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L’État sera-t-il en mesure de faire respecter la limite de 100 km pour les déplacements?

Le déconfinement du 11 mai avait commencé par un lamentable couac et la loi restreignant les déplacements à un périmètre de 100 km autour de son domicile n’était pas prête. Maintenant que l’interdiction est en vigueur, la question se pose de savoir comment la faire respecter… Et ce n’est pas une mince affaire.

C’est aux forces de l’ordre que revient essentiellement, voire entièrement, le rôle d’encadrer et faire respecter l’obligation de rester dans un périmètre de 100 km autour de son habitation. Le problème, c’est qu’elles n’ont pas les moyens matériels, techniques ou procédurales, pour vérifier cela.

S’il est facile de savoir qu’un Parisien à Bayonne est en infraction, dans d’autres cas c’est plus compliqué. Comment les policiers sont-ils censés savoir que Montceau-les-Mines est à moins de 100 km de Moulins, mais que Sète est a plus de 100 km de Carcassonne ?

Encore plus compliqué : un habitant de Valence se rendant à Saint-Étienne par l’itinéraire le plus rapide parcourra 123 km, mais les deux villes sont situées à moins de 90 km l’une de l’autre à vol d’oiseau. Une application internet très simple est bien-sûr mise à disposition par le gouvernement : bilancoronavirus.fr/carte-sortie-100km Il suffit de rentrer son code postal et le périmètre est tracé. Sauf que les policiers ne sont généralement pas équipés de moyens professionnels pour y avoir accès. Doivent-ils alors utiliser leur smartphone personnel ? C’est impensable, évidemment.

En vérité, le gouvernement a pris une mesure générale, pour dissuader globalement et prétendre avoir agi, mais n’envisage nullement une interdiction effective de circuler dans le pays. Et pour cause, aucune consigne précise n’a été donnée aux forces de l’ordre avec une liste de motifs impérieux justifiant les déplacements hors périmètre. Le ministère de l’intérieur se contente de les appeler au discernement et au bon sens… Ce qui veut tout, et surtout rien dire, laissant libre cours à l’interprétation de chacun, et donc à des situations compliquées.

Les fraudeurs pourront de toute façon tricher facilement, puisqu’il n’y a pas de liste de justificatifs de domicile précis. Un simple carnet de chèques suffit, alors qu’il peut être très ancien et pas à jour. De la même manière, de riches Parisiens ayant une résidence secondaire à 200 km, par exemple en Normandie, pourront facilement jouer avec deux justificatifs de domicile, en le changeant à mi-chemin.

Mais comment s’étonner de cette « légèreté », quand on voit que le ministre de l’intérieur lui-même en est rendu à simplement « conseiller » aux grands-parents de ne pas venir voir leur petit enfant au-delà de 100 km… C’est-à-dire qu’au plus haut sommet de l’État, la personne directement en charge du dossier, n’est même pas en mesure de définir strictement ce qui rentre ou non dans le cadre d’un motif légitime. Ses propos à ce sujet sont affligeants de libéralisme, signe d’une grande décadence de la classe politique :

« Moi, là, je parle comme papa. Je pense que, peut-être, il vaut mieux attendre un mois ou deux plutôt que de proposer à ses grands-parents qui sont en province, de venir nous voir à Paris pour voir le petit dernier qui est né et de s’exposer dans un département qui est encore en rouge à un risque »

Et les policiers vont donc devoir jongler avec tout cela, gérer l’urgence, alors qu’ils auront en face d’eux bien souvent des Français au comportement immature, voire puéril, les défiant comme ils défiaient les surveillants pour se balader dans les couloirs au collège. Les policiers ou les gendarmes brutaux pour leur part s’en donneront à cœur joie, ce qui ne fera que renforcer la grande instabilité sociale, morale, culturel, dans laquelle s’enfonce la France…

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Politique

L’irruption d’une profonde crise dans les cités populaires

Le confinement provoque une crise économique, une crise culturelle, une crise politique de ce qu’on peut appeler, même de manière imprécise, les cités populaires. L’esprit rebelle de 2005 a totalement disparu et c’est un mélange de nihilisme et de consumérisme qui prédomine et s’embrase, isolant encore plus ces secteurs populaires du reste du peuple.

L’échec des émeutes de 2005 pèse lourdement sur les cités populaires. Ces émeutes avaient été considérées (pas par la gauche gouvernementale ni même l’extrême-gauche dans sa quasi totalité) comme un pas en avant dans un certain esprit de rupture par des gens espérant qu’enfin en France la lutte des classes reprenne, avec le retour de la question sociale.

Ne nous voilons pas la face, malgré le caractère totalement isolé du phénomène dans le pays, la Gauche se cachait derrière un ministère de l’Intérieur qui, lui, ne décida même pas de l’état d’urgence, comprenant que ce n’était que passager et sans contenu. Qu’allait-il toutefois en ressortir ?

Rien, malheureusement. Les religions se sont largement développées sur le terreau de la défaite culturelle. Le trafic des drogues qui s’est renforcé massivement en parallèle a entièrement gangrené des secteurs populaires entiers.

Les récents accrochages et harcèlement de ces derniers jours, qui concernent environ 50 villes, reflètent cette tendance au triomphe du cannibalisme social. Cette nuit du mardi au mercredi a encore été marquée, en région parisienne, à Lyon, Mâcon ou Tourcoing d’incidents au sens très large.

 


Le pays regarde cela avec naturellement un regard terriblement critique : en plein confinement, il y a de telles actions ! Et tout le monde sait que dans ces cités populaires marginalisées, les comportements anti-sociaux se sont généralisés, dans un style patriarcal mêlé d’esprit lumpen. Que les valeurs identitaires se sont installées, alors que la dimension sociale-révolutionnaire indirectement sous-jacente aux travailleurs immigrés a disparu.

L’immense queue pour le drive de McDonald’s venant de rouvrir témoigne de cette plongée dans le consumérisme et le nihilisme. Car en même temps, ces cités populaires sont des appuis très clairs à toute une philosophie capitaliste, une volonté de s’en sortir par le business, voire même le cannibalisme social.

 


L’ultra-gauche développe bien entendu une rhétorique anti-policière primaire, sans voir naturellement que bon nombre de policiers sont désormais issus du peuple et l’assument. Finie l’époque où la police était une caste entièrement séparée du peuple. C’est encore vrai en partie, mais dans les grandes lignes c’est terminé et cela ne distingue qu’encore plus les policiers des gendarmes.

Il ne faut évidemment pas pour autant s’attendre à ce qu’avec l’État actuel, les policiers ne soient pas aliénés par leurs fonctions, alors que leurs dirigeants sont extérieurs au peuple, quand ils ne sont pas même corrompus par les mafias. Reste que faire de la police l’alpha et l’oméga des questions de notre époque n’a aucun sens.

On peut d’ailleurs dire que si la révolte de 2005 a été une affirmation réformiste, un appel à l’aide avec des traits sociaux-révolutionnaires, on est actuellement dans une déliquescence totale, une expression d’une aliénation complète, totalement masculine et ouvertement liée au cannibalisme social.

C’est une crise énorme pour les cités populaires, mais une crise salutaire car de l’échec de l’expression nihiliste, après l’échec de la proposition stratégique islamiste, doit venir la recomposition populaire, inévitable.

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Société

Villeneuve-la-Garenne : le désemparement de l’État face au cannibalisme social

Un homme a été blessé à Villeneuve-la-Garenne en banlieue parisienne après avoir percuté la portière d’une voiture de police, alors qu’il roulait à contre-sens sur une piste cyclable, sans casque, à toute allure, de nuit, sur une moto très bruyante. Qu’un tel comportement anti-social soit possible, et récurent, montre une grande faiblesse de la part de l’État, alors que nous sommes dans une période nécessitant la plus grande discipline collective et le plus strict respect des consignes sanitaires pour préserver les personnes âgées et fragiles.

Faut-il être complètement arriéré pour, à 30 ans, en plein confinement sanitaire, « s’amuser » à faire des aller-retours en moto la nuit à pleine vitesse, sans aucune considération pour qui que ce soit ? Et dire que cet homme a le toupet de porter plainte contre la police, comme l’a annoncé le populiste Taha Bouahafs ayant parlé avec l’avocat…

On a affaire ici à ce qu’il faut qualifier de véritable cannibalisme social, consistant en le mépris total pour toute perspective collective, pour toute considération sociale. Le vrombissement insupportable des moto-cross, des mini-motos et des quads est l’illustration sonore habituelle de ce mépris pour les autres, y compris pendant le confinement. Surtout pendant le confinement.

Les habitants des quartiers HLM se retrouvent alors complètement désemparés, abandonnés par un État incapable de faire respecter les règles de vie commune les plus élémentaires. Ces derniers jours, des attaques délibérées contre la police ont été recensées dans de nombreuses cités, comme avec ce guet-apens contre des motards de la police filmé à Hem dans le Nord. Il y a eu des incidents de ce type à Chanteloup-les-Vignes, à Grigny, au Val Fourré, à Trappes, à Villiers-sur-Marne, à Bordeaux, à Évreux ou encore au Havre, en plein confinement donc.

Le chiffre donné par la police du nombre de verbalisations pour non-respect des autorisations de sortie est d’ailleurs monstrueux : plus de 800 000, pour 13,5 millions de contrôles. Comment l’État peut-il prétendre que le confinement est bien respecté par la population française avec un tel chiffre ?

À Villeneuve-la-Garenne, il y a eu après la chute du délinquant à moto (qui est de surcroît sous contrôle judiciaire depuis le 16 mars pour menaces de mort d’après la presse), un attroupement de plusieurs dizaines de personnes menaçant la police, filmant de manière hargneuse en prétendant qu’une jambe était arrachée, etc. S’en est suivi dans la journée de dimanche le cinéma habituel sur les réseaux sociaux avec une dénonciation des « violences policières », allant jusqu’à la diffusion de la photo d’un des policiers et à des appels à la vengeance.

Il existe ainsi en France toute une attitude, tout un réseau de gens, valorisant ou défendant ce cannibalisme social, justifiant cela par tout et n’importe quoi. La palme de l’indécence revient certainement ici à Mélanie Luce, la présidente de la moribonde Unef (le syndicat étudiant historiquement lié à la Gauche), qui a trouvé opportun de faire ce commentaire stupide :

«  #VilleneuveLaGarenne Encore, encore et encore. Le #confinement ne justifie ni tabassage, ni perte de membre, ni mort. Marre de ces #ViolencesPolicieres qui se répètent ds les quartiers populaires, souvent sur les personnes racisées.

@gouvernementFR

à quand 1 vraie réponse?  »

Le confinement pour préserver la santé des personnes les plus fragiles semble donc à ses yeux moins important que la fracture à la jambe (soignée dans les heures suivantes) d’un délinquant cassant les oreilles de tout le monde en pleine nuit.

La victimisation petite-bourgeoise, de type postmoderne, montre ici son visage anti-populaire, au service du cannibalise social.

La Gauche, si elle ne veut pas se faire broyer par le mouvement de l’Histoire, doit absolument se débarrasser de ces usurpateurs comme Mélanie Luce qui pourrissent de l’intérieur toutes les questions démocratiques, tous les combats populaires. La Gauche, c’est la haine des comportements anti-sociaux, d’où qu’ils soient, du bas de la société ou de ses plus hautes sphères.

Et même encore plus quand c’est en bas de la société, car sans le socialisme le peuple bascule dans l’ignorance, la déchéance morale, l’aliénation, le désespoir…

Face à une telle décomposition sociale, et en pleine crise sanitaire, il faut un État fort, s’appuyant solidement sur les classes populaires car étant leur expression directe,  avec comme seule boussole l’intérêt collectif.

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Communiqué du Parti socialiste appelant à la protection des forces de l’ordre

Le Parti socialiste a raison d’appeler à la protection des forces de l’ordre dans leur mission vitale de surveillance du confinement. On peut bien penser ce qu’on veut de l’Etat actuel, de la police et des gendarmes, qu’ils sont vendus au capitalisme ou bien qu’ils sont leurs outils, mais dans une crise sanitaire d’une telle envergure, ils sont en première ligne. Ils ne sont pas là dans une ambiance de guerre civile, contrairement aux vains racontars de l’ultra-gauche.

Les policiers et les gendarmes ne tuent pas, ne répriment pas : ils servent la population en veillant à ce que le confinement réussisse. La mission de surveillance du confinement par les forces de l’ordre est incontournable ; elle n’est pas au-dessus des classes, mais on doit faire avec ce qu’on a, à moins de nier la gravité de la situation.

S’il y a une chose à regretter dans le communiqué du Parti socialiste, c’est que tout cela est vu sous un angle administratif et qu’il n’est nullement considéré que c’est le peuple lui-même qui devrait faire la police et forcer au confinement. C’est d’ailleurs la seule manière que cela marche réellement.

Voici le communiqué de presse du Parti socialiste :

« Les forces de sécurité doivent disposer de masques de protection et de gel hydroalcoolique dans le cadre de leur mission de lutte contre la propagation du Covid-19.

Depuis le 17 mars 2020, plus de 100 000 policiers et gendarmes ont été mobilisés pour permettre la mise en oeuvre des consignes de sécurité et des restrictions de déplacement annoncées par le président de la République.

Or, avec près de 900 000 personnes contrôlées à ce jour, policiers et gendarmes sont plus que jamais exposés au risque de contamination. Il est urgent de mettre à leur disposition du matériel de protection, mais également de mieux adapter les consignes de sécurité aux réalités du terrain.

Manque de matériel de protection 
Dès le 17 mars, les policiers et gendarmes nous ont alerté sur le manque de matériel de protection, notamment de masques et de gel hydroalcoolique. Le 25 mars, le ministère de l’Intérieur a annoncé sa décision de mettre à la disposition des Agences régionales de santé un million de masques FFP2, stock initialement attribué à la gendarmerie nationale. Cette décision a été reconnue par l’ensemble des syndicats de police et de gendarmerie, ainsi que par l’ensemble de la classe politique, au vu de l’urgence absolue à soutenir notre équipe soignante. Cependant, l’absence d’alternatives proposées a soulevé l’inquiétude et l’incompréhension de nos forces de l’ordre. Le 27 mars, Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, a annoncé une première distribution de 300 000 masques à l’intention des forces de sécurité, mis à disposition par le groupe La Poste. Cela ne permettra malheureusement pas de répondre de manière satisfaisante au manque de matériel de protection, en cours depuis le début de la mobilisation.

Difficulté d’appliquer les « gestes barrières » sur le terrain, notamment la distance d’un mètre lors des contrôles 
Nous avons également été interpellés concernant la difficulté des policiers et des gendarmes à appliquer les « gestes barrières » sur le terrain. Les distances de sécurité seraient mal comprises par la population, et la distanciation de sécurité d’un mètre serait difficile à respecter lors de certains contrôles, fixes ou mobiles. Les policiers et les gendarmes ne sont pas suffisamment protégés par la seule mise en place des “gestes barrières” : les consignes doivent être mieux adaptées à la réalité du terrain.

Incompréhension face à certaines consignes du ministère de l’Intérieur 
Laurent Nuñez, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur, a récemment réaffirmé que les policiers et gendarmes ne devaient recourir au port du masque qu’en cas de contrôle de personnes « apparemment symptomatiques ». Or, en l’absence de test, il est impossible de savoir avec certitude si une personne est porteuse ou non du Covid-19 ; ce qui rend difficile l’application d’une telle consigne et suscite de nombreuses interrogations sur son efficacité.

Face à cela, il est urgent de répondre de mettre en place un dispositif garantissant la préservation effective de la santé des policiers et gendarmes présents sur le terrain.

Enfin, à l’ensemble des forces de sécurité, nous souhaitons également leur redire toute notre admiration et notre reconnaissance pour leur courage et leur engagement dans la lutte contre le Covid-19. »

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Politique

La famille de Steve Maia Caniço ne soutient pas les rassemblements aujourd’hui à Nantes

La famille du jeune Steve Maia Caniço a expliqué qu’elle ne soutenait pas les rassemblements qui doivent avoir lieu aujourd’hui à Nantes. L’extrême-gauche et les anarchistes qui organisent ces rassemblements ne mènent pas un combat démocratique et populaire, mais se servent de la moindre occasion pour dérouler leur fiction d’une répression policière systématique et d’un État policier.

C’est la crainte de débordements violents qui a rebuté la famille de Steve Maia Caniço, disparu dans la nuit du 21 au 22 juin dernier et retrouvé sans vie dans la Loire il y a quelques jours. Par le biais de son avocat, elle a fait savoir qu’elle « ne soutenait pas du tout » les appels à manifester ce samedi 2 août. Maître Cécile de Oliveira a même expliqué que le deuil des parents est « abîmé par le fait que Steve devient un enjeu politique très fort », parlant de colère de la part des proches qui considèrent « une forme de confiscation de la mémoire » de leur fils et frère.

Les mots sont très forts. La sœur du jeune homme s’est livrée plus en détail, affirmant ne surtout pas vouloir que le nom de Steve puisse être associé de près ou de loin à des violences, craignant qu’ensuite certains osent faire un amalgame entre des violences et ce qui s’est passé sur le quai Wilson.

Personne n’est dupe en effet des appels sous les mots d’ordre « ni oubli, ni pardon » ou encore « contre les violences policières ». Ce sont évidemment des prétextes pour « casser du flic » et quelques vitrines, de la part de gens dont l’obsession est de croire que « tout le monde déteste la police ».

Ces appels sont soutenus par tout un tas de personnes plus ou moins radicales, depuis les bobos du mouvement Place publique jusqu’aux populistes de la France insoumise. Le PCF est particulièrement mobilisé sur cette affaire, l’un de ses responsables nationaux parlant même de « meurtre d’État ».

Les membres de la section locale du PCF interviennent volontiers à la télévision pour faire de tout cela une affaire d’État, mettant en cause le ministre de l’intérieur et le gouvernement, appelant à des démissions, etc. Il y a eu dans le même genre cette Une pittoresque de L’Humanité hier matin, titrant « Steve : la vérité, toute la vérité », illustrée par une photo sur fond noir « Justice ! ».

Tous ces gens n’ont-ils donc rien d’autre à dire sur la marche actuelle du monde, la tendance à la guerre, la montée du fascisme, l’écocide, pour à ce point ruer dans les brancards en prenant prétexte d’un tel accident dramatique ?

La famille a raison d’être en colère face à ce qui est une opération de récupération odieuse, anti-populaire, faisant de Steve Maia Caniço un totem pour masquer une absence totale de contenu et de perspective politique.

Il est légitime de réclamer la vérité sur les circonstances du décès, c’est même une exigence démocratique fondamentale et c’est d’ailleurs ce que dit la famille. Tout porte à croire que le jeune homme est tombé à l’eau suite à l’intervention policière qui a dégénéré et il y a de toutes manières beaucoup de choses à dire sur cette intervention policière elle-même, dont l’issue reflète bien le chaos dans lequel s’enfonce de plus en plus notre société.

Les sound sytem jouant de la techno ce soir là étaient relégués dans cette partie de la ville, sur un quai non sécurisé, dangereux, hors du périmètre officiel de la fête de la musique. La police est intervenue sous les ordres d’un commissaire dénoncé comme brutal, qui a voulu ici faire appliquer administrativement la réglementation, de manière anti-populaire, probablement en sachant très bien que cela allait dégénérer, ce qui a engendré la chute de plusieurs personnes à l’eau.

Pour autant, l’époque exige beaucoup de raison et de lucidité, mais surtout pas des mises en scène de contestation, d’offuscation, qui n’ont d’ailleurs aucun écho dans les masses populaires.

Contrairement à ce que veulent faire croire l’extrême-gauche et les anarchistes, bien relayés par ce qui reste de l’esprit gilet jaune, la police en France n’assassine pas impunément. Elle n’a pas délibérément jeté dans la Loire des jeunes qui écoutaient de la musique et il n’y a aucune opération systématique et gouvernementale visant à généraliser une violence policière contre le peuple.

La mort de Steve est un drame social, pas un drame simplement policier. C’est toute notre époque qui est en crise, c’est la société elle-même qui perd ses fondements.

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La faillite économique et morale de forces de l’ordre

Loin de la mise en place d’un État policier, on assiste en pratique à l’effondrement des forces de l’ordre sur le plan matériel. Il y a moins de forces de l’ordre, leur matériel est vétuste, leur moral en berne, leur légitimité toujours aussi mise à mal.

Les policiers et les gendarmes finiront bien par se rebeller et une partie soutiendra l’option fasciste pour régénérer l’État. C’est une rengaine qu’on entend dans certains milieux.

Il y aurait une surveillance totale, la Chine notamment utiliserait de hautes technologies pour cela. Le livre 1984 annoncerait un avenir proche, etc. Tout cela est de la paranoïa de classes moyennes, car en pratique, l’État est en faillite. C’est toujours comme cela quand un système est à bout de souffle : son État ne tient plus la route.

Une commission de l’Assemblée nationale vient de rendre public une évaluation sur la police et la gendarmerie. Qu’y apprend-on ? Par exemple, qu’en douze ans, on est passé de 13 621 CRS à 10 728, qu’en douze ans le nombre de pelotons de gendarmerie est passée de 123 à 109. Comment les anarchistes et autres ultras, avec leur fantasme de l’État policier, vont-ils expliquer cela ?

Que les forces de l’ordre, c’est 23 millions d’heures supplémentaires non récupérées (ni payées : il faudrait ici quasiment 300 millions d’euros). L’État ne sait plus quoi faire et de toutes façons s’il le pouvait, il n’en aurait pas les moyens.

Que l’âge moyen des véhicules blindés de la gendarmerie, les 84 véhicules blindés à roues, c’est 45 ans ; que 80 % des bases de gendarmes ont plus de 25 ans. Que le quart des commissariats, c’est un immeuble vétuste. C’est bien connu d’ailleurs : tel commissariat a un mur mitoyen qui s’effondre, tel autre n’a plus d’eau potable, etc.

Les véhicules de police – très sollicités, comme on s’en doute – c’est 7,35 ans d’âge moyen. C’est ahurissant : la police est censée aider les gens. Comment les policiers acceptent-ils cela, tant pour les gens que pour leur propre sécurité ?

Mais c’est que la police reste irrémédiablement séparée de la société. Moins qu’avant en termes de profils individuels, mais organiquement, ce n’est pas la police du peuple. C’est une police non pas de la justice, mais du maintien de l’ordre, dans le sens de la légitimité de la propriété.

N’importe quel policier reconnaît d’ailleurs que sa propre activité est décevante et inopérante par rapport aux vrais problèmes de la société. Les gendarmes, c’est différent, puisque eux sont des militaires, par définition des réactionnaires.

Et pourtant ils ne sont pas mieux lotis. Voici ce qu’on lit dans le rapport :

« La visite à la brigade de gendarmerie de Chaumes-en-Brie a permis au rapporteur de constater que quinze militaires se partageaient deux casques, deux gilets lourds, un unique pistolet à impulsions électriques, un seul lanceur de balle de défense et un seul diffuseur de gaz lacrymogène de grande contenance ».

C’est intenable et donc cela ne tiendra pas. Les gendarmes soutiendront immanquablement les forces les plus réactionnaires. Une partie de la police aussi, mais une partie significative d’entre elle s’y refusera et une autre combattra même cela.

Car ce qui se joue, c’est le rapport à la société des forces de l’ordre, alors que la société se dilue dans l’individualisme et l’indifférence. Les forces de l’ordre voient bien cela et en même temps elles sont contaminées par cette décadence. L’esprit élitiste d’extrême-Droite se déploie en même temps dans des interstices. Jusqu’à la crise.

En fait, il y a besoin de l’État, mais cet État doit être totalement nouveau, pour mettre en place un ordre nouveau. Il devrait par conséquent être porté par la Gauche, à tous les niveaux. Ce n’est malheureusement pas le programme de la Gauche, alors que l’extrême-Droite a précisément le projet d’un État restructuré par elle. Au lieu de l’ordre nouveau auquel appelait Antonio Gramsci, on ne va avoir que la proposition d’un pseudo « ordre nouveau » de la part des nationalistes et des militaristes.

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Communiqué du Groupe communiste au Sénat contre la mobilisation des militaires de Sentinelle

Le Groupe communiste républicain citoyen écologiste (CRCE) au Sénat a produit un communiqué dénonçant la mobilisation des forces de l’opération Sentinelle pour le prochain samedi des gilets jaunes.

Il est rappelé par ces sénateurs, comme par la plupart des intervenants à Gauche, que ce recours à l’Armée n’est pas conforme à la pratique républicaine qui distingue la Police, qui relève du civil, c’est-à-dire d’un cadre démocratique particulier, de l’Armée, qui relève de la guerre.

La déclaration du gouvernement quant à la mobilisation de ces forces relève en grande partie de l’effet d’annonce, d’un pas de plus dans le grotesque, dans l’ambiance grotesque du pays en ce moment. Il est en effet expliqué par le Ministre de l’intérieur que le préfet de police pourra s’appuyer sur ces militaires, mais qu’ils « ne doivent en AUCUN CAS participer au maintien de l’ordre », et donc qu’ils devront en cas de besoin… appeler la Police.

Cela est absurde, et on aura bien compris que cela vise surtout à renforcer une posture, de manière politicienne, afin d’apparaître comme le parti de l’Ordre, alors qu’en réalité presque rien n’avait été décidé pour empêcher la casse samedi dernier, comme l’ont largement expliqué, franchement ou à demi-mots, les représentants policiers.

Il n’en reste pas moins que cette annonce du recours à l’Armée dans le cadre d’une manifestation sociale est inacceptable sur le plan politique, de part ce que cela sous-tend en arrière plan comme remise en cause du cadre démocratique.

Ainsi, une personnalité comme Ségolène Royale, qui n’avait déjà pas grand-chose de gauche, s’écarte définitivement de la Gauche en déclarant à ce propos :

« Je me suis demandée pourquoi ça n’avait pas été fait plus tôt », ajoutant que « les black blocs ne sont pas des terroristes mais ils sèment la terreur. Et donc c’est la même chose. »

Le recours à l’Armée dans le cadre d’une manifestation raisonne à Gauche comme un danger fascisant, et réveille la mémoire de la grande répression de 1948 faisant intervenir l’Armée. Plusieurs mineurs avaient été tués par les militaires dans le nord de la France après de grandes grèves.

Voici le communiqué du Groupe communiste républicain citoyen écologiste au Sénat :

« Emmanuel Macron doit renoncer au recours à l’armée à l’occasion de l’Acte 19 des Gilets jaunes

Emmanuel Macron a annoncé sa décision de recourir aux militaires de Sentinelle pour, dans le cadre de l’Acte 19 des Gilets jaunes, « sécuriser les points fixes et statiques conformément à leur mission ».

Contrairement à ce qui a été affirmé par Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, à l’issue du Conseil des ministres, ces militaires aucunement formés au maintien de l’ordre et équipés d’un matériel de guerre seront de fait associés à l’action de la police.

C’est une décision grave qui marque une étape inquiétante dans la surenchère sécuritaire en cours.
L’interdiction de manifester, la compétition malsaine entre le pouvoir et la droite la plus dure pour bomber le torse face au mouvement des Gilets jaunes, menacent de porter atteinte aux libertés fondamentales et en premier lieu au droit de manifester.

Les sénatrices et les sénateurs du groupe CRCE l’ont dit et répété, ils condamnent les destructions et les violences qui surviennent lors de certaines manifestations. Cette casse dessert le mouvement.
Mais ils ont également souligné l’attitude du pouvoir qui pousse à une escalade potentiellement dévastatrice pour notre pays.

Les sénatrices et les sénateurs du groupe CRCE estiment que le Parlement doit être informé et consulté pour une si grave décision.

En tout état de cause, Emmanuel Macron doit respecter la pratique républicaine en matière de maintien de l’ordre qui en réserve l’exercice à la police et à la gendarmerie.

Ils rappellent à cet égard que depuis 1921, le maintien de l’ordre dans le cadre des manifestations est confié à la gendarmerie et à la police.

Ce pouvoir a en effet été transféré, par un vote à l’Assemblée nationale, de l’armée aux effectifs de gendarmerie mobile.

Groupe CRCE au Sénat, le 21 mars 2019 »