils le font passivement et s’en moqueront que Benoît Hamon le fasse également.

Les gens qui prennent des kebabs sont autant passifs que ceux qui vont au McDonald’s, et sont d’ailleurs souvent les mêmes. Quand on est à Gauche, on le voit bien et on comprend qu’il y a un problème. Benoît Hamon ferait mieux d’aller chercher l’adolescente qui se met à l’écart de ces lieux de commerce où règne l’attitude beauf par rapport au monde tel qu’il est, et qui bataille contre ses parents pour pouvoir assumer son véganisme. S’il y a quelque part de la dignité, l’avenir de la Gauche et même du monde, c’est bien là, et pas dans un kebab.

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Politique

Le volontarisme du manifeste écologiste de Génération-s

Les efforts de Benoît Hamon sont sincères, volontaristes, mais très inégaux. L’appel à ce que l’écologie soit assumée à Gauche est une initiative excellente. Mais pas une seule fois il n’est parlé des animaux, ce qui expose un manque immense tout de même lorsqu’on parle d’écologie, et surtout le Manifeste récuse tant le Socialisme que le « système libéral-productiviste ».

« Ils sont dans une espèce de surenchère écologique à quelques jours des élections européennes » : c’est ce qu’a affirmé Jordan Bardella sur LCI au sujet de la LREM et de sa proposition que l’Union Européenne mette 1 000 milliards d’euros dans la transition écologique d’ici 2024. La critique est révélatrice : au lieu de dénoncer le populisme de LREM (car LREM ne peut rien proposer du tout au niveau de l’Europe, seulement participer), c’est l’écologie qui est dénoncée.

> Lire : Le Manifeste pour l’écologie du monde qui vient

L’écologie est source de panique chez les forces conservatrices et Jordan Bardella ne fait même pas semblant de faire de l’écologie différemment, ce qui était pourtant la ligne de Marine Le Pen pour le lancement de la campagne de ces élections européennes.

Elle est par contre source d’inspiration pour les gens comprenant le besoin de transformation. Génération-s a ainsi rendu public un Manifeste pour l’écologie du monde qui vient, sous-titré Engageons le cycle des « trente vertueuses ». Benoît Hamon, dans la préface, résume avec un grand lyrisme ce besoin de transformation :

« L’Europe a définitivement tout à voir avec l’écologie, car elles nourrissent l’une et l’autre le besoin viscéral de se projeter dans un avenir commun positif. Là où l’idéologie libérale a supprimé depuis trente ans tout repère collectif, l’Europe et l’écologie recréent du commun, du lien, une fraternité. »

Pourquoi l’Europe et pas le monde, l’idée d’un gouvernement mondial ? Après tout c’était déjà le rêve d’Emmanuel Kant, ce grand penseur des Lumières, et la chanson l’Internationale demande justement cela aussi. L’écologie n’a de toutes façons pas de sens si l’on ne se place pas dans une perspective mondiale. Les anti-écologistes le rappellent suffisamment en disant que tant que les États-Unis et la Chine ne changeront pas leur approche…

Mais gageons que Benoît Hamon propose simplement de faire de l’Europe un levier pour changer les choses dans le monde, une sorte de modèle. Et c’est ce qu’affirment justement les dernières lignes du Manifeste. Benoît Hamon parle de l’Europe, pour parler du monde, il veut trouver une voie positive dans le monde, et cela passe par l’Europe. Cela peut sembler naïf ou idiot, mais quand on lit cette perspective, on se dit : un type bien, ce Benoît !

L’idée proposée dans le Manifeste est que les prochaines années soient donc justement idéales, à l’opposé des années passées. Aux « trente honteuses » du passé sont opposées les « trente vertueuses » de l’avenir, en allusion aux « trente glorieuses », les années 1945-1975 d’importantes croissance dans les pays occidentaux.

L’idée a un vrai contenu, mais il est considéré que ce serait là quelque chose de naturel, que les « trente vertueuses » ont en fait même déjà commencé :

« La jeunesse mondiale qui manifeste dans la rue ouvre majestueusement le cycle des « trente vertueuses ». Avec l’intransigeance propre à son âge, une détermination proportionnelle à ses craintes et une indignation indexée sur son dégoût, la génération qui vient prend son destin en main et nous intime d’agir.

Comment ces jeunes ne seraient-ils pas « plus chauds que le climat » face à l’état ravagé de la planète dont ils héritent, la cupidité de leurs aînés, le cynisme des dirigeants, l’obséquiosité des politiques, l’hypocrisie du système ? La lâcheté et l’égoïsme qui ont caractérisé d’abord l’Occident puis l’ensemble du monde dans son sillage sont honnis. Le modèle productiviste est mort. La pression populaire pour engager la transition, maintenant, est considérable. »

Ces lignes sont incompréhensibles. La jeunesse mondiale ne manifeste pas du tout, la jeunesse française encore moins. Les quelques initiatives ont été téléguidées par les réseaux sociaux et ne sont nullement ancrées dans la réalité. Il n’y a aucune intransigeance non plus. Les jeunes sont très modernes, ils vont changer le monde, mais pour l’instant ils mangent des kebabs et vont au Mc Donald’s.

D’ailleurs, notons au passage que sortir un tel Manifeste sans mentionner une seule fois le terme « animal » au moment où pareillement est sorti un rapport de l’ONU sur la biodiversité, c’est au mieux ballot, au pire criminel. Franchement, quoi !

De plus, contrairement à ce qui est dit, la pression populaire est inexistante, soit parce que les gens sont passifs, soit parce qu’ils veulent vivre comme avant, comme le montrent très bien les gilets jaunes (que le Manifeste attribue à une simple colère sociale, ce qui est réducteur et même faux).

Cet idéalisme n’étonnera pas qui connaît Benoît Hamon et ses partisans, qui s’imaginent que la « gauche » post-moderne répond à des exigences naturelles. Et comme souvent, cela va avec de véritables exigences, très justes, ou au moins très sympathiques. Il y a de l’envergure dans les propos suivants du Manifeste :

« Les 2,5 millions de signataires de la pétition pour le climat confirment la fin du déni humain et la force de l’attente. En France et partout dans le monde, nous disons que « l’Affaire du siècle » sera de sortir la Terre de son asservissement, de définir ses droits et d’ouvrir une nouvelle ère de partage de la vie. C’est une force immense qui exige de changer d’échelle et invente les moyens d’agir. En créant de nouveaux droits pour que la nature puisse se défendre et s’opposer à la violence d’un marché vorace et destructeur, elle engage un nouveau monde. »

La Manifeste, qui fait une vingtaine de pages, consiste alors à dire que l’écologie ne peut exister qu’avec la justice sociale, qu’elle ne peut pas être apolitique, qu’elle implique une rupture complète avec le « système libéral-productiviste ». D’un côté, on se dit : bravo, il faut soutenir Benoît Hamon, il y a une vraie affirmation d’une utopie de Gauche. Surtout qu’on lit ces lignes favorables à la Gauche historique, étonnantes car telle n’est pas du tout la ligne assumée par Génération-s :

« Notre première responsabilité est de changer radicalement de mode de production, de consommation, et de repenser notre rapport au temps et au travail.

Sous une forme renouvelée, ces sujets ne sont autres que ceux des mouvements ouvriers du XIXe siècle, du Front populaire de 1936, du Conseil national de la résistance de 1945. L’écologie est la réponse à la question sociale de notre siècle. »

Bravo, vive le mouvement ouvrier, vive le Front populaire, vive l’esprit de la Résistance ! Dommage d’avoir oublié mai-juin 1968, mais bon (on notera au passage que le programme commun de 1981 est également soigneusement oublié), il y a déjà les fondamentaux du point de vue de la Gauche historique.

De l’autre, il y a un souci, c’est un côté ni Capitalisme ni Socialisme qui sonne très années 1930, dans sa variante spiritualiste. Il ne faut pas oublier qu’à l’origine, Benoît Hamon est un rocardien, c’est-à-dire quelqu’un de la droite du Parti socialiste, un partisan d’une sorte de « troisième voie ». Pas bon ! Et les lignes suivantes, qu’on lit dans le Manifeste, sont précisément infestées des idéologies d’Emmanuel Mounier (et le personalisme), de Martin Heidegger (et l’existentialisme), de tous les discours des années 1930 sur une autre richesse que celle matérielle, sur le besoin spirituel dans le rapport à la réalité :

« Aveuglés par des mécanismes de marché qui n’ont jamais intégré la question de la finitude des ressources, les néolibéraux courent sans cesse après un nouveau modèle de croissance qui ne vient pas. Les productivistes sont, eux, terrifiés à l’idée de perdre tout ressort de redistribution des richesses – qu’importe si le système qui les produit est la cause même de la crise sociale et environnementale.

Les mêmes symptômes guettent les mouvements collectivistes, qui ne croient qu’en un système de production centralisé et planifié incompatible avec l’économie des ressources. Il ne s’agit plus de savoir comment produire à tout prix des richesses pour les redistribuer plus ou moins. Il s’agit de changer fondamentalement de logiciel, de s’interroger sur la notion même de richesse, qui n’est plus aujourd’hui l’accès illimité au « confort matériel » mais à un air respirable, une eau buvable, des aliments comestibles, une terre cultivable, une santé préservée, une vie possible. »

Ici, il faut dire : halte-là, Benoît Hamon ! Si tu bascules dans la métaphysique de la sobriété de la petite production, tu changes de camp ! Tes exigences néo-humanistes sont appréciables, mais si ton mouvement publie un Manifeste avec de telles lignes, c’est qu’il y a un problème. Et ce problème, c’est que le système de références n’est pas la Gauche historique, mais les discours intellectuels bobos à la Pierre Rabhi.

Alors, comment faut-il considérer le Manifeste : comme un texte pro-zadiste, pro-décroissance, très années 1930 ? Comme un appel à ce que la Gauche assume enfin l’écologie ? Le Manifeste lui-même dit tout et son contraire et assume de ne pas choisir :

« Il ne s’agit pas de refuser ou d’épouser les théories de la décroissance, mais d’inventer une nouvelle forme de prospérité collective qui tienne compte des limites de la biosphère. »

Et, assumant son incohérence, se conclut par un appel à la Yannick Jadot, avec un appel à un capitalisme décentralisé et vertueux :

« Dans la course contre la montre qui s’impose à nous, force est de constater que les États ne sont pas à la hauteur, pris dans l’inertie économique et technocratique qui les empêche d’agir vite. En revanche, les acteurs non étatiques, citoyens et ONG, entreprises et collectivités territoriales lucides, s’emploient à faire émerger un avenir désirable.

Les appels à la mobilisation se multiplient, la jeunesse donne l’alerte et prend les devants pour secouer la léthargie établie, les actions des associations et des lanceurs d’alerte font date et sont salvatrices. Notre responsabilité est de donner un débouché politique concret à cette énergie puissante.

Une bataille sans merci doit être menée face aux acteurs économiques qui exploitent les biens communs pour s’enrichir en épuisant les ressources et notre santé.

En revanche, toutes les forces économiques pleinement intégrées dans la dynamique de transition énergétique et écologique qui développent des modèles alternatifs de production et de gouvernance doivent être considérées et soutenues comme moteurs des politiques publiques qui produiront de nouvelles opportunités de développement raisonné et résilient. »

Il y aurait donc les bonnes entreprises et les mauvaises entreprises, la bonne consommation et la mauvaise consommation. Ce ne serait pas le peuple qui devrait décider, mais les acteurs conscients. Pas très démocratique, tout cela ! Et même pas démocratique du tout !

Pourquoi les ONG auraient-elles une légitimité ? Pourquoi les collectivités territoriales auraient-elles une nature particulière par rapport au reste ? Qui décide que le telle entreprise propose un avenir désirable, telle autre non ? Qu’est-ce qu’un modèle alternatif de gouvernance ? Qu’est-ce qu’un modèle alternatif de production ?

Le fait est que ni Génération-s, ni Benoît Hamon ne parviennent à se transcender. On a ici le programme de la CFDT des années 1970, du PSU ou d’Alternatives Rouge et Verte, des Alternatifs, bref des rocardiens liés aux « mouvements sociaux » (du type LIP, le Larzac, etc.). Si Benoît Hamon veut rééditer cela, qu’il le dise. S’il veut faire autre chose, qu’il l’assume.

C’est tout de même un garçon étonnant : il a clairement une très grande envergure, il a saisi les enjeux immenses du siècle… mais il ne dispose que de vieux outils, même pas fonctionnels. En ce sens, il reste une partie de la solution, et pas du problème. Et le Manifeste est un intéressant appel à réfléchir, se positionner, assumant par ailleurs de ne pas être un programme réponse à tout.

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Les réactions à la proposition de fédération populaire par Jean-Luc Mélenchon

Plusieurs personnalités liées à la Gauche ont réagit à la proposition faite par Jean-Luc Mélenchon de créer une fédération populaire. Les réactions sont dans l’ensemble mitigées, car tout le monde ou presque a compris qu’il s’agirait surtout d’un « rassemblement » autour de sa propre personne.

Le Premier secrétaire du Parti socialiste a bien résumé le sentiment général à Gauche sur la proposition du leader de la France insoumise :

« C’est « Je veux bien rassembler mais sur mes bases et derrière moi ». Et c’est comme ça qu’on n’y arrive jamais ».

Olivier Faure a également considéré que c’était d’abord « un aveu d’échec » de la part de  celui qui avait initialement refusé « l’idée même de rassembler la Gauche ».

Selon lui, le député insoumis considérait auparavant « qu’il n’était pas de la Gauche mais du peuple », ce à quoi il a répondu :

« la Gauche, ça n’est pas le populisme, ça ne le sera jamais. Jamais. Cela suppose de sa part qu’il fasse ce pas-là et qu’il abandonne cette idée folle du populisme de gauche ».

Olivier Faure considère par ailleurs que le Parti socialiste fait la démarche de l’unité pour les élections européennes en présentant Raphaël Gluksman et que cela fonctionne, tout en regrettant qu’il y ait actuellement une « offre divisée ». C’est un raisonnement qui peu paraître absurde, car cela revient à se féliciter d’une situation tout en regrettant qu’elle n’existe pas.

Il faut cependant comprendre que le Parti socialiste considère être toujours la force centrifuge de la Gauche. Il imagine pouvoir rassembler à nouveau après ces élections, ce qui couperait de fait l’herbe sous le pied de Jean-Luc Mélenchon :

« Il y a déjà une progression, qui n’est pas suffisante, et nous devons viser un score qui nous mettent dans une situation où nous puissions, demain, être à nouveau en mesure de rassembler et d’être un pôle de stabilité à gauche. »

Le sénateur et secrétaire national en charge des relations extérieures du Parti socialiste Rachid Temal est allé dans le même sens qu’Olivier Faure, en critiquant l’exclusion de fait du PS par la France insoumise :

« Mélenchon dit « Je veux discuter avec la Gauche », mais ne veut pas des partis et met des oukases sur le PS  ! »

Le candidat Raphaël Glucksmann a pour sa part considéré qu’effectivement, « la gauche ne pourra être une offre crédible que si elle se réunit », mais qu’il faut d’abord avoir des discussions de fond, en assumant les divergences de chacun. On comprendra que cela revient là aussi à critiquer le populisme de Jean-Luc Mélenchon, qu’il avait d’ailleurs qualifié quelques jours avant de « Thatcher de gauche ».

De son côté, le tête de liste du PCF aux Européennes Ian Brossat a eu une position plus mesurée, mais néanmoins sceptique. Il a considéré qu’il était d’accord sur l’idée de se reparler à Gauche après les Européennes, mais que pour autant « personne ne peut jouer les gros bras ».

Le secrétaire national du PCF Fabien Roussel n’a pas réagit publiquement, ou alors très discrètement et cela est passé inaperçu. Rappelons qu’il expliquait au mois de février dernier discuter toutes les semaines avec Jean-Luc Mélenchon « pour lui demander de se détendre un petit peu, qu’on puisse trouver les contours d’un rassemblement ensemble », précisant que cela ne « veut pas dire forcément fusionner dans des listes ».

Benoît Hamon a pour sa part répondu longuement à la proposition de fédération populaire, dans un entretien également à Libération dès le lendemain. Il a considéré cela comme un « geste d’unité » pris très « au sérieux ».

Sa position est néanmoins compliquée à comprendre. Il explique qu’il faut une unité face au danger que représente l’extrême-droite, sans parler du fait que justement Jean-Luc Mélenchon n’aborde jamais le sujet de l’extrême-droite dans son long entretien.

> Lire également : Jean-Luc Mélenchon rejette le principe de Front populaire et appelle la Gauche à suivre sa démarche

Les propos de Benoît Hamon sont de gauche, avec un héritage évident de la tradition du Front populaire :

« Je vois la colère partout. L’alternance la plus naturelle aujourd’hui, c’est Marine Le Pen. Je me refuse d’user de cette situation avec cynisme comme le fait Emmanuel Macron en polarisant le débat entre lui et le Rassemblement National. Je préfère apporter des réponses positives aux inquiétudes des Français. Pour ce faire, il nous faut une gauche forte. Le drapeau est aujourd’hui à terre, relevons-le. »

Il semble cependant céder à la panique, en oubliant l’analyse de fond en raison d’un danger imminent, ce qui est forcément un grave erreur. Il dit en effet :

« Alors à tout prendre entre le désastre annoncé et un geste d’unité je préfère prendre acte de ce geste d’unité et le prendre au sérieux. Après tout, le fair-play, c’est peut-être contagieux. »

Il ne semble pas avoir vu que Jean-Luc Mélenchon n’était pas du tout dans une optique de Front populaire face à l’extrême-droite.

Le secrétaire national d’Europe Écologie-Les Verts David Cormand a lui très bien vu que la question se posait par rapport à l’extrême-droite et que le « peuple de gauche » ne considérait pas le leader de la France insoumise comme étant un opposant à l’extrême-droite :

« Mélenchon le fait maintenant parce qu’il est en difficulté politique, interne, et dans les sondages. Il voit bien que le peuple de gauche qui lui avait accordé sa confiance à la présidentielle considère moins que c’est lui qui peut offrir une alternative aux libéraux et aux fachos ».

Finissons par Yannick Jadot, tête de la liste Europe Écologie-Les Verts, qui pour le coup assume totalement de ne plus être de gauche. Il a répondu qu’il fallait totalement rejeter la question de l’unité de la Gauche :

« J’ai noté qu’après m’avoir tapé dessus, il était favorable à l’économie de marché, finalement. Il est vrai que l’économie chez Maduro, l’économie des sovkhozes, ça ne fait pas rêver. Le problème de Mélenchon, Faure, Hamon, Glucksmann est que le pôle socialiste a explosé. Ils utilisent l’écologie pour essayer de masquer leur rupture. Ils disent tous : il faut recomposer la gauche derrière moi.

Moi, mon sujet, c’est qu’un projet écologique et solidaire gagne en Europe et dans ce pays. Je n’ai jamais été socialiste, trotskiste ou communiste, je n’ai toujours été qu’écologiste. J’ouvre portes et fenêtres aux citoyens qui ont compris que la lutte contre le dérèglement climatique était la mère de toutes les batailles et qu’elle pouvait être un formidable levier de justice sociale. »

Il rejette de ce fait totalement la proposition Jean-Luc Mélenchon, le considérant presque ouvertement comme un équivalent de Marine Le Pen (alors que lui-même est un équivalent d’Emmanuel Macron) :

« Non, ça ne m’intéresse pas. Jean-Luc Mélenchon a des convictions, une colère, une indignation par rapport à l’injustice sociale que je peux partager. Mais il a une conception de la démocratie qui n’est pas la mienne. Il passe son temps à brutaliser le débat politique, moi je veux apaiser notre pays. Il se place dans une logique national-étatiste, moi je veux une France beaucoup plus décentralisée, régionalisée.

Je crois fondamentalement que l’Europe, malgré ses défauts, est une formidable aventure, qu’elle est notre horizon civilisationnel. Il a quelques ambiguïtés avec Maduro et Poutine. Nous les écologistes, combattons toutes les dictatures, de droite, de gauche, où qu’elles soient. Nous devons à nos enfants une Europe des libertés, qui reconnaît à chacune et chacun sa dignité, ses identités multiples. Nous leur devons un avenir bienveillant dans lequel ils se projetteront avec confiance. »

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Benoît Hamon ne serait pas un politicien professionnel ?

Le populisme n’en finit plus d’envahir la vie politique française. C’est ainsi que Benoît Hamon a cru bon de dire sur France Inter hier matin qu’il n’était pas un politicien professionnel, préférant se présenter comme un chef d’entreprise.

Être à Gauche, c’est aussi reconnaître la politique comme étant de grande importance, comme ayant une valeur démocratique indispensable. Les populistes refusent cela, et rejettent la politique parce qu’il y a de la corruption dans la classe politique. Que cette corruption soit réelle ou la manifestation d’autres choses, ne change ici pas grand-chose, car elle n’est qu’un prétexte au refus de la politique, du débat démocratique, de la bataille des idées.

Le rôle de la Gauche, c’est au contraire de donner de la valeur, de la noblesse si l’on veut oser ce terme, à la politique, qui est la bataille des idées. On peut penser que faire une carrière en politique n’est pas une bonne chose, et qu’il faut par exemple plus d’ouvriers sur les listes électorales. Ce n’est peut-être pas faux moralement, bien sûr, mais cela est partiel, car cela nie la profondeur et l’ampleur de l’engagement qui est indispensable en politique.

S’il est important pour la Gauche d’être liée organiquement à classe ouvrière et au peuple en général, d’avoir dans les instances dirigeantes de ses organisations et parmi ses élus des gens du peuple, cela ne veut pas dire que des individus ne puissent pas faire de la politique leur activité principale, de manière professionnelle.

Il y a ainsi forcément des gens qui prennent leur engagement politique très au sérieux depuis très tôt, qui font le choix dès leur jeunesse de consacrer leur vie à défendre et faire valoir des idées. Cela n’a rien avoir avec les techniciens qui font l’ENA, voir même Science politique, pour faire une carrière au service de l’État, qui naviguent de partis en partis au gré du vent ou sont des professionnels de la « synthèse », c’est-à-dire du vidage de contenus.

On peut penser que ce n’est pas le cas de Benoît Hamon, qui est sincèrement engagé depuis ses 19 ans au Parti socialiste et à Gauche en général. Cela, si c’est le cas, il devrait l’assumer, le défendre, pour justement s’opposer aux populistes et aux techniciens de la politique. C’est pourtant tout l’inverse qu’il a fait, en s’emportant lorsque un journaliste de France inter lui a posé la question de son professionnalisme en politique, en précisant d’ailleurs qu’il ne considérait pas cela comme insultant.

Le président du mouvement Génération-s a répondu :

.@benoithamon, candidat du mouvement Génération-s aux élections européennes : « Aujourd’hui je ne vis pas de la politique, je dirige une société que j’ai crée, je n’ai rien à voir avec un politicien professionnel » #le79inter pic.twitter.com/gUrbEtifVW

— France Inter (@franceinter) 3 avril 2019

« je suis engagé politiquement depuis très longtemps mais pas professionnel. Aujourd’hui je ne vis pas de la politique. Pas d’avantage qu’auparavant quand je n’avais pas de mandat. Moi je reviens dans le privé systématiquement, ce qu’on oublie de dire.

Donc aujourd’hui je dirige une société que j’ai créée, et je n’ai rien à voir avec un politicien professionnel, moi je ne vis pas, justement, de la possibilité de revenir dans l’administration, de faire un mandat, et de pantoufler tranquillement. »

Le problème est que cela est faux de bout en bout, bien sûr, et donne l’effet inverse. Benoît Hamon met littéralement les pieds dans le plat et donne du grain à moudre aux populistes.

Il est très facile et rapide de remarquer que Benoît Hamon est actuellement Conseiller régional d’Île-de-France, et qu’en tant que siégeant à la commission permanente, il touche 2 927 € par mois pour cela. Cela ne lui suffit peut-être pas pour vivre, mais c’est une rémunération, qui plus est importante.

Il touche également une partie de son indemnité d’ancien député, et ce pendant encore un an et demi environ.

Quant à sa carrière, il a dirigé le Mouvement des jeunes socialistes en 1994 et 1995, il a été assistant parlementaire très tôt, puis conseiller auprès de Lionel Jospin lors de l’élection présidentielle de 1995 avant d’entrer au cabinet de Martine Aubry, ministre de l’Emploi et de la Solidarité. En 2012, il est devenu ministre délégué chargé de l’économie sociale et solidaire, puis ministre de l’Éducation en 2014.

Il a occupé de nombreuses fonctions dans le PS et s’est présenté à beaucoup d’élections. Il a été conseillé municipal de Brétigny-sur-Orge, député européen membre de la commission des affaires économiques et monétaires, membre suppléant de la commission du marché intérieur et de la protection des consommateurs, vice-président de la délégation pour les relations avec les États-Unis, et membre suppléant de la délégation pour les relations avec Israël.

Il a été élu conseiller régional d’Île-de-France en 2010, député français des Yvelines, à nouveau conseiller régional d’Île-de-France depuis 2015.

C’est le parcours d’un professionnel de la politique et il est ridicule de sa part de le nier. Surtout quand c’est pour se présenter comme un chef d’entreprise, comme si cela était dans les valeurs de la Gauche de fonder « sa boîte » et d’être patron.

Son parcours dans le « privé » est en fait entièrement lié à la politique. Il a ainsi été directeur au sein d’un institut de sondage puis a codirigé une société d’analyse de l’opinion. Il reste très flou à propos de la société qu’il dirige maintenant, certainement volontairement, mais on imagine très bien que son activité est toujours lié à l’étude de l’opinion ou au « conseil », donc à la politique. Cela ne vaudrait d’ailleurs pas mieux que les conférences rémunérées qu’ils dénonce chez d’autres personnalités politiques.

Si tel n’était pas le cas, et qu’il était vraiment investit dans la direction d’une entreprise en tant que telle, ce qui est un travail à plein temps incompatible avec la direction d’une liste électorale européenne en plus d’un mandat de conseiller régional, il serait intéressant qu’il en dise plus à ce sujet, afin que l’on sache qui il est ! Car la Gauche n’a certainement pas besoin de chefs d’entreprises, de patrons, comme dirigeants politiques.

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(Communiqué) Benoît Hamon n’est pas invité au débat sur les européennes par France 2

Deux semaines après Ian Brossat du PCF, qui a finalement été invité, c’est au tour de Benoît Hamon de déplorer son éviction du débat pour les européennes sur France 2 le 4 avril prochain.

Voici le communiqué de Génération-s, qui dénonce un déni démocratique évident, mais paie en fait surtout le prix de la division et de l’éparpillement de la Gauche.

Génération.s exclu du débat sur les Européennes du 4 avril, une décision arbitraire et partiale qui fausse la loyauté du scrutin

La direction de France Télévisions vient de nous confirmer, par la voix de M. Letranchant, directeur exécutif en charge de l’information à France Televisions, que Benoît Hamon ne sera pas invité pour représenter Génération.s au débat du 4 avril.

La direction de l’information de France 2 a indiqué que cette décision avait été prise sur la base du croisement de plusieurs critères :

la représentation des partis politiques aux parlements nationaux et au Parlement européen : sur ce sujet, des députés et parlementaires européens sont affiliés à Génération.s. Nous notons que Messieurs Dupont Aignan ou Glucksmann, têtes de liste n’en ont aucune ;

les sondages : Ian Brossat ou Jean-Christophe Lagarde sont crédités dans toutes les enquêtes d’intention de vote, de résultats inférieurs à ceux de Génération.s ; c’est sans évoquer la côte de popularité de Benoît Hamon qui depuis des mois, fait partie des cinq personnalités politiques préférées des Français et des trois premières à gauche.

Aucun critère ne s’applique à Génération.s. C’est donc une décision arbitraire et partiale d’exclusion qui fausse la loyauté du scrutin. Génération.s est d’ailleurs invité aux débats organisés dans le cadre des élections européennes par le groupe TF1, BFM TV ou encore France Info.

Une fois encore, nous ne comprenons pas et contestons le choix de la direction de France Televisions.

Une injonction a été envoyée au CSA afin que celle-ci garantisse le respect du caractère pluraliste de l’expression des courants de pensée et d’opinion.

Génération.s organise ce mardi 26 mars à 12h30 une première mobilisation devant les locaux de France Télévisions.

Génération.s mettra en œuvre tous les moyens à sa disposition pour que sa voix soit représentée le 4 avril prochain sur France 2.

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« Grands patrons VS citoyen.nes » : le non-débat proposé par Benoit Hamon

Benoit Hamon a publié un appel à cinq « grands patrons » pour venir « débattre » avec cinq « citoyen.nes » le 19 mars à Montreuil. Cela n’a aucune chance d’aboutir et est en contradiction totale avec les valeurs de la Gauche historique, avec la tradition liée au mouvement ouvrier.


L’information est passée quasiment inaperçue, tellement cela paraît loufoque. Dans une lettre rendue publique sur les réseaux sociaux de son mouvement, le leader de Génération-s appel les PDG de Carrefour, de Total et de Vinci, l’Administrateur-Directeur général de la BNP ainsi que le Président de Bayer France à venir débattre contre « cinq représentants de la France qui travaille pour [eux] : infirmière du service public, agriculteur, caissière de supermarché, retraité ou cadre ».

Ces derniers sont bien sûr censés faire partie des gilets jaunes – quitte à être dans le populisme – pour mener ce débat nommé de manière grandiloquente « Grands patrons VS citoyen.nes ». On a même une date et un lieu, le 19 mars à 20h à la Marbrerie de Montreuil, cette ville de plus en plus petite-bourgeoisie « bobo » qui n’a rien de très « gilets jaunes ».

Cela n’aura jamais lieu bien sûr, car on imagine très bien que ces « grands patrons » ont bien d’autres préoccupations que de venir discuter avec un petit mouvement de la Gauche post-moderne, crédités de 2 % dans les sondages. Il s’agit surtout pour Génération-s d’une sorte de coup marketing, ou plutôt d’une tentative de coup, car on se demande bien ce qui a pu passer par la tête des personnes qui ont pensé que c’était une bonne idée.

Mais le problème justement, c’est qu’il n’y a plus d’idées. Il n’y a que de vagues « valeurs » qui seraient « sociales », « humanistes » ou « citoyennes », mais plus rien qui se rapproche de la Gauche historique, de ses réelles valeurs, et surtout de ses idées. Sans ça, jamais une telle initiative n’aurait-été possible.

En l’occurrence, la Gauche, c’est-à-dire la tradition liée au mouvement ouvrier, n’a jamais pensé qu’il fallait d’une manière ou d’une autre « convaincre » les patrons. Ce qui compte est le rapport de force, car il s’agit d’une lutte des classes. Que l’on soit plutôt social-démocrate, en imaginant une transition lente et institutionnelle, ou plutôt communiste, en pensant à une révolution modifiant le régime, dans tous les cas il s’agit d’arracher le pouvoir à la bourgeoisie. La question de « débattre » avec ses représentants les plus symboliques ne se pose même-pas, car elle est absurde par nature.

Insistons d’ailleurs ici sur cette notion de « représentants les plus symboliques », parce que ces grands PDG convoqués par Benoît Hamon ne résument aucunement la réalité sociale, culturelle, économique, idéologique, politique, de la bourgeoisie. Tout au plus en est-ce qu’un aspect partiel.

Résumer le problème de la répartition des richesses à quelques grands patrons, ou autres « 1 % », ce n’est ni plus ni moins que du populisme. C’est un moyen de paraître radical, avec un discours « ultra », alors qu’en vérité cela fait l’impasse sur la grande majorité de la bourgeoisie.

Le problème des classes populaires, ce n’est pas seulement la minorité d’ultra-riches qui vit de manière parasitaire dans une quasi-bulle au-dessus de la société. Le problème des classes populaires est que la domination de la bourgeoisie, c’est-à-dire des centaines de milliers de personnes en France, voir quelques millions suivant ce que l’on considère, est érigée en norme, avec un système de valeurs et d’idées qui leur permettent de s’accaparer les richesses sans être remis en cause.

Tout cela est une question de mode de production, qu’il faut changer à la base, pour planifier la production des marchandises dans un sens conforme aux intérêts des classes laborieuses et de la planète, ce qui en fin de compte revient au même.

Si l’on pense cela, alors on se fiche bien de l’avis des dirigeants de Carrefour, Total, Vinci, BNP ou Bayer France, dont la mission n’est que de faire tourner la machine à profit, au détriment justement des classes laborieuses et de la planète.

Benoît Hamon est censé savoir cela, car il vient du Parti socialiste où l’on s’appelle « camarades » et dont le nom contient le mot « socialisme », qui signifie justement ce que l’on vient de rappeler. Le problème est que Benoît Hamon et les gens qu’il représente n’ont plus aucune confiance dans les traditions de la Gauche et dans le mouvement ouvrier.

Ce qui leur reste n’est plus qu’une vaine tentative d’apparaître démocratique, en imaginant que cela suffira pour être populaire, car les classes populaires sauraient reconnaître leurs intérêts si les choses sont présentées suffisamment démocratiquement. On imagine que c’est pour cela qu’il propose aux cinq « grands patrons » qu’il convoque de venir exposer leur démarche :

« Plutôt que de sombrer dans une invective stérile, afin de dissiper les fausses informations quand elles existent, pour défendre votre entreprise, votre politique salariale et sociale, expliquer vos investissements dans les énergies fossiles mais aussi vos initiatives philanthropiques en faveur de l’écologie ou de l’éducation, votre conception de l’intérêt général et pour vous permettre de participer au débat national, je vous invite à un échange inédit. »

Sauf que cela n’a aucun sens, d’abord parce que ce débat n’aura jamais lieu, mais surtout parce que la question ne se pose pas en ces termes. Avec ce non-débat, Génération-s se met en fait au niveau des gilets jaunes, qui n’auront eu de cesse en dix-sept week-ends d’affilée de râler, sans jamais se donner les moyens de changer le monde pour de vrai.

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Génération-s et les élections européennes : « Hope is back »

Génération-s a présenté ses principaux candidats pour les élections européennes. Avec comme mot d’ordre « Hope is back », témoignant d’un entre-soi très propre, très policé, totalement en décalage avec la réalité ouvrière, populaire.

C’est terriblement décevant pour qui espérait que, tout de même, Génération-s porte une certaine modernité, à défaut d’assumer le patrimoine historique de la Gauche. La liste présentée par Génération-s pour les élections européennes de 2019 relève d’un positionnement bobo outrancier, et même pas masqué. La lettre de Guillaume Balas et Claire Monod annonçant la mise en place de la liste se termine même par un « Hope is back », c’est-à-dire « L’espoir est de retour ». C’est là tout un symbole de l’esprit de l’entre-soi de gens des milieux associatifs et liés historiquement au Parti socialiste ; le décalage avec la réalité populaire est énorme.

Le fait que la « votation citoyenne » soit expliquée seulement dans une interview de Benoît Hamon dont l’accès est payant sur le site du Monde annonçait déjà cette orientation. Le document « Un New Deal pour l’Europe Printemps Européen », toujours en cours d’élaboration, ne contient en 43 pages pas une seule fois les mots capitalisme, bourgeoisie, ouvrier. Il faut rappeler ici à Benoît Hamon ce que Pierre Mauroy a déclaré peu avant la terrible défaite de Lionel Jospin en avril 2002 :

« Pour le premier et le deuxième tour, il faut des gestes à l’égard du mouvement populaire. Il faut utiliser les mots de travailleur, d’ouvrier ou d’employé. Ce ne sont pas des gros mots! »

Cela n’a cependant aucune chance d’avoir de l’écho, car la liste des 30 personnes en tête de liste (sur 79) relève précisément de cette liste d’après 2002, avec des racines bien ancrées dans le Parti socialiste.

Il y a ainsi l’eurodéputée Isabelle Thomas, dont le parcours est « exemplaire » ou du moins typique, étant cadre du syndicat étudiant UNEF-ID à partir de 1981, au Parti socialiste à partir de 1983, une des fondatrices de SOS racisme en 1984. Vice-présidente de l’UNEF-ID au moment de la campagne contre Devaquet en 1986, elle est propulsée par François Mitterrand à la direction du Parti socialiste. Elle a rejoint Génération-s dès le départ, ce qui est également le cas de l’eurodéputé Guillaume Balas, qui avait rejoint le Parti socialiste en 1991.

On a également Laura Slimani, ancienne responsable du Mouvement des jeunes socialistes, et Mehdi Ouraoui, qui a fait l’école normale supérieure et donné des cours à Sciences-Po, en étant un des responsables du Parti socialiste à partir de 2005. On trouve Michel Pouzol, né en 1962 et ayant quant à lui adhéré très tard au Parti socialiste, en 2007 seulement, dont il est député de 2012 à 2017. Il a été l’un des porte-paroles de Benoît Hamon pour la présidentielle et a rejoint Génération-s trois mois après sa fondation. Il a été notamment ouvrier au départ, puis vendeur et formateur à la FNAC, professeur au Cours Florent à Paris, scénariste, et même figurant dans Ma 6-T va crack-er de Jean-François Richet.

Il y a l’appoint d’associatifs : Eric Pliez, président du SAMU social qui regroupe plusieurs associations, Françoise Sivignon qui a été présidente de Médecins du monde en France, dont a été bénévole Naïma Charaï qui a été très active dans différentes associations. On trouve également Salah Amokrane, responsable de Takticollectif qui agit dans les « quartiers populaires » et a fait partie de la liste « Motivé-e-s » lancée à Toulouse par le groupe Zebda en 2001.

L’agrégé d’histoire Pierre Serne vient quant à lui d’Europe écologie – Les verts, dont Aurore Lalucq a été une sympathisante avant de rejoindre Benoît Hamon pour la présidentielle.

On a ici des profils entièrement coupés de la classe ouvrière et de la Gauche historique ; on ne trouve grosso modo que des cadres historiques du Parti socialiste, des éléments post-Gauche historique d’après 2002, des associatifs. Croire que cela peut faire le poids, en termes d’idéologie, de culture, de perspective, dans un climat explosif comme celui de la France, ce n’est même pas un doux rêve, c’est de l’inconscience.

Quel intérêt Benoît Hamon a-t-il eu de valoriser les gilets jaunes si ce n’est même pas pour proposer une ligne populaire, un engouement militant pour un projet de changement de société ? Croire qu’une petite-bourgeoisie éduquée et propre sur elle peut maîtriser le cours des choses en s’appuyant sur l’idéal européen est un pur suicide.

Dans l’état actuel des choses, la Droite va briser la Gauche de manière terrible aux prochaines Européennes !

 

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Benoît Hamon annonce que Génération-s part seul aux élections européennes de 2019

Benoît Hamon avait lancé la « votation citoyenne » ; il considère que la Gauche n’a pas répondu et que les initiatives de Place publique sont viciées par des accords masqués avec le Parti socialiste. Il a par conséquent annoncé que Génération-s présenterait demain sa liste pour les élections européennes. C’est regrettable car l’unité à Gauche est un combat qui ne pouvait par définition pas s’exprimer aussi rapidement.


Le combat pour l’unité de la Gauche, alors que s’obscurcissent les nuages politiques sur l’Europe, est primordial et malheureusement, les considérations d’appareil ont fini par triompher sur les bonnes volontés. La Gauche est en fait tellement faible qu’il y a une fuite en avant, avec l’idée que plus on fait de bruit, plus on peut surnager et l’emporter sur les autres. C’est absurde et c’est pourtant par exemple bien le sens de la lettre du PCF à Génération-s annonçant son refus de participer à la votation citoyenne.

> Lire également : L’appel de Benoît Hamon en faveur d’une votation citoyenne pour l’union de la Gauche

Benoît Hamon s’est démené comme un diable pour l’unité, il faut le reconnaître, mais il a fini par capituler lui aussi. Les médias ont annoncé que lui et Guillaume Balas ont appelé Thomas Porcher et Raphaël Glucksmann de Place publique, notamment pour leur reprocher ce qu’ils considèrent un accord à la base avec le Parti socialiste. C’est un peu hypocrite, car c’était évident à la base même, de par le caractère incontournable du Parti socialiste. La vérité est que l’unité à Gauche face à la menace du raz-de-marée de Droite ne peut pas aller sans alliance avec le Parti socialiste, même si cela fait mal au cœur.

Si on est pas content, on fait mieux et la question du Parti socialiste sera réglée, après. Benoît Hamon a décidé de régler cette question avant. C’est une erreur, annoncée de plus dans une interview au Parisien. Ce n’est pas là une approche correcte. Qui plus est, au lieu d’annoncer vouloir chercher à exprimer la Gauche en général, Benoît Hamon a décidé que la seule chose qui aurait droit de cité, c’est le hamonisme, résumé en quatre points :

– politique écologique commune,
– droit européen à l’IVG,
– taxe européenne sur les robots,
– revenu universel d’existence.

On peut discuter comme on le veut de ces thèmes, les trouver importants ou pas, valables ou pas, force est en tout cas de reconnaître qu’ils sont extérieurs à la tradition historique de la Gauche et qu’ils relèvent d’une approche post-moderne définie par le social dans l’économie et le libéral dans la politique.


C’était bien la peine que Benoît Hamon annonce que les gilets jaunes peuvent laisser voir quelque chose de formidable pour balancer par-dessus bord la moindre possibilité de critique du capitalisme. C’est là laisser le champ libre à l’extrême-droite dont la démagogie contre le « capitalisme ultra-libéral » va être de plus en plus forte.

Benoît Hamon a tout à fait raison, par conséquent de dire que :

« Moi, je veux être fidèle au peuple de la gauche et de l’écologie : pour cela, je suis constant dans mes valeurs, sincère dans mes combats et innovant dans mes idées. »

Cependant, ses idées ont décroché de la Gauche historique tout autant que celles de Jean-Luc Mélenchon. À l’un le post-modernisme, à l’autre le populisme. Benoît Hamon reste éminemment sympathique, mais il fait l’erreur de croire qu’il peut porter quelque chose de « nouveau ».

 

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La réponse du PCF à Génération-s et Benoît Hamon

Le PCF a rendu public sa réponse à Génération-s et Benoît Hamon, à la suite de la proposition de votation citoyenne pour unifier la Gauche pour les élections européennes de 2019.

La voici :

A l’attention de Benoît Hamon et de la direction de Génération.s

Cher·e·s Amis,

Par voie de presse puis dans un courrier, Benoît Hamon, au nom de Génération.s, vient d’inviter les différentes forces de gauche à s’engager collectivement, en vue des élections européennes, dans une « votation citoyenne pour l’Union ». De leur côté, les animateurs et animatrices de Place publique ont rendu publique une proposition de « dix combats communs ».

C’est l’occasion, pour le Parti communiste français, de vous redire dans quel état d’esprit il aborde le moment présent.
Vous ne l’ignorez pas, notre inquiétude est grande devant la situation de la gauche, à quelque cent jours du scrutin des européennes, alors que le pays traverse une crise sociale et démocratique sans précédent.

Les exigences populaires sur les salaires, les retraites, le pouvoir d’achat, les services publics, la justice fiscale, la lutte contre l’évasion fiscale et les inégalités, l’écologie, la transition de nos modèles économiques appellent d’amples rapports de force pour faire reculer les logiques concurrentielles, financières, de déréglementation qui dominent aujourd’hui la construction européenne.
Oui, pour y parvenir, tout doit être fait pour porter haut la colère qui s’exprime en France et en Europe. Oui, il faut unir le plus grand nombre possible de forces et de citoyen·ne·s pour combattre la politique du pouvoir en place, pour reconquérir notre souveraineté face aux décisions prises par les gouvernements, par Bruxelles et par la BCE.
Oui, il est urgent de rompre avec la logique de traités européens qui donnent la priorité à la finance et creusent un déficit démocratique nourrissant les tentations de la haine et du repli, pour construire de nouvelles politiques de solidarité et d’égalité s’opposant aux choix présentement mis en œuvre.

Cela exige de la clarté dans les réponses portées et une forte envie d’union.

Puisque nous échangeons à propos de l’échéance électorale du 26 mai prochain, il n’est tout de même pas inutile de rappeler que c’est la complaisance d’une partie des forces de gauche envers des traités libéraux enfermant l’Europe entière dans l’austérité perpétuelle qui a conduit la gauche, dans son ensemble, au désastre présent.

Ensemble, c’est cette page qu’il conviendrait de tourner résolument.

C’est le sens des propositions que nous formulons, pour notre part. Et c’est l’objectif que poursuit la liste conduite par Ian Brossat, dont nous avons mis la candidature à disposition comme tête d’une liste portée par large rassemblement pluraliste.
La campagne qu’il mène actuellement avec ses colistiers et colistières s’efforce de se faire l’écho des aspirations de notre peuple, et les candidat·e·s, dont nombre ne sont pas adhérents du PCF, ont pour première qualité d’être à l’image de la diversité des combats qui se mènent aujourd’hui dans tout le pays.

Sur le fond comme sur la forme, la proposition de « votation citoyenne » ne nous semble pas permettre la clarté nécessaire à l’unité et à la reconquête. Quant à l’offre des « dix combats communs», il y manque des questions essentielles, et aujourd’hui centrales, dans les mobilisations sociales, quand bien même nous y retrouvons des propositions qui nous sont chères.

Comment promouvoir une nouvelle vision de l’Europe tournant sans ambiguïté le dos à ce qui s’est fait jusqu’alors en son nom, comment remobiliser à gauche des millions de femmes et d’hommes qui ont perdu confiance au fil des renoncements passés, à partir d’une liste dont le programme évacuerait des points cruciaux ? À commencer par la nécessaire bataille pour de nouveaux traités capables de répondre aux besoins des peuples d’Europe et de s’opposer pratiquement à ceux qui existent, dont on sait les conséquences désastreuses pour les populations… Ou encore l’engagement des député·e·s élu·e·s à siéger dans le même groupe au Parlement européen, afin de donner toute leur force aux propositions qu’ils·elles auront auparavant défendues ensemble devant les électeurs…

C’est sur ces questions que nous butons. C’est à partir d’elles que l’union pourrait déjouer l’impasse du face-à face organisé entre les libéraux et l’extrême droite.

Nous ne nous satisfaisons nullement de l’éparpillement actuel. Si nous entendons répondre avec efficacité à la profondeur des exigences populaires, l’union suppose que nous énoncions ensemble le sens de notre présence future au Parlement européen. À partir d’un engagement clair et concis, tous les débats de construction d’une liste commune pourraient effectivement s’ouvrir.
Nous l’avons déjà dit maintes fois, nous le répétons, tout en étant engagés dans la campagne, nous sommes à tout moment disponibles aux initiatives et rencontres qui permettraient un rassemblement pluraliste, dans la clarté et en pleine transparence devant le pays, de toutes les forces ayant en commun de vouloir s’émanciper de la logique de traités que les peuples rejettent de plus en plus.

Telle est, à nos yeux, la seule manière de rendre possible la construction d’une autre Europe, anti-austéritaire et de progrès social, démocratique et féministe, fondée sur un nouveau modèle de développement durable, associant librement des peuples et des nations souverains, actrice de la paix dans le monde parce qu’elle se dégagerait de sa trop longue soumission à l’Otan.
Ce débat-là, nous le voulons, et nous le croyons toujours possible.

Paris, le 13 février 2019

Fabien ROUSSEL
Secrétaire national de Parti communiste français

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Un sondage ne suffira pas à Benoît Hamon pour unifier la Gauche

Benoît Hamon a lancé une initiative pour une votation citoyenne afin de favoriser l’unité de la Gauche en contournant l’appareil des partis. Ceux-ci n’ont pas accepté la proposition et, par l’intermédiaire d’un sondage commandé directement à l’IFOP, le mouvement Génération.s entend forcer les choses, comme si cela était suffisant.

Les résultats du sondage sont clairs et nullement étonnants : 77 % des électeurs de Gauche seraient pour la proposition de votation citoyenne de Benoît Hamon en vue des élections Européennes. La proportion monte même à 87 % en considérant uniquement les sympathisants d’Europe Écologie – Les Verts et du Parti Socialiste.

On trouvera l’intégralité du sondage sur ce lien.

Cela conforte bien sûr l’idée que nous avions ici qu’en prenant cette initiative en faveur de l’unité, Benoît Hamon exprimait le point de vue de la majorité des gens de Gauche.

> Lire également : L’appel de Benoît Hamon en faveur d’une votation citoyenne pour l’union de la Gauche

Seulement, cela ne suffit pas, car il ne suffit pas de vouloir pour pouvoir. Cette situation est en fait typique de l’état de la Gauche aujourd’hui en France. Elle a subi un énorme revers après le quinquennat de François Hollande qui l’a ébranlée sur ses propres bases, mais elle n’a pas encore saisi l’importance du travail de fond pour se relever.

On peut bien sûr comprendre l’état d’esprit de ces sympathisants qui sont pour l’unité électorale, sauf que cela est d’une certaine manière trop facile. Les dirigeants des appareils ne pourront pas s’en sortir seuls, sans une mobilisation à la base des sympathisants de Gauche.

Ce sondage ne change donc pas grand-chose à l’affaire, il ne modifie nullement la position des appareils qui ont besoin d’un élan bien plus grand pour accepter l’unité, renoncer à une stratégie élaborée alors qu’ils ont déjà mobilisé des personnes dans un sens, établi des projections, budgétisé des choses, etc.

Ce dont a besoin la Gauche, c’est assurément d’un grand débat d’idée, à la base, partout en France, en prenant le temps de confronter les points de vue et de faire un véritable bilan des dernières années, voir même des quarante dernières années si l’on considère que François Mitterrand a réalisé deux présidences institutionnalisant la Gauche, lui faisant perdre sa nature.

On ne va pas se voiler la face ici, il est à peu près évident que c’est déjà trop tard pour les prochaines élections européennes. Par exemple, Ian Brossat, tête de liste du PCF, peut bien dire qu’il est intéressé par l’initiative et annoncer rencontrer Benoît Hamon, son parti a de toutes façons déjà lancé sa campagne, ses thèmes, ses infographies, et même un site internet, europedesgens.fr

On fera les compte en mai, ce qui influencera quelque peu le rapport de force entre les différents courants et les différentes organisations en fonction des scores obtenus. Ceux-ci seront cependant très faibles pour chacun, malheureusement, et il sera de la responsabilité de tous, mais surtout des mieux «lotis », de ne pas reposer sur ses acquis pour au contraire s’ouvrir aux débats, à la recomposition.

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L’appel de Benoît Hamon en faveur d’une votation citoyenne pour l’union de la Gauche

Génération.s a appelé hier à une « votation citoyenne » en faveur de l’union de la Gauche ; un site internet a été ouvert à ce sujet, votationcitoyenne.eu. L’idée est que les bases des organisations à Gauche court-circuitent les appareils.

Pour parler de la votation citoyenne proposée par Benoît Hamon, il faut prendre en compte un souci qui n’est pas anecdotique. Le site internet ouvert pour celle-ci a un lien vers une interview accordée par Benoît Hamon au journal Le Monde, où il explique le fond de sa pensée. Malheureusement, celle-ci est en accès réservé aux abonnés.

C’est pour le moins étrange, dommage ; cela reflète sans doute, voire certainement, le statut social de beaucoup de gens soutenant Benoît Hamon. Mais dans tous les cas, ce n’est pas comme cela qu’on touche tout le monde. Quoi qu’il en soit le tout début de l’interview est accessible et Benoît Hamon dit la chose suivante :

« Je fais un double constat. Le premier, c’est qu’on n’arrive pas à parler d’Europe, de cet enjeu fondamental. Il y a vraiment besoin de débattre de l’action de l’Union européenne, parce qu’on perçoit que le projet européen est menacé.

On trouve d’autant moins d’espace pour en discuter que le choix du président de la République et de la majorité actuelle est de refuser un débat démocratique sur ce qu’on pourrait faire de différent en Europe. Ils se sont choisi un adversaire, les nationalistes, et ont réduit le choix à ceux qui sont pour ou contre l’Europe. C’est extrêmement dangereux, parce qu’à force de faire monter [la présidente du Rassemblement national] Marine Le Pen comme seule opposition, on finira par avoir Le Pen en France. On a donc un débat européen escamoté par le chef de l’État, avec le grand débat national.

A cela s’ajoute une confusion née de la dispersion à gauche et chez les écologistes. Les différences entre les organisations justifient-elles de partir séparément ? Elles ne sont pas indépassables. Si on fait reposer l’unité sur les appareils, il n’y aura pas d’union. Cela doit passer par un vote citoyen. Le grand moment politique que vit la France depuis plusieurs semaines nous y invite. »

Heureusement, on dispose d’un communiqué de Génération.s à ce sujet. Le voici, présentant quatre idées, si l’on veut résumer :

– il faut une liste de Gauche, car sinon c’est la déroute ;

– il faut un « new deal vert » européen ;

– il faut que la base des structures de Gauche soit en révolte ouverte contre les appareils ;

– la liste aux élections serait le choix d’une sorte de vote à choix multiples.

 

Pour une Votation Citoyenne pour l’Union !

Donnons aux citoyen-ne-s le moyen de faire en un vote ce que des appareils inertes n’arrivent pas à réaliser.

Depuis trop de temps, les citoyens ont été exclus du projet européen. Le fossé démocratique de 2005 n’a jamais été comblé.

Aujourd’hui, Emmanuel Macron voudrait nous enfermer dans un faux débat. D’un côté, son libéralisme autoritaire ; de l’autre, des nationalistes ultralibéraux. Le référendum qu’il propose n’est qu’un étouffoir pour la démocratie européenne. Face à la confiscation du débat, il faut faire la place aux citoyen.nes.

La responsabilité de la gauche et des écologistes est immense. Nous seuls portons l’alternative au libéralisme destructeur comme au repli passéiste. Et pourtant nous offrons l’image de nos divisions et trop nombreux sont ceux qui abandonnent le terrain des idées.

Depuis des mois, Génération.s propose son projet avec le Printemps européen. Un New Deal vert européen, pour sauver l’Europe en préparant l’avenir. Une Constituante européenne pour refonder notre démocratie commune. Un ISF européen pour conquérir la justice fiscale.

Depuis des mois, Génération.s a fait beaucoup pour permettre l’unité. Interview après interview, discussion après discussion, nationalement et dans nos territoires, nous avons proposé de nous réunir sur une démarche commune. Nous avons reçu un millier de candidatures citoyennes.

Mais que nous propose-t-on ? Des réunions de sous-sol pour régler des problèmes de listes entre appareils. Cela ne débouchera sur aucune unité, et ne réglera aucun problème. Nous constatons que l’unité ne se fait pas alors que chacun sent qu’elle est nécessaire.

Nous proposons une ultime solution, que les citoyen-ne-s décident !

Donnons aux citoyen-ne-s le moyen de faire en un vote ce que des appareils inertes n’arrivent pas à réaliser.

Confrontons nos idées, débattons, imposons tous ensemble le débat européen qui manque aujourd’hui.

Aujourd’hui, nous demandons aux responsables politique de prendre leurs responsabilités comme nous le faisons : êtes-vous prêts à laisser les citoyen-ne-s décider ? Assumez ce qui apparaît comme un risque mais qui est en réalité l’opportunité de nous placer collectivement en tête le 26 mai. Avons nous des désaccords ? Oui. Pouvons-nous les dépasser et nous rassembler sur une orientation politique et une stratégie communes ? Oui aussi.

Organisons, d’ici au mois d’avril, une votation citoyenne pour l’union sur le principe du vote préférentiel.

Le jour de vote, chacun pourra choisir les 3 listes candidates qu’il préfère et leur attribuer trois, deux et un point. La liste désignée sera celle qui sera la plus choisie, et non celle qui aura éliminé toutes les autres. Le binôme paritaire qui la porte sera chargé de constituer une liste unitaire, en proportion des résultats obtenus.

Ce processus est inédit en France. C’est moderne, cela fait confiance, cela rassemble. Ce sera la votation citoyenne de l’avenir, la votation écologique et sociale, la votation démocratique.

Nous en appelons également à tous les citoyens et citoyennes qui s’engagent depuis des années pour l’unité. N’attendez pas les partis : c’est à vous de rendre le rassemblement possible. Dès maintenant, rendez-vous sur www.votationcitoyenne.eu pour soutenir la démarche.

Nous en appelons aux consciences morales de la gauche, (chercheur.se.s, intellectuel.le.s, personnes engagé.e.s…) : soyez les garants de l’unité !

Engagez-vous dans l’organisation indépendante de la votation.

Génération.s se met au service de l’avenir. Soyons au rendez-vous !

Cette histoire de listes ( lesquelles d’ailleurs ? ) avec des choix multiples n’est pas très claire et sans doute que Pierre Jouvet, un des porte-paroles du Parti socialiste, a résumé la perplexité de chacun en disant :

« Je n’ai pas exactement compris le système. Techniquement je ne vois pas comment il veut faire ça. »

Politiquement, on voit cependant de quoi il en retourne : il s’agit de provoquer une secousse pour avoir une alliance qui, en l’état, concernerait le PCF, Place publique et le Parti socialiste, même si Benoît Hamon ne veut pas de ce dernier. Europe Écologie Les Verts et La France insoumise ont quant à eux déjà refusé hier une telle initiative, même s’il est vrai que la base d’Europe Écologie Les Verts peut être réceptive à cette démarche de « primaires ».

Est-ce le type d’unité au-delà des structures politiques qui est souhaitable ? Peut-on se passer du débat d’idées et surtout du renouveau de la culture, de la politique, des principes à Gauche ? On va très vite savoir si c’est quelque chose de positif ou si au contraire c’est en décalage total avec la réalité.

Mais une chose est certaine : en prenant une initiative en faveur de l’unité de la Gauche, Benoît Hamon exprime le point de vue de la majorité des gens de Gauche.

 

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Génération.s et l’Europe : un soutien unilatéral

Benoît Hamon porte une ligne résolument pro-européenne. Le souci est qu’on a beau chercher, on n’y voit guère de différence avec ce que dit Emmanuel Macron. C’est un peu plus radical, avec un peu plus d’écriture inclusive, mais le fond est le même.

Génération.s se met en branle pour les élections européennes et voici comment le mouvement de Benoît Hamon présente ce qui est sa ligne :

« Face aux nationalistes et aux libéraux qui détruisent l’Europe, Génération.s s’engage avec détermination dans la campagne des élections européennes.

L’enjeu des ces élections européennes est de taille, mais il n’y a pas de fatalité ! L’Espoir et le Printemps Européen sont entre nos mains !

Génération.s propose des solutions positives et concrètes pour la justice sociale, pour l’écologie et pour le respect de tous les citoyens européens. »

Lee refus des nationalistes et des libéraux est bien un dénominateur commun des gens à Gauche, cela est évident. Mais il y a un souci dans ce qui est dit : l’Europe a toujours été le grand thème des libéraux. C’est l’UDF de Giscard, de Simone Veil, etc. qui a toujours dit que l’Europe en élargissant le marché, en le libéralisant, allait améliorer la société française. L’expression « Printemps Européen » est exactement ce dont ils auraient pu parler, de par son côté vague et romantique.

Si donc Génération.s veut une autre Union Européenne, de laquelle parle-t-il ? Parce que personne en Europe n’a, à Gauche, formulé d’alternatives. Même en admettant que Benoît Hamon ait raison, il faudrait qu’il l’explique, et qu’ensuite il présente des alliés dans toute l’Europe. Ce n’est pas le cas.

Il faut également appeler un chat un chat. Dire qu’on est pour « la justice sociale, pour l’écologie et pour le respect de tous les citoyens européens », cela ne veut rien dire : à peu près tout le monde peut le dire. Ce n’est même pas que cela dit tant quelque chose de valable pour tous, c’est surtout que cela ne veut rien dire du tout. Les pro-nucléaires peuvent se dire écologistes car le nucléaire exige moins de Co2 que le charbon en apparence, la Droite peut se dire pour la justice sociale par l’ouverture à la concurrence au profit soi-disant des consommateurs, quant au respect de tous les citoyens européens c’est une règle posée d’office dans le cadre de l’Union Européenne.

Dernier souci et non des moindres de tout cela : Génération.s n’est pas anti-libéral. Génération.s revendique de s’opposer au libéralisme dans le domaine économique. Génération.s assume par contre entièrement le libéralisme dans les domaines politique et culturel, avec une revendication très forte de libéralisme dans le domaine migratoire. Il n’y a donc pas le rejet des « libéraux » en général, seulement de certains libéraux.

Ce qui ramène directement à ce que porte Emmanuel Macron, puisqu’on est pas ici dans une perspective de la Gauche historique, mais celle d’une bourgeoisie moderne, branchée, celle de l’art contemporain et des start ups, à l’aise dans toutes les très grandes villes du monde, favorable à la remise en cause de toutes les règles, de la déconstruction générale de toutes les valeurs sociales.

Génération.s a-t-il alors réellement un espace, alors qu’Emmanuel Macron porte en quelque sorte la plupart de ses valeurs politiques et culturelles ?

Si Benoît Hamon a véritablement une densité suffisante le distinguant historiquement d’Emmanuel Macron, alors Génération.s trouvera un espace. Mais sinon, les élections européennes rendront sa situation intenable.

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Des « foulards rouges » en réaction aux gilets jaunes

Les gilets jaunes n’ont pas ébranlé l’ordre social, mais ils ont révélé des failles et ce moment de crise est considéré comme très stressant par des couches sociales éduquées et socialement parfaitement intégrées. C’est le début d’un remue-ménage digne des années 1930.

foulards rouges

La manifestation parisienne de dix mille personnes sous la bannière des « foulards rouges » n’est pas du tout quelque chose d’anecdotique. Cette « marche républicaine des libertés » montre au contraire qu’il y a une grande expérience politique en France, même si le niveau idéologique et culturel en rapport avec la politique est au plus bas. Pour dire le niveau, d’ailleurs, ces foulards rouges sont… une allusion aux fêtes de Bayonne.

C’est que les gilets jaunes ont révélé les faiblesses structurelles de la France, une grande puissance en perte de vitesse. Ils ne représentent pas une lutte de classes quelconque, mais sont une expression du ralentissement de la France, de la crise. Et forcément cela inquiète, beaucoup de couches sociales se remuent, agissent, se mettent en branle. Malheureusement pas les ouvriers, évidemment, pas encore.

En l’occurrence, les foulards rouges sont une expression ultra-minoritaire mais très hautement symbolique de couches petites-bourgeoises et bourgeoises éduquées, socialement intégrées, particulièrement posées dans leur style de vie. Forcément, elles sont profondément inquiètes du remue-ménage causé par les gilets jaunes. Ce qui cause des troubles les dérange, les agace, leur rappelle qu’on ne vit pas dans une bulle dont la construction européenne serait l’apogée.

Il faut également prendre en compte que ce qui se passe en France avec les gilets jaunes a attiré l’attention de l’opinion publique mondiale, qui se dit que vraiment les Français ont des mœurs étranges pour laisser un tel chaos se développer, jusqu’aux Champs-Élysées. Cette tolérance, voire ce goût pour la contestation exprimée de manière véhémente surprend, surtout somme toute pour des perspectives extrêmement floues. Ces couches sociales éduquées, mais hors sol, voient les choses de la même manière.

Du côté de l’État et de la haute bourgeoisie, on sait évidemment que les gilets jaunes, la casse, le petit chaos, etc. relève davantage du folklore symbolique qu’autre chose. C’est du théâtre ; cela fait des années que cela existe, c’est une manière de contenir les tensions, d’empêcher une politisation, etc. Ce n’est tout de même pas pour rien que la police laisse la casse se mener régulièrement, par exemple dans le centre-ville de Nantes.

Cependant, du côté des couches petites-bourgeoises et bourgeoises moyennes, urbaines, tout cela est considéré comme très mauvais, très dérangeant. Surtout quand les choses durent. Ces couches sociales, qui sont somme toute le public de Benoît Hamon, d’EELV, et bien évidemment d’Emmanuel Macron. Et elles ne l’ont pas soutenu dès le départ, pour se retrouver dans une telle situation !

Sur Europe 1, l’un des initiateurs des « foulards rouges », Théo Poulard, a très bien résumé cet état d’esprit :

« On n’est pas contre les ‘gilets jaunes’. On est contre les casseurs, les pilleurs et les extrêmes. »

La France n’est évidemment nullement aux mains des casseurs, des pilleurs ; quant aux extrêmes, il n’y a que l’extrême-droite. Mais ce rejet des extrêmes correspond au fonds de commerce de couches sociales républicaines, prêtes à du social, éduquées et intégrées, détestant tout ce qui menace par contre ses intérêts ou semble les menacer. Elles font toujours des efforts pour être dans la tendance à la stabilité : il faut bien se souvenir ici qu’elles ont joué un rôle important dans le cadre du Front populaire. Les radicaux de gauche alliés aux socialistes et aux communistes, ce sont précisément ces couches sociales. Il va de soi qu’en 1981, elles ont joué un rôle essentiel pour la victoire socialiste.

Elles sont donc toujours légitimistes, détestent les confrontations sociales, sans pour autant être réactionnaires. D’où les t-shirts avec inscrits « Stop aux violences » et « J’aime ma République », la banderole « Stop la violence La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale », les slogans « Non, non non à la révolution. Oui, oui, oui à la démocratie », les pancartes « On veut rester libres », « Non à l’intolérance ».

Il va de soi que gagner ces couches sociales sera dans tous les cas une des difficiles tâches de tout mouvement de Gauche cherchant à changer profondément les choses. Cependant, il faut bien voir qu’elles sont déboussolées ; elles voient bien qu’Emmanuel Macron les a plus utilisées qu’autre chose. Leur éloge d’Emmanuel Macron lors de la manifestation d’hier est surtout un appel à ce qu’il revienne dans « leur » camp.

C’est cependant trop tard et c’est bien pour cela que seulement une quinzaine de députés et cinq sénateurs de La République en marche ont participé à la manifestation. Emmanuel Macron représente la bourgeoisie moderniste prête à la marche forcée dans le sens de l’ultra-libéralisme, le contenu « républicain » ne l’intéresse pas du tout. Il suffit d’ailleurs de voir son soutien total aux chasseurs, à la chasse à courre, son arrogance liée à son parcours.

Ces couches sociales vont donc continuer à être ébranlées et les propositions d’une utopie européenne, comme le font EELV et Benoît Hamon, ne les satisferont pas. A la Gauche d’être en mesure de calibrer un rapport productif avec elles, en s’appuyant sur leur rejet des monopoles et leur conscience écologique.

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La Lettre au président de la République de Benoît Hamon

À l’occasion du grand débat national lancé par Emmanuel Macron et en réponse à sa lettre aux français, Benoît Hamon a écrit une lettre ouverte à Emmanuel Macron pour y exposer son point de vue quant à la situation actuelle.

Benoît Hamon

Cher.e.s ami.e.s, vous trouverez ci-dessous la lettre que j’ai envoyée aujourd’hui au président de la République. N’hésitez pas à la partager autour de vous.

Amitiés.

Benoît Hamon

Lettre au président de la République

Paris, le 17 janvier 2019

Monsieur le président de la République,

Le contraire de la connaissance, ce n’est pas l’ignorance, c’est la certitude. Vous avez trop de certitudes.

J’ai lu la lettre que vous avez adressée à tous les Français. Vous leur proposez un débat mais c’est vous qui fixez la teneur des questions, leur nombre et leur champ restrictif. Ce débat public commence mal quand les membres du gouvernement passent plus de temps à énoncer la liste des questions interdites plutôt que de laisser nos concitoyens exprimer sans entrave leurs doléances.

Je vois dans votre méthode, une nouvelle manifestation de la méfiance intrinsèque de votre quinquennat à l’égard du peuple. Comme si les Français étaient en retard sur leurs élites, comme s’ils n’étaient pas les meilleurs experts de leur propre vie. Et pourtant, nous avons tant besoin de retrouver une communauté de destin.

La planète n’est plus assez grande pour héberger la civilisation vorace et productiviste dont vous êtes un des derniers apôtres. Les buts de cette civilisation, posséder, produire, consommer, exploiter la nature sans limite, ne sont plus soutenables et pourtant, en dépit du cri d’alarme des scientifiques relayé par des millions de citoyens signataires de la pétition pour l’affaire du siècle, en dépit des dizaines de millions de femmes et d’hommes jetés sur les routes de l’exil par la pauvreté et le dérèglement climatique, en dépit de la colère qui monte partout en réponse à l’accaparement de la richesse par une minorité d’ultra-riches, vous continuez à fixer comme but à notre civilisation, la croissance du PIB et d’indexer le bonheur des êtres humains sur la seule richesse matérielle.

Jamais vous ne dites à nos concitoyens qu’il faudrait radicalement changer de cap, trier et choisir dans nos modes de vie « ce dont nous ne pouvons et dont nous ne voulons pas nous passer » pour engager sereinement et démocratiquement les transitions indispensables.

La crise que nous vivons, n’est pas un épisode social parmi d’autres, c’est une crise sur l’essence même et les buts de notre civilisation.

A force d’injustices, votre présidence est devenue celle du désordre. A force d’inégalités, votre quinquennat est désormais celui de la révolte des Français. Le mouvement des Gilets jaunes vous a contraint à écouter le désespoir qui gagne, chaque jour davantage, notre peuple. Une écoute contrainte, à défaut, hélas, d’être attentive car à la question de la redistribution des richesses, vous répondez par une charité financée par les Français eux-mêmes ; à la question démocratique, vous apportez une réponse sécuritaire ; à la question écologique, votre réponse est une politique minée par vos liens avec les lobbies les plus polluants et votre gabegie fiscale au profit des plus fortunés.

Il est urgent, Monsieur le Président de la République, de vous hisser enfin à la hauteur des fonctions que nos concitoyens vous ont confiées. Elu face à l’extrême-droite grâce à l’esprit responsable de républicains de toutes convictions, vous n’avez eu de cesse d’abîmer cette concorde pour appliquer sans discernement ni retenue un programme au service exclusif d’une minorité privilégiée.

Notre pays a besoin de retrouver l’espoir et les voies d’un dialogue national apaisé. Notre nation doit être mobilisée vers notre avenir collectif autour d’un grand projet de société à la fois écologique, social et profondément démocratique. Les Français ne demandent qu’à partager une communauté de destin dont votre politique de division les prive. La situation grave de notre pays appelle en effet un grand débat démocratique. Mais celui-ci ne peut se résumer à un artifice de communication de la part d’un pouvoir qui a continûment méprisé les corps intermédiaires, le Parlement et, par vos excès de langage récurrents, les citoyens eux-mêmes.

Soyez pour une fois, humble devant la clairvoyance des Français à vous dire ce qui est bon pour eux, pour notre pays, pour notre destin, quelles sont les bonnes questions et les bonnes réponses.

Je porte au nom de Génération.s, les propositions suivantes :

Je vous demande que ce débat national ouvre un processus constituant. La Vème République connait à l’évidence son crépuscule. Mais dans cette interminable agonie, le risque le plus grand est qu’elle emporte avec elle notre liberté. Les Français veulent respirer l’air d’une démocratie qui ne soit plus vicié par les lobbies privés ou la technocratie. Il faut renouer avec l’ambition de la « démocratie constante » chère à Pierre Mendès-France. Je vous demande donc de vous engager en faveur de la création d’une assemblée constituante qui au terme du débat national engagera la rédaction de la constitution d’une VIème République soumise à l’approbation du peuple français par referendum.

Je vous demande que ce débat national permette une nouvelle répartition des richesses. Si les salaires et les pensions sont si bas, si les entreprises licencient et multiplient les contrats précaires, si la souffrance au travail augmente, si les services publics désertent la France rurale, si l’hôpital public se tiermondise, si les associations mettent la clé sous la porte, si l’école ne parvient plus à enrayer les inégalités sociales, c’est en raison d’une richesse qui se concentre entre les mains d’une toute petite minorité plutôt que de servir l’intérêt général. Vous deviez être le Président de tous les Français mais c’est à cette minorité privilégiée que vous avez réservé toutes vos bontés. Il est l’heure d’un choc positif pour le revenu des Français grâce à l’expérimentation du revenu universel d’existence, au rétablissement de l’indexation des retraites sur les prix, à la hausse du SMIC et l’ouverture d’une négociation sur l’augmentation des salaires dans le secteur privé comme dans la fonction publique. Il faut aussi éradiquer la pauvreté qui est une honte pour un pays aussi riche que le nôtre grâce à la taxation massive des contrats précaires, des résidences secondaires inoccupées et des logements insalubres. Pour cela, il faudra mieux redistribuer la richesse grâce au rétablissement immédiat de l’ISF, à la taxation des GAFA, à la montée en puissance d’une véritable taxe sur les transactions financières ou à élargissement de l’assiette des cotisations sociales patronales à la valeur ajoutée, c’est à dire la mise en place d’une taxe sur les robots pour financer les retraites.
Je vous demande enfin d’engager un changement de notre modèle de développement. L’économiste américain, Kenneth E.Boulding, prétendait que « celui qui croit qu’une croissance exponentielle peut continuer indéfiniment dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste ». Epargnez à nos enfants de devoir un jour vous infliger le jugement tragique de l’Histoire parce que vous n’auriez pas été capable d’engager la nation dans la mutation de ses modes de production et de consommation. Vous avez opposé justice sociale et transition écologique. Comment pouvez-vous ignorer que les premières victimes de la malbouffe, ceux qui respirent l’air le plus pollué à proximité des grands axes routiers, ceux qui vivent dans des passoires énergétiques, ceux dont la santé est menacée, sont les Français les plus modestes. Les inégalités environnementales sont des inégalités sociales. Quelle responsabilité grave, avez-vous pris vis-à-vis des générations futures, de nos enfants et de ceux qu’ils feront, en retardant l’engagement total de la France dans la lutte contre le réchauffement climatique, pour la biodiversité et l’amélioration de la qualité de l’air.

Il faut une opération « mains propres », et tant pis si cela doit frapper d’abord ces grandes entreprises qui dissimulent leur impact négatif sur le climat derrière les parades sans lendemain de vos grand-messes environnementales. Je vous demande la taxation intégrale des profits des banques issus de leur soutien aux énergies fossiles, de la création d’une contribution financière des entreprises qui exploitent les biens communs de l’humanité (eau, ressources fossiles, axes de communication, information, etc…) et la fin du droit à polluer gratuitement alloué aux grandes entreprises. Il vous revient aussi de mettre un terme à l’impunité des évadés fiscaux qui spolient la France de ses ressources.

Monsieur le Président de la République, à vous observer résister par tous les moyens de l’Etat, parmi lesquels une répression de plus en plus brutale, à l’irruption du peuple dans l’histoire de notre pays, je pense à Albert Camus qui disait qu’il revenait à sa génération, une tâche plus grande encore que celle de refaire le monde, qui consistait à empêcher que le monde ne se défasse. Depuis le mois de mai 2017, vous défaites la France et ce qui fait la modernité de ses valeurs. Les Français vous ont stoppé dans votre œuvre de démolition.

Je vous demande de considérer sérieusement les demandes de justice sociale et de démocratie exprimées par les Français. En respectant le peuple, vous respecterez davantage l’éminente fonction que vous occupez.

Veuillez agréer Monsieur le Président de la République, l’expression de mon profond respect.

Benoît Hamon
Co-fondateur de Génération·s

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Européennes : la liste de Benoît Hamon est-elle vraiment « la seule de gauche » ?

Benoît Hamon a déclaré sur France Inter que seule la liste de Génération-s devrait être considérée comme de gauche aux prochaines élections Européennes. C’est là doublement faux : d’abord, parce que ce n’est pas là aller dans une démarche unitaire à Gauche… Ensuite, parce que Génération-s est tout aussi postindustriel, postmoderne que La France Insoumise.

Ce que les gens de Gauche doivent comprendre, c’est qu’il faut arrêter de faire les malins. Aux prochaines élections Européennes, on sait déjà que l’extrême-droite va frapper fort, en surfant logiquement sur le populisme des gilets jaunes. Quand à la Gauche, elle risque de se faire démolir, et ce n’est pas une bonne nouvelle. Même si on n’apprécie pas la Gauche participant aux élections, il n’est pas nécessaire d’être devin pour comprendre les conséquences que cela aurait.

Rappelons que les sondages donnent pour l’instant 2,5 % à Génération-s, autant au PCF, 6,5 % à Europe Écologie Les Verts, 4 % au PS et 9,5% à La France Insoumise. Même si l’on ajoute le NPA et Lutte Ouvrière, cela ne fait pas lourd, surtout si Marine Le Pen fait autant que tout le monde à elle toute seule.

Benoît Hamon a donc tort d’appeler à voter Génération-s en disant que c’est la seule liste de gauche. Même si c’était vrai, il aurait tort, car c’est l’unité qui doit primer, afin de faire revivre les réseaux de Gauche, qu’il y ait un renouveau d’idées, d’actions. Dire plusieurs mois avant les élections qu’il n’y a que soi, dans un contexte comme le nôtre, ce n’est pas une bonne chose.

On peut d’ailleurs prêter des arrières-pensées à Benoît Hamon à ce sujet. Car s’il est sympathique, il n’en a pas moins été formé à la technique éprouvée des « coups tactiques » de l’aile droite du Parti Socialiste dont il est issu, les « rockys » (pour rocardiens). Et en accusant les autres de manière opportune, il se dédouane de ses propres turpitudes.

Voici ce qu’il a dit en effet hier sur France Inter :

« La liste que je porterai sera la seule liste de gauche. »

« Aujourd’hui, avec les citoyens qui se retrouvent dans cette liste, nous reprenons le drapeau de la Gauche qui est à terre, il a été suffisamment piétiné. »

« Qui peut se revendiquer aujourd’hui comme une liste de gauche ? Les socialistes ? Ils proposent de continuer la coalition avec la droite européenne, cette coalition qui a amené à ce que l’Europe soit dans l’impasse. Jean-Luc Mélenchon ? Il renonce à l’idée même de Gauche au nom d’une stratégie qui vise à unifier le peuple contre l’oligarchie. Les Verts ? Ils reviennent aux thèses qu’on a connues il y a quelques décennies du ni Droite ni Gauche. »

« Si vous êtes de gauche, écologiste et européen, vous aurez une liste pour laquelle voter entre les libéraux et les souverainistes ou nationalistes de tout poil. »

« Nous ne serons pas seuls et j’espère bien que de l’écologie, du communisme, du socialisme, d’autres nous rejoindront. »

Benoît Hamon maintient le clivage droite-gauche : tant mieux. Mais pourquoi appeler les gens de l’écologie, du communisme, du socialisme, à le rejoindre, au lieu d’appeler à l’unité, ou bien inversement de les rejoindre ? Et rien qu’en utilisant le terme de « socialiste », le PS n’est-il pas finalement plus ancré à Gauche que Benoît Hamon ?

La Gauche dispose bien en effet de grands principes, au-delà des (grandes) différences : la référence au mouvement ouvrier, à la social-démocratie de la fin du 19e siècle et aux luttes syndicales, au Front Populaire, à la Résistance.

> Lire également : Benoît Hamon : Johnny Hallyday ou les Sisters of mercy?

On ne trouve rien de tout cela chez Génération-s, pour qui le mot socialiste est tabou et dont le seul projet social revendiqué est l’Union Européenne dans une version sociale et écologiste. Le résultat en est que le seul thème où Génération-s est hyperactif est celui des migrants, avec un soutien total à l’ultra-libéralisme politique sur ce thème. La base sociale des gens de Génération-s, dont les adhérents peuvent être tout à fait sympathiques au demeurant, est d’ailleurs entièrement étrangère aux couches populaires.

Benoît Hamon a donc doublement tort : tort de ne pas vouloir l’unité, tort de s’imaginer qu’il a catalysé toutes les valeurs de la Gauche dans son mouvement. Être sectaire quand on a raison est dommageable, même s’il y a une part de vérité. Mais être sectaire quand on a tort qui plus est, est contre-productif.

Et au-delà, vu l’état des forces, c’est irréaliste. Il faut être conscient d’une chose qui va être évidente : s’il y a dispersion, alors c’est le Parti socialiste qui seul s’en sortira, de par ses réseaux d’élus, ses cadres, son incrustation dans les institutions. Il ne faudra pas alors pleurer qu’on n’a quasiment pas de Gauche et que la seule qu’on ait c’est le PS !