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Déclaration des religions monothéistes sur la fin de vie

Entre les religieux refusant d’abréger les souffrances et l’ultra-libéralisme œuvrant à ce que les « faibles » s’auto-suppriment, le monde est en bien mauvaise posture…

Le rabbin Avraham Steinberg, coprésident du Conseil national israélien pour la bioéthique, avait proposé au pape François l’idée d’un document commun sur la fin de vie. C’est l’Académie pontificale pour la Vie, qui regroupe des dignitaires religieux juifs, catholiques et musulmans, qui l’a réalisé.

Parmi les signataires on a donc le rabbin Avraham Steinberg, Monseigneur Vincenzo Paglia qui est président de l’Académie pontificale pour la Vie, Kyai Marsudi Syuhud qui est le chef de la plus importante organisation d’oulémas d’Indonésie, ainsi qu’un représentant du patriarcat de Moscou, pour l’Église catholique orthodoxe.

Tous ces gens savent que l’ultra-libéralisme, avec sa reconnaissance du suicide comme « choix » individuel, provoque un profond rejet populaire. Ils comptent s’en faire les vecteurs.

Voici un résumé officiel des points abordés par le document.

« – L’euthanasie et le suicide assisté sont moralement et intrinsèquement mauvais et devrait être interdite sans exception. Toute pression et l’action sur les patients pour les persuader de mettre fin à leur vie est catégoriquement rejetée.

– Aucun personnel de santé ne devrait être forcé ou contraint à le faire, d’être associé, directement ou indirectement, au décès délibéré, d’un patient par suicide assisté ou par toute forme de suicide assisté. Au fil des ans, il a été accueilli favorablement le fait que le l’objection de conscience à ces actes contraires à la loi devrait être respectée. Ceci reste valable même si de tels actes ont été déclarées légaux dans certains lieux. L’objection de conscience devrait être universellement respectée.

– Nous encourageons et soutenons une présence qualifiée et professionnelle des soins palliatif partout et pour tous. Même quand la mort est un poids difficile à supporter, nous nous engageons moralement et religieusement à ne pas nous laisser abattre ainsi qu’à assurer réconfort, soulagement de la douleur, proximité, assistance spirituelle à la personne et sa famille.

– Nous appuyons les lois et les politiques publiques qui protègent le droit et la dignité de la personne en phase terminale, pour éviter l’euthanasie et promouvoir les soins palliatifs.

– D’un point de vue social, nous devons nous engager pour que le désir des patients de ne pas être un fardeau ne leur inspirent pas le sentiment d’être inutiles et que leur vie mérite d’être vécue dans la dignité, d’être soignée jusqu’à son terme naturel.

– Tous les professionnels de la santé devraient être tenus de créer les conditions nécessaires pour qu’une assistance religieuse soit garantie à toute personne qui en fait la demande.

– Nous nous engageons à utiliser les connaissances et la recherche pour définir des politiques qui favorisent les soins et le bien-être sociaux, émotionnels, physiques et spirituels, fournir un maximum d’informations et de soins aux personnes confrontées à des maladies graves et à la mort.

– Nous nous engageons à impliquer nos communautés sur les questions bioéthiques, en lien avec la phase terminale afin d’offrir une compagnie compatissante à ceux qui souffrent et meurent.

– Nous nous engageons à sensibiliser le public aux soins palliatifs à travers une formation appropriée en développant des ressources liées aux traitements pour la souffrance et la mort.

– Nous nous engageons à apporter un soulagement à la famille et aux proches des patients qui sont sur le point de mourir.

– Nous appelons les politiciens et les professionnels de la santé à se familiariser avec le vaste enseignement des religions abrahamiques pour fournir de meilleurs soins pour les patients mourants et leurs familles, en fonction de leurs traditions religieuses respectives.

– Nous sommes déterminés à impliquer sur ces questions les autres religions et toutes les personnes de bonne volonté dans le monde. »

Le refus d’abréger les souffrances se fait au nom d’un monde imaginaire, celui de Dieu. Il vise à conquérir les masses qui voient bien que le capitalisme pousse à l’auto-élimination des « incapables », des « inutiles ». Le capitalisme dit que l’individu est au-delà de la nature, qu’il peut « choisir » sa mort. Cela traumatise les masses cherchant à défendre la civilisation.

Les religieux le savent et cherchent à se donner du prestige en se prétendant les garants de la civilisation. Alors qu’ils ne sont que l’autre face de la médaille d’une société capitaliste en perdition, où ultra-conservatisme et relativisme libéral se nourrissent l’un l’autre.

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Noa Pothoven, un assassinat maquillé en suicide

C’est une affaire bouleversante, dont la portée ne peut pas être sous-estimée. Noa Pothoven s’est suicidée aux Pays-Bas, mais cela a été annoncé sur Instagram et avec l’accord des médecins. Cela s’appelle un meurtre et c’est un exemple de plus de comment le capitalisme va dans le sens de la suppression des « inutiles », faisant de la vie une marchandise comme une autre.

La Gauche historique considère que l’être humain relève de l’humanité, celle-ci de la Nature, et la vie ne procède jamais à sa propre suppression. Cela rentre en conflit ouvert avec le capitalisme qui dit que les êtres humains sont des individus dont la liberté de choix serait totale. Partant de là, le suicide relèverait du libre-arbitre.

C’est pourquoi la médecine a, aux Pays-Bas, accepté de laisser Noa Pothoven aller au suicide. Elle avait décidé de cesser de s’alimenter et de s’hydrater, à la suite d’un stress post-traumatique et d’anorexie consécutif à trois viols subis à 11, 12 et 14 ans. Elle est donc morte à Arnhem, chez ses parents, dans un lit d’hôpital placé dans le salon, supervisé par une clinique de fin de vie.

Les médecins néerlandais se dédouanent en disant que ce n’est pas une euthanasie, ni un suicide assisté, car ils ne sont pas intervenus pour faire en sorte qu’elle meurt. Ils contournent ici la question du « caractère insupportable des souffrances du patient » nécessaire pour l’accompagnement dans la mort. Sauf qu’en pratique ils ont laissé quelqu’un capituler et mourir.

C’est absolument inacceptable. Et ça l’est d’autant plus que Noa Pothoven a annoncé sa décision sur instagram, où elle postait régulièrement. On est là dans le spectacle morbide propre au capitalisme, dans la lignée de la série Netflix 13 Reasons Why qui a mis en scène le suicide en en faisant un « choix ». C’est la faillite de l’humanité sur toute la ligne.

Le capitalisme a réussi à faire en sorte que les choix individuels deviennent des marchandises comme des autres, obtenant une reconnaissance sociale totale. Mais de quels choix parle-t-on d’ailleurs ? En réalité, tout est déterminé. Ce qu’on fait est le produit de la société, il n’y a pas d’individus « libres ».

D’ailleurs, Noa Pothoven avait par ailleurs également publié un livre au sujet de son parcours, de ce qu’elle appelait son « combat ». On est là dans un positionnement identitaire. Sa souffrance était réelle, mais passant par le prisme des médias, elle prenait une ampleur aliénée d’autant plus forte, ne pouvant que nourrir encore plus sa tendance à l’auto-destruction.

C’est la société capitaliste qui a tué Noa Pothoven, après s’être délectée de sa souffrance réduite à un parcours individuel unique. Le choix de Noa Pothoven n’a été que le prolongement conséquent de l’individualisme forcené établi comme unique horizon.

Il est justement ici bien connu que l’anorexie, comme expression d’une souffrance personnelle, est l’apanage de jeunes filles de la petite-bourgeoisie et de la bourgeoisie. Incapables, malheureusement, de saisir la nature sociale (et naturelle) de leur mal-être extrêmement profond, ces jeunes filles expriment leur désarroi en se mutilant, en cherchant l’auto-destruction comme moyen d’expression.

C’est précisément ce qu’on a avec Noa Pothoven et vue comment la société est en train de tourner, de tels phénomènes ne peuvent qu’empirer. D’où la volonté du capitalisme de légaliser les suicides assistés pour quiconque considère « souffrir de manière insupportable ». C’est un effacement de toute question sociale et naturelle, pour tout focaliser sur l’individu, ses choix, son parcours unique, son ressenti unique, etc.

Une telle société va droit dans le mur. Et vue comment la Gauche est pourrie par le post-modernisme et son individualisme, non seulement on va aller dans le mur, mais en plus on aura l’extrême-droite qui elle va prétendre s’opposer à tout cela au moyen du conservatisme. Alors qu’on a besoin vite fait du Socialisme pour sauver les gens de leur souffrance, pour trouver des points d’appuis positifs, par la nature, le travail, la culture.

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« Dans le cas de M. Lambert : pour avoir soif, il faut avoir conscience »

L’affaire Vincent Lambert est terrible, car on est encore une fois coincé entre le libéralisme partisan de l’euthanasie à tout va et les religieux ne reconnaissant pas la réalité uniquement matérielle du monde. Dans tous les cas, il y a une négation du principe de sensibilité, au nom d’une prétendue individualité étant le propre de l’Homme.

L’affaire Vincent Lambert est terrible et pour beaucoup de monde en France, sa situation interpelle. Personne n’a envie de se retrouver comme lui, tétraplégique, en état végétatif depuis plus de 10 ans. Une partie de sa famille considère qu’il faut le laisser partir, une autre s’y oppose. On comprend fondamentalement le sentiment d’humanité des premiers, qui voient bien que ce n’est pas une vie. Les seconds mettent en avant la religion pour s’y opposer, et au-delà de cette question, ils soulignent avec justesse qu’une société libérale autorisant l’euthanasie, c’est la boîte de Pandore du meurtre à grande échelle…

Initialement, l’État a tranché pour laisser partir Vincent Lambert. Seulement voilà : Vincent Lambert n’est pas en train de mourir. Il ne peut rien faire, toute son alimentation lui est fourni médicalement, mais au sens strict, il vit et peut continuer de vivre ainsi. Le CHU de Reims n’a pas pour autant le droit de le tuer, car l’euthanasie est interdite pour les êtres humains.

La cour d’appel de Paris a ordonné lundi soir la reprise des traitements.

On en arrive ainsi à la situation ubuesque, totalement aberrante, où… on va le laisser mourir de faim et de soif. Il va de soi que c’est là inacceptable. Déjà en raison de la dignité humaine. Vincent Lambert va être tué – peut-être à juste titre si on dit que ce n’est pas une vie – mais personne ne l’assume tel quel.

Ensuite, il y a la négation totale de la sensibilité. Dr Bernard Devalois, spécialiste des soins palliatifs à la maison de santé protestante de Bordeaux Bagatelle, a tenu des propos totalement scandaleux – mais logique du point de vue de ce qu’est l’idéologie dominante. Il expliqué la chose suivante au Figaro :

« Vincent Lambert n’aura ni faim ni soif, il va mourir naturellement en quelques jours »

« Dans le cas de M. Lambert, il n’y a pas de sensation de soif: pour avoir soif, il faut avoir conscience. »

C’est là le point de vue religieux ainsi que cartésien (qui revient au même) : rien n’existe si on n’en pas conscience. Un arbre qui tombe dans une forêt, cela n’existe pas si un être humain n’est pas là pour en avoir conscience. Une caresse sur une main n’existe pas si la conscience ne le perçoit pas. C’est totalement faux et on ne dira jamais assez à quel point il faut en revenir aux matérialistes du XVIIIe siècle, les fameux Helvétius, d’Holbach, Diderot, tous ces auteurs faisant la sensibilité le sens de la vie.

Toute la Gauche historique vient historiquement de cette approche philosophique, qui ne reconnaît pas Dieu, pas plus qu’une sorte de super-conscience individuelle qui serait le sens de la vie de tout un chacun. La Gauche historique a toujours été matérialiste, définissant la vie selon des critères naturels. Ici, pour le pauvre Vincent Lambert, malheureusement, sa vie personnelle est totalement frustrée, bloquée. Il faut soulager sa souffrance inévitable.

Mais elle n’est pas inévitable justement pour ceux raisonnant en termes de conscience ou d’âme. Les premiers disent : la conscience est partie, on supprime le corps. Les seconds disent : le corps est encore là, donc l’âme aussi, il faut tout garder.

Ces deux points de vue sont inacceptables. Ils sont malheureusement prédominants à tous les niveaux philosophiques, spirituels, dans notre pays. Même la Gauche est totalement contaminée par eux. C’est bien pour cela qu’il n’y a plus de Gauche, justement. Quand on dit la même chose que les libéraux ou les réactionnaires pour les thèmes les plus essentiels, on se confond avec eux.

Il est facile d’ailleurs de voir comment on peut se faire aisément happer. Si l’on comprend que le libéralisme veut supprimer les personnes en détresse insuffisamment consommatrices – les vieux, les suicidaires (qui auraient le droit au suicide assistée !), on tombe facilement dans le camp réactionnaire, qui prétend que les valeurs du passé préservent de cela. Si on veut assumer l’euthanasie car en-dehors de l’épanouissement naturel rien n’est possible, on tombe rapidement si on n’y prend pas garde dans le camp des libéraux qui veulent démonter les mauvaises règles, car ils entendent en fait démonter toutes les règles !

L’affaire Vincent Lambert est malheureusement également loin d’être unique. Elle souligne la nécessité qu’il y a à se poser les questions sur la vie quotidienne, le rapport à la vie, la relation à la nature, et cela d’une manière qui soit propre à la Gauche historique. Les possibilités techniques permettant toujours plus de « libertés », il faut savoir s’opposer avec matérialisme à la GPA, à la PMA pour toutes, aux modifications technologiques rêvées par des milliardaires délirants qui n’ont qu’un rêve : aller sur une autre planète, parce qu’ils n’en ont rien à faire de celle sur laquelle on est…