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Pourquoi il faut parler cyclisme

Un sport de riches pratiqué par des pauvres, un symbole du socialisme.

Il n’y a rien de plus français que le Tour de France, il n’y a rien de plus populaire que le Tour de France. Et si l’on regarde bien, il y a dans le cyclisme quelque chose qui est par définition même ce qui est la Gauche historique.

De quoi s’agit-il ? Tout simplement de ce fait capital que le cyclisme est un sport de riches pratiqué par des pauvres. Et ça, ça change tout.

En effet, le football, par exemple, a un profond travers, c’est son immédiateté. Cela lui confère une base de masse qui, en fait, est fictive. Si tout le monde aime taper dans un ballon ou jouer avec une balle, il apparaît très vite que le football, on en fait vite le tour. Les Français ne sont pas les Brésiliens et leur affection pour le jeu de balles.

Et si supporter un club est une forte tradition en France parfois, il n’y a pas de réel public de masse à grande échelle pour autant en France et une des preuves de cela est qu’il n’y a pas réellement plusieurs clubs par ville contrairement à beaucoup d’autres pays. Le football est présent, mais il n’est pas validé et il n’existe d’ailleurs pas dans notre pays sans faire face, tel un yin et yang, au rugby.

Car les Français aiment l’esprit et le style, ce que le football ne permet pas dans une large mesure, le rugby étant son inverse. Le cyclisme le permet par contre par la grâce de ses courbes, ses codes et surtout son esprit. Mais ce trait national-démocratique français – qu’aucun nationaliste ou cosmopolite d’ultra-gauche ne comprendra jamais en raison de leur incapacité à fournir des efforts culturels prolongés – a un contenu socialiste de par un aspect substantiel.

Le cyclisme a ceci ici en effet de très différent par rapport au football que c’est une activité qui exige un investissement financier et intellectuel. C’est accessible sans réellement coûter quelque chose, puisqu’on peut rouler ici ou là gratuitement, même si parfois il faut se déplacer en voiture ou en train pour y accéder.

Par contre, le matériel coûte cher, très cher. 1500 euros un vélo correct, 150 euros le cuissard cycliste long et 90 euros pour le haut, 60 euros le casque, 30 euros pour des gants mi-saison et 150 euros pour des chaussures, sans parler des chaussettes, de la pompe à vélo, un lubrifiant pour la chaîne, des pneus à changer régulièrement, etc.

Et faire du vélo c’est se préoccuper de savoir que faire en cas de crevaison, c’est faire l’effort de chercher les routes où l’on peut rouler, etc. Ce n’est pas taper dans un ballon en bas de chez soi. Le football, c’est d’ailleurs accepter l’urbanisation, la ville, alors que le cyclisme, c’est la fuir tout en l’assumant sur le plan matériel au niveau de la modernité et de la culture.

Cela fait que le cyclisme pratiqué par les pauvres implique une exigence socialiste, car c’est dire: nous sommes pauvres, mais nous voulons la richesse matérielle afin de pouvoir nous épanouir, développer nos facultés, pour nous tourner vers la nature depuis la culture.

Phénomène récent devenant de masse, le gravel bike est grosso modo un vélo de course avec des roues valables pour le gravier, le sable, les chemins… permettant des parcours plus marquants que ceux purement routiers et sans la lourdeur des VTT

Seul le capitalisme développé permet d’ailleurs une telle démarche. Il y a une incroyable montée en puissance du cyclisme en France : dès les années 1920-1930 il y a des comptes-rendus en première page de l’Humanité, puis les années 1960 marquent le début d’une consécration culturelle nationale.

La pandémie a, de manière marquée, encore plus renforcé la présence du vélo, mais cela est par contre vrai dans tous les pays occidentaux, comme d’ailleurs l’expansion des pistes cyclables et marquages cyclables sur les routes. C’est un aspect important, mais là n’est pas l’essentiel.

L’essentiel, c’est que le cyclisme implique des pauvres ne s’enfermant pas dans l’immédiateté, faisant des efforts prolongés et conscients pour vivre mieux. Il y a là tout un symbole.

Et puis bien sûr il y a la dimension sportive, prolétaire, bien loin des pouilleux zadistes ou des syndicalistes toxicomanes. La Gauche historique a toujours souligné l’importance de la santé, du bien-être physique et mental.

Voilà pourquoi il faut parler cyclisme, car le cyclisme parle de lui-même à l’esprit français, tout comme le font le Varzesh-e Pahlavani en Iran, le tennis de table en Chine, le hockey sur glace en Tchéquie, le ski en Autriche, le cricket au Pakistan et en Inde, le volleyball au Sri Lanka…

Et cela, c’est de la culture, démocratique : c’est avec cela qu’on écrase le fascisme, et avec rien d’autre.

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Burberry, un bon exemple de la tendance aux masses

Marque aristocratique bornée, Burberry’s est devenue Burberry, une marque se plaçant sur le marché mondial du vêtement de luxe ou quasi, et est un bon exemple de mondialisation qui tombera dans les mains des masses.

Burberry est l’exemple même d’un changement radical d’époque, et c’est bon signe. À l’origine, c’est une marque entièrement tournée vers les couches sociales supérieures anglaises, dénommée Burberry’s. Mais le capitalisme s’est « mondialisé » et à partir de 2002 avec son entrée en Bourse, l’entreprise traditionnelle s’est transformée en marque à visée mondiale. Cela va dans le bon sens : il n’y aura plus qu’à nationaliser pour mettre au service des masses.

En attendant, c’est totalement inaccessible car les prix se veulent « luxe » (disons que c’est juste en-dessous le vrai luxe, mais extrêmement cher). Et pourtant vue l’approche, on voit déjà que les masses s’approprieront inévitablement la marque, qu’elle ne peut continuer dans sa lancée qu’en devenant au service des masses.

Il est évident que la bourgeoisie traditionnelle s’efface, disparaît, se liquide elle-même dans le capitalisme ayant atteint un niveau incroyable. Cela produit bien entendu des réactionnaires regrettant le passé et des LGBT fascinés par le turbocapitalisme, mais surtout des possibilités énormes pour une société qui, tournée vers le Socialisme, aurait des moyens énormes de satisfaire les exigences culturelles populaires.

Ce qui est frappant avec Burberry, c’est comment le style anglais apporte une puissante contribution avec son côté chic légèrement dégradé par des symboles cependant parfaitement harmonieux. C’est en fait la direction que Lacoste a tendance à prendre et qu’il faudrait que cette marque ne prenne en fait surtout pas, car ce n’est pas du tout dans sa matrice. Quand Lacoste essaie de faire de l’anglais, cela rate totalement, alors que la même chose fait par Burberry cela aurait fonctionné.

En même temps on ne peut pas s’étonner que des producteurs d’habits, dans un cadre capitaliste, échappent à un esprit de perdition, de décadence, de désorientation générale. Avec le fameux coup de piocher, comme ici pour Lacoste avec de « l’inspiration » chez Fila et Gosha Rubshinskiy. Cela fait totalement tâche au milieu du minimalisme efficace du reste, mais bon ce qui compte c’est l’expansion à coups de n’importe quoi.

On ne peut que rêver, pour l’instant, de ce que donneront Burberry et Lacoste quand ces marques seront socialisées. En tout cas elles le seront, car les masses veulent le style qui exprime le rapport à la vie réelle, concrète : life deluxe for all.