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La Pologne et la Roumanie interviendront en Ukraine

C’est inévitable.

Un drone américain Reaper au service de l’armée polonaise à l’Est du pays

Puisque nous avons annoncé le conflit armé en Ukraine six mois avant son déclenchement et que nous lisons correctement ce qui se passe tout au long des événements, continuons en annonçant un nouveau facteur.

Personne ne l’a vu encore, du moins publiquement, car il est évident que les stratèges américains ont déjà analysé tous les scénarios. Cela ne veut pas dire que le capitalisme puisse planifier quoi que ce soit : ce n’est pas le cas. Mais les stratèges raisonnent en termes d’opportunité.

Tout cela pour dire que les choses ici présentées pourraient avoir une apparence « géopolitique », mais ce n’est pas le cas, la « géopolitique » est un concept bourgeois. Ici, on parle de stratégie.

Allons droit au but pour expliquer les choses. Il est beaucoup parlé de l’article 5 de l’OTAN, qui dit qu’une attaque contre un membre de ce pacte implique une attaque contre tous ses membres. Soit.

Mais ce qui n’est jamais expliqué, c’est ce qui se passe si l’un des membres déclenche de lui-même la guerre. C’est désormais ce scénario qu’il faut prendre en compte.

La Pologne et la Roumanie vont en effet intervenir. Ce sera de leur propre ressort, l’OTAN ne participera pas à cette initiiative. Comme il s’agit cependant d’alliés (et d’une opération favorable à l’OTAN voire mise en place par elle), il y aura bien entendu un soutien… c’est dans « l’ordre des choses » et cela passera crème.

Les motifs seront tout trouvés. Il s’agira d’empêcher la débâcle du régime ukrainien en cas de défaite, ou bien de « protéger » sa victoire. La Biélorussie serait une menace au nord, la Transnistrie une menace au sud (ainsi que pour la Moldavie).

En cas de défaite du régime ukrainien, la Pologne et la Roumanie serviraient de forces d’intervention pour assurer la division de l’Ukraine, sans doute en trois. L’Est serait russe, l’Ouest avec l’OTAN par l’intermédiaire de la Pologne, le centre neutre.

L’Est de cette zone neutre serait sous influence russe, Kiev « franco-allemande », l’Ouest sous influence roumaine.

En cas de victoire, l’armée polonaise assurerait de « porter » l’offensive ukrainienne. Un incident avec la Biélorussie et le tour est joué.

L’armée polonaise a autour de 120 000 soldats et compte en avoir 300 000 d’ici dix ans. Ce n’est pas pour être prêt dans dix ans – c’est pour garantir le résultat de ce qui aurai été obtenu d’ici dix ans. C’est bien différent.

Quant à la Roumanie dont nous avons plusieurs fois parlé ces derniers temps, l’armée française y est présente, c’est clairement une plate-forme d’intervention.

Il y a toute une narration qui se met en place. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait par exemple dit il y a quelques jours que des missiles russes avait survolé la Roumanie pour atteindre l’Ukraine, ce n’était pas vrai mais il a insisté encore après en appelant l’OTAN à intervenir, etc.

C’est gesticulatoire, mais cela permet de mettre en place une guerre psychologique.

La Moldavie est également ici un grand objectif ; la ministre française des affaires étrangères Catherine Colonna vient d’y passer, Emmanuel Macron y était en juin 2022, etc.

Comprendre tout cela est fondamental – mais pas dans un sens « géopolitique ». C’est du repartage du monde qu’il s’agit. Le processus de troisième guerre mondiale est enclenchée. Tous les phénomènes sociaux dans le monde passent en dernier ressort par cette guerre.

C’est sur ce terrain stratégique qu’il faut se placer !

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Catherine Colonna, Catherine II et la bataille pour Odessa

La grande confrontation se met en place.

Catherine II de Russie

Alors que le 27 janvier 2023, le ministre français des armées Sébastien Lecornu était à Rome pour rencontrer son homologue italien Guido Crossetto (pour parler « 3e guerre mondiale »), la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna a fait le même jour un voyage terriblement révélateur.

Elle a en effet été en Roumanie, en Moldavie et en Ukraine, plus particulièrement à Odessa. Et justement, ce qui évidemment n’a pas été rendu public, les forces de l’Otan en Roumanie s’entraînent en ce moment à la prise de la partie ouest de l’Ukraine, autour de la ville de Lviv, au nord de la Roumanie.

Mais on sait bien que c’est la Pologne qui s’en chargera, surtout qu’elle a des vues dessus depuis longtemps. En réalité, le cœur de l’affrontement entre l’Otan et la Russie sera la ville d’Odessa, avec son port stratégique. Pour la Russie, c’est un symbole historique fondamental, et une question de vie ou de mort. Pour l’Otan, c’est un objectif militaire majeur pour le contrôle de toute la zone.

Disons le tout de suite : ce qui s’annonce ici c’est un conflit de haute intensité, une catastrophe générale. Les choses vont ici très mal tourner. La répression politique en France sera alors inévitable.

Mais regardons le périple de Catherine Colonna à Odessa, en Roumanie et en Moldavie justement, car cela révèle tout. Le 26 janvier 2023, elle est à Odessa.

Elle y a rencontré son homologue ukrainien, Dmytro Kuleba.

C’est évidemment prétexte à storytelling à l’américaine. Elle publie ainsi sur son compte Twitter une image dans un centre de réfugiés et explique que sa rencontre avec son homogue ukrainien Dmytro Kuleba s’est déroulée dans un abri, en raison de missile russes.

Or, lorsqu’elle explique cette rencontre dans un abri, son homologue ukrainien fait une remarque bien précise : « La Catherine qu’il me fait plaisir de voir à Odessa ». C’est là typique du bandérisme. C’est en effet une allusion à Catherine II de Russie, la fondatrice d’Odessa.

Odessa est historiquement une ville russe. Elle a été fondée à partir de rien en 1794 dans la région de la « Nouvelle Russie » sur initiative de l’impératrice Catherine II, sous la direction de Armand-Emmanuel du Plessis de Richelieu.

Impératrice Catherine II dont la statue vient justement d’être détruite par les bandéristes à Odessa ! Outre d’être anti-Russe, la remarque du ministre ukrainien des Affaires étrangères fait directement allusion à la destruction de cette statue il y a un mois.

La statue se situait place Catherine, en plein centre de la ville, accompagnée des représentations des fondateurs de la ville :  le vice-amiral de Ribas (1751-1800), l’architecte François de Wollant (1752-1813), Grigori Potemkine (1739-1791) et le prince Zoubov (1767-1822).

On notera ici que Armand-Emmanuel du Plessis de Richelieu est français, François de Wollant hollandais, José de Ribas espagnol, et Catherine II allemande ! Difficile de faire plus européen.

Mais pour les bandéristes, les « Moscovites » sont des orientaux barbares, donc tout cela doit être rejeté. La statue a été démontée le 28 décembre 2022. C’est tout à fait officiel, cela relève de la « dérussification », et pour la même raison toutes les statues, tous les monuments en l’honneur de l’écrivain Alexandre Pouchkine ont été détruits en Ukraine tout au long de l’année 2022.

Voilà l’Ukraine, pays où le salami de la marque « Moscou » a été renommé « Mort aux moscovites »

Revenons maintenant au voyage de la ministre française des Affaires étrangères. Catherine Colonna était donc le 26 janvier 2023 à Odessa, mais également en Moldavie non loin. La Moldavie est entre la Roumanie où est basée l’Otan et Odessa.

Le 27 janvier 2023, elle est au camp de l’Otan de Cincu, un camp en fait plus directement français, où il y a également des soldats belges et néerlandais. Comme par hasard, son homologue néerlandais Wopke Hoekstra est de la partie, ainsi que son homologue roumain Bogdan Aurescu. C’est un vrai front militaire… Le front de l’est, contre la Russie.

Le « flanc Est »

Pour cette raison, il y a également le même jour une rencontre avec le président roumain Klaus Iohannis, qui est un Allemand de Roumanie, et le premier ministre roumain Nicolae Ciucă.

Nicolae Ciucă est l’ancien ministre de la Défense, et même l’ancien chef d’état major des armées ! Il a également dirigé l’unité de l’armée roumaine des « Scorpions rouges » qui a épaulé l’occupation américaine de l’Afghanistan puis celle de l’Irak.

Est-il besoin de dire la nature belliciste du régime roumain, colonie américaine ?

La Roumanie, comme dans les années 1920, est la principale voie française vers l’est. A cette époque, c’était pratiquement une semi-colonie française. Désormais, c’est une colonie américaine, mais la France est aux premières loges.

Et lorsque la France intègre des journalistes ukrainiens en Roumanie, les rémunère, on comprend facilement pourquoi. C’est pour œuvrer lors de la conquête de l’est à venir.

D’un point de vue sans profondeur, tous ces petits détails sont des anecdotes. Du point de vue scientifique, cela annonce la bataille pour Odessa.

Et Agauche.org fait un sans faute depuis le début du conflit en Ukraine, annoncé même six mois avant son commencement. On fonce dans la guerre de grande ampleur. La bataille pour Odessa va être un événement historique relevant d’une confrontation sans pitié.

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Le découpage futur de l’Ukraine découlant de la situation actuelle

Il découle du rapport de force entre puissances.

Tant qu’à avoir fait jusqu’à présent un sans faute concernant l’analyse de la guerre en Ukraine, notamment en la prévoyant six mois avant son déclenchement, autant essayer de formuler à quoi ressemblerait le découpage de ce malheureux pays si l’on part de la base de la situation actuelle.

Et autant aller droit au but avant d’expliquer pourquoi cela ressemblerait à cela. On aurait : une zone sous contrôle occidental/américain avec Kiev, une zone tampon occidentale/européenne avec Kharkiv qui est toutefois une ville russophone proche géographiquement de la Russie, des républiques en série (Odessa, Kherson, Donetzk, Louhansk, etc.) autonomes mais convergeant entièrement avec la Russie.

Ce découpage, qui s’il a bien lieu doit se produire à l’automne au grand plus tard, obéit aux facteurs suivants.

La Russie a réussi à débouler massivement dans le Donbass, elle se doit de prendre Odessa et de faire un lien avec la Transnistrie, alors qu’en Moldavie il y a beaucoup de Russes. Elle n’a toutefois pas les moyens de prendre le reste de l’Ukraine, ou au moins ce qui est présenté comme la zone tampon, sans exercer un saut qualitatif, avec une mobilisation militaire générale.

Il y a toutefois moyen d’éviter cela et de supprimer rapidement les sanctions, au moins en grande partie ou en tout cas de revendre du gaz en Europe. En effet, l’Allemagne est horrifiée de voir quel va être le coût monstrueux que l’abandon du gaz russe va lui imposer en hiver. La situation n’arrange pas non plus la France qui veut avoir un rôle à jouer et il en va de même pour l’Italie.

Si ces pays pouvaient donc prendre pied dans cette zone tampon, avec une dimension relative puisque Kharkiv est une ville russophone…

Source wikipédia

La Russie serait d’autant plus gagnante que du côté roumain il y a les montagnes carpathiques, un grand obstacle terrestre, et l’existence de ces deux zones ukrainiennes « maîtrisées » neutraliseraient de fait une projection militaire terrestre vers Moscou. Il ne faut pas se leurrer, l’OTAN visait d’utiliser l’Ukraine (et la Pologne) pour ça.

Enfin, il resterait une Ukraine « officielle », avec Kiev comme capitale, directement sous contrôle américain comme actuellement, et surtout conservant légalement toutes les innombrables dettes du pays. La superpuissance américaine aurait alors échoué dans sa tentative de faire tomber la Russie, mais en même temps l’armée ukrainienne commence à échouer de manière suffisamment nette pour chercher à éviter une déroute complète… Et puis il peut y avoir l’idée que la Russie est suffisamment affaiblie et qu’il est enfin possible de passer au concurrent chinois.

Un tel découpage rendrait naturellement fou de rage le Royaume-Uni, qui veut le port d’Odessa et prendre pied en général dans la zone, son objectif est résolument de démembrer la Russie. Seraient très mécontents aussi la Pologne, la Roumanie et les pays baltes, qui verraient leurs ambitions s’effondrer. Ce serait alors toute cette série de pays qui seront source du conflit suivant qui ne manquera pas de suivre.

On n’en est pas là. Cependant les choses peuvent aller très vite. On voit déjà comment les accusations de crimes de guerre disparaissent en partie des médias occidentaux, comment la situation est présentée comme une sorte d’imbroglio infernal qu’il s’agirait au mieux de congeler. Naturellement, les pays occidentaux espèrent encore faire tomber la Russie. Mais si celle-ci l’emporte, la « raison » l’emportera. La raison capitaliste du repartage du monde, bien entendu, avec l’attente du prochain tour.

Il ne faut clairement plus parler de « seconde » guerre mondiale, car en français quand il n’y a que deux termes on choisit plutôt « second » que « deuxième ». La troisième a en effet déjà commencé.

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L’Union européenne entame une colonisation de la Moldavie et de l’Ukraine

Deux pays dépecés par la guerre.

Si la nature du projet européen pouvait faire illusion dans les années 1990 et 2000, avec l’utopie libérale d’un continent unifié par le marché, il est dorénavant clair que l’Union européenne n’est qu’un appendice à l’expansion de la superpuissance américaine. Elle est la version politico-économique de ce que l’Otan est sur le plan militaire.

En décidant unilatéralement le 23 juin 2022, sans aucun mandat démocratique et au mépris de toutes les procédures normales, d’accorder à l’Ukraine et à la Moldavie le statut de candidates officielles à l’Union européenne, les chefs d’État des 27 pays membres ont fait acte d’allégeance aux États-Unis dans sa concurrence acharnée avec la Russie.

Car il ne s’agit que de cela. Personne fait semblant d’en avoir quelque chose à faire des nations ukrainienne et moldaves et des peuples ukrainiens et moldaves, de leur caractère à la fois occidental et oriental. Ces nations sont niées et leurs peuples (voire même seulement leur territoire uniquement, tant les populations ne sont pas considérées) ne sont que des outils manipulés comme des cartes dans le grand jeu diplomatique américain. Exactement comme cela s’est fait dans les années précédent la première grande guerre mondiale où les nations ont été dénaturées, manipulés, sabordés, pour servir un camp contre un autre.

Cette « diplomatie » toutefois n’est pas un jeu et cela signifie concrètement la guerre, les morts, la destruction, avec au bout uniquement la perspective de soumission au capitalisme dans sa version occidentale-américaine. Car ce qui est proposé à l’Ukraine et à la Moldavie, ce n’est certainement pas un développement économique et démocratique. Tant l’Ukraine que la Moldavie sont des pays pauvres, rongés par la corruption et les mafias, l’Union européenne n’a rien à leur proposer d’autre qu’une forme moderne de colonialisme.

On pensera, pour donner deux exemples significatifs, pour la Moldavie au pillage des ressources par le groupe français Lafarge et pour l’Ukraine à l’abominable marché de la GPA, qui est ni plus ni moins qu’un pillage programmé d’enfants pour le compte de riches européens.

Quand on voit la manière dont sont traitées la Roumanie et la Pologne en Europe, avec les mœurs de leurs peuples systématiquement moquées et vilipendées, et leurs travailleurs directement débauchés pour venir casser les conquêtes ouvrières plus à l’ouest, on sait qu’il ne faut pas s’attendre à autre chose pour la Moldavie et l’Ukraine. D’autant plus qu’elles sont chacune historiquement la cible d’un expansionnisme roumain pour la première et d’un expansionnisme polonais pour la seconde.

Concrètement, leur vocation est d’être le 5e boulon de la 5e roue du carrosse… et de servir de ligne de front militaire. D’ailleurs, il ne faut même pas croire les 27 dirigeants européens quand ils disent vouloir intégrer ces deux pays. Tout ce qui compte, c’est d’avoir une relation officielle formelle, pour contrer la Russie, mais cela peut très bien en rester là, du moment que cela suffit aux opérations de la superpuissance américaine.

L’Ukraine et la Moldavie, en tant que nations, sont donc les premières grandes victimes de la bataille pour le repartage du monde du 21e siècle, alors que l’Union Européenne compte également intégrer à terme… la Géorgie.

On peut ainsi dorénavant considérer que le dépeçage de l’Ukraine par les grandes puissances est acquis. D’un côté par la superpuissance américaine qui au moyen de l’Union européenne intègre de manière officielle la partie Ouest du pays, avec comme centre de gravité la capitale Kiev. De l’autre par la Russie qui poursuit très efficacement ses opérations dans l’Est du pays sans qu’on puisse imaginer un quelconque retour en arrière.

L’Ukraine est coupée en deux, et il en sera probablement de même pour la Moldavie, à moins que la Transnistrie ne soit directement broyée et sacrifiée dans ce jeu de massacre, de par sa situation géographique.

Tout cela dépendra maintenant de la seconde phase de l’opération russe en Ukraine, qui sera, voire est déjà, la bataille pour Odessa. Et cela va cogner fort, cette fois au moyen non plus au moyen de l’Union européenne, mais directement de l’armée britannique qui entend contrôler ce port mondial, comme sous-traitant pour le compte américain évidemment. Les lance-roquettes multiples britanniques sont déjà sur le champs de bataille pour le contrôle de l’île au serpents, base avancée déterminant le sort d’Odessa.

La Russie de son côté va aller le plus loin possible contre l’Otan pour s’accaparer Odessa, objectif ultime de son invasion de l’Ukraine.

Les peuples Moldaves et Ukrainiens vont payer ici un très lourd tribus à cette bataille acharnée qui se profile dans le cadre d’une deuxième phase de la guerre en Ukraine. Et l’Union européenne n’est certainement pas de leur côté, alors qu’on rentre de fait dans la troisième guerre mondiale dont le coeur est l’affrontement sino-américain pour l’hégémonie mondiale.

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Emmanuel Macron en mission pour l’OTAN en Roumanie et Moldavie

La France relève entièrement du dispositif de l’OTAN.

Avec l’Allemagne, la France est un des deux principaux sous-chefs de l’OTAN. Parfaitement inféodée aux États-Unis, le véritablement commandeur, la France a pour mission d’encadrer l’intégration de pays plus secondaires, en profitant au passage pour prendre une petite part du gâteau. C’est le sens de la tournée d’Emmanuel Macron en Roumanie, puis en Moldavie.

La Roumanie est membre de l’OTAN, et la Moldavie en est un satellite direct, avec au pouvoir un régime pro-Union européenne (malgré une partie du pays qui a fait sécession) et des traités de coopération avec l’OTAN.

Emmanuel Macron, avec une mise en scène typique du régime américain (nuit dans la tente plutôt qu’à l’hôtel, footing le matin, discours sur le tarmac dos aux troupes), s’est donc rendu sur place pour appuyer encore plus le clivage avec la Russie.

Il s’agit de s’assurer que ces pays frontaliers restent bien dans le giron occidental, alors que l’Ukraine est en train d’être dépecée malgré les discours hypocrites « souhaitant » une victoire ukrainienne. Et quand on dit « rester dans le giron », il faut comprendre « être prêts à la guerre ».

La Russie est définitivement considérée comme ennemi et dans le cadre de la bataille pour le repartage du monde, il faut encadrer les esprits pour qu’ils soient unilatéralement tournés vers une guerre possible avec la Russie. Nous sommes, en juin 2022, définitivement entrés dans une période où cela est assumé. Les discours faisant croire à une défense de la paix sont du passé.

Sur la base militaire de l’OTAN à Constanta où elle déploie son armée, la France est venue expliquer qu’il faut se préparer à l’affrontement guerrier. Il est question de l’Ukraine, mais c’est surtout le prétexte pour maintenir la pression, et assumer une nouvelle étape.

« Aux portes de notre Union européenne, se joue une situation géopolitique inédite, donc oui, pour toutes ces raisons, le contexte politique et les décisions que l’Union européenne et plusieurs nations devront prendre, se justifient de nouvelles discussions en profondeur et de nouvelles avancées.

Je pense que nous sommes à un moment où nous avons besoin d’envoyer des signaux politiques clairs, nous Union Européenne, à l’égard de l’Ukraine et du peuple ukrainien dans un contexte où il résiste de manière héroïque depuis plusieurs mois ».

La France n’enverra pas de soldats ni d’armes ultra-modernes en Ukraine. Mais elle continue avec les autres pays de l’OTAN d’acheminer le minimum nécessaire pour que la situation dure le plus possible. La superpuissance américaine a besoin que la pression guerrière soit maintenue et renforcée.

En attendant, la Roumanie est sommée de moderniser son armée, et en particulier sa force navale, pour appuyer les positions de l’OTAN en mer Noire. L’industrie militaire française, bien sûr, est là pour signer les contrats, alors que l’armée française s’installe parallèlement.

Le ministre des Armées Sébastien Lecornu a donc signé une lettre d’intention avec son homologue Vasile Dincu pour « développer les capacités » de la force navale roumaine grâce au « savoir-faire industriel français et la crédibilité opérationnelle » de la Marine française.

La Roumanie ne dispose que de trois frégates multi-usage, dont deux qui ont été achetées d’occasion à l’armée britannique, et sept corvettes, dont trois qui datent de l’époque soviétique. Elle n’a pas de sous-marin, si ce n’est un classe Kilo, qui ne navigue plus depuis la fin des années 1990.

On remarquera au passage qu’il y a depuis 7 ans un contrat en cours avec le groupe français Naval Group, mais qui bloque pour des raisons contractuelles. Selon la presse roumaine, il s’agirait de la responsabilité de la construction, que le chantier naval de Constanta ne souhaite pas assumer, souhaitant simplement exécuter les constructions pour le compte de Naval Group.

On peut très largement supposer que la lettre d’intention signée entre la France et la Roumanie a notamment pour objet de débloquer la situation. D’autant plus que selon le ministre roumain de la Défense, la Roumanie a besoin maintenant « d’un programme beaucoup plus complexe ».

Le contrat initial prévoit la construction de corvettes Gowind de Naval Group, avec des capacités anti-sous-marine et anti-aérienne avec des technologies françaises, et dans les standards de l’OTAN. Cela ne suffit pas vu la tendance à la guerre, particulièrement en mer Noire.

La Roumanie a officiellement fait part de sa volonté d’avoir au moins trois sous-marins. Une option était posée en 2018 sur du matériel allemand, mais le budget n’était pas là. Tel n’est plus le cas en 2022, avec maintenant 2,5% du PIB de la Roumanie pour les dépenses militaires. L’industrie française est prête à profiter de la manne, du moment que cela est encadré par l’OTAN et que cela va dans le sens de la superpuissance américaine.

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Escalade de la guerre en Ukraine avec la Roumanie, la Moldavie, la Finlande et la Suède

L’OTAN considère qu’elle peut faire tomber la Russie.

Le régime ukrainien est formel : il considère ouvertement qu’il est en mesure d’infliger une sévère défaite à la Russie. Ce point de vue est également assumé par la superpuissance américaine, dont le régime ukrainien est une marionnette. Le 24 avril 2022, il y avait d’ailleurs la visite à Kiev du secrétaire à la défense américain Lloyd Austin et du secrétaire d’État américain (soit l’équivalent du ministre des Affaires étrangères) Antony Blinken.

L’armée ukrainienne opère de manière entièrement dirigée par l’OTAN et c’est pratiquement assumé en tant que tel. Pour preuve de cela, il est tout à fait clair que l’Ukraine est en train de rejoindre l’Union Européenne à marche forcée. Naturellement, une fois que cela sera fait, l’intervention russe reviendra de fait à un affrontement avec un État de l’Union Européenne, ce qui permettra d’autant plus l’escalade.

Il y a également la demande, considérée comme plus ou moins imminente, de l’adhésion à l’OTAN par la Finlande et la Suède, de manière conjointe, avec la superpuissance américaine et le Royaume-Uni proposant un soutien militaire dans la foulée de la demande d’adhésion, avant une intégration là encore à marche forcée dans l’OTAN.

Enfin, alors que la Pologne a remis, sans dire combien, des chars à l’Ukraine, il apparaît fort probable que la Roumanie a envoyé des forces militaires en Moldavie, en les maquillant comme des soldats moldaves, pour faire de ce pays un nouveau front anti-Russie. La Moldavie, une ancienne république soviétique, a en effet deux particularités : tout d’abord, elle n’est pas membre de l’OTAN, ensuite elle fait face à une petite région séparatiste pro-Russie, la Transnistrie.

Il y a d’ailleurs eu le 25 avril 2022 une attaque au lance-grenades contre le ministère de la Sécurité publique en Transnistrie, reflet de la tension actuelle, alors qu’il est tout à fait évident que l’établissement d’une « Nouvelle Russie » dans le Sud de l’Ukraine aboutirait, concrètement, à la Transnistrie.

On est ici dans une situation où la guerre en Ukraine est partie pour être une guerre prolongée, avec des implications militaires toujours plus grandes de part et d’autres. Cela semble confirmer la conception selon laquelle on a en fait une véritable guerre conventionnelle dont la forme est précisément d’éviter l’emploi de l’arme atomique.

Parce que là, on est lancé dans une démarche qui fait que la guerre en Ukraine va durer au moins jusqu’à l’été, voire littéralement pendant une année, ou en fait même plus, car on est dans une situation de crise, et on a donc un phénomène nouveau, propre à notre époque nouvelle.

D’ailleurs, s’il est beaucoup parlé de la date du 9 mai comme fête russe de la victoire sur le nazisme, avec la possibilité du début d’une sorte de fin négociée du conflit, il y a bien plus la possibilité que la Russie annonce plutôt son entrée officielle en guerre, lançant une mobilisation totale pour écraser l’Ukraine.

Car il ne faut pas perdre cet aspect essentiel. La Russie a réussi à lancer une guerre conventionnelle, en contournant l’opinion publique par une « opération spéciale », et sans modifier de manière centralisée son régime et son économie, comme c’est normalement le cas pour une guerre. La réussite du lancement d’une telle guerre peut très bien, en ce sens, devenir un tremplin nécessaire pour une entrée dans une guerre complète.

Cela montre l’importance de la guerre en Ukraine, annoncée ici sur Agauche.org depuis avril 2021, analysée en profondeur de manière régulière depuis. Chaque jour qui passe fait qu’on est en fait déjà dans une sorte de troisième guerre mondiale prolongée, propre à la situation historique.

La France, qui a notamment fourni à l’Ukraine des des obusiers automoteurs de 155mm Caesar, des missiles anti-aériens Mistral et des missiles anti-chars Milan, est ici en seconde ligne, juste derrière la superpuissance américaine et le Royaume-Uni, mais l’élection présidentielle étant désormais passée, les choses vont ici encore s’accélérer.

La France, exaspérante dans sa nature amorphe pétrie dans la société de consommation, n’échappera pas, de par sa nature de grande puissance lancée dans la bataille pour le repartage du monde, à l’instabilité provoquée par l’escalade militaire.

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Ukraine : escalade militaire en mer d’Azov

La course à la guerre se renforce d’une narration victimaire de part et d’autre.

Après la discussion Biden-Poutine du 7 décembre 2021, la Russie et les États-Unis ont présenté les faits de la manière suivante : nous avons fait ce qu’il fallait pour arrondir les angles, nous avons bien discuté, nous ne voulons pas d’escalade, etc.

Pour autant, les renforts militaires n’ont pas cessé tant en Ukraine qu’en Russie, aux frontières des deux pays. On a même eu le ministre de la Défense lituanien venant lui-même dans un avion cargo avec plusieurs millions d’euros de matériel pour l’offrir à l’armée ukrainienne.

La rhétorique accusatrice ne cesse pas. Le 9 décembre, à une réunion du Conseil des droits de l’ homme, le président russe Vladimir Poutine a dit au sujet de l’Ukraine, dans ce qui est une narration justifiant une éventuelle intervention :

« Je dois parler de la russophobie comme d’un premier pas vers un génocide. C’est ce qui se passe en ce moment dans le Donbass, nous le voyons bien, nous le savons. »

Il est tout à fait vrai que le régime ukrainien est nationaliste, ignoble et qu’il a mis en place une nouvelle loi visant à supprimer dans les faits la langue russe. Mais on est ici dans une logique belliciste dans les deux camps. Pour preuve, l’escalade militaire en mer d’Azov, avec un scénario digne de Hollywood.

Voici une image présentant l’Ukraine. La zone à droite en jaune consiste en les « républiques populaires » séparatistes pro-russe, la zone en-dessous en jaune consiste en la Crimée. La mer d’Azov se situe en haut à droite de la Crimée.

Comme on le voit les villes au Sud de l’Ukraine qui ont des port voient leurs navires être placés dans une zone désormais bloquée par la Russie.

On remarquera à l’Ouest les montagnes carpathiques (« carpathians mountains »), un obstacle naturel à la logistique de guerre que la Russie aimerait avoir le plus proche possible de sa frontière, d’où l’importance accordée à la Moldavie (« Mol. »)

Un aspect important consiste ici en le détroit de Kertch, qui est désignée sur la carte suivante par le petit cercle rouge.

Récapitulons : à gauche du détroit, il y a donc la Crimée, occupée et annexée par la Russie, à droite la Russie. Ce qui signifie que la Russie contrôle désormais ce détroit, qui n’est pas fermé, mais il y a donc des exigences administratives russes, des navires de guerre russes dans la zone, etc.

La Mer d’Azov, au-dessus du cercle rouge montrant le détroit de Kertch, fait 39 000 km2

Le 9 décembre 2021, un vieux navire ukrainien – construit en 1969 il servait d’atelier flottant de la marine soviétique – est parti de Marioupol, en haut de la Mer d’Azov, en direction du détroit de Kertch, ne répondant ensuite à aucun appel russe. L’armée russe s’est alors mise en branle, le détroit a été fermé bloquant 80 navires. Le navire ukrainien ne répondait même pas aux signaux des garde-côtes.

Puis, à 18 miles nautiques du détroit (soit 33 kilomètres), il a finalement fait demi-tour, toujours en refusant les contacts. Cet événement est pour le moins étrange, mais il prend tout son sens quand on voit que le nom du navire est… « Donbass ». C’est un message de l’Ukraine à la Russie après la téléconférence Biden-Poutine : nous comptons quoiqu’il arrive récupérer la partie occupée du Donbass.

Les médias russes ont très largement informé de ce fait, mis en avant comme un exemple de provocation. On notera que le même jour, au-dessus de la Mer Noire (juste en dessous de la Mer d’Azov), deux avions de guerre… français ont été interceptés par l’armée russe et « accompagnés ». La même chose s’était déroulée la veille ! C’est dire tout de même de la tension qu’il y a là-bas…

La Russie a alors réagi de la manière suivante. Elle a annoncé le lendemain… des manœuvres militaires avec tirs d’artillerie en Mer d’Azov. Qui commencent immédiatement, et qui durent… un mois. Et qui concernent 70% de la Mer d’Azov. Et qui ont lieu en partie dans les eaux territoriales ukrainiennes…

La réponse russe à la provocation ukrainienne est donc très claire. De toutes façons, les deux camps sont fanatiques et si on rajouter à cela l’OTAN, c’est la compétition de fous pour qui contribuera le plus au déclenchement de la guerre.

De toutes façons, la Russie a, le même jour que l’annonce des exercices (donc le 10 décembre), officiellement demandé à l’OTAN d’annuler l’annonce de 2008 du début du processus d’intégration de l’Ukraine dans l’OTAN. L’OTAN a refusé dans la foulée. Personne ne recule sur rien, chacun cherche à avoir l’air bien par rapport à son opinion publique, cherchant une faille laissant craindre les pires provocations pour pousser l’autre à la faute.

L’ombre de la guerre continue ainsi de s’étendre et d’obscurcir cette partie du monde. L’Horreur se profile toujours davantage. Le slogan « guerre à la guerre », si important, doit devenir un mot d’ordre essentiel !