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L’incroyable silence sur le conflit Russie-Ukraine

Alors que les troupes s’accumulent, le silence est complet dans les médias et de la part des politiques, y compris à Gauche.

La situation est désormais telle qu’il n’y a plus aucun doute sur de prétendues « manœuvres ». Les troupes et le matériel convergent de part et d’autre à la frontière entre la Russie et l’Ukraine. Le front a d’ailleurs été très calme le dimanche 5 avril, à l’opposé complet du samedi 4 avril. Les choses se mettent en place, de manière toujours plus ouverte.

Il y a notamment des envois depuis les États-Unis au moyen d’avions-cargos C-17 Globemaster III. Et le Conseil de sécurité de la Fédération de Russie a affirmé comme très probable des affrontements entre la Russie et l’Ukraine pendant ce qui est qualifié d »escalade des tensions dans le Donbass.

Il est désormais absolument évident que deux armées se font face, prêtes à en découdre. Cela n’implique pas que l’affrontement soit obligatoire… même si on peut le penser. Mais au minimum il devrait y avoir des appels mondiaux au retrait des troupes. C’est là le minimum.

Qui plus est, la France est membre de l’OTAN et l’OTAN n’a cessé, de manière officielle, d’expliquer qu’elle soutiendrait l’Ukraine. Cela veut dire que s’il y a conflit, la France est de la partie, si ce n’est de facto, au moins de jure : si ce n’est de fait, au moins juridiquement.

Comment peut-on alors garder le silence ? Comment la menace réelle de la guerre, avec des troupes armés jusqu’aux dents se faisant face, peut-elle être autant passée sous silence ? Comment la participation de la France peut-elle passer comme une lettre à la poste ?

C’est là qu’on voit qu’il y a en France un énorme problème : le soutien général à l’armée française, l’acceptation du militarisme. D’ailleurs, et c’est un très bon exemple, Jean-Luc Mélenchon a publié le 2 avril 2021 un billet titré « Industrie de défense : Dassault a raison de dire « nein » !« , dans un grand élan militariste-patriotique où on apprend que le Rafale « est le meilleur avion de combat du monde ». Une semaine avant, il expliquait que »La France doit demeurer une puissance polaire« .

Il reflète bien un social-chauvinisme généralisé. La France a un bon niveau de vie, elle est moins pire que les États-Unis dans ce qu’elle fait dans le monde, donc il faut accepter voire soutenir. L’absence de dénonciation du militarisme reflète une capitulation pratiquement systématique à Gauche.

Mais ce qui se passe à la frontière de l’Ukraine et de la Russie change la donne. C’est l’expression de la grande crise, commencée avec le COVID-19 mais traversant toute la société, toute l’économie. Plus rien ne tient. La bataille pour le repartage du monde devient la grande tendance… et on ne peut pas y échapper, à moins de la renverser.

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Russie-Ukraine: des escarmouches alors que continue l’accumulation de troupes

Les effectifs augmentent, les accrochages sont plus nombreux et s’intensifient.

La Femen Inna Shevchenko, qui travaille maintenant pour Charlie Hebdo, publie beaucoup de choses sur son Twitter, des choses plutôt intéressante sur la laïcité. Mais, alors qu’elle est ukrainienne, que le logo des Femen est aux couleurs ukrainiennes, elle ne dit pas un mot sur la situation actuelle. C’est un exemple assez affligeant d’inconséquence et de comportement petit-bourgeois : je fais carrière quelque part, de gauche mais pas trop, quant à mon pays et les gens qui y vivent…

Il est pourtant évident que les grandes puissances poussent à la guerre. L’Ukraine est poussée à la guerre par les États-Unis et la Russie l’est… par son propre expansionnisme. Il faut donc prendre partie contre la guerre, toujours… qui ne dit mot consent.

Il est d’ailleurs strictement impossible de ne pas voir que l’aggravation de la situation prend une tournure gravissime. Les deux armées les plus nombreuses d’Europe n’ont pas toujours cessé leur déploiement de troupes à leurs frontières ! La Russie et l’Ukraine se mobilisent littéralement…

Au 2 avril 2021, la Russie avait déjà ajouté 25 bataillons tactiques au 28 déjà présents aux frontières. Chaque bataillon consiste en un bataillon d’infanterie mécanisée, une compagnie de tanks et de l’artillerie. Et les accrochages se multiplient de manière exponentielle aux frontières des « républiques populaires » séparatistes, en fait pro-russes, de Donetzk et Louhansk, et le reste de l’Ukraine.

Violations du cessez-le-feu, au 3 avril, les sept jours précédents, les 30 jours précédents, moyenne pour 2020

Les informations télévisées russes déversent une propagande folle sur les velléités guerrières de l’Ukraine, chauffant à blanc l’opinion publique, avec notamment une fake news d’un enfant tué par un bombardement ukrainien (c’est la seule chose à ce sujet qu’Inna Shevchenko a retwitté d’ailleurs, gardant elle-même le silence).

Et en face on n’est pas en reste , l’armée ukrainienne annonçant qu’elle participerait à des opérations avec l’OTAN en mer Méditerranée et en Irak, qu’il y aurait bientôt des exercices en Ukraine même.

Exemple de folie furieuse, d’ailleurs, un avion de patrouille maritime et de lutte anti-sous-marine américain Boeing P-8A Poseidon a survolé le 3 avril 2021 la côte syrienne… utilisant son transpondeur de telle manière à ce que soit formé le nombre 46, allusion à Joe Biden, 46e président des États-Unis, qui est sur une ligne très agressive par rapport à la Russie.

Et alors que le 2 avril la France était certaine qu’il n’y aurait pas de conflit, le 3 avril il y a eu un communiqué commun des ministères des affaires étrangères de France et d’Allemagne. On y lit que :

« La France et l’Allemagne sont préoccupées par la multiplication des violations du cessez-le-feu, alors que la situation s’était stabilisée depuis juillet 2020 dans l’Est de l’Ukraine. Nous suivons avec une grande vigilance la situation, en particulier les mouvements de forces russes, et appelons les Parties à la retenue et à la désescalade immédiate des tensions. »

De par la nature des troupes envoyées par la Russie, on peut déjà lire le scénario suivant. Il va y avoir des accrochages dégénérant et la Russie va annoncer qu’elle est en nécessité d’envoyer des « gardiens de la paix » dans les zones séparatistes, afin d’obéir à sa constitution l’obligeant à protéger des citoyens russes.

Le but est de parvenir à un point de rupture pour annexer les deux « Républiques populaires ». La Russie peut avoir choisi de bouger de manière seule, ou bien elle répond à l’initiative américano-russe de lancer une opération de récupération. Peu importe, les deux sont coupables de la marche à la guerre.

Et ce n’est qu’un triste début dans une tendance à la guerre se généralisant à travers la crise du capitalisme sur toute la planète, à travers la compétition sino-américaine pour l’hégémonie mondiale.

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Annexion du Donbass par la Russie: extrême tension militaire avec l’OTAN

La Russie va-t-elle annexer le Donbass ? Le spectre de la guerre s’incarne et ce n’est qu’un début.

La crise est là, la crise sanitaire n’est qu’un aspect d’une crise bien plus profonde et la bataille pour le repartage du monde s’accélère chaque jour. Ce qui se passe est un premier moment de terrible danger, dont les victimes seront toujours les peuples.

La Russie est en effet en train de procéder à une importante mobilisation de troupes à sa frontière avec l’Ukraine, plus exactement avec les parties de l’Ukraine gérées par les forces séparatistes pro-russes. Des convois ferroviaires très nombreux et très longs transportent massivement des véhicules militaires et tout ce qu’il faut comme approvisionnement.

C’est au point qu’est désorganisé le transport pour le matériel agricole, alors que le printemps est arrivé et avec lui le début des récoltes !

Dmitri Peskov, porte-parole de la présidence russe, a affirmé que :

« La Russie déplace ses forces armées sur son territoire comme elle l’entend, mais cela ne représente une menace pour personne et ne doit inquiéter personne. »

Sauf que l’accord de cessez-le-feu d’usage à la frontière entre l’Ukraine et les régions séparatistes a pris fin le premier avril, en raison du refus de la Russie de le prolonger.

La Russie va-t-elle tenter de réaliser par la force ce qu’elle a prévu depuis le début du conflit, à savoir l’annexion de la région du Donbass, à la suite de celle de la Crimée ?

La carte des régions séparatistes (source: wikipédia)

Surtout que la pseudo-République populaire de Donetsk, une fiction pro-russe, a décidé le premier avril la mobilisation de la classe d’âge 1994-2003, tout comme la Crimée de son côté. La pseudo-République populaire de Lougansk semble mettre en place un dispositif militaire, alors que des troupes russes se déplacent en Biélorussie, juste à la frontière ukrainienne.

L’ordre de circonscription la pseudo-République populaire de Donetsk

La réponse américaine est très claire. Les forces armées américaines en Europe sont activées pour faire face à une :

 « crise imminente potentielle » .

La question ukrainienne a également été abordée au sein de l’OTAN. En clair, si la Russie annexe la partie orientale de l’Ukraine, actuellement devenue « séparatiste », ce sera le conflit militaire.

Les services de renseignement ukrainien ont également publié le premier avril une note intitulée :

« La Fédération de Russie est prête pour des provocations à grande échelle contre notre État »

Il y est expliqué que la Russie chercher à faire intervenir militairement l’Ukraine au moyen de provocations. Sauf qu’il y a eu des déplacements militaires en Ukraine tout au long du mois de mars ! Et les États-Unis, avec la Grande-Bretagne, sont clairement dans une volonté d’affrontement, poussant l’Ukraine en ce sens.

De plus, la Crimée est alimentée en eau à 84% par le Canal de Crimée du Nord, qui commence en Ukraine, mais bien évidemment les liens sont coupés et le lac artificiel de Simferopol, faisant 35 millions de mètres cubes, se retrouve à sec, assoiffant la Crimée.

Le Canal de Crimée du Nord, construit entre 1961 et 1971 juste après que la Crimée ait été « offert » par la Russie à l’Ukraine (source : Wikipédia)

Les deux camps montent en fait en agressivité. Et en Ukraine il ne faut pas oublier l’agitation néo-nazie. 3 000 néo-nazis ont manifesté le 20 mars 2021 à Kiev, incendiant la plaque officielle du bâtiment présidentiel, le jour de l’anniversaire de Sergey Sternenko, un ancien dirigeant du « Pravdy Sektor » pour la région d’Odessa, condamné en février à sept ans et demi de prison pour le kidnapping d’un homme politique.

Ces agitateurs nationalistes jettent également de l’huile sur le feu. Pour l’anecdote, il existe deux centres culturels ukrainiens à Paris.

Le premier s’appelle Symon Petlioura, du nom d’un dirigeant nationaliste ayant combattu la révolution russe et assassiné à Paris en 1926 par Samuel Schwartzbard pour venger les pogroms dont il était responsable (Samuel Schwartzbard sera acquitté en 1927 grâce à la campagne de la Gauche).

Le second, dépendant de l’ambassade ukrainienne, s’intitule Wassyl Slipak. Cet Ukrainien, chanteur de l’opéra de Paris, a adopté la coiffe cosaque et a rejoint les volontaires néo-nazis luttant contre les séparatistes sur le front, où il a été tué en 2016.

C’est sinistre… alors que l’Ukraine c’est Taras Shevchenko, Nicolas Gogol, Vladimir Vernadski, Reinhold Glière, Fyodor Pirotsky, Alexandra Exter, Iouri Kondratiouk, Tatiana Iablonskaïa, Sergueï Korolev, Oleg Antonov, Lyubomyr Romankiv…

Kateryna, une peinture de 1842 du poète national ukrainien Taras Shevchenko

Depuis la littérature à l’invention du tramway électrique, du rendez-vous orbital pour alunir ou l’invention de la RAM des ordinateurs, le peuple ukrainien a puissamment contribué à la culture et à la science.

Mais le peuple d’Ukraine, qui vit dans une terrible misère, pratiquement la pire en Europe, est ainsi la victime de l’expansionnisme russe, d’une oligarchie possédant littéralement le pays, de l’agitation racialiste des nazis, des influences toujours plus grandes de la superpuissance américaine et de l’OTAN.

Et il risque en plus d’être victime d’un conflit ouvert… Nous avons besoin de construire une opinion publique anti-guerre, capable de mobiliser pour lancer des signaux internationalistes ! Le peuple ukrainien ne doit pas être seul !