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L’irruption d’une profonde crise dans les cités populaires

Le confinement provoque une crise économique, une crise culturelle, une crise politique de ce qu’on peut appeler, même de manière imprécise, les cités populaires. L’esprit rebelle de 2005 a totalement disparu et c’est un mélange de nihilisme et de consumérisme qui prédomine et s’embrase, isolant encore plus ces secteurs populaires du reste du peuple.

L’échec des émeutes de 2005 pèse lourdement sur les cités populaires. Ces émeutes avaient été considérées (pas par la gauche gouvernementale ni même l’extrême-gauche dans sa quasi totalité) comme un pas en avant dans un certain esprit de rupture par des gens espérant qu’enfin en France la lutte des classes reprenne, avec le retour de la question sociale.

Ne nous voilons pas la face, malgré le caractère totalement isolé du phénomène dans le pays, la Gauche se cachait derrière un ministère de l’Intérieur qui, lui, ne décida même pas de l’état d’urgence, comprenant que ce n’était que passager et sans contenu. Qu’allait-il toutefois en ressortir ?

Rien, malheureusement. Les religions se sont largement développées sur le terreau de la défaite culturelle. Le trafic des drogues qui s’est renforcé massivement en parallèle a entièrement gangrené des secteurs populaires entiers.

Les récents accrochages et harcèlement de ces derniers jours, qui concernent environ 50 villes, reflètent cette tendance au triomphe du cannibalisme social. Cette nuit du mardi au mercredi a encore été marquée, en région parisienne, à Lyon, Mâcon ou Tourcoing d’incidents au sens très large.

 


Le pays regarde cela avec naturellement un regard terriblement critique : en plein confinement, il y a de telles actions ! Et tout le monde sait que dans ces cités populaires marginalisées, les comportements anti-sociaux se sont généralisés, dans un style patriarcal mêlé d’esprit lumpen. Que les valeurs identitaires se sont installées, alors que la dimension sociale-révolutionnaire indirectement sous-jacente aux travailleurs immigrés a disparu.

L’immense queue pour le drive de McDonald’s venant de rouvrir témoigne de cette plongée dans le consumérisme et le nihilisme. Car en même temps, ces cités populaires sont des appuis très clairs à toute une philosophie capitaliste, une volonté de s’en sortir par le business, voire même le cannibalisme social.

 


L’ultra-gauche développe bien entendu une rhétorique anti-policière primaire, sans voir naturellement que bon nombre de policiers sont désormais issus du peuple et l’assument. Finie l’époque où la police était une caste entièrement séparée du peuple. C’est encore vrai en partie, mais dans les grandes lignes c’est terminé et cela ne distingue qu’encore plus les policiers des gendarmes.

Il ne faut évidemment pas pour autant s’attendre à ce qu’avec l’État actuel, les policiers ne soient pas aliénés par leurs fonctions, alors que leurs dirigeants sont extérieurs au peuple, quand ils ne sont pas même corrompus par les mafias. Reste que faire de la police l’alpha et l’oméga des questions de notre époque n’a aucun sens.

On peut d’ailleurs dire que si la révolte de 2005 a été une affirmation réformiste, un appel à l’aide avec des traits sociaux-révolutionnaires, on est actuellement dans une déliquescence totale, une expression d’une aliénation complète, totalement masculine et ouvertement liée au cannibalisme social.

C’est une crise énorme pour les cités populaires, mais une crise salutaire car de l’échec de l’expression nihiliste, après l’échec de la proposition stratégique islamiste, doit venir la recomposition populaire, inévitable.

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Société

Villeneuve-la-Garenne : le désemparement de l’État face au cannibalisme social

Un homme a été blessé à Villeneuve-la-Garenne en banlieue parisienne après avoir percuté la portière d’une voiture de police, alors qu’il roulait à contre-sens sur une piste cyclable, sans casque, à toute allure, de nuit, sur une moto très bruyante. Qu’un tel comportement anti-social soit possible, et récurent, montre une grande faiblesse de la part de l’État, alors que nous sommes dans une période nécessitant la plus grande discipline collective et le plus strict respect des consignes sanitaires pour préserver les personnes âgées et fragiles.

Faut-il être complètement arriéré pour, à 30 ans, en plein confinement sanitaire, « s’amuser » à faire des aller-retours en moto la nuit à pleine vitesse, sans aucune considération pour qui que ce soit ? Et dire que cet homme a le toupet de porter plainte contre la police, comme l’a annoncé le populiste Taha Bouahafs ayant parlé avec l’avocat…

On a affaire ici à ce qu’il faut qualifier de véritable cannibalisme social, consistant en le mépris total pour toute perspective collective, pour toute considération sociale. Le vrombissement insupportable des moto-cross, des mini-motos et des quads est l’illustration sonore habituelle de ce mépris pour les autres, y compris pendant le confinement. Surtout pendant le confinement.

Les habitants des quartiers HLM se retrouvent alors complètement désemparés, abandonnés par un État incapable de faire respecter les règles de vie commune les plus élémentaires. Ces derniers jours, des attaques délibérées contre la police ont été recensées dans de nombreuses cités, comme avec ce guet-apens contre des motards de la police filmé à Hem dans le Nord. Il y a eu des incidents de ce type à Chanteloup-les-Vignes, à Grigny, au Val Fourré, à Trappes, à Villiers-sur-Marne, à Bordeaux, à Évreux ou encore au Havre, en plein confinement donc.

Le chiffre donné par la police du nombre de verbalisations pour non-respect des autorisations de sortie est d’ailleurs monstrueux : plus de 800 000, pour 13,5 millions de contrôles. Comment l’État peut-il prétendre que le confinement est bien respecté par la population française avec un tel chiffre ?

À Villeneuve-la-Garenne, il y a eu après la chute du délinquant à moto (qui est de surcroît sous contrôle judiciaire depuis le 16 mars pour menaces de mort d’après la presse), un attroupement de plusieurs dizaines de personnes menaçant la police, filmant de manière hargneuse en prétendant qu’une jambe était arrachée, etc. S’en est suivi dans la journée de dimanche le cinéma habituel sur les réseaux sociaux avec une dénonciation des « violences policières », allant jusqu’à la diffusion de la photo d’un des policiers et à des appels à la vengeance.

Il existe ainsi en France toute une attitude, tout un réseau de gens, valorisant ou défendant ce cannibalisme social, justifiant cela par tout et n’importe quoi. La palme de l’indécence revient certainement ici à Mélanie Luce, la présidente de la moribonde Unef (le syndicat étudiant historiquement lié à la Gauche), qui a trouvé opportun de faire ce commentaire stupide :

«  #VilleneuveLaGarenne Encore, encore et encore. Le #confinement ne justifie ni tabassage, ni perte de membre, ni mort. Marre de ces #ViolencesPolicieres qui se répètent ds les quartiers populaires, souvent sur les personnes racisées.

@gouvernementFR

à quand 1 vraie réponse?  »

Le confinement pour préserver la santé des personnes les plus fragiles semble donc à ses yeux moins important que la fracture à la jambe (soignée dans les heures suivantes) d’un délinquant cassant les oreilles de tout le monde en pleine nuit.

La victimisation petite-bourgeoise, de type postmoderne, montre ici son visage anti-populaire, au service du cannibalise social.

La Gauche, si elle ne veut pas se faire broyer par le mouvement de l’Histoire, doit absolument se débarrasser de ces usurpateurs comme Mélanie Luce qui pourrissent de l’intérieur toutes les questions démocratiques, tous les combats populaires. La Gauche, c’est la haine des comportements anti-sociaux, d’où qu’ils soient, du bas de la société ou de ses plus hautes sphères.

Et même encore plus quand c’est en bas de la société, car sans le socialisme le peuple bascule dans l’ignorance, la déchéance morale, l’aliénation, le désespoir…

Face à une telle décomposition sociale, et en pleine crise sanitaire, il faut un État fort, s’appuyant solidement sur les classes populaires car étant leur expression directe,  avec comme seule boussole l’intérêt collectif.

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Politique

Communiqué du Parti socialiste appelant à la protection des forces de l’ordre

Le Parti socialiste a raison d’appeler à la protection des forces de l’ordre dans leur mission vitale de surveillance du confinement. On peut bien penser ce qu’on veut de l’Etat actuel, de la police et des gendarmes, qu’ils sont vendus au capitalisme ou bien qu’ils sont leurs outils, mais dans une crise sanitaire d’une telle envergure, ils sont en première ligne. Ils ne sont pas là dans une ambiance de guerre civile, contrairement aux vains racontars de l’ultra-gauche.

Les policiers et les gendarmes ne tuent pas, ne répriment pas : ils servent la population en veillant à ce que le confinement réussisse. La mission de surveillance du confinement par les forces de l’ordre est incontournable ; elle n’est pas au-dessus des classes, mais on doit faire avec ce qu’on a, à moins de nier la gravité de la situation.

S’il y a une chose à regretter dans le communiqué du Parti socialiste, c’est que tout cela est vu sous un angle administratif et qu’il n’est nullement considéré que c’est le peuple lui-même qui devrait faire la police et forcer au confinement. C’est d’ailleurs la seule manière que cela marche réellement.

Voici le communiqué de presse du Parti socialiste :

« Les forces de sécurité doivent disposer de masques de protection et de gel hydroalcoolique dans le cadre de leur mission de lutte contre la propagation du Covid-19.

Depuis le 17 mars 2020, plus de 100 000 policiers et gendarmes ont été mobilisés pour permettre la mise en oeuvre des consignes de sécurité et des restrictions de déplacement annoncées par le président de la République.

Or, avec près de 900 000 personnes contrôlées à ce jour, policiers et gendarmes sont plus que jamais exposés au risque de contamination. Il est urgent de mettre à leur disposition du matériel de protection, mais également de mieux adapter les consignes de sécurité aux réalités du terrain.

Manque de matériel de protection 
Dès le 17 mars, les policiers et gendarmes nous ont alerté sur le manque de matériel de protection, notamment de masques et de gel hydroalcoolique. Le 25 mars, le ministère de l’Intérieur a annoncé sa décision de mettre à la disposition des Agences régionales de santé un million de masques FFP2, stock initialement attribué à la gendarmerie nationale. Cette décision a été reconnue par l’ensemble des syndicats de police et de gendarmerie, ainsi que par l’ensemble de la classe politique, au vu de l’urgence absolue à soutenir notre équipe soignante. Cependant, l’absence d’alternatives proposées a soulevé l’inquiétude et l’incompréhension de nos forces de l’ordre. Le 27 mars, Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, a annoncé une première distribution de 300 000 masques à l’intention des forces de sécurité, mis à disposition par le groupe La Poste. Cela ne permettra malheureusement pas de répondre de manière satisfaisante au manque de matériel de protection, en cours depuis le début de la mobilisation.

Difficulté d’appliquer les « gestes barrières » sur le terrain, notamment la distance d’un mètre lors des contrôles 
Nous avons également été interpellés concernant la difficulté des policiers et des gendarmes à appliquer les « gestes barrières » sur le terrain. Les distances de sécurité seraient mal comprises par la population, et la distanciation de sécurité d’un mètre serait difficile à respecter lors de certains contrôles, fixes ou mobiles. Les policiers et les gendarmes ne sont pas suffisamment protégés par la seule mise en place des “gestes barrières” : les consignes doivent être mieux adaptées à la réalité du terrain.

Incompréhension face à certaines consignes du ministère de l’Intérieur 
Laurent Nuñez, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur, a récemment réaffirmé que les policiers et gendarmes ne devaient recourir au port du masque qu’en cas de contrôle de personnes « apparemment symptomatiques ». Or, en l’absence de test, il est impossible de savoir avec certitude si une personne est porteuse ou non du Covid-19 ; ce qui rend difficile l’application d’une telle consigne et suscite de nombreuses interrogations sur son efficacité.

Face à cela, il est urgent de répondre de mettre en place un dispositif garantissant la préservation effective de la santé des policiers et gendarmes présents sur le terrain.

Enfin, à l’ensemble des forces de sécurité, nous souhaitons également leur redire toute notre admiration et notre reconnaissance pour leur courage et leur engagement dans la lutte contre le Covid-19. »

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Société

La violence aveugle des jeunes dans les cités pour Halloween

L’actualité est marquée par quelques violences liées à Halloween dans les cités, avec notamment ce centre culturel brûlé à Chanteloup-les-Vignes dans les Yvelines, ainsi que cette école elle aussi brûlée à Bézier dans l’Hérault. Cela ne relève toutefois pas d’une insurrection généralisée ou d’une mise en péril de l’État, mais d’une grande décomposition sociale s’exprimant dans une violence aveugle, strictement parallèle à la décomposition de la Gauche historique.

Le gouvernement fanfaronne en prétendant que les récentes violences dans les cités seraient une réaction à son plan de lutte contre la drogue. Le Premier ministre lui-même a été dépêché pour expliquer :

« Nous sommes parfaitement conscients de ce que lorsque nous bousculons les trafics de stupéfiants, cela crée des tensions (…). Mais nous sommes déterminés à faire en sorte que ce trafic puisse cesser et à faire en sorte que l’ordre puisse être respecté et rétabli ».

Qui peut croire à cela, franchement ? Déjà parce que le trafic de drogue n’est nullement empêché en France et de toutes manière ce genre de violences spectaculaires n’est pas son mode opératoire. Personne ne peut croire que les réseaux de trafiquants auraient à ce point la main qu’ils s’imagineraient faire pression directement sur le gouvernement.

D’ailleurs, aussi impressionnantes peuvent-elles êtres, ces violences ne représentent en réalité pas grand-chose. On peut bien sûr être en colère contre le fait que des adolescents en soient rendu à brûler une école primaire ou un bâtiment culturel, pour ce qui relève surtout d’une surenchère concurrentielle entre cités via Snapchat. Mais à part pour les habitants directement concernés ( et encore ), cela ne change pas grand-chose à la marche quotidienne du pays. C’est anecdotique, bien plus anecdotique que la fermeture d’une usine ou l’installation d’un nouveau centre commercial.

Il n’y a d’ailleurs pas particulièrement de blessés graves du côté des forces de l’ordre, qui sont extrêmement bien équipées et rodées à ce genre de confrontations. C’est violent certes, mais il ne s’agit dans la plupart des cas que de cailloux et de tir de feux d’artifices par des adolescents en quête de sensations fortes. Tout au plus y a-t-il parfois des jets de boules de pétanque ou des cocktails Molotov.

C’est un peu l’équivalent des gilets jaunes et des « blacks blocs » le samedi, mais en version adolescents prolétaires issus de l’immigration et en moins prétentieux. Dans les deux cas, cela consiste en beaucoup de bruit pour en fait pas grand-chose, ce qui est une attitude très française.

Il ne faudrait pas pour autant nier la pression que subissent les forces de l’ordre et les pompiers, qui sont ici en première ligne pour « gérer » la décomposition sociale (et ne surtout rien régler). Comme si cela ne leur suffisait pas de voir leurs moyens matériels se dégrader, de faire énormément d’heures supplémentaires, d’arrêter en permanence des délinquants qui sont ensuite relâchés par la Justice, ils doivent aussi se « coltiner » ces bandes d’adolescent leur tendant des guets-apens pour s’amuser en criant « mort aux porcs » et autres idioties du genre.

Les statistiques officielles sont ici assez marquantes. Depuis le début de l’année, les « violences contre les dépositaires de l’autorité » ont augmentée de 14 %, soit 29 254 faits comptabilisés fin septembre. Cela donne en moyenne 107 agressions par jour. Il faut compter à côté de cela 22 624 outrages sur la même période.

Tout cela est la preuve d’une grande décomposition sociale dans le pays, avec une généralisation des attitudes décadentes autodestructrices. Les policiers et les pompiers sont pris pour cible à titre individuel, comme des totems, mais il n’y a aucun contenu politico-culturel à ces agressions, ni aucune perspective positive évidemment. Le plus inquiétant d’ailleurs en ce qui concerne les cités est qu’il ne semble y avoir aucun adulte pour mettre le holà aux bêtises des jeunes ou pour les aider à orienter positivement leur besoin de révolte.

Dans les années 1990, il y a eu le film Ma 6T va craker comme étendard de ce qui était censé être le summum de la révolte sociale. On peut avoir beaucoup de sympathie encore aujourd’hui pour le clip « La sédition » de 2 bal et Mystik (issu de la BO très réussi du film lui sans intérêt), qui était un clip d’une grande vigueur et assumait même un discours révolutionnaire communiste.

Mais que s’est-il passé depuis ? L’échec de la révolte de 2005, avec une Gauche cachée sous la table, a permis la grande offensive des islamistes. Parallèlement à cela, la Gauche institutionnelle a toujours plus disparu des cités, pour ne les regarder que de loin avec un discours misérabiliste, comme si les gens y vivaient en guenille en ayant à peine de quoi manger. Cela a directement laisser l’espace à une nouvelle génération de petits-bourgeois jouant sur le communautarisme et l’idéologie pseudo-décoloniale pour prendre des places dans la société capitaliste.

Bien sûr, la vie dans ces banlieues sensibles des grandes villes ne fait pas rêver, surtout pour qui ne supporte pas les trafics de drogues et les attitudes patriarcales des garçons comme le vrombissement de grosses cylindrées.

Ces attitudes sont d’autant plus détestables qu’elles sont largement encouragées par des petits-bourgeois de centre-ville fantasmant sur certains clips de rap, comme le ridicule et caricatural clip « Fuck le 17 » récemment.

En attendant, la Droite et l’extrême-Droite ont le champ libre pour dérouler leur discours et préparer l’opinion à un changement de régime, dans le sens d’une intégration forcée et généralisée au nationalisme.

Bruno Retailleau, un des leaders de la Droite s’est ainsi enflammé :

« Les incendiaires de Chanteloup-les-Vignes ne sont pas des imbéciles et des irresponsables comme le dit Édouard Philippe. Ce sont des criminels qui veulent affaiblir la République. Tant que les réponses politique et pénale seront aussi faibles, cette situation ne changera pas »

Guillaume Peltier, l’un des principaux responsables du parti Les Républicains, a même plaidé pour que « les mineurs délinquants récidivistes » aillent en service militaire obligatoire.

On aura compris que le jeune Jordan Bardella, vice-président du Rassemblement national, appel pour sa part directement à une réaction violente et organisée contre les jeunes de cité  :

« la solution ne réside pas dans plus de politique de la ville et plus de milliards d’euros, mais dans la sortie de l’angélisme et dans le rétablissement de l’ordre républicain, en regardant les causes en face: l’immigration massive, le communautarisme, le rejet de la France et de ses valeurs, la ‘culture racaille’, et les trafics en tous genres qui alimentent ces quartiers ».

On a le même genre de propos du côté du PCF avec le bourgeois Ian Brossat, adjoint à la Maire de Paris, qui en appel au « retour de l’État dans nos quartiers populaires » et à plus de Police, comme si l’État français était une force neutre, au service de la population… Comme si d’ailleurs l’État avait déserté les « quartiers » et qu’il n’y avait aucune structures d’aide sociale, d’animation culturelle, de soutien scolaire, etc.

C’est la Gauche historique qui par contre a largement disparu des quartiers populaires. C’est cela le grand drame des cités, tout comme c’est le drame des zones pavillonnaires populaires et des campagnes ouvrières. C’est cela qu’il faut changer, pour remettre le prolétariat et la perspective d’une société nouvelle, démocratique et populaire, au centre des préoccupations populaires.

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Société

Le teknival «Tek’Steve’All» en périphérie de Nantes

Pratiquement 15 000 personnes se sont rassemblées en périphérie de Nantes pour un teknival nommé « Tek’Steve’All », en référence au jeune décédé dans cette ville lors de la fête de la musique. L’événement, traditionnel dans sa forme, a ouvertement assumé un discours anarchiste, prônant la vie à l’écart des valeurs dominantes, la haine de la police, le cantonnement dans une fuite en avant dans le « son » et, bien évidemment, l’alcool et les drogues.

Depuis l’occupation de la piscine Molitor à Paris en 2001 pour une free party historique, la scène techno des frees et des teknivals a toujours oscillé entre une volonté de reconnaissance et un goût prononcé pour la marginalité. Les exigences préfectorales ont cependant toujours été telles que finalement, c’est le choix de la bande à part qui a été fait pour ceux refusant de tout abandonner ; sur la vingtaine de frees de l’année dernière, une seule avait été déclarée.

La mort de Steve lors d’une fête techno à Nantes a forcément transcendé une scène qui, à l’arrière-plan, a toujours connu un énorme problème d’identité. À l’opposé du phénomène de masse que cela a été en Angleterre, la scène techno française des frees a toujours surtout rassemblé des jeunes à la périphérie des grandes villes, cherchant une dynamique culturelle positive.

L’apolitisme dominant – même si de manière régulière la chanson « porcherie » (sic!) des Béruriers Noirs clôt une free – se résume donc toujours par cette volonté suprême d’être « laissé tranquille ». Les multiples slogans du teknival qui vient de se dérouler sont à comprendre en ce sens :

« La police peut nuire à vous et à vos proches », « Etat policier, rue de la répression », « Ni oubli ni pardon pour Steve », « Justice pour Steve », « Justice pour Steve, mort pour avoir dansé », « Partout comme en teuf, défendons-nous face aux keufs », « Légitime défiance, la police est coupable », « La police tue… pas nos basses ! », « Face à la répression, unis pour nos libertés », « danger police », « UnisSONs-nous et RAVE’oltons-nous contre la répression », etc.

Cela semble d’autant plus rebelle que, conformément à l’esprit des teknivals, il y a un vrai effort de fait pour la décoration, le jeu de lumières, la qualité des sound-system, etc. Le problème est que cela fait 20 ans que les choses n’ont pas bougé. La scène des free parties vit dans la passé. Elle écoute une musique du passé, avec un style du passé. Rien ne bouge, surtout rien ne doit bouger.

À cela s’ajoute le problème de fond : l’utilisation obligatoire de drogues. La scène techno des free parties n’utilise pas les drogues comme un moyen, ce sont désormais les drogues qui l’utilisent comme moyen. Le problème des drogues était déjà énorme à la base, mais il était possible de discuter. Aujourd’hui c’est impossible, les drogues imposent leur domination totale. Ce panneau d’avertissement artisanal au teknival de Nantes prévenant, sur un pont, qu’en-dessous il y a un cour d’eau, en dit long :

Le teknival « Tek’Steve’All » est donc régressif sur tous les plans, ce qui est typique d’une orientation anarchiste. C’est une simple expression de la volonté de vivre isolé, à l’écart, sans intervention de l’État, pour vivoter d’une manière artisanale tout en se défonçant, tout en imaginant que culturellement on écoute une musique « underground », incompréhensible pour le commun des mortels vivant une vie banale, etc.

Le monde peut s’effondrer, tant pis, il faut vivre à l’écart. « Plus le son est fort, moins on entend le monde s’effondrer. »

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Politique

La famille de Steve Maia Caniço ne soutient pas les rassemblements aujourd’hui à Nantes

La famille du jeune Steve Maia Caniço a expliqué qu’elle ne soutenait pas les rassemblements qui doivent avoir lieu aujourd’hui à Nantes. L’extrême-gauche et les anarchistes qui organisent ces rassemblements ne mènent pas un combat démocratique et populaire, mais se servent de la moindre occasion pour dérouler leur fiction d’une répression policière systématique et d’un État policier.

C’est la crainte de débordements violents qui a rebuté la famille de Steve Maia Caniço, disparu dans la nuit du 21 au 22 juin dernier et retrouvé sans vie dans la Loire il y a quelques jours. Par le biais de son avocat, elle a fait savoir qu’elle « ne soutenait pas du tout » les appels à manifester ce samedi 2 août. Maître Cécile de Oliveira a même expliqué que le deuil des parents est « abîmé par le fait que Steve devient un enjeu politique très fort », parlant de colère de la part des proches qui considèrent « une forme de confiscation de la mémoire » de leur fils et frère.

Les mots sont très forts. La sœur du jeune homme s’est livrée plus en détail, affirmant ne surtout pas vouloir que le nom de Steve puisse être associé de près ou de loin à des violences, craignant qu’ensuite certains osent faire un amalgame entre des violences et ce qui s’est passé sur le quai Wilson.

Personne n’est dupe en effet des appels sous les mots d’ordre « ni oubli, ni pardon » ou encore « contre les violences policières ». Ce sont évidemment des prétextes pour « casser du flic » et quelques vitrines, de la part de gens dont l’obsession est de croire que « tout le monde déteste la police ».

Ces appels sont soutenus par tout un tas de personnes plus ou moins radicales, depuis les bobos du mouvement Place publique jusqu’aux populistes de la France insoumise. Le PCF est particulièrement mobilisé sur cette affaire, l’un de ses responsables nationaux parlant même de « meurtre d’État ».

Les membres de la section locale du PCF interviennent volontiers à la télévision pour faire de tout cela une affaire d’État, mettant en cause le ministre de l’intérieur et le gouvernement, appelant à des démissions, etc. Il y a eu dans le même genre cette Une pittoresque de L’Humanité hier matin, titrant « Steve : la vérité, toute la vérité », illustrée par une photo sur fond noir « Justice ! ».

Tous ces gens n’ont-ils donc rien d’autre à dire sur la marche actuelle du monde, la tendance à la guerre, la montée du fascisme, l’écocide, pour à ce point ruer dans les brancards en prenant prétexte d’un tel accident dramatique ?

La famille a raison d’être en colère face à ce qui est une opération de récupération odieuse, anti-populaire, faisant de Steve Maia Caniço un totem pour masquer une absence totale de contenu et de perspective politique.

Il est légitime de réclamer la vérité sur les circonstances du décès, c’est même une exigence démocratique fondamentale et c’est d’ailleurs ce que dit la famille. Tout porte à croire que le jeune homme est tombé à l’eau suite à l’intervention policière qui a dégénéré et il y a de toutes manières beaucoup de choses à dire sur cette intervention policière elle-même, dont l’issue reflète bien le chaos dans lequel s’enfonce de plus en plus notre société.

Les sound sytem jouant de la techno ce soir là étaient relégués dans cette partie de la ville, sur un quai non sécurisé, dangereux, hors du périmètre officiel de la fête de la musique. La police est intervenue sous les ordres d’un commissaire dénoncé comme brutal, qui a voulu ici faire appliquer administrativement la réglementation, de manière anti-populaire, probablement en sachant très bien que cela allait dégénérer, ce qui a engendré la chute de plusieurs personnes à l’eau.

Pour autant, l’époque exige beaucoup de raison et de lucidité, mais surtout pas des mises en scène de contestation, d’offuscation, qui n’ont d’ailleurs aucun écho dans les masses populaires.

Contrairement à ce que veulent faire croire l’extrême-gauche et les anarchistes, bien relayés par ce qui reste de l’esprit gilet jaune, la police en France n’assassine pas impunément. Elle n’a pas délibérément jeté dans la Loire des jeunes qui écoutaient de la musique et il n’y a aucune opération systématique et gouvernementale visant à généraliser une violence policière contre le peuple.

La mort de Steve est un drame social, pas un drame simplement policier. C’est toute notre époque qui est en crise, c’est la société elle-même qui perd ses fondements.

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Société

La faillite économique et morale de forces de l’ordre

Loin de la mise en place d’un État policier, on assiste en pratique à l’effondrement des forces de l’ordre sur le plan matériel. Il y a moins de forces de l’ordre, leur matériel est vétuste, leur moral en berne, leur légitimité toujours aussi mise à mal.

Les policiers et les gendarmes finiront bien par se rebeller et une partie soutiendra l’option fasciste pour régénérer l’État. C’est une rengaine qu’on entend dans certains milieux.

Il y aurait une surveillance totale, la Chine notamment utiliserait de hautes technologies pour cela. Le livre 1984 annoncerait un avenir proche, etc. Tout cela est de la paranoïa de classes moyennes, car en pratique, l’État est en faillite. C’est toujours comme cela quand un système est à bout de souffle : son État ne tient plus la route.

Une commission de l’Assemblée nationale vient de rendre public une évaluation sur la police et la gendarmerie. Qu’y apprend-on ? Par exemple, qu’en douze ans, on est passé de 13 621 CRS à 10 728, qu’en douze ans le nombre de pelotons de gendarmerie est passée de 123 à 109. Comment les anarchistes et autres ultras, avec leur fantasme de l’État policier, vont-ils expliquer cela ?

Que les forces de l’ordre, c’est 23 millions d’heures supplémentaires non récupérées (ni payées : il faudrait ici quasiment 300 millions d’euros). L’État ne sait plus quoi faire et de toutes façons s’il le pouvait, il n’en aurait pas les moyens.

Que l’âge moyen des véhicules blindés de la gendarmerie, les 84 véhicules blindés à roues, c’est 45 ans ; que 80 % des bases de gendarmes ont plus de 25 ans. Que le quart des commissariats, c’est un immeuble vétuste. C’est bien connu d’ailleurs : tel commissariat a un mur mitoyen qui s’effondre, tel autre n’a plus d’eau potable, etc.

Les véhicules de police – très sollicités, comme on s’en doute – c’est 7,35 ans d’âge moyen. C’est ahurissant : la police est censée aider les gens. Comment les policiers acceptent-ils cela, tant pour les gens que pour leur propre sécurité ?

Mais c’est que la police reste irrémédiablement séparée de la société. Moins qu’avant en termes de profils individuels, mais organiquement, ce n’est pas la police du peuple. C’est une police non pas de la justice, mais du maintien de l’ordre, dans le sens de la légitimité de la propriété.

N’importe quel policier reconnaît d’ailleurs que sa propre activité est décevante et inopérante par rapport aux vrais problèmes de la société. Les gendarmes, c’est différent, puisque eux sont des militaires, par définition des réactionnaires.

Et pourtant ils ne sont pas mieux lotis. Voici ce qu’on lit dans le rapport :

« La visite à la brigade de gendarmerie de Chaumes-en-Brie a permis au rapporteur de constater que quinze militaires se partageaient deux casques, deux gilets lourds, un unique pistolet à impulsions électriques, un seul lanceur de balle de défense et un seul diffuseur de gaz lacrymogène de grande contenance ».

C’est intenable et donc cela ne tiendra pas. Les gendarmes soutiendront immanquablement les forces les plus réactionnaires. Une partie de la police aussi, mais une partie significative d’entre elle s’y refusera et une autre combattra même cela.

Car ce qui se joue, c’est le rapport à la société des forces de l’ordre, alors que la société se dilue dans l’individualisme et l’indifférence. Les forces de l’ordre voient bien cela et en même temps elles sont contaminées par cette décadence. L’esprit élitiste d’extrême-Droite se déploie en même temps dans des interstices. Jusqu’à la crise.

En fait, il y a besoin de l’État, mais cet État doit être totalement nouveau, pour mettre en place un ordre nouveau. Il devrait par conséquent être porté par la Gauche, à tous les niveaux. Ce n’est malheureusement pas le programme de la Gauche, alors que l’extrême-Droite a précisément le projet d’un État restructuré par elle. Au lieu de l’ordre nouveau auquel appelait Antonio Gramsci, on ne va avoir que la proposition d’un pseudo « ordre nouveau » de la part des nationalistes et des militaristes.

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Écologie

Chasse à courre : les policiers de l’Oise ont raison !

Certains policiers de l’Oise se plaignent de devoir protéger les véneries de « quelques aristocrates ». Ils posent avec justesse la question du fonctionnement de la police, censé servir le droit et donc le peuple, et non pas servir de milice armée privée au service de quelques uns.

La prolétarisation des policiers est flagrante depuis quelques décennies ; loin de l’image d’Épinal du flic facho d’antan, brutal et coupé du reste de la population, même s’il en reste, le policier est aujourd’hui un type normal vivant comme tous les autres, et même parfois un fonctionnaire qui n’hésite pas à revendiquer de manière bruyante.

Le fait que des policiers de l’Oise critiquent de manière véhémente la décision du préfet de les envoyer protéger une chasse à courre est exemplaire de cela. Tout le monde sait dans l’Oise que le préfet soutient totalement la chasse à courre, pratiquée par la haute bourgeoisie locale. Dénoncer la protection du préfet à la chasse à courre, en la qualifiant de « sécurité privée », c’est assumer un positionnement démocratique tout à fait clair.

« Alors qu’ils réclament « à cors et à cris » des effectifs supplémentaires,
Alors que l’administration s’est engagée à supprimer les taches indues,
A l’heure où les parlementaires étudient la coproduction de sécurité,
les policiers sont détournés des missions de sécurité publique afin d’assurer les privilèges de la noblesse.
ALLIANCE est sur ce sujet, comme sur d’autres, à cheval sur les principes. La Police n’est pas et ne deviendra pas une force de sécurité privée ! »

A l’opposé de tous les discours anarchistes, il faut bien pour la Gauche saisir que ce n’est qu’un début. Car le socialisme, c’est la défense du principe du Droit, dans une perspective universelle. Or, l’État tombe toujours plus les masques, révélant sa nature d’outil pour le maintien de l’ordre au service de la conservation du capitalisme. Et comme beaucoup de policiers entendent servir toute la société, ils ne comptent pas servir seulement quelques uns.

Il s’apercevront donc qu’ils l’ont fait en partie jusqu’à présent, dans la mesure où l’ordre social est à la base inique, injuste, inégalitaire.En fait, les policiers vont commencer à faire du droit, cessant de le déléguer à la magistrature. Et alors ils pourront devenir une vraie police populaire.

En assumant le droit universel, ils fusionneront entièrement avec le peuple. Ce processus, inévitable pour une partie de la police, se déroulera de manière contraire dans l’armée, qui elle va se couper de plus en plus de la société, devenant de manière toujours plus flagrante un service de mercenaires.

Car tout est une question d’État. Veut-on un État au service du peuple, porté par le peuple ? Ou bien un État comme organisme de maintien de l’ordre, comme force de conservation, de l’extérieur du peuple, et contre lui ?

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Parler de mai 1968 aurait été parler des brutalités policières systématiques

"Désolation au quartier latin"Le traumatisme des affrontements du lundi 6 mai 1968 sont forcément la cause du fait que les médias, pour les 50 ans de mai 1968, ne pouvaient pas en parler librement. Si aujourd’hui une petite ultra-gauche délirante parle de violence policière, cela n’est rien du tout comparé au déchaînement de violence policier de mai 1968.

C’est qu’aujourd’hui le régime est tout sauf en crise, alors qu’à l’époque il vacillait littéralement. Les forces de police étaient mobilisés pour écraser la formation d’une contestation ; quelques centaines d’étudiants proposaient quelque chose d’autre concrètement, une alternative de gauche, révolutionnaire, un changement de mise en perspective, de mentalité.

La rudesse des affrontements du 6 mai reflètent cette confrontation, avec au moins 345 policiers atteints par des projectiles divers, plus de 500 blessés chez les étudiants, et de simples passants tabassés par la police également.

Voici un témoignage montrant bien l’ambiance régnante :

« Nous marchions tranquillement place Saint-Sulpice (déserte) lorsque trente C.R.S. et Brigades spéciales nous ont matraqués et laissés pour morts. »

Si jamais on se demande pourquoi – à tort ou à raison – l’élection de François Mitterrand en 1981 a été autant apprécié à gauche, c’est simplement aussi beaucoup pour cela. Le régime était brutal, très brutal, ne laissant aucun espace.

Parler trop de mai 1968 du côté médiatique ou institutionnel, cela aurait été raconté tout cela…

Voici un autre témoignage du même type :

« Ainsi, vers 21 heures, rue de l’Ancienne-Comédie, j’ai aperçu des forces de police. Un Policier court vers le milieu de la place de Buci et lance une bombe ; je recule à l’angle de la rue Grégoire-de-Tours.

Quelques secondes plus tard, des policiers débouchent dans cette rue et se jettent sur moi : aucun étudiant n’était à ma connaissance dans cette rue. Je hurle que je ne suis qu’une passante. A cinq, ils me jettent par terre et me matraquent. Il en est résulté une fracture du bras gauche, un traumatisme crânien avec plaies ouvertes. »

Ou encore :

« Je passais vers 23 heures place de l’Odéon, le 6 mai, quand un cordon de C.R.S. nous arrêta (nous étions en voiture).

Demandant poliment (quand même) de pouvoir passer pour rentrer chez nous, nous avons reçu pour toute réponse un coup de poing par la portière, puis sans plus d’explications nous fûmes éjectés de la voiture par une dizaine de « vrais enragés », je veux dire les C.R.S. et fûmes alors savamment matraqués ; recevant entre autres des coups de matraques sur le nez, etc.

Bilan de l’affaire : un nez cassé, visage tuméfié, cuir chevelu décollé sans compter les insultes à l’égard de nous-mêmes et des jeunes filles qui nous accompagnaient. »

France Soir donne des indications de cette violence systématique :

« Parmi les blessés, une jeune femme serrant dans ses bras un bébé de trois mois (…) Incommodé par des gaz lacrymogènes à la station Odéon, l’enfant avait été pris de vomissements et avait dû être soigné d’urgence.

mai 1968« A minuit, l’hôpital était complet et il fallut faire appel au stock de couvertures pour compléter tous les lits.

« Pas de blessés graves, explique le chef de service ; mais beaucoup de plaies dues aux coups de matraque et par les pavés, quelques fractures, et surtout beaucoup de jeunes gens aveuglés par les grenades lacrymogènes. Quelques-uns, une dizaine environ, qui avaient perdu connaissance, ont été gardés à l’hôpital en observation.

« II entrait un blessé toutes les deux minutes environ dans la salle où j’étais hospitalisé, raconte X., à sa sortie de l’Hôtel-Dieu. Rien que dans ma salle une quinzaine ont été gardés pour la nuit… »

Les gens furent particulièrement marqués par la violence acharnée de la police. Voici un témoignage :

 « Le lundi 6 mai 1968, à 6 heures de l’après-midi, de l’intérieur d’un magasin situé rue Saint-Jacques j’ai été le témoin horrifié de la brutalité avec laquelle deux policiers se sont acharnés à matraquer un étudiant depuis longtemps déjà hors d’état de se défendre, sur le trottoir d’en face, juste devant le jardin de l’église Saint-Séverin. Quelques minutes après, l’étudiant s’est relevé avec difficulté ; il avait la tête en sang ! »

En voici un autre :

« Une charge de C.R.S. se dirigeait vers des étudiants se trouvant rue Monge et place Maubert. Certains étudiants ont été rattrapés, dont deux qui ont été coincés près d’une porte cochère donnant sur le boulevard Saint-Germain (près station Maubert-Mutualité).

Ces deux jeunes gens se sont fait matraquer par la première charge de C.R.S. Ils sont tombés par terre. Par la suite tous les C.R.S. qui arrivaient leur tapaient dessus alors qu’ils étaient par terre et qu’ils ne bougeaient plus. »

C’est une politique de terreur, visant à briser. Un médecin raconte ce qu’il a vu :

« Avoir été témoin, le 6 mai 1968, vers 18 heures, boulevard Saint-Michel, à quelques mètres de la rue Saint-Séverin, des sauvages matraquages sans raison apparente, et après bousculade délibérée ayant eu pour effet de le jeter à terre, d’un jeune homme par des policiers habillés en toile kaki.

mai 1968Je vaquais à mes occupations dans cette zone alors entièrement libre, les affrontements et barrages étant au boulevard Saint-Germain. Le jeune homme, très chevelu, ne faisait rien de mal.

Il déambulait du côté des numéros impairs. Il s’est mis instinctivement à hâter le pas quand il a vu les susdits policiers, qui n’étaient pas en bleu marine mais d’aspect militaire (et que, pour ma part, je voyais pour la première fois en cette tenue insolite) traverser le boulevard en se portant dans sa direction d’un air menaçant. Ils sortaient d’un car de police qui venait de s’arrêter devant le café qui fait le coin, du côté opposé, de la rue et du boulevard.

Ils l’ont rattrapé, jeté à terre et ensuite lui ont porté des coups de matraque sur le crâne. Ces coups résonnaient de façon épouvantable sur la boîte crânienne.

Leur oeuvre faite, ils ont regagné le car sans s’occuper des réactions des passants, parmi lesquels j’étais et avec qui j’ai contribué à relever la victime qui geignait. Une touffe de ses longs cheveux était détachée. »

Un phénomène connu fut les interventions jusque dans les lieux privés. Ainsi :

« Je vous informe que on mari a été brûlé par l’éclatement d’une grenade, le lundi 6 mai vers 16 heures alors qu’il se trouvait à l’intérieur des locaux de son travail, rue Jean-Beauvais.

Des étudiants pourchassés par la police s’y étaient réfugiés. Actuellement il est toujours hospitalisé. »

Voici comment une concierge raconte comment elle s’est prise une grenade lacrymogène :

« Lundi 6 mai environ 20 h 30 – 21 heures. J’étais allée fermer la porte d’entrée. Dans le couloir il y avait un groupe de gens parmi lesquels cinq ou six locataires de l’immeuble. J’ai reçu comme un bloc de glace sur la tête, la tête s’est mise à me brûler, j’ai senti un liquide couler sur tout mon corps et une sensation d’étouffement. J’avais très mal surtout au visage, principalement aux yeux.

Le couloir s’est rempli d’une odeur épouvantable et l’évaporation du liquide remplissait l’air. Mon mari et les gens qui étaient dans le couloir pleuraient. Quelques personnes, parmi lesquelles ces locataires de la maison ont eu aussi des petites brûlures, trois locataires. »

C’est que la violence policière devait frapper vite, fort et à tout prix. Un étudiant non manifestant vit la scène suivante du haut de son balcon rue Monsieur-le-Prince :

« Le lundi 6 mai, les violences ont redoublé, nous étions suffoqués et aveuglés par les gaz lacrymogènes que la police lançait sur les manifestants et dans les vitrines.

Forces de l'ordreCe jour-là un enfant de douze ans environ qui revenait de l’école avec son cartable a été bousculé et renversé par les C.R.S. qui l’ont laissé sur place sans prendre la peine de voir s’il était blessé.

Lorsqu’un C.R.S. parvenait à s’emparer d’un manifestant, aussitôt cinq ou six autres policiers au moins venaient à la rescousse pour, s’acharner sur leur victime qu’ils laissaient ensuite au milieu de la rue dans un état plus ou moins grave.

Entre 19 heures et 19 h 30, des manifestants et des passants poursuivis par la police ont essayé de se réfugier sous le porche du 63 du boulevard Saint-Michel. La porte ne s’est pas ouverte assez vite, les C.R.S. sont arrivés, deux jeunes filles matraquées sont tombées à terre et ont été blessées.

Mais les plus gravement atteints ont été deux étudiants qui, assommés et roués de coups, ont été emmenés sans connaissance quelques instants plus tard par une ambulance. »

Parler de mai 1968 cinquante ans après aurait été parler des brutalités policières systématiques. Cela aurait été remettre en cause la cinquième République, la nature du régime. Comme la Gauche a capitulé à ce sujet, malheureusement, le patrimoine de mai 1968 n’est pas correctement défendu.

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Le sens des brutalités policières du 3 mai 1968

Si l’on peut passer aussi rapidement de l’intervention policière à la Sorbonne du 3 mai 1968 à un appel à généraliser la lutte et l’unifier comme le fait le mouvement du 22 mars le 24 mai 1968, c’est qu’en fait le 3 mai la police s’est littéralement lâchée.

Elle a voulu à tout prix écraser toute velléité de contestation et, certaine de l’hégémonie du régime, elle a cherché la casse. Si on ne saisit pas cela, on ne peut pas comprendre pourquoi Charles de Gaulle appelle, le même 24 mai, à un référendum, s’imaginant que la situation, somme toute, est sous contrôle.

C’est tout le régime qui s’est contracté et qui s’imagine que cela va passer. C’est le sens des brutalités policières généralisées dès le 3 mai 1968.

Un chercheur du C.N.R.S. raconte ce qu’il a vu ce jour-là :

« Vers 15 h 30, l’entrée du 17 rue de la Sorbonne était bloquée, et les forces de police de plus en plus nombreuses aux portes de la faculté ; on pouvait cependant entrer librement par la porte de la rue des Ecoles.

Dans la cour, les étudiants avaient décidé de transformer le meeting en une réunion de discussion sur les problèmes universitaires. A ce moment, certains étudiants quittèrent la Sorbonne.

Ceux qui restaient (à l’exception de quelques membres du service d’ordre), se regroupèrent sur les marches menant à la chapelle. Le débat, poursuivi sans haut-parleur, porta d’abord sur l’explicitation, par les étudiants de Nanterre, des buts de leur action ; bientôt une controverse s’engagea avec les représentants d’autres tendances ; je tiens à souligner que ce débat était absolument pacifique, et que tous ceux qui le voulaient avaient droit à la parole.

« Vers 16 h 45, on demanda aux membres du service d’ordre présents dans la cour de regagner leur poste ; autour de moi, on ignorait s’il s’agissait d’une attaque d’Occident, ou des renforts de la police.

La réunion sur les marches de la chapelle prit fin à ce moment ; certains étudiants tentèrent de sortir, mais l’issue de la rue de la Sorbonne semblait bloquée. Quelques minutes plus tard, nous vîmes apparaître sur toute la largeur de la galerie du fond de la cour, une rangée de gardes mobiles coiffés de casques ronds, et, je crois, armés de matraques. Les consignes données alors furent: « Sortez tous dans le calme et en silence ».

Les étudiants présents dans la cour regroupèrent autour de la sortie, mais sans pouvoir avancer. Très vite, toute la cour de la Sorbonne fut remplie de gardes mobiles qui empêchaient les étudiants d’emprunter une autre issue ; il s’agissait véritablement d’une souricière.

« Quand j’eus enfin passé l’étroit couloir qui mène à la rue de la Sorbonne je me trouvai entourée d’une double rangée de gardes mobiles protégés de boucliers carrés en métal, et armées de matraques.

« Cette haie menait les étudiants j’au car de police qui se trouvait un peu plus haut dans la rue (d’autres cars de police se trouvaient également tout le long de la rue de la Sorbonne). La lenteur de l’évacuation de la cour était liée au fait que les étudiants qui sortaient ne pouvaient se disperser librement, mais que tous étaient dirigés d’office vers ces cars de police.

« Moi-même, je fus relâchée après avoir pu montrer que je travaillais dans la rue de la Sorbonne et n’étais pas étudiante.

« Un peu plus tard, vers 17 h 30, des grenades lacrymogènes éclatèrent (je crois sur la place de la Sorbonne). L’accès de la rue de la Sorbonne était bloqué par les forces de police situées dans le bas de celle-ci. »

Voici le récit d’un étudiant coffré suite à sa participation au rassemblement contestataire à la Sorbonne :

« 15 heures : Cour de la Sorbonne. Je participe avec ma femme à la manifestation organisée. L’atmosphère est au calme. Quelques discours : Cohn-Bendit, Sauvageot, Chisseray. Le service d’ordre de l’U.N.E.F. garde calmement l’entrée de la Conciergerie ou l’entrée de la rue des Ecoles. Un orateur annonce que Paris vient d’être choisi comme siège des négociations pour le Vietnam : gros applaudissements.

Tous les occupants sont rassemblés au pied de la chapelle, assis ou debout sur les marches. Et soudain, une annonce : « Ils arrivent. » La plupart pensent qu’il s’agit de groupes Occident qui veulent pénétrer à l’intérieur de la Sorbonne.

Une voiture et un panneau sont placés le long de la porte de la galerie de la rue des Ecoles. Les participants se resserrent sur les escaliers de la chapelle. Certains ont un morceau de bois qui vient d’une Vieille table délabrée qui traînait dans un coin de la cour (et non pas de mobiliers détériorés, comme l’a dit M. Peyrefitte).

Mais surprise, par une aile latérale, pénètre une masse impressionnante de gardiens, casqués, lunettes, boucliers, tels des chevaliers teutoniques avec un côté Obélix.

L’atmosphère alors se tend, tout le monde se resserre près des marches. Le service d’ordre de l’UNEF recommande le calme et tend les mains pour canaliser les manifestants en nous demandant d’évacuer la cour de la Sorbonne.

Ce qui se fit. Mais quelle surprise ! En sortant de la cour, nous ne vîmes point les commandos Occident ou autres groupes, mais bien les gendarmes casqués qui nous font monter dans les camions blindés.

Nous montons dans le premier camion. Le policier devant nous soulève son siège avant et en sort, avec une satisfaction évidente, des barres de cuivre (je crois) qu’il passe à ses collègues qui sont à l’extérieur. Le chauffeur du car exprime que « dans un moment ça va chauffer » car des cordons de C.R.S. arrivent. Nous sommes coincés au milieu des agents et de la foule. Au bout d’un moment, le camion démarre suivi de beaucoup d’autres.

On nous emmène d’abord au commissariat de Saint-Sulpice, puis à Notre-Dame-des-Champs. Et alors, c’est la longue attente des identifications individuelles ; puis on nous entasse à la cave où bientôt nous nous retrouvons au nombre de deux cents personnes environ.

Il est 18 heures. En attendant la « libération », des groupes de discussion se forment, ce sont déjà les comités d’action. »

Voici un autre témoignage :

« Je passais boul’Mich, vers 18 heures, arrivé à proximité d’un cordon de C.R.S., un gradé m’a sommé de faire demi-tour, ce que je fis sans protester, puis je pris un coup de matraque derrière la tête, puis ils ont chargé sur les quelques personnes, dont moi, qui étaient boul’Mich, après quoi je fus emmené au poste jusqu’à une heure du matin pour un contrôle d’identité, après m’avoir copieusement injurié et menacé, je pus enfin regagner mon hôtel.

Le lendemain je fus voir un médecin puis à l’Hôtel-Dieu pour des radios. Depuis ce jour, j’ai des migraines et des saignements de nez.

J’ai essayé de déposer une plainte au commissariat d’où je fus éjecté très incorrectement. »

Un autre témoignage :

« Le vendredi 3 mai, des brigades de C.R.S. ont chargé sur tous les gens qui se trouvaient dans les rues, sans faire aucune distinction entre les manifestants et les non-manifestants. Ils ont notamment matraqué un jeune motocycliste.

« Ces faits ne sont sans doute pas parmi les plus marquants, mais je tiens tout de même à vous en faire part, car je ne peux oublier les cris des blessés de cette nuit tragique.  »

Un autre encore :

« L’un des gardes s’en prit à une jeune fille blonde, vêtue d’un tailleur bleu marine, qui s’était réfugiée sous un porche, près du cinéma « le Latin ». Il la matraqua sauvagement (dix à vingt coups violents sur la tête et le cou).

La jeune fille, chancelante, tituba jusqu’au banc qui se trouve devant le cinéma et s’écroula sans connaissance.

L’ambulance que l’on avait appelée immédiatement n’est arrivée qu’une heure plus tard. La jeune fille n’avait pas repris connaissance. Si la jeune fille vit encore et si elle souhaite porter plainte, nous sommes prêts à lui apporter notre témoignage. »

Un témoignage encore :

« Je remontais le boulevard Saint-Michel, avec dans les bras un enfant d’un an, il était environ 18 h – 18 h 30, je me suis trouvée prise dans la manifestation, je n’ai reçu aucun coup de la part d’étudiants, mais presque au niveau de la place de la Sorbonne, il y a eu une charge de C.R.S. qui matraquaient les passants sans discrimination, exemples : une vieille femme, une jeune maman ont reçu des coups. J’ai reçu un coup de matraque, le bébé caché sous ma veste a reçu aussi un choc qui a laissé un « bleu ».

Devant le café du Départ, j’ai vu à 20 h 30, le même jour, un motocycliste arrêté et matraqué par un policier qui disait « circulez-circulez ». Un monsieur âgé s’interpose « ne le battez pas, il n’a rien fait, il arrive, il ne manifeste pas. » Le monsieur est frappé par un premier C.R.S., se protège la figure, un second C.R.S. intervient et frappe : « Ça vous apprendra à toucher à mon camarade. » La femme du monsieur crie, pleure : « Ne le battez pas comme cela, laissez-le » ; elle est battue également, presque évanouie. »

Un autre témoignage encore, d’une personne de nationalité suisse :

« Je me trouvais place Edmond-Rostand, isolé sur le trottoir à l’angle du boulevard Saint-Michel lorsqu’un agent de la force publique, casqué et matraque en main, m’a frappé sur la tête à coups de matraque malgré mes vives protestations alléguant que j’étais un touriste, puis m’a intimé l’ordre de déguerpir.

J’obtempérai en descendant vers l’Odéon, mais un commando d’une dizaine de C.R.S. remontait sur le même trottoir.

Le premier policier leur cria en me désignant :  Tapez-lui dessus ! Tapez-lui dessus !

Je tentai de m’effacer pour les laisser passer, mais six ou sept d’entre eux m’assaillirent et me frappèrent sauvagement à la tête à coups de matraque et à coups de pied au bas du corps. Je réussis à m’enfuir, le nez ensanglanté. 

Je vis notamment un jeune couple et un noir qui passaient simplement rue Cujas, qui furent conduits dans un car stationné devant la place de la Sorbonne, par la rue de la Sorbonne, les bras tordus derrière le dos et à coups de matraque, le noir recevant deux fois plus de coups que les autres. »

Un dernier, soulignant le racisme :

« Le vendredi 3 mai, voulant me rendre au cinéma, je descendais la rue Cujas vers 19 h 30 et je regardais les manifestations, très calmement ; un autre individu regardait aussi, très calme également ; à un moment, la force de l’ordre nous enjoignit de remonter la rue Cujas. Nous le fimes très lentement et un agent des forces de l’ordre, avisant un curieux, assez grand, légèrement basané et coloré, le bouscula puis lui appliqua un violent coup de matraque avec ces mots : « Tiens, voilà pour toi, l’Arabe ».

Deux jeunes hommes blancs, un noir et une jeune fille se sont enfuis vers la rue Cujas. Au coin de la rue Cujas et de la rue Victor-Cousin, il y avait des forces de police. Elles les ont interpellés, les ont pris par le col et jetés dans le car. Le jeune homme noir a été tout de suite jetés dans le car. Le jeune homme noir a été tout de suite frappé, tiré par terre jusqu’au car où il est jeté aussi. Ensuite, on a entendu le bruit de matraques en frappant. Après ils sont partis. »

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Des armes de guerre lors de la surveillance de la manifestation étudiante du 8 février 2018 à Nantes

Dans le cadre de la lutte actuelle à l’université de Nantes, un communiqué a été diffusé suite à l’intimidation militariste de la police lors d’une manifestation.

Communiqué de presse du personnel de l’université contre la répression du mouvement étudiant.
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Protestation contre la présence d’armes de guerre aux abords de la manifestation étudiante du 8 février 2018 à Nantes

Ce jeudi 8 février après-midi, à Nantes, des étudiants et lycéens au nombre d’environ 600 ont entrepris une nouvelle manifestation contre la réforme des modalités d’accès à l’université.

Alors qu’ils défilaient pacifiquement sans constituer la moindre menace pour quiconque, ils ont dû faire face, au niveau de la Faculté des sciences, à un important dispositif policier.

Et, comme en témoigne la photographie jointe, certains des CRS en présence étaient équipés de fusils d’assaut.

Rappelons que la dotation en fusils d’assaut des forces de police chargées de l’ordre intérieur a été initiée en 2016 au seul motif « qu’elles pouvaient être amenées à intervenir en premier sur une scène d’attentat, avant l’arrivée des forces d’élite spécialisées ».

Ce qui ne justifie donc en rien la présence de telles armes dans un dispositif de maintien de l’ordre voué à assurer la sécurité publique aux abord d’une manifestation d’étudiants et de lycéens.

Après les deux précédentes manifestations des 1er et 6 février repoussées par des effectifs policiers dont le volume disproportionné a d’ailleurs été souligné par la presse locale, c’est un nouveau pas particulièrement inquiétant qui a été franchi.

Au nom du principe selon lequel « Qui ne dit mot consent », nous, enseignants-chercheurs, enseignants, doctorants, personnels de l’Université de Nantes, nous élevons pour condamner fermement la présence d’armes de guerre lors des manifestations de nos usagers étudiants.

Nous appelons notre Président, M. Olivier Laboux, à prendre une position publique à ce sujet et à saisir Mme la Préfète des conditions actuelles du maintien de l’ordre autour de nos campus.

Au motif que manifester est un droit constitutionnel et qu’opposer des armes de guerre à une contestation étudiante nous paraît former une atteinte grave et lourde de conséquences au pacte citoyen, nous appelons également l’ensemble des personnels de l’Université de Nantes à se joindre à un débrayage de protestation sur les lieux de travail le mercredi 14 février, de 8 h à 10 h.

Collectif informel de personnels et doctorants, syndiqués ou non syndiqués, opposés, favorables ou indifférents à la réforme en cours des conditions d’accès à l’université