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Le G7 à Biarritz : entre amateurisme et folie militariste

Le G7 à Biarritz est le dernier avant la crise du Brexit à venir, ainsi que la récession qui s’annonce dans de nombreux pays. C’est toute une nouvelle époque qui s’ouvre, avec pour l’instant des dirigeants allant sciemment à la guerre et des gens paralysés par l’espoir d’une consommation capitaliste qui continue comme si de rien n’était.

Il y a d’un côté la nullité toujours plus grande de politiciens à la tête d’un système décadent, de l’autre une incapacité populaire à saisir quoi que ce soit au grand drame qui vient, celui de la guerre pour le repartage du monde.

On a ainsi Emmanuel Macron qui dans son allocution télévisée de samedi, expliquait :

« Dans quelques heures j’accueillerai (…) les chefs d’État et de gouvernement des États-Unis d’Amérique, du Canada, du Japon, de l’Allemagne, d’Italie, et les institutions européennes. »

Ce faisant, il oubliait le Royaume-Uni. Résultat, lors de la mise sur les réseaux sociaux, l’Élysée a été obligé de couper le passage. C’est là un amateurisme qui aurait été impossible il y a peu encore. C’est tout le niveau intellectuel et culturel qui s’effondre dans le capitalisme.

De leur côté, Donald Trump ou Boris Johnson ne sont pas que des farfelus dingos, ce sont de vrais dirigeants, prenant des décisions réelles, en conformité avec le caractère totalement fou du capitalisme allant à la guerre.

L’amateurisme devient la norme, comme hier avec Hitler ou Mussolini. Prenons par exemple le président brésilien Jair Bolsonaro. Fin juillet il devait rencontrer à Brasilia Jean-Yves Le Drian, le ministre français des Affaires étrangères. Il annulé pour des « raisons d’agenda ». Et au moment du rendez-vous, il s’est posté en vidéo directe sur Facebook… en étant chez le coiffeur.

C’est pathétique. C’est d’un pathétique meurtrier. C’est cela qui nous attend si les masses ne se réveillent pas et disent : hors de question de faire s’effondrer le niveau de civilisation !

Mais, prisonnier de la société de consommation d’une vie quotidienne à la fois aliénante et aliénée, les gens ne peuvent pas prendre la réalité au sérieux. Ils attendent que cela se passe – et rien de grave ne peut selon eux se passer.

C’est qu’il y en a de la corruption en France comme dans tous les pays du G7, qui représentent quasiment la moitié de la richesse mondiale !

Tout se révèle bien à la lumière de cette personne en train de passer comme si de rien avec son skate cruiser, clope à la main (à la fin de la vidéo suivante), à Bayonne entre les CRS et des manifestants en pleine colère, pour qui plus est perdre celle-ci dans un mauvais mouvement en arrière… Rien ne peut être finalement sérieux  !

Ajoutons à cela le fait qu’on se demande bien ce que font ici les manifestants, alors que Biarritz est à plusieurs kilomètres de là. La police ne protège pas ici un quelconque accès au G7, mais bloque les ponts vers le centre-ville commercial de Bayonne depuis le vieux-Bayonne, le quartier de la Gauche Abertzale (patriote basque). C’est comme si la police avait mis des unités là pour occuper les manifestants, et que ça marche !

Tout cela est du grand n’importe quoi et on ne dira jamais assez de mal justement des gilets jaunes, ce mouvement plébien anti-politique porté par une seule volonté : celle de vouloir vivre « comme avant ».

Mais plus rien ne sera comme avant et le G7 à Biarritz a montré à quel point on est rentré dans l’ère des tensions ouvertes, puisque même une déclaration commune à la fin de la réunion est devenue impossible.

Le Brexit qui vient, en plus de la récession dans de nombreux pays capitaliste, va provoquer une onde de choc dans une situation déjà mûre. L’Histoire s’accélère et les enjeux sont pas moins que le monde lui-même.

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Emmanuel Macron prend en otage la question de l’Amazonie pour servir la puissance française

Avant-hier à la veille du G7 à Biarritz, Emmanuel Macron a opportunément évoqué les incendies en Amazonie, afin de critiquer l’État brésilien et faire pression sur des accords commerciaux. Il en a rajouté lors de son allocution d’hier à Biarritz, laissant entendre qu’il sera à l’origine d’un mouvement d’action en faveur de l’Amazonie, ce qui n’a d’autre fin que de servir les intérêts de la France en tant que grande puissance.

La forêt amazonienne connaît actuellement une série d’incendies de grande ampleur. D’après un spécialiste du Centre européen de prévisions à moyen terme (ECMWF), «  jamais les incendies dans l’État brésilien d’Amazonas n’avaient émis plus de CO2 lors d’un mois d’août, alors que le mois n’est pas encore fini ». Le constat fait par l’Institut national brésilien de recherche spatiale (INPE) va dans le même sens, avec un nombre de départs de feu constaté très supérieur aux années précédentes.

La catastrophe est telle que la ville de São Paulo a vu son ciel complètement obscurci pendant une heure en plein après-midi ce lundi 19 août 2019, du fait de ces incendies. Plusieurs études scientifiques alertent par ailleurs sur un possible point de non-retour qui serait franchi rapidement, empêchant l’équilibre hydrique de la forêt tropicale humide de se maintenir, la faisant devenir une savane.

La situation n’est cependant pas nouvelle, ni isolée : elle correspond à l’état général de la planète, dont la vie est bouleversée en profondeur par l’activité humaine dans le cadre du mode de production capitaliste. La question de l’Amazonie fait ici surtout office de totem, manié par des gens qui ne veulent pas réellement changer le monde et qui s’attachent à des symboles pour prétendre l’inverse.

Les propos d’Emmanuel Macron sur Twitter sont très significatifs de cette posture à propos de l’Amazonie :

« Notre maison brûle. Littéralement. L’Amazonie, le poumon de notre planète qui produit 20% de notre oxygène, est en feu. C’est une crise internationale. Membres du G7, rendez-vous dans deux jours pour parler de cette urgence. #ActForTheAmazon »

Personne ne sait vraiment d’où le Président français tient ce chiffre de 20 %, mais il est en tous cas faux. Parler de poumon de la planète pour l’Amazonie correspond de surcroît à une posture romantique, pas à la réalité scientifique.

Déjà, parce qu’un poumon ne produit pas d’oxygène ! Mais surtout, car il est faux de considérer la planète en séparant les parties du monde et les formes de la vie les unes des autres. La production et le maintient de la teneur en oxygène de l’atmosphère est quelque chose de très complexe, qui concerne l’ensemble de la biosphère. La majorité des émissions d’oxygène provient d’ailleurs des océans, grâce au phytoplancton et non pas des forêts. L’Amazonie, aussi grande soit-elle, ne constitue de toutes manières qu’une partie des forêts mondiales.

Mais ce n’est pas ce qui compte ici puisqu’en réalité Emmanuel Macron entend surtout faire pression pour tirer un avantage plus favorable des accords avec le Mercosur, c’est-à-dire surtout le Brésil et l’Argentine. La situation est très simple : l’Union européenne a signé un accord de libre-échange abolissant presque entièrement les taxes douanières entre les deux marchés communs.

Cet accord, qui est pour l’instant suspendu, est intéressant pour l’industrie allemande, notamment pour l’exportation d’automobiles, et pour le Brésil, pour l’exportation agricole. Il est en partie intéressant pour les exportations françaises, mais entre cependant en concurrence avec les intérêts de l’agro-industrie française, elle aussi très puissante et exportatrice.

La destruction par des incendies volontaires de la forêt amazonienne, qui est un crime barbare contre la vie sur Terre et la vie de la Terre, a pour but de dégager d’immenses espaces agricoles pour l’agro-industrie brésilienne et particulièrement l’élevage. C’est cela que critique Emmanuel Macron, non pas pour des raisons écologiques, mais pour des raisons de concurrence économique, principalement à l’encontre de l’élevage bovin français.

Quand le Président français accuse le Président brésilien d’avoir « menti » sur ses engagements en faveur du climat, il dénonce en fait la possibilité d’une concurrence accrue contre l’agro-industrie française du fait de plus grands espaces agricoles. C’est pour cela qu’il affirme en conséquence vouloir s’opposer à l’application de l’accord avec le Mercosur.

La présidente de la FNSEA, qui représente directement les intérêts de l’agro-industrie française, a immédiatement salué la « décision de sagesse » d’Emmanuel Macron, considérant que ses arguments ont été entendus.

La défense de la forêt amazonienne n’est en effet qu’un prétexte, un mensonge, de la part de celui qui encourageait l’industrie liée à l’extraction d’or dans la forêt amazonienne en Guyane lorsqu’il était au ministère de l’économie. Le président brésilien d’extrême-Droite Jair Bolsonaro a alors beau jeu de dénoncer une instrumentalisation, puisque c’est de cela qu’il s’agit :

« Je suis navré que le président Macron cherche à instrumentaliser une question interne au Brésil et aux autres pays amazoniens à des fins politiques et personnelles. Le ton sensationnaliste avec lequel il se réfère à l’Amazonie (faisant même appel à de fausses photos) ne contribue en rien à régler le problème. »

Remarquons ici que cette polémique bénéficie largement au chef d’État brésilien, qui se pose alors en critique des grandes puissances en plein G7, dénonçant même une mentalité colonialiste :

« Le gouvernement brésilien reste ouvert au dialogue, sur la base de faits objectifs et du respect mutuel. La suggestion du président français selon laquelle les affaires amazoniennes soient discutées au G7 sans la participation de la région évoque une mentalité colonialiste dépassée au 21e siècle ».

Chaque pays cherche à tirer son épingle du jeu dans le cadre de la concurrence économique mondiale. Nous vivons l’époque des Trump, Xi Jinping, Bolsonaro, Poutine, Erdogan, Duterte, du Brexit, de la bataille toujours plus ouverte pour le repartage du monde.

Emmanuel Macron et Angela Merkel eux-mêmes sont des va-t-en-guerre avec leur moteur franco-allemand de l’Union Européenne, qui assume une militarisation accrue. La question de la guerre, couplée à celle de la vie pacifiée de la planète sur le plan écologique, va indéniablement façonner les prochaines années !

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Le G7 2019 à Biarritz : vers la guerre

Les années 1990 ont connu un vaste mouvement « altermondialiste » qui se focalisait sur les grands événements comme le G7, exigeant une autre orientation de l’économie mondiale. C’est du passé. Désormais, on retourne aux fondamentaux : les pays sont tous en concurrence ouverte les uns avec les autres, on va vers la guerre et l’affrontement sino-américain est la toile de fond du drame qui s’annonce.

Le G7 qui se tient à Biarritz n’est pas une simple réunion des « puissants », mais une étape dans la constitution de nouveaux blocs. Il a fallu une semaine avant que l’on s’aperçoive que les propos de Donald Trump n’étaient pas du tout farfelus, mais relevaient d’une vraie politique de conquête. Le Monde, Le Figaro, Le canard enchaîné… ont rappelé qu’en réalité, les États-Unis demandent régulièrement à se procurer le Groenland, et ce depuis 1850 !

L’OTAN a d’ailleurs mené dans la région les manœuvres Trident Juncture en 2018, à la frontière de l’Arctique entre la Norvège et l’Islande, alors que ce dernier pays abrite désormais des avions américains de lutte anti-sous-marin Poseidon P-8.

Mais telle est la naïveté des gens, qui s’imaginent que la guerre n’est plus possible, alors que seul l’effondrement du bloc de l’Est a temporairement rebattu les cartes. On est train de revivre les années 1980 désormais et donc tout recommence sur le plan de la marche à la guerre.

Donald Trump a d’ailleurs annoncé la chose suivante sur Twitter :

« Nous n’avons pas besoin de la Chine et franchement on est mieux sans eux. Les vastes sommes d’argent faites et volées par la Chine aux États-Unis, année après année, pendant des décennies, doit cesser et CESSERA.

Nos formidables entreprises américaines ont de ce fait pour ordre de commencer immédiatement à chercher une alternative à la Chine, y compris en ramenant vos entreprises à la maison et en fabriquant vos produits aux USA.… »

Ce message fait partie d’une longue liste de messages, dont un annonçant que les taxes sur 300 milliards dollars de biens chinois devant commencer le premier septembre seront de 15 % et non plus de 10 % comme prévus.

Cela suit la décision de la Chine de relever les droits de douane à l’importation sur 68 milliards d’euros d’importations américaines.

Dans ce panorama, il faut ajouter que les États-Unis viennent de procéder à un test d’une « variante d’un missile de croisière d’attaque sol-sol Tomahawk » qui a frappé une cible à 500 kilomètres. C’est une conséquence de la rupture du traité INF sur les missiles intermédiaires et la Russie a immédiatement affirmé qu’elle répondrait par un test « symétrique ».

On ne sera donc pas étonné qu’au sujet du G7 qui a lieu ce week-end à Biarritz, Le Figaro titre son article de la manière suivante :

« À Biarritz, un G7 électrique accueille des puissances plus divisées que jamais »

Emmanuel Macron a d’ailleurs prévu le coup et carrément supprimé la traditionnelle déclaration de clôture, se cachant derrière le faux argument comme quoi ce serait des « communiqués que personne ne lit, qui sont le résultat d’interminables chicayas bureaucratiques ».

C’est que plus jamais il n’y aura d’unité entre les grandes puissances. Cette unité n’était que relative par le passé, elle s’appuyait seulement sur la croissance issue de l’effondrement du bloc de l’est et de la montée de la puissance chinoise. Désormais tout recommence.

Et face à cela, il faut la Gauche historique, pas les « altermondialistes ». Un « autre monde » n’est pas possible. Seul un changement complet de système social est possible et cela implique le Socialisme, la classe ouvrière, les valeurs de la Gauche historique. Et cela va exiger de faire face à la tendance à la guerre, toujours plus présente, prégnante, agressive, décisive !

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G7 à Biarritz : Emmanuel Macron a fait le choix du style « second Empire »

Emmanuel Macron a choisi la ville de Biarritz pour accueillir le G7 du fait de son prestige aristocratique mondain. C’est le même état d’esprit qui le fait soutenir la chasse à courre : il y a là une alliance de la modernité avec le style ancien, du libéralisme « start up » avec l’aristocratisme grand-bourgeois, afin de maintenir la France dans le passé.

La ville de Biarritz est indéniablement associée à la personne de Louis Bonaparte, dit Napoléon III, au XIXe siècle. Il en avait fait un lieu de villégiature estival, alors que cela devenait en même temps une place mondaine.

Symbole de ce faste néo-aristocratique, l’Hôtel du Palais qui accueillera les chefs d’États ce week-end fut à l’origine érigé pour sa femme l’« impératrice » Eugénie, le bâtiment formant un « E ». On est là dans le luxe tout ce qu’il y a de plus moderne pour l’époque, mais qui se donnait un genre enraciné dans l’histoire, avec des gens se faisant appeler « majesté » et s’entourant des rois et princes d’Europe qui se ruaient volontiers à Biarritz.

Cependant, comme l’avait qualifié Karl Marx, le « règne » de Louis Bonaparte consistait en une parodie de restauration impériale, à une époque où la bourgeoisie, rongée par les divisions entre ses différentes factions, peinait à organiser son pouvoir de manière stable.

Emmanuel Macron rejoue quant à lui une parodie de la parodie, plus de 150 ans après, avec ce sommet à Biarritz. Les services de sécurité ont, d’après la presse, tenté à maintes reprises de le dissuader d’y organiser ce G7, tellement la tâche semblait compliquée. Mais il a obtenu gain de cause, ce qui en dit long sur l’importance symbolique de ce lieu pour sa démarche.

Comme avec son soutien forcené à la chasse, Emmanuel Macron tente de maintenir la France enfermée dans ses traditions réactionnaires, permettant la division de la société en classes. Le style « Biarritz » est alors parfait : il n’est pas ouvertement réactionnaire, mais il n’est certainement pas progressiste non plus. Depuis son expansion moderne au XIXe siècle, la ville représente parfaitement ce mélange des genres, permettant en quelque sorte de moderniser le maintien des traditions.

Le surf contribue largement à cette aura de modernité aujourd’hui, dans un style d’ailleurs complètement forcé : la grande plage de Biarritz est une horreur pour qui veut vraiment surfer, vu le monde et le peu d’espace qu’il y a. Mais l’essentiel est ailleurs puisqu’il s’agit surtout de se montrer, pour sembler faire partie du monde en ayant l’air riche, mais sympa en même temps, ou inversement, sympa mais riche.

C’est de la mondanité tout ce qu’il y a de plus détestable, comme d’ailleurs cet Hôtel du Palais luxueux ostentatoire surplombant la grande plage, qui est une insulte démocratique. Mais contrairement à ce qui peut exister sur la côté d’Azur, il n’y a pas non plus de grands yachts, de résidences bunkerisées complètement coupées du reste de la ville, etc. Il s’agit à Biarritz d’un faste mesuré, s’imaginant acceptable, lié au reste de la société.

Précisons cependant une chose très importante ici : le centre-ville de Biarritz est largement coupée de toutes traditions populaires basques et même de la vie locale d’aujourd’hui. C’est une ville moyenne, constituée pour près de la moitié de résidences secondaires, qui est comme posée au milieu de l’agglomération formée par Bayonne et ses environs.

C’est-à-dire que tout cela est faux de bout en bout, ce que n’est que de l’apparence, de la mondanité superficielle mêlée à du tourisme sans âme. C’est exactement ce dont à besoin le régime, qui ne s’appuie pas sur l’héritage historique et la tradition démocratique en France, mais sur des apparences.

En singeant le style « second Empire », Emmanuel Macron s’imagine justement rendre le régime acceptable pour la population, en jouant tout autant sur la tradition que l’apparente modernité. Il faut bien voir ici d’ailleurs que, si « Napoléon III » était pleinement ancré dans les préoccupations « modernes » et urbaines de son époque, il appuyait son pouvoir sur la paysannerie parcellaire, pas suffisamment consciente pour rejoindre le prolétariat des villes, mais pas suffisamment satisfaite pour rejoindre la bourgeoisie.

C’est exactement cet entre-deux qui intéresse Emmanuel Macron, qui appuie totalement l’hégémonie de la Droite, tout en étant parvenu par la Gauche, en l’ayant fait exploser de l’intérieur. Biarritz, ville de Droite, mais dirigée par le Modem, est donc un lieu de choix pour sa démarche passéiste et moderne à la fois.