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La baisse de la pollution de l’air n’est que partielle

Nombreuses sont les remarques concernant la baisse de la pollution de l’air dans le monde, du fait de la réduction d’activité de près de 3 milliards d’êtres humains. Toutefois, il faut bien saisir l’ensemble des aspects afin de comprendre pourquoi des niveaux élevés de pollution sont encore perceptibles en certains endroits…

On a pu le constater partout sur la Planète : la pollution aux dioxydes d’azote (No2) baisse drastiquement. Cela est vrai à Paris comme à Pékin, Los Angeles, Milan, Londres… Ce gaz nocif résulte essentiellement de la haute température des moteurs à combustion des voitures et des camions.

On parle ici d’une pollution précise, celle produit par les déplacements humains et de la circulation de marchandises par camions. Cette baisse de la pollution est présentée un peu partout avec des cartes qui superpose les taux de concentration de No2 avant et après le confinement. On y voit une baisse est stupéfiante

Il faut cependant nuancer le propos, car la pollution de l’air ne se résume pas aux émissions liées à la circulation routière. Il y a d’autres émissions gazeuses comme les Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques (HAP), comme le benzène ou le terrible benzo(a)pyrène) et les Composés Organiques Volatiles (COV), tels que par exemple les fluorocarbures utilisés pour le fluide frigorifique). Ces émissions polluantes sont d’ailleurs assez peu connues et étudiées, avec donc une réglementation encore lacunaire.

Là aussi, il est probable que ces pollution soient en baisse du fait qu’elles sont principalement le fait des activités industrielles. Encore que cela doit être étudié au cas par cas puisque certaines usines essentielles à la vie du pays peuvent encore tourner, et à plein régime (ne serait-ce que dans l’agroalimentaire).

La pollution de l’air, c’est également des particules solides et non plus à l’état gazeux comme les métaux lourds (plomb, nickel, cadmium…), ainsi que surtout les particules fines, de différentes tailles avec généralement une attention aux Pm 2,5 et Pm 10 (taille de moins de 10 microns, et moins de 2,5 microns).

Cette prise en compte de tous ces facteurs de pollution nous amène à voir que si la pollution en dioxyde d’azote baisse, cela n’est pas forcément le cas pour les autres sources. Par-exemple, les particules fines sont massivement issues de la combustion de biomasse (feux de cheminée et brûlage de déchets verts) et des épandages d’engrais agricoles.

Selon les régions, telle ou telle source de particules fines va être plus importante que d’autres. Dans les zones montagneuses soumises encore à des vagues de froid, les feux de cheminée engendrent des taux élevés de particules fines, et cela d’autant plus que le confinement renforce la quête du « cocon » du foyer.

Dans la vallée de l’Arve, déjà soumise à une pollution chronique, il a été constaté des dépassements temporaires des seuils réglementaires aux particules fines. Avec des pics dans certains endroits à presque 46 μg/m3 (microgrammes par mètres cubes d’air), le seuil de 20 en moyenne annuelle selon l’UE et 10 selon l’OMS est largement dépassé. Il y a là indéniablement l’effet de la combustion de biomasse (écobuage et feux de cheminée).

À cela s’ajoute dans les zones résidentielles avec jardin, des « écobuages » puisque les propriétaires aménagent leur jardin à l’arrivée du printemps. Avec la fermeture des déchetteries, le brûlage des déchets verts peut exploser, obligeant ainsi par exemple la préfecture des Alpes Maritimes a rappeler l’arrêté d’interdiction de cette pratique…

Mais on retrouve également cette problématique de la combustion de biomasse à Paris où on relevait samedi 28 mars, une concentration de 52,4 μg/m3 de Pm 2,5. Cela rappelle la polémique à propos de la contribution des feux de cheminée dans la pollution en Île-de-France qui opposa Ségolène Royal et les organismes scientifiques, comme Airparif.

En janvier 2015, la ministre de l’écologie Ségolène Royal rendait caduc un arrêté préfectoral émis dans le cadre du Plan de Protection de l’Atmosphère (2013) d’interdiction des cheminées à foyers ouverts. Ségolène Royal parlait là d’une mesure « ridicule » et « punitive », s’appuyant sur le fait que la pollution était issue de la circulation routière. C’est juste mais partiel. On ne peut que le constater avec ce confinement : samedi 28 mars à 14h, on relevait 52,4 μg/m3 de Pm2,5 dans le 1er arrondissement, et jusqu’à 56,1μg/m3 à Gennevilliers.

Dans d’autres endroits, cela va être de manière plus importante les épandages d’engrais issu de l’agriculture. Ainsi, dans la zone agricole française qu’est le Nord-Ouest, on constate là aussi des taux élevés de particules fines.

Dans l’Orne, un département où 10,7 % de l’emploi est agricole, notamment laitier (contre 4,6 % en moyenne nationale), le petit village de Coulonche (493 habitants) a connu une concentration de 65 μg/m3 de Pm 2,5, en début d’après-midi du samedi 28 mars. À Angers, on a relevé 58μg/m3.

Cela ne veut pas dire d’ailleurs que la combustion de biomasse n’a pas aussi son rôle dans les zones agricoles, tout comme dans les zones montagneuses l’agriculture a également une part de responsabilité. De la même manière que les conditions météorologiques ont un rôle, comme les vents pouvant ramener des particules fines par ailleurs d’origine naturelle (sable du Sahara, respiration du sol, etc.) Par exemple, on relevait dans la nuit du 28 au 29 mars, 76 μg/m3 de Pm 2,5 dans le petit village italien de San Giovanni.

Mais la pollution de l’air résulte d’une dynamique complexe, avec plusieurs sources d’émission et inter-agissant dans le cadre plus général des processus de la Biosphère. Cela demande tout à la fois des études scientifiques approfondies et une planification des activités humaines en se fondant sur des valeurs d’harmonie avec la nature, objectifs que la Gauche historique porte dans le cadre du Socialisme.

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«Le réacteur n°1 de Fessenheim s’arrête enfin: un arrêt qui doit ouvrir le bal des autres fermetures!»

Voici le communiqué commun du Réseau « Sortir du nucléaire » et des associations Stop Fessenheim, CSFR, Stop Transports-Halte au Nucléaire et Citoyens Vigilants des Environs de Fessenheim :

« Le réacteur n°1 de Fessenheim s’arrête enfin : un arrêt qui doit ouvrir le bal des autres fermetures !

Enfin ! Après 8 ans de reports et de marchandages, le réacteur n°1 de la centrale nucléaire de Fessenheim doit fermer ce 22 février, suivi le 30 juin par le réacteur n° 2. Nous nous réjouissons de cette avancée, résultat de plus 50 ans de mobilisation dans la vallée du Rhin et partout en France.

Vieille, enchaînant les pannes, vulnérable par son implantation en zone sismique et en contrebas du grand canal d’Alsace : la centrale nucléaire de Fessenheim cumulait les risques. Sa fermeture était un impératif pour éviter un accident. À la mi-2020, l’Alsace sera enfin débarrassée du risque nucléaire actif [1] et pourra aborder l’avenir avec plus de sérénité… sans pour autant être plongée dans le noir (comme le rappelle RTE), ni voir ses émissions de CO2 monter en flèche ! Cette fermeture rendra d’ailleurs la région plus résiliente face au changement climatique, les eaux du Rhin cessant d’être réchauffées par les rejets de la centrale.

Si nous nous réjouissons de cette fermeture imminente, nous dénonçons vivement l’attitude d’EDF, qui a tout fait pour la repousser et s’est livrée à tous les marchandages. Il est indécent que l’entreprise reçoive à ce titre, aux frais du contribuable, une compensation pour des dépenses dont elle aurait déjà dû provisionner le montant, ainsi qu’une indemnisation pour une électricité qu’elle n’aurait certainement pas pu produire [2]. Cette affaire a fait l’objet d’une plainte devant la Commission Européenne. EDF a par ailleurs pratiqué le fait accompli et prétexté de cette fermeture pour ne pas réaliser certains travaux de mise aux normes, qui restaient pourtant nécessaires une fois la centrale arrêtée. Coûteux travaux évités et indemnisation juteuse : l’entreprise a obtenu le beurre et l’argent du beurre !

Nous attendons avec impatience la fermeture du 2ème réacteur. Mais cette perspective ne doit pas faire oublier le sort des autres réacteurs français, à peine plus récents. A la fin de cette année, 49 réacteurs auront dépassé les 30 ans de fonctionnement, et 13 les 40 ans. Si 12 réacteurs pourraient être arrêtés d’ici 2035, 44 autres sont censés continuer à tourner, un fonctionnement à 50 ans, voire plus, étant désormais considéré comme la norme ! Nous dénonçons fermement cette prolongation de l’ensemble du parc nucléaire, au mépris de la sécurité des populations et de la sûreté des installations.

L’arrêt de Fessenheim ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt ! Il est nécessaire et urgent que d’autres fermetures suivent, pour engager enfin la sortie du nucléaire et une transition énergétique digne de ce nom. »

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L’entraide dans la vie naturelle mise en avant dans un documentaire diffusé par France 2

France 2 a diffusé un très joli documentaire ce 24 décembre 2019 montrant la vie sauvage à travers la chaîne de montagne des Alpes. On y suit notamment la trace d’une louve dont la vie entre deux hivers est incroyablement bien montrée avec des images d’une grande qualité. Le film a ceci de particulièrement intéressant qu’il assume un parti pris très fort : la vie sauvage a une valeur en elle-même qu’il faut apprécier dans son ensemble et défendre, alors que l’entraide est une réalité naturelle puissante et fascinante.

Le film proposé par France 2 pour la soirée de Noël est un marqueur culturel significatif : notre époque connaît un tournant indiscutable, on ne peut plus continuer à nier et écraser la nature. Les mentalités évoluent et ce n’est franchement pas rien de voir ainsi mis en avant sur la télévision du « service public » un documentaire concluant sur l’entraide comme réalité naturelle et forme d’adaptation de la vie.

Cette réalité n’est pas quelque chose de nouveau pour les scientifiques et les personnes les plus éclairées sur l’écologie, qui connaissent par exemple les contributions scientifiques de Lynn Margulis à propos de la symbiose.

C’est quelque chose de nouveau cependant pour un reportage animalier, alors qu’ils sont systématiquement fascinés par la prédation, en diffusant le mensonge de la « loi du plus fort ».

La prédation est une réalité naturelle bien sûr et d’ailleurs le documentaire réalisé par Frédéric Fougea ne la cache pas. Cependant, elle n’est pas la norme, seulement un aspect de la vie sauvage qu’il faut de toutes manières considérer dans son ensemble et pas seulement dans ses particularités.

La mentalité bourgeoise, qui a largement dévoyé les travaux de Charles Darwin, a tout fait pendant des années pour mettre en avant la prédation, en prétendant que cette « loi du plus fort » est la seule qui vaille. Il s’agit bien sûr d’un parti pris culturel reflétant et justifiant la concurrence capitaliste.

Heureusement donc, les mentalité changent, même en France ! Il ne s’agirait pas d’être naïf cependant : ces changements en cours et à venir charrient avec eux une opposition réactionnaire de plus en plus rude et offensive.

Il n’y a qu’à voir comment la chasse à courre est défendue de manière acharnée, pour comprendre qu’il y a deux camps qui se forment : un qui veut la guerre à la nature, l’autre qui veut la protéger.

> Le film est disponible sur le site de France 2 jusqu’au 31 décembre 2019 : france.tv/france-2/le-plus-beau-pays-du-monde/904567-le-sanctuaire.html

Voici la bande-annonce du documentaire :

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[Communiqué] «Huile de palme: le gouvernement vole une nouvelle fois au secours de Total»

Voici le communiqué des associations Canopée, Amis de la Terre France et WWF France sur cette question très importante de l’huile de palme, causant des déforestations massives. Les associations dénoncent ici ni plus ni moins qu’un coup de force antidémocratique du gouvernement allant à l’encontre du vote récent de l’assemblée nationale.

(Les orangs-outans sont des grandes victimes de la généralisation de l’huile de palme)

«Huile de palme: le gouvernement vole une nouvelle fois au secours de Total

Communiqué de presse commun de Canopée, des Amis de la Terre France et du WWF France

Paris, le 18 décembre 2019 – Après le camouflet infligé par les députés le 15 novembre 2019, le gouvernement tente une nouvelle manœuvre pour sauver Total et sa bioraffinerie d’huile de palme de La Mède.

Il y a un an, jour pour jour, les députés ont voté l’exclusion des produits à base d’huile de palme de la liste des biocarburants à partir du 1er janvier 2020. Une décision que le gouvernement, sous la pression de Total, tente une nouvelle fois de remettre en cause à quelques jours de son entrée en vigueur.

Le gouvernement a prévu de modifier un arrêté de 2011 relatif à la durabilité des biocarburants qui permettrait de classifier en “résidu” l’un des principaux produits à base d’huile de palme que Total prévoit d’utiliser pour sa “bioraffinerie” de La Mède : les PFAD (Palm Fatty Acid Distillate). Cette modification pourrait avoir lieu à l’abri des regards pendant la période des fêtes de fin d’année, vers le 28 décembre 2019.

Cette classification permettrait à Total de pouvoir considérer ses biocarburants à base d’huile de palme comme des “biocarburants avancés” et donc de bénéficier d’avantages fiscaux encore plus importants.

Les PFAD ne sont pas des “résidus” d’huile de palme mais des produits techniquement très proches de l’huile de palme brute. Il ne s’agit donc pas d’un déchet mais d’un produit déjà valorisé pour de nombreuses utilisations, notamment dans l’alimentation animale, la cosmétique ou l’industrie chimique. Une hausse de leur utilisation se traduirait inévitablement par une hausse de la déforestation.

En 2017, le gouvernement a reconnu ce risque dans le cadre de la Stratégie Nationale de lutte contre la Déforestation Importée. Cette stratégie prévoit explicitement que les PFAD ne sont pas des “biocarburants avancés”. Cette décision a même fait l’objet d’un arbitrage interministériel.

Arnaud Gauffier du WWF estime que : “Par cette requalification pour le moins douteuse le gouvernement tente de contourner le vote de l’Assemblée qui s’est pourtant prononcé à une très large majorité (58 votes pour vs. 2 contre) pour la fin de l’utilisation de l’huile de palme dans les agrocarburants il y a à peine 1 mois.”

Sylvain Angerand, coordinateur des campagnes pour Canopée et porte-parole des Amis de la Terre conclut: “Après l’échec de la COP 25 à Madrid, jamais l’écart n’a semblé aussi grand entre l’inaction des gouvernements et l’urgence climatique. Avec cette nouvelle manoeuvre, il ne s’agit plus seulement d’inaction mais bien d’une régression scandaleuse. Une fois de plus, le gouvernement prouve qu’il est prêt à renier ses engagements environnementaux pour plier devant les intérêts économiques des industriels comme Total.”

Contexte :

Depuis le vote des députés en 2018, Total a multiplié les manoeuvres pour essayer de saboter cette loi sans succès : le Conseil constitutionnel a débouté la multinationale le 11 octobre 2019 et les députés ont rejeté le 15 novembre 2019, après un deuxième vote, un amendement qui avait été introduit en catimini pour repousser cette exclusion à 2026.

L’exclusion des produits à base d’huile de palme de la liste des biocarburants entraîne la perte d’un avantage fiscal de 70 à 80 millions d’euros par an pour Total et remet en cause la viabilité économique de la “bioraffinerie” de La Mède.

La “bioraffinerie” a été conçue pour fonctionner avec un approvisionnement de l’ordre de 500 à 550 000 tonnes de produits à base d’huile de palme (huile de palme brute et PFAD). L’exclusion de l’huile de palme brute pourrait entraîner un report vers les PFAD comme nous l’expliquons dans cet article