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Les réactions anti-couvre-feu de la «gauche» libérale-libertaire

Tout sauf les décisions à portée collective ! Tel est le credo d’une partie de la Gauche passée dans le camp d’un mélange de populisme, d’anarchisme, de vision plébéienne de l’Histoire.

En temps de crise, on ne peut plus faire semblant, car chaque point de vue compte, chaque opinion sur chaque sujet a forcément une grande importance et de grandes implications. On dévoile forcément sa vraie nature et les organisations et individus politiques expriment forcément leur nature.

La question du couvre-feu est ainsi très révélatrice, avec les petits-bourgeois hystériques et les bourgeois relativistes qui ne veulent pas en entendre parler. Les premiers sont en général « de gauche », les seconds étant de droite et l’assumant, en tous cas culturellement. Au contraire, la dynamique populaire est de penser que le couvre-feu est bien la moindre des choses, avec cette particularité propre aux grandes villes qu’une partie significative des gens ne se soucie absolument pas du virus et s’amasse dans les bars et soirées.

Il ne faut pas se leurrer, si Emmanuel Macron décrète un couvre-feu dans la plupart des grandes villes, c’est qu’il y a à la base une grande pression populaire en faveur de mesures sanitaires. Cela sous-entend non pas qu’il en fasse trop, mais bien au contraire qu’il n’en fasse pas assez. Le peuple veut un État ayant son ampleur, capable d’envergure.

La France de 2020 n’est plus la France arriérée du 20e siècle et il est hors de question pour la population de laisser filer un virus dévastateur, ni de laisser les services de santé se faire déborder à nouveau. L’État doit être à la hauteur du peuple, de la vie du peuple.

Les petits-bourgeois « de gauche » n’en ont rien à faire de cela et ils s’imaginent que le gouvernement agirait par « totalitarisme ». L’auteur de prédilection pour ces gens est George Orwell et nombreux sont ceux à avoir cité son roman 1984, à l’instar d’Olivier Besancenot :

Cependant, le meilleur représentant de cette France petite-bourgeoise, s’imaginant de gauche et très radicale, est Jean-Luc Mélenchon, qui associe le couvre-feu à un fait du Prince, en dehors de toute rationalité sur la crise sanitaire elle-même :

« 60 % des contaminations ont lieu au travail ou à l’école ou à l’université entre 8h et 19h. Mais Macron interdit les sorties au bar et au restau entre 20h et 6h. Bienvenue en Absurdie. »

Jean-Luc Mélenchon confond ainsi clusters connus et contamination, mais là n’est pas la question : rien que le ton le disqualifie. On est dans le populisme, dans l’appel à la révolte plébéienne contre les puissants qui mentiraient de manière totale, qui viseraient à la manipulation des consciences, à anéantir les libertés individuelles, etc.

On a évidemment la même rengaine du côté d’EELV, sur le mode de la critique du « totalitarisme » avec David Cormand, qui reprend tous les arguments de la Droite sans même le remarquer :

« Le « couvre-feux » a-t-il vocation à confiner aussi notre Démocratie? La légèreté avec laquelle le Gouvernement se joue des piliers sur lesquelles reposent un État de Droit: libertés individuelles, droits fondamentaux, élections,… est sidérante et effrayante. »

Notons cependant qu’EELV sait garder les pieds sur terre, de part sa quête électoraliste, et exprime dans un communiqué son soutien au couvre-feu, bien que de manière timorée.

François Ruffin s’est également parfaitement illustré dans l’hystérie anti-« Macron », qui serait maintenant un « maton » … :

« Le couvre-feu pour couvrir leur nullité. Plutôt que de prévoir et d’agir depuis le printemps, Macron, en maton, nous enferme. Combien de temps serons-nous victimes de leur incompétence ? »

On notera également le ton volontairement beauf et franchement irrationnel qu’il a utilisé à l’Assemblée nationale :

« Vous êtes capable de nous interdire d’aller pisser à plus d’un kilomètre de chez nous pendant le confinement, de nous interdire de mettre un pied dehors après 21h aujourd’hui. Face aux citoyens, vous êtes des lions. Mais face à Amazon et Bridgestone, vous êtes des paillassons. »

On est là dans la démagogie la plus complète, visant à opposer le « petit homme » aux puissants, comme le faisaient les démagogues d’extrême-Droite dans les années 1930.

On retrouve forcément le même discours et le même ton du côté de Médiapart, qui présente ainsi son article contre le couvre-feu :

« Macron préfère fliquer la population, la mettre en fiches, assassiner des secteurs entiers de notre économie (culture, restauration, etc.), plutôt que de rouvrir des lits d’hôpitaux et d’engager du personnel soignant. On interdit les sorties le soir au théâtre, au restau, chez des potes, mais on s’entasse dans le métro aux heures de pointe. Ferons-nous le deuil de tout ce qui nous fait vivre ? »

Cnews dit exactement la même chose. En fait, les remarques de ce genre sont légions dans la petite-bourgeoisie, avec souvent le prétexte d’autre chose qui est pris pour refuser le couvre-feu, par exemple avec Marguerite Stern :

« Imposer un #couvrefeu à tout le monde pour contrer le covid bof. Par contre imposer un couvre feu aux hommes et limiter leurs déplacements pour que les femmes puissent marcher dans la rue sans subir leurs agressions je dis oui. Mettons fin à la pandémie patriarcale. »

N’importe quoi ! Ou encore avec Nathalie Arthaud, pour un véritable cliché :

« Macron lance un nouveau contre-feu pour masquer la destruction de l’hôpital public. La seule liberté à laquelle Macron ne veut pas s’attaquer c’est le droit des patrons à exploiter les travailleurs. Pour les travailleurs tout sera interdit sauf le droit d’aller bosser ».

On remarquera d’ailleurs le caractère incohérent de l’argument. S’il est juste de vouloir plus de moyens pour l’hôpital public, cela n’est pas une raison pour ne rien faire et laisser des vagues importantes de malades être hospitalisées ; les séjours en réanimation ne sont pas une cure de jouvence et on sait très bien que le covid-19 touche durement y compris de nombreuses personnes n’ayant pas forcément besoin d’aller à l’hôpital.

On a la même chose du côté de Laurent Brun de la CGT cheminot, très proche politiquement de la ligne du PRCF, qui avec une blague potache appelant à manifester à l’heure du couvre-feu parle « d’enfumage » pour sous-entendre que le couvre-feu ne sert à rien :

« Bon ben prochaine manif à 21h ! Y’en a marre de ces conneries ! On veut une vraie stratégie de prévention sanitaire avec des tests efficaces, des moyens pour l’hôpital, des mesures pour l’école et les travailleurs. Pas de l’enfumage ! »

Tout cela est de l’hystérie petite-bourgeoise et ces personnes peuvent immédiatement arrêter de faire de la politique : jamais les gens ne leur confieront les clefs de l’État. Mais il est vrai que ces personnes ne veulent pas les clefs de l’État, ils veulent seulement protester, s’agiter.

Alors, à rebours de ces pérégrinations petites-bourgeoises, on a des figures politiques qui savent très bien où elles mettent les pieds. Ainsi, on a une Martine Aubry, qui n’est pas née de la dernière pluie et sait très bien que ce serait anti-populaire de critiquer le couvre-feu, alors elle assume franchement :

« Face à l’augmentation de la circulation du COVID 19 en France et à Lille, nous devons appliquer les mesures annoncées par le Président de la République, même si nous aurions préféré un couvre-feu plus tard le soir. Nous devons tous respecter ces règles. »

Eh oui, tout le monde aurait préféré autre chose, mais il faut ce qu’il faut. Cela ne plaît pas aux beaufs, cela ne plaît pas à ceux dont l’horizon politique est le libéralisme-libertaire, mais c’est ainsi !

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Covid-19: un hiver long et douloureux en perspective

Si certaines personnes en doutaient encore, maintenant c’est entendu : nous n’en avons pas fini avec la pandémie de Covid-19 et les mesures sanitaires vont s’amplifier. Le couvre-feu annoncé par Emmanuel Macron dans la capitale et huit métropoles n’est qu’un prélude ; la France entame une nouvelle phase de la crise sanitaire.

Emmanuel Macron a décrété à nouveau l’état d’urgence sanitaire, qui entrera en vigueur samedi 17 octobre 2020. La principale mesure pour l’instant est la mise en place d’un couvre-feu en région parisienne et dans huit métropoles : Lille, Rouen, Lyon, Saint-Étienne, Grenoble, Aix-Marseille, Montpellier et Toulouse. Les sorties, sauf motifs légitimes, y seront interdites entre 21h et 6h du matin avec l’idée évidente d’empêcher au maximum les interactions sociales, notamment dans la jeunesse.

Pour les 47 millions de Français qui ne sont pas encore concernés par le couvre-feu, il est également fait appel à la responsabilité collective. Il s’agit de faire des « bulles sociales », en se limitant systématiquement à des groupes de 6 personnes, dans la rue, à table, etc., pour limiter les contacts.

On pourra dire ce qu’on veut, en critiquer la forme ou les détails, tout cela est en tous cas nécessaire au regard de l’accélération de l’épidémie en France, qui relève clairement d’une seconde vague. Près de 23 000 nouveaux cas et 104 décès ont été recensés pour la journée du 14 octobre et les services hospitaliers sont à nouveau très chargés (1673 réanimations pour 9194 personnes hospitalisées en tout). Partout dans le pays, et pas seulement dans les villes en alerte maximum, les services hospitaliers déprogramment des opérations pour faire de la place à la vague de nouveaux malades attendus.

Pas question de toucher à l’économie cependant, alors Emmanuel Macron a bien précisé qu’aucun confinement ni télétravail imposé n’était à l’ordre du jour. Il va donc falloir continuer à faire tourner la machine capitaliste à plein régime, mais plus question de s’amuser, de voir de la famille, des amis, de sortir, etc. Cela va être très lourd psychologiquement, car cela signifie que la crise sanitaire s’installe durablement et profondément dans la vie quotidienne et que celle-ci va être à nouveau complètement bouleversée, pour longtemps.

La première vague et le confinement n’avaient été considérés par la plupart des gens que comme un épisode passager et d’ailleurs le relâchement avait été terrible dès le printemps, puis pendant l’été. On paye actuellement le comportement de toute une partie du pays, notamment dans la jeunesse, qui n’a pas suffisamment joué le jeu, voire pas du tout pour certains.

On paye également l’incapacité de l’État à organiser le dépistage, avec des délais pour les tests et de campagnes de suivis des cas contacts qui sont désastreux, particulièrement en région parisienne.

Toujours est-il que les faits sont là et face à des chiffres indiscutables, le gouvernement est maintenant obligé de frapper fort, ou en tous cas relativement fort, pour tenter de limiter les dégâts. Emmanuel Macron espère pouvoir empêcher un nouveau confinement, qui mettrait définitivement par terre le capitalisme alors que la crise économique, si elle ne semble pas encore très visible, est déjà au cœur des préoccupations des personnes ayant un regard sérieux sur les choses.

Il est difficile de savoir comment les nouvelles mesures seront respectées, organisées, surveillées. Ce qui est certain par contre, c’est que cela va profondément chambouler la vie du pays et particulièrement la vie culturelle, qui est déjà affectée de manière dramatique depuis mars derniers. Après un printemps étrange et un été vécu qu’à moitié, la France se dirige maintenant vers un hiver long et douloureux. C’est une étape de plus dans un changement complet d’époque.

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Semi-confinement de la mi-octobre 2020: la Droite folle de rage

L’État a coupé la poire en deux : on confine sans confiner, afin de préserver la machine capitaliste dans son essentiel. Pour la Droite, c’est déjà trop.

Comment affronter une crise sanitaire aussi grande alors qu’une chose comme la chaîne Cnews existe ? Jean-Marc Morandini, Eric Zemmour, Pascal Praud… sont le contraire des Lumières et de la Raison. Ce sont des gens très intelligents assumant de nier toute référence intellectuelle et culturelle, afin de faire triompher un populisme de Droite strictement équivalent à celui de Donald Trump.

Et, également de Benito Mussolini, d’Adolf Hitler et de tous les démagogues de la Droite la plus nationaliste, car ce gens ne proposaient pas un « totalitarisme » avec un programme, mais balançaient des idées à tort et à travers afin de manipuler les masses, réduites au rang de foules.

C’est le règne de l’anecdote, de la remarque à l’emporte-pièces. C’est le principe de la démagogie, de la vindicte irrationnelle, des accusations sans preuves, où le « bon sens » est censé s’exprimer, représenter un peuple bâillonné, etc. Les intellectuels de la télé-spectacle contribuent au renforcement d’une logique anti-intellectuelle, anti-culturelle, avec un appel à refuser la complexité, à agir à l’instinct, à l’élan vital ?

Comment une société, travaillée au corps par de tels populismes, de telles outrancières simplifications, de tels mensonges, peut-elle affronter les faits ? Comment combattre une crise sanitaire tant que la Droite agit avec vigueur ?

La Droite a deux lignes : tout d’abord, relativiser, en disant qu’il y a peu de morts et que la continuité de la société doit primer sur tout le reste. Ensuite, dénoncer toutes les mesures en les accusant d’être mal faites, en assumant ou pas le refus des mesures, au nom de l’efficacité, des droits individuels, etc.

C’est très difficile à combattre, car c’est totalement opportuniste. Ce style a contaminé d’ailleurs de larges secteurs de la population française : en effet, pour beaucoup de gens, agir, c’est faire du rentre-dedans, comme les syndicalistes de la CGT, les gilets jaunes, les énergumènes d’ultra-gauche sur Twitter, etc.

On est dans la surenchère, comme Stéphane Manigold, restaurateur et porte-parole de « Restons ouverts », expliquant sur Cnews qu’Emmanuel Macron ne comprend rien à l’économie. Ces propos n’ont aucun sens, mais ils sont véhiculés médiatiquement, touchant des dizaines, des centaines de milliers de personnes, formant des accumulations de stupidité.

Avec le semi-confinement annoncé le 14 octobre par le président Emmanuel Macron, la Droite a encore un boulevard. S’il y a un vrai confinement, la dimension collective écrase l’individualisme. Là, c’est un semi-confinement, qui n’assume pas la collectivité et qui laisse par conséquent des espaces énormes pour les protestations au nom des libertés individuelles, des « petits » entrepreneurs (en réalité des petits gros entrepreneurs, possédant plusieurs commerces), les traditions françaises, etc.

C’est la révolte petite-bourgeoise contre les « technocrates », « l’oligarchie », les « ploutocrates », etc., ce qui est évidemment une opération visant à masquer la bourgeoisie et le capitalisme, pour forcer la base populaire à se mettre à la remorque de la petite-bourgeoisie dans sa bataille pour arracher des miettes aux classes dominantes.

Cette tendance à « cracher » sur « ceux d’en haut » de manière populiste, sans réflexion, est une voie de garage. Il faut un accompagnement idéologique et culturel par la Gauche à toute révolte, lutte, protestation, afin d’élever le niveau, de faire aboutir de manière correcte toute révolte, lutte, protestation. Seule la Gauche lit en effet les choses historiquement, voit la direction à prendre.

Cet accompagnement ne peut évidemment pas venir de l’extérieur, seulement de l’intérieur. C’est un travail immense et il faut recomposer la Gauche historique pour la mener à bien… Avant que la Droite ne dévie toute la contestation, contribuant au succès du Fascisme.

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Deuxième vague covid-19: on s’enfonce dans la catastrophe

La seconde vague de covid-19  est bien là dans le pays, avec un taux de positivité, principal indicateur de la reprise épidémique, qui ne cesse de grimper. Dans certaines zones, les services hospitaliers commencent à être sous pression, alors que l’État s’enfonce dans sa propre décomposition dans un pays en pleine pagaille organisationnelle…

Au premier jour de confinement, le mardi 17 mars 2020, la France comptait 1 097 nouveaux cas pour 699 personnes en réanimation et 27 décès. Alors qu’on recense un peu plus de 5 000 lits de réanimation dans le pays, on comptait au soir du dimanche 27 septembre 11 123 nouveaux cas (14 412 samedi) avec 6 235 hospitalisations, dont 1 112 en réanimation. Sur les sept derniers jours, on compte 376 décès.

Avec un taux de positivité de 7,2 %, soit le nombre de tests positifs sur l’ensemble de ceux effectués, la France s’enfonce dans ce qu’on doit considérer, d’une manière ou d’une autre, comme une seconde vague. En tenant compte de la pression sur le système hospitalier, on estime qu’un taux de positivité de 10 % nécessite un nouveau confinement de la population. Par exemple à Aix-Marseille, ce sont 40 % des lits de réanimation qui sont occupés par des malades du covid-19 (113 personnes pour 281 lits).

La crise sanitaire s’abat sur le pays, sans que rien ne s’active réellement dans l’organisation et la préparation de celle-ci. Cela est d’autant plus inquiétant qu’une étude publiée dans « Physics of fluids » montre que la transmission du coronavirus est facilitée par l’humidité, l’automne étant précisément marquée par de telles conditions météorologiques.

Il n’y a pourtant aucune fermeté dans l’action de l’État, et cette absence de fermeté n’est que le reflet de la pagaille d’un régime coupé de la société. Car, si les uns disent que les mesures visant à limiter voir à fermer bars, restaurants, salles de sports, sont de « trop », d’autres comme Patrick Bouet, président de l’Ordre des médecins, pensent l’inverse. Voici ce que ce médecin a dit au Journal du Dimanche :

« Mercredi, (le ministre de la Santé) Olivier Véran a choisi un langage de vérité mais il n’est pas encore allé assez loin. Il n’a pas dit que, si rien ne change, dans trois à quatre semaines, la France va devoir affronter, pendant plusieurs longs mois d’automne et d’hiver, une épidémie généralisée sur tout son territoire »

Il a ajouté très justement que l’été aurait du être le moment de « mettre en œuvre un processus de retour d’expérience », avec « des réunions au ministère de la Santé avec tous les acteurs de la crise ». Par ces propos, Patrick Bouet confirme bien que l’État est dépassé, qu’il représente quelque chose de complètement déliquescent.

Mais est-ce vraiment étonnant si l’on se souvient qu’au mois de juin, Jean-François Delfraissy, président du Conseil Scientifique affirmait qu’il fallait laisser « les choses s’ouvrir, les gens vivre, mais en respectant les mesures barrière » ? N’appelait-il pas à dissoudre ce même Conseil scientifique ? Comment faire confiance au ministre de la santé, Olivier Véran, qui dit en réponse à un éventuel re-confinement « anticipé » pour assurer les fêtes de fin d’année :

« Je ne suis pas fana de la prédiction, mais de l’anticipation (…) Je ne me projette pas dans deux mois, mais au jour le jour ».

Cela dit, le pays est incapable de se saisir pour prendre en main les questions d’organisation et attend passivement les consignes d’en haut qui sont naturellement prises avec distance, voire méfiance, du fait même de la désorganisation qui règne.

Ainsi, les restaurateurs en colère invoquent le flux de touristes de ce été dans la seconde vague de coronavirus, mais n’en ont-ils pas été les premiers bénéficiaires ? Où étaient-ils lorsqu’il eu fallu critiquer ce état d’esprit frivole et libéral cet été ? Le président du « Groupement national des indépendants l’hôtellerie, restauration et traiteurs » n’a t-il pas osé dire de manière scandaleuse que « la profession ne veut pas être sacrifiée sur l’autel du principe de précaution » ? Quelle mentalité anti-populaire, anti-collectiviste !

On a là toute l’irrationalité de la petite-bourgeoisie prise de panique. Mais le problème c’est qu’une partie de cet état d’esprit est répandu en France. Quiconque connaît l’histoire politique de ce pays, sait combien la mentalité du petit propriétaire est forte, formant le terreau à une contestation libérale-libertaire anti-État.

Les français sont d’une paresse politique sidérante et agissent sur fond de « L’Etat doit ceci, l’État doit cela », « l’État ne fait pas, je ne fais pas »… Alors oui, la gestion de la situation par l’État nous mène à la catastrophe. Mais toujours est-il que lorsque l’État nous entraîne dans le gouffre, il faut justement savoir se prendre en main, assumer la continuité de la collectivité, à la fois pour soi, pour les plus fragiles, mais aussi par solidarité avec le personnel soignant.

Le tableau de la gestion sanitaire fait froid dans le dos. D’un côté un État en profonde décomposition, ne reposant que sur quelques experts et hauts fonctionnaires coupés des gens, et de l’autre côté un pays qui n’en fait qu’à sa tête, pétri d’une mentalité petite-bourgeoise renforçant un déni collectif. C’est la pagaille générale et on court droit à la catastrophe.

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« Et ça pourrait dire reconfinement »

En parlant « reconfinement », le premier ministre a fait passer un message indirect qui révèle le fond de la situation sanitaire.

Si la situation n’était dramatique, on rirait encore des propos farfelus des institutions. « Aucun cluster n’a été découvert dans les transports en commun » apprend-on du côté de la SNCF et de la RATP. Comme s’ils en savaient quelque chose, comme s’ils avaient les moyens d’en savoir quelque chose. Alors, que, de toutes façons, c’est une évidence en région parisienne où les gens sont les uns sur les autres. On peut ajouter à ce panorama francilien les vendeurs à la sauvette de cigarettes, sans masque, aux sorties de certaines stations, ou bien ces gens venant laver les barres où s’agripper, en passant simplement partout le chiffon, sans jamais utiliser le spray de liquide désinfectant.

La RATP a également comme argument que à quatre par mètre carré, ce n’est pas grave, car le métro n’a pas retrouvé sa fréquentation normale. Surréaliste. Comme en général il y a moins de fréquentation, ce n’est pas grave qu’on soit à quatre par mètre carré aux heures de pointe ou dans les lignes traditionnellement bondées quoi qu’il arrive. C’est en fait sans doute par miracle ou magie qu’on est passé à plus de 16 000 cas de personnes contaminées par jour en France, car ce qui est vrai à Paris l’est aussi dans de nombreux endroits, les Français étant des Français.

Et dans le monde, on est à pratiquement un million de morts déjà, car les humains sont des humains : ils vivent dans l’anarchie capitaliste, des zones urbaines inhumaines, avec au choix pas de moyens ou bien pas de volonté. Quand on dit pratiquement un million de morts, notons qu’on doit être bien au-dessus, car initialement beaucoup de morts n’ont pas été compté, les institutions préférant faire tomber le nombre en associant les décès à d’autres maladies également présentes. Un jour, on aura les statistiques à l’échelle nationale et on pourra comparer la mortalité habituelle à celle de la période du covid. Un jour.

En attendant, sur France 2 le 24 septembre, le premier ministre Jean Castex a prévenu :

« Il faut que l’opinion soit très attentive, très prudente. Si nous n’agissons pas on pourrait se retrouver dans un situation proche que celle connue au printemps et ça pourrait dire reconfinement ».

C’est là un profond signe de faiblesse. L’État montre, tout simplement, qu’il n’est pas au point. Il est dépassé par les événements et ce pour une raison très simple. Un État authentique s’appuie sur une profonde dynamique au sein de la société. C’est cela qui fait que lors de la Révolution française, il y a eu la bataille de Valmy, où les Français mobilisés sur le tas ont battu les Prussiens. Un État authentique a une légitimité dans la population, des ramifications, il trouve des soutiens qui se produisent de manière autonome.

Cet enracinement de l’État peut avoir une substance très différente. Ainsi, en France, on n’a jamais compris que l’Allemagne nazie n’a jamais été un « totalitarisme », mais que les gens eux-mêmes, à la base, ont soutenu le régime, d’eux-mêmes. Mai 1945, pour les Allemands, c’est une défaite. Les Allemands voulaient le nazisme.

Bien entendu, une fausse légitimité ne tient pas ; une dictature anti-populaire ne dure qu’un temps, les gens s’apercevant du caractère démagogique du régime. Mais ce temps peut être relativement long : l’Italie fasciste a une base populaire immense avant le grand retournement de situation en 1943.

De la même manière, la France a mobilisé de manière générale en 1914 sans aucun problème, n’ayant aucun opposant en face. Ce n’est qu’à partir de 1917, sous l’effet de la révolution russe (de février) que les oppositions se forment réellement et que les poilus, surtout des paysans, commencent à prendre conscience de la situation.

Aujourd’hui, par contre, l’État est totalement déconnecté de la société. Il l’est au sens strict depuis la seconde partie du 19e siècle, depuis que la bourgeoisie est installée dans tous les rouages institutionnels. Mais là, l’État est même étranger à lui-même ! Même ses propres structures lui sont étrangères ! De plus en plus, les policiers sont par exemple eux-même de la chair à canon social, se prolétarisant et perdant leur nature traditionnelle première de mercenaires bornés cherchant à casser pour casser afin de maintenir l’ordre établi.

Un tel État ne peut pas gérer une situation sanitaire de crise. Il n’a ni relais, ni soutien ; il n’a pas de capacité d’intervention sociale, car partout il se fait remettre en cause. Cela ne veut nullement dire, comme le pense l’ultra-gauche, qu’on est dans une situation quasi révolutionnaire ; on va bien plutôt vers un régime ultra-autoritaire autour d’un général venant « remettre de l’ordre ». Cela veut dire, en fait, que la crise est partout, que plus rien ne tient, ni l’écologie planétaire, ni la situation sanitaire, ni les société et pas même leurs États.

C’est un défi immense et pour l’instant les gens sont à des années-lumière de saisir ces enjeux.

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Une fin septembre marquée par une épidémie en expansion

La France n’a pas su gérer l’organisation des tests de détection du covid-19, les résultats arrivant trop tard, alors que l’État ne sait plus comment encadrer.

Les fonctionnaires des institutions sont à l’image de celles-ci : ils sont dépassés. Voici le message de Santé publique, l’agence nationale de santé publique, au 22 septembre 2020, avec une partie mise en gras pour bien comprendre ce caractère perdu, dépassé, déboussolé.

« Au 22 septembre 2020, 90 départements sont en situation de vulnérabilité :

– modérée : Aisne, Allier, Ardèche, Ardennes, Ariège, Alpes de Haute Provence, Aube, Aude, Calvados, Cantal, Charente, Corrèze, Deux-Sèvres, Dordogne, Drôme, Eure, Eure-et-Loir, Haut-Rhin, Hautes Alpes, Hautes Pyrénées Haute-Savoie, Haute Vienne, Loir et Cher, Lot, Lot et Garonne, Lozère, Mayenne, Mayotte, Meuse, Moselle, Morbihan, Nièvre, Oise, Réunion, Savoie, Seine Maritime, Somme, Territoire de Belfort, Vosges, Yonne

– élevée : Martinique, Guadeloupe (dont Saint Martin et Saint Barthélémy), Ain, Alpes-Maritimes, Aveyron, Bas-Rhin, Bouches-du-Rhône, Côte d’Or, Corse du Sud, Doubs, Essonne, Gard, Gers, Gironde, Guyane, Haute Corse, Haute-Garonne, Haute Loire,  Haute-Marne, Hauts-de Seine, Hérault, Indre et Loire, Loiret, Ille-et-Vilaine, Isère, Landes, Loire, Loire-Atlantique, Maine-et-Loire, Marne, Meurthe et Moselle, Nord, Paris, Pas de Calais, Puy de Dôme, Pyrénées Atlantiques, Pyrénées Orientales, Rhône, Sarthe, Seine et Marne, Seine-Saint-Denis, Saône et Loire, Tarn, Tarn-et-Garonne, Val-de-Marne, Val d’Oise, Var, Vaucluse, Vienne, Yvelines

Afin de freiner la progression du virus SARS-COV-2, il est important de maintenir la stratégie « Tester-Tracer-Isoler » : chaque personne présentant des symptômes évocateurs de COVID-19 doit réaliser dans les plus brefs délais un test de diagnostic.

Dans l’attente des résultats, les personnes doivent s’isoler et réduire leurs contacts au strict minimum.

Cependant, l’allongement des délais de diagnostic pourrait se traduire par des mesures de contact tracing moins performantes du fait du retard à l’identification des cas et de leurs contacts et à la mise en place des mesures d’isolement et de quarantaine.

En l’absence de traitement curatif et de vaccin, il parait indispensable de renforcer les actions de prévention comprenant les mesures d’hygiène, de distance physique, la réduction des contacts (sans embrassade, sans serrer les mains) ainsi que le port approprié du masque. Ces mesures doivent être respectées par tous, y compris les plus jeunes.

Effectivement, si le risque de complication est faible chez l’enfant et le jeune adulte, ils contribuent à la diffusion du virus vers les tranches d’âge et les populations à risque de formes graves ainsi que le montre l’évolution de la situation épidémiologique de ces dernières semaines. »

Ce qui est fou, c’est que les fonctionnaires disent les choses telles qu’elles sont, avec un langage technocratique. Car leur propos, c’est de dire : en l’absence de tests (ou plus exactement de résultats de tests), il faut la distanciation sociale et l’hygiène. Ce qui nous ramène, grosso modo, à la situation juste avant le confinement.

Avant, on avait pas de tests. Maintenant, on en a, mais les résultats arrivent trop tard, avec le scandale en région parisienne de résultats parvenant une semaine après pour des gens ayant fait la queue pendant des heures ensemble qui plus est.

L’État est dépassé. Il y a officiellement plus de 30 000 morts (donc il faut ajouter un petit pourcentage « mis de côté »), mais l’État ne sait pas comment faire, malgré la nomination d’un premier ministre focalisé sur la question. C’est qu’il est porté par des couches sociales déconnectées du réel, dépassées, tout comme pour l’État américain, alors qu’il y a déjà 200 000 morts aux États-Unis.

Seule une mobilisation populaire peut réellement amener des décisions de fond qui soient tenables, applicables… et appliquées. Or, l’État ne le veut surtout pas, il veut des masses infantiles. Et il ne veut pas de décisions fortes, car il est pétri de libéralisme. Ce qui fait que non seulement la situation sanitaire est mauvaise, mais qu’en plus on a la démagogie de ceux vantant le régime chinois qui agit de manière terroriste sur la population pour résoudre le problème de la pandémie.

Il faut vraiment que la Gauche assume une analyse approfondie de la question sanitaire, afin de faire des contre-propositions réelles, propose un autre modèle étatique, fondé sur le peuple. C’est une proposition qui manque terriblement dans cette époque cruelle.

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Y a-t-il un alibi «état d’urgence sanitaire»?

Une lecture unilatérale des choses aboutit forcément à une vision tronquée des faits. C’est d’autant plus vrai dans une question sanitaire où pourtant les faits sont les faits.

C’est une position du PC révolutionnaire de France (Le capitalisme et ses crises…), mais qui reflète tout à fait un point de vue largement partagé à l’ultra-gauche (dont le PCRF ne relève à l’origine pas du tout, étant issu d’un courant du PCF dans les années 1990). L’État, au moyen des appels à la distanciation sociale et à porter des masques, exercerait une terreur sur la population par peur qu’elle se révolte.

Voici comment cet avis se présente :

« Mais malgré le silence des médias officiels sur l’importance des luttes, partout dans le pays, et la désinformation entretenue à coups de sondages bidons, nos gouvernants ont tous les indices d’une colère montante, que n’a éteinte ni la répression contre les Gilets jaunes ni le confinement, et dont la forte abstention aux dernières élections municipales est un signe majeur.

D’où l’utilisation de l’alibi « état d’urgence sanitaire  » (prolongé jusque fin octobre) pour restreindre encore plus les libertés démocratiques, en particulier le droit de manifester (interdiction de rassemblements de plus de 5000 personnes) et de se réunir.

L’obligation généralisée de porter le masque partout et à toute heure, retoquée par certains tribunaux (à Lyon et à Strasbourg) pour son manque de discernement, révèle aussi le caractère autoritaire et infantilisant des décisions gouvernementales. »

Ce qu’on lit ici ne tient pas une seconde. Si les gens veulent protester ou se révolter, ils peuvent le faire de mille manières. Avec un certain niveau de conscience et d’éducation, on trouve toujours un chemin, c’est d’autant plus vrai à une époque où internet facilite les échanges. Des ouvriers qui veulent discuter entre eux peuvent le faire aisément au moyen de divers applications sur leur smartphone ; ils peuvent facilement communiquer avec les réseaux sociaux ou même les mails, etc.

De plus, quiconque regarde les chiffres de l’expansion du Covid ne peut qu’être inquiet et considérer que l’État n’en fait pas assez, plutôt que trop. Il n’y a pas assez de tests, tout simplement, il faudrait de vastes campagnes de ciblage, mais pour cela il faut un degré d’organisation et de réponse sociale.

On peut donc dire que, non il n’y a aucun alibi « état d’urgence sanitaire » employé par le gouvernement, même si cela le tente forcément un peu. Il n’y a pas un raz-de-marée en faveur de la Gauche et dans le sens d’un renversement du régime, c’est le moins qu’on puisse dire. On peut même dire que, pour le moment, il ne se passe rien du tout.

Alors évidemment on peut s’inventer des raisons et dire que si ceci, si cela, tout serait différent. Que s’il n’y avait pas le Covid, la CGT aurait conquis tout le monde à ses points de vue et cassé les réformes gouvernementales, que s’il n’y avait pas le Covid, Macron serait déjà en prison et Lénine à l’Élysée, etc.

Seulement, ce n’est pas de la politique, mais l’utilisation d’excuses et de mythes mobilisateurs. Il faut, à un moment, dire stop et faire le vrai boulot de fond, en cessant toute fiction.

Dire : il n’y a pas de manifestations, car celles de plus de 5000 personnes sont interdites, c’est mensonger. Car cela fait bien longtemps que la Gauche n’est pas capable de mobiliser du monde politiquement (et pas « syndicalement ») et parce que des milliers de personnes trouvent toujours une voie pour avancer.

On n’avance pas, voilà la vérité, on n’avance pas… encore. Ce qui ramène au nécessaire travail de fond, qu’on ne saurait contourner au moyen d’appels en décalage avec la réalité pour justifier un discours « de lutte ».

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Politique

Le reconfinement israélien, symbole d’une faillite

Les pays cherchent tous à éviter, à tout prix, un nouveau confinement en leur sein. Israël, censé être un pays organisé, a en fait sombré et est le premier à céder sous la pression.

Lorsque le covid-19 est entré sur la scène de l’histoire, l’État israélien a beaucoup été valorisé pour ses capacités d’organisation, de prévention, etc. etc. En réalité, c’était simplement qu’il est très militarisé. Pour preuve, Israël est le premier pays à remettre en place un confinement, et ce pour trois semaines. Symbole de cette faillite, le confinement commencera le vendredi 18 septembre, veille du nouvel an juif (Rosh Hashana), une période importante de fêtes (Yom Kippour est notamment concerné).

C’est un coup au cœur de l’État israélien, qui a fait en sorte, ces quarante dernières années, de modifier l’idéologie sioniste en la transformant en idéologie sioniste religieuse, religion et sionisme étant désormais les deux facettes de la même pièce. Ce qui a d’ailleurs provoqué le reconfinement est le fait que les 10 % de la population vivant dans l’obscurantisme religieux n’en ont eu rien à faire des exigences sanitaires.

Vivant dans leur bulle, avec l’appui de l’État, les ultra-religieux ont littéralement précipité le désastre. D’ailleurs, la folie religieuse autour de la fin du monde, du retour imminent du Messie, etc. etc. se développe à grands pas… dans un contraste marquant avec la ville de Tel-Aviv, îlot de décadence libérale-libertaire. Israël est littéralement le capitalisme mondialisé en modèle réduit, avec les décadents d’un côté, la fuite romantique dans un passé idéalisé de l’autre, dans un climat de compétition et de concurrence sociale acharnée.

Il ne faut pas non plus, bien entendu, surestimer l’économie israélienne. Israël est un pays du tiers-monde, dont le « miracle » dans la construction ne doit qu’au capital investi depuis les pays riches (en 1956 pratiquement 90 % des revenus de l’État viennent des réparations allemandes). Les entreprises américaines sont omniprésentes, quelques grandes entreprises et grandes fortunes ont l’économie du pays en leurs main, alors que le pays profite de la main d’œuvre palestinienne bon marché, tout en étant intégré au dispositif militaire américain de contrôle du proche et moyen-orient, avec par conséquent un complexe militaro-industriel très développé.

Si l’on ajoute à cela un pays terriblement divisé en son sein, entre Arabes et Juifs, mais également entre Juifs ashkénazes et séfarades, religieux comme-ci et religieux comme-ça, religieux et non religieux ou moins religieux, sans parler d’une forte communauté de Russes restant russe coûte que coûte, tout comme d’ailleurs bien souvent les Français, etc. etc., alors on a une société schizophrène, divisée, désorganisée. Il y a même eu des Juifs russe formant… un groupe néo-nazi, faisant en Israël même la promotion de l’antisémitisme et cherchant à mener des attentats !

En vérité, il se passe en Israël ce qui se passe aux États-Unis : la société civile a implosé avec la crise. L’unité sociale, le maintien d’une norme dominante, des valeurs communes… tout cela ne peut pas être maintenu par une économie à bout de souffle, un État anti-populaire, une idéologie dominante en total décalage avec la réalité.

La crise balaie les pays un par un et on peut être certain que tout comme la Turquie, Israël cherchera à s’en sortir de manière agressive militairement, afin de parvenir à tenir les rangs au sein du pays. Il est en tout cas absolument évident que le reconfinement est la faillite d’un État se voulant « à la pointe » d’à peu près tout et n’importe quoi sur le plan de l’organisation. Toute la vanité du régime apparaît au grand jour.

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Société

Dans quelle mesure le confinement a-t-il changé les mentalités?

C’est une question d’une importance extrême pour saisir notre pays et son évolution. Dans quelle mesure le confinement a-t-il déboussolé, cassé le rythme du capitalisme, produit l’envie d’une autre vie ?

Emmanuel Macron a affirmé son mouvement politique comme étant celui des gagnants contre celui des perdants. Toute sa vision du monde est résumée dans ce propos donné à des entrepreneurs réunis dans la Halle Freyssinet à Paris en 2017 :

« Une gare, c’est un lieu où on croise les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien. Parce que c’est un lieu où on passe. Parce que c’est un lieu qu’on partage. »

Mais qui sont les gagnants et les perdants du confinement ? Le peuple a très bien vu que la partie privilégiée de la société a profité de ses maisons de campagne et du télétravail, alors que les travailleurs manuels, prisonniers de l’appareil productif, ont eux été clairement enserrés encore plus dans le capitalisme dans une situation sanitaire critique.

Pourtant, quelle que soit la situation, les gens se sont tous aperçus que, finalement, les règles du jeu social pouvaient réellement changer du jour au lendemain. Le confinement a été une mesure qui a révolutionné la vie quotidienne, tout comme le masque obligatoire, la distanciation sociale, etc. Ce n’est pas révolutionnaire au sens d’un progrès historique, aussi serait-il plus juste de parler de bouleversement.

Cela n’enlève toutefois rien au fait que tout le monde a compris que les choses pouvaient changer. Et beaucoup de monde ayant profité du confinement, d’une manière ou d’une autre, pour faire autre chose, pour vivre autrement, a changé son point de vue.

Certains seront irrattrapables pour le capitalisme, d’autres chercheront à vivre encore plus comme des capitalistes, au sens où certains voudront quitter le système de la course au profit à tout prix, cesser le rythme effréné du capitalisme avec sa compétition, sa concurrence… Alors que d’autres voudront beaucoup de richesses pour être en mesure de s’isoler.

Pour d’autres encore, et ils sont évidemment nombreux, vouloir ceci ou cela ne change rien puisque tout est bloqué. Un loyer ou un crédit, une situation non modifiable en raison de telle ou telle responsabilité familiale ou sociale, et on peut rêver ce qu’on veut, on ne l’aura pas. Cela frustre d’autant plus, cela provoque du ressentiment, cela peut également amener à une conscience sociale que le capitalisme impose une division sociale inacceptable.

Reste que tout cela est flou encore. Dans quelle mesure le confinement a-t-il changé les mentalités ? On ne peut pas le dire, encore. Cependant, c’est bien le cas et c’est d’autant plus vrai que tout le monde fait semblant que tout a repris comme avant. L’aspiration est niée, réprimée, intériorisée, tant parce que les gens n’osent pas que parce que le capitalisme ôte toute perspective concrète en ce sens.

Il y a alors deux possibilités. Soit il y a un exil intérieur, avec une sécession culturelle, sous la forme d’une contre-culture, d’une affirmation d’un mode de vie alternatif. Soit cela s’extériorise sous la formes d’incendies sociaux sur la base d’une révolte contre les cadences, la pression au travail, les exigences patronales, etc.

Il y a deux contre-arguments qu’on trouvera ici : culturellement, les Français sont des fainéants sur le plan des alternatives. Ils veulent tous le changement, mais aucun ne veut changer. Le véganisme a mis trente ans à arriver en France, l’idéologie des beaufs est omniprésente, il n’y a jamais eu de mouvement hippie de masse, ni une Gauche alternative à gauche du PCF (et non à sa droite comme le PSU). Socialement, les incendies sociaux ont disparu depuis belle lurette, remplacée par le substitutisme cégétiste.

Seulement voilà, le confinement a changé les mentalités. Donc, plus rien n’est pareil. Mais dans quelle mesure plus rien n’est-il pareil ?

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Société

Covid-19: la gestion de la crise est une catastrophe sur toute la ligne, et ce n’est pas fini

Depuis le début de la crise du covid-19, les choses ont été très mal gérées par des autorités pétries de libéralisme et dépassés culturellement, à l’image d’une société capitaliste focalisée sur elle-même. Alors que le coronavirus circule à nouveau de manière intense, de nouvelles tensions hospitalières reflètent que le problème reste entier.

Au mois de juin, le président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy trouvait qu’il en était « trop » fait à propos du covid-19 et qu’il fallait « laisser les gens vivre ». Il réclamait même des vacances avec la satisfaction du travail bien fait :

« Nous souhaiterions arrêter nos travaux à partir de début juillet. Nous nous sommes mis au service de la nation, en donnant les grandes directions basées sur la science pour éclairer les décisions politiques difficiles. Mais, à présent, les services de l’État sont en ordre de marche. »

Ces propos étaient ridicules, en plus d’être irresponsables…. Un peu plus de deux mois plus tard, le Conseil scientifique est déjà obligé de constater que la situation est à nouveau très mauvaise et que la gestion de la crise est un échec continue.

Le gouvernement est ouvertement fustigé, en raison notamment de la stratégie d’isolement des cas contacts, c’est-à-dire des personnes ayant côtoyée une personne porteuse. Le constat est très sévère, pointant du doigt :

« Une stratégie d’isolement sans cahier des charges ni budget à l’échelle nationale, des recommandations assez peu relayées auprès du public, le manque de données précises sur les conditions et le suivi de l’isolement ».

Si l’on ajoute à cela les mœurs libérales du pays, ou plutôt le je-m’en-foutisme ambiant, cela donne une cacophonie générale où rien n’est respecté. Il n’y a pourtant rien de compliqué : n’importe qui ayant été en contact du virus doit être placée à l’isolement, afin d’attendre le temps d’une période d’incubation.

C’est la même chose en cas de symptôme : il ne faut pas attendre d’être testé positif pour s’isoler, car c’est en fait trop tard et on a pris le risque de faire circuler le coronavirus. Là encore, rien de compliqué à mettre en place, surtout à notre époque avec les moyens de communication et technologiques à notre disposition.

Au lieu de cela, chacun fait ce qu’il veut et personne ne contrôle rien, comme est obligé de le constater le Conseil scientifique. L’État n’est même pas en mesure d’avoir des données sur les personnes ayant eu accès à des lieux d’isolement (en général des hôtels réquisitionnés), tellement pas grand-chose n’est fait, tellement la gestion même la plus basique des choses n’est pas là.

Le problème n’est pas qu’individuel d’ailleurs, mais concerne l’ensemble de la société, qui est atomisée, complètement désorganisée, incapable de saisir les choses à grande échelle. La France est larguée.

Tout cela est donc très grave et la gestion de la crise sanitaire est une catastrophe sur toute la ligne. Le virus circule beaucoup, avec officiellement 8577 nouveaux cas en France le 9 septembre, un chiffre en constante augmentation depuis la rentrée. Cela donne 5003 personnes hospitalisées (386 supplémentaires depuis la veille), dont 599 en réanimation (71 supplémentaires depuis la veille).

Localement, cela donne des situations alarmantes. À Bordeaux par exemple, où comme dans la plupart des grandes villes des personnes se rassemblent par centaines sans aucun respect pour les gestes barrières, il y a une très importante circulation du virus, particulièrement chez les 15-30 ans.

Le Pr Denis Malvy, chef du service maladies infectieuses et tropicales du CHU de Bordeaux et membre du Conseil scientifique, s’est ainsi indigné à juste titre :

« Ce n’est carrément pas possible, on ne peut pas laisser ce réservoir se constituer, […] cette bulle de circulation ».

Le nombre de personnes hospitalisées pour le Covid-19 à Bordeaux a doublé depuis la semaine dernière et la situation est jugée préoccupante, avec une réactivation de la cellule de crise locale.

Sur le plan national, la Direction générale de la santé parlait d’une « nette dégradation de la situation» mardi 8 septembre, et plus de la moitié du pays est considérée comme zone à risque par d’autre pays.

Le président du Conseil scientifique estime donc que « la reprise de la circulation du virus est plus importante que ce qu’on aurait pu imaginer en ce début septembre » et évoque de probables « décisions difficiles» à prendre par le gouvernement d’ici les prochains jours.

Celui qui prétendait en juin que « les services de l’État sont en ordre de marche », doit donc maintenant prévenir d’un risque d’«augmentation très rapide, exponentielle » de la circulation du coronavirus, et donc des tensions importantes à venir sur les services hospitaliers… Et il devra inventer de nouvelles justifications à ces retournements perpétuels de position, qui doivent tout au fait que l’État force à la reprise capitaliste, sans y parvenir réellement, tout en enfonçant les choses en distribuant des centaines de millions sans vérification ni contrepartie, etc.

Le pays s’enfonce dans la crise, c’est aussi simple que cela.

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Politique

CNT-SO: «Covid-19: le cas des personnes vulnérables et de leurs proches»

Pour tout un nombre de travailleurs vulnérables sur le plan de la santé, une présence sur le lieu de travail était très délicate en raison du covid-19. Après avoir privilégié la santé générale de la population, l’État en est revenu à une lecture privilégiant l’efficacité capitaliste avant tout ; voici une présentation synthétique de la nouvelle situation légale pour les salariés quant à cette question, fournie par le syndicat CNT – Solidarité Ouvrière.

« Covid-19 : le cas des personnes vulnérables et de leurs proches

A contre courant de la reprise épidémique actuelle, deux nouveaux textes réduisent considérablement la prise en charge des personnes vulnérables et de leur entourage ! On fait le point 👇

Les salarié.e.s du privé présentant un risque face au COVID-19 avaient bénéficié d’un arrêt de travail dérogatoire jusqu’au 30/04, puis avaient basculé à compter du 01er mai dans le dispositif de chômage partiel. Ce dispositif était étendu à leurs proches partageant le même domicile. Dans le public les agent.e.s concerné.e.s étaient placé.e.s en télétravail ou bénéficiaient d’ASA.

Attention, depuis le 01er septembre, deux nouveaux textes réduisent considérablement la prise en charge des personnes vulnérables et de leur entourage !
- Dans le privé avec le décret n° 2020-1098 du 29 août 2020
- Dans le public avec la circulaire du 01er septembre relative à la prise en compte dans la Fonction Publique de l’État de l’évolution de l’épidémie de covid-19.

…………………..

A compter du 31 août 2020, le dispositif exceptionnel d’activité partielle pour les salarié.e.s partageant le même domicile qu’une personne vulnérable n’existe plus.

La liste permettant d’identifier les salarié.e.s vulnérables présentant un risque de développer une forme grave d’infection au virus SARS-CoV-2 et pouvant être placés en activité partielle (secteur privé) est largement diminuée.

Pour rappel, un décret du 5 mai 2020 fixait plusieurs critères de vulnérabilité permettant au salarié d’être placé en activité partiel.

A compter du 31 août 2020, il ne reste que 4 critères au lieu de 11 :

1° Être atteint de cancer évolutif sous traitement (hors hormonothérapie) ;
2° Être atteint d’une immunodépression congénitale ou acquise :
- médicamenteuse : chimiothérapie anticancéreuse, traitement immunosuppresseur, biothérapie et/ou corticothérapie à dose immunosuppressive ;
- infection à VIH non contrôlée ou avec des CD4 < 200/mm3 ;
- consécutive à une greffe d’organe solide ou de cellules souches hématopoïétiques ;
- liée à une hémopathie maligne en cours de traitement ;
3° Être âgé de 65 ans ou plus et avoir un diabète associé à une obésité ou des complications micro ou macrovasculaires ;
4° Être dialysé ou présenter une insuffisance rénale chronique sévère.

Attention ces critères ne sont pas automatiques : il faut qu’un médecin estime qu’ils présentent un risque de développer une forme grave d’infection au virus SARS-CoV-2.
Sans certificat médical, l’employeur ne peut pas placer le salarié en activité partielle.

La réduction des critères est préoccupante :
- les personnes souffrant de diabète ou d’obésité ne sont désormais considérées vulnérables que lorsqu’elles ont plus de 65 ans
- plusieurs pathologies respiratoires, même chroniques, ne sont plus considérées comme critère de vulnérabilité (asthme sévère, mucoviscidose,…)
- Les antécédents cardiovasculaires, ainsi que plusieurs affections graves ne rentrent plus dans les critères de vulnérabilité ;
- l’état de grossesse ne permet plus de bénéficier du statut de personne vulnérable
Le gouvernement réduit les critère de vulnérabilité pour obliger les travailleurs.euses à retourner à leur poste ! Cette mesure purement économique est totalement à contre-courant de la dynamique épidémique actuelle et des mesures sanitaires nécessaires à la protection collective.

…………………..

Dans le Public, la logique est la même.
Les agents publics présentant une des quatre pathologies mentionnées à l’article 2 du décret du 29/08/20 sont soit placés en télétravail lorsqu’il est possible, ou placés en autorisation spéciale d’absence (ASA) sur la base d’un certificat d’isolement délivré par un médecin.
Pour les autres agents présentant l’un des facteurs de vulnérabilité rappelés dans l’avis du Haut Conseil de santé publique du 19 juin 2020 , la circulaire préconise le télétravail lorsqu’il est possible. Lorsqu’il n’est pas possible ou si la reprise en présentielle est imposée par le chef de service, des conditions d’emploi aménagées, sont préconisées.
Comme dans le privé, ce texte est insuffisamment protecteur pour les agent.e.s concerné.e.s !

…………………..

La CNT-SO revendique : le maintien des critères précédents avec un télé-travail de droit ou un congé indemnisé à 100/100 par l’État et les employeurs du privé. Dans le public nous demandons le maintien des ASA ou le placement en télétravail de droit pour les agents concernés. »

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Culture

Le DJ Dave Clarke ou comment la crise sanitaire révèle les contradictions de la scène techno

Dans une lettre ouverte acerbe, le DJ/producteur techno Dave Clarke fait part de sa déception vis-à-vis de la scène techno, pointant particulièrement du doigt la participation à des événements illégaux sans considération pour les mesures sanitaires. Anglais, il joue et produit cette musique depuis la fin des années 1980 ; il connaît ainsi tout à fait l’esprit alternatif d’une partie de la scène et se retrouve maintenant en colère face aux dérives.

Si la musique électro, en général, a facilement pris le chemin de l’industrie musicale, du commercial à outrance, tel n’a pas été le cas d’une partie de la techno qui est restée en dehors de cela. Et ce malgré parfois une base immense de plusieurs millions de personnes et des événements de grande ampleur ainsi que tout un réseau de clubs très connus.

Un exemple typique pour illustrer cette différence : dans une boîte de nuit classique, électro ou variété, l’entrée est contrôlée par des « physio », qui empêcheront de rentrer un groupe d’hommes « non accompagnés » de femmes, ou alors parce qu’ils portent des baskets, etc. Cela n’existe pas dans les clubs technos où l’on peut venir aussi bien en jean et casquette qu’avec un survêtement et un sac banane, en jupe de sport avec une visière fluo sur la tête ou en Converses avec un kway sur les épaules, etc.

La drogue, très présente dans la scène techno, est également considérée, selon ce point de vue, comme relevant de la « liberté » (sans comprendre qu’il s’agit en fait d’un piège tendue par le capitalisme).

Toujours est-il qu’on a ainsi une scène avec une culture « underground », dans des clubs souvent volontairement rudimentaires dans l’architecture intérieur ou la déco, mais qui tend en même temps inévitablement vers la pop, dans le sens le sens positif d’une musique populaire.

Cela fait que ce sont multipliés depuis les années 1990 (voir la fin des années 1980 en Angleterre) des grands événements techno, parfois immenses avec plusieurs milliers de personnes… Le corollaire est bien sûr une starification de certains DJ/producteur, ainsi que beaucoup d’argent allant avec… beaucoup, beaucoup d’argent.

Cela prête forcément le flan à tout un tas de récupérations de la part d’organisateurs cupides, ainsi qu’à des opportunismes de la part des DJ/producteurs de techno. La pire illustration de cela étant sans doute l’île d’Ibiza qui d’ancien « paradis » hippie est devenue un lieu de débauche bourgeoise et de fortune pour les DJ stars.

Tout cela n’a rien de nouveau évidemment, mais avec la crise du Covid-19, cette dérive de la techno a littéralement sauté aux yeux de beaucoup, mettant au grand jour la décadence d’une immense partie de la scène, y compris celle censée relever de sa frange alternative.

Ce qui s’est passé est très simple : les tenants d’une scène techno alternative, des DJ historiques, mais aussi des DJ ou des organisateurs de soirée bien plus jeunes, nés dans les années 1990, ont été terrassés par la crise sanitaire, en raison de l’impossibilité d’organiser leurs soirées et éventements.

À côté de cela se sont développées tout un tas de soirées illégales depuis le printemps et tout cet été, sur le mode semi-privé pour contourner les interdictions, voir parfois en assumant totalement l’illégalité. Et beaucoup de DJ se sont engouffrés dans la brèche, montrant par là leur grande décadence et leur irresponsabilité.

C’est ce que dénonce avec beaucoup de vigueur et une grande justesse le DJ/producteur Dave Clarke dans une lettre publique publiée le 17 août 2020  :

« Très déçu par « La Scène »…. Pour être clair, je ne parle pas d’un DJ qui aurait de véritables soucis financiers et qui doit travailler, cette décision lui appartient, mais il y a quelques DJ de haut vol qui n’ont PAS besoin d’argent mais qui développent un syndrome FOMO [une anxiété sociale exprimant la peur de louper quelque-chose, NDLR] (poussé par leurs managers sans aucun doute) et mixent dans des environnements qui sont loin d’être légaux.

La «Scène» donne vraiment un excellent argument pour retirer le mot « Culture » de tous ces clubs et événements légitimes qui ont fermé leurs portes et qui font face à des difficultés en mettant en avant leur propre éthique avide des affaires avant tout le reste.

Ces DJ internationaux qui participent à ces fêtes ont littéralement craché sur ces industries légitimes, ils ont craché sur les gens à l’arrière-plan qui ont fait d’eux comme des héros, et pourquoi ?

Un statut sponsorisé publié avec succès sur les réseaux sociaux, parlant de la façon dont les live set leur manque, putains d’idiots, ce n’est pas fini et ils ont probablement aggravé la situation [sanitaire] en toute connaissance de cause, mais : « hey quel bon live set c’était »

Je les respecterais davantage s’ils étaient en fait des complotistes (je crois que dans l’état actuel des choses, ce virus est réel et que la 5G ne cuit pas les moineaux) et prenaient une position stupide, mais il ne s’agit que de leur ego et de leurs honoraires.

J’ai observé (comme beaucoup dans notre industrie) ce qui se passait, tant de « coïncidences »… En Belgique il y avait une fête près d’Anvers qui a envoyé un email disant : « Het goede is dat we geen rekening moeten houden met social distancing en mondmaskers zijn niet verplicht. » (les mesures de distanciation sociale de base et les masques ne sont pas obligatoires), puis quelques semaines plus tard, Anvers a décrété un couvre-feu.

À Paris, il y a eu aussi des fêtes étranges, maintenant Paris a également vu une augmentation du virus et oui bien sûr l’Italie connaît maintenant une grande augmentation du virus.

Cela nous manque à tous de jouer, mais jouer dans ces événements en tant que DJ internationaux de renom a donné des arguments à ceux qui cherchent pour une raison quelconque à ne pas rendre les choses faciles pour notre industrie.


Faire ces événements sans les faire correctement (j’ai vu un événement ici à Amsterdam, c’était étrange mais bien fait, d’autres clubs comme Fuse et Kompass ont fait de leur mieux en ces temps étranges et apportent de la joie dans des circonstances pas idéales) est égoïste.
Et s’il vous plaît ne vous considérez pas comme des rebelles légitimes, pour citer Mike Ziemer :


«Les raves 
underground des années 90 étaient une réponse pour mettre en avant la techno et la house music parce que les salles ne voulaient pas les jouer, ce n’était pas une façon détournée de lancer des événements pendant une crise sanitaire mondiale. Arrêtez de faire référence au passé pour justifier la destruction de notre avenir »… Vous le faites juste pour l’ego et le profit.

Bien sûr, il y a des incohérences dans tout cela [les restrictions sanitaires] et cela ne semble pas juste, mais en faisant ces concerts, vous donnez des munitions aux autorités pour retarder davantage le retour des événements. Et maintenant, malgré un sentiment pragmatique que, peut-être, de petits événements pourraient avoir lieu cette année, je doute sérieusement que le mondre festival majeur ait lieu en Europe, l’année prochaine non plus. »

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Société

Free party dans le Parc national des Cévennes: une agression anti-sociale et anti-nature

Samedi 8 août, ce sont plusieurs milliers de personnes qui se sont rassemblées pour une grande free party en plein cœur du Parc national des Cévennes en Lozère, sans aucun respect pour les mesures sanitaires face à l’épidémie de Covid-19. On a là un esprit beauf et ouvertement anti-social, assumant non-plus de vivre dans une bulle à l’écart de la société, mais directement contre la société et sans respect pour la nature.

Qu’on ne parle pas de « jeunes » tellement attirés par un besoin de faire la fête qu’ils s’affranchissent des règles par excès d’engagement. Il s’agit à Hures-la-Parade en Lozère d’une free party mise en place par des personnes extrêmement organisées et bénéficiant d’un large réseau construit pendant de nombreuses années. Jusqu’à 10 000 personnes ont été recensées sur place et les véhicules stationnés sont pour beaucoup des camions aménagés, mais aussi des camping-cars familiaux, avec parfois même des vélos accrochés… y compris des vélos d’enfant. C’est dire si les gens savent très bien ce qu’ils font et ont réfléchi à leur venue.

Tout a été très vite et était parfaitement rodé ce samedi 8 août pour forcer le passage d’un champ de pâturage avec des animaux dedans et installer six « murs de son ». Le rendez-vous a été diffusé de manière parfaitement clandestine à des habitués sachant très bien garder le silence, pour débarquer à plusieurs milliers au même endroit.

D’après les autorités locales, 4500 personnes étaient encore présentes sur place lundi 10 août dans l’après-midi et la presse évoque des témoignages de participants s’imaginant rester là encore plusieurs jours.

Peu importe pour eux l’épidémie de covid-19 donc – personne ne porte de masque et la promiscuité favorisée par l’alcool et la drogue est de rigueur – mais aussi peu importe la nature. Si la « free » est installée sur un champ de brebis, le lieu se situe néanmoins dans un parc naturel. Il est un peu spécial, car habité par près de 500 habitants, la chasse bien qu’encadrée y est autorisée par exemple, mais il y a en tous cas tout un tas de mesures particulières dans la région.

Le Parc, qui fête ses 50 ans cet été, est également reconnu comme une réserve de biosphère par l’Unesco. La dégradation de sites classés Natura 2000 par le passage des « teufeurs » a déjà été dénoncé, sans compter les nuisances sonores pour les animaux, particulièrement les oiseaux, d’ailleurs protégés pour beaucoup (137 espèces jouissant d’une protection particulière vivent dans le parc).

L’agression de ce lieu naturel est d’autant plus inacceptable en ce moment, en pleine période de sécheresse, alors que la faune et la flore sont soumises à une grande pression, sans parler du risque accru d’incendie.

> Lire également : L’échec des free, entre Docteur Jeckyll et Mister Hyde

Les « teufeurs », qui d’ailleurs multiplient les petites free parties partout en France cet été, peuvent bien raconter ce qu’ils veulent : de fait, ils ne sont pas des gens alternatifs, à la pointe d’espace de liberté ou d’une quelconque « autonomie » vis-à-vis de l’État. Ce sont des beaufs, assumant de n’en avoir rien à faire des autres et menant ouvertement une guerre à la société et à la nature. Ce sont des beaufs et rien d’autre, ne respectant rien ni personne et s’imaginant le droit de faire ce qu’ils veulent, où ils veulent, quand ils veulent, dans un esprit réactionnaire tout à fait similaire à celui des chasseurs par exemple.

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Politique

Le point sur l’épidémie de Covid-19 en France au 6 août 2020

Depuis plusieurs semaines déjà, il y a des signes montrant une circulation accrue du coronavirus responsable de l’épidémie de covid-19. C’est un rebond potentiel que la société ne sait pas aborder.

L’illusion comme quoi le covid-19 allait disparaître comme il est venu ne tient plus. L’humanité a joué avec le feu et provoqué des dérèglements à l’échelle planétaire, cela ne disparaîtra pas comme par enchantement. De fait, la maladie est encore très mal connue, tant en termes de conséquences (les cas sont très divers, tant dans la forme que la gravité), que dans sa façon de circuler.

La tension réapparaît ainsi en France, avec 14 départements considérés en situation de vulnérabilité :

– modérée pour Bouches-du-Rhône, Gironde, Haute-Garonne, Haute-Savoie, Ille-et-Vilaine, Nord, Val d’Oise, Paris, Seine-Saint-Denis, Hauts-de Seine et Val-de-Marne ;

– élevée pour Mayenne, Mayotte et Guyane.

Le 6 août 2020, il y a également 175 « clusters » en cours d’investigation (soit 14 de plus que la veille).

7 personnes sont officiellement décédées du covid-19 en France, avec surtout une hausse du nombre de patients en réanimation. 5060 personnes sont actuellement hospitalisées pour cette maladie, avec 21 nouvelles personnes admises en réanimation, portant le nombre total en réanimation à 390 personnes contre 384 la veille (+6).

Ce « solde » entrée/sortie de près de 400 personnes correspond à la situation juste avant le confinement, alors que le pic s’est officiellement situé à plus de 7000 personnes pendant quelques jours début avril.

Ce n’est évidemment guère rassurant. Rappelons en effet que les cas en réanimation reflètent une situation antérieure en termes de circulation du virus, puisqu’il faut plusieurs jours pour que les symptômes se développent et plusieurs jours encore pour qu’ils s’aggravent. Grosso modo, les symptômes mettent au maximum dix jours à apparaître, en admettant toutefois qu’on soit en mesure de les reconnaître comme relevant du covid-19.

Il y a donc l’hypothèse d’une vague qui va arriver à court terme ou, en tout cas, au moins l’hypothèse qu’une vague peut se produire de nouveau. Cela ne fait pas du tout les affaires des capitalistes qui, à l’instar du nouveau premier ministre, veulent relancer l’économie à marche forcée.

Ils tablent sur une meilleure organisation. En effet, la situation est différente aujourd’hui par rapport à lorsque le covid-19 est apparu, en raison des mesures sanitaires prises entre-temps, de la saison (avec la vie davantage à l’extérieur), ainsi que des capacités supérieures à mener des tests (bien que l’organisation soit faible, mal orientée, etc.).

Ces augmentations actuelles ne signifient donc pas nécessairement dans les prochains jours l’explosion qu’on a connue en mars, si l’encadrement est suffisant. On peut avoir le covid-19 comme bruit de fond, présent à de nombreux endroits mais sans se diffuser massivement, somme toute le contraire d’auparavant où il se diffusait rapidement dans des foyers localisés.

Le problème, c’est que les Français sont pétris de libéralisme et ont basculé pour certains dans un libéralisme toujours plus assumé. Cela se lit en particulier dans la jeunesse.

Ainsi l’Agence santé publique France parle pour le 6 août 2020 d’indicateurs montrant une « progression et une intensification de la transmission de l’infection à SARS-COV-2 », ce qui indique une tendance à venir d’augmentation de ces cas graves dans les jours ou semaines à venir.

Mais il est également insisté depuis plusieurs jours sur la prévalence des cas positifs dans la population jeune et c’est encore le cas dans la communication du 6 août 2020, qui évoque particulièrement les jeunes adultes.

Les jeunes se disent qu’ils ne risquent pas grand-chose et ne pensent pas à protéger les autres, ils vivent dans une bulle, d’ailleurs anxiogène. Ils ne savent pas comment se placer alors que, par définition, les jeunes veulent réaliser des choses.

Ici, la société n’a aucune réponse, paralysée par le capitalisme. Il faudrait un haut niveau d’organisation de la société et là on a l’inverse. Dans un contexte où il y a un décalage entre la diffusion du virus et sa manifestation avec les symptômes, c’est évidemment fatal. Les services de santé courent littéralement derrière une société passive et des citoyens infantilisés par des mœurs libérales-libertaires.

Le covid-19 est un défi collectif ; la réponse ne peut être que collective. Ni le capitalisme, ni l’État, ni les gens ne sont prêts à cela. Les gens n’auront pourtant pas le choix.

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Société

Covid-19: une campagne britannique contre le surpoids

Le gouvernement du Royaume-Uni a présenté ce lundi 27 juillet 2020 une grande campagne contre le surpoids et l’obésité, facteur de risque important dans le cadre du covid-19. C’est un événement majeur pour la société britannique, montrant à quel point la crise sanitaire en cours bouleverse profondément le monde.

Le covid-19 n’est pas simplement une maladie de plus, relevant d’une sorte de fatalité naturelle. C’est le produit de tout un système et du mode de vie allant avec. L’alimentation de mauvaise qualité responsable du surpoids relève directement de ce mode de vie conforme au capitalisme… et favorable à l’expression de formes sévères du covid-19.

Cela avait été un phénomène flagrant au plus fort de la crise sanitaire : les personnes en réanimation étaient essentiellement des gens en surpoids (hormis d’autres types de maladie ou bien la fragilité inhérente à la vieillesse).

En France, cette information est au fond très peu connue, car le sujet du surpoids et de la mauvaise alimentation est relativement taboue. Ce n’est pas le cas aux Royaume-Uni, pour des raisons culturelles.

Comme aux États-Unis, il y a un paradoxe énorme dans le pays : dans les centre-villes, et surtout à Londres, on peut manger pratiquement la nourriture la plus saine du monde, quasiment à tous les coins de rue, pour pas cher et souvent sans viande. Pour les classes populaires vivant en dehors par contre, l’alimentation est d’une qualité pitoyable, provoquant un surpoids généralisé, qui engendre une épidémie massive d’obésité à des degrés particulièrement alarmants.

À peine entrés dans l’adolescence, ce sont déjà un enfant sur trois qui sont en surpoids ou carrément obèses dans le pays. En ce qui concerne les adultes, les chiffres sont dramatiques : 63% ne sont pas dans une situation saine vis-à-vis de leur poids et 28% sont carrément obèses.

Alors que la crise du covid-19 n’en finit plus, le sujet est donc particulièrement brûlant dans le pays. L’agence sanitaire a publié samedi 25 juillet 2020 une étude affirmant que les obèses ont 40 % de risques supplémentaires de mourir de la maladie.

Une grande campagne « better health » (meilleur santé)  a donc été lancée et elle est radicale.

Toute publicité pour la malbouffe est interdite (y compris sur internet) avant 21h pour préserver les enfants, le nombre de calories des repas (qui n’est pas forcément un bon indicateur par ailleurs) doit être rendu public pour toutes les grandes enseignes de restauration, les supermarchés n’ont plus le droit de faire des promotions sur aliments considérés comme de mauvaise qualité. Autrement dit, il est dorénavant interdit de présenter des friandises ou des sodas devant les caisses au supermarché.

C’est un changement extrêmement profond, qui en dit très long sur la catastrophe sanitaire en cours, d’autant plus que la mesure est prise par un gouvernement censé être favorable avant tout au business. Rien que pour les friandises aux caisses, il faut bien voir que cela change drastiquement l’organisation de nombreux magasins où l’on fait pour ainsi dire la queue à la caisse au milieu d’un rayon friandises…

En arrière-plan, il y a la situation personnelle du premier ministre, en soins intensifs après avoir été touché par le covid-19, qui impute régulièrement son hospitalisation à son surpoids. Il a failli mourir (après avoir relativisé honteusement la pandémie pendant des semaines) et cela a provoqué un électrochoc dans le pays.

En 2019 encore, Boris Johnson avait affirmé qu’il reviendrait sur la taxe « boissons sucrées » d’avril 2018. En juillet 2020 finalement, son gouvernement a mis en place un plan massif estimé à 10 millions de livres sterling pour lutter contre le surpoids et la mauvaise nourriture. Le symbole est très fort.

Cela n’a rien d’anecdotique, cela prouve à quel point le monde n’est plus le même, à quel point la situation a changé dans tous les domaines, en profondeur, augurant des bouleversements sociaux-culturels majeurs dans les temps à venir.

L’obésité et le surpoids dans les classes populaires sont une horreur du 20e siècle, produites par un capitalisme soumettant chaque moment de la vie aux profits des grandes entreprises. Mais la vie se révolte, et elle est de plus antagonique avec le capitalisme. Le capitalisme lui-même le constate, mais il ne peut pas se rebeller contre lui-même…

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Politique

Union européenne: un plan de relance signant le recul de la France, de l’Espagne et de l’Italie

Historiquement, l’Union européenne est une unité économico-politique ouest-européenne sous supervision américaine, avec le moteur franco-allemand entraînant les autres pays. La tutelle américaine est partie, mais la France décroche et se fait toujours plus secondaire face à l’Allemagne. C’est là qu’était tout l’enjeu des près de 100 heures de négociations du sommet européen qui s’est terminé à 05h31 du matin mardi 21 juillet 2020.

Emmanuel Macron a prétendu avoir décroché un accord historique avec le plan de relance de 750 milliards d’euros de l’Union européenne. En réalité, il n’a fait que négocier le recul de la France face à l’Allemagne et à ses principaux alliés voire satellites que sont les Pays-Bas, l’Autriche, le Danemark et la Suède.

Les négociations furent en effet un long chemin de croix pour le président français qui devait faire face à des assauts répétés par ce qui a été appelé les pays « frugaux ». Il a même été parlé par certains médias, de manière honteusement chauvine, des pays « radins ». Ces termes ne recouvrent pourtant pas une sorte de différence de mœurs entre les pays, mais directement un rapport de force entre différentes puissances.

Ce qui se passe est simple à comprendre : avec la pandémie de Covid-19, les capitalismes de la France, de l’Espagne et de l’Italie se retrouvent fortement fragilisés, de par leur niveau déjà problématique initialement. Surtout pour l’Italie, il y a même le risque d’une faillite de l’État en raison d’une dette abyssale et de difficultés à emprunter sur les marchés financiers.

De l’autre côté, il y a le capitalisme de l’Allemagne, stable et puissant, entraînant avec lui surtout ceux des Pays-Bas, de l’Autriche, du Danemark et de la Suède, tout aussi stables. Tous ces pays – surtout l’Allemagne, très ambitieuse à l’international – n’ont aucun intérêt à l’effondrement de l’Italie et au recul drastique des économies françaises et espagnoles, alors il fallait un plan. Cela d’autant plus que tous ces pays, à part la Suède, ont la même monnaie, l’euro.

Plan il devait y avoir, plan il y a donc eu. Ce qui compte par contre, c’est la nature de ce plan. Et là, les choses sont très claires, se résumant à deux aspects, qui n’en forment finalement qu’un seul :

– l’Italie, l’Espagne et la France seront les principaux bénéficiaires des subventions et des prêts permis par le plan de l’Union européenne ;

– les subventions accordées par le plan européen seront soumises à un droit de regard particulièrement strict de l’ensemble des pays européens, et donc surtout de l’Allemagne et de ses satellites.

Autrement dit, on a là un processus très clair de vassalisation de l’Italie, de l’Espagne et de la France vis-à-vis de l’Union européenne, et donc de la puissance allemande.

Au passage, en raison de leur rapport de force particulièrement favorable, les pays dit « frugaux » se sont vu accorder une baisse de leur contribution au budget européen. Il y a également tout un tas de reculs, en ce qui concerne la recherche, le budget « Erasmus » (échanges universitaires), qui est amputé d’un tiers, le budget agricole (dont la France bénéficie beaucoup), ou encore le fonds pour la santé qui passe de 7 à… 1 milliard. C’est la même chose pour le projet porté par Emmanuel Macron d’une politique militaire européenne : cela passe dorénavant à la trappe.

Au lieu de tout cela, on va avoir des subventions, estimées à 40 milliards pour la France, 60 milliards pour l’Espagne et 80 milliards pour l’Italie. Ce sont les trois principaux bénéficiaire du plan, avec 180 milliards sur les 390 de prévus, soit pas loin de la moitié de la somme destinée aux 27 pays membres.

Cet argent doit être emprunté par la Commission européenne sur les marchés financiers, ce qui est une première historique pour de telles sommes (alors qu’il y a également 360 milliards à emprunter, en tant qu’intermédiaire pour des prêts). Cet argent doit ensuite être remboursé sur des fonds propres… qui n’existent pas encore. L’idée est de mettre en place différentes taxes européennes (taxes carbone, taxe « Gafa », taxe plastique, etc.) pour rembourser cet argent, d’ici à 2058 au plus tard.

Notons au passage que ces emprunts (en fait des obligations) ne seront émis que l’année prochaine, alors que les pays, et donc surtout la France, l’Espagne et l’Italie, vont rapidement commencer à dépenser l’argent en question.

Le ministre de l’économie Bruno Le Maire a déjà sauté de joie en expliquant que l’Union européenne allait payer presque la moitié du plan de 100 milliards prévu pour « relancer » l’économie. Il a même expliqué ouvertement que cet argent allait être dépensé dès 2020 et que « dès 2021, l’Europe remboursera ».

Dans le même registre, Emmanuel Macron se fait magicien en faisant croire que l’argent tombe du ciel par enchantement :

« cet argent viendra de l’Europe sur notre budget sans que nous ayons besoin de le financer, ni par notre propre endettement ni par nos impôts »

« ce n’est pas le contribuable français [qui] paiera »

En réalité, il n’y a pas d’argent magique, qu’il vienne de l’Union européenne ou d’ailleurs. Il faudra bien que quelqu’un paye et la bourgeoisie fera tout pour que ce soit les travailleurs qui paient. Cependant, dans le contexte de concurrence exacerbée entre les puissances européennes, les antagonismes seront de plus en plus forts et les nationalismes se feront de plus en plus puissants. En France, puissance en décrochage, la tentation du nationalisme sera d’autant plus forte, d’autant plus agressive, comme moyen d’éviter la lutter des classes et de détourner l’attention de la bourgeoisie.

> Lire également : La faillite de l’idéalisme européen face au Covid-19

Il va de soi ici que vont émerger beaucoup de tendances nationalistes anti-allemandes (Jean-Luc Mélenchon avait déjà commencé il y a quelques années de manière très brutale d’ailleurs). Et surtout, on a un capitalisme qui se fait crédit à lui-même pour tenter de survivre. C’est intenable.

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Écologie

Covid-19: 100 000 visons d’un élevage tués, exemple d’un terrible enjeu

L’industrie de la fourrure était déjà criminelle, mais avec le covid-19 elle se transcende dans l’horreur, avec comme en Espagne des opérations d’extermination à grande échelle.

La crise sanitaire est d’une ampleur énorme. On nous a dit qu’il n’y avait pas de transmissions humains-animaux, mais en pratique cela semble surtout hors de contrôle. Cela est d’autant plus vrai pour des lieux contre-nature comme les élevages, où des centaines et des centaines d’animaux sont enfermés dans des conditions plus que révoltantes.

L’État espagnol a ainsi pris des mesures pour un élevage de Puebla de Valverde, en Espagne, où 92 700 visons sont condamnés à mort, car les tests PCR ont révélé qu’ils avaient été infectés par le covid-19. Les Pays-Bas avaient pris les mêmes mesures déjà il y a plusieurs semaines pour une vingtaine d’élevages.

L’État espagnol avait bloqué l’élevage depuis le 22 mai et a pris la décision en constatant que le covid-19 se répliquait à grande vitesse parmi les animaux. Des vétérinaires affirment que c’est le cas chez les visons, les furets et les chats, même si le risque d’un passage à l’être humain est « peu probable ».

On est en droit de se demander ce qu’est ce « peu probable » à une époque où la nature subit les attaques forcenées d’un capitalisme prêt à tout engloutir. Encore un peu et on passe dans le film La planète des singes où les chats et les chiens sont tous morts, victimes d’une épidémie et remplacée par des singes.

Il faut voir les choses en face : si demain, il est constaté que les chats transmettent le covid-19, par exemple… ou n’importe quel autre animal… l’extermination massive sera pratiquée. Pour les chats, tous les animaux errants seront tués, ceux vivant dans des familles humaines passeront sous la coupe de l’arbitraire.

Le capitalisme ne va pas se remettre en cause pour autant : il continuera ses destructions et résultat le processus continuera, toujours plus meurtrier… Quant au problème de fond, il est simple, on l’aura compris : des êtres vivants sont considérés comme de la matière première. Pour les visons, l’exemple est on ne peut plus clair : les animaux sont impropres à la consommation de fourrures, donc on s’en débarrasse, à grande échelle.

Cela est déjà arrivé à maintes reprises, comme récemment en Chine où des millions de cochons ont été tués pour stopper la peste porcine. C’est du massacre à grande échelle, dans le cadre d’un massacre à encore plus grande échelle : celle de la planète.

On paie ici le prix d’une mentalité passive de consommation destructrice, façonnée par le capitalisme pour répondre à ses besoins. Et malheureusement, la crise du covid-19 n’a pas encore servi de leçon. Elle n’est pas terminé, cela étant. Elle n’est pas prête de se terminer… ni les tourments d’un monde agonisant, enfantant un monde radicalement nouveau, car là plus rien ne tient, plus rien n’est tenable.

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Société

L’intolérable multiplication des « free parties » en France, en dépit du contexte sanitaire

Le libéralisme culturel et le conformisme à la société de consommation ont largement envahi la musique techno française, en particulier pour tout ce qui relève des « free parties ». Le fait que des dizaines d’événements sauvages soient organisés ces derniers jours dans le plus grand mépris pour toutes considérations sociales et sanitaires en dit très long à ce sujet.

Quelques jours avant le confinement en mars dernier, on apprenait que le collectif Heretik reportait en septembre une grande soirée, en présence de l’emblématique Manu Le Malin. Il s’agit si l’on peut dire de la crème de la scène techno à la française des années 1990 et 2000, avec les fameuses raves parties et toute une culture alternative allant avec, dont l’apogée est sans conteste l’événement devenu mythique de la piscine parisienne Molitor, alors désaffectée, en 2001.

Les billets sont toujours en vente et la description de la soirée sur Facebook se contente du commentaire :

« Ne souscrit pas à la doctrine établie ».

Au regard des événements récents, la question se pose clairement de l’interprétation qu’il faut faire de ce slogan typique de cette scène. Car justement, la doctrine établie en France c’est le libéralisme et force est de constater que les « free parties » en sont devenues des postes avancés.

Le début du mois de juillet a été particulièrement chargé en la matière : en plus du grand événement tenu dans la Nièvre regroupant 5000 personnes, il y a eu 2000 personnes dans le bassin d’Arcachon, ainsi que des groupes de plusieurs centaines ici et là. De manière particulièrement marquante, il y a eu à Montreuil (Seine-Saint-Denis), à 10 jours d’intervalle, deux « teufs » au parc des Beaumonts. Ce parc se situe à deux pas des habitations, mais il est surtout… une réserve écologique pour les animaux, classée Natura 2000.

C’est un véritable scandale, une honte s’ajoutant au fait déjà honteux d’organiser un tel événement sans respect pour les mesures sanitaires. Les gens ayant fait cela devraient être conspués, dénoncés comme les pires avatars du capitalisme moderne dévastant tout, méprisant tout.

Au lieu de cela, on a en France une scène des « free parties » qui vit dans un mensonge permanent depuis au moins dix ans, en prétendant à une culture alternative, autonome, « libre », etc. En vérité, les « teufs » sont surtout des supermarchés de la drogue à ciel ouvert, avec des murs de son diffusant une techno toujours plus mauvaise, vulgaires, qui n’est qu’un strict équivalent inversé de « l’électro » insipide des radios commerciales.

En fait, pour trouver ce qu’il peut rester d’alternatif et de culturel dans la musique techno, il faut surtout se tourner vers les villes et les clubs, d’inspiration plutôt berlinoise. Il n’y est en général pas question de « changer le monde », mais on a au moins des gens sérieux, concernés, cohérents dans leurs valeurs.

On a de ce côté des personnes ayant cherché à mettre en place des choses pour ouvrir les dancefloors en respectant les enjeux sanitaires, sans non plus se ranger derrière les préoccupations uniquement commerciales des discothèques classiques. On peut toujours penser que c’était voué à l’échec par nature, et c’est d’ailleurs ce qu’a fait l’État qui refuse tout discussion à ce sujet. Cela a néanmoins du sens, et surtout une grande dignité.

C’est tout l’inverse de ces « free parties » décadentes, ouvertement tolérées par le gouvernement, qui est souvent au courant et ne fait pas grand-chose pour les empêcher.

Il faut dire qu’entre partisans du libéralisme et de l’individualisme forcené, on se comprend. C’est donc la « Ministre de la citoyenneté » qui s’est rendu sur place dans la Nièvre pour demander gentiment aux teufeurs de porter un masque…

Elle s’est félicité de la distribution de 3000 masques ainsi que de 6000 « bons pour être testé ».

C’est directement l’Agence régionale de santé qui a été dépêchée sur place pour organiser, cette même agence tant décriée depuis le début de la crise du covid-19 pour ses insuffisances. Les sapeur-pompiers chargés de la distribution expliquent alors :

« Les gens sont très contents qu’on leur donne ce bon. Ils prennent le papier, choisissent le laboratoire, et les résultats vont au médecin qu’ils veulent ».

Dans le même genre, on a la gendarmerie expliquant à la presse que des participants ont été « invités » à « passer une nuit de plus sur le site » en raison de leur état d’ébriété. C’est directement le colonel de Gendarmerie de la Nièvre qui précise ensuite, de manière particulièrement bienveillante :

« pour moi l’objectif recherché par la gendarmerie sera atteint si, mercredi matin, on se réveille sur le constat d’aucune victime sur la route ».

On a donc un État complètement débordé par la crise sanitaire depuis des mois, mais qui accompagne tranquillement des irresponsables anti-sociaux, méprisant totalement l’effort sanitaire du reste de la population.

Il ne faudrait pas croire ici qu’il s’agit de « jeunes » voulant simplement s’amuser et faisant une sorte de bêtise de jeunesse. Ces événements sont au contraire très organisés avec une logistique bien rodée, une coordination à grande échelle, des gens avec des talkies-walkies organisant sur place et des participants venant de très loin, y compris de Belgique, d’Italie, d’Espagne, et même d’Europe de l’Est, circulant pour beaucoup dans des camions aménagés tels de véritables camping-car.

Ces chiffres en disent très long sur l’état d’esprit de la « fête », particulièrement décadente :

200 verbalisations en raison de produits stupéfiants, une vingtaine de permis retirés pour conduite en état d’ivresse, 61 personnes admises au poste médical avancé, 11 évacuées à l’hôpital de Nevers dont 3 en urgence absolue…

> Lire également : L’échec des free, entre Docteur Jeckyll et Mister Hyde

Tout cela est un aspect du capitalisme, seulement un aspect du capitalisme, contrairement aux prétentions des « free parties » qui s’imaginent être une contre-société.

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Société

Un étrange 14 juillet sans Tour de France

La vie de la société française, depuis des dizaines d’années, est particulièrement réglée, routinière. Le Tour de France est l’événement qui marque le début de l’été, dont on entend parler même si on ne le suit pas vraiment, qui entonne une petite musique de fond, cette musique qui dit en générale quelque chose d’agréable.

Le Tour, c’est souvent une histoire entre les grand-parents et leurs petits-enfants, ce sont des après-midi calmes dans le salon, au frais, à scruter le pays en se laissant bercer par l’allure routinière des coureurs, qui avalent les kilomètres avec la rigueur de l’ouvrier, sans en faire trop, ni trop peu. Puis vient le 14 juillet, en général avec une étape de montagne particulièrement alléchante. Sportivement, c’est là où la course s’emballe, où les jeux se font. On passe alors à autre chose et l’on rentre dans l’été pour de bon.

Quelque chose a été rompu dans la société française avec la crise sanitaire (et il en est probablement de même dans beaucoup de pays). Ce 14 juillet sans « étape de montagne du Tour » donne un goût étrange à l’été. C’est comme s’il n’avait pas lieu et, d’une certaine manière, il n’a pas vraiment lieu.

Le printemps a été gâché par le confinement, puis la sortie hasardeuse du confinement. L’été semble, lui, confisqué. Le président Emmanuel Macron a d’ailleurs probablement fini de casser l’ambiance en étant contraint d’annoncer, finalement, que le masque allait être obligatoire dans les lieu publics clos.

Si la France avait cru pouvoir échapper à la crise, en faisant somme toute comme si le virus n’était plus là, c’est la crise qui rattrape le pays. « Nous avons des signes que ça repart quand même un peu » a expliqué le président dans son allocution du 14 juillet, en jouant de la litote pour ne pas trop affoler, tant il sait que ce qu’il dit est affolant.

C’est affolant sur le plan sanitaire évidemment, car personne ne veut de milliers de morts supplémentaires. C’est affolant surtout pour toute cette « bulle » de la société de consommation depuis la fin de la seconde guerre mondiale, qui recommence chaque année la même chose, dans un version censée être mieux quantitativement, sans esprit qualitatif.

Ce n’a jamais été entièrement faux d’ailleurs et il faut bien reconnaître que chaque année le Tour de France était toujours plus agréable à suivre, avec la télévision, puis la télévision couleur, puis les images d’hélicoptères, puis l’incrustation d’informations en direct, pour les images en haute définition. Rien ne semblait pouvoir ébranler cet éternel recommencement, pas même les scandales à répétition concernant le dopage.

Et voilà qu’une « gripette », comme l’avait honteusement qualifiée certains cet hiver, a fini de gripper la machine, qui était en fait déjà bien rouillée. Le Covid-19 marque un bouleversement d’une ampleur gigantesque, car c’est la fin de tout un tas d’illusions.

La rentée sera terrible, parce qu’il n’y aura pas eu vraiment d’été et surtout en raison d’une crise économique nouvelle, entièrement nouvelle, qui va finir le travail de sape du train-train quotidien. Le Tour de France, prévu pour septembre, s’il a lieu, aura dans ce contexte un goût très amer. De toutes façons, ce ne sera pas le Tour de France. Non pas seulement à cause des mesures empêchant le public d’approcher les coureurs, mais parce que le Tour, c’est le ronronnement de la France tranquille, vivant son éternel recommencement estival. Cette fois, tout change.

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Politique

La crise du covid-19 en Guyane révèle le rouleau compresseur capitaliste

Alors que l’épidémie de coronavirus n’arrête pas de s’étendre en Guyane, le premier ministre Jean Castex s’est rendu ce dimanche 12 juillet dans la région. Resté seulement huit heures sur place, cela ne fut qu’une simple formalité en plus pour réaffirmer sa stratégie de combat anti-social, anti-populaire.

Jean Castex prouve son mépris pour les Guyanais en parlant de ce département comme d’une « île », réitérant la lourde erreur déjà effectuée par Emmanuel Macron en mars 2017. Cette « bourde » n’est en rien anecdotique : elle révèle combien la bourgeoisie française gère les régions d’outre-mer comme quelque chose à la marge, les délaissant en bonne partie.

La situation du covid-19 en est encore une triste illustration, avec près de 5 949 cas confirmés sur 268 700 habitants. La région ne compte que trois hôpitaux pour une trentaine de lits de réanimation et environ 600 médecins en activité. Un système de santé déjà mis à bout avec l’afflux de malades déjà atteints par le paludisme, la dengue ou la tuberculose.

Jean Castex a ainsi beau dire que « la Guyane est un territoire de la République comme un autre », il n’en est rien. Si tel était le cas, l’annonce de la fin de l’état d’urgence au 10 juillet n’engendrerait pas insouciance en métropole alors que la Guyane et Mayotte sont sous ce régime d’exception sanitaire jusqu’au 30 octobre.

Cela ne fait d’ailleurs aucunement illusion pour Yvane Goua, porte-parole du « collectif Mayouri Santé Guyane » qui déclarait ne rien attendre de la visite d’un premier ministre faisant l’aller-retour dans la journée, et précisait que :

« aujourd’hui, par habitant, je parle bien par habitant, en termes d’impact du virus, on est au-dessus de la Chine, on est au-dessus de l’Italie et pourtant on a pas les moyens en adéquation. On a 20 personnes qui arrivent par semaine, alors qu’il manque en fait aujourd’hui 300 à 400 professionnels soignants en Guyane »

Car trois ans après une importante vague de protestations, l’accord signé avec le gouvernement français n’a pas abouti à satisfaire les revendications.

Au mois de mars et avril 2017, le collectif Toukan (« 500 frères »), l’UTG (Union des Travailleurs Guyanais) et le collectif « Pou La Gwiyann dékolé » (Pour le développement de la Guyane) menaient une vague de grèves, dressant à des endroits des barricades pour réclamer, outre la lutte contre l’insécurité, l’immigration incontrôlée liée à l’orpaillage illégal, la création d’un CHU et la gestion publique du centre Centre médico-chirugical de Kourou situé à proximité de la base de lancement spatiale.

L’accord signé le 21 avril 2017 n’a toujours pas été mis en œuvre et c’est pourquoi, d’ailleurs, Emmanuel Macron s’était rendu dans la région en octobre, se disant attentif à a la situation. Et depuis ? Depuis rien. Adrien Taquet, secrétaire d’État chargé auprès du ministère de la santé, restait encore bien évasif à propos de la demande du CHU en Guyane lors d’une session parlementaire en octobre 2019.

Dans ce contexte comment ne pas être offusqué, pour ne pas dire révolté, lorsqu’on entend Jean Castex déclarer :

« je viens avec la volonté de préparer la France à une éventuelle deuxième vague mais en préservant la vie économique, la vie sociale »

L’ordre du jour est clair pour ce gouvernement : c’est la poursuite coûte que coûte du capitalisme, à marche forcée, envers et contre toutes les attentes populaires. La Guyane demande pourtant une très grande aide pour faire face à la fois à la situation sanitaire actuelle posée par le covid-19, mais aussi pour son développement social en général.

Dans une région où plus de 20 % des gens sont privés d’emplois et environ 25 % sans couverture sociale, le re-confinement de certains quartiers les plus pauvres va être dramatique. Alors que l’occupation moyenne d’un logement en métropole est de 2,3 personnes, en Guyane elle est de 3,4 personnes. C’est près d’un tiers de la population qui subit le mal-logement lié au surpeuplement….

La visite éclair du premier ministre Jean Castex prouve bien toute l’arrogance d’une personnalité technocratique, placée par en haut et n’étant là que pour gérer, de la manière la plus ferme et placide, la continuité du capitalisme français. Soit les masses populaires prennent conscience de la situation et tentent de résister, soit c’est un terrible rouleau compresseur qui va s’écraser sur elles, qui s’écrase déjà sur elles…