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PS 31 : « L’Humanisme des Lumières aujourd’hui » ou le socialisme du 21ème siècle

« L’Humanisme des Lumières aujourd’hui » ou le socialisme du 21ème siècle

Pour une société des Nouveaux Possibles

(Réflexion issue des travaux de refondation et des rencontres avec les militant.es de la Haute-Garonne

Sébastien Vincini – 1er Secrétaire fédéral #PS31)

Le PS vient de subir sa plus importante défaite électorale. La seule arithmétique électorale ne peut masquer ce qui est en réalité une défaite politique et idéologique. Cela remet en cause l’idée même de notre utilité voire même notre existence.

Elle clôt un chapitre important de l’histoire des socialistes commencée en 1971. Ce qui frappe dans la séquence électorale de 2017, c’est l’amplitude et la violence de notre défaite. Il s’agit là, en miroir, de la contrepartie de l’espérance que notre accession au pouvoir avait faite naître.

Cela doit nous rappeler que la gauche au pouvoir, c’est plus que la gauche, c’est un symbole.

Comprendre nos défaites, être lucide sur nos échecs et notre aveuglement.

La forme contemporaine du libéralisme, le libéralisme connecté ou libéralisme 4.0 se traduit par des mutations technologiques et sociétales d’une ampleur considérable. Elles s’accompagnent d’une multitude de peurs, de craintes, d’espoirs imprécis et d’un sentiment largement partagé d’être exclus de ses bienfaits potentiels.

Durant le précédent quinquennat, nous n’avons pas su entendre ces peurs et nous les avons même amplifiées en ayant eu une croyance aveugle dans la compétitivité mondiale et dans les seuls outils de régulation qu’offrait alors la pensée sociale-démocrate. Du CICE à la loi travail, nous avons donné le sentiment de nous soumettre à la toute-puissance d’une idéologie technico-financière, oubliant la réalité des gens, la place des citoyens.

Aujourd’hui, Emmanuel MACRON a réussi l’unification de l’ensemble des libéraux, ceux issus de la droite historique et ceux de la gauche, véritables fossoyeurs de la gauche gouvernementale. Le pragmatisme affiché de ce nouveau monde, dépassant en apparence le clivage gauche/droite, n’est que le prolongement d’un libéralisme politique au service de la finance mondialisée et immatérielle.

Nous redéfinir. Nous interroger.

Pour se redéfinir, le socialisme du 21ème siècle doit nommer son adversaire, comprendre les mutations de son temps et retrouver l’idéal humaniste des Lumières, qui assimile le progrès technique au progrès social et humain, et aujourd’hui environnemental.

À qui profitent les fruits de la croissance, même mineure, la création de richesses générées par les progrès technologiques et numériques ? Le constat est implacable… À quelques uns, pour quelques uns… au détriment du plus grand nombre, de l’humanité dans l’universalité de sa dignité, des ressources naturelles de notre unique biosphère.

Nous confronter au réel. Comprendre les douleurs contemporaines.

Le territoire est l’espace de l’activité et de la vie, il porte les stigmates des troubles profonds de notre société, il est le révélateur le plus immédiat que chacun peut constater. La perte de repères, la solitude, la désertification tout autant que la concentration urbaine, la pollution, la précarisation et la ghettoïsation, se traduisent dans sa déstructuration, dans sa fracturation. C’est par lui aussi que s’annoncera la reconstruction. C’est pourquoi il est, et doit être au centre de la refondation du PS. Le territoire, c’est le réel.

Le libéralisme 4.0, cette économie moderne se déploie dans l’urgence et sans avoir été pensée avec suffisamment de profondeur alors que le système actuel présente tous les symptômes de sa fin : inégalités spectaculaires et croissantes dans le Monde, et chômage de masse, précarisation croissante de pans entiers de la société qui se pensaient jusqu’alors à l’abri, délitement des liens et des espaces de solidarité, en France.

Ce libéralisme par sa vitesse, sa force, s’impose avec brutalité. Il se traduit par une double peine de précarité : précarité matérielle et sociale ; précarité onirique (envie d’avoir envie, plus de perspective).

Ce libéralisme abandonne les liens sociaux aux rapports de force, et accroît la fracture de la société entre perdants et gagnants. Il sape le principe d’égalité citoyenne, entre ceux qui vivent une mondialisation heureuse et les laissés pour compte, les oubliés, les exclus.

Les sentiments de frustration, de désespérance, d’injustice, ouvrent des espaces à l’individualisme, au chacun pour soi, mais aussi au repli identitaire, au communautarisme, à l’entre soi, qui fondent le terreau de la montée des populistes xénophobes.

En agissant ainsi, c’est toute la société qui fait fausse route. Nous sommes devant un choc de civilisation. Aimé Césaire l’a dit : « Une civilisation qui s’avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une société décadente ».

Beaucoup, dans les territoires, se pensent du côté des perdants, éprouvent un sentiment de dépossession et de déclassement ; et aspirent parfois à une pause face à l‘évolution accélérée de l’innovation technologique. C’est ce qu’ils expriment dans des expressions populaires de plus en plus répandues qui revendiquent un « comme autrefois » ou un « comme avant » trop souvent nostalgiquement idéalisés.

Notre société a besoin d’être rééquilibrée entre affichage de la puissance (vitesse, mondialisation, intelligence artificielle) et l’exigence populaire, au risque d’une déchirure irrémédiable du lien social, qui rappelle que le progrès doit être social et partagé et non un facteur de déshumanisation.

La performance ne peut et ne doit pas être un alibi à la revendication de puissance de quelques-uns.

Nous devons en effet affronter une mécanique de spoliation à l’œuvre. Un système d’intelligence artificielle (que résume l’ensemble formé par les données, le big data, le numérique et l’internet des objets) prétend s’imposer à partir de données qui sont pourtant le bien commun, nos données personnelles et collectives.

« Les plateformes et services numériques qui peuplent notre quotidien se multiplient tous les jours. Sociabilité ordinaire, travail, loisir, éducation : la quasi-totalité de notre vie sociale est peu à peu colonisée par des appareils, des réseaux, et des services en ligne qui deviennent les adjuvants utiles mais aussi envahissants de notre vie personnelle, professionnelle et publique. »

Décrivons le processus en cours de captation du pouvoir, des ressources et de la richesse ; l’exemple de la concentration à l’extrême des multinationales numériques que sont les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft). Aujourd’hui, ces géants du numérique régissent le cœur informationnel de nos sociétés.

La libéralisation et le partage des données est le nouveau carburant des nouveaux modèles économiques. A quelle fin ? maitriser nos consommations ? orienter nos cultures ? déployer une économie prédictive ? nul besoin de répondre.

Pour autant, le partage de données, les algorithmes constituent une formidable opportunité de revisiter l’ensemble des stratégies publiques. Les Nouveaux Possibles, qui vont en résulter, sont, de fait, des biens communs. Ils ne peuvent faire l’objet d’une appropriation abusive, d’une spoliation.

Ces « biens communs » concernent en effet l’ensemble du patrimoine de vie des territoires, c’est-à-dire de tout ce que nous partageons en commun, essentiel à la vie humaine : des éléments naturels (l’eau, l’air, la terre) à la culture, en passant par les espaces d’échanges numériques et les mécanismes de solidarité…

Les technologies modernes permettent, grâce aux données qui les contiennent, de construire les nouveaux usages. Ils peuvent déboucher sur les Nouveaux Possibles, des nouveaux modèles de transition énergétique, de gestion de l’eau, de mobilité, de réorganisation du travail, de prévention dans la santé. Les données ainsi maitrisées sont « l’énergie motrice » des projets de territoire résilient.

Il faut définir ces communs, ces nouveaux espaces entre l’opposition binaire de l’Etat et du Marché. Ces « communs » ne peuvent faire d’objet d’une appropriation privée car nous pensons, nous, humanistes qu’il n’y aura pas de progrès de la performance sans progrès social partagé.

Ce besoin de rééquilibrage doit être notre combat politique. Il concerne l’action publique dans les territoires tout autant que le rôle de l’Etat. Plus que jamais sa mission régalienne, au service de la cohésion sociale, de la formation, de la justice et de la sécurité, la réaffirmation des valeurs républicaines et la laïcité, conditionne cette étape contemporaine de progrès.

Mais l’émergence des communs et d’une économie du partage doit aussi nous interroger sur la notion même de service public et de propriété, de ses caractères les plus exclusifs que sont l’usage, l’héritage et la rente.

La reconquête. Inventer les Nouveaux Possibles.

Les territoires, métropoles comme bassins de vie, sont projetés frontalement dans la concurrence internationale. L’Etat doit les soutenir, harmoniser leurs relations au sein de la nation et de l’espérance européenne.

La social-démocratie s’est construite autour d’un modèle économique, d’un marché, qui appelaient régulation et redistribution. Les valeurs de justice et de partage qui la fondent sont toujours d’actualité mais elles doivent être repensées dans ce contexte de choc de civilisation.

Face à ce choc de civilisation, nous avons le devoir de proposer un choc de confiance dans l’avenir. Nous l’avons souligné, les territoires sont les premiers révélateurs de ce « malaise dans la civilisation » (pour plagier l’expression de Freud qui annonçait la grande crise humaine, économique et sociale de la première moitié du 20ème siècle) … Mais ils sont aussi et surtout les territoires de la reconquête :

  • Lieu d’écoute des nouvelles douleurs contemporaines (le réel)
  • Place légitime à reconquérir pour le PS ; la gauche du réel
  • Lieu de l’action concrète, de l’expérimentation, de l’innovation sociale

C’est pourquoi le PS doit proposer un projet de société des Nouveaux Possibles, c’est un modèle de production de confiance dans la maîtrise des mutations en cours, le modèle de confiance productif dans de la mutation écologique.

Notre projet doit être guidé par l’exigence de « vies dignes » pour tous, par l’Homme. Les citoyens attendent qu’on prenne en compte leur envie de « vraies vies » et qu’on réponde à leurs attentes :

  • En leur apportant la protection qui est un droit des « vies dignes » et en renforçant leur confiance par une assistance bienveillante à laquelle ils ont droit (tiers de confiance, intimité numérique)
  • En faisant confiance a priori aux citoyens, en arrêtant de les cliver, en retrouvant la Nation.
  • En les accompagnant dans leur prise de conscience pour des actes responsables (écologie, valeurs éthiques etc.)
  • En traçant un idéal, celui des Nouveaux Possibles auquel ils se sentent associés.

C’est un modèle humaniste d’exigence écologique qui privilégie l’Homme dans l’adaptation au changement climatique.

C’est un modèle horizontal qui valorise l’autonomie et la responsabilité dans les rapports humains en accompagnant les mutations du travail et qui invente de nouvelles formes de gouvernances.

C’est un autre modèle de protection sociale proposant un nouveau contrat social, un modèle de confiance en l’Homme où par exemple les innovations sociales, comme l’expérimentation du revenu de base, pourraient constituer le lien unifiant tous les citoyens, pour faire nation et donner confiance en l’avenir.

C’est un modèle de créativité qui est une valeur essentielle de la société actuelle et le lien entre les générations, entre les divers niveaux de territoires, entre les technologies et l’humain.

Aujourd’hui, la créativité est au centre des métiers du numérique (applications), elle est l’énergie des innovations de terrain, et elle demeure une digue efficace contre les dérives autoritaristes. C’est également l’enjeu stratégique des modèles industriels (Innovation, disruption).

C’est un modèle de démocratie permanente, de souveraineté des citoyens. Nous devons imaginer les outils de la démocratie permanente où le pouvoir des citoyens ne s’exprime pas simplement à chaque élection mais dans la gestion quotidienne des biens communs.

La perte ou le ressenti de perte de libertés individuelles est au cœur du malaise social et de la défiance envers le politique. La construction d’une démocratie permanente devra s’appuyer sur l’autonomie éclairée des citoyens et sur les principes de transparence, de contrôle et d’évaluation.

C’est un modèle d’émancipation et d’accomplissement de chacun par l’accès de tous à l’éducation, à la culture, à l’art, parce que « la liberté commence où l’ignorance finit ». Les socialistes peuvent s’enorgueillir d’avoir mis en place le statut d’intermittent du spectacle qui est envié dans le monde. N’est-ce-pas dans les périodes difficiles qu’il faut justement miser sur la créativité, la culture, les arts ?

Nous devons proposer de bâtir la deuxième phase de l’exception culturelle. A contre courant de l’uniformisation, qui génère pertes de repères et d’identité, il faut approfondir l’exception culturelle. Cela veut dire l’élargir à l’art de vivre, mais également à la toile numérique, vecteur d’uniformisation dans un monde où tout se dématérialise. Et pourquoi pas aux communs ? L’exception culturelle doit être la plus belle réponse dans ces temps de doute et nous sommes légitimes pour cela.

Consensus, efficience et cohésion habitent nos propositions. Pour le PS le travail de réflexion et de recomposition est imposant. Il s’agit, à la fois, de retrouver la confiance et la proximité avec les citoyens en plein doute et d’être capables de leur proposer l’espérance des Nouveaux Possibles.

Les territoires sont l’espace naturel de ce nouvel élan.

Le rôle du politique est de veiller à la gouvernance, à la protection, à la confiance pour instaurer le cercle vertueux d’un progrès social partagé, idéal des Lumières, autour de ces biens communs.

Le Socialisme a une longue histoire. Il change, il évolue, il s’adapte, il se contredit parfois. Mais comment pourrait-il en être autrement ? En paraphrasant Spinoza, « pour persévérer dans son être », dans un monde où tout change, où rien ne demeure, nous devons sans cesse nous rénover, nous renouveler. Soyons les « défricheurs » de Nouveaux Possibles et inventons le socialisme du 21ème siècle.

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Gérard Filoche est indéfendable

Être de gauche, c’est se mettre au service des gens, vouloir leur bonheur, et réfléchir avant d’agir. Une fois que l’on a dit cela, on sait que dans l’histoire il y a eu des grands combats d’idées, des différences, la plus connue étant celle ayant provoqué la scission suite au Congrès de Tours de 1920.

Dans la tradition socialiste comme dans la tradition communiste cependant, qui puisent à une même source, le mouvement ouvrier, on réfléchit avant d’agir. On choisit ce qu’on fait, de manière rationnelle, après avoir débattu.

C’est le principe du parti, du débat d’idées dans le parti, du fait d’assumer tous ensemble ce qui a été décidé de manière démocratique, de considérer que les idées mises en avant portent le progrès et de se poser comme locomotive de l’histoire.

On sait à quel point tout cela a été galvaudé et l’erreur fatale de Gérard Filoche sonne comme un avertissement. Quand on se coupe des traditions de la gauche historique, quand on n’est pas au niveau culturellement, on bascule du mauvais côté.

Gérard Filoche

C’est un avertissement parce que Gérard Filoche s’est posé justement comme le grand gardien des traditions historiques au sein du Parti Socialiste. Il avait même créé sa propre fraction, « Démocratie & Socialisme », qui prônait une sorte de retour aux sources.

Seulement le problème, c’est que Gérard Filoche est comme Jean-Luc Mélenchon : c’est un tribun. Tant lui que Jean-Luc Mélenchon balancent des idées, des propositions, mais ils ne réfléchissent pas, ils ne pensent pas, ils n’ont pas de socle bien déterminé.

Cela en fait des populistes de gauche, qui au pire apparaissent comme des Don Quichotte de la cause sociale, comme Georges Marchais en son temps, au mieux comme des sortes de nouveaux François Mitterrand.

Gérard Filoche a été d’une grande complaisance avec son propre populisme. Il faisait figure de trouble-fête, pas réellement pris au sérieux par la direction du Parti Socialiste, mais toujours utile pour donner une image de gauche à ce parti gouvernemental.

Acceptant ce rôle, prenant régulièrement la parole dans les médias ou sur son blog, Gérard Filoche a toujours cherché à apparaître comme spontané, emporté, émotif, voire aux bords des larmes même.

On pouvait alors la puce à l’oreille, tout de même, en se rappelant qu’il a une expérience politique énorme, étant l’un des principaux cadres de la Ligue Communiste Révolutionnaire dès les années 1960, appartenant pendant 25 ans à sa direction.

En ce sens, en tant que membre du Parti Socialiste qui plus est depuis 1994, il ne saurait y avoir de hasard dans son choix d’une image à caractère nazi. En publiant une telle image sur tweeter, Gérard Filoche savait pertinemment ce qu’il faisait.

A moins de le prendre pour un imbécile, ce qu’il n’est certainement pas, une autre explication est impossible.

Ayant échoué à rompre sur une base révolutionnaire avec le Parti Socialiste, il ne lui restait plus qu’une option : la fuite en avant de type ultra-populiste. Sa trajectoire est, en fait, une sorte de condensé de ce qu’a fait Jean-Luc Mélenchon sur plusieurs années.

Voir cela en se rappelant ce que raconte l’historien Sternhell sur les gens de gauche qui passent à droite fait très peur quand on voit la nature de l’image qu’a posté Gérard Filoche sur Tweetter, lui valant une exclusion quasi-immédiate du Parti Socialiste. Au grand dam de Gérard Filoche, qui prétend avoir agi vite et mal, mais être de bonne foi, dénonçant un « procès en sorcellerie », une « cabale » (cette expression étant historiquement issue de l’imaginaire antisémite, ce que quelqu’un de cultivé comme Gérard Filoche ne peut pas ne pas savoir).

Nul ne peut prétendre pourtant, comme Gérard Filoche le fait, que « l’image Macron + argent est totalement banale ». Encore moins dans une image associant l’argent, les États-Unis et Israël. On est là dans une argumentation typiquement nazie, tout comme en témoigne ce que Gérard Filoche a lui-même écrit :

« Un sale type, les Français vont le savoir tous ensemble bientôt »

Cette opposition entre « les Français » et les parasites extérieurs est un thème essentiel de l’antisémitisme. On est ici dans l’idéologie du « ni Washington ni Tel Aviv » historiquement porté en France par les courants « nationaux-révolutionnaires ».

Le message posté sur twitter par Gérard Filoche, reprenant une image de propagande antisémite

Par ailleurs, les personnes que l’on voit à côté d’Emmanuel Macron sont le PDG d’Altice Patrick Drahi, le banquier Jacob Rothschild et l’ancien conseiller de François Mitterrand Jacques Attali.

Le choix de leur présence vise à associer Emmanuel Macron à la figure nazie des « banquiers juifs » dont il serait la marionnette.

On a même des billets de banque en arrière-plan, et une planète, avec marqué « en marche vers le chaos mondial », ce qui correspond clairement à l’imaginaire fasciste. Qu’Emmanuel Macron ait un brassard nazi, où la croix gammée est remplacée par un dollar, est bien entendu ici une provocation servant de cerise sur le gâteau.

Que cette image ait été produite par « Égalité & Réconciliation », qui pour une fois a maille à partir avec la justice pour cela (Alain Soral est convoqué au tribunal en janvier pour cela), n’a rien d’étonnant et Gérard Filoche ne pouvait pas ne pas voir la dimension antisémite.

Il a joué avec le feu, il a agi sans réfléchir. Cela l’exclue par définition de la gauche, et encore plus quand cette actions sans réflexion converge avec l’extrême-droite.

Gérard Filoche est indéfendable et pourtant il y en a qui font semblant d’être naïfs, comme dans cette pétition de soutien, également mise en avant dans l’Humanité.

L’honneur d’un militant, Gérard Filoche

Oui, Gérard Filoche a retweeté un montage photo mettant en cause Emmanuel Macron dont, dans la précipitation, il n’a pas immédiatement perçu le caractère antisémite. Il s’est rapidement rendu compte de son erreur, a retiré le tweet, s’est excusé publiquement, a répondu aux journalistes. L’affaire aurait pu s’arrêter là, mais le tweet a été relayé sur la Toile pendant plusieurs jours, au point de devenir une affaire d’État.

Les condamnations, sans la moindre prise de recul, ont abondé. Le PS qui, ces temps-ci, peine tant à parler d’une seule voix, a retrouvé son unité pour exclure à bon compte une de ses dernières voix de gauche, sans autre forme de procès.

Voilà le plus inquiétant : les réseaux sociaux sont devenus le procureur le plus expéditif et le plus implacable, et, derrière eux, certains médias aussitôt aboient à l’unisson. Filoche est donc antisémite : la sentence de Facebook est tombée. Qu’il disparaisse sur-le-champ ! Nous ne pouvons accepter cette accusation scandaleuse, cette atteinte portée à l’honneur d’un militant qui a consacré sa vie entière à défendre les libertés syndicales et le Code du travail, à lutter contre le racisme et l’antisémitisme (il fait partie des fondateurs de SOS ­Racisme).

Cette polémique, comme celle qui oppose Charlie Hebdo et Mediapart, témoigne d’une extraordinaire dégradation du débat public. Journalistes et politiques rivalisent dans la surenchère et dans l’anathème. Il faudrait admettre une bonne fois que Twitter ne favorise pas l’intelligence dans le temps long, qui est celui de toute pensée politique digne de ce nom. Gérard Filoche a aujourd’hui l’occasion cuisante de s’en rendre compte, tandis que ses détracteurs continuent de tapoter furieusement sur les claviers de leurs smartphones.

Pendant ce temps, l’antisémitisme et le racisme répandent leur poison. Manuel Valls, si prompt à dénoncer l’antisémitisme, affirmait cette semaine encore que les musulmans « sont un problème ». Ce n’est pas la première fois, et il n’a jamais été inquiété pour ce type de propos. Ça suffit.

Pour signer ce texte : http://pour-lhonneur-de-gerard-filoche.org

Premiers signataires : Guy Bedos, artiste, Christine Blum, consultante, Jacques Bidet, philosophe, Patrick Brody, syndicaliste, Patrick Chamoiseau, écrivain, Annick Coupé, syndicaliste, Jean-Baptiste Del Amo, écrivain, Christine Delphy, sociologue, Christian de Montlibert, sociologue, Annie Ernaux, écrivaine, Karl Ghazi, syndicaliste, Jean-Marie Harribey, économiste, Anne Hessel, Danièle Kergoat, sociologue, Pierre Khalfa, économiste et syndicaliste, Jean-Marie Laclavetine, écrivain et éditeur, Philippe Marlière, politiste, Gus Massiah, économiste, Gérard Mauger, sociologue, Christiane Marty, altermondialiste, Jean-Pierre Mercier, syndicaliste, Gérard Mordillat, écrivain, Gérard Noiriel, historien, Willy Pelletier, sociologue, Michel Pialoux, sociologue, Michel Pinçon-Charlot, sociologue, Monique Pinçon-Charlot, sociologue, Louis Pinto, sociologue, Patrick Raynal, écrivain, François Ruffin, réalisateur.

Cela n’a pas de sens. Gérard Filoche a choisi une approche populiste, qui a été aveugle sur sa propre nature. Il est indéfendable.

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Nouvel ordre Politique

Le bel hymne du Parti Socialiste en 1977

Au milieu de l’année 1977, le Parti Socialiste tenait son congrès à Nantes, au Parc des expositions. Cela fut le prétexte à l’instauration d’un hymne, avec des paroles écrites par Herbert Pagani et une musique du Grec Míkis Theodorákis, deux artistes particulièrement engagés.

Les paroles sont une célébration de l’utopie et de la possibilité de réaliser celle-ci.

Les voix des femmes et les voix des hommes
Ont dû se taire beaucoup trop longtemps
Ne croyons plus aux lendemains qui chantent
Changeons la vie ici et maintenant
C’est aujourd’hui que l’avenir s’invente
Changeons la vie ici et maintenant

Prendre la parole
Décider nous-mêmes
Libérer nos vies des chaînes de l’argent
Écrire notre histoire à la première personne
Être enfin des hommes et non des instruments

France socialiste puisque tu existes
Tout devient possible ici et maintenant

Ne versons plus au nom de leur puissance
Notre sueur, nos larmes, notre sang
Les travailleurs travaillent pour la France
Pas au profit de quelques possédants
Pour partager les fruits de l’abondance

Changeons la vie ici et maintenant
Prendre la parole
Décider nous mêmes

Libérer nos vies des chaînes de l’argent
Faire du bonheur notre monnaie courante
Maîtriser la science et dominer le temps

France socialiste puisque tu existes
Tout devient possible ici et maintenant

Il nous faudra reprendre en main nos villes
Qui ne sont plus que des ghettos géants
Où le printemps n’a plus le droit d’asile
Où meurent les vieux, les arbres, les enfants
C’est dans nos propres murs qu’on nous exile

Changeons la vie ici et maintenant
Prendre la parole
Décider nous-mêmes

Libérer nos vies des fleuves de ciment
pour ne plus mourir de l’air que l’on respire
Et pour pouvoir vieillir auprès de nos enfants

France socialiste puisque tu existes
Tout devient possible ici et maintenant

Un siècle meurt, un millénaire commence
Plus de prisons, de cages et de camps
Tendons la rose rouge de l’espérance
Aux opprimés de tous les continents
L’histoire est là qui nous offre une chance

Changeons la vie ici et maintenant
Libérer la femme
Libérer l’école
Donner la parole aux frères émigrants

Ecrire notre histoire à la première personne
Être enfin des hommes et non des instruments

France socialiste puisque tu existes
Tout devient possible ici et maintenant.

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Politique

Le catastrophique hymne du Parti socialiste de 2010

En 2010 se tenait une  Convention nationale sur la rénovation du Parti socialiste, au Carrousel du Louvre. L’idée d’un nouvel hymne était apparue, en quelque sorte pour effacer celui de 1977, avec son élan utopiste.

Écrit par l’auteur, compositeur, interprète et comédien belge Jean-Jacques Nyssen, l’hymne de 2010 est une sorte de niaiserie vide de sens, sans contenu ni perspective. C’était l’expression d’une liquidation en règle de tout un patrimoine historique.

Il est temps
Il est l’heure
Il est temps de tourner la page
Passer partout notre message
Il est temps de choisir
L’histoire qu’on veut écrire
Chanter pour les sans-voix
Donner tout ce qu’on a
Il est temps
Il est l’heure
Laissons la raison nous conduire
La justice en ligne de mire
Héritiers d’une Histoire
Progressiste et sociale
Enfants de la mémoire
Parents d’un idéal
Il est temps
Il est l’heure
Révoltés passionnés optimistes
En un mot disons socialistes
De clamer au grand jour
Les valeurs humaines pour
Faire la gauche solidaire
Unie et populaire
Il est temps
Il est temps
Il est temps
Il est temps
Liberté Egalité Fraternité
Laïcité Solidarité
Volontaires répondez présent « présents » !
Faut du coeur de la sueur et du ciment
Santé culture éducation logement
Féminisme écologie ici et maintenant
Tout seuls on n’y arrivera pas
Mais ensemble solidaires, on a du poids
Il est temps
Il est l’heure
Il est là le choix des possibles
Si nous sommes un indivisibles
Il est temps de faire voir
Ce que sera l’histoire
Citoyennes citoyens
Prenons nos vies en main !
Il est temps
Il est temps
Il est temps
Il est temps
Il est temps
Il est l’heure
Révoltés passionnés optimistes
En un mot disons socialistes
De chanter haut et clair
Les valeurs qui vont faire
Une gauche solidaire
Unie et populaire
Il est temps
Il est l’heure
Il est là le choix des possibles
Si nous sommes un indivisibles
Il est temps de faire voir
Ce que sera l’histoire
Citoyenne Citoyen
Haut les roses et les poings
On est là
On est venu tourner la page
On est là
Passez partout notre message
Il est temps
Un espoir s’est levé
Il est l’heure
Les couleurs ont changé
Ecoutez les gens qui s’impatientent
Donnons tout ce qu’on a
Chantons d’une seule voix
Il est temps Il est l’heure
Il est temps de tourner la page
Il est temps Il est l’heure
Passez partout notre message
Il est temps Il est l’heure
Il est temps de tourner la page
Il est temps Il est l’heure
Il est temps
Il est temps
Il est temps