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Guerre

Un conflit Israël-Gaza reflet de la bataille pour le repartage du monde

Il y a bien plus que deux protagonistes.

Le Conseil de sécurité de l’ONU a tenu dimanche 16 mai une nouvelle réunion d’urgence sur la situation au Proche-Orient, c’est même la troisième cette semaine, mais sans parvenir à établir une déclaration commune. C’est que le conflit entre Israël et Gaza n’est qu’un aspect de la grande bataille pour le repartage du monde.

Chaque puissance plus ou moins grande place ses pions, utilise les tensions et les affrontements comme leviers, mène un jeu machiavélique appelé « géopolitique », etc. Plus simplement, chaque pays est en crise et a besoin de la guerre, de manière plus ou moins volontaire.

Cela se déroule d’ailleurs clairement à l’écart des masses. C’est une actualité unilatéralement militariste. Les manifestations en faveur de la Palestine à travers le monde ont été totalement marginales, rassemblant quelques nationalistes arabes, un peu plus d’islamistes et une petite frange d’ultra-gauche. Ce phénomène se retrouve à Paris comme à New York ou Rome. Et pareillement les manifestations pro-israéliennes sont artificielles.

Récapitulons les faits justement pour comprendre comment cette crise particulière relève d’un arrière-plan général.

Initialement, tout part de la décision d’un tribunal israélien favorable à l’expulsion de familles palestiniennes du quartier de Jérusalem-Est dénommé Cheikh Jarrah. Cela fait partie du plan de colonisation en mode « lentement mais sûrement » de l’État israélien.

Il y a des manifestations arabes en réponse, avec des heurts violents, puis une répression militaro-policière allant jusqu’à agir sur l’esplanade des Mosquées en plein mois de Ramadan, épaulée par une attaque d’extrémistes juifs contre l’esplanade elle-même.

Un groupe à Gaza lié à Al Qaida, Jaich al-Oumma al-Salafi (Armée salafiste de la nation musulmane), prend alors l’initiative de tirer plusieurs roquettes (c’est-à-dire des missiles qui ne sont pas propulsés jusqu’au bout et tombent tels des obus à la fin de leur parcours), principalement sur la ville israélienne de Sderot à moins de trois kilomètres.

Le Djihad Islamique tire ensuite une roquette anti-char sur un véhicule israélien, à Sderot également. Le Hamas, depuis Gaza qu’il contrôle, décide alors d’intervenir en lançant massivement des roquettes sur Israël .

L’étroitesse de Gaza et d’Israël fait du lancement de roquettes une menace pratiquement immédiate

En une semaine, le Hamas a lancé 3 100 roquettes, dont environ 450 sont directement retombés à Gaza, 1210 étant interceptés par les missiles anti-missiles du « dôme de fer » israélien. En réponse, Israël mène des raids aériens contre les bases et locaux du Hamas. Le bilan est pour l’instant de 192 Palestiniens tués et de 1200 blessés, de 10 Israéliens tués et de 282 blessés.

Les roquettes du Hamas sont fabriquées au Soudan et financées par l’État iranien ; les avancées technologiques israéliennes s’appuient sur le fait que ce pays est un satellite américain jouant un rôle de gendarme régional et de test militaire.

La Chine soutient naturellement le Hamas et en fait on a une répartition de chaque pays dans tel ou tel camp selon les intérêts et les alliances. On est ici dans une absence complète de démocratie pour le peuple. Et cela a été la même chose pour la gigantesque tension entre l’Ukraine et la Russie (d’ailleurs toujours en cours), ainsi que le conflit entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie.

On assiste à des prises d’initiatives militaristes rapides, débordant les esprits. Et ce n’est qu’un début.

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Politique

Gaza : le drame palestinien du 14 mai 2018

Le drame du peuple palestinien, dans le silence. Le 14 mai est passé, mais l’indignation qui a suivi d’une faiblesse extrême. Le peuple palestinien reste victime.

Victime du soutien massif des États-Unis d’Amérique à Israël, jusqu’à cette situation terrible du 14 mai, avec 62 Palestiniens tués, 2400 blessés.

Cela, en raison de l’application sanglante à Gaza, à l’encontre d’un rassemblement de masse, du règlement selon lequel toute personne dans un périmètre de 100 à 300 mètres de la barrière de sécurité serait une « menace » devant être abattue.

Victime du soutien massif des pays du Golfe à l’islamisme, avec le Hamas ayant englouti les initiatives, quand elles ne sont pas démolies par une OLP totalement bureaucratisée et corrompue.

Et prise en otage, dans sa nature, dans son humanité même, par une poignée de radicaux en Europe, qui sont bien plus proches de l’extrême-droite que des valeurs classiques de la gauche et du mouvement ouvrier.

Pendant que les Palestiniens meurent, l’étudiant occupant Sciences-Po lève le drapeau palestinien, le populiste d’extrême-gauche en fait son fond de commerce, le populiste de gauche rêve d’un interventionnisme français impérialiste mais « pour la bonne cause ».

Une situation odieuse, terrifiante même de par le rythme où vont les choses. Car, bien loin des fantasmes sur une résistance palestinienne ayant un poids quelconque, Israël agit en rouleau compresseur.

La Cisjordanie est devenue un protectorat et l’inauguration de l’ambassade américaine à Jérusalem le 15 mai 2018, à l’occasion des 70 ans de la fondation du pays, en est le symbole le plus direct.

Quant à Gaza, cette bande de terre de 41 km de long, avec 360 km² pour pratiquement deux millions d’habitants, c’est une enclave en perdition. Qui, à l’horizon 2020, sera invivable sur le plan de l’eau et de l’énergie si le blocus israélien continue.

Et, donc, bien loin des fantasmes sur la résistance palestinienne qui est désorganisée, corrompue, islamiste, l’État israélien s’en moque totalement. Il a le rapport de forces suffisant, ce que justement la gauche palestinienne avait très bien compris dans les années 1970.

C’est la raison pour laquelle elle avait choisi la voie, évidemment erronée, de la prise d’otages dans les pays occidentaux. Cependant, elle avait vu qu’il y avait un décalage terrible entre l’armée israélienne, moderne et financièrement portée par les États-Unis, et les Palestiniens.

Il y avait une véritable réflexion à ce sujet. Ne pas voir cela est meurtrier, surtout alors qu’Israël a le vent en poupe. Aussi, la tentative de passer en force la frontière séparant Gaza d’Israël, le 15 mai 2018, relève d’un acte stratégiquement erroné.

Israël en a profité pour en rajouter dans sa pression militaire, avec le prix du sang. Comme on est loin de l’esprit, ouvert, tolérant, mis en avant par la candidate israélienne lors de l’Eurovision d’il y a quelques jours !

Et rappelons ici que le manifestations ont rapport non pas avec l’inauguration de l’ambassade, mais avec la célébration de l’anniversaire de la « catastrophe », la Nakba, ayant suivi la défaite de l’offensive militaire arabe à la naissance de l’État israélien.

Ce dernier a célébré sa victoire jusqu’à l’ignominie. Mettant un terme symbolique à tout espoir d’accord de paix, de solution à deux États.

Humiliant l’ensemble des Palestiniens, leur déclarant tout un mépris avec un profond sens de l’humiliation.

Mettant aussi un terme définitif, également, au rêve d’un mouvement démocratique unissant tous les pays arabes. Le silence de ces derniers est assourdissant. Désormais, c’est bien chacun pour soi, de manière décidée, et l’alliance entre Israël et l’Arabie Saoudite se fait donc aux dépens des Palestiniens.

D’ailleurs, à la fin avril, le parlement israélien a voté une nouvelle loi : désormais le pays pourra entre en guerre non pas avec l’aval de la majorité des ministres du gouvernement, mais en cas de « conditions extrêmes » simplement sur décision du Premier ministre et du ministre de la Défense.

Israël s’aligne totalement sur Donald Trump, sur les partisans d’une guerre avec l’Iran, l’Arabie Saoudite rejoignant ce tandem militariste.

La guerre, toujours la guerre !