Catégories
Effondrement de la France

Ni « gauche » bobo caviar, ni droite Fleury Michon

L’esprit qui doit être celui de la vraie Gauche, c’est celui qui est partisan et exige un ordre nouveau, un État nouveau, un être humain nouveau. Quiconque accepte la vie quotidienne telle qu’elle est proposée par le capitalisme relève d’un passé révolu qui chaque jour disparaît davantage.

Et cela quelle que soit la forme de cette acceptation. La « Gauche » des centre-villes et la Droite des campagnes ne sont que les deux faces d’une même réalité, d’une même emprise d’un capitalisme à la fois rétrograde et replié sur le cadre national, et en même temps moderniste et cosmopolite.

Entre le beauf des villes s’imaginant « moderne » et celui des campagnes s’imaginant « ancien », il n’y a pas de différence de fond, seulement de rythme dans la vie quotidienne capitaliste. Pour prendre un exemple, les uns sont flexitariens, les autres des « viandards » patentés, mais tous sont trop décadents et libéraux pour prendre les animaux et la question animale en compte. L’industrie capitaliste de la viande est en expansion mondiale, les lieux sauvages sont toujours plus détruits, mais cela n’intéresse pas ces gens, qui ne voient pas plus loin que leur nombril.

Tout cela est à l’opposé de l’esprit résolument partisan de la Gauche historique. L’esprit engagé, déterminé, capable d’agir… et de ne pas agir, quand il le faut. Afin de protéger et de se préserver, de faire avancer et de ne pas faire reculer.

Dans une société française en crise politique en juin 2024, rien n’est plus étranger que l’esprit partisan. Les Français ont la nostalgie du passé, pour eux la société française précédant la pandémie de 2020 était finalement idéale. Accumuler du capital, devenir propriétaire, faire un travail qui somme toute ne dérange pas outre mesure, construire une petite famille, partir en vacances parfois, en attendant la retraite… Et bien sûr, de manière régulière, se précipiter dans la société de consommation.

Ce refus de la dialectique de la vie est ignoble et c’est pourquoi il faut bien le dire : oui le prolétariat français a été corrompu, il a trahi son rôle historique, il a accepté de se vendre à la bourgeoisie française, car il a considéré que son confort comptait plus que tout. Il a, pour cette raison, perdu sa dignité et c’est exactement cela qui le précipite dans les bras de l’extrême-Droite.

C’est le refus de l’esprit partisan qui a amené des prolétaires à soutenir des partis populistes d’extrême-Droite, de manière massive, que ce soit avec Donald Trump aux États-Unis, Marine Le Pen en France ou le FPÖ en Autriche. Il est fou de voir que la majorité des ouvriers porte à bout de bras les succès électoraux de telles sinistres figures !

Mais le prolétariat n’échappera pas aux larmes et au sang versé. Il devra bien en France, qu’il le veuille ou qu’il ne le veuille pas, écrire une page de gloire. Il devra se forger, par choix ou par la force de l’Histoire, pour porter le positif contre le négatif, la construction contre la destruction, l’avenir contre le passé.

Le prolétariat français devra porter l’esprit partisan, il devra être lui-même cet esprit, et tant qu’il ne le fera pas, il ne fera que errer, se perdre, se ronger de l’intérieur, souffrir mille maux. Personne ne peut échapper à la lutte des classes, qui exige la révolution, et à la nécessité d’un nouveau mode de production, qui demande une nouvelle civilisation.

On est immensément loin encore du grand saut que le prolétariat français doit faire. Rien ne peut toutefois empêcher que cela se produise. Ou la révolution empêche la guerre, ou la guerre provoque la révolution : l’Histoire donnera inéluctablement naissance à un héroïsme de classe.

La « Gauche » bobo – caviar et la Droite Fleury Michon sont des agitations, des troubles, rien de plus. L’ultra-radicalité fictive pro-LGBT, pro-migrants, pro-Palestine… n’est que du théâtre pour faire du bruit, et empêcher l’affirmation de l’idéologie dialectique du prolétariat, qui exige la transformation du capitalisme en Socialisme par la révolution, les masses en mouvement, en armes pour établir le nouvel État.

Sans le pouvoir, tout est illusion, et l’esprit partisan, l’esprit déterminé, l’esprit des choix, est ce qui prime, ce qui compte vraiment. Le prolétariat n’existe que par l’affirmation, la lumière, le mouvement… La victoire !

La crise politique en France de juin 2024 est un reflet de ce qui se passe au plus profond de la société française, du capitalisme français. C’est l’effondrement. Et le calme plat, illusoire, cède la place au vent qui commence à souffler.

Que ce vent fasse flotter le drapeau rouge, grâce à l’esprit partisan !

Catégories
Refus de l’hégémonie

L’atlantisme de Jordan Bardella

Atlantisme : l’expression vient du nom de l’Otan, l’Organisation du traité de l’Atlantique nord. Un atlantiste en France est une personne qui prête allégeance à l’Otan, c’est-à-dire qui est soumise à la superpuissance américaine.

Tel est le cas de Jordan Bardella du Rassemblement national, au même titre qu’Emmanuel Macron. L’expression la plus flagrante de son atlantisme est bien entendu son soutien forcené au régime de Kiev et à la guerre contre la Russie.

Dès mars 2022 Jordan Bardella qualifiait Zelensky de « modèle de résistance » expliquant qu’il est « toujours admirable de voir un chef d’État résister ».

Un an plus tard, il l’applaudissait debout, malgré les consignes de sa formation politique. Il regrettait alors « une naïveté collective [dans son camp] à l’égard des ambitions de Vladimir Poutine ».

En avril 2024, pour se justifier dans le cadre du Parlement européen, il disait de la Russie qu’elle :

« représente une menace multidimensionnelle pour l’Europe et conteste les intérêts français, que ce soit en Europe ou en Afrique ».

Il n’hésitait pas à parler également, reprenant la propagande du régime français, des « ingérences russes » contre lesquelles il faut « lutter ». Il est à l’origine en 2023 (avec son collègue Jean-Philippe Tanguy du RN) d’une commission d’enquête parlementaire « relative aux ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères », dont l’objet était de dénoncer la Russie.

Il reprend souvent mot pour mot les positions américaines, par exemple à l’occasion de la mort d’Alexeï Navalny :

« Une nouvelle tragique pour tous les défenseurs des droits humains et des libertés fondamentales ».

Jamais Marine Le Pen n’aurait pu dire ça. Durant les années 2010, elle représentait une ligne néo-gaulliste, prônant une indépendance pour la puissance française sur la scène mondiale ; c’était un véritable nationalisme, représentant directement un danger de type fasciste. Il y avait une proximité avec la Russie, comme contre-poids à l’influence américaine.

Cette proposition a échoué en raison de la faiblesse de puissance française dans le cadre de la crise. L’élection présidentielle de 2017 a été un tournant, Marine Le Pen échouant en raison de son incapacité (historique) à rallier la haute bourgeoisie française, celle-ci étant incapable de porter la puissance française.

La crise qui s’est généralisé d’abord avec le Covid-19 puis la guerre en Ukraine, a finalement entièrement rebattu les cartes. La France n’avait plus aucune possibilité d’indépendance, elle s’est entièrement soumise et vassalisée à la superpuissance américaine.

Le néo-gaullisme de Marine Le Pen devint alors littéralement mort et enterré, nonobstant le fait que le populisme social et vaguement nationaliste qu’elle avait porté pendant dix ans restait utile pour le régime français. C’est là que Jordan Bardella intervient : il représente en apparence une ligne de rupture, tout en étant en fait totalement aligné sur le régime et donc, chose la plus importante, sa soumission à la superpuissance américaine.

Il suffit de voir cette chose très simple et ô combien représentative. Marine Le Pen prône depuis le début la sortie du commandement intégré de l’Otan. C’est, si on veut, le kit de base pour n’importe quel nationaliste cohérent : impossible de prétendre à quoi que ce soit en étant soumis aux États-Unis via l’Otan. La mesure figurait encore au programme du Rassemblement national en 2022, bien qu’elle était déjà relativement mise de côté.

Jordan Bardella est tout à fait en rupture avec cela. Il est contre la sortie du commandement intégré de l’Otan. Il l’a expliqué notamment dans un entretient avec l’organisme Europa Nova, qui est typiquement un réseau d’influence américain, prônant une ligne d’effacement des nations au profit de l’Union européenne.

C’est pour cela que Jordan Bardella préfère Giorgia Meloni (la dirigeante italienne) à Matteo Salvini (de la Ligue du Nord), qui est l’allié historique de Marine Le Pen. La première est furieusement pro-américaine et pour la soumission à l’Otan, tandis que le second est plutôt tourné vers la Russie.

Dans un entretien en avril 2023 à La Repubblica, l’un des principaux quotidien italien, Marine Le Pen a vainement tenté de mettre les point sur les i et maintenir sa ligne historique, en expliquant des choses qu’elle est absolument incapable de raconter en France depuis plusieurs années déjà :

« Je reste eurosceptique, et chaque jour qui passe, je le suis davantage. Je ne suis pas sceptique à propos de l’Europe, mais sur l’organisation politique de l’UE.

De plus, la France a un héritage politique et une indépendance sur le plan international. Meloni est favorable à l’OTAN parce qu’elle est italienne. Il y a des éléments de son projet que je ne partage pas. Politiquement, je me sens plus proche de Matteo Salvini et je n’adapte pas mon discours aux résultats des élections : je suis une personne loyale ».

De son côté, en mai 2023, Jordan Bardella se rendait à Budapest au rassemblement annuel en Europe de la CPAC (Conservative Political Action Conference) au côté de Marion Maréchal : il s’agit du courant américain ultra-conservateur qui a élaboré et fait triompher le populisme de Donald Trump.

En 2018, Marion Maréchal avait fait son grand retour à la vie politique en tenant un discours d’alliance devant ces personnes aux États-Unis ; Jordan Bardella est sur cette même ligne atlantiste et il est tout à fait logique de voir Marion Maréchal se rapprocher de lui dans le cadre des élections législatives de juin et juillet 2024.

La politique américaine s’impose en France, devenu simple protectorat américain. Dans la bataille pour le poste de governor de la province France, il y a Emmanuel Macron le Democrat lié à Joe Biden et il y a Jordan Bardella le Republican lié à Donald Trump.

Dans tous les cas, ils représentent la superpuissance américaine lancée agressivement dans la bataille pour le repartage du monde. C’est cela qu’il faut comprendre à Gauche avec la plus grande acuité : voilà l’ennemi, la superpuissance américaine et ses agents français, qui traînent la planète dans la 3e guerre mondiale !

Catégories
Effondrement de la France

Pas de soutien au « nouveau Front populaire »

Le choc de l’importance électorale de l’extrême-Droite aux élections européennes de juin 2024 a abouti, dans la précipitation, à la mise en place d’un « nouveau Front populaire ». Dès le départ, il y a eu en son sein le Parti socialiste, les Écologistes, La France Insoumise, le PCF, Place publique, Génération⸱s et GRS. D’autres petites structures s’y sont ralliées.

C’est une escroquerie. Cela n’a rien à voir ni avec le Front populaire né à partir de février 1934 comme unité antifasciste populaire à la base, ni avec le Front populaire comme conception élaborée par le communiste bulgare Georgi Dimitrov. C’est une simple alliance électorale qui tente d’unifier autour de la Gauche bobo une réelle protestation contre l’extrême-Droite.

C’est une opération de manipulation, de chantage émotionnel. C’est une habitude en France : la lutte contre la réforme des retraites avait relevé du même chantage. Sous de faux prétextes d’unité, il faudrait se mettre à la remorque de la bourgeoisie « de gauche », de la gauche caviar, des bobos, de gens qui veulent vivre le libéralisme dans la société, mais avec la protection sociale.

Ce sont ces gens qui dégoûtent le peuple, et qui produisent le succès de l’extrême-Droite, et même de la Droite. Il ne faut faire aucun compromis avec cette fausse gauche, opportuniste, électoraliste, pour qui ce qui compte c’est la lutte des places, pas la lutte des classes.

Il faut retourner sur les bases de la Gauche historique, et ne pas faire des migrants, des LBGT ou des criminels de banlieue, les figures « révolutionnaires » de notre époque. Il faut la Gauche qui porte une morale, un nouvel ordre, une Gauche qui veuille façonner un nouvel État, ce qui présuppose une révolution, pour une nouvelle humanité.

Aleksandr Deyneka, Stakhanovistes, URSS, 1937

Le « nouveau Front populaire » ne porte rien en lui, même pas le principe de l’unité de principe face à une menace commune. Car si c’était le cas, il exprimerait un mouvement à la base, un mouvement populaire. Là, à part des étudiants agités et quelques syndicalistes pour appuyer des élus, il n’y a rien. On est dans le simulacre, dans la manipulation de symboles.

Ce qui n’a rien étonnant de la part de gens sans contenu, qui utilisent des symboles, sans jamais ne rien développer en termes de contenu. Il faut d’ailleurs voir à quoi ressemble la « gauche de la gauche », avec des petites structures anti-intellectuelles, tenant le même discours qu’en 1920, ne produisant rien de culturel. Et cherchant seulement, en appelant à « l’unité », à tromper les esprits pour gagner du monde.

Tout cela est anti-prolétarien, car anti-idéologique. Pour ne pas être piégé par les nationalistes ou les bobos, les prolétaires doivent être en mesure de se tourner vers l’idéologie qui est véritablement la leur. Ils doivent porter le drapeau du Socialisme – et pour cela, il faut une expression idéologique de ce drapeau – c’est ce qu’est agauche.org, comme organe de presse, dans la tradition historique du mouvement ouvrier.

Sans organe de presse, il n’y a pas d’organisation, pas d’idéologie, pas d’envergure, pas d’existence réelle sur le plan historique.

Vassili Efanov, Le peuple des Soviets, URSS, 1939

Le « nouveau Front populaire » ne fait que rassembler des vendus (au point de soutenir la ligne américaine de guerre à la Russie par l’intermédiaire de l’Ukraine), des gens qui ont échoué et qui refusent de se remettre en cause, des gens que l’Histoire met de côté, car ils ne correspondent à plus rien.

D’où justement les discours fantasmatiques de cette gauche bobo et syndicaliste: l’extrême-Droite serait prête à instaurer une dictature raciste, les LGBT seraient envoyés dans des camps, et autres délires qu’on peut trouver de manière régulière, tellement on est ici dans une fiction qui exige une narration extrêmement poussée pour masquer les faits.

La réalité, c’est qu’en France s’instaure une opposition à l’américaine, avec des progressistes et des conservateurs, des représentants du capitalisme moderniste et des nouveaux marchés d’un côté, des représentants du capitalisme « traditionnel » de l’autre. Ce sont les deux faces du capitalisme – et la dialectique exige un camp, celui du prolétariat, pour les combattre!

Catégories
Effondrement de la France

Ni Trump ni Biden, version française

Le scandale du 11 juin 2024, c’est la décision d’Eric Ciotti, à la tête du parti de la Droite classique « Les Républicains », de demander une alliance avec le Rassemblement national de Marine Le Pen et de Jordan Bardella.

Cela a provoqué des troubles internes très forts. Ce qui est le cas également au Parti socialiste, où beaucoup ne veulent pas d’une alliance avec La France insoumise. Naturellement, dans les deux cas, le camp d’Emmanuel Macron appelle les « modérés » à le rejoindre.

Parallèlement, la « gauche de la gauche », les syndicalistes, les associatifs s’agitent en diable, avec des appels, des rassemblements, des manifestations. On est ici dans une démarche à la fois d’hystérie petite-bourgeoise et de jeu théâtral.

Ce sont des simulacres d’engagement, afin de tenter de donner de l’énergie au « Front populaire », le nom scandaleux choisi pour le regroupement du Parti socialiste, du PCF, des Ecologistes, de La France insoumise, de Place publique, de Génération.s et de la Gauche républicaine et socialiste. Il faut vraiment lire la constitution du vrai Front populaire, dans les années 1934, 1935 et 1936, pour voir la différence complète avec aujourd’hui.

Car peu importe, au fond, qu’on assiste à un découpage en deux ou en trois du panorama français. Le fait est que les trois camps acceptent l’hégémonie américaine et la guerre contre la Russie. Que ce soit le camp « nationaliste », le camp « centriste » ou la « Gauche » gouvernementale, c’est la même ligne d’accepter le capitalisme, pour le faire pencher plus dans un sens ou dans un autre.

Pencher, c’est vraiment le mot : aucun camp n’a d’idéologie, d’ossature sur le plan des idées, de cadres formés, de valeurs politiques claires. C’est comme aux Etats-Unis, un affrontement dans une vaste bourse aux idées et aux lobbys, aux intérêts et aux ambitions, avec comme fracture une ligne séparant les « conservateurs » et les « progressistes », les « républicains » et les « démocrates ».

Il va de soi que quand on est réellement de gauche, on ne saurait relever d’un tel conflit interne au capitalisme. Et il ne faut pas converger avec un camp ou l’autre. Il y a ainsi des groupes qui se disent révolutionnaires, mais ils ont fantasmé sur le mouvement contre la réforme des retraites, ils fantasment les LGBT, ils délirent sur la Palestine, ce qui fait qu’en pratique, ils sont une simple fraction un peu extrême de La France insoumise.

Ce dont nous avons besoin, c’est d’un troisième camp, correspondant à l’autonomie de classe du prolétariat, sur le plan des idées, des valeurs, de la politique, des perspectives. Il faut contribuer à la vision du monde, à une lecture concrète des choses dans toute leur dignité, à une connaissance historique approfondie, à l’instar des dossiers sur des marqueurs historiques proposés par materialisme-dialectique.com.

Il faut de l’intelligence et de l’indépendance. Il ne faut pas céder aux sirènes d’un pseudo-activisme à l’américaine, qui ne sert que des processus électoraux et des modes « activistes ». Il faut réfléchir et s’organiser, sur la base de la raison, avec un programme comme fondement, une vision du monde comme moteur.

C’est cela qui permet d’échapper humainement à la contamination venant de la France capitaliste en pleine décadence, avec une société en décomposition. Il faut s’opposer à l’alternative Trump/Biden dans sa version française, en sachant que si au départ c’est difficile, la guerre contre la Russie qui se profile fera voler en éclats toutes les illusions.

L’arbre préfère le calme, mais le vent continue de souffler !

Catégories
Effondrement de la France

Crise politique en France

Il y a deux ans pratiquement jour pour jour se formait la NUPES, une union de la Gauche gouvernementale qui a totalement échoué dans son entreprise. Et là on a une nouvelle unité PS, PCF, EELV et LFI.

Mais il est trop tard. Car ce qui ne s’était pas produit aux élections présidentielles et législatives précédentes a finalement eu lieu le 9 juin 2024. Le Rassemblement national mené par Jordan Bardella a raflé la mise aux élections européennes avec 31,37 % des suffrages (30 sièges).

C’est un courant de fond. Être de droite est porteur. D’ailleurs, le Rassemblement national a plus du double de la liste de la majorité présidentielle (14,6 % soit 13 sièges).

Pire encore, si on y ajoute les voix de la liste du parti d’Eric Zemmour conduite par Marion Maréchal (5,47 % soit 5 sièges), cela fait près de 37% pour le populisme à tendance nationaliste. Avec de surcroît un record de participation (51,49 %) depuis 1994.

La France est de droite, comme nous l’avons toujours souligné ici, à rebours des fictions et auto-intoxications, comme lors du mouvement contre la réforme des retraites.

La vérité, c’est que la France, moche et fanée, refuse fondamentalement de se tourner vers l’avenir. Elle s’arc-boute sur un passé fantasmé, celui des 30 glorieuses où la France était encore une puissance garantissant l’opulence capitaliste pour tous.

Le populisme à la fois national et social de Jordan Bardella est typique de cela, du « c’était mieux avant », du capitalisme en mode social mais mesuré. Même son « nationalisme » est très mesuré : il n’est pas vraiment contre l’immigration et l’islam, il n’est pas du tout contre l’Union européenne et il est même carrément pour les États-Unis et l’Otan. De surcroît, il est un farouche défenseur des institutions de la Ve République.

Toutefois, il représente quelque-chose qui tranche avec le libéralisme ultra-moderniste d’Emmanuel Macron, exactement comme le Républicain Donald Trump tranche avec le Démocrate Joe Biden aux États-Unis. Le résultat a donc été une claque pour Emmanuel Macron, surtout alors qu’il est censé avoir une légitimité gigantesque de part sa participation forcenée à la guerre américaine contre la Russie.

À situation de crise, réaction de crise : le Président français a donc décidé la dissolution immédiate de l’Assemblée nationale, ouvrant pour le pays une période de trois semaines (puis une semaine) de troubles et d’incertitudes politiques.

Les élections des députés auront lieu le 30 juin, puis le 7 juillet en cas de second tour. Dans les faits, le régime français vacille littéralement, car la France est une puissance en déclin devenue entièrement inféodé à la superpuissance américaine, mais qui ne l’assume pas encore suffisamment.

Emmanuel Macron, pour garantir la guerre qu’il compte mener à la Russie, a besoin d’une légitimité renforcée. Il joue donc carte sur table en imposant un retour aux urnes et en tentant si ce n’est de coincer le Rassemblement national, sinon de l’obliger à rentrer comme il faut dans l’orbite américaine. Il accusera le RN d’être pro-Russie, et celui-ci montrera en retour avec zèle sa loyauté à la superpuissance américaine, tout comme le fait la populiste Giorgia Meloni à la tête du gouvernement en Italie.

Beaucoup de choses vont être dites et entendues durant ces trois prochaines semaines, il faut s’attendre d’ailleurs à la plus grande hystérie de la part de la petite-bourgeoisie urbaine et des bobos. Il va y avoir dans toutes les bouches des raccourcis grotesques, des déformations, du mensonge, du hors-sujet.

Il n’y a qu’à voir l’édito grotesque de Libération qui invente littéralement une situation historique et politique :

« En route vers ces élections inattendues mais ô combien cruciales, la gauche française doit prendre conscience de son rôle historique : assurer aux Français, comme ses ancêtres républicains, que le fascisme ne passera pas. »

Les bourgeois gauche-caviar de « Libé » inventent, car non seulement il n’y a pas de menace fasciste avec le consensuel et républicain Jordan Bardella, mais surtout la Gauche ne ressemble plus à rien en France. Elle est plus que jamais coupée du peuple, prise en étau entre les populistes ultras de la France insoumises et les bourgeois atlantistes furieusement pour la guerre à la Russie comme Raphaël Glucksmann ; elle ne changera donc rien à rien en 2024.

C’est la même rengaine avec la CGT, le syndicat qui se mêle de politique et s’imagine le droit de faire référence au Front populaire « face à l’extrême-droite » dans un communiqué. Le syndicat, qui ne semble pas être au courant qu’il est totalement marginal chez les prolétaires, est « en colère » et s’imagine des grandes choses pour y remédier :

« Notre République et notre démocratie sont en danger. Pour empêcher la catastrophe organisée par Emmanuel Macron et Marine Le Pen d’advenir, l’unité de la gauche est indispensable. »

Bref, c’est le triomphe du populisme, y compris donc dans sa version « de gauche », qui sabote l’héritage historique et la puissance du Socialisme pour défendre une République bourgeoise qui n’est pas du tout en danger.

Pour y voir clair dans ce marasme, il va falloir garder bien en tête la boussole de notre époque : la guerre mondiale de repartage du monde, avec en arrière plan l’effondrement de l’occident sous les coups acerbes des capitalismes challenger menés par la Chine.

Ce qui compte en France, c’est de dénoncer l’Otan, c’est de refuser la guerre à la Russie. Là est l’aspect principal.

La situation de crise politique rend d’autant plus claire et évidente cette position pour qui veux réellement que le monde change de base. Il n’y a pas à tergiverser ni à ruer dans les brancards : la crise politique exprime l’effondrement du régime en France, alors il faut appuyer cet effondrement en sabotant son principal plan de survie : la guerre à la Russie!

Non aux populismes, qu’ils soient nationaux ou libéraux, ou prétendument de gauche, et surtout non à l’Otan et aux plans de la superpuissance américaine pour la France, guerre à la guerre!

Catégories
Effondrement de la France

Elections européennes 2024: une dissolution « américaine »

Allons, allons, il faut raison garder. La dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, à la suite des élections européennes de 2024, a provoqué une onde de choc. Le trouble et la perplexité règnent partout. Mais tout est très simple, en fait, si on pose les choses adéquatement. En quelques points, on comprend tout.

1. Les résultats sont tranchés

Voyons les faits que sont les résultats. Le bloc présidentiel, autour du parti présidentiel Renaissance (et avec le Modem, Horizons, le Parti Radical, l’Union des démocrates et indépendants) a obtenu 14,5% des voix. En face, l’opposition est donc largement majoritaire, de manière écrasante.

Il y a déjà le Rassemblement national, avec 31,5% des voix. Il y a ensuite le bloc autour des socialistes, avec 14% des voix.

La France insoumise, qui représente la « gauche » populiste, a 10,1% des voix. La Droite historique, avec Les Républicains, a 7,1% des voix.

Europe Écologie Les Verts a 5,5% des voix, les nationalistes de Reconquête (avec Marion Maréchal) a 5,3% des voix, et le PCF a 2,3% des voix.

L’Alliance rurale a 2,2% des voix, le Parti Animaliste 2%, les nationalistes de l’UPR et des Patriotes, 1% chacun.

2. Il faut bien une légitimité

Évidemment, ce sont les élections européennes et cela ne veut pas dire que des élections parlementaires auraient donné le même résultat. On ne peut toutefois pas gouverner avec l’impression qu’on ne représente que 14% des voix, alors qu’il y a eu 51,4% de participation.

Dissoudre est en même temps un risque, cela implique un très grand risque qu’aux élections législatives qui vont avoir lieu, il y aura une cohabitation. Et on pouvait se dire qu’ayant la majorité parlementaire, même si précaire, Emmanuel Macron pouvait manœuvrer quand même, d’une manière ou d’une autre.

Cependant, à un moment, cela n’aurait plus réellement fonctionné, alors pourquoi attendre ? Qui plus est, la France est ce qu’elle est…

3. Le RN n’est pas fasciste, mais les Français sont vraiment nuls

Le RN de Marine Le Pen et de Jordan Bardella n’est pas du tout fasciste. C’est un parti exprimant des aigreurs et du protectionnisme, une nostalgie prononcée et la peur du déclassement social. Et il soutient le régime ukrainien.

Ce n’est donc pas une « menace » pour Emmanuel Macron, malgré ses propos. C’est un concurrent.

Et, à côté de cela, les Français sont nuls. Ils ne font pas de politique, et quand ils en font, ils mélangent tout et sont mauvais. Sur le plan des idées, plus rien n’est cohérent, c’est une ignoble tambouille, avec des mélanges empruntés à la Droite et à la Gauche, sans aucune cohérence.

La situation n’est donc pas dramatique. Et il y a même une opportunité pour Emmanuel Macron s’imaginant disciple de Machiavel…

4. Emmanuel Macron impose une polarisation à l’américaine

La clef, c’est qu’Emmanuel Macron impose une cassure politique à l’américaine. Qu’importe si son parti présidentiel perd les élections, car en face il y aura une union des droites. Il aura alors réussi son parti, qui est de « moderniser » la société française, c’est-à-dire de l’aligner sur le style américain, avec deux gros partis dont les rapports de force internes dépendent de la bourse aux idées, aux activistes et aux lobbys.

Voici ce que nous disions le 4 juin 2024 pour qualifier ces élections de fictives.

« Il y a ici deux options politiques, pour faire pression dans un sens ou dans un autre. Il y a les modernistes, les bobos, LGBT, libéraux culturellement mais pour un filet social… pour les « gagnants », ceux qui profitent le plus de la situation et en veulent encore plus.

Et il y a les nationalistes, les conservateurs… pour les « perdants », les aigris ayant la nostalgique des années 1980.

Linkedin et Twitter pour les uns, Facebook et les SMS pour les autres, et Instagram et Tiktok pour tous. Cela correspond aux « Républicains » et aux « Démocrates » aux États-Unis. »

Effectivement, c’est cela qui se met en place. Ces élections européennes de 2024 ont été fictives, donc ont fait passer un cap aux institutions. De par leur vide, elles amènent une situation pleine.

Et maintenant !

Emmanuel Macron va chercher à élargir le socle de la majorité présidentielle, pour constituer un parti Démocrate à l’américaine, en prévoyant une union des droites qui formera l’équivalent des Républicains américains.

Il y a deux possibilités. Soit il a raison et l’opération fonctionne. Il aura alors réussi son opération de modernisation, d’américanisation.

Soit il a tort et c’est nous qui avons raison : la crise commencée en 2020 a tout changé et Emmanuel Macron ne reflète que l’illusion bourgeoise d’une modernité perpétuelle et contrôlée dans sa mise en place.

Dialectiquement, pour l’instant, les deux sont vrais. La société française est américanisée, le processus va fonctionner. Il fallait que le parti présidentiel perde pour obtenir sa légitimité dépassant le simple cadre de l’élection d’Emmanuel Macron. Potentiellement, le Parti démocrate à l’américaine peut naître en France désormais.

En même temps, il est vrai que les gens n’y connaissent rien et basculent d’un côté ou de l’autre, suivant une tendance. L’esprit des gens façonnés par la société de consommation est binaire. Pourtant, la France a porté beaucoup de luttes de classe et la situation historique n’est pas celle d’un vaste pays à l’écart et disposant de l’hégémonie mondiale.

La France est la maillon faible de la chaîne des pays capitalistes les plus développés. C’est un pays décadent, où tout s’effondre sur tous les plans. Rien n’a plus de solidité. Les vœux d’Emmanuel Macron sont donc vains. Son initiative ne réussit que parce plus rien ne tient… Et donc, ce qu’il vise ne tiendra pas non plus.

Et dans ce chaos, dont relève les prochaines élections pareillement, il faut donc l’esprit de Parti, les positions de la Gauche historique pour recomposer le prolétariat en tant que classe, et organiser un nouvel État, une nouvelle société. C’est l’alternative Socialisme ou barbarie!

Soutenez agauche.org comme organe de presse en première ligne dans la bataille pour l’intelligence politique dans la recomposition du prolétariat!