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Les slogans très différents du PCF et de Die Linke pour les élections européennes

L’excellent discours anti-militarisme de Fabien Roussel du PCF que nous avons publiée hier ne masque pas un aspect essentiel : la Gauche allemande est bien plus avancée sur le plan des idées, plus volontaire, plus profonde aussi. La Gauche française a en comparaison l’air d’un mouvement « catho de gauche ».

Le discours à l’occasion du 8 mai de Français Fabien Roussel ( pour le PCF ), accompagné de l’Allemand Bernd Riexinger ( pour Die Linke ), au sujet des élections européennes, est un vrai appel contre le militarisme. Il y a même une référence ouverte à la crise des années 1930 ! On devine aisément que ce n’est pas le PCF qui est à l’origine de la majorité du texte, mais bien Die Linke.

Le PCF a en effet malheureusement une approche qui n’est pas du tout « années 1930 ». Il n’y a pas la bataille pour la base populaire. En Allemagne, on l’a par contre bien compris, comme en témoigne l’activité de Sahra Wagenknecht, notamment. Et cela se lit très bien dans les slogans utilisés pour les Européennes.

Le slogan du PCF est le suivant :

Pour l‘Europe des gens, contre l’Europe de l’argent

C’est un slogan apolitique, avec même une référence à l’argent qui, dans un pays marqué par Proudhon et le catholicisme, est toujours douteux. En France, l’argent est mal vu, même dans les classes dominantes. On ne parle pas de combien on gagne, cela ne se fait pas. L’esprit catholique de gauche prédomine et on a l’habitude partout de dénoncer les « nouveaux riches » qui eux étalent leurs richesses.

Le slogan utilisé en Allemagne par Die Linke est par contre bien différent :

Für ein solidarisches Europa der Millionen, gegen eine Europäische Union der Millionäre!

( Pour une Europe solidaire des millions, contre une Union européenne des millionnaires ! )

Die Linke oppose les millions ( de gens ) qui n’ont pas grand-chose aux quelques uns qui ont des millions. Le contraste entre les deux aspects est saisissant et relève nettement d’une lecture en termes de classes. Ce n’est pas « l’argent » comme abstraction qui est dénoncé, mais ceux qui se l’accaparent. Cela peut paraître une nuance infime, mais cela change tout. Le Vatican peut ouvertement dire la même chose que le PCF… mais ne peut pas du tout dire la même chose que Die Linke.

Une autre différence très importante est la question des institutions. Die Linke oppose une Europe solidaire des millions de personnes à l’Union européenne des millionnaires, c’est-à-dire qu’un autre projet européen est sous-jacent. Le PCF lui oppose l’Europe à l’Europe, comme si la même chose pouvait indifféremment avoir deux formes. On a ici quelque chose de totalement différent de ce que dit Die Linke.

Cette différence entre le PCF et Die Linke repose bien entendu sur des visions du monde fondamentalement différentes. Tous deux sont très marqués par l’expérience des pays de l’Est européen. Seulement, le PCF entend faire autre chose, considérant que l’expérience a totalement failli à la base, alors que Die Linke est davantage dans l’optique de faire pareil, mais totalement différemment. La République démocratique allemande est considérée comme une tentative sur un vaste chemin, en quelque sorte globalement positive.

On n’est pas obligé d’être d’accord. On ne peut que voir toutefois qu’il existe dans la Gauche allemande autour de Die Linke une valorisation du patrimoine du mouvement ouvrier, un prolongement dans l’identité. Ce n’est pas du tout le cas dans le PCF, à part pour quelques épisodes symboliques, vidés de leur sens.

Il ne s’agit pas ici de considérer positivement ou non l’expérience dans les pays de l’Est, soulignons le bien. Il s’agit simplement de voir que le PCF se veut quelque chose de totalement nouveau et que cela ne donne pas grand-chose sur le plan du contenu. Il y a beaucoup de promesses pour une dynamique future, mais cela tarde, cela ne ressort pas. Die Linke puise par contre dans le passé et cela lui insuffle une dynamique. On pourrait en préférer une autre, bien entendu, cependant cela ne change pas le fond de la question : on en revient à l’opposition entre la Gauche historique et celle de nature post-industrielle, post-moderne, post-historique, post-nationale.

Ce qui va se passer pour ces élections européennes est donc très important. Il faudra bien évaluer quel type de Gauche parvient à s’affirmer, lequel ne donne rien ou pas grand-chose. Lequel parvient à s’ancrer dans la population, lequel lui reste extérieur. La situation est différente selon les pays évidemment, mais il y aura forcément des enseignements, parce qu’au-delà des résultats électoraux ( qui sont bien secondaires par rapport à l’essentiel ), il y a le contenu, la perspective, la dynamique.

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Le PCF et Die Linke rendent hommage à Jean-Pierre Timbaud en plaidant en faveur d’une Europe de la paix

Le secrétaire national du PCF Fabien Roussel et le secrétaire général du parti allemand de gauche Die Linke, Jörg Schindler, étaient réunis ce mardi 7 mai 2019 à Paris pour rendre hommage à Jean-Pierre Timbaud. C’était l’occasion de dénoncer l’Europe guidée par « la coopération militaire et l’armement », et de plaider en faveur de la paix.

Jean-Pierre Timbaud est une grande figure communiste de la Résistance, fusillé par les nazis en octobre 1941. Il est connu pour avoir crié « Vive le Parti communiste allemand » au moment de sa mort, ce qui fut un acte d’internationalisme prolétarien d’une grande valeur.

Le discours de Fabien Roussel publié ci-dessous va pleinement dans ce sens, en rappelant « le combat commun des classes ouvrières française et allemande » contre le nationalisme et le fascisme, cette « bête immonde ».

Les deux partis siègent ensemble au Parlement européen et ont eu plusieurs initiatives communes dans le cadres des élections européennes. Il est question ici de leur combat en faveur d’une «Europe de la paix », alors que la course à l’armement est de plus en plus folle et grande.

Il est critiqué, conformément aux valeurs historique de la Gauche, l’« Europe de la défense que Macron et Merkel appellent de leurs vœux » et « l’industrie de l’armement, à l’affût de toutes les bonnes affaires, toutes les bonnes guerres ».

Voici le discours de Fabien Roussel du PCF :

« Initiative PCF – Die Linke
Hommage à Jean-Pierre Timbaud :
Pour une Europe de la paix, contre l’Europe du surarmement

Chère Maryse Veny petite fille de Jean-Pierre Timbaud,
Chère Michèle Gauthier, fille d’Henri Gauthier,
Chère Carine Picard Niles, petite fille d’Odette Niles, représentant  ici l’Amicale Châteaubriant Voves Rouillé Aincourt
Cher Claude Ven représentant la Fédération CGT Métallurgie ainsi que son Institut Histoire Sociale qui est installée ici même dans leur Maison des Metallo
Mesdames et messieurs les représentants des organisations et associations militant pour la paix
Mesdames et messieurs les parlementaires
Mesdames et messieurs les élu·es de Paris
Cher·es ami·es, cher·es camarades

Je suis heureux de nous voir réunis ici en cette veille du 8 mai et des célébrations de la Victoire contre le nazisme, avec notre camarade Jörg Schindler, secrétaire général de Die Linke.

C’est une initiative à laquelle je tenais particulièrement et dont nous avons convenu fin avril avec Berndt Riexinger, le co-président de Die Linke que j’ai eu le plaisir de recevoir à Paris, au siège du Parti.

Il est pour nous très important  à la fois de faire vivre la mémoire de la Grande Victoire de 1945 contre le fascisme, de rendre hommage aux héros morts en déportation et exterminés, Juifs, Tsiganes, homosexuels, communistes, progressistes.  Mais aussi de rendre hommage aux héros de la Résistance tombés dans toute l’Europe, du maquis des Glières aux actions de la résistance allemande.

Ce n’est pas uniquement une question de mémoire. La lutte continue aujourd’hui contre le fascisme, contre la montée des idéologies nauséabondes, racistes et des idéologies de guerre en Europe. Les appels à la haine s’entendent aujourd’hui à nouveau partout en Europe.

Comme l’a écrit Berthold Brecht, « Le ventre est encore fécond d’où est sorti la bête immonde ».

Nous sommes ici pour dire ensemble que le seul projet européen qui vaille, c’est celui qui renforce véritablement la fraternité et la solidarité entre les peuples dans le respect de leur souveraineté – et non leur mise en concurrence exacerbée ; le seul projet européen qui vaille, c’est celui qui défend les intérêts des classes populaires et des travailleurs –et non ceux des banquiers et des multinationales ; le seul projet européen qui vaille, c’est celui qui fait de la construction de la paix et d’une culture de paix son axe essentiel et sa priorité absolue.

C’est cette ambition-là que nous voulons porter, à rebours du modèle ultra-libéral dont Emmanuel Macron et Angela Merkel veulent intensifier la marque, au nom d’un« couple franco-allemand » autoproclamé moteur de l’Union européenne.

Un couple tellement centré sur la domination qu’il passe son temps à s’affronter pour savoir qui est le plus fort des deux !

Nous, les communistes, nous formons avec Die Linke un autre couple franco-allemand ! Un vrai couple, dont les relations sont fondées sur les principes d’égalité, de solidarité et d’épanouissement respectif.

Notre « couple franco-allemand », c’est celui qu’incarnait le syndicaliste et dirigeant politique communiste, Jean-Pierre Timbaud, auquel nous voulons rendre un hommage fraternel ce soir.  Bien d’autres avec lui ont porté ce combat pendant la guerre, le combat commun des classes ouvrières française et allemande, le combat commun des communistes français et allemands ; le combat commun des démocrates, femmes et hommes, militant-es de l’émancipation humaine et sociale – français et allemands- qui s’engagèrent dans la Résistance et ont abattu nazisme et fascisme il y a 75 ans.

Notre couple franco-allemand, c’est celui qui se lève pour s’opposer à l’augmentation indécente des budgets de Défense, sur ordre de l’OTAN, pour atteindre 2 % du PIB d’ici 2024. L’OTAN exige en outre que 20% de ces budgets faramineux soient consacrés à l’achat d’armement neuf.

La France va dépenser 295 milliards d’euros au total pour sa défense entre 2019 et 2025 alors que toutes les politiques publiques sont privées de l’argent indispensable pour rénover et développer nos infrastructures et nos services publics de santé, d’éducation, de transport, de culture. Sur le nucléaire, pour la même période, le budget de la modernisation est en hausse de 60% par rapport à la période précédente ! Il passera de 23 milliards à 37 milliards d’euros. 14,5 millions d’euros par jour !

A-t-on besoin d’investir 14,5 millions d’euros par jour dans la modernisation nucléaire quand notre pays a tant besoin d’hôpitaux, d’écoles, de services publics ?

Savez-vous ce que cet argent représente ?

Nos amis du Mouvement de la paix ont fait le calcul, c’est simple : 1 missile M51 c’est l’équivalent de 100 scanners médicaux mais des départements entiers du pays se transforment en déserts médicaux ; 1 Mirage, c’est l’équivalent de deux collèges en milieu rural mais nos campagnes, notre ruralité se meurt un peu plus chaque jour

Tout le monde appelle à la paix mais les dépenses mondiales d’armement explosent à nouveau : 1 700 milliards de dollars pour 2017 dont la moitié pour les seuls pays membres de l’OTAN.

Non seulement nous nous emprisonnons dans la stratégie belliciste de l’OTAN mais nous en « rajoutons » quand Macron et Merkel cherchent, à relancer le projet d’« une Europe de la Défense » .

Cette « Europe de la défense » qu’ils appellent de leurs vœux en agitant toutes les peurs, les haines possibles, ces 13 milliards d’euros de dotation, prévu pour 2021-2027, pour le « Fonds européen de la Défense », c’est le « cadeau » qu’ils réservent à l’industrie d’armement, à l’affût de toutes les bonnes affaires, les bonnes guerres…

« Qui veut la paix, prépare la paix » et c’est pour cela que nous appelons l’Europe, la France et l’Allemagne à ne pas vendre d’armes aux pays en guerre, aux dictatures, aux pays qui entretiennent des conflits coloniaux, expansionnistes, soutiennent le terrorisme international ; la France ne doit pas vendre des armes à l’Arabie saoudite, 11 milliards d’euros en 9 ans, et prétendre que ces armes ne sont pas utilisées au Yemen !

Nous appelons à interdire toutes les opérations militaires extérieures en dehors des résolutions de l’ONU ; nous appelons à redonner tout son rôle à cette organisation internationale au lieu de promouvoir le devoir d’ingérence.

Et nous appelons à signer et à ratifier le traité international d’interdiction des armes nucléaires ;

Nous disons NON à l’« Europe de La Défense » et  oui à la dissolution de l’OTAN. Et sans attendre, la France doit quitter l’OTAN.

L’ « Europe de la défense » et l’OTAN doivent être remplacés  en Europe par un traité de coopération et de sécurité collective qui implique tous les pays du continent en mettant un terme aux stratégies de tensions et de surarmement ; nous opposons à l’idée de militarisation sans fin du continent l’idée de sécurité collective, principe qui est un des fondements de la charte des Nations Unies selon lequel les mesures de défense prises par un État ne doivent pas compromettre la sécurité d’un autre état.

La tenue, sous l’égide de l’ONU, d’une conférence pan-européenne de paix et de sécurité collective est urgente et nécessaire pour faire baisser les tensions entre l’UE et ses voisins. Ce qui a été possible en pleine guerre froide, avec la conférence d’Helsinki, l’est d’autant plus aujourd’hui.

Nous appelons à abroger les accords de libre-échange pour les remplacer par des accords de maîtrise des échanges avec les pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique…

Nous appelons à réinvestir l’ONU et ses agences pour qu’elles soient de véritables outils au service de la prévention des conflits et du développement humain.

Nous appelons à bannir les racismes, les discriminations, et à restaurer la justice et l’égalité des droits, à conquérir de grandes avancées sociales pour les travailleuses et travailleurs du monde entier.

L’Europe de la paix, chers amis, chers camarades, c’est celle qu’a portée Jean-Pierre Timbaud au moment mourir.

C’est notre vision à nous aujourd’hui, c’est celle d’une union de peuples et de nations libres, souverains et associés.

« C’est le plus grand des combats », nous exhortait Jaurès et nous ne cesserons jamais d’en faire notre priorité car elle donne tout son sens à une Europe des gens, une Europe qui n’a d’autre visée que l’humain d’abord.

C’est dans cet esprit que nous nous battons pour faire élire au parlement européen, le 26 mai, le plus de députés communistes, de Die Linke et de la gauche européenne. »

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Politique

La lettre de Ian Brossat du PCF à France Télévision

Ian Brossat qui conduit la liste PCF pour les élections européennes de mai prochain n’est pas invité au grand débat télévisé du 4 avril prochain sur France 2. S’il fustige avec raison un déni de démocratie, il faut malgré tout rappeler la grande responsabilité de la Gauche dans son ensemble qui, en refusant l’unité, donne en quelque sorte le bâton pour se faire battre.

Pour les organisateurs de débats télévisés, y compris sur le « service public », ce qui compte est surtout la contrainte technique de la réalisation. Leur préoccupation n’est pas démocratique, alors ils voient forcément les « petites listes » comme autant de difficultés pour distribuer la parole, avoir un rendu dynamique, ne pas traîner en longueur, etc.

Ce qui se passe est très simple : les organisateurs ne voient pas l’intérêt de donner la parole à une liste créditée de quelques pourcents dans les sondages, qui selon-eux dira peu ou prou la même chose qu’une autre, par exemple celle de Benoît Hamon.

Le problème est que tout le monde à Gauche mise sur les élections pour se faire entendre, peser le plus possible, comme si la bataille démocratique ne pouvait passer que par là, ou en tous cas principalement par là. C’est une grossière erreur.

La Gauche devrait être en mesure d’avoir une seule voix qui se ferait entendre clairement et facilement à la télévision pour les élections. Les débats électoraux télévisés ne sont pas le lieu pour un débat contradictoire entre les différentes forces de Gauche qui veulent chacune apporter leur nuance. Ce genre de débat doit avoir lieu avant, et surtout sous d’autres formes, réellement démocratiques, permettant d’analyser le fond et d’étayer les arguments.

Voici donc la lettre de Ian Brossat qui en quelque sorte réclame son du à la directrice de France Télévision avec des arguments qui ne sont pas absurdes, mais qui sont très insuffisant politiquement.

Rappelons avant que le PCF a prévu un rassemblement devant le siège du groupe pour appuyer cette demande mardi prochain le 19 mars à 18h.

 

Madame Delphine Ernotte-Cunci

Présidente de France Télévisions

 

Madame la Présidente,
La chaîne France 2, du groupe public France Télévisions dont vous êtes la Présidente, organise le jeudi 4 avril un débat télévisé dédié à l’élection européenne lors de « L’Émission politique ».
Votre initiative est salutaire pour notre démocratie et pour le débat public, alors que cette échéance électorale d’une importance capitale demeure mal connue du grand public.

Toutefois, à la suite d’un appel téléphonique fortuit de notre attachée de presse, nous avons appris que France 2 ne jugeait pas utile d’inviter de représentant de la liste « Pour l’Europe des gens, contre l’Europe de l’argent », soutenue par le Parti Communiste Français, et que j’ai l’honneur de conduire.

Il s’agirait d’un déni de démocratie grave et incompréhensible.

Comme vous ne l’ignorez pas, le Parti communiste français est présent dans les deux assemblées, avec plus de trente parlementaires qui prennent part au fonctionnement institutionnel de notre pays. Les Françaises et les Français se sont choisis plus de 7 000 élu·es locaux et nationaux de notre famille politique pour les représenter, plus de 800 maires et trois parlementaires européens pour faire entendre et respecter leur voix. L’effacement du Parti communiste français du débat du jeudi 4 avril, sur la première chaîne du service public, serait une véritable anomalie démocratique.

Comme en 2005 déjà, à l’occasion du référendum européen, les Français attendent aujourd’hui une plus juste et sincère représentation de leurs opinions. Dans cette élection européenne où l’enjeu du pluralisme est tout particulièrement important, la voix de la liste du PCF n’est réductible à celle d’aucune autre liste.

Faut-il vous rappeler que nous sommes le seul parti de gauche à avoir rejeté tous les traités européens libéraux depuis le début de la construction européenne ? Nous sommes également la seule liste du paysage français à inclure dans ses rangs plus de la moitié d’ouvrières et d’ouvriers, de femmes et d’hommes employés — à l’image exacte de ce qu’est la France aujourd’hui. Nous sommes la seule liste, droite et gauche confondues, qui est en mesure de faire entrer, le 26 mai une femme ouvrière, en la personne de Marie-Hélène Bourlard, pour la première fois dans l’histoire du Parlement européen.

La dernière élection présidentielle a démontré qu’il était possible de proposer aux Français des débats télévisés de grande qualité en y conviant l’ensemble des forces en présence. C’est cela la vitalité de notre démocratie ; elle est une chance que chacune et chacun devrait saluer. Dès lors, comment les Français pourraient-ils comprendre qu’il en soit aujourd’hui différemment sur la première chaîne du service public, qu’ils financent ?
C’est la raison pour laquelle j’ai l’honneur de solliciter auprès de vous un rendez-vous dans les plus brefs délais, afin qu’une solution puisse être trouvée concernant la présence de notre liste au débat du 4 avril.

Je vous prie d’agréer, Madame la Présidente, l’expression de mes sentiments respectueux

Ian Brossat,
Porte-parole du PCF, tête de liste « Pour l’Europe des gens, contre l’Europe de l’argent »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

de répondre techniquement à une demande.

 

débat à la télévision ne sont pas

 

le jeudi 4 avril un débat télévisé dédié à l’élection européenne lors de « L’Émission politique »

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Ian Brossat du PCF et la défense de l’Union européenne

Ian Brossat sera le chef de file du PCF pour les prochaines élections européennes avec une position social-libérale qui n’est pas celle de la classe ouvrière. Sa ligne est de défendre l’Union européenne en expliquant que celle-ci pourrait être différente, plus sociale et moins libérale, avec un accent mis sur la défense de l’immigration.

L’Union européenne, c’est un grand marché organisé par des capitalistes pour faire du capitalisme, qui s’est structuré avec des institutions antidémocratiques. Si la Gauche n’avait pas autant abandonné la classe ouvrière, il serait impossible pour elle de ne pas rejeter franchement un tel projet.

Ian Brossat représente un tel recul de la culture ouvrière du PCF que sa position consiste aujourd’hui à carrément défendre l’Union européenne.

Lors d’un passage à la radio, il a exprimé cela de manière très nette :

« Je ne suis pas favorable à une sortie de l’Union européenne, mais je suis favorable à ce que l’Europe porte autre chose qu’une politique libérale. »

Il n’y a pourtant aucune raison pour la Gauche de ne pas vouloir sortir de l’Union européenne. C’est même relativement un détail dans le cadre d’une conquête d’un pouvoir démocratique et populaire, tellement c’est évident qu’il faut faire complètement autre chose.

La classe ouvrière a résolu depuis très longtemps cette question : la lutte et la conquête du pouvoir ont lieu dans le cadre national, mais la bataille doit s’organiser au niveau international. Il n’a jamais été question de s’organiser conformément aux alliances conclues entre les classes dirigeantes des différents pays.

Assumer de manière unilatérale le thème de l’« Europe », c’est par définition trahir l’internationalisme ouvrier. Il n’y a absolument aucune raison pour la Gauche de se lier moins au peuple algérien, qui ne fait pas partie de l’« Europe », qu’au peuple néerlandais, par exemple.

A moins bien entendu de n’être qu’un outil pour valoriser le capitalisme à visage humain, qui serait tellement idéal que tout le monde devrait venir y vivre… Ian Brossat correspond entièrement à cela, pour sa version parisienne. Jamais Paris ne s’est aussi embourgeoisé que ces dernières années, mais Ian Brossat est là pour maintenir la fiction d’un Paris engagé, populaire, écologiste, etc.

Le problème qui s’est posé à la Gauche cependant, c’est qu’il existe une tendance dans les classes dirigeantes qui rejette l’Union européenne, en affirmant le nationalisme.

Pour ne pas être mêlée à cette tendance, la plupart des forces de Gauche, dont le PCF, ont alors adopté une position très mesurée sur la question, en critiquant les traités européens, mais en prônant de manière floue une « Europe » qui pourrait être autre chose.

On a alors eu des positions alambiquées critiquant les institutions européennes, les textes européens, les pratiques de l’Union européenne, mais ne tranchant jamais la question de manière ferme et internationaliste.

Les libéraux en ont profité pour pas été capable de boycotter le referendum et s’est laissée imposer un thème qui n’est pas le sien. C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre la position du Parti Commumener une intense bataille idéologique sur la question de l’« Europe » et en faire un horizon indispensable pour tous ceux qui ne seraient pas réactionnaires. C’est la ligne d’Emmanuel Macron. Ian Brossat en est une force d’appoint.

Car un moment clef dans l’histoire politique de notre pays a été le référendum sur la Constitution européenne en 2005. La Gauche s’est retrouvée prise au piège, accablée par les modernistes pro-« Europe » d’un côté et torpillée par les populistes anti-« Europe » de l’autre. Qu’elle appelle à voter « oui » ou « non », elle renforçait forcément l’une ou l’autre des tendances.

La Gauche n’a pas été capable de boycotter le referendum et s’est laissée imposer un thème qui n’est pas le sien. C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre la position du PCF aux élections européennes de 2019 avec sa liste menée par Ian Brossat.

En tant que tel, ce n’est pas nouveau pour le PCF de dire qu’il faudrait une autre « Europe ». Le parti a même déjà été très loin dans cette position, en proposant en 2014 un projet de « refondation » de l’Union européenne très élaboré.

Cependant, jamais il n’a exprimé directement un attachement à l’Union européenne telle quelle. Parler de « refondation » ou dire ne pas être favorable à une sortie, ce n’est pas exactement la même chose.

Lors de l’université d’été du PCF à Angers, sur une vidéo diffusée en direct par un membre, le chef de file aux futures élections expliquait de manière plus précise sa position :

« Si le débat se résume à ça, nous ne pouvons pas nous situer dans une alternative qui serait une alternative entre “pro” et “anti” européens parce que très concrètement, si être “pro” européen c’est être favorable à l’ensemble des traités qui régissent l’Union européenne, évidemment que nous ne sommes pas européens, mais si être “anti” européen c’est être favorable au repli national, nous ne sommes pas favorables au repli national.

De la même manière, si être partisan de l’ouverture, c’est être partisan du libre échange généralisé conduisant à faire rentrer au sein de l’Union européenne n’importe quel produit réalisé n’importe comment à n’importe quelle condition sociale et environnementale, nous ne sommes pas favorables à ça.

Mais si être partisan de la fermeture cela signifie rejeter l’accueil des migrants, évidemment que nous sommes partisans de l’ouverture, bien au contraire.

Donc, la question qui nous est posée c’est bien de faire exploser ce faux clivage qu’on cherche à nous imposer à l’occasion de cette bataille des élections européennes.

D’ailleurs, quand on s’y pose quelques instants, cette opposition est en réalité une gigantesque arnaque. Quand on regarde le fond, ils nous disent qu’il y aurait une opposition qui structurait tout entre “pro” et “anti” européens, mais enfin, quand même !”

Une telle position, qui est une justification de sa défense de l’Union européenne, passe évidemment très mal à la base du Parti Communiste Français et provoque de nombreuses tensions.

En fait, le PCF se retrouve avec Ian Brossat dépourvu d’une expression propre. Car ce qu’il dit ne consiste ni plus ni moins qu’en la position sociale-libérale traditionnelle du Parti socialiste.

Cela n’est pas étonnant de part ses fonctions puisqu’il baigne totalement dans ce milieu avec ses responsabilités à la Mairie de Paris. Quand il évoque l’élection de Bertrand Delanoë en 2001, il dit tout naturellement « on », c’est-à-dire qu’il fait partie intégrante de cette dynamique dont Anne Hidalgo est aujourd’hui l’héritière, et dont il est un porte-parole.

Il s’agit là d’une grande métropole d’un pays riches qui, comme d’autres dans le monde, se sont choisi des maires « modernes » et « ouvert d’esprit », qui se sentent à l’étroit dans les frontières nationales et font de la libre circulation des personnes un thème primordial.

Ian Brossat est lui-même un habitant de Montmartre, le quartier bourgeois-bohème de Paris par excellence. Il est « ouvert d’esprit », et d’ailleurs il explique qu’il trouve cela très bien qu’il y ait un foyer de migrants à côté de chez lui.

C’est pour cela qu’il précisait à la radio sur RMC que, bien qu’il soit contre les politiques de travailleurs détachés, « Ça ne veut pas dire qu’on ne doit pas venir. » Et il ajoutait :

« Moi ça ne me dérange pas qu’il y ai des gens de toutes nationalités qui travaillent dans nos champs. Mais ils travaillent avec un contrat français. »

On a là une expression libérale typique, dans une forme « light », mais néanmoins anti-ouvrière. C’est-à-dire qu’il souhaite faire venir de la main-d’œuvre étrangère pour faire dans les champs le « sale boulot » que les travailleurs français n’acceptent plus de faire sans rien dire.

Cela en dit long sur l’état de déliquescence de la Gauche française.