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Culture

Les Césars 2021 ou la pathétique complainte des bobos parisiens

La Cérémonie des Césars du 12 mars 2021 a été l’occasion d’un étalage particulièrement grossier et hors de propos de la part du petit milieu parisien du cinéma. En pleine pandémie de Covid-19 qui dure depuis maintenant un an, on a des gens s’imaginant à la pointe sur le plan culturel, mais dont la préoccupation est que la société se plie à leur vie de bohème coupée du peuple.

L’actrice Marina Foïs présentait la 46e cérémonie des Césars avec beaucoup d’ardeur, en robe Louis Vuitton conçue sur-mesure. Tel un prêche, sa prestation inaugurale « osait » interpeller directement la Ministre de la Culture présente dans une loge pour lui demander :

« Et comment faire lorsque l’on n’a plus confiance en son ministre de tutelle, à l’heure où se joue l’avenir du cinéma et de l’exception culturelle française ? »

Marina Foïs mérite assurément le César du meilleur cinéma fait par les gens du cinéma pour qu’on s’apitoie sur leur sort. Car l’« exception culturelle » française, c’est un milliard d’investissements par an pour quelque 250 films qui n’en rapportent même pas la moitié en salle !

L’« exception culturelle » française, c’est tout un tas de règles, de fiscalité et de subvention pour forcer à ce qu’existent des films français, avec une poignée d’acteurs et de réalisateurs extrêmement biens payés qui se partagent l’essentiel des rôles et des réalisations. Et tout ça pour qu’en fin de compte ce soit une comédie aussi creuse et insignifiante qu’« Adieu les cons » qui rafle le plus gros des prix en 2021.

C’est lamentable et forcément à un moment donné, un tel modèle est menacé. Cela n’a rien de durable d’autant plus que l’heure est à la crise sociale, sanitaire, économique, écologique. Mais les bobos parisiens ne sont pas habitués à rendre des comptes, alors ils s’imaginent que la société va éternellement consommer la soupe qu’ils produisent et jouent. Ou plutôt, ils l’exigent, quitte à assumer un cynisme inouï.

Sous couvert d’humour, Marina Foïs a ainsi prôné l’effacement des personnes âgées, car rien ne devrait entraver la vie de bohème des artistes :

« Comme ça tue les vieux, on a enfermé les jeunes et fermé les cinémas, les théâtres, les musées, et interdit les concerts pour ouvrir les églises – car on est un pays laïque – pour que les vieux qui ont eu le droit de sortir de l’EHPAD aillent à la messe ».

Difficile de faire plus odieux, plus coupé du peuple et de la réalité concrète et quotidienne de la société française. Le petit milieu parisien du cinéma s’imagine pourtant incontournable, car une des leur s’est déshabillée pendant la cérémonie avec sur le corps inscrit :

« No culture, no future » et « Rends l’art Jean » [allusion à Jean Castex, le premier ministre]

Tout cela est pathétique et terriblement décalé. C’est aussi d’une pauvreté culturelle affligeante, indigne de l’héritage culturel national français depuis le 17e siècle. Que dire également de Valérie Lemercier qui se trouve rebelle en disant « contente d’être sortie de chez moi », alors que la région parisienne n’est même pas confinée malgré la situation sanitaire catastrophique.

Il en est de même de cette célébration de la « troupe du splendide », avec Marie-Anne Chazelle, Josiane Balasko, Christian Clavier, Michel Blanc, Bruno Moynot, Thierry Lhermitte, jouant de l’embrassade sans masque et relativisant la crise sanitaire :

« Je m’aperçois que nous sommes cas contact depuis 50 ans ».

Rappelons qu’on a là des gens qui ont systématiquement promu le style et les mœurs bourgeoises parisiennes et dont le fonds de commerce humoristique a été de moquer les classes populaires pendant des années et des années.

Cérémonie bobo oblige, les Césars ont bien sûr été l’occasion aussi de l’habituelle pleurnicherie sur les « violences policières » et le soi-disant racisme de la société française, avec Jean-Pascal Zadi s’imaginant un grand contestataire en racontant :

« Tout simplement noir parle d’humanité et on peut se demander pourquoi l’humanité de certaines personnes est tant remise en cause, comme celle d’Adama Traoré ou Michel Zecler, quand certaines statues de ceux qui ont glorifié l’esclavage sont encore debout. Je remercie les César de m’avoir montré que ma mission pour l’égalité n’est pas vaine. »

C’est décalé, totalement hors-sol, mais bien représentatif d’une fausse Gauche bourgeoise qu’il s’agit de fermement rejeter, mais également d’écraser dans tous les domaines pour ne pas que les masses croient que c’est là la vraie Gauche et que la seule solution serait l’extrême-Droite.

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Politique

L’opération de démantèlement de la Gauche par Olivier Faure du Parti socialiste

La stratégie du premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure est très claire : la Gauche doit s’effacer face à « l’écologie ». L’enjeu est selon lui la consolidation d’un nouveau « bloc social-écologiste », avec l’idée assumée à demi-mot de se ranger derrière un candidat « écologiste » pour les élections de 2022.

Cela fait longtemps que la direction du Parti socialiste a tourné le dos aux classes populaires au profit d’un cosmopolitisme bourgeois-moderniste, largement libéral sur le plan des valeurs. L’opération de liquidation du patrimoine historique de la Gauche, relevant du mouvement ouvrier, connaît un nouveau bond à l’occasion de ces élections municipales 2020.

Avec la victoire d’Europe Écologie-Les Verts dans de nombreuses grandes villes, victoire portée par les bobos métropolitains, le premier secrétaire du Parti socialiste s’imagine qu’il y a un « immense élan » auquel il faudrait se rattacher, acceptant par là de solder le compte de la Gauche. Ce n’est pas dit aussi ouvertement, car Olivier Faure aimerait faire du PS une force importante de ce « bloc », mais la perspective est évidente.

De son côté, se voyant en position de force, EELV assume ouvertement son rejet de la Gauche depuis plusieurs mois, si ce n’est plusieurs années. Grégory Doucet, victorieux à Lyon, explique par exemple que « l’écologie est l’alliée de l’économie » et qu’elle est au-delà du clivage Gauche/Droite, ne reconnaissant simplement que des « éléments » pouvant accessoirement venir de la Gauche. C’est un point de vue strictement équivalent à celui d’Emmanuel Macron, trustant la Gauche par le centre, pour ensuite tout ramener vers le libéralisme sur les plans économique et culturel.

Cela fait un moment qu’EELV ne fait plus semblant d’être de Gauche, à quelques exceptions près. Ce parti n’a eu aucun scrupule à vouloir rafler la mairie de Lille au PS, manquée de peu, ou bien à Poitiers et à Strasbourg, où là ce furent des réussites. À Marseille, où EELV revendique la victoire (qui n’est pas acquise au conseil municipal d’ailleurs, en raison de la spécificité locale du scrutin), la tête de liste Michèle Rubirola avait été suspendue de la formation écologistes alors qu’elle se rangeait du côté de la Gauche, ou en tous cas d’une dynamique largement portée par la Gauche pour les municipales.

Olivier Faure n’y voit aucune contradiction et explique au contraire qu’il se bat depuis deux ans pour « rassembler et fédérer ces forces qui ont tellement en commun ».

Ses propos dans médias, retranscrits sur le compte Twitter du PS avec l’écriture « inclusive » histoire de bien s’assumer bobo, sont ainsi d’une grande limpidité :

« Si nous ne voulons plus du duo #LePen / #Macron, il faudra nous rassembler. Il faudra un·e candidat·e du bloc social-écologiste. Peut [sic] importe d’où il vient. La seule question est de savoir où il va. »

C’est ni plus ni moins que l’affirmation de la liquidation de la Gauche, de ses principes, de ses valeurs, de sa tradition, au profit d’autre chose. Cet autre chose en l’occurrence, consiste en un libéralisme tout à fait classique, s’imaginant légitime à représenter à lui-même « l’écologie », comme si cela était une orientation politique en soi.

D’ailleurs, il ne faut vraiment rien connaître, ou ne rien vouloir connaître des mouvements écologistes en France (très faibles et marginaux), pour s’imaginer qu’EELV a une quelconque hégémonie sur la question. Ce parti n’a par exemple rien à voir avec ce que peuvent être les Verts en Allemagne, avec une véritable culture alternative et un ancrage indéniable dans tout un tas de mouvements. En France, EELV a surtout une culture de type « ONG », c’est-à-dire de grande structures institutionnelles, tout à fait bourgeoises tant dans l’expression que dans le fond même de leur démarche.

De son côté, le Parti socialiste est largement passé à côté de la question écologique pendant de nombreuses années et s’imagine maintenant pouvoir se moderniser à moindres frais en se mettant à la remorque d’EELV.

Olivier Faure croit pouvoir contourner la question, en expliquant par exemple :

« je suis d’accord pour dire qu’il y a une écologie de droite et une écologie de gauche »

C’est incohérent. Il n’y a pas d’écologie « de gauche », car la Gauche est une conception totale, c’est-à-dire embrassant en elle-même tous les sujets et prétendant être la seule à pouvoir résoudre les problèmes.

Il n’y a pas d’écologie « de gauche », car il y a une conception générale portée par la Gauche, consistant en la prise du pouvoir populaire pour dépasser le capitalisme par le Socialisme, ce qui inclut par définition l’écologie, comme question propre à notre époque. Cela signifie également, par définition, que seule la Gauche est à même d’être à la hauteur en matière d’écologie.

Pour la Gauche, l’écologie ne relève pas d’une coloration politique comme chez Emmanuel Macron ou bien chez EELV, mais d’une conception matérialiste de la nature, des choses naturelles en général. Tel n’est pas le cas chez Olivier Faure, pour qui l’idée de mettre la nature au-dessus de tout est une idée réactionnaire qui musellerait les gens, comme il l’a expliqué à la télévision hier. Spinoza, Denis Diderot ou Karl Marx apprécieront !

En attendant, tout cela est bien loin des préoccupations populaires et la Gauche en France continue de s’enfoncer, de s’isoler, de s’effriter au profit de bourgeois libéraux piétinant toutes ses valeurs, toutes ses conceptions, tout son patrimoine.

La Gauche historique doit se reconstruire par l’unité, mais cette unité ne sera possible et fructueuse qu’en écartant franchement des liquidateurs de la Gauche tels Olivier Faure, le premier secrétaire du Parti socialiste.

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Politique

Municipales: Nantes, la «Gauche» sans les prolétaires?

La liste électorale proposée par la maire de Nantes sortante Johanna Rolland, candidate à sa succession, est très marquante : les 69 candidats y sont quasiment tous des bourgeois. Le Parti socialiste, qui dirige la ville depuis 1977 avec seulement une interruption entre 1983 et 1989, ne fait même plus semblant d’apparaître populaire, mais assume totalement son orientation bourgeois-bohème. C’est une catastrophe pour la Gauche.

La candidature de Johanna Rolland à sa succession à la Mairie de Nantes est typique d’une frange du Parti socialiste qui préfère à la Gauche un vague « progressisme », en fait un social-libéralisme modernisateur. Dans son programme, le mot « Gauche » ne figure qu’une seule fois et en tout petit, à la fin d’une mini biographie. La Gauche n’est pas du tout mise en avant.

Le programme est lui-même d’un apolitisme total, élaboré à la manière d’une agence de communication et pas dans le cadre d’une bataille pour le socialisme. Il y a des éléments de langage soigneusement choisis, accompagnant un long catalogue de 189 mesures où chacun pourrait piocher ce qui l’intéresse, comme dans un catalogue Ikea.

Les propositions vont des plus marketing comme les transports en commun gratuits le week-end, aux plus ridicules comme la numéro 53 : « Créer un kit du nouvel arrivant nantais : une gourde et une tasse à chacune et à chacun »…

Cela n’a aucune dimension politico-culturelle, ne s’inscrit pas dans un enjeu politique national ni ne contribue à l’affirmation des valeurs de la Gauche. Il faudra, dans l’analyse faite à l’issue des élections municipales, se poser la question d’associer vraiment à la Gauche les victoires avec de tels programmes électoraux, autant portés par la bourgeoisie des métropoles « dynamiques » du capitalisme.

Il n’y a qu’à voir les professions des candidats (voir ci-dessous) pour que cela saute aux yeux : la liste de Johanna Rolland à Nantes n’a aucune dynamique populaire. On n’a pas la Gauche des caissières, des femmes de ménage, des infirmières, des éboueurs, des manutentionnaires, des magasiniers, de la classe ouvrière, mais un agrégat bourgeois et petit bourgeois associé à un opportunisme politique de quelques organisations de Gauche et d’identitaires bretons.

Le PCF notamment, qui en novembre 2019 produisait un document politique avec « 100 propositions pour une ville solidaire et populaire », se range ici totalement derrière une dynamique bourgeoise en l’échange du maintien de poste. Il ne fallait cependant pas attendre grand-chose du PCF local qui parlait dans son document d’une « pop’city », avec l’idée au fond d’associer dynamisme de grande métropole à l’illusion d’une culture populaire – le populaire consistant ici en général uniquement en les cités HLM liées à l’immigration.

Cela renvoie d’ailleurs à un second aspect, qui touche directement à la question démocratique. Dans les grandes villes comme Nantes, les classes populaires se trouvent pour la plupart en dehors de la commune centrale, mais dans les communes de l’agglomération, voire en périphérie de la périphérie ou carrément à la campagne.

C’est pourtant la maire de Nantes qui, quasi mécaniquement, obtient la présidence de la Métropole et la marque de son empreinte. Il y a donc ici un véritable problème démocratique avec une élection locale où les classes populaires n’ont en vérité pas de possibilité d’expression électorale commune, et se voient confisquer la Gauche par une bourgeoisie et petite-bourgeoisie de centre-ville.

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Politique

120 000 euros de capital pour chaque jeune de 25 ans: la proposition du bobo Thomas Piketty

Dans une vidéo Kombini, site plus connu pour raconter les dernières futilités concernant Drake ou Kim Kardashian que de contribuer à changer le monde, l’« économiste » Thomas Piketty présente sa dernière trouvaille, issue du dernier livre qu’il a à vendre : donner un « héritage » de 120 000 euros à chaque jeune à 25 ans. Voilà typiquement une idée de bobo n’ayant aucun sens des réalités.

Le capitalisme va mal ? Alors il faut le capitalisme pour tous ! Voilà la grandiose idée de Thomas Piketty, apprécié par les bobos du monde entier, à commencer par Barack Obama lui-même.

Le capitalisme serait donc tellement formidable qu’il faudrait que chacun puisse en profiter au début de sa carrière. C’est un peu comme au Monopoly : chacun la même mise de départ et c’est partie pour le grand jeu de la concurrence. Génial !

On a fait le calcul. D’après l’INSEE, les personnes ayant 25 ans durant l’année 2018 étaient 691 249. On multiplie par 120 000 et cela donne 82 949 880 000. Il faudrait donc 83 milliards d’euros par an.

Cela équivaut (d’après la loi de finance 2019) à l’addition de tout l’impôt sur le revenu (70,4 milliards nets) et de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (13,1 milliards nets).

Pour se donner une idée également, avec 83 milliards d’euros on a (toujours d’après la loi de finance 2019) quasiment les budgets consacrés à l’éducation et à l’Écologie/développement durable en France (85 milliards d’euros).

Plutôt que de doubler les budgets consacrés à l’écologie et à l’éducation (le plus gros budget), Thomas Piketty suggère donc que cela serait mieux d’en donner un bout à chaque jeune, pour qu’il fasse de son côté son petit bout de chemin capitaliste.


Comme par magie, cela résorberait les inégalités et le capitalisme deviendrait vertueux. Il faut vraiment être totalement imprégné de la pensée bourgeoise pour penser une telle chose… Mais cela n’est pas étonnant de la part d’un ancien de « Normal Sup’ » et de la London School of Economics.

Pour l’anecdote, il faut savoir qu’à l’époque où Dominique de Villepin voulait imposer à la jeunesse l’immonde Contrat Première Embauche, il mandatait Thomas Piketty pour faire une London School of Economics à la française à Paris.

Et dire que Benoît Hamon avait fait de Thomas Piketty son conseiller économique pour sa campagne en 2017… Tout cela parce qu’il a écrit un succès d’édition, Le Capital au XXIe siècle, qui en 2013 lui a accordé beaucoup d’estime dans les couches intellectuelles cherchant des réformes sociales mais à tout prix sans luttes des classes.

Quelle catastrophe pour la Gauche. Si Jean Jaurès, Léon Blum ou Maurice Thorez voyaient ça, ils n’en reviendraient pas.

Thomas Piketty se moque littéralement du monde ici avec ses 83 milliards d’euros par an tombés du ciel, comme s’il suffisait de le décréter pour faire apparaître tout cet argent, comme si la crise économique n’était qu’une invention de la Droite.

Une telle somme existe cependant, il n’a pas tord de ce point de vue là. Il faudrait la prendre aux riches, ou au « capital » comme il le dit pour se donner un genre « Karl Marx » (bien qu’il déteste Karl Marx, qui selon lui se serait trompé sur tout et n’aurait aucun contenu).

En l’occurrence, les riches, le capital, la bourgeoisie, ne se laisserait pas faire. Seul un pouvoir de gauche très fort, porté par les classes populaires menant une lutte de classe très intense, avec en tête la classe ouvrière massivement organisée dans des assemblées générales puissantes, pourrait arracher une telle somme, dans une situation quasi insurrectionnelle par ailleurs.

Il serait alors hors de question de disséminer tout cet argent individuellement à chaque jeune de 25 ans pour entretenir l’illusion du capitalisme ! La Gauche portée par les classes populaires aurait de biens meilleures idées pour ces moyens, en planifiant de manière rationnelle les dépenses dans un sens collectif et responsable.

Il paraît d’ailleurs que cela s’appelle le Socialisme. Et cela n’a rien à voir avec le populisme light et prétendument « de gauche » du vaniteux Thomas Piketty.

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Politique

Matthieu Longatte, le bobo critiquant les «privilèges» d’«hommes blancs»

Dans une petite vidéo diffusée par France TV Slash, Matthieu Longatte connu pour ses vidéos « Bonjour Tristesse » a fait un petit numéro de culpabilisation très catholique sur le « privilège » des « hommes blancs ». Cette rhétorique insupportable a largement fait réagir tellement elle est caricaturale et rappelle à quel point elle a malheureusement infesté une grande partie de la Gauche, ou en tous cas de gens identifiés comme de gauche ou s’imaginant de gauche.

Matthieu Longatte était un quelque sorte un gilet jaune avant l’heure. Il s’est fait connaître sur Youtube en assumant à fond la posture du franchouillard vociférant, jamais content, un peu anarchiste sur les bords. Depuis son canapé, vin rouge systématiquement sur la table pour bien accentuer le trait, il râlait sur tout le monde de manière outrancière en s’imaginant lutter contre les injustices.

Un gilet jaune donc, mais en mode bobo, très apprécié par exemple par Telerama pour qui il a fait une vidéo spéciale pour le Noël précédent. France TV Slash l’a ainsi interrogé à propos de son spectacle et les propos mis en avant ont provoqué des réactions de dégoût chez de nombreuses personnes, tellement ce qu’il dit est détestable.

Il y explique dans un verbiage typiquement postmoderne que « les hommes blancs » sont « privilégiés » et cela « par rapport à quasi tout », les institutions, la police, le travail, le logement, etc.

C’est d’un racisme incroyable, insupportable. Matthieu Longatte se fait ici le porte voix de la petite-bourgeoisie issue de l’immigration qui avec un discours « indigéniste » a imposé des considérations ethno-différentialiste dans les débats sociaux, pour tenter d’écraser la question de la lutte des classes.

Des pans entiers de gens issus de la Gauche, quasiment toute l’ultra-gauche ainsi que les milieux universitaires sont contaminé par ce genre de considérations délirantes. L’intoxication est tellement grande que Matthieu Longatte, dont le fond de commerce est pourtant un populisme contre les « riches » et les « politiques », en arrive à dire quelque chose d’aussi énorme que :

« on [les « hommes blancs »] est clairement les seuls à ne pas être discriminé au travail »

C’est fabuleux ! Le quotidien au travail dans le capitalisme en France en 2019 serait formidable pour les « hommes blancs », et tout cela se ferait au dépend d’une minorité selon des critères raciaux.

La France serait l’Afrique du Sud de l’apartheid ou les États-Unis de la ségrégation. Les « hommes blancs » vivraient dans une bulle à part, en tant que privilégiés. Notons l’absurdité de son discours puisqu’il parle « d’hommes », en les opposant aux femmes donc, qu’ils rangent parmi les minorités…

Il assume bien sûr totalement le discours sur une prétendue « islamophobie », dont il dit avoir beaucoup parlé et explique qu’il est très lucide sur la question, parlant de manière fantasmatique d’un « degré énorme d’islamophobie en France ».

Il explique avoir eu des messages de remerciement, par exemple de quelqu’un ayant montré ses vidéos à sa mère qui :

« [il fait la grimace du bobo indigné] sa mère qui n’osait plus sortir dehors… Tellement elle avait l’impression qu’elle pouvait se faire agresser. »

Il précise ensuite :

« On ne se rend pas compte mais dans un quartier par exemple, qui est essentiellement composé de minorités, le rapport aux blancs peut se limiter à la télé. Tu vois, t’es une daronne un peu âgée, qui regarde que la télé, tu peux avoir l’impression que tu vas sortir dehors et que tu vas te faire tabasser gratos par des blancs. Parce qu’on parle de toi en tant que musulman H24 à la télé, on te stigmatise, alors que t’as rien fait de mal de ta vida. »

Ces propos sont tout autant détestables que les propos d’Eric Zemmour. Ils devraient susciter autant de rejet car c’est la même chose, mais de manière inversée. Tout autant de fantasme, de mensonge, de manipulation, de racisme.

Cela ne correspond aucunement à la vie du peuple. Notons au passage qu’il faut être sacrément gonflé pour un bobo parisien de parler ainsi d’islamophobie, alors que par exemple plusieurs des plus luxueux hôtels parisiens appartiennent à des musulmans, tout comme le Paris Saint-Germain, etc.

Il suffit de se balader dans les quartiers résidentiels de l’Ouest parisien ne serait-ce qu’une fois pour voir des gens de toutes les couleurs de peau. C’est la propriété, les moyens financiers qui décident, pas l’origine ou la couleur de peau.

C’est la même chose pour le logement, personne ne peut croire à ces mensonges. En France quelqu’un qui a de l’argent peut se loger facilement, pas celui qui travaille pour un petit salaire. C’est cela la réalité, la vérité quotidienne des millions de français des classes populaires.

Matthieu Longatte n’en fait pas partie, ni n’est leur porte voix. Il n’est qu’un bobo radicalisé de la place parisienne qui s’imagine avoir trouvé un crédit populaire en reprenant le discours indigéniste.

On appréciera d’ailleurs le reste de sa prose de bobo, puisqu’il assume pratiquement de faire de l’art contemporain, c’est-à-dire un délire de grands bourgeois :

« Pour moi l’art c’est vain par définition et il ne faut pas avoir la prétention d’être utile par là. Ça ne veut pas dire que tu ne peux pas l’être, mais c’est comme gâcher le goût de se croire important en tant qu’artiste. »

La Gauche, la Gauche historique, si elle veut émerger à nouveau en France et regagner ses lettres de noblesse aux yeux des classes populaires, doit dresser un rideau de fer infranchissable entre elle et ce genre de propos ethno-différentialistes typiques des bobo et des petits-bourgeois issus de l’immigration. Sans cela, le populisme d’extrême-Droite a un boulevard.