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Les 10 propositions du PCF pour la France

Les 10 propositions du PCF pour la France :

« Face au mouvement des Gilets jaunes, aux mobilisations populaires, le président de la République a du ouvrir un grand débat national. Celles et ceux qui se sont exprimés y ont porté un message clair. Ils disent vouloir vivre dignement et être respectés. Ils disent que le travail doit payer. Ils disent que les injustices sociales et fiscales sont une honte. Ils disent, à l’échelle de leurs quartiers, de leurs lieux de travail, qu’ils veulent pouvoir décider. Ils disent que la fin du mois ne doit pas être opposé à la fin du monde. Ils attendent des réponses fortes et ambitieuses.

Avec cet objectif, le Parti communiste français présente 10 grandes propositions pour l’avenir de la France.

POUR UNE VIE DIGNE ET ÉPANOUIE

1 Hausser le Smic (20%), augmenter les salaires et les minima sociaux. Contraindre les entreprises à l’égalité professionnelle femmes-hommes. Porter les retraites à 1400 euros minimum

La France est devenue un pays de bas salaires et de contrats précaires. Les femmes en sont les premières victimes. Et trop de jeunes se débattent avec des petits boulots sous-payés. Il est temps que l’État réunisse une conférence nationale pour les salaires, la reconnaissance des qualifications, l’égalité salariale entre les femmes et les hommes, le pouvoir d’achat des retraités.

2 Organiser un plan de lutte contre l’exclusion et la grande pauvreté. Rembourser les soins à 100%, indexer les retraites sur le salaire moyen

A la Libération, dans un pays dévasté, les Français ont conquis la Sécurité sociale et cela a contribué au redressement national. Aujourd’hui, quand quelques actionnaires et banquiers confisquent les richesses, la Sécu peut être consolidée et étendue. Et le système solidaire de retraites, fondé sur la répartition, doit être pérennisé et garanti.

POUR LA RELANCE ET POUR L’ÉGALITÉ

3 Lancer un grand plan d’urgence pour la reconstruction des services publics

Éducation nationale, hôpitaux, transports, petite enfance, énergie… : les services publics ne sont pas une « charge » mais un investissement pour l’avenir. Il faut en finir avec le dogme de la libre concurrence qui les détruit et fait de beaucoup de nos territoires des déserts. Il est urgent de les reconstruire au plus près des citoyens, et de recruter massivement des agents pour les faire fonctionner.

4 Nationaliser une grande banque privée, au service de l’emploi, de la renaissance industrielle, de la transition écologique

Les banques financent massivement la spéculation, les délocalisations, l’évasion fiscale, les investissements polluants. Les crédits doivent au contraire aller, avec des taux très bas, aux investissements qui créent des richesses et des emplois, qui développent les biens communs. La nationalisation d’une grande banque privée serait un levier important en ce sens.

POUR LA PLANÈTE ET LE CLIMAT

5 Prioriser les transports collectifs publics, avec extension de la gratuité pour les transports locaux. Doubler la part du fret ferroviaire, contre le tout-route

L’humanité est en péril. La production et les services doivent donc être réorientés vers un développement social et écologique. Cela passe par une effective priorité aux transports collectifs publics, décarbonés et accessibles à toutes et tous. Il faut en finir avec les politiques qui encouragent le transport routier au détriment de l’exigence écologique.

6 Rénover énergétiquement un million de logements et les bâtiments publics

Pour lutter contre le dérèglement climatique, il ne suffit pas de signer les accords de Paris puis de passer à autre chose. Il faut s’en donner les moyens. Une grande politique publique en faveur de la rénovation énergétique des logements et établissements publics serait une première avancée. Ce serait aussi un levier pour l’emploi et la relance de l’économie.

POUR LA JUSTICE FISCALE

7 Supprimer la TVA sur les produits de première nécessité, rendre l’impôt plus juste et progressif

Les impôts non progressifs (TVA, TICPE, CSG) représentent 67% des recettes fiscales. Les petits paient plus que les gros. Il faut les supprimer (TVA sur les produits de première nécessité) ou les abaisser fortement. L’impôt sur le revenu doit être calculé sur 9 tranches (contre 5 actuellement). L’impôt sur les sociétés doit devenir plus progressif, et être modulé selon les politiques d’emploi et d’investissement des entreprises.

8 Rétablir l’ISF, taxer les dividendes. Atteindre le zéro fraude fiscale. Supprimer le CICE et réorienter cet argent vers les PME et TPE

Une redistribution juste et efficace des richesses, c’est possible. En rétablissant l’ISF (4 milliards d’euros), en taxant les revenus purement financiers des entreprises et des banques (47 milliards), en agissant enfin contre l’évasion fiscale (80 milliards). Le CICE, qui ne crée pas d’emplois et est accaparé par les actionnaires, doit être supprimé et son montant (40 milliards en 2019) affecté à des prêts aux PME et entreprises qui investissent et créent des emplois.

POUR UNE RÉPUBLIQUE D’INTERVENTION CITOYENNE

9 Rendre le pouvoir au Parlement contre la monarchie présidentielle. Instaurer un référendum d’initiative populaire. Mettre en place des pouvoirs décisionnels des salariés à l’entreprise

Les citoyens veulent pouvoir décider. Diminuer les pouvoirs présidentiels, c’est doter le Parlement de nouveaux pouvoirs pour représenter mieux le peuple, et c’est aussi restituer aux collectivités locales les moyens d’agir. 500 000 électeurs doivent pouvoir faire soumettre à référendum des lois sur l’organisation des pouvoirs publics ou la politique économique et sociale. Les salariés ont besoin de nouveaux moyens d’intervention sur les choix des entreprises, à commencer par un droit de veto et de contre-propositions face aux plans de licenciements.

POUR EN FINIR AVEC L’AUSTÉRITÉ EUROPÉENNE

10 Sortir du pacte budgétaire européen : priorité aux dépenses sociales et écologiques

Les besoins vitaux des peuples et les impératifs écologiques ne peuvent plus être corsetés par un pacte antidémocratique, obsédé par l’équilibre budgétaire à n’importe quel prix et la réduction des dépenses publiques. C’est de coopération pour des dépenses d’avenir, socialement et écologiquement utiles, dont nous avons besoin, avec une Banque centrale européenne finançant à 0% un fonds européen de développement solidaire. »

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Crime contre la culture : Cyril Hanouna – Marlène Schiappa pour le « grand débat national »

Pour toute personne cultivée, Cyril Hanouna est un cauchemar. Le fait qu’il soit au cœur d’une émission spéciale « grand débat national », sur C8, en dit long sur le niveau de populisme et de stupidité de la France. La présence de Marlène Schiappa comme co-animatrice, alors qu’elle est membre du gouvernement, montre bien qu’on a touché le fond.

Depuis plusieurs mois, la secrétaire d’État à l’Égalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa se veut une porte-parole de la cause des femmes, n’hésitant pas à intervenir souvent et avec un grand relais dans les médias. Tout cela ne correspond qu’à un féminisme comme simple levier afin d’augmenter l’esprit de compétition entre les travailleurs, pas du tout à un vrai féminisme. On en a la simple preuve au fait qu’elle, pourtant membre du gouvernement, se retrouve comme co-animatrice d’une émission avec Cyril Hanouna.

Peut-on croire une seule seconde que Cyril Hanouna soit en adéquation, dans son style beauf, avec les exigences d’un véritable féminisme ? Absolument pas, bien entendu. L’ennemi des femmes, c’est avant tout les beaufs. Ceux-ci récusent tout changement et toute réflexion, or la cause des femmes implique une participation des hommes à leur rééducation morale et psychologique, par l’abandon du style patriarcal.

Cyril Hanouna correspond à un tel style et Marlène Schiappa montre que son féminisme est un simple opportunisme. Il y a ici une absence totale de dignité, un véritable jeu de massacre de la dignité des idées et de la vie politique. Ce n’est même plus ici de la dégradation, c’est de la destruction pure et simple. Il faut d’ailleurs rappeler ici le jeu sombrement infâme de Cyril Hanouna dans le cadre d’un populisme télévisuel débridé.

Avant le début des gilets jaunes, des infirmiers en colère étaient venus à la sortie des studios à Boulogne-Billancourt pour demander à Cyril Hanouna de les aider, et il les a invités à son émission. C’est pour cela que le 19 novembre des gilets jaunes ont fait pareil, et qu’il les a invités à « Touche pas à mon poste ». Une phrase prononcée à Cyril Hanouna par un gilet jaune le 19 novembre et largement soulignée par les médias alors résume tout:

« On veut que tu dises à Macron que le peuple souffre. »

Il y a un mot très simple et très compliqué pour résumer cela : le fascisme. Non pas qu’on soit dans le fascisme ou que ces gens soient fascistes, mais c’est le fascisme qui s’exprime à travers cette situation.

Car quand on en arrive au point où des gens opprimés ne parviennent même plus à se relier à la classe des travailleurs, qu’ils en arrivent à quémander un animateur télé pour qu’il demande au président de l’aide, c’est que tout est perdu. On en est au point où l’individualisme est complet, le niveau culturel à zéro. La société est aseptisée et est mûre pour basculer dans la quête d’un sauveur venant « rétablir » la justice.

Ce grand moment de télévision qui nous est promis avec Cyril Hanouna et Marlène Schiappa est une catastrophe culturelle, une insulte à la France des Lumières et à l’histoire des luttes de classes de ce pays. Ce n’est pas même une farce, c’est un crime contre la culture.

Voir des siècles de vie politique française réduits à un débat avec des demandeurs d’emploi, des retraités et des commerçants organisé par l’animateur Cyril « les nouilles dans le slip » Hanouna et un membre du gouvernement… ce n’est même plus de l’aberration, c’est de la folie pure et simple.

Ou, plus précisément, l’expression d’une décadence générale de la société française, littéralement anéantie culturellement par le libéralisme économique, politique et culturel.

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Le populisme du « grand débat national »

En organisant un débat national, Emmanuel Macron veut que la bourgeoisie, plus vive sur le plan des idées, écrase les ouvriers et neutralise les classes moyennes. Mais son pari est risqué, car il réactive directement un grand thème des années 1930 : celui du rapport entre le peuple et l’État, de la forme des débats pour les décisions d’État.

Emmanuel Macron

Il y a un côté tout à fait années 1930 dans ce « grand débat national » porté par Emmanuel Macron et censé commencer cette mi-janvier. En effet, les années 1930 ont été marquées par des idéologies ayant précisément comme thème cette question de débats à l’échelle du pays tout entier.

Les réponses ont été très nombreuses et ont joué un grand rôle historique. Le Fascisme a proposé le corporatisme, le Communisme le pouvoir des conseils. Les socialistes hésitaient entre pouvoir par en bas et représentation parlementaire traditionnelle, certains espérant que des « plans » économiques éviteraient de poser la question.

Les libéraux quant à eux ne juraient que par les individus, mais comment concilier cela avec une orientation au niveau national ? Les conservateurs, quant à eux, entendaient faire simple : un pouvoir fort, court-circuitant l’assemblée.

Emmanuel Macron tente, avec son « grand débat national », de reformer une alliance entre libéraux et conservateurs, alliance cassée par son irruption politique et l’effondrement de la Droite s’en étant suivi. Son idée est simple : en organisant par en haut des débats, dans les mairies, dans un cadre encadré par les institutions, il s’agit d’empêcher l’irruption des couches populaires sur le plan des idées et des thèmes.

Les gilets jaunes, eux, auront droit à la parole, et il s’agira d’intégrer ces révoltés des classes moyennes qui vont de toutes façons s’enliser en rêvant d’un Référendum d’initiative citoyenne comme solution magique.

Et pour que cela ne termine pas en assemblée générale, le gouvernement a prévu la parade : s’il y a trop de monde pour une conférence, un tirage au sort décidera des présents ! Car tout est fait pour que la question du pouvoir soit totalement absente des débats. On est dans le « dialogue », dans « l’amélioration » des institutions, etc.

Cela implique que les ouvriers ne seront pas de la partie. C’est la même raison qui fait que les ouvriers n’ont pas été impliqués dans les gilets jaunes, d’ailleurs. Seule la question du pouvoir capte l’attention des ouvriers, le reste est pour eux vanité.

Il faut en effet toute la naïveté de quelqu’un ne connaissant pas les rapports de force sociaux pour s’imaginer qu’il suffit d’aller au débat, de proposer un thème, d’expliquer son propre avis, pour que cela ait une quelconque incidence sur quoi que ce soit.

C’est bien pour cela d’ailleurs que le gouvernement a fixé quatre grands thèmes, même si soi-disant on peut apporter ce qu’on veut, pour bien encadrer l’ensemble :

  • « mieux accompagner les Français pour se loger, se déplacer, se chauffer » ;
  • « rendre notre fiscalité plus juste, plus efficace, plus compétitive » ;
  • « faire évoluer la pratique de la démocratie » ;
  • « rendre l’État et les services publics plus proches des Français et plus efficaces ».

Ces quatre thèmes sont chacun liés à la question de la petite propriété dans son rapport avec l’État et les couches supérieures de la société. C’est une négociation pour la part du gâteau capitaliste. Et cela promet une pression bientôt accrue sur les ouvriers.