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L’Allemagne choisit des avions de chasse américains plutôt que franco-allemands

La tendance à la guerre renforce l’OTAN, et inversement.

Pendant cinq ans, le président Emmanuel Macron a mis sur la table l’idée d’une force armée européenne, et en tous cas de grande coopération et intégration industrielle-militaire en Europe. C’est là une sorte de gaullisme light, voulant garder pour la France un statut de relative grande puissance relativement indépendante, mais via l’Union européenne et son moteur franco-allemand.

Le projet d’armée européenne n’a jamais pris concrètement, puis il a été balayé par la guerre en Ukraine qui a vu le retour au premier plan de l’OTAN, pourtant donnée « en état de mort cérébrale » il y a très peu de temps encore par Emmanuel Macron.

Une nouvelle étape de l’échec de ce « gaullisme light » d’Emmanuel Macron via l’Union européenne vient d’être franchie, avec l’annonce par l’armée allemande de se tourner vers les États-Unis pour l’achat d’avions de guerre de type chasseurs-bombardiers. En l’occurrence, c’est une trentaine de F-35 de Lockheed Martin qui doit être commandée.

C’est un grand chamboulement, car l’Allemagne est censée intégrer depuis 2017 un programme de développement spécifiquement européen, nommé Système de combat aérien du futur ou SCAF. Plusieurs contrats et commandes spécifiques ont été passées auprès Dassault Aviation et Airbus Defence and Space, avec plusieurs millions d’euros de budget déjà engagés, des lettres d’intentions signées entre les ministres allemands et français de la Défense, etc.

Seulement, tout cela est pour dans longtemps, pas avant 2040. Et c’est maintenant que se dessine la tendance à la guerre. Et c’est maintenant que la superpuissance américaine met la pression pour une intégration totale à l’OTAN dans le sens d’un alignement militaire sur sa superpuissance.

Concrètement, l’Allemagne se positionne comme étant dans le sillage immédiat et direct des États-Unis, balayant toute la perspective franco-allemande sur le plan militaire. Voici comment l’agence de presse allemande Deutsche Presse-Agentur résume la chose :

« Les inquiétudes antérieures du gouvernement fédéral selon lesquelles l’achat du F-35 pourrait contrecarrer les projets conjoints avec la France de construire un ‘avion de combat du futur’ européen sont désormais passées au second plan et semblent largement invalidées du point de vue de Berlin ».

La pression américaine est en effet trop forte, et l’Allemagne ne misera pas sur la France. Car qui dit F-35, dit en fait et surtout intégration au programme militaire nucléaire de l’OTAN, c’est-à-dire américain. L’Allemagne dispose, sur la base de Büchel, de bombes nucléaires dite tactiques de type B-61, activables sur décision américaine. Mais pour rester intégrée à ce programme nucléaire, l’Allemagne est obligée d’acquérir les F-35 américains, car plus aucun nouvel appareil européen n’est certifié par les États-Unis pour cela.

L’Allemagne rejoint ainsi le Royaume-Uni, la Belgique, les Pays-Bas et l’Italie, qui ont déjà acheté des F-35. Elle fait un immense pas de côté par rapport au moteur franco-allemand.

La grande bataille pour le repartage du monde est concrètement d’actualité, et ce que cela induit principalement, c’est une tendance au renforcement des deux principaux blocs. L’un américain, l’autre chinois. L’Allemagne renforce son intégration dans le premier, aux dépens d’une relative indépendance avec la France dans le cadre européen.

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Emmanuel Macron : la France n’est pas en guerre contre la Russie, mais…

Le président français prépare les esprits à la guerre.

La machine à propagande est en route, et elle tourne à plein régime. Le président Emmanuel Macron a ainsi fait une adresse aux Français mercredi 2 mars 2022 en posant avec le drapeau ukrainien aux côtés des drapeaux de la France et de l’Union européenne. Ce choix résume à lui seul sa position et la nature profonde de sa démarche.

Emmanuel Macron se présente comme un défenseur de la « liberté » et de la paix, il explique que lui et l’OTAN ont tout fait pour éviter la guerre et qu’il s’emploie désespérément à trouver une solution diplomatique. Pourtant, en pratique, il prend fait et cause unilatéralement pour le régime ukrainien avec le président Volodymir Zelensky à sa tête.

Voici comment le Président a introduit sa prise de parole :

« Françaises, Français, mes chères compatriotes,

Depuis l’attaque brutale lancée par le Président Poutine contre l’Ukraine le 24 février, les forces russes bombardent Kiev, assiègent les villes les plus importantes du pays, des centaines de civils ukrainiens ont d’ores et déjà été tués, des femmes et des enfants ont été tués encore ce jour. Les jours qui viennent seront vraisemblablement de plus en plus durs. »

Ce n’est pas là l’introduction d’un discours cherchant à construire la paix, mais un discours partisan d’un des deux camps durant une guerre, en l’occurrence le camp du régime ukrainien. La vérité est tordue, volontairement extrapolée, pour justifier une position.

En pratique, l’invasion russe de l’Ukraine, aussi odieuse et impérialiste soit-elle, bafouant le droit international et en piétinant l’ONU, n’a rien d’une marche barbare sur le pays comme voudrait le faire croire le président français, en parlant par exemple de « bombardements de Kiev », qu’aucune information, même provenant du régime ukrainien, ne vient corroborer.

L’invasion russe est menée, pour l’instant en tous cas, de manière ultra précise et fine, ciblant par des frappes chirurgicales des bâtiments précis, détruisant ou prenant de manière coordonnée des bases militaires, des aéroports, ainsi que différents points stratégiques, encerclant petit à petit les grandes villes.

Il n’y avait qu’à écouter France info, la chaîne d’information officielle du régime français, pour entendre dans la journée du 2 mars 2022 une journaliste ukrainienne francophone raconter sa journée, expliquant qu’elle a pu se déplacer librement dans la ville et faire ses courses, trouvant la plupart des produits recherchés, sauf la litière pour ses chats.

Mais ce genre de réalité n’intéresse pas Emmanuel Macron, qui a besoin au contraire de galvaniser un sentiment anti-russe et d’en rajouter. Ce qui compte, c’est d’orienter la population française vers la démarche atlantiste, celle de l’OTAN, des États-Unis et du bloc qu’ils forment, sur lequel la France est censée s’aligner.

La défense du régime ukrainien est indispensable pour cette démarche, car ce régime a été mis en place en 2014 de manière directement favorable au bloc américain pour remplacer un régime favorable à la puissance russe concurrente.

Le régime ukrainien et surtout sont président ont donc été couverts de louanges.

« Et en votre nom, j’adresse au Président Volodymir Zelensky le soutien fraternel de la France. Il est aujourd’hui, à la tête de son peuple si courageux, le visage de l’honneur, de la liberté, de la bravoure. »

En vérité, Volodymir Zelensky est surtout le visage d’un régime ultra-nationaliste, violemment anti-russe et résolument anti-Gauche (tout ce qui a un rapport de près ou de très loin avec l’URSS est interdit), laissant les fascistes faire ce qu’ils veulent, notamment organiser des milices armées, alors qu’ils sont d’ailleurs un élément officiel de l’armée (par l’intermédiaire du bataillon Azov, formant le noyau dur de l’armée d’ailleurs à Marioupol, la dernière clef du Donbass).

Concrètement, Volodymir Zelensky n’est pas un libéral-démocrate comme Emmanuel Macron, mais un populiste d’extrême-droite richissime, débarqué en politique avec un parti… reprenant le nom de la série télévisée dont il était le principal acteur. Mais cela plaît au Président français, du moment que c’est aligné sur les intérêts du bloc américain, quitte à nier l’idéologie nationaliste du régime ukrainien et la carte libre donné aux fascistes. La réalité n’intéresse pas Emmanuel Macron, pour qui seuls comptent les intérêts capitalistes.

« Cette guerre est encore moins, comme une propagande insoutenable voudrait le faire penser, une lutte contre le « nazisme ». C’est un mensonge. Une insulte à l’Histoire de la Russie et de l’Ukraine, à la mémoire de nos aînés qui ont combattu côte à côte contre le nazisme. Les dirigeants russes s’en prennent à la mémoire de la Shoah en Ukraine. Comme ils s’en prennent en Russie à la mémoire des crises du stalinisme.

Cette guerre est le fruit d’un esprit de revanche, nourri d’une lecture révisionniste de l’Histoire de l’Europe, qui voudrait la renvoyer aux heures les plus sombres des Empires, des invasions, des exterminations. »

De tels propos sont extrêmement partisans et on notera d’ailleurs que le régime ukrainien a affirmé de manière mensongère que le mémorial de Babi Yar, un haut lieu de la destruction des Juifs d’Europe, avait été détruit par les Russes. Cela avait été notamment un prétexte pour Volodymir Zelensky pour affirmer que la Russie détruisait la mémoire de l’Ukraine (ce qui est vrai en partie par ailleurs, mais Volodymir Zelensky a en tête une Ukraine mythique). On remarquera également que la mort des treize défenseurs ukrainiens de « l’île des Serpents » après avoir envoyé « se faire foutre » le navire de guerre russe était également de l’intox : les soldats ukrainiens se sont en fait rendus.

Tout cela ne doit pas étonner, de part et d’autre, car c’est la guerre et donc les opérations psychologiques sont systématiques, parallèlement à la mobilisation générale. Si Emmanuel Macron tient à préciser que « nous ne sommes pas pour autant en guerre contre la Russie », il prend dans les faits ouvertement et unilatéralement partie pour un camp contre l’autre, tout en agissant au moyen de sanctions économiques et politique comme un cobelligérant.

La neutralité n’existe jamais en politique, et encore moins en ce qui concerne les relations internationales. Emmanuel Macron n’est que le représentant d’un camp contre un autre, dans une escalade menant inévitablement à de grandes tensions guerrières.

Les quinze minutes d’allocutions du président Emmanuel Macron ont surtout comme rôle de préparer les esprits à la guerre et à l’escalade guerrière qui s’annonce. Il s’agit de galvaniser, d’entraîner le peuple derrière les intérêts et la vision du monde de la bourgeoisie française, d’annihiler toute contestation du régime.

Voici la transcription de la fin du discours d’Emmanuel Macron, qui apparaîtra dans quelques années comme un moment marquant, un jalon important dans la préparation à la guerre. La France prétend ne pas être en guerre contre la Russie, mais en pratique elle est farouchement hostile à la Russie, et elle fait tout pour aller vers cette guerre, elle est déjà dans cette guerre.

« Les équilibres de notre continent comme plusieurs aspects de notre quotidien sont d’ores et déjà bouleversés par cette guerre et connaîtront des changements profonds dans les mois qui viennent. 

Notre Europe en sera bousculée. J’aurai l’occasion d’y revenir (…).

Notre agriculture, notre industrie, nombre de secteurs économiques souffrent et vont souffrir, soit parce qu’ils dépendent des importations de matières premières venues de Russie ou d’Ukraine, soit parce qu’ils exportent vers ce pays. Notre croissance, aujourd’hui au plus haut, sera immanquablement affectée. 

Le renchérissement du prix du pétrole, du gaz et des matières premières a et aura des conséquences sur notre pouvoir d’achat : demain le prix du plein d’essence, le montant de la facture de chauffage, le coût de certains produits risquent de s’alourdir encore. 

Alors face à ces conséquences économiques et sociales, je n’ai et n’aurai qu’une boussole : vous protéger. 

Nous épaulerons les secteurs économiques les plus exposés en recherchant de nouveaux fournisseurs, de nouveaux débouchés commerciaux.  Et c’est à cette fin que je me suis entretenu avec des homologues américains, européens, moyen-orientaux.

Nous apporterons des réponses adaptées face aux perturbations des flux commerciaux et à l’augmentation des prix. Et j’ai demandé au Premier ministre d’élaborer, pour les prochains jours, un plan de résilience économique et social pour répondre à toutes ces difficultés. 

Mais ne nous trompons pas. Ces événements n’auront pas seulement des conséquences immédiates, à la trame de quelques semaines. Ils sont le signal d’un changement d’époque.
La guerre en Europe n’appartient plus à nos livres d’histoire ou de livres d’école, elle est là, sous nos yeux. La démocratie n’est plus considérée comme un régime incontestable, elle est remise en cause, sous nos yeux. 

Notre liberté, celle de nos enfants n’est plus un acquis. Elle est plus que jamais un système de courage, un combat de chaque instant.

A ce retour brutal du tragique dans l’Histoire, nous nous devons de répondre par des décisions historiques.

Notre pays amplifiera donc l’investissement dans sa défense décidé dès 2017 et poursuivra sa stratégie d’indépendance et d’investissement dans son économie, sa recherche, son innovation, déjà renforcée à la lumière de la pandémie.

Notre Europe, dans cette épreuve, démontre, comme elle l’a fait ces derniers mois, une unité remarquable. Elle doit désormais accepter de payer le prix de la paix, de la liberté, de la démocratie. Elle doit investir davantage pour moins dépendre des autres continents et pouvoir décider pour elle-même. En d’autres termes : devenir une puissance, plus indépendante, plus souveraine.

Puissance économique d’abord. Nous ne pouvons plus dépendre des autres pour nous nourrir, nous soigner, nous informer, nous financer. Voilà pourquoi, dans le prolongement des décisions prises au plus fort de la pandémie avec le plan de relance européen, nous devrons promouvoir un nouveau modèle économique fondé sur l’indépendance et le progrès. 

Puissance énergétique, ensuite. Nous ne pouvons plus dépendre des autres et notamment du gaz russe pour nous déplacer, nous chauffer, faire fonctionner nos usines. Voilà pourquoi, après avoir décidé pour la France, le développement des énergies renouvelables et la construction de nouveaux réacteurs nucléaires, je défendrai une stratégie d’indépendance énergétique européenne.  

Puissance de paix, enfin. Nous ne pouvons pas dépendre des autres pour nous défendre que ce soit sur terre, sur mer, sous la mer, dans les airs, dans l’espace ou le cyberespace. A cet égard, notre défense européenne doit franchir une nouvelle étape. 

Je réunirai les 10 et 11 mars prochains à Versailles les chefs d’Etat et de gouvernement, européens, lors d’un sommet qui aura à décider sur ces sujets. 
D’ores et déjà, notre Europe a montré unité et détermination. Elle est entrée dans une nouvelle ère. Il nous faut poursuivre.

Mes chers compatriotes,

La guerre en Ukraine marque une rupture pour notre continent et nos générations.

Je sais combien elle vous inquiète, légitimement. Elle nous mobilise et nous imposera de prendre des décisions. Je vous en rendrai compte.

Cette guerre vient aussi percuter notre vie démocratique et la campagne électorale qui s’ouvre officiellement à la fin de cette semaine. 

Cette campagne permettra un débat démocratique important pour la Nation mais qui ne nous empêchera pas de nous réunir sur l’essentiel. 

Je sais pouvoir compter sur vous, votre attachement à la liberté, à l’égalité, à la fraternité, à la place de la France dans le monde. 
   
Je ne cesserai jamais de les défendre et de les porter haut, en votre nom.

Vive la République.

Vive la France. »

La France entre de plein-pied dans la tendance à la guerre à l’échelle mondiale, elle est une partie du problème, certainement pas de la solution.

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La superpuissance américaine et l’OTAN disent non à la Russie

Un camp doit désormais céder ou c’est la guerre.

Au sens strict, dire que la superpuissance américaine et l’OTAN disent non à la Russie est erroné, car l’OTAN est un outil américain. Il y a beau avoir des nuances au sein de l’OTAN, cela n’y change rien. Bien entendu, la Bulgarie vient d’affirmer qu’elle ne voulait pas de soldats américains sur son sol (mais d’autres pays), la Croatie a dit qu’en cas de conflit Ukraine/Russie elle enlevait ses soldats de l’OTAN, ce sont mille soldats français que la Roumanie va accueillir, enfin cela ne change pas grand chose au final.

Le fait est que, le 26 janvier 2022, c’est l’ambassadeur américain à Moscou, John Sullivan, qui a remis aux affaires étrangères russes une lettre des États-Unis et une lettre de l’OTAN (il a ensuite été prétendu qu’il n’avait pas remis la seconde lettre, car le symbole est plus que grossier tout de même). Les deux lettres disent la même chose : les exigences russes sont réfutées, mais tant les États-Unis que l’OTAN sont prêts à continuer à discuter.

En ce sens, le secrétaire d’État américain Antony Blinken et le chef de l’Otan Jens Stoltenberg ont chacun de leur côté tenu une conférence de presse, campant sur leurs positions.

Pendant ce temps-là, à Paris, avait lieu une réunion des partenaires des accords dit de Minsk, au format dit « Normandie », sous la forme des conseillers des présidents allemand, français, russe et ukrainien. C’était à une époque où la France suivait l’Allemagne dans la tentative de s’éloigner de la superpuissance américaine.

LAllemand Jens Plötner, le producteur de film et avocat ukrainien (à la mère russe) Andriy Yermak, un conseiller Russe dont le nom n’est mentionné nulle part enfin le Français Emmanuel Bonne

Voici le communiqué de la réunion, qui ne dit rien du tout, à part : « on va se revoir bientôt ». On remarquera qu’il est parlé d’un cessez-le-feu qui est dans les faits bafoués depuis 2014 de toutes façons.

Les conseillers des Chefs d’État et de gouvernement du format Normandie, avec la participation de représentants des ministères des affaires étrangères, se sont réunis à Paris le 26 janvier 2022.

Ils réaffirment que les Accords de Minsk sont la base du travail du format Normandie, et restent engagés pour atténuer les désaccords actuels dans les travaux à venir.

Ils soutiennent un respect inconditionnel du cessez-le-feu et une pleine adhésion aux mesures de renforcement du cessez-le-feu du 22 juillet 2020, indépendamment des différences sur d’autres sujets relatifs à la mise en œuvre des accords de Minsk.

Ils ont discuté de l’importance du groupe de contact trilatéral et ses groupes de travail pour intensifier leurs activités en vue de progrès rapides dans la mise en œuvre des accords de Minsk.

Ils sont convenus de se réunir de nouveau à Berlin dans deux semaines.

Que va-t-il se passe maintenant? L’Ukraine dit… qu’il n’y a pas de menace d’invasion à court terme, tout en armant 130 000 miliciens, avec naturellement toute l’extrême-Droite qui se précipite. Les États-Unis et le Royaume-Uni considèrent que c’est imminent ; il a d’ailleurs été demandé aux ressortissants américains de quitter l’Ukraine. La Russie répète sans cesse qu’elle ne veut pas envahir, mais alerte sans cesse sur les provocations ukrainiennes contre les « républiques populaires » du Donbass. La France et l’Allemagne aimeraient temporiser.

Au niveau militaire, l’Ukraine reçoit des centaines de tonnes de matériel militaire (américain et britannique principalement) mais cela ne changera pas grand chose face à l’armada russe en place. Il ne manque qu’une chose à celle-ci désormais : beaucoup plus de soldats, mais ceux-ci peuvent être très rapidement sur place alors que l’immense matériel militaire est déjà présent.

On notera ici au passage que si on lit très régulièrement que la Russie est pauvre, elle n’est pas pour autant ruinée ; elle n’est en fait non seulement pas endettée, mais dispose de plus 600 milliards d’euros de réserves. C’est cela qui joue aussi dans la confrontation dans le cadre de la crise ouverte par la pandémie, donnant naissance à la logique impériale.

La Russie fait partie du bloc avec les Chinois, à l’écart du grand impact causé sur le capitalisme mondial dont le cœur sont les pays occidentaux. Elle considère qu’il y a l’opportunité d’établir une dimension impériale face à un bloc très puissant mais devant, pense-t-elle, s’effriter.

Autrement dit, il est clair que l’objectif russe est de partir d’un incident du Donbass pour détruire l’armée ukrainienne et les milice nationalistes, former un gouvernement ukrainien pro-russe en abandonnant ce qui sera appelé les « Galiciens » (à l’ouest de l’Ukraine, avec la ville de Lviv comme centre) considérés comme étrangers à l’histoire « russe » intégrant les Ukrainiens.

Quant à la superpuissance américaine et au Royaume-Uni, ils rêvent que la Russie échoue et s’effondre, et tablent cyniquement pour cela sur une résistance ukrainienne à l’afghane.

La France est partante pour manger le gâteau russe, l’Allemagne aussi mais elle n’y croit que moyennement et pense que la Russie tiendra, aussi qu’il est bien de se rapprocher d’elle pour laisser passer le grand conflit sino-américain à venir.

Nous sommes comme avant 1914, avec les puissances manœuvrant pour leurs visées impériales. La guerre est l’actualité du monde capitaliste.

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L’OTAN ferme la porte à la Russie

La Russie doit s’effacer devant l’OTAN.

General view of the meeting

L’OTAN s’est réunie avec la Russie le 12 janvier 2022 pour la première fois depuis deux ans et demi ; normalement de telles réunions se tiennent deux-trois fois par an, mais les intérêts tellement divergent ont provoqué une cassure. La crise internationale provoquée par la pandémie a ramené l’existence d’une telle réunion, mais celle-ci s’est bien entendu conclu sur rien de concret.

La Russie, par l’intermédiaire d’Alexandre Grouchko, vice-ministre russe des Affaires étrangères, exige en effet que l’Ukraine et la Géorgie ne rejoignent pas l’OTAN, et cette dernière dit qu’elle n’y peut rien, qu’elle laisse la porte ouverte. Ce qui implique qu’elle les acceptera, alors qu’en plus il existe en ce moment une intense campagne anti-Russie dans le Nord de l’Europe. Après la Suède, c’est ainsi la Norvège qui affirme qu’elle est menacée d’une possible invasion russe, et il y a un discours officiel appelant à renforcer la présence militaire de l’OTAN en Europe de la part du Danemark, de la Suède, de la Norvège et de l’Estonie. De plus, le Royaume-Uni a envoyé en Ukraine toute une équipe de généraux.

La superpuissance américaine met également le paquet. Le 12 janvier 2022, la Secrétaire d’État adjointe des États-Unis Wendy R. Sherman présente lors de la réunion Russie-OTAN a également eu une rencontre avec le  secrétaire général du ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères François Delattre, le secrétaire d’État allemand aux affaires étrangères Andreas Michaelis, le directeur politique italien des affaires étrangères Pasquale Ferrara, le ministre d’État britannique pour le moyen-Orient, l’Afrique du Nord et l’Amérique du Nord James Cleverly.

Et lors de la réunion de l’OTAN en tant que tel, Wendy R. Sherman a dit au représentant russe qu’il était une seule personne parmi 30, mais qu’en fait les 29 représentants de l’OTAN ne formaient également qu’une seule personne, au sens où l’OTAN formait un bloc. Et lorsqu’elle a pris la parole et qu’en même temps la délégation russe s’échangeait des documents en murmurant, elle les a rappelés à l’ordre.

La Russie est donc prise à la gorge : soit elle essaie de passer en force en envahissant l’Ukraine, un pays qu’elle ne reconnaît somme toute pas, ou bien elle recule et alors elle s’effiloche sous la pression occidentale. Tant la Russie que l’OTAN n’ont comme seule possibilité d’existence que l’expansion territoriale, politique, militaire.

Pour l’instant, elle ne cède pas, elle continue ses renforcements à la frontière ukrainienne, et 3000 soldats se sont entraînés le 12 janvier à balles réelles à Voronezh, Belgorod, Bryansk et à la frontière ukrainienne.

Mais de toutes façons, il ne faut pas faire de « géopolitique ». Ce qui compte, c’est de voir que les grandes puissances cherchent à agglomérer un empire autour d’elles-mêmes, alors que la tendance est à la bataille pour le repartage du monde. C’est cela qui compte et il y a deux premières victimes : des pays entiers tout d’abord, qui sont des cibles de l’expansion voulue, comme ici l’Ukraine qui n’a comme horrible choix que d’être qu’un satellite occidental ou russe, ou bien les deux si le pays connaît une partition suite à une invasion.

Les travailleurs ensuite puisque c’est à leurs dépens que se font les guerres du capitalisme, tout comme c’est à leurs dépens qu’existe le capitalisme. Il est aisé de voir comment la guerre est d’ailleurs devenue une actualité du capitalisme de manière tout à naturelle, avec un effet d’entraînement dans toute la société. On ne peut pas ne pas voir qu’Eric Zemmour, au discours nationaliste brutal, est une expression directe de la crise généralisée du capitalisme due à la pandémie, avec même Marine Le Pen mise de côté.

Pratiquement 80 000 personnes ont d’ailleurs rejoint le mouvement d’Eric Zemmour, « Reconquête », ce qui est également une expression de la crise, du nationalisme, du bellicisme, de la tendance au repli sur soi, à la mobilisation nationale pour que le pays « retrouve son rang », etc. Le BREXIT et l’élection de Donald Trump ont été les signes annonciateurs que le capitalisme rentrait dans le mur et qu’on était en train de passer au repli national pour le repartage du monde, en raison d’une expansion capitaliste au rythme cassé.

Dans un tel panorama, les négociations ne sont que formelles, apparentes. La réunion Russie-OTAN du 12 janvier 2022 n’a été qu’une formalité, sans contenu aucun, car désormais tout se passe en arrière-plan, avec les exigences historiques de la crise. Ce qui se reflète concrètement dans les esprits des couches dominantes comme la grande bataille sino-américaine en cours et à venir.

Chacun se place par rapport à cela, en comptant profiter du maximum de forces pour le moment où tout basculera. Il est ainsi absolument évident que les pays occidentaux voient l’occasion historique de pouvoir ébranler la Russie. Tout comme la Russie voit l’occasion historique de reforger son empire en profitant d’un capitalisme occidental relativement enrayé et de sociétés occidentales déconnectées de tout dans leur bulle consommatrice.

Cette leçon historique, on est train de l’apprendre ; la crise ukrainienne est la principale leçon dans ce cheminement historique et, malheureusement, n’anticipant pas les événements à venir et ne comprenant pas les tendances de fond, les gens s’éparpillent dans de pseudos-actualités, se dispersent dans des choses totalement secondaires.

On est désormais dans le processus qui mène à la future guerre mondiale, un processus contradictoire qui va avoir des tours et des détours, et là on a le premier moment de vérité, la première étape, la première polarisation, la première grande leçon.

C’est l’Histoire qui est en train de se faire et il est dommage que cela se déroule ainsi ; mais sans doute qu’en raison de la corruption capitaliste, il fallait que l’humanité en passe par là pour saisir avec maturité le socialisme, avec sa planification, son collectivisme, ses valeurs morales et culturelles.

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2022 : la France prend la tête de la force de réaction rapide de l’OTAN

La France est alignée sur la superpuissance américaine.

La France n’est pas une simple alliée des États-Unis. Elle est pleinement actrice du dispositif militaire américain, au moyen de l’OTAN. Cela signifie des engagements très concrets et, pour l’année 2022 l’armée française s’apprête à remplir un rôle majeur au sein de cette alliance militaire. À partir du samedi 1er janvier, elle prend en effet pour un an la tête d’une force majeure de l’OTAN, nommée « Force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation (VJTF) ».

Celle-ci est présentée par le communiqué officiel comme étant la force (le dispositif militaire) ayant le plus haut niveau de disponibilité opérationnelle. Il s’agit d’une force « disponible en permanence et capable de se déployer en quelques jours afin de défendre tout pays de l’Alliance ».

Voici le détail quant à sa composition :

« En 2022, la VJTF se composera d’une force multinationale de plusieurs milliers de soldats. S’appuyant sur le 1er régiment d’infanterie et le 3e régiment de hussards, la Brigade franco-allemande, forte de 3 500 soldats, constituera le noyau de cette force. Dirigée par le Corps de réaction rapide – France, basé à Lille, la Brigade franco-allemande est une unité binationale, qui témoigne du lien solide unissant les deux membres de l’Alliance que sont l’Allemagne et la France.

D’autres pays de l’OTAN, dont l’Espagne, le Portugal et la Pologne, fourniront également des forces. La majorité des unités de la VJTF proviennent de la brigade principale. »

On a donc, en toute opacité, sans aucune information démocratique à ce sujet, des milliers de soldats français (et un commandement militaire français) « placés en état de haute disponibilité opérationnelle » et prêts à être déployés en un rien de temps. Autrement dit, en cas de conflit militaire majeur concernant l’OTAN, la France sera immédiatement en première ligne.

Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a d’ailleurs bien insisté sur cet aspect, montrant l’engagement total de la France dans l’alliance militaire américaine :

« La Force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation contribue de manière substantielle à notre défense collective, et le leadership qu’assure la France est une démonstration forte de son engagement et de ses capacités.

Dans une période où les défis de sécurité sont sans précédent, il ne saurait y avoir aucun malentendu sur la détermination de l’OTAN : nous sommes unis pour défendre et protéger l’ensemble des Alliés ».

Cela est très clair, particulièrement dans le contexte actuel avec l’Ukraine prise en tenaille entre la Russie et les États-Unis, formant une véritable poudrière menaçant d’exploser à tout moment. L’existence même de cette force d’intervention rapide est de toutes manières directement liées à la question ukrainienne, puisqu’elle a vu le jour en 2014 lors du sommet de l’OTAN dit Newport où la question du Dombass était une question principale à l’ordre du jour.

Le communiqué officiel de l’OTAN pour annoncer la direction de la France évoque également directement la question ukrainienne, qui est pour ainsi dire la préoccupation majeure du moment pour les États-Unis, et donc pour l’OTAN. Il est donc expliqué dans le communiqué que cette force a été créée « en réponse aux crises survenues au Moyen-Orient et à l’agression perpétrée par la Russie contre l’Ukraine. »

Voilà qui est très clair. En prenant la tête de cette force pendant un an, la France se retrouve donc pieds et poings liés à la superpuissance américaine, précipitée de manière entière dans la grande bataille pour le repartage du monde. Et potentiellement sur la question ukrainienne, alors que la France vient d’ailleurs de réaliser un court exercice avec la marine ukrainienne, mais sans le dire officiellement de son côté (l’armée ukrainienne elle l’a fait).

Tout en multipliant les allusions bellicistes et pro-américaines.

La France est au premier rang dans le militarisme mondial et est aligné sur la superpuissance américaine pour la bataille pour le repartage du monde. C’est la tendance à la guerre qu’amène inévitablement le capitalisme.

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Le Comité militaire de l’OTAN salue la « contribution importante de la France »

L’alignement français est officiellement salué par l’OTAN.

Il est courant de dire qu’en ce qui concerne l’OTAN, la France a un pied dedans et un pied dehors. La présidence d’Emmanuel Macron a réalisé une tendance déjà en cours depuis plusieurs années : la France est désormais entièrement dans l’OTAN sur le plan stratégique. La visite du président du Comité militaire de l’OTAN à Paris pour saluer l’engagement français en est une preuve.

Cette visite, à la suite directe de la réunion de l’OTAN à Bruxelles qui a été marquée par une condamnation de la Russie, n’est naturellement pas simplement de courtoisie. Le président du Comité militaire est forcément venu avec toute son équipe, pour contribuer à la mise en place du bloc politico-militaire contre la Russie. La France étant un acteur essentiel de l’OTAN, notamment sur le plan maritime et aérien, comme en témoignent les activités militaires françaises en Mer Noire à la mi-décembre 2021, il s’agit là d’une mise en place technique inévitable.

C’est un aspect très important, car maintenant que la question ukrainienne « commence » à apparaître comme thématique, on a déjà l’expression d’un opportunisme complet expliquant que, somme toute, c’est un affrontement lointain entre les pays occidentaux et la Russie, et qu’il faudrait, le cas échéant, simplement protester si la France fait partie de la coalition occidentale. Il faudrait rééditer alors la Conférence de Zimmerwald de 1915 pour s’opposer à « l’union sacrée ».

C’est totalement honteux, alors que la France n’est pas un éventuel allié de la superpuissance américaine, mais une puissance agressive de premier plan, une composante essentielle de l’OTAN. Cela exprime en fait le point de vue des intellectuels bourgeois « de gauche » en France, qui veulent protester mais dans le confort d’une position critique semblable à celle d’un professeur. C’est aussi un chauvinisme à la française : si la France fait quelque chose de mal, c’est qu’elle est manipulée par les Etats-Unis ou Israël, etc.

C’est un exemple de comment la crise démasque tous les faussaires et révèle les choses telles qu’elles sont. Il ne faut surtout pas se fier à de telles positions opportunistes. La France est bien une partie essentielle de l’OTAN et donc de la tendance à la guerre ! La visite en France du président du Comité militaire de l’OTAN le montre bien.

Le 17 décembre 2021, l’amiral Rob Bauer [de la Marine royale néerlandaise], président du Comité militaire de l’OTAN [depuis juin 2021], s’est rendu à Paris afin de s’entretenir avec le général d’armée Thierry Burkhard, chef d’état-major des armées (France).

Il a également effectué une visite au centre de planification et de conduite des opérations, où une série d’exposés sur les activités militaires de la France lui ont été présentés.

Après avoir été accueilli par une garde d’honneur officielle à l’École militaire (Paris), le président du Comité militaire de l’OTAN, l’amiral Bauer, s’est rendu au centre de planification et de conduite des opérations (CPCO). Depuis 2004, cette entité de premier plan apporte son soutien à la France pour tout ce qui concerne la planification et la conduite des opérations nationales et internationales auxquelles participent les militaires français.

En communication permanente avec les commandements opérationnels du monde entier, y compris ceux déployés en mission, le CPCO permet une meilleure coordination, des réponses plus rapides à l’évolution de la situation et une gestion de crise plus efficace.

Lors de son entretien avec le général de division Philippe Susnjara, chef du CPCO, l’amiral Bauer a souligné l’importance de disposer d’un tel quartier général : « Les nouveaux défis exigent de nouvelles réponses, notamment dans les domaines que nous abordons depuis peu, où la technologie se développe à un rythme extrêmement rapide. Nous devons pouvoir proposer des réponses efficaces, en temps voulu, et c’est pourquoi un éclairage opérationnel est essentiel à la prise de décisions ».

Une série d’exposés ont été présentés à l’amiral Bauer, notamment sur les priorités de la France concernant une approche à 360 degrés et sur ses activités militaires actuelles, dont les opérations en cours au Mali et en Iraq, ainsi que sur sa participation actuelle à des missions de l’Union européenne (UE) et de l’OTAN.

La France contribue actuellement à la mission renforcée de police du ciel de l’OTAN et au groupement tactique multinational en Estonie dans le cadre de la présence avancée rehaussée de l’OTAN.

« En ce moment, 30 000 militaires français sont déployés sur le territoire et à l’étranger pour protéger les pays, leurs populations et leurs valeurs. Une partie des effectifs est déployée à l’appui de missions de l’UE et de l’OTAN pour assurer la sécurité, la dissuasion et la défense du territoire euro-atlantique », a ajouté le président du Comité militaire.

Lors de leur rencontre, le général Thierry Burkhard, chef d’état-major des armées de la France, et l’amiral Bauer ont abordé les axes de travail en cours, et plus particulièrement l’élaboration du concept-cadre de l’OTAN sur la capacité à combattre et le concept de dissuasion et de défense pour la zone euro-atlantique.

Ils ont également évoqué l’état actuel des dépenses de défense, la France étant le troisième principal contributeur en Europe, et le quatrième parmi les pays de l’OTAN. L’amiral Bauer a par ailleurs remercié la France de son offre d’accueillir le nouveau Centre d’excellence de l’OTAN pour l’espace, qui sera établi à Toulouse d’ici 2025.

« La France compte dans ses rangs des militaires d’exception, dispose de capacités de pointe, a la volonté politique de les employer et peut les déployer rapidement. Les avions de chasse français participent régulièrement à la mission de police du ciel de l’OTAN dans les États baltes afin d’assurer la sécurité de l’espace aérien de l’Alliance. L’an prochain, la force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation de l’OTAN sera dirigée par une brigade franco-allemande. La France, dans l’ensemble des domaines traditionnels, contribue activement au dispositif de dissuasion et de défense de l’Alliance, ce à quoi s’ajoute désormais l’espace », a indiqué en conclusion le président du Comité militaire.

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Guerre

L’OTAN ferme entièrement la porte à la Russie

Le but est la banqueroute de la Russie.

L’OTAN a adopté le 16 décembre 2021 une ligne dure vis-à-vis de la Russie, dans le prolongement de son élargissement suivant l’effondrement du bloc dépendant de la superpuissance soviétique. Si l’Ukraine et la Géorgie rejoignent l’OTAN, et si l’on prend compte que la Suède et surtout la Finlande est déjà liée à l’OTAN (elle vient d’acheter des avions de guerre américains F-35), alors on peut dire que la Russie ne pourra que s’effondrer face à la pression. C’est l’objectif très clair de la superpuissance américaine.

Source wikipédia

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky était d’ailleurs à la réunion de l’OTAN, dont le dirigeant Jens Stoltenberg a expliqué que l’Ukraine rejoindrait bien l’OTAN lorsqu’elle serait au niveau, que la Russie n’a rien à dire.

La déclaration de l’OTAN est donc sans ambiguïtés : la Russie doit capituler.

Déclaration du Conseil de l’Atlantique nord concernant la situation en Ukraine et alentour

Nous sommes gravement préoccupés par le renforcement substantiel, en l’absence de provocation et sans justification, du dispositif militaire russe aux frontières de l’Ukraine au cours des tout derniers mois, et nous rejetons les allégations mensongères de la Russie selon lesquelles l’Ukraine et l’OTAN se livreraient à des provocations.

Nous appelons la Russie à amorcer immédiatement une désescalade, à rechercher des solutions diplomatiques et à respecter ses engagements internationaux pour ce qui est de la transparence des activités militaires.

Nous étudions de près les incidences de la situation actuelle sur la sécurité de l’Alliance. Nous répondrons toujours avec détermination à toute détérioration de notre environnement de sécurité, notamment en renforçant notre posture de défense collective comme il convient.

L’OTAN prendra toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et la défense de tous les pays de l’Alliance.

Toute nouvelle agression contre l’Ukraine aurait des conséquences massives, et le prix à payer serait élevé. L’OTAN continuera de travailler en coordination étroite avec les parties concernées et avec d’autres organisations internationales, dont l’UE.

Nous réitérons notre soutien à l’intégrité territoriale et à la souveraineté de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues, et nous appelons la Russie à retirer ses forces du territoire ukrainien, conformément à ses obligations et engagements internationaux.

Nous sommes attachés au droit de tous les pays de décider de leur avenir et de leur politique étrangère sans ingérence extérieure. La relation entre l’OTAN et l’Ukraine ne regarde que l’Ukraine et les 30 pays de l’Alliance. Nous rejetons fermement toute tentative visant à remettre en cause l’indivisibilité de la sécurité des Alliés.  

Nous sommes prêts à avoir un dialogue substantiel avec la Russie. Nous lui demandons à nouveau, comme nous le faisons depuis longtemps, la tenue d’une réunion du Conseil OTAN-Russie, et ce dans un avenir proche. Nous sommes au fait des propositions que la Russie a présentées récemment au sujet de la sécurité européenne.

Il est clair que tout dialogue avec la Russie doit reposer sur la réciprocité, aborder les préoccupations de l’OTAN concernant les actions de ce pays, être fondé sur les principes fondamentaux et les documents qui forment le socle de la sécurité européenne, et se dérouler en consultation avec les partenaires européens de l’OTAN.

Nous sommes prêts, si la Russie œuvre concrètement à la réduction des tensions, à travailler au renforcement des mesures de confiance. L’OSCE est aussi une enceinte pertinente dans ce contexte. 

L’OTAN est une alliance défensive et elle continuera d’œuvrer en faveur de la paix, de la sécurité et de la stabilité dans l’ensemble de la zone euro-atlantique. Nous faisons front ensemble pour défendre et protéger tous les Alliés.

Et, le même jour, le parlement européen a prévu des mesures anti-Russie allant encore plus loin que celles exigées par la superpuissance américaine, agissant en fait à son service, s’alignant sur ses intérêts. La Russie doit s’effacer devant l’OTAN et son régime s’effondrer : c’est la but de l’OTAN, la nation ukrainienne étant pris en otage pour ce combat, son existence même étant en jeu dans cet affrontement entre la superpuissance américaine et l’expansionnisme russe.

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Guerre

Le G7 prolonge l’OTAN dans l’offensive anti-Russie

L’objectif est de briser la Russie.

Si la Russie continue ses mouvements de troupe, il en va de même pour l’Ukraine qui place toujours plus d’armements offensifs dans la zone de conflit, une chose normalement non permise de par le cessez-le-feu en vigueur. Obusiers automoteur, chars de combat, mortiers automatiques, canons antichars, systèmes d’armes de missiles antichars… Tout cela est listé par les observateurs de l’OSCE, mais absolument aucun média n’en parle, tous se focalisant sur une propagande ininterrompue contre la Russie.

Il faut également à cela des missiles anti-chars FGM-148 Javelin fournis par la superpuissance américaine, sur lequel l’Ukraine a décidé un embargo médiatique. Il y a également un avion de reconnaissance RC-135W Rivet Joint américain passant dans la région, au lieu des traditionnels drones, et la France a pareillement envoyé un avion de reconnaissance. Tout est fait pour permettre l’offensive ukrainienne.

C’est en ce sens qu’il faut comprendre le message des ministres des affaires étrangères du G7 le 12 décembre 2021 :

« Nous, ministres des Affaires étrangères de la France, de l’Allemagne, du Canada, des États-Unis, de l’Italie, du Japon et du Royaume-Uni, ainsi que le Haut représentant de l’Union Européenne, sommes unis dans notre condamnation du renforcement de la présence militaire et du discours agressif de la Russie à l’encontre de l’Ukraine.

Nous appelons la Russie à la désescalade, à la recherche de solutions diplomatiques, et au respect de ses engagements internationaux de transparence sur ses activités militaires comme le Président Biden l’a fait dans son appel avec le Président Poutine le 7 décembre.

Nous reconfirmons notre soutien aux efforts de la France et de l’Allemagne au sein du format Normandie pour atteindre la pleine mise en œuvre des Accords de Minsk afin de résoudre le conflit dans l’Est de l’Ukraine.

Tout recours à la force pour modifier les frontières est strictement interdit par le droit international.

La Russie ne devrait avoir aucun doute que toute nouvelle agression militaire contre l’Ukraine aurait des conséquences massives et un coût sévère en réponse.

Nous réaffirmons notre soutien sans faille à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine, ainsi qu’au droit de tout Etat souverain à déterminer son propre avenir. Nous saluons l’attitude de retenue de l’Ukraine.

Nous intensifierons notre coopération en vue d’une réponse commune et globale. »

Il faut en effet bien voir que ce n’est pas que l’invasion de l’Ukraine qui est ici condamnée, mais bien toute intervention russe en général. En clair, si l’Ukraine tente de reprendre le contrôle des « républiques » séparatistes en lançant une offensive militaire, toute réaction russe sera considérée comme une agression militaire contre l’Ukraine.

Ou, plus exactement comme le dit le document, une « nouvelle agression militaire », car il est considéré que les « républiques séparatistes » sont directement une manipulation russe, à quoi s’ajoute bien attendu l’annexion de la Crimée. L’Ukraine ne parle d’ailleurs pas de « séparatistes » mais de « militaires russes », niant toute existence d’une contestation contre le régime par ailleurs.

Le régime bascule d’ailleurs en ce moment. Depuis 2014, c’est une sorte d’alliance de forces libérales et pro-Union européenne, de partis liés aux oligarques, de forces conservatrices directement pro-OTAN, de forces nationalistes et fascistes se revendiquant de Stepan Bandera qui s’était allié aux nazis.

La Russie parle d’ailleurs d’une Ukraine « fasciste », « banderiste ». C’était totalement réducteur. Mais là les « banderistes » donnent le ton, même s’ils ne dirigent pas directement le pays. Auparavant, saluer la résistance soviétique était interdit, saluer les alliés des nazis autorisé. Maintenant, on passe à une valorisation ultra-nationaliste d’une sorte d’Ukraine mythique qui aurait connu pendant tout le 20e siècle de multiples tentatives d’extermination par la Russie (le « holodomor »).

C’est d’autant plus fort que l’économie ukrainienne est à l’agonie, en raison de la main-mise des oligarques, d’une corruption systématique (jusqu’à avoir son diplôme de médecin), avec 10% d’inflation en 2021, aucun investissement étranger non plus d’ailleurs dans un tel contexte, etc.

Cela en fait d’autant plus le jouet de l’OTAN ou plus exactement de la superpuissance américaine. L’Ukraine est l’outil de la superpuissance américaine dans sa tentative de briser la Russie – qui elle aimerait bien que l’Ukraine redevienne son satellite.

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Guerre

G7 à Liverpool: les États-Unis consolident un bloc anti-Russie

Les grandes puissances se réunissent pour préparer les affrontements à venir.

Ce week-end du 11 et 12 décembre 2021 a lieu, à Liverpool au Royaume-Uni, une réunion dite du « G7 » sur les questions de la guerre, principalement sur la question ukrainienne. Il s’agit d’une réunion des ministres des Affaires étrangères de sept pays capitalistes les plus importants hormis la Chine, directement alliés aux États-Unis et amenés à constituer avec eux un bloc anti-Russe.

On a en l’occurrence de présents à Liverpool les ministres de l’Allemagne, du Canada, des États-Unis, de la France, de l’Italie, du Japon et bien sûr du Royaume-Uni. Cela saute aux yeux qu’il s’agit des principaux membres de l’OTAN, à qui s’est ajouté le Japon, par nature non-membre (l’OTAN concerne l’Amérique du Nord et l’Europe), mais directement lié à cette alliance militaire par traités de coopération.

Manquent éventuellement à l’appel de cette réunion parmi les principaux membres de l’OTAN (il y a en effet 30 pays membres), l’Espagne, la Grèce, les Pays-Bas, la Pologne, ou encore la Turquie. Mais cela ne change rien à la nature de ce sommet. Les États-Unis mobilisent clairement leurs différents alliés sur les questions militaires, de manière à constituer un bloc solide, clairement identifié et formé, et surtout opérationnel. Il n’y a aucune ambiguïté sur la question, car le ton est incroyablement offensif.

La ministre britannique des Affaires étrangères Liz Truss, dont le pays assure la présidence du G7, a ainsi appelé à :

« présenter un front uni contre les comportements malveillants – y compris les positions russes envers l’Ukraine – et à s’engager en matière de sécurité et de soutien économique pour défendre « les frontières de la liberté dans le monde ». »

Récemment, cette ministre avait d’ailleurs prononcé un grand discours de politique étrangère évoquant ouvertement la Russie, l’avertissant qu’elle commettrait une « erreur stratégique » si elle envahissait l’Ukraine. Cela faisait directement suite aux propos américains menaçant la Russie de « fortes sanctions » en cas d’escalade dans son conflit avec l’Ukraine.

Les États-Unis préparent donc ces « fortes sanctions » avec leurs alliés et ces derniers se montrent très volontaires pour constituer ce bloc anti-Russe. Voici comment la ministre britannique a présenté la réunion « G7 » de Liverpool, assumant totalement la perspective américaine bloc contre bloc :

« Ce week-end, les démocraties les plus influentes du monde prendront position contre les agresseurs qui cherchent à porter atteinte à la liberté et enverront le message clair que nous présentons un front uni ».

Sur le contenu, voici ce qu’elle envisage pour cette réunion :

« Je veux que les pays du G7 approfondissent leurs liens dans des domaines comme le commerce, l’investissement, la technologie et la sécurité afin que nous puissions défendre et faire progresser la liberté et la démocratie à travers le monde. Je vais plaider pour cela au cours des prochains jours ».

Mais pour elle, « approfondir les liens », cela signifie surtout se couper de tout lien avec la Russie. Un moment important de la journée de samedi 11 décembre a été la rencontre bilatérale entre la ministre britannique et celle allemande, fraîchement nommée à son poste.

La première a ouvertement donné le ton parlant pour les « nations démocratiques libres » d’un « sevrage » du gaz et de l’argent russe, évoquant en filigrane le gazoduc Nord Stream 2 entre la Russie et l’Allemagne. Il s’avère que la nouvelle ministre allemande est une membre des Verts allemand, justement opposée au gazoduc Nord Stream 2.

Cette ligne allemande opposée à la Russie est nouvelle et très discutée en Allemagne, où une trentaine de figures de très haut rang (à la retraite) de la diplomatie et de l’armée ont appelé inversement à une désescalade de la part de l’OTAN et de la Russie.

On voit bien ici que le bloc G7/OTAN, s’il parle dans sa communication de sanctions « éventuelles » pour la Russie, dans le cadre d’une « réponse », agit en réalité déjà de manière offensive, avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni à la pointe du bellicisme et avec l’intention d’embarquer l’Allemagne dans son action.

Car, en pratique, la ministre britannique appel ici ouvertement à un embargo anti-Russe, dès maintenant. L’enjeu est, dit-elle, de « s’assurer que les nations démocratiques libres soient en mesure d’avoir une alternative à l’approvisionnement en gaz russe ».

C’est-à-dire que pour la chancellerie britannique, la perspective bloc contre bloc n’est pas une considération future, une possibilité, mais une actualité d’ors et déjà concrète. Et le Royaume-Uni fait ici office de premier allié des États-Unis, appliquant donc directement la stratégie américaine.

Tout cela est incroyablement belliqueux, et vise ouvertement à pousser la Russie à la faute, à se précipiter vers la guerre (ce que, de toutes façons, la Russie fait déjà très bien toute seule).

À l’occasion de la première journée de ce sommet « G7 », le représentant de la superpuissance américaine en a donc rajouté une couche sur la question des sanctions anti-Russie, parlant de sanctions « massives », avec une déferlante mondiale contre les intérêts russes en cas de conflit avec l’Ukraine.

Le gouvernement américain a expliqué qu’il envoyait, de lundi 13 décembre à mercredi 15 décembre, la secrétaire d’État adjointe chargée de l’Europe, Karen Donfried, pour faire la police et négocier directement à Kiev et à Moscou. Mais il a surtout été ajouté que si la Russie choisissait « de ne pas emprunter cette voie [de la diplomaties], alors « il y aura des conséquences massives et un prix important à payer, et le G7 est absolument uni là-dessus ».

La secrétaire d’État ajoutant même pour alourdir la menace :

« Non seulement les pays qui étaient dans la salle, mais un nombre encore plus grand d’États démocratiques nous rejoindraient pour en faire payer le prix ».

On notera dans cette perspective la déclaration vendredi 10 décembre de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen affirmant son alignement sur la superpuissance américaine :

« S’il y a agression, il faut qu’il y ait un prix à payer ».

La constitution du bloc américain anti-Russie est donc absolument clair et c’est la terrible actualité du moment. Ce qu’il y a en arrière-plan, c’est bien entendu la consolidation de ce bloc américain dans la perspective d’un affrontement à venir avec son challenger chinois. La ligne est de liquider le concurrent qu’est la Russie, d’abord, pour ensuite passer au challenger qu’est la Chine.

La journée de dimanche 12 décembre de ce « G7 » est d’ailleurs plus ou moins ouvertement destinée à parler de cette question chinoise et de la région « indo-pacifique », avec la présence des ministres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean).

Faisant ouvertement allusion au régime chinois, la ministre des Affaires étrangère Liz Truss a ainsi parlé en vue de la journée de dimanche 12 décembre consacré à la région « indo-pacifique » :

« Nous devons gagner la bataille des technologies […] en nous assurant que nos normes technologiques sont fixées par ceux qui croient en la liberté et la démocratie [sous entendu donc, pas par la Chine].

Les principaux pays capitalistes veulent sortir de la crise, du moins le pensent-ils, par la guerre contre la Russie et la Chine. C’est la bataille pour le repartage du monde.

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Guerre

La France participe à l’exercice militaire aéromaritime haute intensité Polaris 21

C’est ouvertement un exercice de guerre.

Polaris 21 est un exercice militaire de « haute intensité » de type aéromaritime, avec l’emploi de forces spéciales et avec en son centre le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle. Cet exercice de l’OTAN, véritable wargame, concerne :

– 6 000 militaires (dont 4 000 marins) ;

– 6 pays (la France, l’Espagne, la Grèce, l’Italie, le Royaume-Uni, ainsi que les Etats-Unis) ;

– 24 bâtiments (frégates, ravitailleurs, sous-marin nucléaire d’attaque, le destroyer américain USS Porter, des chasseurs de mines, le destroyer britannique HMS Dragon…) ;

– des forces spéciales.

Cet exercice consiste en :

– 2 semaines d’opération ;

– 6 jours de simulation de combat ;

– 120 tirs de missiles, réels ou simulés ;

– 3 actions amphibies ;

– 428 vols d’aéronefs (de 20 rafales, de 3 hélicoptères, de 2 avions de guet aérien américain…) ;

– 9 actions cyber.

La raison officielle d’être de Polaris 21 est d’être « être prêt à un conflit de haute intensité » entre deux forces de même puissance. Il faut donc considérer que l’exercice visait la Russie et la Turquie, puisque personne d’autre n’est équivalent dans cette zone Méditerranée – Atlantique. Le contre-amiral Christophe Cluzel, commandant du groupe aéronaval avec comme base le porte-avion français, le dit pratiquement ouvertement :

« Nous envoyons un signal clair à tous nos compétiteurs et nous signifions à nos alliés que nous sommes prêts à prendre la tête d’une coalition. »

Cet exercice est d’ailleurs considéré comme le premier d’une série en vue de la prochaine guerre, comme l’explique l’armée française :

« Dans un format qui n’attend qu’à être repris en France et chez les armées alliés, POLARIS 21 marque un changement d’ambition dans la préparation opérationnelle à la complexité de la guerre aéromaritime de demain. »

L’armée française définit en ce sens l’exercice comme un « laboratoire » de la guerre du futur :

« Dans un conflit symétrique, la supériorité opérationnelle ne repose pas que sur la performance des senseurs ou des systèmes d’armes, elle requiert également une synchronisation parfaite des effets. POLARIS renforce de fait les capacités des participants à agir dans le haut du spectre du combat multi-milieux et multi-champs.

En positionnant le GAN [groupe aéronaval] au cœur de ce « lab » de la guerre du futur, les graines de ce que pourront être les tactiques de demain sont plantées. »

C’est une opération qui combine concrètement tous les domaines : l’air, la terre, la mer, à quoi s’ajoutent ceux sous-marin, cyber, exo-atmosphérique, informationnel et électromagnétique. Il y a ainsi la 13e Demi-Brigade de Légion étrangère qui a agi, ou encore le 54e régiment d’artillerie de l’armée de terre française qui a participé en tant que force sol-air, alors qu’a été intégré dans cet exercice celui propre au commandement de la cyberdéfense, exercice spécifique dénommé pas moins que « E=MC21 ».

Le contre-amiral Christophe Cluzel synthétise ainsi les différents aspects de l’exercice et c’est là quelque chose de très important :

« La haute intensité, ce sont les missiles qui volent et les torpilles qui fondent sur leurs cibles, tout cela dans un environnement paralysé par les cyber-attaques, perturbé par les fake news et les attaques informationnelles et dégradé par le brouillage des GPS, des radars et des radios. 

Pour vaincre, nous devons être capables d’opérer dans de telles conditions tout en s’attachant nous-mêmes à perturber le C2 et l’appréciation de situation adverse »

On soulignera donc la dimension informationnelle, l’armée française simulant les réseaux sociaux afin de les manipuler. Cela est dit ouvertement par l’armée française.

« Le champ informationnel est également intégré, en particulier au travers de réseaux sociaux simulés.

À l’heure où la diffusion d’informations a une influence directe sur les manœuvres militaires et les décisions stratégiques, POLARIS 21 permet d’intégrer l’empreinte de la force aéromaritime dans le champ informationnel dès le niveau tactique, grâce à Mastodon, outil informatique simulant les codes des réseaux sociaux.

Mastodon réunit l’ensemble des parties prenantes du scénario sur une même plateforme, reproduisant le réalisme de la masse de publications et de la diversité des opinions exprimées. Dans la combinaison nécessaire de ses actions, le groupe aéronaval peut ainsi proposer des publications coordonnées à ses manœuvres. »

L’exercice est également de ce fait en lui-même une opération de propagande, car l’entrée dans la guerre mondiale future est un processus au long cours. Voici comment Var-matin valorise cette action commune aéromaritime dans un grand élan militariste :

« Une nécessité au vu de la crispation du monde et du retour des rapports de force. »

Une « nécessité ». Telle est la logique directement à visée impérialiste et masquée par un fatalisme servant à la fois d’excuse et d’appel à la mobilisation. Et cette logique contamine toute la société, dans un discours toujours plus rodé pour s’accélérer quand cela sera considéré comme nécessaire par un capitalisme en décadence cherchant une porte de sortie à sa crise.

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Mer Noire : Poutine accuse les États-Unis et lance un avertissement dans un regain de tension

Le président russe a été très diplomate sur la forme, ultra-violent sur le fond.

Ce sont d’impressionnantes photos que le ministère de la Défense des Pays-Bas a diffusé à la toute fin juin 2021. On y voit de vraiment très près des chasseurs russes, pour ce qui s’est déroulé parallèlement à l’affaire du HMS Defender, un navire britannique ayant provoqué la Russie sur la côte de Crimée.

En fait, de la même manière, le même jour, la frégate néerlandaise HNLMS Evertsen a navigué au sud-est de la Crimée et a subi pendant cinq heures des passages multiples d’avions russes. Le ministère de la Défense des Pays-Bas a affirmé que les avions avaient même feint des attaques.

Pourquoi le ministère de la Défense des Pays-Bas ne donne-t-il l’information qu’une semaine après? Tout simplement parce que, depuis l’échec de la Russie dans sa tentative de montée de la tension avec l’Ukraine, la pression de l’OTAN est énorme. Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne poussent à la guerre face à un ennemi qui s’est raté et chaque jour apporte son lot de contribution à une guerre psychologique pour faciliter la mise en place de la guerre.

D’ailleurs, lors du sommet de l’Union Européenne, le 25 juin 2021 à Bruxelles, la chancelière allemande Angela Merkel (appuyée par le chancelier autrichien Sebastian Kurz) et le président français Emmanuel Macron ont bien tenté de proposer une rencontre avec le président russe Vladimir Poutine, mais ils se sont fait rejeter. Les 27 pays de l’Union Européenne sont très largement passés sous le contrôle de l’OTAN et de sa ligne anti-russe.

La Russie s’est prise les pieds dans le tapis face à l’Ukraine, elle connaît une terrible crise sanitaire en raison de la pandémie, l’Ukraine peut servir de chair à canon… Il y a toutes les raisons pour pousser à la guerre de la part de toute une série de pays, Etats-Unis et Grande-Bretagne en tête.

Le président russe Vladimir Poutine a donc remis de l’huile sur le feu le 30 juin 2021, lors d’une grande interview à la télévision russe. Il a expliqué que ce qu’a fait la Grande-Bretagne avait été une provocation. Il a ajouté que cette provocation avait été manigancée en commun avec les Etats-Unis. Et il a ouvertement parlé de couler le navire britannique, expliquant que cela n’aboutirait pas à une guerre, qui serait totale et qui par conséquent n’aurait pas lieu.

C’est une banalisation ouverte d’un conflit armé, en présentant les choses comme si de toutes façons il serait limité. C’est pratiquement une invitation, même.

«Vous avez dit que le monde était au bord d’une guerre mondiale. Bien sûr que non.

Même si nous avions coulé ce navire, il serait encore difficile d’imaginer que le monde serait au bord d’une Troisième Guerre mondiale, parce que ceux qui le font savent qu’ils ne peuvent pas sortir victorieux de cette guerre. C’est une chose très importante.  

Je ne pense pas que nous serions contents du développement des événements dont vous parlez, mais au moins nous savons pour quoi nous nous battons.

Nous nous battons pour nous-mêmes, pour notre avenir sur notre territoire.

Ce n’est pas nous qui sommes venus vers eux à des milliers de kilomètres, qui sommes venus par les airs ou par la mer.

Ce sont eux qui se sont approchés de nos frontières et ont violé nos eaux territoriales.

Voici le passage où Vladimir Poutine explique cela, mis en ligne par le média russe Spoutnik, qui déverse une propagande pro-russe de manière ininterrompue, avec comme public un extrême-Droite viriliste, « occidentaliste », etc.

Vladimir Poutine a alors tenté de développer une théorie en faveur de l’expansionnisme russe, de la manière suivante. La Russie aurait eu le malheur de faire des manœuvres militaires à côté de l’Ukraine, ce qui aurait fait peur et donc celles-ci auraient été stoppées. Mais l’OTAN en voudrait toujours plus et a comme réponse d’ailleurs de mener des manœuvres militaires en Mer Noire.

Au passage, il a d’ailleurs expliqué.

«À quoi bon rencontrer Zelensky, s’il a abandonné son pays à un contrôle total depuis l’étranger? Les questions clés, vitales pour l’Ukraine, ne sont pas résolues à Kiev mais à Washington. Et dans une certaine mesure à Paris et Berlin.

Cela est tout à fait vrai, mais les manœuvres militaires russes – littéralement les préparatifs d’une invasion – ont largement contribué à cette soumission aux Etats-Unis et à l’OTAN. Et Vladimir Poutine parle de la Crimée comme russe, alors que sur le plan du droit international, c’est un territoire ukrainien.

Tant l’expansionnisme russe que l’OTAN sont ici de sacrés monstres. Tous deux expriment un militarisme provoqué par une crise mondiale qui, loin de se terminer, prolonge ses ramifications dans tous les domaines.

Et ici, en fait, l’expansionnisme russe par l’intermédiaire de Vladimir Poutine dit ouvertement qu’il est prêt à faire la guerre pour conserver la Crimée… Qu’un affrontement localisé serait sans conséquences mondiales. Que, donc, les hostilités peuvent bientôt commencer…

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Guerre

L’OTAN annonce l’affrontement avec la Chine et la Russie

C’est littéralement une annonce guerrière.

La réunion du Conseil de l’Atlantique Nord tenue à Bruxelles le 14 juin 2021 a été, comme l’a annoncé son secrétaire Jens Stoltenberg, un « moment charnière ». Pour donner le ton, les dirigeants des 30 pays membres de l’OTAN ont assisté à une cérémonie d’ouverture ayant en son cœur des images figurant l’agenda OTAN 2030. C’est que les années d’ici 2030 ont comme mise en perspective l’affrontement avec la Chine et la Russie, avec l’écrasement de la Russie d’abord. C’est la ligne américaine, qui s’est imposée dans l’OTAN, même si l’Allemagne et son satellite autrichien sont des opposants sur ce point.

Il n’empêche que le communiqué du sommet de Bruxelles est tout à fait clair, reflétant une tendance générale, celle à se placer dans le giron de la superpuissance américaine dans sa guerre programmée avec son challenger chinois. Voici ce qu’on lit notamment, avec certains points mis en gras pour faciliter la lecture. On notera que l’extrait est long, tout en ne représentant qu’une petite partie du document de l’OTAN ; ce qui est ici cité est tellement essentiel qu’il faut vraiment s’y attarder.

On peut d’ailleurs se demander, à la lecture de cela, si en fait la Russie n’a pas échoué dans son opération militaire à la frontière ukrainienne. Les armes américaines continuent de se déverser sur l’Ukraine et la tension est désormais totalement favorable à l’OTAN qui multiplie les initiatives, annonçant ici clairement que l’Ukraine sera intégrée dans son dispositif. Le texte prône littéralement de faire basculer le régime russe, présenté ouvertement comme un « Etat-voyou », justifiant idéologiquement l’affrontement.

Les actions agressives de la Russie constituent une menace pour la sécurité euro-atlantique ; le terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations demeure une menace persistante pour nous tous. Des acteurs étatiques et non étatiques mettent à mal l’ordre international fondé sur des règles et cherchent à fragiliser la démocratie dans le monde.

L’instabilité observée au-delà de nos frontières favorise aussi la migration irrégulière et la traite des êtres humains. L’influence croissante et les politiques internationales de la Chine peuvent présenter des défis, auxquels nous devons répondre ensemble, en tant qu’Alliance. Nous interagirons avec la Chine en vue de défendre les intérêts de l’Alliance en matière de sécurité (…).

À notre réunion de décembre 2019, à Londres, nous avons demandé au secrétaire général de mener un processus de réflexion prospective en vue de renforcer encore la dimension politique de l’OTAN, y compris les consultations. Nous prenons acte de l’importante contribution apportée par le groupe indépendant que le secrétaire général a constitué à l’appui de l’initiative OTAN 2030. En conséquence, nous approuvons aujourd’hui, dans le cadre d’OTAN 2030, un agenda transatlantique pour l’avenir (…).

Nous fixer pour but que l’OTAN devienne l’organisation internationale de référence s’agissant de comprendre les incidences du changement climatique sur la sécurité et de s’y adapter (…).

Depuis plus de vingt-cinq ans, l’OTAN s’emploie à bâtir un partenariat avec la Russie, notamment au travers du Conseil OTAN-Russie (COR). Alors que l’OTAN respecte ses engagements internationaux, la Russie continue de porter atteinte aux valeurs, aux principes, à la confiance et aux engagements qui font la substance des documents agréés sur lesquels repose la relation OTAN-Russie.

Nous réaffirmons les décisions que nous avons prises concernant la Russie au sommet du pays de Galles, en 2014, et lors de toutes nos réunions suivantes dans le cadre de l’OTAN. Nous avons suspendu toute coopération pratique, tant civile que militaire, avec la Russie, tout en restant ouverts au dialogue politique. Tant que la Russie ne montre pas qu’elle respecte le droit international et qu’elle honore ses obligations et responsabilités internationales, il ne peut y avoir de retour à la normale.

Nous continuerons de répondre à la détérioration de l’environnement de sécurité en renforçant notre posture de dissuasion et de défense, y compris par une présence avancée dans la partie orientale de l’Alliance. L’OTAN ne cherche pas la confrontation et ne représente aucune menace pour la Russie. Les décisions que nous avons prises sont pleinement compatibles avec nos engagements internationaux, et elles ne sauraient en conséquence être considérées par quiconque comme étant en contradiction avec l’Acte fondateur OTAN­-Russie.

Nous appelons la Russie à révoquer la désignation de la République tchèque et des États-Unis comme « pays inamicaux » et à s’abstenir de toute autre mesure contraire à la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques.

Le renforcement multidomaine, par la Russie, de son dispositif militaire, sa posture plus affirmée, ses capacités militaires innovantes, et ses activités provocatrices, notamment à proximité des frontières de l’OTAN, ainsi que ses exercices d’alerte de grande envergure organisés sans préavis, la poursuite du renforcement de son dispositif militaire en Crimée, le déploiement à Kaliningrad de missiles modernes à double capacité, l’intégration militaire avec le Bélarus, et les violations répétées de l’espace aérien de pays membres de l’OTAN constituent une menace grandissante pour la sécurité de la zone euro-atlantique et contribuent à l’instabilité le long des frontières de l’OTAN et au-delà.

Outre ses activités militaires, la Russie a par ailleurs intensifié ses activités hybrides visant des pays membres ou partenaires de l’OTAN, y compris par l’intermédiaire d’acteurs agissant pour son compte. Il s’agit notamment de tentatives d’ingérence dans les élections et les processus démocratiques de pays de l’Alliance, de pressions et de pratiques d’intimidation sur les plans politique et économique, de vastes campagnes de désinformation, d’actes de cybermalveillance, et de sa complaisance à l’égard des cybercriminels qui sévissent depuis son territoire, y compris ceux qui prennent pour cible des infrastructures critiques, et en perturbent le fonctionnement, dans des pays de l’OTAN.

Il s’agit également d’activités illégales et destructrices menées par les services de renseignement russes sur le territoire de pays de l’Alliance, dont certaines ont causé la mort de concitoyens et engendré d’importants dégâts matériels. Nous sommes pleinement solidaires de la République tchèque et des autres Alliés qui ont été ainsi touchés.

La Russie a continué de diversifier son arsenal nucléaire, y compris par le déploiement d’une panoplie de systèmes de missiles à courte portée et à portée intermédiaire censés exercer une action coercitive sur l’OTAN. Elle a recapitalisé environ 80 % de ses forces nucléaires stratégiques, et elle développe ses capacités nucléaires en cherchant à se doter d’armes innovantes et déstabilisatrices ainsi que de toute une gamme de systèmes à double capacité.

La Russie continue de tenir un discours nucléaire agressif et irresponsable, et elle a accru l’importance qu’elle accordait déjà aux exercices conventionnels déstabilisateurs mettant en jeu des systèmes à double capacité. La stratégie nucléaire de la Russie ainsi que son programme complet de modernisation, de diversification et d’expansion de ses systèmes d’armes nucléaires – y compris l’augmentation du nombre de ses armes nucléaires non stratégiques et leur perfectionnement – contribuent toujours davantage à une posture d’intimidation stratégique se faisant plus agressive. Nous continuerons de collaborer étroitement pour faire face à l’ensemble des menaces et des défis que présente la Russie.

Nous réitérons notre soutien à l’intégrité territoriale et à la souveraineté de l’Ukraine, de la Géorgie et de la République de Moldova à l’intérieur de leurs frontières internationalement reconnues. Nous appelons la Russie à retirer, conformément aux engagements qu’elle a pris au niveau international, les forces qu’elle a stationnées dans ces trois pays sans leur consentement. Nous condamnons fermement, et ne reconnaîtrons pas, l’annexion, illégale et illégitime, de la Crimée par la Russie, et nous dénonçons son occupation temporaire.

Les violations des droits de la personne dont sont victimes les Tatars de Crimée et les membres d’autres communautés locales doivent cesser. Le renforcement massif de son dispositif militaire et les activités déstabilisatrices auxquels la Russie s’est récemment livrée en Ukraine et alentour ont davantage encore exacerbé les tensions et porté atteinte à la sécurité.

Nous appelons la Russie à mettre fin au renforcement de son dispositif militaire, ainsi qu’à cesser d’imposer des restrictions à la navigation dans certaines parties de la mer Noire. Nous appelons également la Russie à cesser d’entraver l’accès à la mer d’Azov et aux ports ukrainiens. Nous saluons la retenue et l’approche diplomatique de l’Ukraine dans ce contexte. Nous nous efforçons de contribuer à la désescalade.

Nous intensifions par ailleurs notre soutien à l’Ukraine. Nous appelons à la pleine application des accords de Minsk par toutes les parties, et nous soutenons les efforts entrepris dans le cadre du format Normandie et du Groupe de contact trilatéral. En tant que signataire des accords de Minsk, la Russie porte une responsabilité importante à cet égard. Nous appelons la Russie à cesser d’attiser le conflit en apportant comme elle le fait un soutien financier et militaire aux formations armées qu’elle appuie dans l’est de l’Ukraine. Nous réitérons notre plein soutien à la mission spéciale d’observation de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) en Ukraine.

Nous soulignons qu’il importe que soient assurés la sécurité et l’accès total et sans entrave de cette mission sur l’ensemble du territoire de l’Ukraine, y compris la Crimée et la frontière russo-ukrainienne, comme le prévoit son mandat. Nous appelons en outre la Russie à revenir sur sa décision de reconnaître les régions géorgiennes d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud en tant qu’États indépendants, à appliquer l’accord de cessez-le-feu conclu en 2008 par l’entremise de l’UE, à mettre fin à la militarisation de ces régions, ainsi qu’aux tentatives de séparation forcée de celles-ci du reste de la Géorgie par la construction, qui se poursuit, d’obstacles s’apparentant à des frontières, et à mettre un terme aux violations des droits de la personne, aux détentions arbitraires et au harcèlement de citoyens géorgiens.

Nous réitérons notre ferme soutien en faveur des discussions internationales de Genève. Nous appelons également la Russie à prendre part de manière constructive au processus de règlement de la question de la Transnistrie. Nous sommes déterminés à soutenir les réformes démocratiques de la République de Moldova et à lui fournir une aide dans le cadre de notre initiative de renforcement des capacités de défense et des capacités de sécurité se rapportant à la défense.

Nous restons ouverts à un dialogue périodique, ciblé et substantiel avec une Russie qui soit disposée à mener des échanges au sein du COR sur la base de la réciprocité, en vue d’éviter les malentendus, les erreurs d’appréciation ou les escalades involontaires, et à accroître la transparence et la prévisibilité. Les réunions du COR nous ont aidés à communiquer clairement nos positions, et nous nous tenons prêts pour sa prochaine réunion. Nous continuerons d’axer notre dialogue avec la Russie sur les questions d’importance critique auxquelles nous sommes confrontés.

Le conflit en Ukraine et alentour est pour nous, dans les circonstances actuelles, le premier point à l’ordre du jour. L’OTAN reste déterminée à faire bon usage des lignes de communication militaires existant entre elle et la Russie afin de favoriser la prévisibilité et la transparence et de réduire les risques, et elle appelle la Russie à faire de même. Nous continuons d’aspirer à établir une relation constructive avec la Russie, lorsque ses actions le permettront (…).

Les dépenses de défense hors États-Unis ont augmenté en valeur réelle pendant sept années consécutives, ce qui vient appuyer notre responsabilité partagée de fournir des capacités à l’Alliance. Tous les Alliés ont accru leurs dépenses de défense en termes réels, et cette tendance est appelée à se poursuivre. D’ici à la fin de l’année, les Alliés européens et le Canada auront investi 260 milliards de dollars des États-Unis supplémentaires par rapport à 2014.

Par ailleurs, dix Alliés devraient consacrer cette année au moins 2 % de leur PIB à la défense. Environ deux tiers des Alliés prévoient d’atteindre ou de dépasser l’objectif des 2 % d’ici à 2024. En outre, 24 Alliés consacrent plus de 20 % de leurs dépenses de défense aux équipements majeurs, y compris la recherche et développement y afférente, et, selon leurs plans nationaux, 27 Alliés atteindront l’objectif des 20 % d’ici à 2024 (…).

Nous investissons dans nos capacités militaires afin de relever les défis nouveaux et persistants dans tous les milieux d’opérations. Nous continuons de mettre en place un éventail de capacités robustes et sophistiquées dans tous les milieux, y compris des forces et des capacités plus lourdes, davantage dans le haut du spectre, faisant appel aux technologies de pointe et mieux soutenues, au niveau de disponibilité opérationnelle requis. Nous continuerons d’améliorer et d’adapter la soutenabilité, la déployabilité et l’interopérabilité de nos capacités pour faire face à un environnement stratégique exigeant et pour mener des opérations du haut du spectre (…).

L’OTAN reste lucide quant aux défis que présente la Russie, y compris l’augmentation du nombre des armes nucléaires non stratégiques russes et leur perfectionnement (…).

Le maintien par la Russie d’une posture militaire agressive, son refus de respecter pleinement les obligations qui lui incombent en vertu du Traité sur le régime « Ciel ouvert », et le fait qu’elle applique encore de manière sélective le Document de Vienne et n’applique plus depuis longtemps le Traité sur les forces armées conventionnelles en Europe continuent de porter atteinte à la sécurité et à la stabilité de la zone euro-atlantique. Les Alliés appellent la Russie à revenir à la mise en œuvre intégrale et au respect, dans la lettre et l’esprit, de l’ensemble de ses obligations et engagements internationaux, ce qui est indispensable pour restaurer la confiance et la transparence militaire et pour accroître la prévisibilité dans la région euro-atlantique. Nous appelons en particulier la Russie à faire preuve d’ouverture et de transparence (…).

Les ambitions déclarées de la Chine et son assertivité présentent des défis systémiques pour l’ordre international fondé sur des règles et dans des domaines revêtant de l’importance pour la sécurité de l’Alliance. Nous sommes préoccupés par celles des politiques coercitives qui ne correspondent pas aux valeurs fondamentales inscrites dans le traité de Washington.

La Chine accroît rapidement son arsenal nucléaire, se dotant d’un plus grand nombre d’ogives et de vecteurs sophistiqués pour établir une triade nucléaire. Elle fait preuve d’opacité dans la mise en œuvre de la modernisation de son appareil militaire et dans celle de sa stratégie de fusion militaro-civile publiquement déclarée. Elle coopère par ailleurs avec la Russie dans le domaine militaire, notamment en participant à des exercices russes dans la zone euro-atlantique.

Nous restons préoccupés par le fait que la Chine manque souvent de transparence et a fréquemment recours à la désinformation. Nous appelons la Chine à respecter ses engagements internationaux et à agir de manière responsable au sein du système international, notamment dans les milieux spatial, cyber et maritime, en conformité avec son rôle de grande puissance (…).

Nous réitérons la décision prise en 2008 au sommet de Bucarest concernant l’Ukraine, à savoir que ce pays deviendra membre de l’Alliance, le plan d’action pour l’adhésion (MAP) faisant partie intégrante du processus ; nous réaffirmons tous les éléments de cette décision, ainsi que les décisions ultérieures, y compris celle qui prévoit que chaque partenaire sera jugé en fonction de ce qu’il aura accompli. Nous restons déterminés dans notre soutien au droit de l’Ukraine de décider librement de son avenir et de l’orientation de sa politique étrangère, sans ingérence extérieure (…).

Nous nous félicitons de la coopération qui s’exerce entre l’OTAN et l’Ukraine concernant la sécurité dans la région de la mer Noire (…).

Les Balkans occidentaux sont une région d’importance stratégique pour l’OTAN, comme l’attestent la coopération et les opérations que nous y menons de longue date (…). La coopération étroite et mutuellement bénéfique qu’entretient l’Alliance, en matière de sécurité, avec la Finlande et la Suède – partenaires bénéficiant du programme « nouvelles opportunités », qui partagent nos valeurs et qui contribuent aux opérations et missions dirigées par l’OTAN – s’est accrue dans un large éventail de domaines.

C’est la guerre qui s’annonce ici, ou plutôt qui est en train d’être mise en place. C’est la bataille pour le repartage du monde.

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Ukraine: un affrontement devenu celui de l’OTAN et de l’expansionnisme russe

L’OTAN a pris l’initiative et désormais les deux blocs sont devenus unilatéralement antagoniques.

Selon les données apparentes et avec une marge d’erreur significative, on peut considérer que les forces en présence aux frontières de la Russie et de l’Ukraine sont désormais les suivantes:

– les deux pseudos-républiques populaires (de Donetsk et Louhansk) s’appuient sur 30 000 soldats, 500 chars, 1 000 véhicules blindés ;

– les forces russes consistent en 120 000 soldats, 400 chars, 7 600 véhicules blindés ;

– les forces ukrainiennes consistent en plus de 200 000 soldats, 450 chars de combat, 2 500 véhicules blindés.

On peut mettre de côté les forces aériennes, la supériorité russe étant écrasante, tout comme d’ailleurs le niveau technique des armements en général (obusiers, canons, lance roquettes multiples, systèmes anti-chars, etc.).

C’est monstrueux… et les accrochages et utilisations d’artillerie ont également commencé à reprendre à la frontière. Cela commence à avoir une autre signification alors que les troupes sont massivement présentes d’un côté comme de l’autre… Et que désormais l’affrontement est devenu celui de l’OTAN, ayant vassalisé l’Ukraine, avec l’expansionnisme russe.

Le maréchal en chef de l’air britannique Stuart Peach, président du Comité militaire de l’OTAN, s’est ainsi rendu en Ukraine le 7 avril 2021. Il a évidemment appuyé de toutes ses forces les démarches de l’Ukraine pour une adhésion, alors que le site internet de l’OTAN a désormais une version en ukrainien. Rappelons que le 6 avril, le président ukrainien avait mis cette question de l’adhésion sur la table, un véritable saut qualitatif.

Dès lors, la Russie ne parle plus du tout de manœuvres militaires, mais de nécessité opérative. L’Ukraine est ouvertement assimilée à l’OTAN, comme dans ces propos du 7 avril 2021 de Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères:

« Nous considérons cette campagne de désinformation et de propagande comme un moyen pour Kiev de détourner l’attention de ses propres préparatifs militaires dans le Donbass, de son sabotage des accords de Minsk (sur le règlement de la crise au Donbass) et de l’intensification des activités militaires des pays de l’OTAN en Ukraine. »

Et les troupes russes continuent d’affluer du pays tout entier, alors que Dmitri Peskov, le secrétaire de presse du président russe Vladimir Poutine, a expliqué, en faisant allusion aux 600 000 détenteurs de passeports russes à l’Est de l’Ukraine, que:

« assurer la sécurité des citoyens russes est absolument une priorité pour l’Etat russe et le président russe Vladimir Poutine »

Autant dire que les masques sont tombés de part et d’autre et cela implique une polarisation systématique. Le 7 avril, la Lituanie a ainsi dit qu’elle était prête à aider à établir le plan d’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. C’est la ligne des pays baltes, farouchement anti-russe (et totalement anti-communiste), ouvertement pro-américain.

L’Allemagne a de son côté expliqué que l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN… n’était pas du tout à l’ordre du jour. C’est que l’Allemagne met en place un gazoduc venant directement de Russie, le gazoduc Nord Stream 2 ; commencé en 2018, il n’est pas terminé car les États-Unis ont exercé une pression gigantesque pour l’empêcher.

C’est là l’expression d’une contradiction au sein de l’OTAN. Et le média pro-russe Spoutnik témoigne d’une autre contradiction que la Russie aimerait renforcer, celle entre la France et l’OTAN, d’où son article Adhésion de l’Ukraine à l’Otan: «Les Français sont-ils prêts à mourir pour Donetsk?».

En fait, tant l’OTAN que l’expansionnisme russe jouent sur le fait que l’Ukraine est loin, méconnue… pour en faire un sanglant terrain de jeu. Et l’accumulation d’armements et de troupes ne cesse toujours pas…

La rhétorique de la Russie et de l’Ukraine ne cesse de prendre une ampleur guerrière également. En Russie il y a même eu une émission où des commentateurs ont dit qu’il fallait envoyer des missiles nucléaires contre l’Ukraine… Et, de toutes façons, il est expliqué de manière ininterrompue dans la propagande que l’Ukraine va attaquer, que la Russie envoie des troupes massivement pour se défendre, etc.

Du côté ukrainien, tous les relais de la Russie ont été brisés. Le 5 avril, des sanctions ont été prises contre 10 personnes et de 79 entreprises dont 11 entités russes, accusées de « contrebande ». En réalité, c’est la liquidation de la partie pro-russe de l’oligarchie, dans le prolongement de la mise de côté en février de Victor Medvedtchouk, un oligarque ukrainien très proche du président russe Vladimir Poutine. Ses chaînes de télévision 112 Ukraine, ZiK et NewsOne ont été fermées. Tout ce qui est russe est ouvertement considérée comme hostile.

Les deux blocs se considèrent comme ennemis et il n’y a plus aucun espace de convergence. Les objectifs sont désormais un affaiblissement généralisé du concurrent, pour s’en débarrasser. On est en plein dans la bataille pour le repartage du monde.

https://www.youtube.com/watch?time_continue=7&v=RWJeHVUasLs&feature=emb_title

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L’Ukraine veut forcer sa rentrée dans l’OTAN: quelques cartes

En cherchant à tout prix à ce que l’OTAN intervienne, l’Ukraine rend la situation intenable alors que la Russie veut la briser.

Les forces russes et ukrainiennes ont continué de s’accumuler aux frontières. Il n’y a eu pratiquement pas d’escarmouches le 6 mars, tout comme les 4 et 5 mars : les deux armées se font face, se renforçant, très clairement prêtes au face à face, en attente du moment clef.

Nombre des ruptures de cessez-le-feu pour 2021

Il y a eu toutefois un saut qualitatif, rendant la situation encore plus inextricable. L’Ukraine poussait ces derniers jours à recevoir une aide de l’OTAN, dans une logique interventionniste ; elle cherche depuis 2008 à y adhérer. Dans les faits, elle obtient déjà du matériel, notamment des États-Unis, en particulier ces derniers jours. Et dans la crise actuelle, l’OTAN a évidemment maintes fois souligné son soutien entier. L’Union européenne a naturellement fait de même.

Le 6 avril 2021 marque cependant un tournant, ou plutôt une accélération, un vrai saut qualitatif, car cette tendance à avoir l’OTAN comme référence apparaît désormais comme un quitte ou double. Il y a eu en effet un appel au téléphone du président uktainien Volodymyr Zelensky, le 6 avril, au secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, pour demander une entrée accélérée de l’Ukraine dans l’OTAN.

Or, jamais la Russie ne tolérera l’OTAN à sa frontière directe. La Russie, qui a fait en sorte d’accorder la nationalité russe à 600 000 personnes dans l’Est de l’Ukraine, préférera dans tous les cas provoquer la cassure en deux de l’Ukraine. Qui plus est, le président ukrainien a appelé l’OTAN à être présente en Mer Noire :

« Une telle présence permanente devrait être un puissant moyen de dissuasion pour la Russie, qui poursuit la militarisation à grande échelle de la région et entrave la navigation commerciale. »

La démarche est cohérente. Le président ukrainien sait en effet que la question de la Crimée est essentielle, car un débarquement russe est possible, avec l’invasion généralisée de la partie côtière de l’Ukraine. Difficile de faire contre-poids, et du point de vue du nationalisme romantique, idéaliste, fantasmagorique ukrainien, cela a du sens : il s’agit de faire pression sur la Russie, de la « calmer ».

En pratique, c’est un suicide, cela provoque une situation par définition inacceptable pour la Russie. Même au-delà de l’insupportable expansionnisme russe, il y a le fait objectif de ne pas vouloir être étouffé par l’OTAN, de refuser que la Russie se réduise à un satellite. Un coup d’œil sur les cartes (tirés de Google map) montre ce qu’il en est et pourquoi la situation est explosive de par un conflit qui devient dans les faits celui de l’OTAN contre la Russie expansionniste, avec l’Ukraine comme martyre et cible des conquêtes.

Très concrètement, l’Ukraine fait 1 316 km d’Est en Ouest et 893 km du Nord au Sud, c’est à peu près la superficie de la France. On notera que sur la carte la Crimée n’est pas représentée ; même si elle est en fait russe historiquement, au niveau du droit international elle relève de l’Ukraine.

Sur cette carte de la situation de l’Ukraine en Europe, on voit clairement pourquoi la Russie ne tolérera jamais l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN. Les pays baltes sont déjà opposés à la Russie, la Finlande n’est clairement pas pour, toute l’Europe centrale est pro-OTAN, alors si l’Ukraine tombe, la Biélorussie ne tiendra pas longtemps non plus et surtout la Russie aura un énorme bloc contre elle. Et l’OTAN n’hésitera pas à utiliser ces pays voisins comme de la chair à canon pour démolir la Russie.

Seulement voilà, l’Ukraine est aussi la porte de l’Orient. Pour beaucoup de gens en France, l’Ukraine est à l’Est. Mais en fait, elle est également au Sud de l’Est. D’ailleurs, historiquement elle a dû affronter les Polonais à l’Ouest et les Tatars à l’Est. Son passage dans l’aire moscovite (qui était confrontée aux Polonais à l’Ouest et aux Mongols à l’Est) en est une conséquence : c’est une alliance historique de deux peuples venant historiquement de la même matrice culturelle et nationale, la Rus’ de Kiev.

D’ailleurs, si on va dans un magasin d’alimentation russe ou ukrainien, on trouvera beaucoup de produits tout à fait « orientaux » aux yeux de quelqu’un d’Europe de l’Ouest. Voici un aperçu de la situation de l’Ukraine en ce qui concerne sa façade orientale, au dessus des mots « Mer Noire » on a la péninsule qu’est la Crimée et que la Russie a annexée.

Il n’est pas difficile de comprendre que l’Ukraine, une fois entrée dans l’OTAN, deviendrait une véritable base américaine, avec une immense capacité de projection vers l’Orient. Mais ce serait également une véritable fermeture au niveau européen.

L’Ukraine est à l’Est du point de vue français, mais pas si à l’Est que ça du point de vue européen… Pour prendre des exemples, la capitale de l’Autriche, Vienne, est plus à l’Est que la capitale tchèque, Prague, et elle est plus proche de la ville ukrainienne de Lviv (d’ailleurs soumise à l’Autriche jusqu’en 1918) que de l’extrême occidental de l’Autriche. Berlin est largement plus près de Kiev que de Madrid, Stockholm est plus proche de Kiev que de Paris, Naples est à la même distance de Kiev et de Londres, etc.

Il ne faut pas se résumer à tout cela. La guerre se fonde avant tout sur des impératifs économiques. L’oligarchie qui veut étendre la Russie ne le fait pas par calcul ou appât du gain : c’est une nécessité historique de par sa nature. Quant aux pays capitalistes, n’en parlons même pas.

Il s’agit seulement de saisir le cadre, ce qui est d’autant moins simple que c’est très loin géographiquement ou culturellement du point de vue français. Cela ne doit cependant en rien relativiser la situation. Il faut toujours être prêt à faire face à la guerre, à la refuser ! Et à éprouver l’empathie pour les peuples martyrs, à exprimer sa solidarité. L’Ukraine ne doit pas devenir un champ de ruines à cause de l’OTAN et de l’expansionnisme russe !

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L’incroyable silence sur le conflit Russie-Ukraine

Alors que les troupes s’accumulent, le silence est complet dans les médias et de la part des politiques, y compris à Gauche.

La situation est désormais telle qu’il n’y a plus aucun doute sur de prétendues « manœuvres ». Les troupes et le matériel convergent de part et d’autre à la frontière entre la Russie et l’Ukraine. Le front a d’ailleurs été très calme le dimanche 5 avril, à l’opposé complet du samedi 4 avril. Les choses se mettent en place, de manière toujours plus ouverte.

Il y a notamment des envois depuis les États-Unis au moyen d’avions-cargos C-17 Globemaster III. Et le Conseil de sécurité de la Fédération de Russie a affirmé comme très probable des affrontements entre la Russie et l’Ukraine pendant ce qui est qualifié d »escalade des tensions dans le Donbass.

Il est désormais absolument évident que deux armées se font face, prêtes à en découdre. Cela n’implique pas que l’affrontement soit obligatoire… même si on peut le penser. Mais au minimum il devrait y avoir des appels mondiaux au retrait des troupes. C’est là le minimum.

Qui plus est, la France est membre de l’OTAN et l’OTAN n’a cessé, de manière officielle, d’expliquer qu’elle soutiendrait l’Ukraine. Cela veut dire que s’il y a conflit, la France est de la partie, si ce n’est de facto, au moins de jure : si ce n’est de fait, au moins juridiquement.

Comment peut-on alors garder le silence ? Comment la menace réelle de la guerre, avec des troupes armés jusqu’aux dents se faisant face, peut-elle être autant passée sous silence ? Comment la participation de la France peut-elle passer comme une lettre à la poste ?

C’est là qu’on voit qu’il y a en France un énorme problème : le soutien général à l’armée française, l’acceptation du militarisme. D’ailleurs, et c’est un très bon exemple, Jean-Luc Mélenchon a publié le 2 avril 2021 un billet titré « Industrie de défense : Dassault a raison de dire « nein » !« , dans un grand élan militariste-patriotique où on apprend que le Rafale « est le meilleur avion de combat du monde ». Une semaine avant, il expliquait que »La France doit demeurer une puissance polaire« .

Il reflète bien un social-chauvinisme généralisé. La France a un bon niveau de vie, elle est moins pire que les États-Unis dans ce qu’elle fait dans le monde, donc il faut accepter voire soutenir. L’absence de dénonciation du militarisme reflète une capitulation pratiquement systématique à Gauche.

Mais ce qui se passe à la frontière de l’Ukraine et de la Russie change la donne. C’est l’expression de la grande crise, commencée avec le COVID-19 mais traversant toute la société, toute l’économie. Plus rien ne tient. La bataille pour le repartage du monde devient la grande tendance… et on ne peut pas y échapper, à moins de la renverser.

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Déclaration du réseau « Non à la guerre – Non à l’OTAN » sur le nouvel agenda OTAN 2030

Le réseau formé en 2008 appelle à refuser la guerre et l’OTAN, au nom de la solidarité entre les peuples. Il dénonce le nouvel agenda de l’OTAN.

Le réseau Non à la guerre – Non à l’OTAN condamne les propositions pour un nouvel agenda de l’OTAN, exposées dans OTAN 2030: Unis pour une nouvelle ère . Ce rapport présente un dangereux plan d’expansion qui augmentera les tensions et les risques de guerre. Le voici :

 » Introduction

En 2020, le secrétaire général de l’OTAN, Stoltenberg, a chargé un groupe de 10 « experts » de réfléchir à l’avenir de l’OTAN. Dans leur rapport OTAN 2030:Unis pour une nouvelle ère, ils présentent 138 propositions censées aider l’alliance militaire à relever les principaux défis de la prochaine décennie. Le rapport, bien qu’il n’ait pas encore été officiellement adopté par l’OTAN, sera utilisé pour inspirer le prochain sommet de l’OTAN qui se tiendra à Bruxelles plus tard cette année.

Principes de la démocratie

Le document réitère l’affirmation propagandiste selon laquelle l’alliance est basée sur « les principes de la démocratie, de la liberté individuelle et de l’État de droit… pour promouvoir la stabilité et le bien-être dans la région de l’Atlantique Nord ». 

En réalité, l’histoire de l’OTAN est trempée de sang. L’alliance militaire et plusieurs de ses États membres ont contribué à déclencher des coups d’État et soutenu des dictatures. Ils ont mené des guerres dans le monde entier, déstabilisant des pays tels que l’Algérie, le Vietnam, les Balkans, l’Afghanistan, l’Irak et la Libye, avec pour conséquences des millions de victimes innocentes et ce qu’on appelle les « États défaillants ». Le nouvel agenda continuera la guerre sans fin.

Chine + Russie – ennemis désignés

OTAN 2030 développe une vision du monde en termes de menaces, avec pour objectif principal de légitimer le réarmement et l’expansion militaire mondiale, alors même que l’OTAN et ses États membres sont souvent responsables de nombre de ces menaces. 

Le rapport utilise un langage hostile stigmatisant la Chine et la Russie en tant que « rivaux systémiques » avec des recommandations qui mèneront à une confrontation croissante. Bien qu’il n’y ait aucune menace immédiate de la part de l’un ou l’autre de ces pays, l’OTAN intensifie sa propagande pour justifier l’augmentation des dépenses militaires, alors même que la pandémie COVID-19 a un impact énorme sur les budgets des gouvernements.

OTAN 2030 regorge d’images désignant l’ennemi, diabolisant avant tout la Russie et la Chine. Des solutions non militaires sans domination ni agression sont impensables pour l’OTAN. Cela vaut y compris pour les défis tels que le changement climatique, la perte de la biodiversité et la protection de l’environnement.

Armes nucléaires, TNP et TIAN

Tout en se déclarant du bout des lèvres en faveur de la maîtrise des armements, le rapport insiste sur la nécessité de la dissuasion et du maintien des armes nucléaires, préconisant la revitalisation des accords de partage nucléaire en tant qu’élément essentiel de la politique de dissuasion de l’OTAN. L’OTAN exige que ses membres s’engagent dans un partage de la charge du nucléaire. 

Trois membres de l’OTAN, les États-Unis, le Royaume-Uni et la France, possèdent des armes nucléaires et modernisent leurs arsenaux. Cinq membres de l’OTAN, l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas, l’Italie et la Turquie, hébergent des armes nucléaires américaines sur leur territoire.

Le réseau Non à la guerre – Non à l’OTAN s’oppose à la politique d’armement nucléaire de l’OTAN en violation des engagements de désarmement nucléaire du TNP et condamne la campagne de désinformation de l’alliance contre le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN). 

Un plan doit être élaboré, sur la base de négociations à court terme, pour œuvrer en faveur d’une zone dénucléarisée en Europe, étape importante vers un monde sans armes nucléaires. 

Les États membres ne devraient pas se laisser intimider par l’OTAN et ses États-membres dotés d’armes nucléaires pour ne pas signer le TIAN. C’est une honte que l’Alliance empêche ses membres d’adhérer au Traité.

UE et OTAN

Bien que certains membres de l’UE s’en tiennent à une politique de neutralité et ne soient pas membres de l’OTAN, le rapport suggère un approfondissement des liens institutionnels avec l’UE dans le domaine militaire. 

Les capacités de défense européennes indépendantes complémentaires et les actions militaires alignées sur les objectifs de l’OTAN sont encouragées comme contribution au programme de partage des coûts qui renforce la puissance militaire de l’OTAN. L’objectif de dépenser 2% du PIB à des fins militaires est partagé par l’OTAN et l’UE.

Sécurité

Le réseau Non à la guerre – Non à l’OTAN rejette l’approche militariste de la sécurité telle qu’exprimée dans le rapport OTAN 2030 ; cela détourne des milliards de dollars vers l’armement et l’expansion militaire et ne fera qu’augmenter la probabilité d’une confrontation militaire. Notre société a besoin de désarmement, de diplomatie et de coopération, d’investissements dans la santé, les services sociaux et les mesures pour éviter le changement climatique. 

Seuls un système de sécurité globale comprenant des accords diplomatiques conclus avec la Russie et la Chine sur le désarmement, des mesures de confiance et la coopération économique et politique peuvent apporter une paix juste et durable. 

L’UE ne doit pas être réduite à n’être qu’ une branche de l’OTAN. En collaboration avec ses États membres, elle devrait mener une politique de sécurité autonome, pacifique et démilitarisée, fondée sur les principes de l’Acte final d’Helsinki.

2% du PIB et complexe militaro-industriel

OTAN 2030 confirme que l’OTAN est une alliance de guerre qui sert les intérêts du complexe militaro-industriel, et non ceux du peuple. Elle n’apportera pas de sécurité humaine. 

Le réseau Non à la guerre-Non à l’OTAN appelle à l’abrogation de la norme des 2% pour les dépenses militaires et de l’obligation d’armement (20% des budgets militaires) – décidée de manière antidémocratique lors du sommet de l’OTAN au Pays de Galles. Au lieu de cela, ces ressources doivent être utilisées pour combattre la pandémie du COVID-19 et pour renforcer la sécurité humaine en général. 

La demande de l’OTAN d’augmenter les dépenses militaires empêche les pays d’investir de manière adéquate dans la santé, les services sociaux et l’action climatique. Le désarmement est le défi central.

Dissolution de l’OTAN et renforcement de l’ONU

Le réseau Non à la guerre – Non à l’OTAN continuera d’agir pour la dissolution de l’OTAN. Il s’emploiera à renforcer l’ONU, ainsi que les institutions civiles régionales, dans la recherche de plates-formes internationales compétentes pour le règlement des conflits, la sécurité commune et le développement durable.

En conséquence, le réseau Non à la guerre – Non à l’OTAN rejette fermement OTAN 2030. En détournant l’attention et les ressources vers la militarisation, OTAN 2030 empêchera également la communauté internationale d’atteindre les objectifs climatiques urgents de l’Accord de Paris et les objectifs de développement durable des Nations Unies d’ici 2030.

Nous avons besoin de la solidarité mondiale et d’une coopération internationale pour résoudre nos défis communs: la pandémie, l’urgence climatique et les inégalités. 

Avec la diplomatie, le désarmement et le développement durable dans le cadre du système des Nations Unies, il n’est nul besoin de cette alliance militaire anachronique dominée par l’hémisphère occidental. Nous continuons d’appeler à la dissolution de l’OTAN. »

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OTAN 2030: révolte d’une partie de l’armée française

Les néo-gaullistes de l’armée française s’opposent à la ligne d’intégration stratégique de la France à l’OTAN.

Si la France est partante pour la ligne américaine d’affronter la Russie et la Chine, il y a bien sûr des nationalistes partisans d’un cavalier seul. La révolte en question provient du « Cercle de Réflexion Interarmées ». C’est une structure formée par des hauts gradés de l’armée française qui ne sont plus en service et qui, par conséquent, ont le droit d’exprimer leurs opinions, ce qu’ils ne pourraient pas sinon.

Le Cercle en question s’est déjà exprimé à plusieurs reprises, visant à former, sans le dire ouvertement, une fraction dans l’armée française. La ligne que le Cercle vise à faire triompher correspond aux options de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon : la France doit avoir une politique de grande puissance sans établir des alliances lui imposant telle ou telle mise en perspective.

C’est grosso modo du néo-gaullisme et les hauts gradés en question se revendiquent ouvertement de lui d’ailleurs.

La nouvelle initiative du Cercle passe une pseudo  lettre ouverte à Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN. La mise en perspective stratégique prend tellement ouvertement les positions russes qu’il n’y a (officiellement) qu’un signataire, un général de brigade aérienne.

C’est un bon exemple de la complexité de la question en France. Comment refuser l’OTAN sans faire le jeu des nationalistes ? Et comment s’opposer aux nationalistes sans faire le jeu de l’OTAN, de l’Union européenne ? Comment ne pas être pris entre Charybde et Scylla ?

Voici la « lettre ouverte » reflétant le point de vue néo-gaulliste, tout aussi militariste que l’OTAN, mais dans une autre perspective stratégique :

« Le jeudi 18 février 2021 l’étude « OTAN 2030 », produite à votre demande, vous a été présentée. Elle indique ce que doivent être les missions de l’OTAN pour les dix prochaines années. D’entrée, il apparaît que toute l’orientation de l’OTAN repose sur le paradigme d’une double menace, l’une russe, présentée comme à l’œuvre aujourd’hui, l’autre chinoise, potentielle et à venir. Deux lignes de force majeures se dégagent de cette étude.

La première, c’est l’embrigadement des Européens contre une entreprise de domination planétaire de la Chine, en échange de la protection américaine de l’Europe contre la menace russe qui pèserait sur elle.

La deuxième, c’est le contournement de la règle du consensus, de plusieurs manières: opérations en coalitions de volontaires; mise en oeuvre des décisions ne requérant plus de consensus; et surtout la délégation d’autorité au SACEUR (Commandant Suprême des Forces Alliées en Europe, officier général américain) au motif de l’efficacité et de l’accélération de la prise de décision.

Mais la lecture de ce projet «OTAN 2030» fait clairement ressortir un monument de paisible mauvaise foi, de tranquille désinformation et d’instrumentalisation de cette « menace Russe », « menace » patiemment créée puis entretenue, de façon à « mettre au pas » les alliés européens derrière les États-Unis, en vue de la lutte qui s’annonce avec la Chine pour l’hégémonie mondiale.

C’est pourquoi, Monsieur le Secrétaire général, avant toute autre considération sur l’avenir tel qu’il est proposé dans le projet OTAN 2030, il est important de faire le point sur les causes et la réalité de cette menace russe, par les quelques rappels historiques ci-dessous.

En effet, l’histoire ne commence pas en 2014, et c’est faire preuve d’une inébranlable mauvaise foi historique concernant les relations euro et américano-russes, que de passer en une seule phrase (au tout début du paragraphe « Russie ») directement du « partenariat constructif » lancé par l’Otan au début des années 90 à l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014, comme s’il ne s’était rien passé entre 1991 et 2014, entre « la gentille Russie » de l’époque, et le méchant «Ours russe» d’aujourd’hui.

C’est bien l’OTAN qui, dès les années 1990, s’est lancée à marche forcée dans son élargissement vers l’est, certes à la demande des pays concernés, mais malgré les assurances données à la Russie en 1991 lors de la signature du traité de Moscou (2), et qui d’année en année a rapproché ses armées des frontières de la Russie, profitant de la décomposition de l’ex URSS.

C’est bien l’OTAN qui , sans aucun mandat de l’ONU, a bombardé la Serbie (3) pendant 78 jours, avec plus de 58 000 sorties aériennes, et ceci sur la base d’une vaste opération de manipulation et d’intoxication de certains services secrets de membres importants de l’Alliance, (le prétendu plan serbe « Potkova » et l’affaire de Racak ), initiant ainsi, contre toute légitimité internationale, la création d’un Kosovo indépendant en arrachant une partie de son territoire à un état souverain, au nom du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, humiliant ainsi la Russie à travers son allié serbe.

Ce principe serait-il à géométrie variable, lorsqu’il s’agit de la Crimée composée à plus de 90% de Russes, et rejoignant la Russie sans un coup de feu?

C’est bien l’OTAN qui en 2008, forte de sa dynamique «conquête de l’est», refusa la main tendue par la Russie pour un nouveau « Pacte de sécurité européen » qui visait à régler les conflits non résolus à l’est de l’Europe (Transnistrie, Abkhazie, Ossétie du Sud), en échange d’une certaine neutralité de la Géorgie, de l’Ukraine, de la Moldavie – c’est à dire de l’immédiat « hinterland » russe – vis-à-vis de l’OTAN.

Et c’est toujours avec ce même esprit conquérant, perçu comme un réel étranglement par la Russie, qu’il a été choisi, en 2010, d’encourager les graves troubles de l’« Euromaïdan », véritable coup d’état qui a abouti à l’élimination du président ukrainien légalement élu, jugé trop pro-russe, en vue de continuer la politique de rapprochement de l’Ukraine avec l’OTAN.

On connaît la suite, avec les sécessions de la Crimée et du Donbass.

C’est bien l’OTAN qui au début des années 2000, après avoir associé la Russie à une défense anti-missiles de théâtre censée « protéger les États-Unis et ses alliés, dont la Russie » , d’une attaque de missiles tirés par des «États voyous» , notamment l’Iran et la Corée du Nord (sic), transforma de facto en 2010 lors du sommet de Lisbonne, ce système en une architecture globale de défense antimissile balistique en Europe (BMDE), non plus de théâtre, mais en un véritable bouclier tourné cette fois-ci contre la Russie et non pas la protégeant.

C’est encore l’OTAN qui donna l’assurance à la Russie que les sites de lancement des missiles antimissiles balistiques (ABM) ainsi déployés devant sa porte ne pourraient jamais être retournés en sites offensifs contre son territoire tout proche, « oubliant de préciser » qu’en réalité ces lanceurs (MK 41) de missiles ABM pouvaient tout aussi bien servir à tirer des missiles offensifs Tomahawk contre son territoire (nucléaires ou conventionnels de portées supérieures à 2000 km selon les versions) en contradiction flagrante avec le traité INF toujours en vigueur à l’époque de leur déploiement; on dépassait là, et de loin la question de savoir si le 9M729 russe portait à 480 km ou à 520 !

La menace potentielle ainsi exercée sur la capacité de frappe en second de la Russie, base de sa dissuasion nucléaire, a sérieusement remis en cause l’équilibre stratégique américano-russe , poussant alors la Russie à suspendre toute coopération au sein du COR (Conseil OTAN-Russie) fin 2013, donc dès avant l’affaire de la Crimée de 2014, laquelle sera ensuite utilisée par l’OTAN pour justifier – a posteriori – la protection BMDE de l’Europe face à la nouvelle « menace russe » !

Alors oui, Monsieur le Secrétaire général, au terme de ces vingt années d’efforts soutenus de la part de l’OTAN pour recréer « l’ennemi russe», indispensable à la survie d’une organisation théoriquement purement défensive, oui, la Russie a fini par se raidir, et par chercher à l’Est la coopération que l’Ouest lui refusait.

L’entreprise de séparation de la Russie d’avec l’Europe, patiemment menée au fil des années, par vos prédécesseurs et par vous-même sous l’autorité constante des États-Unis, est aujourd’hui en bonne voie, puisque la Russie, enfin redevenue « la menace russe » , justifie les exercices les plus provocateurs comme Defender 2020 reporté à 2021, de plus en plus proches de ses frontières, de même que les nouveaux concepts d’emploi mini-nucléaires les plus fous sur le théâtre européen sous l’autorité de…l’allié américain qui seul en possède la clef.

Mais non, Monsieur le Secrétaire général, aujourd’hui, et malgré tous vos efforts, la Russie avec son budget militaire de 70 Md€ (à peine le double de celui de la France), ne constitue pas une menace pour l’OTAN avec ses 1000 Md€ , dont 250 pour l’ensemble des pays européens de l’Alliance! Mais là n’est pas votre souci car ce qui est visé désormais à travers ce nouveau concept OTAN 2030, est un projet beaucoup plus vaste: à savoir impliquer l’Alliance atlantique dans la lutte pour l’hégémonie mondiale qui s’annonce entre la Chine et les États-Unis.

La vraie menace, elle réelle, est celle du terrorisme. L’étude y consacre bien un développement, mais sans jamais se départir du mot « terrorisme », ni en caractériser les sources, les ressorts, les fondements idéologiques et politiques.

Autrement dit, on n’aurait comme menace, en l’occurrence, qu’un mode d’action, puisque telle est la nature du « terrorisme ». On élude donc une réalité dérangeante, celle de l’islamisme radical et de son messianisme qui n’a rien à envier à celui du communisme d’antan. Le problème est que ce même messianisme est alimenté par l’immense chaos généré par les initiatives américaines post Guerre Froide , et qu’il est même porté au plan idéologique tant par la Turquie d’Erdogan, membre de l’Otan, que par l’Arabie Saoudite, allié indéfectible des États-Unis.

Comme on pouvait s’y attendre, il apparaît dès les premières lignes que ce document n’augure rien de bon pour l’indépendance stratégique de l’Europe, son but étant clairement de reprendre en mains les alliés européens qui auraient seulement pu imaginer avoir une once d’un début d’éveil à une autonomie européenne.

Ce n’est pas tout, car non seulement vous projetez de transformer l’OTAN, initialement alliance défensive bâtie pour protéger l’Europe face à un ennemi qui n’existe plus, en une alliance offensive contre un ennemi qui n’existe pas pour l’Europe, (même si nous ne sommes pas dupes des ambitions territoriales de la Chine, de l’impact de sa puissance économique et du caractère totalitaire de son régime) , mais ce rapport va plus loin, carrément vers une organisation à vocation politique mondiale, ayant barre sur toute autre organisation internationale.

Ainsi, selon ce rapport:

– L’OTAN devrait instaurer une pratique de concertation entre Alliés avant les réunions d’autres organisations internationales (ONU, G20, etc..) , ce qui signifie en clair « venir prendre les instructions la veille» pour les imposer le lendemain massivement en plénière !

– L’OTAN doit avoir une forte dimension politique, qui soit à la mesure de son adaptation militaire. L’Organisation devrait envisager de renforcer les pouvoirs délégués au secrétaire général, pour que celui-ci puisse prendre des décisions concrètes concernant le personnel et certaines questions budgétaires.

– L’OTAN devrait créer, au sein des structures existantes de l’Alliance, un mécanisme plus structuré pour la formation de coalitions. L’objectif serait que les Alliés puissent placer de nouvelles opérations sous la bannière OTAN même si tous ne souhaitaient pas participer à une éventuelle mission.

– L’OTAN devrait réfléchir à l’opportunité de faire en sorte que le blocage d’un dossier par un unique pays ne soit possible qu’au niveau ministériel.

– L’OTAN devrait approfondir les consultations et la coopération avec les partenaires de l’Indo-Pacifique : l’Australie, le Japon, la Nouvelle-Zélande et la République de Corée,

– L’OTAN devrait commencer de réfléchir en interne, à la possibilité d’établir un partenariat avec l’Inde.

Monsieur le Secrétaire général,

C’est parce que cette organisation lorsqu’elle a perdu son ennemi, n’a eu de cesse que de se lancer à corps perdu dans la justification politique de la préservation de son outil militaire, en se reforgeant son nouvel ennemi russe, qu’elle tend aujourd’hui à devenir un danger pour l’Europe.

Car, non contente d’avoir fait manquer à l’Europe l’occasion d’une véritable paix durable souhaitée par tous, y compris par la Russie, l’OTAN animée du seul souci de sa survie, et de sa justification par son extension, n’a fait que provoquer un vaste réarmement de part et d’autre des frontières de la Russie , de la Baltique à la Mer Noire, mettant en danger la paix dans cette Europe, qu’elle ne considère plus désormais que comme son futur champ de bataille,

Et maintenant, à travers ce document OTAN 2030, et contre la logique la plus élémentaire qui veut que ce soit la mission qui justifie l’outil et non l’inverse – les Romains ne disaient-ils pas déjà « Cedant arma togae » ? – vous voudriez, pour l’avenir, justifier l’outil militaire de cette alliance en le transformant en un instrument politique, incontournable, de gestion de vastes coalitions internationales, au profit d’une véritable gouvernance planétaire, allant même jusqu’à passer outre les décisions de l’ONU et écrasant les souverainetés nationales!

Alors non, Monsieur le Secrétaire général! Il faut stopper ce train fou, avant qu’il ne soit trop tard! La France, quant à elle, dans le droit fil des principes énoncés voici plus d’un demi-siècle par le général de Gaulle, ne saurait, sans faillir gravement, se prêter à cette entreprise d’une acceptation aventureuse de la tutelle américaine sur l’Europe.

Pour le Cercle de Réflexion Interarmées (4), le Général de Brigade aérienne (2S) Grégoire Diamantidis

Notes.

1- Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, structure militaire de l’Alliance Atlantique.

2- Traité de Moscou: ou « traité deux plus quatre », signé le 12 septembre 1990 à Moscou, entre les représentants des deux Allemagnes et ceux des quatre puissances alliées de la Seconde Guerre Mondiale, est le «traité portant règlement définitif concernant l’Allemagne» qui a ouvert la voie à la réunification allemande et fixé le statut international de l’Allemagne unie.

3-Opération «Force Alliée» . Cette opération, décidée par l’OTAN, après l’échec des négociations entre les indépendantistes kosovars et la Serbie sous l’égide de l’OSCE (Conférence de Rambouillet 6 février-19 mars 1999) , fut déclenchée sans mandat de l’ONU, le 24 mars sur la base d’une vaste campagne dans les médias occidentaux, concernant un plan d’épuration ethnique (plan Potkova) mené à grande échelle au Kosovo par la Serbie. Plan qui se révéla par la suite, avoir été fabriqué de toute pièce par les services secrets bulgares et allemands .

4- Le Cercle de Réflexion Interarmées (CRI), est un organisme indépendant des instances gouvernementales et de la hiérarchie militaire. Il regroupe des officiers généraux et supérieurs des trois armées ayant quitté le service et quelques civils et a pour objectif de mobiliser les énergies, afin de mieux se faire entendre des décideurs politiques, de l’opinion publique et contribuer ainsi à replacer l’Armée au cœur de la Nation dont elle est l’émanation. « 

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La Déclaration de Londres de l’OTAN

Voici la déclaration de Londres publiée par l’OTAN ce 4 décembre 2019. C’est un document historique puisque la Chine y est pour la première fois ouvertement désignée, ainsi que la conquête spatiale militaire. La Russie est quand à elle considérée de manière très hostile, mais avec une volonté affichée de la voir se soumettre rapidement au bloc formé par l’OTAN.

> Lire également : Vers la guerre: l’OTAN assume la Chine comme menace principale

« Déclaration de Londres

publiée par les dirigeants des pays de l’OTAN à leur réunion tenue à Londres les 3 et 4 décembre 2019

Aujourd’hui, nous sommes réunis à Londres, là où l’OTAN a établi son premier siège, pour célébrer le 70e anniversaire de l’alliance la plus solide et la plus réussie de l’histoire, ainsi que pour commémorer le 30e anniversaire de la chute du rideau de fer. L’OTAN garantit la sécurité du territoire de nos pays et celle de leurs citoyens, au nombre d’un milliard, ainsi que notre liberté et les valeurs que nous partageons, parmi lesquelles la démocratie, la liberté individuelle, les droits de la personne et l’état de droit. La solidarité, l’unité et la cohésion sont des principes fondamentaux de notre Alliance. Alors que nous œuvrons ensemble à prévenir les conflits et à préserver la paix, l’OTAN reste le fondement de notre défense collective et le forum essentiel pour les consultations et la prise de décision en matière de sécurité entre Alliés. Nous réaffirmons le lien transatlantique qui unit durablement l’Europe et l’Amérique du Nord, notre adhésion aux buts et principes de la Charte des Nations Unies, ainsi que notre engagement solennel, inscrit dans l’article 5 du traité de Washington, selon lequel une attaque contre un Allié est considérée comme une attaque contre nous tous.

Nous sommes résolus à partager le coût et les responsabilités qu’implique notre sécurité, qui est indivisible. Grâce à notre engagement en matière d’investissements de défense, nous augmentons ces investissements pour nous conformer aux seuils de 2 % et de 20 % qui y sont définis, nous investissons dans de nouvelles capacités et nous fournissons plus de forces pour les missions et opérations. Les dépenses de défense hors États-Unis ont augmenté pendant cinq années consécutives ; un montant supplémentaire supérieur à 130 milliards de dollars des États-Unis est investi dans la défense. Conformément à notre engagement inscrit dans l’article 3 du traité de Washington, nous continuons de renforcer notre capacité individuelle et collective de résistance à toute forme d’attaque. Nous accomplissons des progrès appréciables. Nous devons et nous allons faire davantage.

Nous sommes confrontés, en tant qu’Alliance, à des menaces et défis distincts, qui émanent de toutes les directions stratégiques. Les actions agressives de la Russie constituent une menace pour la sécurité euro-atlantique ; le terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations demeure une menace persistante pour nous tous. Des acteurs étatiques et non étatiques mettent à mal l’ordre international fondé sur des règles. L’instabilité observée au-delà de nos frontières favorise aussi la migration irrégulière. Nous sommes confrontés à des menaces cyber et hybrides.

L’OTAN est une alliance défensive et ne représente une menace pour aucun pays. Nous adaptons nos capacités, notre stratégie et nos plans militaires dans l’ensemble de l’Alliance conformément à notre approche à 360 degrés en matière de sécurité. Nous avons pris des décisions afin d’améliorer la disponibilité opérationnelle de nos forces pour qu’elles puissent répondre à tout moment à n’importe quelle menace, d’où qu’elle vienne. Nous restons déterminés dans notre engagement à lutter contre le terrorisme et nous agissons ensemble avec une plus grande fermeté pour en venir à bout. Nous agissons et continuerons d’agir d’une manière mesurée et responsable face au déploiement par la Russie de nouveaux missiles de portée intermédiaire, qui sont à l’origine de l’extinction du traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI) et qui font peser des risques importants sur la sécurité euro-atlantique. Nous intensifions notre action pour protéger nos libertés, en mer et dans les airs. Nous renforçons encore notre aptitude à assurer la dissuasion et la défense par une combinaison appropriée de capacités nucléaires, conventionnelles et de défense antimissile, que nous continuons d’adapter. Aussi longtemps qu’il y aura des armes nucléaires, l’OTAN restera une alliance nucléaire. Nous sommes pleinement attachés à la préservation et au renforcement d’un système efficace de maîtrise des armements, de désarmement et de non-prolifération, compte tenu de l’environnement de sécurité du moment. Les Alliés sont fermement attachés à la pleine mise en application du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) dans tous ses aspects, à savoir le désarmement nucléaire, la non-prolifération et les utilisations de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques. Nous restons ouverts au dialogue, et à la perspective d’établir une relation constructive avec la Russie lorsque les actions de cette dernière le permettront.

Nous nous employons à accroître la sécurité pour tous. Nous avons renforcé les partenariats dans notre voisinage et au-delà, approfondissant le dialogue politique, le soutien et la collaboration qui s’exercent avec les pays partenaires et les organisations internationales. Nous réaffirmons notre engagement en faveur de la sécurité et de la stabilité à long terme en Afghanistan. Nous accroissons notre coopération avec l’Organisation des Nations Unies ; des progrès sans précédent sont enregistrés dans la coopération OTAN-UE. Nous sommes attachés à la politique de la porte ouverte de l’OTAN, qui renforce l’Alliance et a apporté la sécurité à des millions d’Européens. La Macédoine du Nord, présente à nos côtés en ce jour, deviendra bientôt le tout nouveau membre de notre Alliance. Nous sommes déterminés à assurer la réussite de toutes nos opérations et missions. Nous rendons hommage à tous les hommes et à toutes les femmes qui ont servi au nom de l’OTAN, et nous honorons la mémoire de tous ceux qui ont sacrifié leur vie pour préserver notre sécurité.

Pour maintenir notre sécurité, nous devons regarder ensemble vers l’avenir. Nous prenons en compte l’éventail et l’étendue des nouvelles technologies pour conserver notre avance technologique, tout en préservant nos valeurs et nos normes. Nous continuerons d’accroître la résilience de nos sociétés, ainsi que de nos infrastructures critiques et de notre sécurité énergétique. L’OTAN et les Alliés, dans les limites de leurs compétences respectives, sont déterminés à garantir la sécurité de leurs communications, y compris la 5G, conscients de la nécessité de recourir à des systèmes sécurisés et résilients. Nous avons déclaré l’espace en tant que milieu d’opérations de l’OTAN, reconnaissant ainsi son importance s’agissant de préserver notre sécurité et de relever les défis en la matière, dans le respect du droit international. Nous étoffons nos moyens d’action face aux cyberattaques, et nous renforçons notre aptitude à assurer la préparation, la dissuasion et la défense face aux tactiques hybrides visant à porter atteinte à notre sécurité et à nos sociétés. Nous développons le rôle de l’OTAN en matière de sécurité humaine. Nous sommes conscients que l’influence croissante et les politiques internationales de la Chine présentent à la fois des opportunités et des défis, auxquels nous devons répondre ensemble, en tant qu’Alliance.

Compte tenu de l’évolution de l’environnement stratégique, nous invitons le secrétaire général à présenter aux ministres des Affaires étrangères une proposition approuvée par le Conseil pour que soit mené, sous les auspices du secrétaire général, avec le recours à l’expertise pertinente, un processus de réflexion prospective visant à renforcer encore la dimension politique de l’OTAN, y compris la consultation.

Nous exprimons notre gratitude au Royaume-Uni pour l’accueil généreux qui nous a été réservé. Nous nous réunirons de nouveau en 2021.

En des temps difficiles, nous sommes plus forts de par notre Alliance, et nos populations plus en sécurité. Le lien qui nous unit et notre engagement mutuel garantissent nos libertés, nos valeurs et notre sécurité depuis 70 ans. Nous agissons aujourd’hui afin de faire en sorte que l’OTAN soit la garante de ces libertés, de ces valeurs et de cette sécurité pour les générations à venir. »

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Vers la guerre: l’OTAN assume la Chine comme menace principale

Il y a eu la passe d’armes diplomatique extrêmement violente entre la France et la Turquie ces derniers jours, preuve d’une concurrence acharnée entre pays dans le repartage du monde. Mais en assumant de reconnaître ouvertement de la Chine comme menace principale, l’OTAN admet aux yeux de tous que le centre de la prochaine guerre mondiale sera l’affrontement sino-américain.

La France entend jouer sur tous les tableaux : celui de l’aventure individuelle, celui du moteur franco-allemand, celui de l’OTAN. C’est là propre à la mégalomanie du capitalisme français, qui existe depuis bien longtemps puisqu’elle a mené aux défaites en 1871 face à la Prusse, en 1940 face à l’Allemagne nazie, puis à l’effondrement de son immense empire colonial.

Grâce au gaullisme, elle a su se placer entre les deux blocs de la guerre froide, mais là il est difficile pour elle de jouer des épaules. En expliquant il y a peu que l’OTAN était en « mort cérébrale » à la suite de l’intervention turque en Syrie contre les forces kurdes, Emmanuel Macron a cherché à renforcer la ligne autonome de la France.

Hier, au sommet de l’OTAN à Londres, le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg, parlant de la position d’Emmanuel Macron, en a donc profité pour rappeler à la France sa dimension réelle :

« C’est très insultant. Il y a un très haut niveau de chômage en France. La France ne va pas bien du tout économiquement. C’est une déclaration très dure quand vous avez de telles difficultés. Vous ne pouvez pas faire des commentaires comme ça. C’est très irrespectueux (…). Personne n’a plus besoin de l’OTAN que la France. Faire une déclaration comme celle-là est très dangereux. »

C’est une manière de rappeler à la France qu’elle n’a pas les moyens de sa mégalomanie, car ce sont les États-Unis qui sont la superpuissance disposant de l’hégémonie. Comme il n’y a pas de moteur franco-allemand puissant, la France ne peut pas se permettre de saborder sa position dans l’OTAN.

Tout à fait conscient de cette situation française, le président turc Recep Tayyip Erdogan avait adressé à Emmanuel Macron des propos violents :

« Fais d’abord examiner ta propre mort cérébrale. Ces déclarations ne siéent qu’à ceux dans ton genre qui sont en état de mort cérébrale. »

Des propos qui sidèrent, mais qui sont permis par la faiblesse française, comme d’ailleurs de toutes les puissances intermédiaires, y compris la Turquie qui reste d’ailleurs largement arriérée malgré son hypertrophie militariste. Car l’arrière-plan qui définit principalement les choses et qui détermine la tendance à la guerre, c’est l’hégémonie américaine et le besoin de la Chine d’exiger un repartage du monde.

Pour cette raison, le texte qui va être signé par les 29 membres de l’OTAN prévoit de reconnaître que l’influence grandissante de la politique chinoise forme tant des chances que des défis, à quoi il faut répondre en tant qu’alliance.

Le fait d’assumer de faire de la Chine la principale menace est un pas de plus vers la guerre. C’est une manière de dire : oui il peut y avoir des contradictions, comme entre la France et la Turquie, cela compte, cela joue, mais c’est secondaire et il ne faut pas perdre de vue l’essentiel.

Et plus ces contradictions secondaires vont se renforcer, plus cela va accentuer la cristallisation de l’affrontement sino-américain. Plus le capitalisme sombre dans la crise, plus cela s’accélérera.

La guerre, ce monstre engendré inévitablement par la concurrence, la compétition entre pays, détermine toujours plus cours des choses.

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États-Unis : fin du traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire

Donald Trump a annoncé que les États-Unis annulaient le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire. C’est un pas de plus vers une situation de crise militaire mondiale, avec en arrière-plan la compétition américaine avec la Chine, afin d’empêcher un repartage du monde.

Number of warheads / year (USA, USSR/Russia)

Les années 1980 ont été extrêmement difficiles sur le plan psychologique pour les populations européennes, car la menace d’une guerre était omniprésente, d’autant plus que des missiles atomiques étaient disposés de part et d’autres des deux camps en présence. L’URSS avait à l’est disposé des missiles SS-20, tandis que les États-Unis plaçaient à l’ouest des missiles Pershing ainsi que des camions porteurs de missiles, les BGM-109G Gryphon.

De très nombreux films, notamment de science-fiction, reflètent cette angoisse apocalyptique (2010 le premier contact, Abyss, Wargames…), alors que de nombreux pays connaissaient de très nombreux mouvements d’opposition. L’Angleterre notamment a connu un énorme mouvement anti-armes atomiques et l’Allemagne un énorme mouvement anti-guerre, alors qu’également des attentats anti-OTAN ou anti-guerre se multipliaient en Belgique, en Allemagne, en Italie, en France, etc.

La situation a connu une rupture totale avec le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, qui mit de côté ces missiles à partir de 1988. Cela correspondait à l’effondrement de l’URSS sous le poids économique monstrueux de son gigantesque complexe militaro-industriel ; le nombre de têtes atomiques soviétiques dépassait largement celui des États-Unis, par exemple.

En supprimant les missiles dont la portée était entre entre 500 et 5 500 km, on sortait de la confrontation violente offensive, pour en revenir à une ligne de friction et de menace nucléaire générale en cas de conflit ouvert. Cet équilibre de la terreur empêchait une confrontation franche, mais non totale.

En annonçant la fin de ce traité, Donald Trump retourne à la position offensive, visant de manière implicite la Chine. Celle-ci n’a jamais signé le traité, n’étant à l’époque pas du tout concerné. Comme l’affrontement américano-chinois est à l’ordre du jour, les États-Unis prennent l’initiative, même s’ils prennent comme prétexte que la Russie n’obéirait plus au traité.

D’ailleurs, on ne s’y est pas trompé il y a déjà un peu plus d’un mois, lors de l’université d’été de la défense. La ministre des armées Florence Parly a donné le ton lors du discours de clôture, à l’École militaire, résumant la question stratégique :

« Le doute s’est installé : pourrons-nous toujours compter, en tous lieux et en toutes circonstances, sur un soutien américain ? »

Car les États-Unis ont une obsession : empêcher l’émergence de la Chine, qui compte remplacer les États-Unis comme puissance dominante du capitalisme mondial. Les États-Unis veulent conserver leur hégémonie, la Chine veut un repartage du monde. C’est la guerre qui se profile.

Les capitalistes d’Europe s’inquiètent donc de tout cela. Le chef d’état-major des armées, le général François Lecointre, a qualifié d’urgent et de clair l’objectif d’une « autonomie stratégique européenne » ; la ministre de la défense allemande, Ursula von der Leyen, présente à l’ouverture, a appuyé cette exigence d’une « Europe souveraine ».

En arrière-plan, il y a l’idée de former un troisième bloc, capable d’avoir bien plus de puissance que des pays seuls. Tout dépend ici du « couple franco-allemand », dont Emmanuel Macron est un partisan absolu, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen étant les représentants de la ligne du « cavalier seul ».

La seule position de Gauche possible ici ne peut être que l’affirmation du refus catégorique de la guerre et du militarisme, des valeurs guerrières et de l’esprit expansionniste, depuis les jouets sous la forme d’armes au budget de l’armée. Les peuples du monde veulent la paix, le capitalisme amène la guerre : il faut choisir son camp.