Catégories
Politique

27 collectivités de «gauche» veulent aider les mafias passeuses de migrants en Méditerranée

Plus de 20 000 personnes ont perdu la vie en Méditerranée depuis 2014 en tentant la grande traversée vers l’Europe. C’est insoutenable et il faudrait de gros moyens pour empêcher cela, en détruisant les mafias de passeurs et en dénonçant ce faux Eldorado que représentent les grandes métropoles capitalistes. Au lieu de cela, 27 collectivités locales liées à la « gauche », ont lancé une plateforme pour mobiliser de l’argent public en faveur de « SOS Méditerranée », cette organisation qui aide les mafias de passeurs dans leur entreprise criminelle.

L’organisation « SOS Méditerranée » est le dernier maillon d’une chaîne criminelle tout à fait connue et extrêmement bien documentée. Il y a des réseaux mafieux très organisés qui font miroiter l’Eldorado européen à de jeunes africains puis les entassent par centaine dans des embarcations de fortune. Cela moyennant des sommes astronomiques pour un tel « voyage », équivalentes à plusieurs milliers d’euros par personne.

Ensuite, un appel de détresse est lancé et les personnes, avec souvent des enfants, sont abandonnées en pleine mer. C’est une loterie sordide. Soit c’est la mort, soit il y a une possibilité de sauvetage, puis de passage vers l’Europe.

Un tel système est inqualifiable, sournois au possible, mais « SOS Méditerranée » ne vise aucunement à le détruire, bien au contraire. L’organisation participe pleinement de ce trafic et d’ailleurs elle devrait voir sa responsabilité criminelle reconnue. Le rôle de « SOS Méditerranée » est en effet déterminant, en faisant régulièrement de gros « coup » pour acheminer des centaines de migrants en Europe, plus de 30 000 revendiqués en 5 ans. Cela donne de la légitimité aux mafias, qui peuvent ainsi justifier de la réussite de leurs opérations de passage.

Les États européens et africains ne font absolument rien pour empêcher cela. Les premiers, car ils ont besoin de ces masses de migrants précaires ayant risqué leur vie pour venir servir le capitalisme ; les seconds, car ils sont totalement corrompus. Le rôle de la véritable Gauche alors est de dénoncer cela, en obligeant les États à intervenir contre les mafias et en faisant respecter les frontières.

La première chose à faire serait d’obliger la Libye à empêcher les embarcations de partir. Mais la Libye ne le veut pas, car la corruption y est énorme et il est profité sur place de la mise en esclavage des candidats à l’immigration, ainsi que des revenus de tout ce trafic. Et de toutes façons, il n’y a plus d’État central, tellement le pays est divisé par les grandes puissances.

La dernière chose à faire en tous cas est d’encourager cet immonde trafic en soutenant « SOS Méditerranée », qui travaille objectivement pour les mafias de passeurs de migrants.

Il faut dénoncer avec force ces collectivités soi-disant de gauche, qui veulent mobiliser de l’argent public en soutien à un tel système criminel. Ces régions, départements et villes se sont regroupés derrière une plateforme « tous sauveteurs ». En voici la liste :

– les régions Occitanie et Bretagne ;

– les départements Loire Atlantique, Hérault, Nièvre, Haute-Garonne, Pyrénées Orientales, Île-et-vilaine et Finistère ;

– Les villes de Paris, Montpellier, Villerupt, Mont-Saint-Martin, Saint-Nazaire, Lille, Grenoble, Villeurbanne, Bordeaux, Rezé, Alba-la-Romaine et Pantin.

Les dirigeants de ces collectivités prétendent aider le monde, mais ils ne font qu’appuyer le capitalisme, qui a absolument besoin de ces milliers de migrants prêt à tout pour tenter leur « rêve américain ». En soutenant « SOS Méditerranée » avec de l’argent public, la fausse Gauche montre sa nature bourgeoise et entièrement corrompue par le capitalisme, elle prouve à quel point elle n’a rien de populaire et encore moins de démocratique.

C’est un véritable désastre et il est grand temps que la Gauche historique revienne sur le devant de la scène pour remettre les choses au clair.

Catégories
Politique

L’encyclique Fratelli tutti du pape

La nouvelle encyclique du pape a une forte résonance sociale, sans réelle originalité et montre surtout l’incapacité à aborder les vraies questions de fond.

Le pape François s’est rendu samedi 3 octobre sur la tombe de « saint » François d’assise, afin de signer une nouvelle encyclique, intitulé Fratelli tutti (Tous frères), un long texte programmatique en 287 paragraphes dont le sous-titre est « Sur la fraternité et l’amitié sociale ».

Il est très important, car il expose la stratégie catholique romaine, qu’il s’agit de combattre et ce n’est pas évident, car l’ennemi est intelligent et tenace. Déjà, il sait faire front, le pape exprimant un esprit d’alliance religieuse :

« Si pour la rédaction de [la précédente encyclique] Laudato si´  j’ai trouvé une source d’inspiration chez mon frère Bartholomée, Patriarche orthodoxe qui a promu avec beaucoup de vigueur la sauvegarde de la création, dans ce cas-ci, je me suis particulièrement senti encouragé par le Grand Iman Ahmad Al-Tayyeb [cité par ailleurs plusieurs fois dans l’encyclique] que j’ai rencontré à Abou Dhabi pour rappeler que Dieu « a créé tous les êtres humains égaux en droits, en devoirs et en dignité, et les a appelés à coexister comme des frères entre eux ». Ce n’était pas un simple acte diplomatique, mais une réflexion faite dans le dialogue et fondée sur un engagement commun. »

Toute la fin de l’encyclique consiste d’ailleurs en une sorte de présentation du rôle des « religions au service de la fraternité dans le monde »

Cela n’a cependant rien de nouveau et les Français connaissent ce front, dont s’est par ailleurs toujours moqué Charlie Hebdo. Non, ce qui est bien plus pernicieux, c’est la démagogie anti-capitaliste du catholicisme romain, sa dénonciation des grandes entreprises capitalistes et de l’idéologie postmoderne qui va avec.

Le pape François paraphrase le discours de la Gauche historique, pour évidemment tout ramener à une question « spirituelle », la religion étant présentée comme le seul vrai refuge d’un monde anonyme, individualiste et cynique.

« ‘‘S’ouvrir au monde’’ est une expression qui, de nos jours, est adoptée par l’économie et les finances. Elle se rapporte exclusivement à l’ouverture aux intérêts étrangers ou à la liberté des pouvoirs économiques d’investir sans entraves ni complications dans tous les pays.

Les conflits locaux et le désintérêt pour le bien commun sont instrumentalisés par l’économie mondiale pour imposer un modèle culturel unique. Cette culture fédère le monde mais divise les personnes et les nations, car « la société toujours plus mondialisée nous rapproche, mais elle ne nous rend pas frères ».

Plus que jamais nous nous trouvons seuls dans ce monde de masse qui fait prévaloir les intérêts individuels et affaiblit la dimension communautaire de l’existence. Il y a plutôt des marchés où les personnes jouent des rôles de consommateurs ou de spectateurs.

L’avancée de cette tendance de globalisation favorise en principe l’identité des plus forts qui se protègent, mais tend à dissoudre les identités des régions plus fragiles et plus pauvres, en les rendant plus vulnérables et dépendantes. La politique est ainsi davantage fragilisée vis-à-vis des puissances économiques transnationales qui appliquent le ‘‘diviser pour régner’’.

C’est précisément pourquoi s’accentue aussi une perte du sens de l’histoire qui se désagrège davantage. On observe la pénétration culturelle d’une sorte de ‘‘déconstructionnisme’’, où la liberté humaine prétend tout construire à partir de zéro.

Elle ne laisse subsister que la nécessité de consommer sans limites et l’exacerbation de nombreuses formes d’individualisme dénuées de contenu. »

Il faut cependant bien que l’Église catholique romaine trouve des ressorts : il ne suffit pas de paraphraser, il faut des vecteurs. Ici, il y a des choses nouvelles et des choses traditionnelles. Pour ces dernières, on retrouve le combo classique désespoir/espérance : les migrants vont être de plus en plus nombreux et sont une heureuse allégorie de l’humanité en quête d’Espoir, il faut donc suivre l’appel à l’amour du nouveau testament, etc.

C’est le style « minimaliste », frugal, anticapitaliste romantique traditionnel, dont voici une illustration :

« Lorsque nous parlons de protection de la maison commune qu’est la planète, nous nous référons à ce minimum de conscience universelle et de sens de sollicitude mutuelle qui peuvent encore subsister chez les personnes.

En effet, si quelqu’un a de l’eau en quantité surabondante et malgré cela la préserve en pensant à l’humanité, c’est qu’il a atteint un haut niveau moral qui lui permet de se transcender lui-même ainsi que son groupe d’appartenance.

Cela est merveilleusement humain ! Cette même attitude est nécessaire pour reconnaître les droits de tout être humain, même né ailleurs. »

À lire l’encyclique on voit d’ailleurs très bien comment une large partie de la gauche et de l’ultra-gauche consiste en fait en des cathos de gauche, tellement le thème des migrants y est omniprésent (dans une tradition catholique de plus d’un siècle d’ailleurs concernant ce thème bien précis).

Parmi les thèmes nouveaux, en tout cas remarquables pour une encyclique, on a : une forte insistance sur la dénonciation des mafias, la critique appuyée des réseaux sociaux sur internet, une série de considérations approfondies sur le localisme et ses avantages, la réalisation d’une civilisation de l’amour par l’amour social et politique et la discussion publique, l’appel à mettre la personnalité individuelle au-dessus de tout.

Le pape reprend en fait toute la rhétorique du « personnalisme » du philosophe catholique français Emmanuel Mounier (1905-1950), pour qui la transcendance religieuse est ce qui préserve le noyau dur de la personnalité contre le totalitarisme du collectivisme.

Le pape François cite d’ailleurs à ce sujet le pape Jean-Paul II du même esprit et visant très clairement la lutte des classes, le Socialisme.

« Dans ce sens, je voudrais rappeler un texte mémorable : « S’il n’existe pas de vérité transcendante, par l’obéissance à laquelle l’homme acquiert sa pleine identité, dans ces conditions, il n’existe aucun principe sûr pour garantir des rapports justes entre les hommes. Leurs intérêts de classe, de groupe ou de nation les opposent inévitablement les uns aux autres.

Si la vérité transcendante n’est pas reconnue, la force du pouvoir triomphe, et chacun tend à utiliser jusqu’au bout les moyens dont il dispose pour faire prévaloir ses intérêts ou ses opinions, sans considération pour les droits des autres. […]

Il faut donc situer la racine du totalitarisme moderne dans la négation de la dignité transcendante de la personne humaine, image visible du Dieu invisible et, précisément pour cela, de par sa nature même, sujet de droits que personne ne peut violer, ni l’individu, ni le groupe, ni la classe, ni la nation, ni l’État.

La majorité d’un corps social ne peut pas non plus le faire, en se dressant contre la minorité » [St. Jean-Paul II, Lettre enc. Centesimus annus (1er mai 1991)]. »

Ce qui est frappant c’est que n’importe qui de la « gauche » postmoderne sera ici tout à fait d’accord avec les papes François et Jean-Paul II dans cette défense de « l’individu » unique en son genre contre l’horrible totalitarisme universaliste.

Cela en dit long également sur comment le pape François est un produit marketing jésuite, qui fait passer la même camelote religieuse mais en présentant de manière « inclusive ». Les deux derniers paragraphes de l’encyclique valent ici le détour.

Le pape François fait l’éloge de Martin Luther King, Desmond Tutu, Mahatma Mohandas Gandhi pour appuyer son long propos sur… Charles de Foucauld (1858-1916), un Français ancien militaire à l’esprit colonial basculant dans le fanatisme catholique et allant jouer les ermites au Sahara !

« Dans ce cadre de réflexion sur la fraternité universelle, je me suis particulièrement senti stimulé par saint François d’Assise, et également par d’autres frères qui ne sont pas catholiques : Martin Luther King, Desmond Tutu, Mahatma Mohandas Gandhi et beaucoup d’autres encore.

Mais je voudrais terminer en rappelant une autre personne à la foi profonde qui, grâce à son expérience intense de Dieu, a fait un cheminement de transformation jusqu’à se sentir le frère de tous les hommes et femmes. Il s’agit du bienheureux Charles de Foucauld.

Il a orienté le désir du don total de sa personne à Dieu vers l’identification avec les derniers, les abandonnés, au fond du désert africain. Il exprimait dans ce contexte son aspiration de sentir tout être humain comme un frère ou une sœur, et il demandait à un ami : « Priez Dieu pour que je sois vraiment le frère de toutes les âmes […] ».

Il voulait en définitive être « le frère universel ». Mais c’est seulement en s’identifiant avec les derniers qu’il est parvenu à devenir le frère de tous. Que Dieu inspire ce rêve à chacun d’entre nous. Amen ! »

On remarquera pour conclure que l’encyclique n’aborde la pandémie simplement qu’en passant et qu’elle n’est jamais abordée telle quelle comme une actualité. C’est intellectuellement paradoxal car l’encyclique précédente traitait d’écologie… Mais en même temps le pape ne peut pas assumer le réalisme et constater que la crise sanitaire vient d’un rapport désaxé à la nature : son but est d’amener à la spiritualité.

C’est là d’ailleurs un très bon argument. La crise sanitaire pose la question du rapport à la nature, notamment aux animaux, et le pape parle d’amour social et des migrants. C’est totalement déconnecté de ce que l’époque nous impose comme réflexion.

 

Catégories
Société

Campements de migrants: 13 maires principalement de gauche signent une tribune réclamant à l’État d’agir

Dans une tribune publiée par Libération, treize maires de grandes villes ou de villes de banlieue, liés à la Gauche sauf deux d’entre eux, demandent à l’État d’assumer ses responsabilités par rapport aux campements de migrants. Les situations sont en effets catastrophiques et de moins en moins acceptables pour la population.

L’État laisse littéralement pourrir la situation de migrants dans de nombreuses villes et des camps se généralisent depuis plusieurs années, formés par des personnes qui devraient pourtant, dans l’immense majorité des cas, être expulsées du pays depuis longtemps. Les mairies doivent alors gérer en urgences des situations qui relèvent pourtant de la compétence de l’État. Des gymnases ont pu être réquisitionnés, quand ce ne sont pas des bâtiments désaffectés, au mépris de toute garantie en matière de sécurité.

En l’absence d’une situation régulière ou dans l’attente de l’examen d’une demande de droit d’asile dont ils seront très probablement déboutés, ces migrants errèrent dans les villes et s’entassent dans ces campements devenant vite insalubres. Les situations sont humainement inacceptables. La population quant à elle voit apparaître des bidonvilles sous ses yeux, ainsi qu’une délinquance accompagnant ces situations précaires.

Les réseaux mafieux profitent largement de cette situation, qui est quasiment assumée par l’État refusant de procéder aux expulsions et à un véritable contrôle des frontières. Il faut dire que la situation de ces migrants est tout à fait acceptable pour le capitalisme, car ils peuvent servir de main d’œuvre bon marché et sur-exploitée – situation renforcée par l’état d’esprit même de ces migrants qui dans la plupart des cas ont une perspective de réussite individuelle et sont près à travailler très dur en s’imaginant devenir vite riche.

Une partie d’entre eux sévit parallèlement, ou entièrement, dans des trafics en tous genres, souvent plus rentables dans cette perspective d’enrichissement individuel.

La tribune des 13 maires demande à l’État d’assumer ses responsabilités, mais se garde bien d’avoir un discours clair et cohérent quant à la question de l’immigration. La confusion est volontairement faite entre les migrants économiques et les véritables demandeurs d’asiles, exactement comme le fait le gouvernement. Cela n’aide en rien à la compréhension de cette réalité et n’offre aucune perspective pour y faire face conformément à l’exigence démocratique et populaire.

Voici la tribune :

« En avril dernier, nous maires d’Aubervilliers, Grande-Synthe, Grenoble, Lille, Metz, Nantes, Paris, Rennes, Strasbourg, Saint-Denis, Toulouse et Troyes, avons interpellé le gouvernement sur la situation des personnes à la rue, parmi lesquelles des personnes migrantes cherchant un refuge dans les villes de France. Une situation qui, malgré les dispositifs mis en place par l’Etat et les efforts réalisés en matière de création de places d’hébergement, ne cesse de se dégrader.

Dans les campements de fortune qui se sont installés au cœur de nos villes, on compte chaque jour plus d’hommes, de femmes et d’enfants. Il n’est pas rare d’y voir des nourrissons et des familles entières en attente d’une solution. Livrées à elles-mêmes, exposées à toutes les difficultés qu’implique la vie dans la rue, ces personnes sont dans une situation d’extrême vulnérabilité.

Plus de quatre mois après ce courrier demeuré sans réponse, la situation reste très inquiétante. Après l’été et son lot d’épisodes caniculaires, c’est bientôt l’hiver qui se profile, avec des conditions climatiques qui font craindre pour la survie des personnes. Face à l’urgence, les villes font tout leur possible pour apporter une réponse à cette crise qui dure depuis trop longtemps. Sur tout le territoire, des actions concrètes ont été mises en œuvre pour prendre en charge celles et ceux que la carence de l’Etat contraint à vivre dans des conditions indignes.

Grenoble a pris un arrêté anti «mise à la rue», qui a été suspendu cet été par le tribunal administratif. Des personnes sans domicile sont accueillies en partenariat avec des associations et des collectifs dans des lieux disponibles ou temporairement vacants appartenant à la ville. Rennes héberge, chaque nuit, 640 personnes migrantes et ouvrira prochainement un centre d’hébergement d’urgence de 100 places pour les familles. La ville de Grande-Synthe a également ouvert l’hiver dernier un gymnase ayant permis d’accueillir près de 250 réfugiés. En 2018-2019, au-delà des actions déjà menées, Nantes a pris en charge l’hébergement et l’accompagnement social de 758 personnes après la fermeture d’un campement. Récemment, 88 nouvelles places ont été mises à la disposition de l’Etat pour abriter des familles à la rue. Les bains-douches municipaux accueillent chaque jour plus de 140 personnes. Depuis deux ans, Metz met à disposition de l’Etat un lycée désaffecté qui s’est transformé en centre d’accueil temporaire des migrants en attente d’hébergement. Un carrefour des solidarités a été créé, placé sous l’égide du CCAS ; il permet d’accueillir toute personne en situation de précarité pour lui faciliter l’accès aux soins et aux droits.

Paris a créé, en lien avec Saint-Denis, une halte d’accueil humanitaire à proximité des campements. Dans ce lieu très fréquenté, plus de 400 personnes sont accueillies chaque jour pour un temps de répit. Deux centres humanitaires ont également été ouverts, dont un dédié aux hommes qui a accueilli plus de 25 000 personnes sur dix-huit mois, et un dédié aux familles, en lien avec la ville d’Ivry-sur-Seine et qui est encore en activité. Saint-Denis a ouvert ses centres de vacances et ses gymnases durant les périodes hivernales. Aubervilliers a mis en place une cellule de veille qui réunit les associations effectuant des maraudes et les services municipaux participants aux signalements des personnes SDF. Depuis 2015, Lille a permis l’accueil et l’accompagnement de nombreux réfugiés dans des lieux divers (résidences municipales et logements diffus notamment).

Lille accompagne et soutient également les associations organisant des maraudes et des distributions alimentaires auprès des personnes vivant à la rue. Dans sa démarche «Ville hospitalière», Strasbourg a ouvert des accueils nouveaux, en logement ou habitat «intercalaire», et un lieu de répit pour familles à la rue. En deux ans, sous son impulsion, l’hébergement de migrants, en lien avec les acteurs locaux, a permis de mettre fin à plus de 12 campements. A Toulouse, le plan de résorption des bidonvilles initié en 2015 a permis d’accueillir plus de 1 200 personnes grâce à sa capacité d’hébergement de 150 appartements. Plus de 300 d’entre elles ont été orientées vers des logements sociaux après un accompagnement vers l’inclusion sociale. La Ville ouvrira plus de 100 places supplémentaires d’ici la fin de l’année à destination des publics réfugiés.

Les villes agissent. A leurs côtés, nombreuses sont les associations, les entreprises, les citoyennes et les citoyens qui s’engagent pour mettre fin à une réalité devenue insupportable ; pour trouver des logements vacants, coordonner la prise en charge des personnes et répondre aux besoins spécifiques. Tous font un travail considérable. Mais cette mobilisation, aussi soutenue soit-elle, ne doit pas avoir pour effet de décharger l’Etat de compétences qui sont les siennes. D’autant que, si les acteurs de terrain ne manquent pas d’idées, ils arrivent à court de moyens.

Seul l’Etat est à même de créer et de déployer le dispositif pérenne dont nous manquons aujourd’hui. Un dispositif qui peut s’inspirer des solutions imaginées par les villes, comme le centre humanitaire qui a récemment fermé Porte de la Chapelle à Paris. Nous avons besoin de lieux comme celui-ci, identifiables et accessibles à tous. Seul l’Etat est en mesure de porter au niveau européen les négociations relatives à la crise migratoire, pour construire une réponse globale au défi que pose l’accueil des réfugiés en France. C’est pourquoi nous réitérons notre appel à l’Etat, pour qu’il assume pleinement son rôle. Il en va de la garantie du respect des droits fondamentaux dont toute personne peut se prévaloir, conformément à nos valeurs et à la tradition humaniste dont se revendique notre pays. Il s’agit également de faire revenir la tranquillité publique dans des quartiers très éprouvés par la permanence de situations humaines et sociales critiques.

Nous, maires, exigeons la mise à l’abri inconditionnelle des personnes présentes sur notre territoire puisque le droit impose que toute personne, même déboutée ou «dublinée», soit prise en charge avant son éventuel renvoi. Nous demandons par ailleurs à être reçus sans délai pour échanger sur le dispositif d’accueil et d’orientation des migrants. Ce nouvel appel doit trouver un écho, alors que s’ouvre le débat sur la situation des migrants.

Signataires :

Nathalie Appere, maire de Rennes ; Martine Aubry, maire de Lille ; François Baroin, président de l’Association des maires de France, maire de Troyes ; Martial Beyaert, maire de Grande-Synthe ; Philippe Bouyssou, maire d’Ivry-sur-Seine ; Meriem Derkaoui, maire d’Aubervilliers ; Dominique Gros, maire de Metz ; Anne Hidalgo, maire de Paris ; Jean-Luc Moudenc, président de France urbaine, maire de Toulouse ; Eric Piolle, maire de Grenoble ; Roland Ries, maire de Strasbourg ; Johanna Rolland, maire de Nantes ; Laurent Russier, maire de Saint-Denis. »

Catégories
Politique

CGT : Philippe Martinez a tort d’assimiler les migrants aux ouvriers

En publiant une tribune dans le quotidien Le Monde, le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez s’adresse à la bourgeoisie « de gauche » et lui apporte son soutien quant à l’utilisation des migrants comme thème électoral.

Philippe Martinez CGT

Le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez a publié une tribune dans Le Monde. Mais les ouvriers ne lisent pas Le Monde. Et sur internet, l’article est en accès payant. Est-ce normal ? Absolument pas, et cela d’autant plus qu’il parle au nom de la CGT elle-même :

« La CGT, présente au cœur des entreprises et des services, forte de son expérience en faveur des travailleurs migrants, tient à rétablir un certain nombre de vérités. »

Mais c’est qu’il ne s’adresse pas aux ouvriers, seulement aux bourgeois « de gauche ». Et il leur parle d’immigration justement, avec un discours très similaire au « manifeste pour l’accueil des migrants », publié parallèlement par Politis, Regards et Mediapart.

Selon lui, pareillement, les migrations sont incontournables :

« Le fait migratoire est un phénomène incontournable, stable et continu dans l’histoire de l’humanité. Prétendre que l’on peut stopper ou maîtriser les mouvements migratoires est un leurre politicien et une posture idéologique. Les plus hauts murs n’empêcheront jamais des personnes de fuir, au péril de leur vie, la guerre, la misère économique ou les persécutions. »

Il est sans nul doute très grave qu’un dirigeant syndical mette en avant le thème des migrants dans une optique électoraliste, avec les élections européennes en ligne de mire… Il agit ici de manière bien nette en faveur de la Gauche post-industrielle, post-moderne qui a besoin de « nouveaux sujets » à défendre… Du moment qu’il ne s’agit pas des ouvriers.

On retrouve d’ailleurs, dans le même mensonge que le « manifeste pour l’accueil des migrants », l’assimilation par Philippe Martinez des concepts de migrants à ceux de réfugiés, ce qui est honteux.

Lire également : Le « Manifeste pour l’accueil des migrants » : antipopulaire par excellence

Cela aboutit inévitablement à un populisme tout à fait erroné, qui fournit des armes à l’extrême-droite dans les rangs ouvriers. Car le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez assimile les migrants à des ouvriers.

« Nous ne faisons pas face à une invasion de migrants et notre pays doit accueillir humainement et dignement ceux qui fuient leurs pays. Cela se nomme la fraternité.

Ces salariés font partie intégrante de la classe ouvrière ! »

Or, c’est totalement erroné, car même en admettant que des migrants aillent à l’usine – ce qui ne sera que rarement le cas – cela n’en ferait pas des ouvriers pour autant : formellement, ce serait le cas, mais leur existence serait tout de même coupée encore de la classe ouvrière, de ses traditions. C’est d’ailleurs là l’intérêt de l’immigration pour le patronat.

Ce qui est d’ailleurs valable ici pour les migrants l’est pour toute personne ayant une origine non ouvrière et basculant dans la classe ouvrière : il faut du temps pour prendre ses marques, ses repères, absorber les valeurs ouvrières. D’où les perpétuelles restructurations organisées par le capitalisme pour empêcher la reconnaissance entre ouvriers, l’émergence d’une pensée commune, l’organisation commune.

> Lire également : La lettre de Georges Marchais suite à l’expulsion des maliens du foyer de Vitry

D’où l’immigration, non seulement dans les usines, mais en général, et notamment dans les quartiers populaires. Il en va d’une main d’œuvre bon marché, mais également avec un faible niveau de conscience politique, une coupure avec les réalités du pays. Il faut alors de nombreuses années, voire une vie afin qu’une connexion se fasse.

Cela, la Gauche l’a toujours su… quand elle avait des idéaux, ou plus exactement un idéal : l’instauration du socialisme ! Philippe Martinez est coupé de cette tradition. Mais qu’attendre d’un chef syndical, dans un pays où tous les syndicats se revendiquent de la charte d’Amiens de 1906 qui rejette tout débat politique, réduisant les syndicats à des organes traitant les choses sans envergure, simplement localement, ou par branches, divisant la classe ouvrière et le peuple ?

Catégories
Société

Avec des émigrants slovaques des années 1920 embarquant de France pour les États-Unis

Nous arrivons au Havre un dimanche matin cinglé par la pluie. Il est cinq heures.
les Slovaques se traînent hors des wagons, les paupières collées, clignant des yeux. Ils se rassemblent autour des employés de la compagnie maritime. Un autobus prend armes et bagages.

L’autobus rempli de Slovaques ne part pas vers l’est en direction du port, mais d’abord vers l’ouest, à Graville, une ville de banlieue. Les rues ici n’ont souvent pas une seule fenêtre : les murs encerclent des hangars, des entrepôts de charbon, des usines. De misérables maisons d’ouvriers ici et là. Des rails de chemin de fer sont posés sur la chaussée pour les trains de marchandises qui vont au port. La voie n’est pas pavée.

L’une des rues s’appelle « la rue de Blanqui », d’après le théoricien de l’insurrection. Des affiches sont collées aux murs : « La Société Générale des travailleurs du bâtiment déclare la grève », « L’Union des syndicats appelle à une réunion à 20 heures 30 » ; « ordre du jour : les conditions salariales des chargeurs de marchandises » . Autres affiches ; « Donnez pour la Russie affamée ! », « Vive la IIIe Internationale ! ».

Le drapeau de la compagnie maritime flotte au-dessus d’un petit porche donnant sur le boulevard Sadi Carnot. C’est là que l’autobus fait halte, et les Slovaques sortent en dégringolant, inquiets pour leurs sacs qu’ils font passer à ceux déjà sortis du véhicule.

Une cour. Elle est bordée par une baraque de plain-pied, une maison à un étage, une palissade et, à gauche de l’entrée, des cabanes de bois, où le gérant a son bureau et son logis. Le tout fait penser à la propriété d’un attrapeur de chiens mais c’est une station d’épouillage, enfin, plus noblement dit, l’Établissement de désinfection à Graville. Nous attendons à la fin de la collecte de documents debout dans la cour où il pleut à torrents. Les coulées de pluie enduisent les murs d’une couche de laque grise. Les Slovaques se tiennent devant, fatigués, tremblants.

Qui a déjà été en Slovaquie et vu ses processions de couleurs éclatantes que pas un Uprka n’a sur sa palette, les couronnes de verre argenté posées sur les têtes des filles, les fleurs radieuses des foulards, les grandes bottes cirées miroitantes, les boutons ronds brillants comme de l’or, tout cela dans un décor de blés mûrs et de belles forêts – qui a vu la Slovaquie et la revoit aujourd’hui voit son humeur se faire aussi morne qu’une journée pluvieuse.

Une salle immense reçoit le flux d’émigrants, un dortoir de cent soixante-quinze châssis comportant chacun deux couches superposées. La personne dormant en haut doit poser son pied sur le « lit » du dessous pour grimper sur le sien. On ne couche pas sur de matelas, mais sur des toiles à voile tendues entre les quatre barres horizontales des châssis, sorte de hamac plus large que de coutume. Au bout des châssis sont fixés des crochets pour suspendre les sacs.

Cette salle où les nouveaux arrivants vont passer la journée et la nuit du dimanche est d’un aspect déplaisant et équivoque. Hommes, femmes, filles, garçons et enfants sont ensemble. Cent émigrants polonais arrivés la veille dorment dans la même pièce et dévisagent les Slovaques d’un air désapprobateur.

Dans la Restiction Bill du 3 juin 1921, les États-Unis ont limité l’émigration de telle sorte que chaque nation établie en Amérique du Nord avant l’an 1914 n’a le droit de faire émigrer que trois pour cent supplémentaire par an. « Seulement » trente-quatre mille personnes par an ont désormais l’autorisation de quitter la Tchécoslovaquie pour la terre promise. Pour être plus précis, le registration officer de Prague attribue un registration number à deux mille huit cent cinquante-quatre personne par mois (avec son nombre d’émigrants, la Tchécoslovaquie se place en troisième position mondiale -l’Angleterre et l’Allemagne sont en tête).

Qui arrive trop tard, comme notre Slovaque par exemple, doit attendre le mois suivant dans les baraques de Lieben ou au Hradschin. Ce nombre peut être dépassé de vingt pour cent uniquement pour les personnes appartenant aux catégorise professionnelles qui suivent, mentionnées en annexe de la loi : acteurs, artistes, chanteurs, infirmières, prêtres de toutes confessions, professeurs de l’enseignement secondaire ou supérieur et toutes personnes exerçant un métier requérant un niveau d’études élevé. Quant aux domestiques, ils peuvent émigrer aux États-Unis à tout moment et sans limitation de nombre.

[Egon Erwin Kisch, Traversée de la France avec des émigrants.]

Catégories
Politique

La fausse gauche et les migrants de l’Aquarius

Le bateau l’Aquarius est arrivé hier à Malte avec 141 migrants à son bord, qui seront ensuite répartis vers plusieurs pays. En France, et d’ailleurs presque partout en Europe, les forces issues de la Gauche appuient quasi-unanimement ce type de débarquement et en font un de leurs thèmes principaux.

Sos Méditerranée

L’épisode des migrants, traversant la Méditerranée dans des conditions tellement précaires qu’ils risquent leur vie, est au cœur de l’actualité, avec notamment « SOS Méditerranée » qui s’est fait une spécialité de les secourir.

En fait, l’actualité a régulièrement comme thème les migrants et le fait que des navires privés comme l’Aquarius soient lancés pour les sauver en mer en est l’une des expressions.

En effet, le migrant est un symbole : celui du droit de partir où l’on veut, sans responsabilités aucune par rapport à là où on vit, ni par ailleurs par rapport à où l’on va. C’est le droit de refaire sa vie individuellement, en remettant les compteurs à zéro, parce qu’on l’a choisi.

Dans ces cas comme celui de l’Aquarius, selon les chiffres donnés dans la presse française, cela coûterait 3 000 euros à 5 000 euros par personne pour tenter de traverser la Méditerranée. C’est absolument énorme en Afrique et montre à quel point ces tentatives, aussi désespérées puissent-elles être, sont très réfléchies et organisées.

C’est là fondamentalement libéral et c’est pour cela que toutes les forces libérales soutiennent les migrations. Le capitalisme n’est pas du tout fanatique des frontières, au contraire même : il a souvent cherché à faire tomber les frontières, comme en témoigne l’Union Européenne.

Parfois, il se referme sur lui-même dans certaines conditions, lorsqu’il y a des grandes entreprises qui font des États leur outil de conquête. C’est d’ailleurs inévitable : la Gauche sait que cela s’appelle l’impérialisme, le fascisme, la guerre.

Mais cela est « vieux jeu » pour la « Gauche » post-industrielle qui reprend les rêves du capitalisme du 17e siècle, qui veut faire de chacun un entrepreneur. À ce titre, les différents épisodes de l’Aquarius sont une démonstration des insuffisances fondamentales de cette « Gauche » post-industrielle, post-moderne.

Aquarius - sos Méditerranée

Croyant le capitalisme indépassable, cette fausse Gauche veut l’humaniser et reprend directement les valeurs longuement élaborées par l’Église catholique. Tel est d’ailleurs le ton du dernier communiqué du Parti Socialiste, signés par ses principaux membres, intitulé pompeusement « Aquarius : tout nous oblige ».

« Quelle image l’Europe a-t-elle donnée d’elle-même avec ses dirigeants fermant leurs ports et en même temps faisant assaut médiatique de leur humanité ? L’incurie des gouvernements et de l’Union européenne doit cesser. »

C’est là l’origine de la figure du « migrant » comme symbole du besoin de libertés individuelles absolues, remplaçant l’ouvrier dans le cadre de la lutte des classes. Il ne s’agit plus d’abolir le salariat, mais de faire du salarié un être fondamentalement indépendant de tout.

C’est là à l’opposé fondamental d’un mot essentiel du vocabulaire du mouvement ouvrier, celui d’internationalisme. Car chaque pays a le droit de se développer ! Et pas de se voir piller sa jeunesse au profit des pays riches. Chaque personne a le droit d’être membre de sa culture, de son pays, sans avoir à être amené objectivement ou subjectivement à devoir tout abandonner.

D’autant plus qu’il y a derrière ces flux migratoires des réseaux mafieux et esclavagistes avec une dimension gigantesque. N’importe quelle personne réellement de Gauche ne peut que vouloir les broyer et les anéantir. Mais certainement pas qu’ils soient accompagnés dans leur œuvre barbare par des organisations « humanitaires ».

Le cas des 141 migrants débarqués à Malte hier, dont a priori une moitié de mineurs et plus d’un tiers des femmes, est tout à fait typique.

Ils ont été entassés dans une embarcation de fortune et « déposés » à la limite des eaux internationales, au large de la Libye. Les passeurs ont lancé un appel de détresse puis s’en sont retournés, laissant ces personnes sans vivres ou presque, séparées parfois des membres de leur famille avec qui ils voulaient venir en Europe.

SOS Méditerranée - Médecins sans frontières

La plupart du temps, les migrants ne sont pas secourus et meurent noyés par centaine chaque mois. Ceux qui ne sont pas partis sont parfois retenus en esclavage par les « passeurs ».

Ceux qui arrivent en Europe vivent alors dans des conditions très précaires. Cela donne des situations inacceptables que les autorités laissent traîner volontairement, avec des camps de fortunes là encore à la merci des mafias, mais appuyés par des associations « humanitaires », souvent chrétiennes.

Les classes dominantes utilisent qui plus est par la suite facilement les arriérations culturelles sur le plan démocratique des immigrés des pays du tiers-monde d’un côté, le racisme de l’autre, pour diviser davantage encore plus le peuple.

Croire que l’Aquarius serait là pour réellement aider les gens, c’est croire en la bonté des capitalistes « de gauche », qui ne visent en réalité qu’à diviser pour régner, qu’à faire passer les valeurs ouvrières pour quelque chose de réactionnaire.

Être de Gauche, ce n’est certainement pas faire campagne en faveurs des migrations ou de l’Aquarius. C’est au contraire se lier internationalement aux personnes qui se battent pour leurs conquêtes démocratiques et le développement économique de leur pays.