Catégories
Écologie

La fin de la « ZAD » à Notre-Dame-des-Landes

Il en est fini de la « ZAD » à Notre-Dame-des-Landes dans sa dimension prétendument rebelle et vraiment anarchiste. L’État a mené hier une opération de grande envergure visant à expulser ce qu’il reste des « zadistes » récalcitrants.

Dix-neuf escadrons de gendarmerie étaient mobilisés, ce qui représente 1 500 à 1 700 militaires. Ils accompagnaient deux huissiers chargés de mener les procédures, des agents de déminage de la sécurité civile, ainsi que des ouvriers (masqués) devant procéder au démantèlement des habitations illégales.

Les moyens mobilisés étaient importants, avec trois véhicules blindés, des véhicules tout-terrains, un hélicoptère, des drones et des tractopelles. L’officier de gendarmerie chargé de la communication a tranquillement et publiquement annoncé tôt dans la matinée les lieux devant être expulsés et détruits :

« de manière à ce qu’il n’y ait pas de surprise et pas d’inquiétude chez ceux qui ne seraient pas concernés » (c’est-à-dire les personnes ayant déposé une demande d’occupation légale des lieux).

Le ton était calme et serein, avec la volonté de montrer la toute-puissance de l’État :

« C’est un site complexe, mais qu’on va traiter de manière méthodique, comme toujours : ordre et méthode, de manière à ce que force reste à la loi. »

En pratique, l’opposition a été faible et très parcellaires, les opérations ont pu être menées facilement et rapidement par les forces de l’ordre.

La résistance des « zadistes » n’a été que symbolique, et bien inférieure à celle des précédents affrontements sur le site. La « ZAD », isolée et repliée sur elle-même, sans cause légitime à défendre, s’effondre comme un château de carte.

Le projet d’aéroport, qui n’était qu’un prétexte à une rhétorique réactionnaire anti-modernité pour la plupart des zadistes, n’est déjà plus qu’un lointain souvenir. Les manœuvres de division et d’encerclement ont fonctionné parfaitement, montrant la faiblesse et la vanité des prétentions anarchistes à affirmer leurs positions.

Libération pouvait citer avec un certain goût du pittoresque les propos d’un zadiste réagissant à l’intervention militaire :

« Enlevez vos armures et vos casques et venez nous voir. Ici, on peut faire des potagers, du pain, de la musique et on peut faire l’amour ! »

Les éléments les plus radicaux n’auront servi qu’à afficher une radicalité de façade, voire plutôt folklorique, à des projets agricoles expérimentaux. La « ZAD », à défaut d’avoir été une place forte de l’écologie en France, aura été une sorte de laboratoire protéiforme et rudimentaire à des projets agricoles et communautaires.

Seules les personnes acceptant l’autorité de l’État vont désormais pouvoir continuer leurs « expérimentations ». Ce « laboratoire » de la « ZAD » devrait maintenant se transformer en une sorte de pépinière servant à la modernisation de l’agriculture capitaliste.

Il ne pourra en être autrement puisque cela est directement encadré par l’État, avec le soutien de différentes autorités institutionnelles.

C’est ainsi que des personnalités avaient lancé récemment « un appel solennel au gouvernement français » pour qu’il laisse du temps aux différents projets voulant continuer légalement sur le site de Notre-Dame-des-Landes. L’idée étant à terme de former un Comité d’Accompagnement et de Conseil, ce qui avait été relayé par les « zadistes » eux-mêmes, sur leur site internet.

On trouvait parmi ces gens, cité en premier, un ancien directeur de recherche à l’INRA. Il s’agit de l’Institut National de la Recherche Agronomique, c’est-à-dire la pointe en termes d’agro-industrie capitaliste encadrée par l’État en France. Suivaient parmi les signataires, différents universitaires, pour la plupart au CNRS, mais aussi d’Agrocampus Ouest, ou alors de l’Office National des Forêts, etc.

La presse a également remarqué que l’un des signataires, Marc Dufumier, professeur émérite à AgroParis Tech, est membre du conseiller scientifique de la Fondation Nicolas Hulot, qui est comme on le sait ministre de l’Écologie.

C’est-à-dire qu’on nage ici dans les plus hautes sphères du pouvoir en France. Il s’agit pour ces gens de revitaliser le capitalisme, par en haut, par les biais de projets individuels, d’entreprises ou de petites entreprises individuelles.

On est ici à l’opposée d’une tradition de Gauche qui, s’appuyant sur le mouvement ouvrier, promeut des solutions collectives et démocratiques, avec une dimension sociale et universelle, plutôt que communautaire.

Le libéralisme communautaire de petit-entrepreneurs agricoles radicalisés va fusionner avec le libéralisme institutionnel de gens ayant fait une carrière universitaires. Voilà ce qu’il restera de la « ZAD » de Notre-Dame-des-Landes dans les années à venir.

Catégories
Écologie

« Cent noms pour une Zone d’Agriculture Durable à Notre-Dame-Des-Landes »

Quand même, même si on sait que parfois il y a un manque de culture ou d’intelligence, de plus en plus de positions à gauche laissent perplexes, pantois, tellement l’incohérence rejoint l’inconsistance.

Prenons la question de Notre-Dame-des-Landes. La lutte contre l’aéroport à Notre-Dame-des-Landes vise initialement à défendre les zones humides, comme on le sait on est ensuite passé totalement à autre chose, avec des gens voulant vivre en petites communautés autosuffisantes.

On est passé d’une question écologiste à une question d’idéologie de repli sur la petite propriété, l’esprit communautaire, un vécu commun plein de « transcendance » par la solidarité, la mise en œuvre en commun, l’autosuffisance individuelle, etc.

On sait que cela relève du folklore anarchiste, de l’esprit anti-social de négation du mouvement ouvrier ; les zadistes de la « Zone à défendre » sont des gens cherchant à tout prix à vivre en marge de la société, récusant toute envie de changer celle-ci, haïssant la production organisée, développée, moderne.

Il n’y a donc rien à défendre là-dedans quand on est de Gauche. Et c’est pour cela que se précipitent pour défendre cela des gens cherchant à « dépasser » la Gauche historique, le mouvement ouvrier.

C’est cela qui unit les cadres du Parti de Gauche, de La France Insoumise, de Génération-s, d’Europe Ecologie Les Verts, etc.

A lire en effet « Cent noms pour une Zone d’Agriculture Durable à Notre-Dame-Des-Landes », un manifeste en faveur des zadistes cherchant à prolonger leur démarche, il y aurait une voie nouvelle combinant individualité, propriété et collectivité.

C’est là l’idéologie de la « troisième voie », celle du fascisme, qui prétend fonder le monde sur des « idées », des « expériences », le « vécu », la mise à plat des contradictions, etc.

La « nouvelle » gauche – rempli d’universitaires adeptes des philosophies sur la post-modernité, le monde post-industriel, etc. – se précipite toujours plus dans un positionnement franchement réactionnaire.

Au prétexte du respect de l’« Etat de droit », des femmes et des hommes qui cultivaient la terre et pratiquaient l’élevage ont été délogé·e·s de leur lieu d’activité et de vie. Leur ferme, où deux agneaux sont nés la semaine passée, a été détruite.

Ces paysannes et ces paysans occupaient un terrain appartenant à l’Etat. Pourtant, il leur avait été promis qu’une solution viable, pacifique et tournée vers l’avenir serait recherchée. Ils/elles étaient en discussion avec la préfecture pour obtenir une convention d’occupation collective de ces terrains.

Le collectif : voilà le sujet du combat qui se joue à Notre-Dame-des-Landes.

Quand le Gouvernement impose des conventions d’occupation temporaires individuelles, des paysan·ne·s, de la ferme des Cent noms ou d’ailleurs, envisagent leur activité collectivement.

La question de la propriété de la terre et le fait qu’elle puisse appartenir à celles et ceux qui la travaillent est un enjeu considérable de l’Histoire politique de notre pays et du monde. L’un des ressorts de la Révolution française reposait sur cette question majeure.

La lutte des paysan·ne·s sans-terre d’Amérique latine comme l’accaparement des terrains agricoles par la Chine et les puissances occidentales en Afrique en sont l’expression criante aujourd’hui.

Si notre tradition et notre Histoire envisagent la possession de terres principalement de façon individuelle, l’imaginaire politique qui existe à Notre-Dame-des-Landes et ailleurs prend appui sur un constat critique du rapport à la propriété pour expérimenter des propositions nouvelles.

Nous n’héritons pas de la terre de nos parents, nous l’empruntons à nos enfants. Dès lors, les écologistes et toutes celles et tous ceux qui réfléchissent à une autre relation à l’agriculture et aux sols envisagent légitimement, à coté de la propriété individuelle, une propriété collective, partagée, de la terre, ainsi qu’un travail lui aussi appréhendé collectivement.

Depuis des décennies, le labeur des agricultrices et des agriculteurs n’a cessé de s’alourdir pour des revenus de plus en plus faibles. Isolé·e·s les un·e·s des autres, les agriculteurs·trices de notre pays souffrent et meurent.

À Notre-Dame-des-Landes, l’intervention brutale des forces de l’ordre ne vise pas à faire respecter le droit. Elle vise à combattre une idée : celle d’un autre rapport à l’agriculture, en rupture avec le modèle productiviste.

Dans un monde globalisé, où la concurrence et l’individualisme font rage en délitant les liens de solidarité humaine et en détruisant l’environnement, les paysan·ne·s de Notre-Dame-des-Landes sèment les graines d’un autre monde.

Les défricheuses et les défricheurs de ce nouveau monde désirable n’ont pas toujours raison, mais celles et ceux qui les moquent, les oppriment et qui les blessent ont toujours tort.

En accordant la possibilité de conventions d’occupation collective des terres de Notre-Dame-des-Landes à celles et ceux qui en font la demande, ce que le droit permet, le Gouvernement n’abandonnerait pas son autorité. Au contraire, il ferait la preuve de sa disponibilité et de son ouverture à une approche différente de l’agriculture.

La ferme des 100 noms est tombée mais son imaginaire, celui qui s’est épanoui à Notre-Dame-des-Landes, est porteur d’espoir. Nous sommes convaincu·e·s que cet espoir est notre avenir. Il n’est pas trop tard.

Nous réclamons le droit de laisser vivre cette alternative pour transformer en réalité le rêve d’une agriculture ancrée sur les territoires, respectueuse du vivant et des paysan.ne.s.

Nous affirmons que cette France qui s’investit contre les grands projets destructeurs et dangereux sait et peut construire un monde meilleur.

Nous demandons l’arrêt immédiat des interventions policières et l’ouverture d’un vrai dialogue qui permette dans le respect de la loi l’élaboration de conventions individuelles, mais aussi collectives, d’occupation des terres de Notre-Dame-des-Landes.

Pour signer cette tribune en ligne : https://100noms.typeform.com/to/TO4gy9

Premier·es signataires :

Arnaud Apoteker, tribunal Monsanto; Isabelle Attard, ancienne députée; Clémentine Autain, députée du groupe LFI; Geneviève Azam, Attac; Laurence Abeille, ancienne députée écologiste;

Pénélope Bagieu, autrice de bandes dessinées; Guillaume Balas, co-coordinateur de Génération.s; Étienne Balibar, philosophe; Clotilde Bato, directrice de SOL-asso; Michel Bauwens, fondateur de la Fondation P2P; Julien Bayou, porte-parole EELV; Sandrine Bélier, ancienne députée européenne; Esther Benbassa, sénatrice EELV; Fatima Benomar, Les effrontées; Michel Bérhocoirigoin, paysan, co-fondateur de la Confédération paysanne; Martine Billard, secrétaire nationale à l’écologie du PG; Christophe Bonneuil, historien, CNRS; Dominique Bourg, philosophe; Jacques Boutault, maire du 2e arrondissement de Paris; Pauline Boyer, porte-parole Alternatiba; Sophie Bringuy, conseillère régionale EELV des Pays-de-Loire; Sophie Bussière, avocate au barreau de Bayonne et militante écologiste;

Valérie Cabanes, essayiste et juriste; Alice Canabate, vice-Présidente de la FEP; Aymeric Caron, journaliste, écrivain, porte-parole du REV; Damien Carême, maire EELV de Grande-Synthe; Naima Charai, Génération.s; Pascal Cherki, Génération.s; Philippe Colomb, président d’Agir pour l’environnement; Eric Coquerel, députée du groupe LFI; Maxime Combes, économiste; Hugo Cordier, co-secrétaire des Jeunes écologistes; David Cormand, secrétaire National EELV; Christel Cournil, juriste et enseignante chercheuse; Thomas Coutrot, porte-parole d’Attac;

Célia Da Costa Cruz, co-secrétaire des Jeunes écologistes; François Damerval, Cap21; Laurence de Cock, professeure et chercheuse; Jean-Paul Deléage, fondateur et directeur de la revue Ecologie & Politique; Estelle Deléage, rédactrice en chef de la revue Ecologie & Politique; Karima Delli, députée européenne EELV; Stéphane Delpeyrat, Génération.s; Florence Denier-Pasquier, membre du CESE; Marie Desplechin, auteure; Rokhaya Diallo, journaliste et réalisatrice; Cyril Dion, auteur-réalisateur; Clémence Dubois, 350.org; Michel Dubromel, Président de FNE; François Dufour, conseiller régional, syndicaliste et faucheur volontaire; Marc Dufumier, agronome; Julien Durand, porte-parole de l’ACIPA, paysan;

Quentin Erades, lauréat de l’Institut De l’Engagement; Txetx Etchevery, Bizi;

David Flacher, Porte-parole d’Utopia; Charles Fournier, vice-Président EELV de la Région Centre Val-de-Loire; Bastien François, président de la Fondation pour l’écologie politique;

Roccu Garoby, autonomiste corse, membre du PNC; François Gemenne, chercheur en sciences politiques, Université de Liège, professeur à SciencesPo.; Guillaume Gontard, sénateur divers gauche de l’Isère; Gueraud Guibert, président de la Fabrique écologique;

Emilie Hache, philosophe; Nicolas Haeringer, 350.org; Benoit Hamon, Génération.s;

Nicolas Imbert, directeur de Green Cross France;

Yannick Jadot, député européen EELV; Mila Jeudy, Génération.s; Eva Joly, députée européenne EELV; Samuel Juhel, Président du REFEDD; Jean-François Julliard, Délégué général de Greenpeace France;

Stéphen Kerckhove, Délégué général d’Agir pour l’environnement;

Annie Lahmer, conseillère régionale EELV; Jean-Charles Lallemand, secrétaire général du PG; Aurore Lalucq, porte-parole de Génération.s; Philippe Lamberts, président du groupe Verts – ALE au Parlement Européen; Frédéric Lamblin, directeur d’une association agricole et environnementale; Mathilde Larrere, historienne; SarahLegrain, Secrétaire nationale aux relations extérieures du PG; René Louail, paysan; Benjamin Lucas, Génération.s; Roxane Lundy, Génération.s; Alexandra Lutz, présidente de CliMates;

Sébastien Mabile, avocat; Noel Mamère, journaliste et militant écologiste; Dominique Méda, sociologue et philosophe; Jean-Luc Mélenchon, président du Groupe LFI à l’Assemblée nationale; Christian Métairie, maire d’Arcueil; Guillaume Meurice, humoriste; Benoit Monange, directeur de la Fondation de l’Ecologie Politique; Claire Monod, co-coordinatrice Génération.s; Corinne Morel-Darleux, conseillère régionale AURA LFI; Cécile Muret, secrétaire Nationale de la Confédération Paysanne;

Franck Nicolon, conseiller régional «écologiste et citoyen» Pays-de-Loire; Claire Nouvian, présidente de Bloom;

Jon Palais, ANV-Cop 21; Mathilde Panot, députée du groupe LFI; Corine Pelluchon, philosophe, professeur à l’Université Paris-Est-Marne-La-Vallée;

Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération Paysanne; Eric Piolle, maire EELV de Grenoble; Emmanuel Poilane, directeur de France Liberté; Thomas Porcher, économiste; Loïc Prud’homme, député du groupe LFI; Audrey Pulvar, présidente de la Fondation pour la Nature et l’Homme;

François Ralle Andreoli, conseiller consulaire; Sandra Regol, porte-parole EELV; Guillaume Riou, Président de la Fédération Nationale de l’Agriculture Biologique; Michèle Rivasi, députée européenne EELV; Marie-Monique Robin, journaliste d’investigation et réalisatrice; Barbara Romagnan, militante écologiste et féministe; Clément Rossignol Puech, maire de Bègles;

Laetitia Sanchez, conseillère régionale EELV de Normandie; Olivier de Schutter, ancien rapporteur spécial pour le droit à l’alimentation de l’ONU et Président de IPES Food; Arnaud Schwartz, membre du CES européen; Pierre Serne, conseiller régional EELV; Danielle Simonet, coordinatrice du PG;

Claude Taleb, conseil Régional écologiste de Normandie; Laura Slimani, Génération.s;

Annie Thebaud-Mony, association Henri Pezerat; Nicolas Thierry, vice-président du Conseil Régional Nouvelle Aquitaine, EELV; Marie Toussaint, présidente de Notre affaire à tous;

François Veillerette, militant écologiste; Véronique Vinet, conseillère régionale EELV d’Occitanie; Vincent Verzat, youtubeur; Denis Vicherat, directeur des éditions Utopia; Patrick Viveret, philosophe…

Catégories
Écologie

Le triste spectacle des « zadistes » à Notre-Dame-des-Landes

Après l’abandon du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, l’État avait annoncé qu’il procéderait à l’expulsion des « zadistes », ainsi qu’à la réouverture d’une route départementale barricadée depuis plusieurs années.

Des moyens immenses ont été mobilisés début avril, avec quelque 2500 gendarmes mobiles, ce qui n’a pas empêché de nombreux affrontements. Parallèlement, il a été proposé aux « zadistes » de renseigner des fiches individuelles, nominatives, expliquant le projet agricole qu’ils souhaiteraient mener sur le territoire.

Quel triste spectacle aujourd’hui que ces « zadistes » à Notre-Dame-des-Landes continuant leur agitation coûte que coûte, pendant qu’une partie d’entre eux accepte la partition mise en place par l’État.

L’abandon du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes aurait dû être considéré comme une victoire, permettant d’aller de l’avant dans la défense de la planète. Ce ne fut pas le cas pour une raison très simple : l’aéroport n’était qu’un prétexte. C’était une sorte de totem inversé, permettant de dérouler toute une rhétorique contre la modernité, digne de tous les esprits réactionnaires, fascistes ou semi-fascistes, des années 1930-1940 avec leurs discours sur le retour à la terre, le rôle néfaste de la technique, la valeur de la petite propriété, etc.

Les « zadistes » ne se sont jamais véritablement préoccupé d’écologie. La zone humide n’a été d’ailleurs qu’un argument trouvé très tardivement. Ce qui compta, ce fut rapidement l’agriculture artisanale et le retour à une vie en communauté restreinte.

À côté de cela, la ZAD a charrié et charrie encore toute une frange de l’ultra-gauche européenne, anarchiste et nihiliste, qui fétichise les affrontements avec la police, dans une démarche destructrice n’apportant rien de constructif.

Cela forme un panorama lamentable, qui amène la population à se demander : comment se fait-il qu’il faille mobiliser une telle force publique pour quelques agitateurs à peine armés d’ustensiles artisanaux ?

Que les quatre agriculteurs présents historiquement ayant toujours refusé leur expulsion se voient régulariser leur situation, c’est dans l’ordre des choses.

Mais comment se fait-il que des individus qui n’ont rien fait d’autre que tout casser et boire des bières volées dans les supermarchés locaux se voient attribuer « gratuitement » des terres qu’ils occupent illégalement ?

Ces questions sont inévitables. On peut être contre la propriété privée, bien sûr – mais cela ne signifie aucunement accepter que l’État attribue des terres unilatéralement pour pacifier une situation. Ce n’est pas là un partage des terres comme toute révolution en a amené, plus ou moins, ces deux derniers siècles, mais un esprit de conquête digne du Far West.

L’État et le capitalisme ont très bien compris cet aspect d’ailleurs. La Préfète de Loire-Atlantique a expliqué à propos des 28 fiches de candidatures pour l’obtention de terrain que « ce sont notamment des activités d’élevage, de maraîchage et des cultures céréalières avec transformation sur place ».

Une partie des projets sont considérés comme « structurants, cohérents et portés par des personnes tout à fait crédibles » et portent selon le Figaro sur de la culture des céréales, de plantes médicinales et aromatiques, la création de vergers, l’élevage de vaches allaitantes ou encore sur l’héliciculture, la production d’escargots.

Cela est tellement éloigné de ce qu’aurait dû être la lutte contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. On a ici un boulevard pour la réaction, avec d’un côté des projets passéistes qui servent de laboratoire réactionnaire, de l’autre un nihilisme destructeur qui ne peut que renforcer les appels à l’autorité de l’État.

Catégories
Écologie

Le Parti socialiste de Loire-Atlantique dénonce l’abandon du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes

La fédération de Loire-Atlantique du Parti socialiste a réagi à propos de l’abandon du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes en dénonçant « une vision à court terme » dans le titre de son communiqué.

Cela en est presque risible tellement c’est hors de propos. La vision « à court terme », c’est justement celle des partisans du projet qui n’ont pas encore compris en 2018 l’importance des zones humides et des milieux naturels pour l’avenir de notre planète.

Faut-il encore que l’humanité bétonne des milliers d’hectares de marécages et déversent un peu plus de dioxyde de carbone dans l’atmosphère avec l’accroissement du trafic aérien pour que ces gens comprennent ce qui est en jeu ?

Rien n’est plus « à court terme » justement que de croire que l’humanité puisse continuer son développement économique sans tenir compte des erreurs qu’elle a faite aux XIXe et XXe siècles.

Le Parti Socialiste se prétend écologiste et affiche sous son logo le terme « social-écologie ». On se demande bien pourquoi.

Comment peut-on se prétendre écologiste, invoquer « l’État de droit » comme il est fait dans ce communiqué, et ignorer ainsi la Loi sur l’eau ?

Tout écologiste sait pertinemment, et ce depuis de nombreuses années, que la Loi sur l’eau avait été littéralement piétinée par ce projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes.

Le reste de l’argumentaire du communiqué consiste en une sorte de chantage au développement économique, prétextant que la Loire-Atlantique serait un bon élève en France et aurait donc le droit à « son » équipement. Cela n’a pas grand-chose à voir avec les valeurs sociales et universelles de la gauche française.

C’est une vision d’entrepreneurs, de libéraux, de personnes ayant foi en les possibilités de développement économique du capitalisme. Mais ce n’est certainement pas un point de vue socialiste.

Les propos grandiloquents de la Maire de Nantes Johanna Rolland, membre du Parti Socialiste, sont du même registre :

« Je demande donc officiellement au Président de la République de me recevoir pour parler de l’avenir de la Métropole, de l’avenir du grand Ouest. Et la question que je lui poserai, elle est simple : « Est-ce que l’Ouest peut encore compter sur l’État pour son avenir ? »

Car l’abandon de ce projet d’État ne peut être synonyme d’abandon de l’Ouest. Nous participons activement à la dynamique du pays.

Nous sommes une terre source d’innovation, d’équilibre. Nous sommes moteurs dans beaucoup de domaines.

C’est de l’avenir des 600 000 habitants de la Métropole dont je veux lui parler.»

Voilà qui n’est pas sérieux. Voilà qui est bien éloigné de l’engagement et du flegme dont a besoin la gauche française pour se reconstruire.

Catégories
Écologie

L’abandon officiel du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes

L’annonce par le gouvernement de l’abandon du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes près de Nantes est assurément une bonne nouvelle pour toutes les personnes réellement de gauche. La persistance de ce projet était une insulte permanente à l’idée de progrès et de civilisation. C’était une idée d’un autre temps, portée par des forces antidémocratiques.

L’humanité ne peut plus s’imaginer pouvoir vivre en dehors de la nature, considérant la planète Terre comme un gros caillou pourvoyeur de « ressources » lui appartenant unilatéralement. L’aéroport de Notre-Dame-des-Landes devait assécher plusieurs hectares de zones humides, au mépris des connaissances scientifiques de notre époque quant à leur importance.

Les personnalités politiques et économiques favorables au projet s’offusquent d’une décision qui serait anti-démocratique. En réalité, c’est précisément l’inverse qui est vrai.

Si l’on considère que la France est un État de droit, cela signifie que les lois sont censées s’appliquer. Or, le projet d’aéroport, quelque-soit la manière dont il était abordé, bafouait systématiquement la loi sur l’eau.

La loi sur l’eau est une loi datant des années 1970 et ayant connus quelques évolutions. Malgré ses limites évidentes, son but est justement de protéger les zones humides comme celle de Notre-Dame-des-Landes.

L’ensemble des décisions de justice rendues en faveur de la construction de l’aéroport allaient à l’encontre tant de l’esprit que de la lettre de cette loi. Elles consistaient en une interprétation unilatérale et biaisée de la réalité.

À partir du moment où il est techniquement possible de faire autrement, la destruction d’une zone humide est interdite.

De plus, de nombreux rapports, dont au moins un rapport officiel commandé directement par l’État en 2013, ont montré que les mesures compensatoires à des destructions ne seraient pas respectées par le projet d’aéroport, particulièrement par l’entreprise Vinci en charge de la construction.

Rien que cela aurait dû suffire à clore tout débat. Tel ne fut pourtant pas le cas et les forces politiques et économiques locales soutenant le projet ont continué à vouloir passer en force.

La consultation lancée par le gouvernement en juin 2016 était un nouveau coup porté à la démocratie et à l’écologie. Il n’était pas normal qu’elle ne concerne que les habitants de la Loire-Atlantique alors que l’enjeu était le respect ou non d’une loi, la loi sur l’eau, ce qui concerne la nation toute entière. On peut même arguer que cette loi relève d’accords internationaux (issus de la convention de Ramsar), et donc qu’elle concerne l’humanité toute entière dans son rapport à la planète Terre.

Le dernier épisode en date était le coup de théâtre juridique de novembre 2016, lorsque la Cour administrative d’Appel de Nantes avait rejeté des requêtes d’opposants.

Cela allait à l’encontre de l’avis du rapporteur public qui avait considéré que la loi sur l’eau n’était pas respectée. Cela montrait une nouvelle fois la faiblesse démocratique des institutions françaises. Le caractère politique et partisans de ces décisions de justices apparaissant comme évident, contrairement à ce qui est prétendu par l’Etat.

Le gouvernement en place a finalement considéré que « les conditions ne sont pas réunies pour mener à bien le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. »

Cela est dû en partie au rapport de force mis en place par les opposants, au manque de soutien réelle du projet par la population, ainsi qu’à d’autres considérations d’ordres politiques.

S’il est tout à fait logique et pertinent de se réjouir de cette décision, il ne faut pas pour autant considérer cela comme une grande victoire. L’abandon du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes n’est pas une victoire de l’écologie portée par des forces démocratiques en France.

Durant toute la campagne d’opposition, qui a pris de l’ampleur à partir des années 2010, l’écologie et les zones humides n’ont été qu’un prétexte. Le moteur de la contestation était une vision du monde arriéré, défendant de manière fantasmée l’agriculture d’autrefois et la vie en communautés isolées. Le mouvement d’opposition, particulièrement celui de la « ZAD », était largement d’essence réactionnaire.

Au contraire, les forces de gauche doivent maintenant se focaliser sur l’essentiel. Il est urgent de porter les exigences démocratiques de la population tout en diffusant et faisant vivre une culture authentiquement écologique.

Le mouvement d’opposition à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes a été un rendez-vous manqué pour la gauche française. Elle n’a pas su être à la hauteur des exigences de son époque. Il faut maintenant changer la donne.