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Société

La conception réactionnaire de l’origine de la vie par les astéroïdes

Une nouvelle étude revient à la charge.

Le 3 décembre 2014, la sonde Hayabusa-2 était envoyée par l’Agence d’exploration spatiale japonaise vers un des astéroïdes de type C que composent l’Univers, l’astéroïde Ryugu (« palais du dragon ») découvert en 1999.

Si les scientifiques s’intéressent à ce type d’astéroïde, c’est parce qu’il s’est constitué il y a plus de 5 milliards d’années, soit avant la formation du système solaire et qu’il présente les éléments chimiques de l’état de la matière avant la formation du Soleil.

Prélever et analyser les compositions et la dynamique d’un tel astre, c’est ouvrir la voie à la compréhension de la formation de notre système solaire, ce qui est là tout à fait intéressant et contributif en matière d’avancée scientifique universelle.

Mais voilà, la science n’est pas quelque chose qui plane dans les cieux, et il y a toujours un rapport entre un conception donnée du monde et le travail de recherche proprement scientifique. Or, dans la société bourgeoise subsiste une propension à analyser les choses de manière séparée les unes des autres, tout autant qu’à nier l’auto-suffisance et la dynamique interne de la matière dans son développement.

La thèse de l’impulsion externe, d’une « source » extérieure à la formation de l’Univers prédomine entièrement, le Big Bang étant en cela un bel exemple de la défense religieuse d’une « création originelle » de l’Univers, thèse née dans les années 1950 autour du chanoine catholique belge Georges Lemaître.

En parallèle à cette thèse du Big Bang qui suit l’idée philosophique d’un « grand horloger », on retrouve l’idée de l’origine de la vie par « panspermie ». La « panspermie », c’est cette idée qui voudrait que la vie se « ballade » dans l’Univers grâce à un moyen de transport que seraient les météorites. Et voilà que de récentes recherches sur les poussières sur l’astéroïde Ryugu remettent une couche sur cette approche idéaliste-religieuse.

En effet, le prélèvement de fragments de poussières sur l’astéroïde Ryugu en 2019, puis leur retour sur Terre fin 2020, est une prouesse technique qui a contribué à certifier objectivement la présence d’éléments chimiques essentiels à la vie dans les astéroïdes de type C, tels de l’eau et des acides aminés (à la base de la formation de protéines complexes).

Mais le problème, c’est que les scientifiques tirent le fil et enfoncent le clou en faisant de cette conclusion, une perspective idéaliste-religieuse : l’origine de la vie se situerait ici. Et c’est toute la presse, nationale comme régionale, qui reprend cette idée d’une origine spécifique et métaphysique de la vie sur Terre.

Ainsi, Patrick Michel, membre du CNRS et de l’équipe scientifique Hayabusa-2, déclare à propos des fragments de poussières de Ryugu qu’ils vont :

« nous en dire long (…) selon la matière organique contenue dans ces échantillons, sur le rôle des astéroïdes dans l’émergence de la vie sur Terre ! »

On se demandera alors pourquoi l’eau est également présente, selon des états différents, sur la Lune ou bien encore Vénus et pourquoi la vie ne semble pas y être apparue.

Pour n’importe quelle personne soucieuse d’une approche matérialiste, il ne fait nul doute que l’Univers contient en lui-même les éléments matériels consécutifs au développement d’une de ses formes particulières, que l’on nomme la vie. Par conséquent, le souci dans ces approches, c’est la volonté de trouver un moment « décisif » ainsi qu’une « source originelle » dans l’apparition de la vie sur Terre.

C’est une terrible négation des avancées majeures dans ces réflexions que sont les apports du géochimiste Vladimir Vernadsky, puis de la biologiste Lynn Margulis et du biologiste James Lovelock. Il n’y a en effet pas d’éléments « déterminants » ayant « créé » la vie, mais un processus géochimique propre à la Terre, qui s’est alors constituée comme une Biosphère.

La vie, ou plutôt la matière vivante, est le résultat d’une combinaison matérielle qui s’est réalisée de manière dynamique et interne à la Terre où tout est lié et où rien n’est plus déterminant qu’un autre, et rien n’est moins religieux que de croire (car c’est le mot à utiliser ici, et non pas « penser ») à une impulsion originelle extérieure à la Terre elle-même.

Mais tout cela n’étonnera guère quiconque analyse les choses en profondeur et sait voir la marche du monde actuel, miné par une régression à tous les étages de la vie sociale et culturelle. On bascule vers la réaction intellectuelle à tous points de vue, et en voilà une nouvelle illustration.

Car si l’on suit la thèse de la météorite… On va se demander d’où elle vient… Et d’où vient ce qui vient… Et à l’infini jusqu’à avoir besoin d’un Dieu comme grand démarreur de l’univers. C’est là-dessus que jouent tous les religieux pour combattre le matérialisme, à l’instar du best-seller du début de 2022 « Dieu, la science, les preuves ».

Il est clair que pour continuer à progresser sur le chemin rationnel de la connaissance à propos de la formation de la matière vivante, il y a un besoin de changement de société, d’une société où domineront les principes philosophiques matérialistes dans toutes les sphères de la connaissance humaine. Élan dont seule la classe ouvrière marchant vers le socialisme est en mesure de porter, car elle seule porte le collectivisme, et donc la capacité à comprendre les rapports des choses les unes aux autres.

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Société

Le lancement du télescope spatial James Webb ou le besoin d’une humanité unifiée

Le lancement du télescope spatial James Webb est l’aboutissement d’une collaboration entre la NASA, l’Agence Spatiale Européenne et l’Agence Spatiale Canadienne.

ESA-M.Pedoussaut

Après vingt années de mise au point et quelques semaines de report, le télescope spatial James-Webb (JWST) sera lancé aux alentours de 13h20 heure française ce vendredi 24 décembre. Si l’opération est un succès, ce télescope va permettre à l’humanité de voir plus loin dans l’univers, donc dans le temps et surtout de trouver des exoplanètes dans d’autres galaxies et peut-être la vie.

Pour voir plus loin dans l’univers, il utilisera la méthode infrarouge et est jusqu’à cent fois plus puissant que son prédécesseur Hubble. Mais pour être complètement opérationnel, il va devoir être envoyé à une distance de 1,5 millions de kilomètres de la Terre. C’est qu’avec la méthode infrarouge, la structure du télescope ne doit pas dépasser – 200°C, il doit donc être suffisamment loin du soleil. Aussi, il est constitué d’un bouclier thermique de 22 mètres de long et 10 de large pour protéger son miroir de 6,5 m² recouvert d’or.

NASA/Chris Gunn

C’est un voyage de près de trois mois qui attends le JWST si le lancement se passe bien. Au cours de ce voyage, il faudra déployer le bouclier thermique, ce qui est une manœuvre jamais réalisée dans l’espace. En effet, faire jouer des mécanismes est très hasardeux compte tenu des conditions extrêmes. 

Ce n’est donc pas le jour du réveillon que l’on saura si l’expérience a été fructueuse. C’est même seulement après environ six mois que les premières découvertes du télescope pourront nous parvenir. Six mois finalement, ce n’est pas grand-chose compte tenu du gigantesque bond en avant dans la connaissance spatiale que le JWST devrait apporter.

Son acuité permettra d’observer des planètes jusque dans des galaxies vieilles de 13,5 milliards d’années lumière et une de ses missions principales sera d’analyser les exoplanètes et trouver lesquelles sont propices à la vie. Les exoplanètes, c’est le nom de planètes qui se trouvent en dehors du système solaire.

Pour cela le télescope est doté d’une technologie permettant de déterminer si l’exoplanète a une atmosphère et si oui, comment elle se compose. Dans le futur, il s’agira de choisir laquelle est la plus à même d’abriter la vie pour monter une mission, d’exploration cette fois.

On est ici dans une épopée qui dépasse l’intérêt immédiat, car devra se décliner sur au moins trois générations.

Le problème, c’est que dans le capitalisme, une telle prouesse humaine a également une double fonction rétrograde. La volonté de découvrir des exoplanètes habitables et propices à la vie sert parfois de caution idéologique à continuer la destruction écologique sur Terre. Détruisons tout, on trouvera bien une autre planète pour y vivre (et recommencer).

Et, surtout, les progrès technologiques visent à irriguer le développement technique de la production et de la consommation capitalistes. S’il y a un aspect science pour la science qui existe subjectivement, objectivement les grands projets s’insèrent toujours dans une mise en perspective utilitariste, commerciale, stratégique. La NASA se veut par exemple entièrement non militaire, mais en pratique elle sert directement l’armée américaine. Les bases technologiques de la navette spatiale sont ainsi passées dans les mains de l’US Air Force pour des vols secrets entièrement robotisés.

Paradoxalement et de manière contradictoire, cette affirmation spatiale correspond aussi a un besoin de l’Humanité toute entière, qui est fascinée par le cosmos, les voyages spatiaux, la découverte de l’univers. Le sens historique du lancement du télescope spatial James-Webb, c’est en ce sens celui du besoin d’une humanité conscientisée, pacifiée et unifiée afin d’assumer les enjeux de compréhension du Cosmos. Du point de vue de l’humanité, on voit à quel point la société, qu’elle le veuille ou non, marche vers le socialisme. 

En attendant, tout cela est déformé, martyrisé, retourné en son contraire, par un capitalisme qui a fait son temps.

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Guerre

La Russie détruit un vieux satellite avec un tir d’essai militaire

La guerre aura aussi lieu dans l’espace.

Le gouvernement Russe a procédé lundi 15 novembre 2021 à un tir antisatellite. Il s’agissait de détruire, comme cible d’un d’essai militaire, un appareil soviétique Kosmos-1408 inactif, en orbite autour de la terre depuis 1982.

Le tir a provoqué une pluie de débris identifiables, répartis en environ 1500 morceaux qui ont contraint, selon la procédure standard, l’équipage de la station spatiale internationale à se réfugier dans les vaisseaux d’évacuation. Ce genre de débris atteignent des vitesses très élevées, risquant de provoquer des dégâts considérables.

Bill Nelson, dirigeant de la NASA, l’agence spatiale américaine qui fonctionne indirectement au service de l’armée américaine, s’est dit « scandalisé » par cette « action irresponsable et déstabilisatrice » mettant « en danger non seulement les astronautes américains et des partenaires internationaux dans l’ISS, mais aussi ses propres cosmonautes ».

En fait, les réactions ont afflué depuis le monde entier face à ce geste militaire assumé, y compris de la part de la France via sa ministre des Armées dénonçant « les saccageurs de l’Espace » ayant « une responsabilité accablante en générant des débris qui polluent et mettent nos astronautes et satellites en danger ».

Toutefois, ces réactions ne sont essentiellement pas d’ordre pacifistes, écologistes et scientifiques, mais surtout d’ordre politico-militaires. Il s’agit de dénoncer une puissance concurrente, dans le cadre de la grande tendance à la guerre pour le repartage du monde. La Russie, certes, a une responsabilité immense en procédant ainsi à une telle démonstration de force ayant une véritable visée stratégique militaire. Elle assume de pouvoir transformer l’espace en un immense champs de bataille en procédant à des tirs antisatellites.

Les détracteurs de la Russie, États-Unis en tête, ne sont toutefois pas en reste, disposant également d’une capacité de destruction antisatellite et ayant déjà procédé à plusieurs tirs d’essais militaires antisatellite (dont le dernier en 2008). Du côté de la France, la capacité de tirs antisatellite est une préoccupation majeur pour la nouvelle armée de l’air et de l’espace, qui assume ses ambitions depuis son officialisation en juillet 2020. L’Armée française a d’ailleurs mis en scène en mars dernier un wargame très sérieux pour simuler une guerre spatiale contre la Russie.

Il s’agit en tous cas pour la Russie avec son tir d’essai militaire de montrer en pratique qu’elle n’a pas peur de frapper, qu’elle a les moyens de le faire facilement et rapidement. Un tel tir est pourtant complexe à mettre en œuvre puisqu’il faut viser un objet en mouvement rapide sur une orbite spatiale. C’est en tous cas un enjeu majeur pour une puissance secondaire telle la Russie, qui a besoin de pouvoir nuire efficacement face à la superpuissance américaine, dont le réseau satellitaire est aussi déterminant stratégiquement que fragile opérationnellement.

La Russie, en tant puissance challenger, et potentielle alliée de la superpuissance émergente chinoise, envoie donc un message très clair au monde quant à sa capacité de tir spatial, quitte à assumer de contribuer dangereusement à la pollution spatiale.

Cette pollution spatiale est un véritable désastre, accentuée bien sûr par ce nouveau tir, mais déjà bien réelle et conséquente depuis des années. Il existe une véritable poubelle en orbite autour de la Terre. La perspective d’une guerre mondiale se déroulant aussi dans l’espace aggraverait considérablement cette pollution, qui pourrait même astreindre l’humanité à rester bloquée sur Terre pendant des années et des années avant de pouvoir nettoyer.

C’est donc vers une véritable catastrophe que notre monde se dirige. Telle est l’actualité à notre époque.

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Guerre

Militarisme: la France réalise le premier exercice militaire spatial européen

La France contribue à la tendance à la guerre, et en premier lieu dans l’espace.

La militarisation de l’espace est un aspect essentiel de la tendance à la guerre. Et la France est au premier rang ici avec un exercice militaire spatial, le premier d’un pays de l’Union européenne. L’exercice a été présenté comme suit :

« Piloté par le Commandement de l’espace (CDE) de l’armée de l’Air et de l’Espace (AAE), cet exercice tactique et opératif d’entraînement aux opérations spatiales militaires se déroule au Centre national d’études spatiales (CNES) à Toulouse.

AsterX rassemble une cinquantaine de participants dont les experts opérationnels des différentes unités du CDE : le Centre de commandement et de contrôle des opérations spatiales (C3OS) de Paris, le Centre militaire d’observation par satellite (CMOS) de Creil, et le Centre opérationnel de surveillance militaire des objets spatiaux (COSMOS) de Lyon. »

Le nom ridicule de l’exercice, qui vise à le rendre « sympathique » par la référence à la bande dessinée Astérix avec ses Gaulois beaufs, fait également référence au premier satellite français, Astérix, lancé en 1965. Ce nom choisi en 1965 fut choisi pour masquer le nom initial, A-1, pour Armée-1.

Le satellite Astérix n’avait en effet qu’une seule fonction : fournir des données sur son lanceur mis en place par le Centre interarmées d’essais d’engins spéciaux. On est ici dans le développement des missiles balistiques inter-continentaux, en parallèle avec la recherche spatiale, l’un n’allant pas sans l’autre.

Désormais les choses sont encore plus ouvertement assumées. Le colonel Christophe Michel, directeur de l’exercice « AsterX 2021 », a harangué ses troupes lors de l’inauguration de l’exercice, qui dure du 8 au 12 mars 2021, en concluant de la manière suivante :

« Vous êtes des combattants du spatial. »

C’est totalement fou : les militaires présentent ouvertement leur bellicisme et il n’existe strictement aucune opposition à ce niveau. Cet exercice est d’ailleurs un vrai wargame. Les quatre jours d’exercices résument quatre semaine de bataille spatiale, avec 10 000 objets spatiaux, 5 applicatifs opérationnels,18 événements spatiaux.

Il n’est nul besoin de préciser que la principale cible d’un tel wargame est la Russie. Officiellement, ce n’est pas dit tel quel :

« Le scénario spécialement imaginé va s’intensifier : sur un continent fictif, une crise géopolitique prend progressivement de l’ampleur entre deux régions. L’objectif : surveiller l’activité et répondre aux possibles attaques spatiales. »

Sauf que dans le scénario, la France n’est pas l’une de ces deux régions : elle a une alliance avec l’un des deux protagonistes et intervient pour l’épauler. D’où on l’aura compris la présence de représentants de l’armée américaine – de la Space Force mise en place par Donald Trump – pour assister au wargame, avec à l’arrière-plan la ligne du nouveau président américain Joe Biden de briser la Russie avant de s’attaquer à la Chine. Des représentants allemands sont également présents.

D’ailleurs, le Commandement de l’espace de l’armée de l’Air et de l’Espace – c’est le nom officiel depuis 2020 – centralise ses forces à Toulouse, lieu du wargame, et dans cette même ville va s’installer dans les deux ans le Centre d’excellence de l’OTAN pour le domaine spatial. C’est là une chose inacceptable et ce serait un suicide de la Gauche que de ne pas combattre la mise en place d’un tel centre.

Et il n’est guère difficile de deviner ce qui se trame : il y a la volonté d’affronter la Russie dans des domaines bien précis. Il faut également se rappeler de la récente provocation militaire française dans la région de la mer noire. Tout se tend de plus en plus et la France est en première ligne dans la militarisation, dans la mise en place des perspectives concrètes de guerre.

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Société

Perseverance et l’exploration spatiale

Jeudi 18 février 2021, l’astromobile Perseverance a atterri sur la surface de la planète Mars, après un voyage de plusieurs mois ayant été lancé le 30 juillet 2020. Son objectif principal est de trouver des traces de vies passées, ou d’étudier un environnement qui aurait été propice à l’apparition de la vie.

Cette mission s’inscrit dans un vaste programme de retour d’échantillon de roches martiennes, dont les prochaines étapes seront l’envoi des éléments pour ramener ces échantillons : un astromobile qui ira au sol chercher les échantillons collectés accompagné d’un véhicule pour redécoller du sol martien, et un orbiteur pour faire le trajet retour, de Mars à la Terre. Ces missions devraient démarrer aux alentours de 2026 pour un retour sur Terre vers 2031. 

Soit un programme de plus d’une décennie où chaque étape est décisive pour la suite, c’est donc une entreprise scientifique d’une ampleur considérable.

La diffusion en direct (en faux direct car il faut environ 11 minutes pour que les informations nous parviennent de la planète rouge) de l’atterrissage de Perseverance a donné lieu à un assez large enthousiasme, étant même diffusé par des chaînes d’informations françaises, et de nombreuses chaînes de streaming sur internet.

Bien sûr le fait que l’agence spatiale française, le CNES, fasse partie de l’aventure avec l’instrument scientifique SuperCam, a dû jouer, mais cela n’explique probablement pas tout.

De manière assez pragmatique on peut se dire que ce genre d’aventure lointaine, qui se déroule sur le moyen-long terme permet aussi de se sortir du contexte renfermé et sans visibilité sur le futur que la pandémie de Covid-19 impose depuis de longs mois.

Et puis, surtout, il y a tout ce que représente l’exploration spatiale et la recherche de vie. 

Contrairement à la planète Terre, Mars, pour diverses raisons, a vu son évolution prendre une orientation rendant impossible la vie telle qu’on la connaît. Mais elle a potentiellement en mémoire géologique des informations passionnante sur la formation des planètes telluriques et de l’apparition de la vie.

La vie est un sujet de fascination assez naturel , en tant que plus haut niveau de complexité de la matière en mouvement. Découvrir comme elle est apparue dans notre système solaire, mais aussi peut-être découvrir qu’elle n’est pas une exclusivité de la Terre, nous ramène à notre place dans l’univers et dans son histoire. 

Mais l’exploration de l’espace et de la vie dans l’univers font aussi écho à un profond sentiment d’universalité. C’est rêvé à une humanité unifiée, travaillant ensemble pour le progrès de la science au service de la vie. 

Si Mars 2020 s’inscrit encore dans un contexte principalement scientifique, il ne faut malheureusement pas se leurrer sur l’arrière-plan politique et économique.

L’exploration spatiale a connu son plus grand essor au plus fort des tensions de la guerre froide entre les États-Unis et l’URSS. L’objectif était principalement une démonstration de force politique, impérialiste, quitte à prendre d’importants risques lors des missions habités pour ne pas se faire doubler.

Elle a nettement perdu en vitesse lorsque les relations se sont réchauffées, les programmes lunaires étant abandonnés vers le milieu des années 1970 et l’exploration de Mars à la fin des années 1970 après les sondes américaines Viking 1 et 2.

Les États-Unis se sont alors surtout focalisés sur la navette spatiale, et l’Union Soviétique sur les stations spatiales (Sailout puis Mir), des programmes de très haut niveau techniquement, mais d’une ampleur moindre. 

Il y a eu un regain d’intérêt à la fin des années 1990 à la fois pour Mars et avec la Station Spatiale Internationale rassemblant les plus grandes puissances spatiales du monde.

 

La navette spatiale Endeavor amarré à la Station Spatiale Internationale (2011)

Si l’aspect scientifique est alors davantage mis en avant, il existe évidemment d’autres intérêts (développer des technologies ensuite employés dans le secteur militaire, supporter des secteurs industriels économiquement). 

Le secteur spatial n’est évidemment pas au dessus de la société et les tensions entre puissance impérialiste s’en ressentent fortement depuis quelques années. 

L’Espace est une zone qui est très peu réglementée. En 1967 USA et URSS se mettent d’accord pour signer et ratifier le “Traité de l’espace” qui spécifie qu’aucun État ne peut s’approprier un corps céleste, ni utiliser l’espace à des fins militaires. 

Cela s’explique simplement par le fait que personne ne savait qui atteindrait la Lune en premier, ainsi dans le doute il valait mieux se mettre d’accord. 

En 1979 il y a une volonté de prolonger et d’étendre ce traité avec le “Traité de la Lune”, faisant de notre satellite naturel et de tout corps céleste un “patrimoine commun de l’humanité”. C’est un échec, la plupart des puissances spatiales ne l’ont pas signé et d’autres, comme la France, l’ont signé mais non ratifié. 

2015 marque un tournant majeur avec le SPACE Act qui met à jour le droit de l’espace américain stipulant que les “citoyens américains peuvent entreprendre l’exploration et l’exploitation commerciales des ressources spatiales”. Ressources consistant principalement en l’eau et les minéraux. 

C’est donc clairement un coup qui est porté au traité de 1967, avec pour justification que ce dernier ne parlait que d’un corps céleste en tant que tel, et pas des ressources qu’il contient. 

Ce SPACE Act est aussi le reflet de l’explosion du secteur privé dans l’exploration (qui devient de plus en plus “conquête”) spatiale, appelé le “New Space” dont les fers de lance sont SpaceX et Blue Origin, appartenant respectivement aux milliardaires Elon Musk (Tesla) et Jeff Bezos (Amazon) aux Etats-Unis mais qui s’étend à d’autres pays dont la Chine.

Les intérêts de l’espace est vaste avec évidemment divers satellites : comme le projet Starlink de SpaceX visant à envoyer plus 12 000 satellites en orbite pour créer un vaste réseau d’accès à internet à travers le monde. Et ce ne sont pas les seuls : Amazon a pour projet la constellation de satellites Kuiper également pour de l’accès à internet, et d’autres sociétés et États comptent faire de même (la Russie, la Chine, l’Europe…). C’est évidemment une course économique aux données numériques et à l’autonomie qui va surcharger l’orbite terrestre basse, accumulant toujours plus de débris spatiaux et créant une pollution lumineuse créant des problèmes pour l’observation astronomique du ciel.

Un autre centre important d’intérêt dans l’espace est la Lune qui fait son retour depuis quelques années, notamment via la Chine qui a réussi un retour automatique d’échantillons en décembre dernier (ce qui n’avait pas été fait depuis la mission soviétique Luna 24 en 1976), ou les États-Unis via le programme Artemis.

Pour certains, la Lune représente un intérêt en vue de voyage vers Mars (utilisation de son orbite, extraction de son eau glacé), mais aussi pour ses ressources rares, comme l’Helium-3. 

La Terre vue de la Lune

L’utilisation de matériaux extraterrestres est de plus en plus envisagée, notamment par la Chine qui a pour objectif la construction d’une station solaire spatiale dans les années 2030. 

D’une dimension de plusieurs kilomètres carrés, l’utilisation de matières récupérées sur la Lune ou sur des astéroïdes (c’est le sens de la mission de retour d’échantillon d’astéroïdes Zheng He prévu pour 2022-2025), permettrait de réduire les coûts. 

Notons aussi que la Station Spatiale Internationale arrivera à terme au cours de cette décennie, qu’en parallèle la Chine développe sa propre station (qu’elle veut officiellement ouverte aux partenariats) dont les premiers modules devraient être placé en orbite cette année, et que les États-Unis ont le projet d’une station en orbite lunaire, privilégiant à présent les accords bilatéraux aux multilatéraux, et en mettant la pression pour faire reconnaître la validité du SPACE Act et donc l’exploitation minière de la Lune. 

Tout cela n’est que le reflet des tensions entre puissance impérialiste, auquel nous pouvons ajouter des pays qui souhaite se faire une place comme l’Inde (qui a aussi des intentions envers la Lune avec les missions Chandrayaan) ou les Emirats Arabes Unis qui viennent de placer la sonde Al-Amal en orbite autour de Mars.

La planète Terre n’est donc pas la seule à hurler son besoin de socialisme, l’exploration spatiale et l’univers tout entier à besoin d’une humanité unifiée pour aller de l’avant, dans le sens de la vie, et non vers la guerre qui se profile sur la guerre et dans le ciel.

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Vers la guerre: Florence Parly officialise la nouvelle appellation « armée de l’air et de l’espace »

Depuis la base aérienne 701 de Salon-de-Provence, la ministre des Armées Florence Parly a officialisé la nouvelle appellation de l’armée de l’air en y ajoutant « l’espace ». Le discours guerrier est assumé pour faire du spatial un des grands enjeu de l’affrontement entre grandes puissances.

Le changement de nom de l’armée de l’air pour devenir l’armée de l’air et de l’espace n’a pas fait grand bruit. C’est pourtant un changement d’une importance fondamentale, marquant un tournant majeur. Bien qu’elle ne soit pas encore inscrite dans la loi, cette nouvelle appellation a été officialisée vendredi 24 juillet 2020 par Florence Parly devant les élèves officiers de l’École de l’air.

Les futurs officiers se verront dorénavant dispenser une formation poussée dans le domaine spatial, au même titre que pour l’aérien terrestre.

Dans une entretien au quotidien La Provence, la ministre des Armées a présenté son projet en assumant totalement la militarisation de espace, effaçant toute approche civile de la question spatiale  :

« L’espace est d’abord vu comme un environnement dans lequel la science a vocation à progresser ; moins comme un milieu de confrontation éventuelle. Or c’est ce passage d’une vision d’un espace « bien commun », au service de la science, à un espace dans lequel les puissances continuent de se disputer la suprématie mondiale, qu’il nous faut désormais prendre en compte. »

Preuve de cela, c’est à Toulouse que sera localisé le futur siège grand commandement de l’espace de l’armée :

« nous avons décidé de le localiser à Toulouse car c’est le cœur battant du spatial français et c’est là que nos officiers de l’armée de l’air se forment au pilotage des satellites, auprès des opérateurs du CNES. »

Le CNES, c’est le Centre national d’études spatiales, qui est avec l’Agence spatiale européenne dont il est partie prenante, un l’équivalent de la NASA américaine. Sa visée est normalement scientifique, bien qu’il ait toujours été associé au militaire. Il dépend d’ailleurs à la fois du ministère de la Recherche et de celui des Armées, mais pas du tout de celui de l’écologie, alors que cette approche devrait être sa principale préoccupation à notre époque.

Officiellement, la question militaire est secondaire pour le CNES, ne représentant que 12 % de son budget en 2018. En pratique, cela est de moins en vrai et déjà en 2010 la France se dotait d’un commandement interarmées de l’espace collaborant directement avec le CNES. Les choses vont donc de plus en plus loin et la France va même plus loin que les État-Unis qui se sont dotés en décembre 2019 d’une « US Space Force » au sein de l’« US Air Force ».

Bien sûr, la France prétendra toujours avoir le bon rôle, ne faire que s’aligner sur les enjeux mondiaux, etc. Cette fois, le prétexte viendrait de la Russie et d’un acte hostile en 2017 contre un satellite français. Tout récemment, la Grande-Bretagne et les État-Unis dénonçaient également un tel acte à leur encontre.  En tous cas, la France assume ouvertement de gonfler les muscles et de bomber le torse, dans une course en avant militariste. S’il faut aller à la guerre, la ministre des Armée s’y prépare allègrement, avec un discours qui fera froid dans le dos à tout pacifiste :

« Le but est de faire savoir aux autres puissances spatiales que nous avons des yeux, des connaissances propres. Nous disposerons bientôt de petits satellites patrouilleurs qui nous permettront de détecter, caractériser et attribuer à leurs auteurs, ce type de manœuvres inamicales. Nous avons également fait savoir très officiellement que nous nous réservions le droit de développer des moyens d’autodéfense pour nos satellites. Je souhaite que nous puissions, dans les meilleurs délais, équiper certains nos satellites de lasers de puissance, pour tenir à distance et le cas échéant, éblouir ceux qui tenteraient de s’approcher de trop près. »

Quoi que dise la ministre des Armées, dont le ministère a d’ailleurs changé de nom sous son mandat, car on parlait avant de ministère de la « Défense », son discours est agressif, militariste. Elle peut bien prétendre n’être « en aucun cas engagés dans une course aux armements », il y a pourtant là une escalade assumée.

Le budget alloué au renouvellement des satellites militaires et des radars spatiaux était de 3,6 milliards d’euros dans la loi de programmation militaire votée en 2018 : il devrait finalement être porté à 4,3 milliards d’euros. Le grand commandement de l’espace lancé en 2019 avec 200 personnes devrait en compter 500 d’ici 2025, qui seront installées dans un bâtiment de 5000 m².

L’armée française utilise de plus en plus l’espace pour ses opérations, à des fins de communication, d’observation, de positionnement de l’armement, etc. L’enjeu est majeure pour la France, qui s’assume toujours plus comme une puissance militaire, alors qu’elle devient toujours plus secondaire économiquement et politiquement dans le monde.

Le capitalisme mène à la concurrence entre des grandes puissances, qui mène directement à la guerre. Comme avant 1914, comme avant 1939, le monde se prépare à un affrontement généralisé, avec cette fois l’espace comme enjeu militaire majeur. C’est une actualité essentielle pour la Gauche, qui doit s’y opposer fermement, qui doit s’engager profondément dans le tissage d’une grande alliance des peuples du monde opposés à la guerre et à la destruction de la Terre par les grandes puissances du capitalisme.

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Guerre

Space X et la tendance à la guerre

Alors qu’une grave crise sociale secoue les États-Unis en parallèle à son effondrement économique, les grandes entreprises les plus avancées au plan technologie s’approprient de plus en plus la direction générale de l’État. Cela ne fait qu’aggraver la tendance à la guerre contre la superpuissance chinoise.

« Nous ne deviendrons nulle part numéro deux », telle a été l’une des expressions de Donald Trump après le lancement de la mission Space X ce samedi 30 mai 2020. Après le lancement de nouveaux satellites starlink, le géant capitaliste Elon Musk, dirigeant de Space X, continue son assaut vers l’espace en partenariat avec la Nasa.

Cette mission consistait à envoyer un vaisseau cargo spatial « Crew Dragon » vers la station spatiale Internationale (ISS). Ce lancement a été largement médiatisé puisque depuis 2011 les États-Unis n’avait plus les moyens d’envoyer des astronautes dans l’espace, cela signifiant son retour grâce à une entreprise privée (Space X).

La citation de Trump fait ainsi directement allusion à la compétition avec la Chine en visant le maintien du leadership international des États-Unis dans tous les domaines.

Depuis les années 1990, la Chine a lancé un programme spatial qui n’a cessé de prendre de l’ampleur. Un pallier a été franchi dans les années 2010, pour devenir à la fin de cette décennie le numéro un des lancements de fusées dans l’espace. Avec un budget estimé à plus de 8 milliards d’euros, la Chine a lancé en 2018, 39 fusées en orbite, contre 31 pour les États-Unis, 20 pour la Russie et 8 pour l’Europe. En janvier 2019, la Chine a par exemple déposé Change-4, un robot d’exploration sur la Lune.

Voilà une illustration de la fuite en avant des États-Unis qui se pensent une puissance redoutable alors qu’elle est en fait toujours plus affaiblie. C’est à la suite d’accidents spatiaux que la navette spatiale américaine a été supprimée en 2011, les États-Unis devenant alors dépendant des fusées russes Soyouz.

Tout cela accompagne en fait une militarisation généralisée de l’espace. Le 14 juillet 2019, Emmanuel Macron annonçait déjà « un grand commandement de l’espace ». Et Donald Trump n’a pas manqué de préciser que la réussite de Space X ouvrait la perspective de la conquête de Mars, ce qui donnerait aux États-Unis les « armes les plus extraordinaires jamais imaginées ».

Cela n’a pas manqué de susciter des réactions, notamment de la Russie parlant de l’« hystérie » de Trump. Car le lancement de SpaceX réussie en ce mois de juin 2020 fait suite en fait à un échec en 2014, ce qui a permis à Elon Musk de répondre directement à la Russie par « le trampoline fonctionne », en allusion à la moquerie des Russes à ce propos.

A l’image des années 1930 ou du début du XXe siècle, on a là tous les ingrédients de la fuite en avant vers la guerre. Ces ingrédients sont évidemment l’accentuation de la crise sociale et économique, avec en arrière-plan des grandes entreprises qui s’imposent de plus en plus massivement aux commandes de l’État lui-même.

La situation sociale aux USA est explosive, exprimant déjà des craquements à la suite du meurtre de George Floyd, et le pays avance de plus en plus dans la décomposition généralisée. Mais, la Chine est également très affaiblie, avec une croissance économique en chute libre.

Ces deux superpuissances s’enferment dans une logique autoritaire étouffante à l’intérieur et maintiennent une perspective de conquête extérieure. La fuite en avant semble inéluctable, avec la question d’un repartage générale du globe par le conflit armé.

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Écologie

Le projet antidémocratique Internet Starlink par l’entreprise SpaceX

L’entreprise Space X présidée par Elon Musk vient de lancer de nouveaux satellites dans l’orbite terrestre afin de bâtir un nouveau réseau internet. Également connu comme président de l’entreprise d’automobiles électriques Tesla, Elon Musk est le représentant de cette bourgeoisie totalement décadente perdant pied avec le réel mais s’imaginant à l’avant-poste de la modernité.

Le milliardaire Elon Musk, ancien conseiller de Donald Trump, a lancé ces derniers jours 60 nouveaux satellites de son projet « internet Starlink », autorisé par Commission fédérale des communications des États-Unis en 2018. Ils font dorénavant partie des 420 satellites d’internet Starlink, avec à terme la mise en orbite d’un peu plus de 12 000 satellites pour un lancement officiel en 2025.

Placés dans la basse orbite (200 – 500 km d’altitude), ces satellites veulent offrir un réseau qui sera donc indépendant de l’actuelle infrastructure terrestre et marine, avec comme objectif principal d’augmenter le débit d’internet. Les satellites de Starlink pourraient offrir un temps de communication extrêmement court, de l’ordre de 25 millisecondes de latence (pour 30 à 60 millisecondes actuellement pour un très bon accès internet).

Le lancement des derniers satellites n’a pas manqué d’alerter bon nombre de gens, pensant y voir des ovnis ou des étoiles filantes. Et c’est bien là que réside le problème : le projet est inconnu des larges masses avec une grande entreprise qui impose son projet par « en haut ». Il a fallu qu’en plein confinement les gens s’aperçoivent des traînées de lumières diffusés par les satellites dans la nuit pour que le projet soit mieux connu.

Car la question de l’utilisation (ou non) de l’espace planétaire est une question éminemment démocratique, tant la connaissances des étoiles et du système solaire en général fait partie d’une connaissance populaire répandue. La passion pour les éclipses en est une bonne illustration et plus que jamais la nuit étoilée fait partie d’un rapport universel à la nature, et à la science.

Alors que la pollution lumineuse terrestre causée par les spots publicitaires et l’éclairage inutile défigure cette contemplation populaire, voilà que le projet Starlink va encore assombrir la nuit étoilée.

Pour le capitalisme, la nature est surtout un obstacle à faire sauter pour les besoins d’accumulation du capital. À cela s’ajoute l’anarchie complète de ce mode de production qui se développe dans le mépris total des conséquences à moyen-long terme sur l’environnement.

Le projet Space X va ainsi multiplier de plusieurs fois le nombre de satellites dans l’espace terrestre. À titre de comparaison, en 2018 la mission d’exploration spatiale Kepler a déployé 140 satellites. Or, les satellites à basse altitude ont une durée de vie très courte, ce qui la pose la question du traitement des satellites déchus à l’heure où les débris spatiaux est un grand problème. Il y a actuellement des milliers de débris, dont 8 000 de plus de 10 cm, qui circulant à plus de 8km/sec dans l’espace, menaçant toute la sécurité spatiale, que le film Gravity l’illustre bien.

> Lire également : Débris spatiaux, une poubelle autour de la Terre

Le projet Starlink correspond à une tentative d’élargissement des capacités d’accumulation du capital au moment même où la machine se grippe de manière irréversible. Cela pourrait bien ouvrir la boite de Pandore pour des grandes entreprises en quête d’un nouveau terrain vierge. C’est déjà par exemple le cas de cette start-up russe Startrocket qui souhaiterait commercialiser des espaces publicitaires dans l’espace ou encore Amazon avec un projet similaire d’internet nommé « Kuiper ».

Développé dans un cadre démocratique et fondé sur la dignité populaire, un tel niveau technologique devrait pourtant être utilisé à des fins universelles. Cet objectif universel, populaire, c’est la recherche scientifique, ou plutôt la quête scientifique de nouvelles formes de vie dans l’univers comme le font déjà de nombreuses explorations sur les exoplanètes.

L’espace doit rester tel qu’il est et ne pas être pollué par des infrastructures visant simplement l’élargissement du capital. La reconnaissance de la nuit étoilée comme porte d’entrée vers la vie et l’Univers doit être une bataille démocratique contre le projet mortifère de SpaceX.

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Guerre

La militarisation forcenée de la «stratégie spatiale de défense française»

On en sait davantage sur les ambitions spatiales militaires de l’État français et celui-ci n’y va pas par quatre chemins. On va vers l’armement des satellites, une utilisation de toutes les ressources spatiales civiles au service de l’armée. Et tout cela, dans une course aux armements assumée, avec un objectif déclaré : l’hégémonie.

« La revue stratégique de défense et de sécurité nationale de 2017 a fait le constat d’une compétition accrue entre États-puissances qui augmente la probabilité d’une confrontation militaire interétatique. »

Cette citation provient du document officiel de l’armée française concernant la « stratégie spatiale de défense française ». Cela a le mérite d’être clair : la tendance à la guerre est là. Et l’espace joue un rôle capital, car les communications et l’orientation des troupes passe désormais par là, tout comme bon nombre d’activités économiques profitant des télécommunications, du GPS, etc.

La militarisation de l’espace est donc inévitable et elle va être forcenée du côté français, car c’est là déjà un de ses points forts. La veille du 14 juillet, Emmanuel Macron avait annoncé, devant les plus hauts gradés de l’armée, la formation prochaine d’une section militaire dédiée à l’espace. Il fait ainsi exactement comme Donald Trump qui a annoncé la naissance d’une « space force ».

> Lire également : Armée de l’air et de l’espace, CEMAT, ultra-modernisation… La France se précipite vers la guerre !

Florence Parly, à la tête du ministère des armées, en a donné longuement les caractéristiques, sur la base aérienne 942 de Mont-Verdun, fin juillet. L’endroit héberge le Commandement de défense aérienne et des opérations aériennes. Le ministère des armées a diffusé un communiqué à ce sujet, qui commence par une citation de l’allocution de la ministre :

« Aujourd’hui, nos alliés et nos adversaires militarisent l’espace. Et alors que le temps de la résilience se fait de plus en plus court, nous devons agir. Nous devons être prêts. »

Alliés et adversaires : telle est la logique de l’État, qui en militarisant l’espace, sait très bien ce qu’il fait, à savoir aller à la guerre. Les choses sont ici entendues, il s’agit bien d’affrontement et d’agir donc pour avoir les moyens de cet affrontement.

Florence Parly a également affirmé la chose suivante, tout à fait exemplaire de l’esprit « star wars » qui prédomine :

« Vouloir devenir un jour général de l’espace, ce ne sera plus une fantaisie, ce sera une ambition crédible »

Dans son introduction au document sur la Stratégie spatiale de défense de l’armée, elle place la barre également très haut :

« La France, troisième puissance spatiale, j’y crois. Nous avons fait partie des pionniers. Nous sommes sur le point de devenir l’avant-garde. »

Concrètement, la militarisation de l’espace va se réaliser à partir d’une entité autonome, qui prend le relais du Commandement interarmées de l’espace formé en 2010, en intégrant également le Cosmos (centre opérationnel de surveillance militaire des objets spatiaux) et le CMOS (centre militaire d’observation par satellites).

Cette nouvelle entité va dépendre de l’armée de l’air encore, mais seulement formellement. Dans les faits, elle va être appelée à monter en puissance et à posséder ses propres capacités opérationnelles.

Son budget va être d’ailleurs boosté : le budget 2019-2025, déjà de 3,6 milliards d’euros, va connaître une augmentation de 700 millions d’euros. Le fait que les télescopes civils du CNRS et d’Ariane Group soient associés aux radars Graves et Satam pour la surveillance de l’espace sera dorénavant encore plus formalisé. Les satellites de communication Syracuse seront bientôt munis de caméras de surveillance, de lasers de puissance pour éblouir, de mitraillettes pour détruire les panneaux solaires.

Des nano-satellites patrouilleurs sont également prévus, afin de servir d’intercepteurs. Des minis lanceurs de satellites de remplacement font partie de tout ce projet de guerre spatiale.

Officiellement, comme il existe une législation mondiale de l’espace, il s’agit de tout contourner au nom de la « légitime défense », que cette législation reconnaît justement. Pour ce faire, le ministère des armées va avoir juridiquement le statut d’opérateur spatial. C’est le Centre national d’études spatiales qui va être à la disposition de l’armée pour ce faire. Florence Parly a expliqué à Jean-Yves Le Gall, assis au premier rang pour l’allocution :

« Nous avons besoin de vous aujourd’hui et nous aurons besoin de vous demain. »

C’est là strictement parallèle à la NASA, devenue un outil des forces militaires américaines, tout en restant officiellement indépendante, civile, non militaire, etc.

À cela s’ajoute que la France, tout comme les autres puissances spatiales, refuse de délimiter où commence l’espace. On sait que c’est à partir d’entre 80 km et 120 km de la Terre, mais personne ne veut fixer le chiffre, en prévision des nombreux conflits à venir, chacun cherchant à évaluer encore la situation.

L’horizon, c’est 2030 : à cette date, le Président de la République, en tant que chef des armées, disposera de la guerre spatiale comme élément militaire. La tendance à la guerre va se renforcer comme jamais d’ici là ; les années 2030 seront conflictuelles, c’est déjà prévu.

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Écologie

Débris spatiaux, une poubelle autour de la Terre

Depuis le développement des satellites, l’humanité n’ayant rien géré ni planifié a produit un gigantesque amoncellement de déchets dans l’espace tout autour de la planète. L’absence d’organisation supranationale pour répondre à ce défi aggrave d’autant plus la situation.

La conquête de l’espace n’a jamais été tant un rêve scientifique qu’un objectif économique et militaire ; c’est pour cette raison que Donald Trump a demandé il y a peu la formation d’une quatrième entité, spatiale, après l’armée de terre, la marine militaire et l’aviation militaire. Il a également appelé à travailler sur des satellites avec des dispositifs anti-missiles. La NASA a arrêté ses navettes spatiales mais celles-ci continuent d’exister, sous la forme d’une navette militaire automatisée, ayant déjà réalisé des missions. La Chine a de son côté récemment envoyé du matériel sur la pseudo face cachée de la lune, dans l’optique d’y construire une base.

À cette course aux armements s’ajoute, forcément, comme en économie sur Terre, le chaos des déchets. Il y a environ 1 500 satellites autour de la planète, on ne sait même pas exactement combien. À cela s’ajoute 18 000 objets faisant plus de dix centimètres. Évidemment, ces objets présentent une menace pour tout objet spatial risquant une collision avec eux. Il est même considéré qu’une telle collision serait fatale pour un satellite. On sait à quel point dans l’espace ce genre de choses ne pardonne pas, en effet ; les films pour le coup présentent des enseignements assez réalistes.

À cela s’ajoutent l’existence de 750 000 objets de plus d’un centimètre… et celle de 150 millions d’objets de plus d’un millimètre. Des dangers d’autant plus terribles qu’il est difficile de les appréhender et de prévoir les dégâts qu’ils peuvent causer. Des micro-dégâts peuvent déjà avoir des conséquences terribles, mais comment savoir de quel type ils peuvent être, dans quelle situation ? À force de s’en sortir au moyen du calcul, des statistiques, plutôt que par la planification, à un moment donné on se retrouve bloqué et on ne s’en sort plus.

C’est que le capitalisme a été pragmatique : tant que ça marche, ça marche ! Quand cela commence à moins marcher, on contourne le problème. Après tout, il y a désormais des puissants ordinateurs et de très bons ingénieurs. Mais à un moment la réalité devient trop complexe et là on s’aperçoit que la seule solution c’est qu’il aurait fallu à la base même savoir exactement ce que l’on fait. C’est pratiquement une allégorie de l’avenir et il y a donc le double problème qui se posera : faire différemment… et rattraper les catastrophes causées !

Dans le domaine spatial, cela va être compliqué. Ces débris se baladant autour de la planète ont plusieurs origines. Il peut s’agir d’outils perdus, de satellites devenus hors de contrôle ou bien abandonnés, d’étages de fusées, de restes de collisions, etc. En fait personne n’en sait trop rien et surtout tout le monde s’en moque. Il n’y a aucune recherche de responsabilités, ni réflexion autocritique. On s’aperçoit simplement que désormais cela dérange et cela s’arrête là. C’est exactement comme pour le réchauffement climatique.

Ce qui capte l’attention uniquement, c’est que les choses commencent en tout cas à devenir compliquées. Il va falloir calculer des possibilités de manœuvres d’évitement, prendre les risques de collision avec de tels objets en cours, et essayer de virer ces déchets qui posent une menace sur les milliers de satellites censés être lancés dans les prochaines années. On voit très bien ici comment le chaos de la compétition capitaliste menace le développement spatial lui-même.

L’idéal serait bien entendu que les Américains (la NASA), les Européens (l’ESA), les Russes (Rozcosmos), les Indiens, les Chinois, etc. travaillent tous ensemble, non pas simplement en coopération, mais en fusionnant leurs activités. Une seule humanité, unifiée, serait capable de prendre en main l’espace autour de la planète, et d’ailleurs de la planète elle-même.

Ce n’est pas le cas encore et c’est même parti pour le contraire pour l’instant, de par les esprits nationaux entièrement tournés vers la compétition, le repartage du monde. Mais on y viendra inéluctablement, les égoïsmes nationaux sont un obstacle à l’humanité et à la planète qui finiront par disparaître.

 

À VOIR > le documentaire Alerte aux débris spatiaux diffusé sur ARTE :

[Documentaire complet disponible jusqu’au 17 Mars 2019]