Catégories
Société

CFDT: Covid-19 : Les personnels des Ehpad face au confinement

Voici un communiqué de la CFDT alarmant sur la situation du personnel des Ehpad, de plus en plus souvent confiné dans les établissements…

« Covid-19 : Les personnels des Ehpad face au confinement

« Depuis quelques jours, nous constatons qu’un certain nombre de professionnels d’Ehpad, sous l’impulsion de leur direction, se confinent dans leur établissement », alerte Eve Rescanières, secrétaire générale de la fédération Santé-Sociaux CFDT.

Alors que le nombre de décès se multiplient au sein des 7 000 établissements public et privé du territoire, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a annoncé une mesure radicale pour les 700 000 résidents et l’ensemble des personnels soignants et accompagnants. « Partout où cela sera possible, j’encouragerai toute démarche pour que le personnel (…) des Ehpad puisse sortir le moins possible de ces établissements. » Une décision aussitôt dénoncée par la fédération Santé-Sociaux. « Elle a été faite mépris des règles d’hygiène élémentaires, du respect des gestes barrières, de la législation sur le temps de travail et du dialogue social. »

Un confinement imposé aux agents et salariés

Fabienne Deconchat, secrétaire générale du syndicat Santé-Sociaux Haute-Vienne déplore l’attitude de plusieurs directions. Dans le sud du département, les responsables d’un établissement ont convoqué les agents le vendredi pour un confinement effectif dès le lundi, sans en informer les organisations syndicales. « Une façon de faire honteuse ! » Dans le Lot-et-Garonne, trois établissements ont mis en place ce confinement. « On s’assoit complétement sur le code du travail. Que se passe-t-il en cas d’accident en dehors du temps de travail ? Comment sont pris les temps de repos ? s’interroge Julia Morel, secrétaire générale du syndicat Santé-Sociaux 47. Dans un établissement, elles dorment à sept par dortoirs, il n’y a pas de respect des règles de distanciation sociale… » Dans les Landes,Béatrice Jayo, secrétaire générale du syndicat CFDT Santé-Sociaux 40, fait le même constat. A Biscarosse, la direction d’un EHPAD a convoqué les agents pour leur signifier la mise en place quasi-immédiate du confinement. « Devant les inquiétudes légitimes des agents, les incompréhensions et les réticences des personnels, la direction a tenu des propos extrêmement culpabilisant afin de les faire céder. Les contractuels étaient particulièrement ciblés ». Le syndicat a condamné ces méthodes. Il alerté la DIRECCTE et l’agence régionale de santé de Nouvelle-Aquitaine et a fini par faire reculer la direction. « Grâce à notre action, l’ARS a rapidement réagi. Elle a rappelé qu’il n’existait aucune preuve scientifique que le confinement soit efficace. Elle a aussi signifié son opposition au confinement total, se félicite Béatrice. L’ARS a néanmoins fait savoir qu’elle restait ouverte à l’adaptation des cycles de travail, sur la base d’une négociation et de l’accord formel des représentants des salariés. »

« Le Président qui fait des soignants des héros, ne doit pas en faire des martyrs »

Une option pour le syndicat Santé-Sociaux des Landes, à condition que cela soit assortie de règles strictes : protection de la santé des personnels et des résidents, conditions de logements dignes, rémunérations adéquates, temps de travail respectés et congés supplémentaires. « Nous tenons à rappeler que ces préconisations ne sauraient être déployées sans obtenir, en amont, l’assentiment individuel de tous les professionnels concernés. Aucune forme de pression ou de contrainte ne saurait être tolérée. Seuls les personnels volontaires peuvent s’y inscrire. Le Président qui fait des soignants des héros, ne doit pas en faire des martyrs », martèle Béatrice. Même son de cloche du côté la fédération. « Le dialogue social doit être privilégié. Il est inadmissible que les personnels doivent se sacrifier pour pallier les insuffisances du système. Si les professionnels possédaient les équipements nécessaires suffisants, s’ils avaient accès au dépistage et à du renfort de personnel, ils ne seraient pas contraints de se confiner. » Pour la CFDT Santé-Sociaux cette situation est inacceptable. « Nous demandons au gouvernement de la faire cesser immédiatement ».

Catégories
Politique

Roxane Lundy : « Cinquante ans après Mai 68, le PS est devenu un Ehpad »

Être de gauche signifie relever au moins d’une certaine tradition, sans même parler de vision du monde. Il y a, pour cette raison, une phrase très choquante prononcée par la présidente du Mouvement des Jeunes Socialistes (MJS), Roxane Lundy, dans son interview au monde. Elle dit en effet :

« Cinquante ans après Mai 68, le PS est devenu un Ehpad. »

Or, qu’est-ce qu’un Ehpad ? Il s’agit d’un établissement spécialisé, dédié aux personnes âgées dépendantes en raison de leur perte d’autonomie physique ou psychique, voire les deux. Ehpad signifie Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes.

Les personnes présentes payent 60 % du prix de l’accueil journalier qui est vraiment très cher, l’État payant 30 % et le département les 10 % restant.

Vues les conditions sociales dans notre pays, on s’imagine à quel point il y a peu de moyens et les termes qui reviennent pour présenter à grands traits la situation est couramment la suivante chez les familles : il s’agit de mouroirs, d’antichambres de la mort. L’impunité est la règle, car quand quelque chose se passe mal, il est facile de l’attribuer à la démence, la fragilité physique, etc.

Depuis un mois et demi maintenant, le personnel des Ehpad est effectivement en lutte ; la grève du 30 janvier rassemblait 31,8% du personnel, celle du 15 mars 22% du personnel des 7750 Ehpad (dont 27 % relèvent du secteur privé avec des grands groupes très bénéficiaires comme Koria, Orpea, DomusVi ; 20 % du secteur associatif).

On l’aura compris : de par cet arrière-plan, les propos de Roxane Lundy sont particulièrement déplacés. Ils sont même odieux. Non seulement ils visent à attaquer des personnes âgées sur leur âge et non sur leurs valeurs, mais en plus le rapprochement avec les Ehpad relève d’une moquerie intolérable.

Cela reflète, de la part de Roxane Lundy, non seulement une méconnaissance ou un refus de sa part de se confronter à la réalité des Ehpad, mais surtout une négation complète de faire de la politique, de raisonner en termes de contenu, de valeurs.

Quand on se différencie de quelqu’un en raison de ses opinions, on ne se moque pas de lui ; on explique de manière rationnelle les différences, on expose de manière raisonnée ce qu’on pense être les erreurs ou les fautes, on dénonce sur la base d’une vision du monde ce qu’on considère comme faux ou inacceptable.

Il s’agit de convaincre, pas de persuader ; il s’agit d’éduquer, de mobiliser, pas de faire du populisme. Mais pour refuser le populisme, encore faut-il disposer d’un certain bagage culturel, théorique, idéologique, de concepts précis, de valeurs particulières.

Ce n’est justement pas le cas de Génération.s, qui est un mouvement contournant les questions de fond et qui, en ce sens, n’est nullement différent de La France Insoumise pourtant critiquée précisément pour cela.

Cela montre bien le problème de fond de bon nombre de gens de gauche dans notre pays, qui se veulent ancrés à gauche, mais considèrent qu’il n’y a pas besoin d’organisation ni de dogmatisme et encore moins de liaisons avec la classe ouvrière. Ils considèrent comme un luxe possible et d’autant plus agréable de contourner le fait d’avoir des comptes à rendre tant en termes de valeur qu’auprès des ouvriers.

Ils vont, évidemment, jusqu’à dire que les ouvriers ne sont qu’un aspect de la société comme un autre, ce que Génération.s n’a pas hésité à faire tout récemment. Mais comment alors ne pas basculer dans le populisme, en ayant des comptes à rendre à rien ni personne ?