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« Une ligne populaire pour sauver la gauche »: diesel et barbecue

Un texte sans dimension.

Le député Philippe Brun et la sénatrice Laurence Rossignol, tous deux au Parti socialiste, proposent dans une tribune une «ligne populaire » avec l’objectif de sauver la Gauche. Il y a le constat, tout à fait évident et absolument pas nouveau, que la Gauche en France est coupée du peuple. Certes. Mais qu’ont-ils à proposer ? Les gilets jaunes !

C’est grotesque, car les gilets jaunes non seulement sont dépassés depuis longtemps, mais surtout n’ont rien à voir, ni de près, ni de loin, avec ce que doit être la Gauche. Ni d’ailleurs avec le peuple français. Mais pour le voir, il faut une vision du monde, il faut vouloir le Socialisme et pas un républicanisme vaguement démocratique et social, et encore moins un plébéianisme délirant à la sans culottes version beauf 21e siècle.

Cela renvoie d’ailleurs directement à une autre question, essentielle : celle des valeurs. De ce côté là, c’est le néant pour ces parlementaires PS cherchant un « ligne populaire ».

Tout est dit dans ce passage :

« Ce n’est pas en accusant les classes populaires, la viande de leur barbecue et le diesel de leur véhicule qu’elles s’impliqueront davantage. »

Et bien justement, si ! La voiture diesel et la viande du barbecue, voilà parfaitement identifié des ennemis de classe. Des ennemis de l’intérieur, dans les mentalités, car c’est bien là toute l’expression du capitalisme français du 20e siècle qui a intégré le prolétariat pour le désintégrer de l’intérieur.

Il n’y aura jamais de ligne populaire sans une révolution culturelle contre le diesel et le barbecue. Et il n’y aura jamais de Gauche avec les gilets jaunes, qui sont précisément une expression du diesel et du barbecue.

Voici la tribune en question, qui a initialement été publiée sur le site Libération, en version payante… Ce qui est pour le moins étrange quand il s’agit de proposer une « ligne populaire ».

« Une ligne populaire pour sauver la gauche

L’alliance de la Nupes était nécessaire, mais pas suffisante. Seule une refondation profonde de la gauche, appuyée sur les revendications des gilets jaunes, lui permettra de défendre à nouveau des intérêts de classe.

La montée continue de l’extrême droite doit inquiéter toute femme et homme attaché à la République. Face à ce danger, l’accord de la Nupes a été une bouffée d’oxygène pour les électeurs de gauche.

Il a permis, dans le nouveau paysage tripolaire, l’élection de députés que la division aurait éliminés. Il a aussi corrigé les trajectoires respectives du PS et de LFI : le PS restait coupable de l’élection d’Emmanuel Macron et des hésitations de nombre de ses dirigeants en 2017, et LFI avait largement théorisé la fin du clivage droite-gauche au profit du clivage peuple-élite.

Nous sommes nombreux à redouter l’échéance de 2027. Entre les élections législatives de 2017 et de 2022, la gauche a gagné moins de 10 000 voix. Et l’extrême droite, 2 millions. Rien ne permet d’imaginer que, depuis juin, les courbes auraient changé de trajectoire.

La seule alliance des partis ne permet pas de créer une dynamique susceptible de changer véritablement les rapports de force qui se sont installés dans le pays. Etre de gauche n’est une fierté que pour environ 25 % des Français.

Nous avons tout livré à l’extrême droite : travail, nation, justice, laïcité, civisme. Elle les instrumentalise comme elle l’a fait tout au long de son histoire en répétant le même schéma : s’opposer, salir, puis récupérer les conquêtes des autres à son compte.

La défense de la République est confisquée par ceux qui la traitaient de «gueuse» jadis, la laïcité

par ceux qui veulent inscrire les racines chrétiennes de la France dans la Constitution, la sécurité par ceux qui la réduisent aux faits divers et le travail par ceux qui refusent qu’il soit rétribué à sa juste valeur.

L’état d’urgence démocratique nous impose d’aller convaincre les classes populaires et moyennes perdues. Seule la promesse d’un avenir meilleur pourra les empêcher de voter à l’extrême droite.

Nous appelons «ligne populaire» cette stratégie qui vise à retrouver ce Assemblée pourquoi la gauche a été créée : défendre ceux qui n’ont que leur travail pour vivre. L’élection d’Emmanuel Macron, sur une base sociale minoritaire, a relégué la majorité sociale aux marges de notre pays.

Les ouvriers, employés, caissières, travailleuses du lien, travailleurs de la manutention et de la logistique, «la société du back-office», n’ont plus que leur colère comme moyen d’expression, leur abstention comme moyen de révolte, le vote RN comme maigre résignation. La gauche a renoncé depuis longtemps à ce peuple introuvable, qui se refuse à elle depuis qu’elle a fait de l’idéal européen l’horizon indépassable de son action, et donc de son impuissance.

Depuis qu’elle a fait du désintérêt pour les gens ordinaires la matrice morale inavouée de son discours et des centres-villes métropolitains mondialisés la ressource exclusive de son imaginaire. Nous devons rompre avec ce renoncement.

Chaque grand mouvement social irrigue une refondation politique. Nous vivons depuis cinquante ans sur la contre-culture de Mai 1968 et la victoire de 1981.

Nous avons la conviction que c’est du mouvement des gilets jaunes que la gauche doit désormais tirer les leçons de sa refondation. Si elle sait accompagner les mouvements sociétaux, elle est en revanche passée à côté de cette révolte, culturellement et sociologiquement trop loin d’elle.

Des idées de novembre 2018 nous retenons une démarche démocratique nouvelle, qui amena des milliers de Français, abstentionnistes militants, à gagner les ronds-points pour débattre.

Loin d’être dangereuses, les classes laborieuses, lorsqu’elles se mobilisent, ne parlent pas d’immigration ni d’insécurité mais de pouvoir d’achat et de droits démocratiques.

Un peuple demande aujour-d’hui à être entendu. Quel est ce peuple invisible ? Tout. Qu’a-t-il été jusqu’à présent dans l’ordre politique ?

Rien.

Ce qui a empêché ce peuple de voir ses revendications entendues, et le mouvement des gilets jaunes de prospérer, a été son atomisation par la destruction des structures collectives, la dégradation du rôle des syndicats, la mise sous tutelle du mouvement associatif et la promotion de l’individualisme intégral. Nous devons réaffirmer qu’il existe des liens qui libèrent, ceux du soin et de la solidarité.

Ils doivent devenir les valeurs centrales de notre action politique. La grande œuvre qui est devant nous est de poursuivre un travail commencé par le milieu associatif et les mouvements de l’écologie politique : «conscientiser» les classes populaires et travailleuses, leur rappeler l’intérêt qui est le leur à voir l’écologie primer et leurs conditions de vie s’améliorer. Elles veulent comme les autres que leurs enfants respirent un air propre et mangent sainement.

L’écologie est par essence populaire, les socialistes l’avaient compris très tôt et l’ont oublié parfois. Les émissions de carbone sont proportionnelles à celles de la richesse. Ce n’est pas en accusant les classes populaires, la viande de leur barbecue et le diesel de leur véhicule qu’elles s’impliqueront davantage. La valorisation des pratiques «écoresponsables» est trop souvent perçue comme réservée à une élite diplômée et urbaine.

Résolument installée du côté du peuple, la gauche doit entendre tout ce que celui-ci a à lui dire, sans tabous ni préjugés. Cela implique de regarder en face la situation intérieure du pays et l’appel à plus d’ordre et d’autorité. Loin de toute surenchère ou récupération des mots de l’extrême droite – mais au contraire pour ne lui laisser aucune prise – nous devons porter un discours fort et clair d’ordre et de justice.

La sécurité est un droit du peuple, c’est même la condition de son adhésion à une aventure collective. Lorsque la tranquillité publique n’est plus assurée, le vivre ensemble est menacé. Parce qu’ils sont les plus exposés, la sécurité est un enjeu plus vif encore pour les plus modestes.

Il nous faut financer une police nombreuse, formée et réorganisée pour être plus au contact des populations et moins rivée sur ses statistiques. Plus transparente aussi, plus ouverte et moins susceptible d’être contestée. L’école, la justice civile, les transports publics, plus rien ne fonctionne correctement. On manque d’enseignants, de soignants, de conducteurs de train ou de bus. Et les services privés ne fonctionnent pas mieux. Les gens concluent qu’ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes et qu’il n’y a rien à attendre du collectif. Une telle situation ne peut conduire qu’à une catastrophe démocratique, écologique et sociale.

Défendre la ligne populaire, c’est s’imposer de cesser de regarder la colonne «sympathisants de gauche» dans les études d’opinion et s’intéresser à la colonne «ouvriers et employés». Que les étudiants de Sciences-Po votent majoritairement Jean- Luc Mélenchon et que ceux de l’enseignement professionnel ne votent que marginalement à gauche devrait nous obséder. La ligne populaire est un projet et une méthode qui doit inspirer les mouvements sociaux comme les politiques publiques : féminisme populaire, écologie populaire, culture populaire, éducation populaire.

Défendons, en tout point et tout lieu, des intérêts de classe, éclairés par notre esprit des Lumières et la promesse de nouveaux droits. »

Texte proposé par :

Par Philippe Brun, Député de l’Eure et Laurence Rossignol, Sénatrice de l’Oise.

Signé par :

Jérôme Durain Sénateur de Saône-et- Loire

Jérôme Guedj Député de l’Essonne

Marie-Pierre Monier Sénatrice de la Drôme

Mélanie Thomin Députée du Finistère

Mickaël Vallet Sénateur de la Charente-Maritime.

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Le PS annonce son prochain congrès avec la présidentielle 2022 en ligne de mire

Le Parti socialiste tenait un Conseil national et son premier secrétaire Olivier Faure a fait un discours mardi 1er juin pour en préciser les orientations. Il est question du prochain congrès (le 79e), qui se tiendra les 18 et 19 septembre à Villeurbanne, dans l’agglomération de Lyon.

L’enjeu est très clair et assumé : le PS entend se doter pour l’automne prochain d’une candidature forte et avec un projet reconnu en vue de la présidentielle de 2022. On comprend à travers les lignes qu’il s’agira de la candidature d’Anne Hidalgo, bien que son nom ne soit pas cité et que cela n’a ainsi pour l’instant rien d’officiel.

Olivier Faure a en tous cas bien expliqué en quoi il entendait faire du PS une force centrale à Gauche en 2022, à défaut d’être encore la force centrifuge de la Gauche française. Dans le contexte de la campagne électorale pour les élections régionales et départementales actuellement, il en a profité pour rappeler que le PS est « la formation de gauche la mieux implantée dans les territoires », ce qui est tout à fait vrai.

On a ainsi le droit à un discours très à Gauche dans la forme, dans les prétentions, avec notamment une prise de conscience très nette du danger que représente l’extrême-droite et le nationalisme. Pour ce qui est du fond et du contenu cependant, on a du mal à imaginer comment le PS arrivera à soulever les classes populaires en France d’ici à 2022.

Olivier Faure n’a pas grand-chose de plus à proposer que faire croire en l’Union européenne (« vraie bonne nouvelle ») ou la subvention des voitures électriques… C’est léger, et surtout bien trop décalé par rapport aux enjeux de l’époque, avec en arrière plan une tendance généralisée à la guerre et une crise économique d’envergure.

Olivier Faure imagine-t-il vraiment qu’il aura du succès en prétendant que l’endettement européen ou l’élection de Joe Biden aux États-Unis sont des bonnes choses ? Il y a de quoi en douter. En attendant, il a au moins le mérite de proposer, d’essayer d’appuyer un projet concret tout en allant dans le sens d’une reconstruction et d’une unité de la Gauche.

Voici le discours :

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Le nationalisme français profiterait d’une victoire russe contre l’OTAN

Les nationalistes, de Marine Le Pen à Jean-Luc Mélenchon, ont une obsession : la place de la France dans le « concert des nations », ou le rêve d’un nouvel « empire » français puissant et comptant dans le monde. Une défaite de l’OTAN face à la Russie en Ukraine leur donnerait un élan et une perspective immense. C’est un grand danger politique pour la Gauche.

La France est historiquement une grande puissance du capitalisme, mais elle a été fortement reléguée. Pour la Gauche, ce n’est aucunement un problème, puisqu’il s’agit de considérer tous les peuples du monde à la même enseigne, et donc de ne tolérer aucune grande « puissance », aucun « impérialisme », qu’il soit français, britannique, américain, chinois, etc.

Pour les nationalistes par contre, c’est là tout l’enjeu. Leur problème en France, c’est qu’ils sont fortement bridés par ce qu’on pourrait appeler le modernisme « atlantiste ». Autrement dit, il y a un consensus pour le libéralisme et le libre échange. C’est vrai culturellement, c’est vrai politiquement, et sur le plan militaire cela passe par l’intégration à l’OTAN, donc l’alignement sur les États-Unis.

Toute autre option est considérée comme de l’aventurisme. C’est cela qui empêche quelqu’un comme Marine Le Pen d’accéder aux responsabilités. Il n’y a qu’à voir comment elle s’est cassée les dents en 2017 face à Emmanuel Macron précisément sur cette question de l’euro et de l’Union européenne… autrement dit de l’alignement sur les États-Unis.

Mais en faisant ouvertement face à l’OTAN en Ukraine, la Russie marque une situation tout à fait nouvelle, alors que le monde est en pleine recomposition. Et il faut bien voir qu’en infligeant une défaite, ou en tous cas un recul, à l’OTAN, la Russie ouvrirait une brèche immense contre ce bloc moderniste « atlantiste ».

La donne serait en effet différente s’il existait à l’échelle mondiale la possibilité pour la France de s’imaginer un rôle, une place dans ce « concert des nations » avec par exemple cette brèche ouverte par la Russie. La même question se pose en Allemagne, où les nationalistes n’attendent que cela également.

La Gauche doit considérer cela avec la plus grande attention, car le nationalisme serait dans ces conditions extrêmement difficile à combattre. Comment en effet faire face à la perspective d’un tel rouleau compresseur nationaliste à prétention sociale, mais impérialiste ? Comment tracer une voie authentiquement démocratique populaire sans sombrer dans la démagogie chauvine anti-américaine, ni céder au libéralisme ?

On l’a vu avec Jean-Luc Mélenchon : La France Insoumise a eu un grand succès avec un discours social en apparence, mais nationaliste dans les faits, et la Gauche a été largement battue par cette démagogie. Il y a là matière à beaucoup de réflexions, de débats d’idées fraternels et constructifs. C’est urgent et vital pour la Gauche, à moins de se condamner à l’échec et l’insignifiance pour toute la décennie 2020.

D’où aussi la grande attention à porter au conflit entre l’Ukraine et la Russie.

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Gauche pour le Parti: trois lignes programmatiques

Voici trois exemples d’affirmation idéologique affirmant être à la hauteur d’une époque vue comme nouvelle.

La crise a estomaqué une large partie de la Gauche et de nombreuses structures ont disparu du jour au lendemain (tel en juillet 2020 le Rassemblement Organisé des Communistes Marxistes-Léninistes et le Parti Communiste Maoïste). C’est qu’il y avait trop de questions, trop de pression. Les choses se virent attribuer une dimension nouvelle, poser une ligne idéologique de gauche était trop compliqué. D’où un repli encore plus grand vers le côté « pratique », avec des initiatives « militantes », mais sans assumer un positionnement réel sur le plan des idées.

On peut citer néanmoins trois exemples, avec trois structures qui, comme le dit l’expression, « envoient du lourd », puisqu’il s’agit pas moins que de refonder « le Parti ». Profitant d’un arrière-plan idéologique développé, la crise a littéralement alimentés ces structures sur le plan des idées, leur accordant un réel optimisme au sujet d’une nouvelle affirmation programmatique. Leurs approches sont cependant évidemment très différentes.

La tendance Révolution Permanente du Nouveau Parti Anticapitaliste pose ainsi une nouvelle approche militante, conforme selon elle à un changement d’époque et de mentalités. Il y aurait un nouveau profil aux luttes et il faut s’y conformer. Voici des extraits du document du 30 mars 2021 La nouvelle génération ouvrière et la nécessité d’un Parti Révolutionnaire des Travailleurs, dont le titre résume parfaitement la conception.

« Depuis plus d’un an, la pandémie de coronavirus a ouvert une situation de crise aux conséquences durables. De fait, pour assurer le remboursement de la dette publique contractée et restaurer le taux de profit des entreprises capitalistes, les classes dominantes se préparent en effet à faire payer les travailleurs à coup de réformes néo-libérales, d’augmentation de la productivité et de mesures d’austérité. Or, face à cette sombre perspective, aucun projet politique à même de défendre les intérêts des travailleurs avec une stratégie à la hauteur ne semble émerger.

Une situation en profond décalage avec la politisation et les luttes intenses qui se sont enchaînées ces cinq dernières années en France.

En 2016 contre la Loi Travail, en 2018 dans le cadre du mouvement contre la réforme ferroviaire et de la lutte contre la sélection à l’université, en 2018-2019 avec le mouvement historique des Gilets jaunes, en 2019-2020 avec le mouvement contre la réforme des retraites et la grève historique du secteur des transports francilien. Dans différents secteurs on a en parallèle assisté à un renouveau des luttes, comme dans l’Éducation Nationale ou du côté des personnels des universités (…).

En ce qui concerne le NPA, un tel recul de sa capacité d’intervention est évidemment en lien avec la crise profonde que traverse le parti et qui fait aujourd’hui peser sur lui une menace d’implosion. Mais cela n’est que le dénouement d’un long processus, initié par la LCR dans les années 1980-1990, d’abandon d’une stratégie centrée sur le rôle de la classe ouvrière (dont le néo-libéralisme avait proclamé la mort), au profit de l’intervention dans les « mouvements sociaux », avant de se dissoudre dans un parti large non délimité stratégiquement, le NPA.

Du côté de Lutte Ouvrière, qui possède encore des bastions dans des secteurs stratégiques, règne une forme de scepticisme, accompagnée d’une dose de nostalgie du vieux mouvement ouvrier français, façonné par le PCF.

Ce scepticisme, qui rejette toujours la faute sur les travailleurs qui ne voudraient pas lutter, couvre en réalité le refus de prendre une part active au travail d’organisation des couches les plus avancées de la classe et d’une nouvelle génération ouvrière en gestation, ainsi que de combattre la politique néfaste des directions syndicales bureaucratiques (…).

Le mouvement ouvrier a vu notamment émerger une nouvelle génération qui pourrait être le levier de la construction d’une organisation de ce type. Nous l’avons vu pour la première fois en 2014, dans la grève de la SNCF, où, ne partageant pas les codes de la gauche politique et syndicale, voire partageant de façon peu consciente ceux de personnages confusionnistes comme Dieudonné (nous étions au sommet du phénomène des « quenelles »), ils et elles ont été souvent boudés par les militants d’extrême-gauche.

Depuis, nous les avons vu prendre leur place dans chacune des grandes mobilisations qui ont traversé le pays, avec des profils très variés : souvent racisés et issus de l’immigration dans les grandes agglomérations, ouvriers et ouvrières gilet-jaunisés dans la France périurbaine, militantes et militants syndicaux combatifs ou travailleurs du rang… (…)

Au NPA – Révolution Permanente, nous avons eu le mérite relatif d’avoir saisi l’émergence de cette nouvelle génération ouvrière assez tôt et d’avoir essayé de fusionner avec elle.

Que ce soit dans le cadre de la « Bataille du Rail » de 2018 avec la construction de la rencontre Intergare, de la grève victorieuse d’Onet, du mouvement des Gilets jaunes, du mouvement des retraites au travers de la coordination RATP-SNCF, où actuellement des grèves de Grandpuits et des agents d’entretien des voies (Infra-pôle) de Gare du Nord, nous sommes intervenus avec une même logique : celle de déployer dans chaque bataille un arsenal stratégique et programmatique qui permette de pousser ces expériences le plus loin possible, en sortant du cadre imposé par la routine syndicale.

C’est au travers de ces expériences que nous avons pu faire entrer dans nos rangs de nombreux jeunes militants ouvriers, parmi lesquels de véritables figures dans leur région ou branche, à l’image d’Anasse Kazib à la SNCF, d’Adrien Cornet chez Total, de Gaëtan Gracia dans le bastion toulousain de l’aéronautique, de Christian Porta chez Neuhauser (industrie agro-alimentaire) en Moselle, mais aussi de jeunes militants comme Rozenn à Chronodrive ainsi que d’autres camarades dans le privé ou dans le public, à la RATP, dans la Santé, la Culture ou l’Éducation Nationale.

C’est aux côtés et au travers de ces militants que nous souhaitons aujourd’hui lancer une campagne autour de la nécessité d’un Parti Révolutionnaire des Travailleurs. »

La tendance Révolution Permanente du NPA affirme ainsi, pour résumer, qu’elle a réussi à attirer à elle une nouvelle génération, que cela donne du sens à un nouveau projet. De manière intéressante, c’est l’inverse qui est vrai pour le Pôle de Renaissance Communiste en France (PRCF). Lui dit qu’il a réussi à attirer à lui l’ancienne génération et que cela donne du sens à un ancien projet. Il s’agit en effet de refonder le Parti Communiste Français tel qu’il a existé dans les années 1970-1980.

Le PRCF a historiquement un pied dans le PCF et un pied dehors, désormais la ligne est celle de prendre sa place. En ce sens, le PRCF vise à présenter un candidat à la prochaine présidentielle, afin d’établir un réel socle pour un « Frexit progressiste ». Voici un extrait de la Déclaration du Secrétariat national du PRCF du 1er avril 2021.

« Voilà pourquoi, pour sortir rapidement et définitivement de ce cauchemar sans fin, il est vital de proposer la seule alternative en mesure d’empêcher un nouveau scénario catastrophe en 2022 que serait un faux « duel » et vrai duo Macron-Le Pen, entre le tyran nostalgique de la monarchie qui déroule un tapis brun à la fascisation en célébrant Maurras et Pétain à longueur de temps, et la mensongère « souverainiste » du prétendu « Rassemblement national » qui ne veut sortir de l’euro, ni de l’UE – dont la responsabilité dans le désastre sanitaire est immense, à l’image de la Commission européenne appelant à 63 reprises les États-membres, entre 2011 et 2018, à « réduire les dépenses de santé » –, ni de l’espace Schengen, ni de l’OTAN, ni du capitalisme. 

Cette alternative franchement communiste et franchement insoumise ne peut être que rouge-tricolore, nécessitant une rupture définitive et totale avec l’euro, l’UE, l’OTAN et le capitalisme exterministe.

Elle ne peut pas s’incarner dans une resucée d’« union de la gauche » associant les faux « socialistes » et « écologistes » et les « communistes » et « insoumis » édulcorés, autant de forces discréditées aux yeux des classes populaires – et notamment de la classe ouvrière – et faisant miroiter une impossible « Europe sociale ».

Cette alternative rouge-tricolore, patriotique et populaire, antifasciste et internationaliste – en cela diamétralement opposée à l’utopique et dangereuse « union des souverainistes des deux rives », qui sert de marchepied au RN –, écologiste et anticapitaliste, est portée par le PRCF et son porte-parole désigné Fadi Kassem.

Partout en France, de nombreux militants sont actifs dans la campagne auprès des communes rurales et populaires, des travailleurs – dont ceux de la classe ouvrière – et des citoyens attachés à la République une et indivisible, sociale et laïque, souveraine et démocratique, fraternelle et pacifique, alors que le risque d’effondrement de la France et de fascisation mortelle pour le mouvement ouvrier et les forces progressistes, à commencer par les communistes, ne cesse de s’accroître.

Plus que jamais, il est temps d’en finir avec le pseudo « Nouveau Monde » de Macron et ses laquais et l’Ancien Monde incarné par le RN et ses satellites. Afin qu’adviennent les « nouveaux Jours heureux » dont nous avons urgemment besoin, rejoignez le PRCF et menons, tous ensemble en même temps, la campagne en faveur de la seule alternative en mesure de faire gagner le monde du travail en 2022, celle de l’alternative rouge-tricolore pour une souveraineté nationale et populaire pleine et entière. Plus que jamais, Frexit progressiste, et vite ! »

Enfin, à rebours du terrain « militant » trotskiste de la tendance Révolution permanente du NPA et de l’affirmation électorale du PRCF, qui sont très concrètes, on trouve l’option maoïste, bien plus abstraite ou bien plus conceptuelle. Dans la perspective de la révolution culturelle, il y a chez le PCF(mlm) l’idée de suivre l’époque « avec de la hauteur » et de considérer qu’il faut l’idéologie au poste de commande, pour tout révolutionner. Voici ce qu’on lit notamment dans Le marxisme-léninisme-maoïsme est l’idéologie communiste de notre époque, du 1er avril 2021.

« Mao Zedong a affirmé dans les années 1960 que les 50-100 années à venir seraient celles d’un bouleversement comme l’humanité n’en a jamais connu. Cette position découlait de sa compréhension des contradictions propres à notre époque, des tendances en développement, des nécessités historiques.

Et aujourd’hui, au début des années 2020, l’humanité toute entière sait que plus rien ne peut être comme avant. Il y a le constat du rapport destructeur à la Nature, avec des contre-coups tel le COVID-19 et le dérèglement climatique, mais en général il est flagrant que le modèle de vie proposé par le capitalisme est à bout de souffle moralement et culturellement.

C’est la raison pour laquelle les gens sont tétanisés : ils sentent que le changement doit être complet, qu’il va falloir révolutionner les modes de vie, modifier les conceptions du monde, changer les rapports aux animaux, à la Nature en général, et bien entendu transformer l’ensemble des moyens de production et des manières de consommer.

Le défi est d’autant plus immense qu’il exige une réponse mondiale. En ce sens, nous affirmons que la position communiste est de parvenir à une révolution dans un pays donné, afin d’en faire l’exemple à tous les niveaux pour le reste de l’humanité (…).

Les années de référence doivent être 1948-1952 pour l’URSS et 1966-1976 pour la Chine populaire, ces deux périodes formant l’aboutissement le plus développé de l’expérience communiste (…). Le marxisme-léninisme-maoïsme n’est pas une méthode, il ne fournit pas des recettes : il est une vision du monde et par conséquent il doit être une réalité pour tous les aspects de la vie (…).

Nous affirmons que l’irruption de la crise du COVID-19 correspond à l’affirmation de la seconde crise générale du capitalisme, que l’idéologie marxiste-léniniste-maoïste doit en comprendre tous les aspects et fournir les réponses à la crise, à tous les niveaux.

C’est le sens de la révolution mondiale que d’être un bouleversement à tous les niveaux, dans tous les domaines ; la guerre populaire est la systématisation des réponses communistes à tous les niveaux, dans tous les domaines. »

On a là trois perspectives bien différentes, avec trois structures présentant certainement les économies politiques les plus développées à gauche. La raison en est bien entendu qu’on a ici trois traditions bien françaises : le trotskisme, le PCF, le maoïsme. Ancrées dans leurs traditions, elles se relancent. De manière fictive ou réelle ? Il est évident qu’une seule de ces mises en perspective peut se concrétiser.

Aussi différentes qu’elles soient, ces lignes programmatiques sont en effet opposées dans leur fond. Et pas simplement sur le plan des idées : dans leur démarche même, cela n’a rien à voir. La tendance Révolution permanente du NPA propose un activisme militant dans l’air du temps pour un Parti de lutte, le PRCF vise à la mise en place d’un Parti de masse pour une affirmation patriotique et sociale, les maoïstes proposent une introspection idéologique pour s’élancer culturellement à travers un Parti de cadres.

Cela reflète, dans tous les cas, une maturation de fond de la société française. Si on ne peut pas encore parler ici de résurgence, car c’est somme toute très marginal, il y a en tout cas une sorte de réaffirmation, comme si les dés de l’Histoire s’étaient remis à rouler.

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Benoît Hamon trahit la Gauche pour EELV

L’opportunisme pro-EELV se généralise sans états d’âme.

Benoît Hamon sera candidat en juin pour les régionales sur la liste Europe Écologie-Les Verts. Ce sera dans les Yvelines et il sera même en seconde position, juste derrière Julien Bayou.

Naturellement, Benoît Hamon justifie cela en disant qu’il faut davantage d’écologie, qu’il faut une majorité clairement écologiste. Dans une interview accordée au Parisien, il assume cependant au détour d’une question ce qui est le réel arrière-plan : la liquidation de la Gauche par l’intermédiaire d’EELV.

« Vous ne craignez pas de vous faire vampiriser par Les Verts ?

Si l’on peut se diriger vers la création d’une grande formation écologiste et sociale, moi, comme Génération.s, nous nous en réjouirions. Il n’y a rien d’indépassable entre nous, le PS, les Verts et les Insoumis. »

Benoît Hamon précise d’ailleurs qu’il soutiendra le candidat de rassemblement prenant en compte son programme de revenu universel. Cela sera donc EELV.

Comment en est-on arrivé là ? C’est assez simple : Benoît Hamon est sympathique et sincère, mais il vit en bourgeois et Génération-s est composé de bourgeois. Le résultat en a été que la scission à gauche du Parti socialiste se ramène à un retournement par la liquidation. Incapable d’assumer l’orientation vers la Gauche historique, il y a l’attirance naturelle vers les valeurs post-modernes, une « écologie » pour relancer le capitalisme qui serait humanisé, etc.

Le principe du revenu universel relève tout à fait de cette approche individualiste. Il est né à l’origine dans la gauche italienne issue de l’Autonomie Ouvrière des années 1970, qui espérait dépasser le capitalisme en instaurant une sorte de communisme immédiat par le revenu universel.

Il a été repris par toute une flopée d’intellectuels de la « seconde gauche » (c’est-à-dire non liée au mouvement ouvrier), puis même par des courants ultra-libéraux de la Droite comme moyen de supprimer en échange la sécurité sociale et les assurance-chômage. Car, dans l’idée, on a une atomisation complète de la société, une société qui n’est d’ailleurs même alors plus qu’un simple mot pour désigner une myriade d’individus séparés les uns des autres, vivant chacun « différemment ».

Cependant, au-delà de cette question, ce qui compte c’est la réalité politique et il faut dire les choses comme elles le sont. Benoît Hamon poignarde la Gauche. N’ayant pas réussi à mettre en place une formation de gauche assez puissante, Benoît Hamon procède à une vente à la découpe au profit d’EELV. Les dernières élections internes de Génération-s reflètent bien ce processus.

EELV a en effet un objectif stratégique : former un appel d’air pour siphonner les cadres de la Gauche, en présentant les élections présidentielles comme incontournables et en disant que seul un candidat EELV peut parvenir à quelque chose.

C’est en appeler à l’opportunisme. C’est la lutte des places au lieu de la lutte des classes. Benoît Hamon s’est vendu tôt : il aura une bonne place. Pour EELV, il sert de poteau indicateur au reste de la Gauche : pour exister, venez à nous. Entre EELV et les populistes de La France Insoumise, la Gauche est d’ailleurs en train de se faire broyer.

Cela souligne d’autant plus la nécessité de défendre les fondamentaux et de ne pas se laisser contaminer par l’opportunisme et le populisme. Surtout à une époque où l’extrême-Droite avance à grands pas ! EELV ne fait pas le poids face au nationalisme et au militarisme et La France Insoumise n’en est qu’une sorte de variante ultra-sociale.

C’est vers le mouvement ouvrier et son histoire qu’il faut se tourner, pas vers EELV. Quant à l’excuse de l’écologie, elle ne tient pas une seule seconde. Car l’écologie passe aussi par la question animale et cette question est tellement subversive qu’elle porte directement en elle un conflit de classe. Ce n’est pas pour rien qu’EELV ne peut pas réellement en parler.

La question animale, l’écologie… c’est la question de la vision du monde pour une société entièrement nouvelle, où tout a été transformé. C’est quelque chose d’envergure. C’est donc quelque chose qui ne peut être porté que par la classe ouvrière.

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Jean-Christophe Cambadélis annonce le républicanisme de gauche

Jean-Christophe Cambadélis est un cadre socialiste historique. Il propose une idéologie clef en main, de centre-gauche et affirme que c’est lui ou bien les libéraux et les nationalistes.

Jean-Christophe Cambadélis est connu pour être l’un des cadres socialistes les plus éprouvés, les plus politiques, alliant rigueur et opportunisme, clairvoyance et coups à trois bandes. C’est l’exemple même du cadre passé par l’extrême-gauche étudiante trotskiste, habitué aux mouvements des masses et aux coups fourrés, pour rejoindre le Parti socialiste et obtenir ainsi une stature étatique.

Pour cette raison, il a expliqué au Journal du Dimanche qu’il ne se sentait pas hors-jeu pour 2022, et c’est vrai. C’est un homme mesuré dans tous les domaines, il n’a pas perdu sa crédibilité comme François Hollande même s’il dit finalement la même chose, c’est un homme de réseaux.

Jean-Christophe Cambadélis a d’ailleurs fondé en septembre le réseau « Nouvelle Société » et le jeudi 19 novembre il a tenu une conférence de presse pour annoncer un projet de ce réseau, intitulé « La République impartiale – Mémorandum pour un républicanisme de gauche ».

Ce qu’on y trouve est une savante cuisine. Il y est dit la chose suivante : c’est nous ou bien le populisme, ou bien les libéraux. Nous sommes les seuls crédibles, ce sera nous ou un avatar français de Donald Trump, nous ou un Emmanuel Macron au libéralisme débridé.

Comme il faut rassembler, il faut être de centre-gauche : c’est la thèse des 51 % de François Hollande, pour qui la Gauche ne peut pas être majoritaire. Comme il faut être crédible, il faut se la jouer républicain dur : c’est la thèse de Manuel Valls. Comme il faut tout de même donner des gages à la Gauche, il faut parler de défendre les acquis et revendiquer l’opposition au nationalisme et à la guerre.

Comme il faut légitimer tout ce bric-à-brac, il y a la République comme concept traditionnel chez les socialistes depuis Jean Jaurès et on lit dans le mémorandum :

« La gauche, occupée à la question sociale et à l’extension des libertés individuelles a, petit à petit, délaissé la défense et l’approfondissement de la République. Elle n’a voulu voir que ses insuffisances, ses trahisons, ses limites.

Elle a pensé révolution, évolution, libération. Ce qui fut nécessaire. Mais elle a relégué la République au magasin des accessoires. Et aujourd’hui, voici la République remise en cause, attaquée de toutes parts. »

Répétons-le encore une fois : François Hollande ne peut qu’être d’accord, Manuel Valls aussi. On a du mal à penser qu’ils n’ont pas été consultés ou qu’ils ne sont pas, d’une manière ou d’une autre, de la partie. Au minimum ils convergent avec Jean-Christophe Cambadélis.

La ligne de celui-ci est très clairement radicale de gauche et évidemment on ne trouvera rien sur la classe ouvrière et le peuple, à part une dénonciation des communistes ici et des maoïstes là-bas. Pas de socialisme, pas de capitalisme, pas de bourgeoisie, pas de propriété, etc. Les concepts employés ont de ce fait un côté à la fois flou et poétique assumé : « égalité réelle », « liberté ordonné », « fraternité laïque ».

Quel est donc le message passé ici à la Gauche ? C’est, en quelque sorte : c’est nous ou le fascisme. C’est à peu près clair. Le message, c’est : vous ne parvenez rien, vous ne pouvez pas parvenir à quelque chose. Nous sommes les seuls crédibles dans le cadre d’institutions que vous n’aimez pas, mais que vous ne pouvez pas remplacer. De plus, les mouvements populaires partent dans le populisme et le nationalisme : vous devez donc défendre ces institutions pour survivre vous-mêmes.

C’est très fin, c’est très politique, c’est très Jean-Christophe Cambadélis. Mais c’est trotskiste aussi, c’est-à-dire unilatéral et calculateur, fabriqué en laboratoire. La vie est bien plus complexe que ces plans sur la comète et il est parlant que le mémorandum ne parle pas des animaux, ce qui en 2020 est aberrant. Au-delà même de son absence de « croyance » en les chances de la Gauche historique, cette absence en dit long sur un certain côté hors-sol.

Si on ajoute à cela la crise et le retour politique de la classe ouvrière, alors le projet de Jean-Christophe Cambadélis apparaît comme tout à fait réaliste… et en même temps un rêve parisien coupé des réalités. La France va au conflit, c’est inévitable et aucun pompier « républicain » ne peut empêcher les contradictions de s’exprimer. L’heure de François Hollande est passé : l’heure est à l’Histoire.

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L’appel des 1000 pour une candidature commune écologique sociale et démocratique en 2022

L’appel vise les présidentielles de 2022, appelant à l’unité de toute la Gauche ; signé par des personnalités plus ou moins influentes, il n’a cependant pas l’assentiment des appareils des mouvements politiques de la Gauche, ni d’ailleurs de sens programmatique.

La jeune Greta Thunberg a appeléà voter Joe Biden pour barrer la route à Donald Trump. C’est à la fois vrai dans l’idée et simpliste, car cela ne résout pas les problèmes de fond, en particulier la question ouvrière. C’est au fond la même démarche qu’a l’appel des 1000, 2022 en commun, avec d’ailleurs pour la page contact une photographie d’une mobilisation américaine anti-Trump (drapeau américain compris).

On chercherait en vain les mots ouvrier, travailleur, bourgeois, lutte des classes, crise et toutes ces choses semblant dépassées pour les tenants d’une Gauche à l’américaine. Il faudrait nier toute programmatique, du moins mettre cela de côté, pour faire barrage. Au passage, on accumule les idées et les valeurs et on unifie le tout. Sont d’ailleurs mis sur le même plan « militants associatifs, syndicaux politiques, chercheurs, universitaires, etc. ».

Sauf que les signataires de l’appel – mentionnons Clémentine Autain, Elsa Faucillon, Gérard Filoche, Noël Mamère, Thomas Piketty, Michèle Rubirola – ne sont qu’à l’arrière-plan dans leurs organisations respectives (EELV, PCF, LFI, etc.) et que les directions des mouvements politiques ne comptent certainement pas rentrer dans ce jeu, tant par volonté hégémonique que par tradition : en France, il existe une tradition puissante du combat d’idées ouvert et politique.

La France, ce n’est pas les Etats-Unis, pays où le capitalisme a écrasé entièrement la politique dans le peuple, depuis les années 1910-1920 et l’écrasement du mouvement ouvrier par la violence.

Cet appel, typiquement américain dans la forme avec cette volonté de copier le Parti Démocrate américain, et étrangère au mouvement ouvrier historique dans le fond, reflète en même temps un vrai besoin d’unité à Gauche – mais la question de l’unité peut-elle avoir une réponse électorale ? Ou bien s’agit-il de la nécessité de l’engagement, d’une dimension programmatique, d’une reconstitution de structures politiques par en bas ?

Et ne vit-on pas une crise ? Quel sens y a-t-il à nier la crise ?

Voici l’appel :

« La fin de l’été a été rythmée par les journées et universités des différents partis de gauche et du pôle écologiste. Si tous ont voulu donner des signes d’ouverture, il est clair qu’il manque d’un travail commun pour définir un projet alternatif à celui du gouvernement, la plupart des appareils politiques se focalisant sur son éventuel présidentiable et ayant la prétention de rassembler autour de celui-ci.

Nous refusons de nous résigner à cette situation.

Depuis plusieurs mois déjà, de nombreuses initiatives travaillent à faire tomber les murs. Choisissant de placer les identités partisanes ou organisationnelles au second plan, elles ont commencé à esquisser un arc écologiste, social, et humaniste. Les organisations de jeunesse politique se sont fédérées dans le cadre du mouvement Résilience Commune, des organisations de jeunesse de la société civile (activistes et entrepreneurs) se sont coalisées et se sont données rendez-vous pour la Rencontre des Justices et toutes ces différentes composantes aujourd’hui dialoguent.

Dans ces discussions, il est question de la double urgence climatique et sociale et de la préservation des conditions de vie sur terre. Il est question de l’abyssale crise économique et sociale qui se profile en cette rentrée, préparée par des décennies de politiques néolibérales. Et il est question de se saisir des prochaines échéances politiques pour conjurer cette perspective mortifère.

Un constat commun s’impose : la dégradation de notre écosystème, la défiance envers nos institutions et la crise économique et sociale s’accélèrent… Il est dès lors urgent de construire une alternative politique heureuse pour notre pays, l’urgence d’une victoire pour nos engagements – celui de l’écologie, de l’égalité et de la démocratie réelle.

Nous nous opposons résolument au néolibéralisme, au capitalisme, au productivisme, au patriarcat, au présidentialisme, à tous les racismes et à toutes les discriminations et exclusions.

Nous faisons du féminisme, de l’antiracisme, de l’écologie, de la lutte contre les écocides, de la défense des droits et des nouvelles formes démocratiques à mettre en place, des outils pour construire un nouvel imaginaire politique, structuré par des coopérations et déconstruisant les dominations.

C’est d’un nouveau régime relationnel dont il est question, qui transformerait notre relation à l’autre, au vivant, à nos territoires, plaçant la solidarité et la coopération au centre là où le néolibéralisme avait fait triompher la concurrence, l’oppression et l’exploitation.

Il nous faut imaginer ce que serait une République écologique, sociale et démocratique et comment cette dernière pourrait se concrétiser dans un socle commun de propositions, dans une plate-forme commune, en tenant compte des initiatives prises par des collectifs qui anticipent, par leurs pratiques démocratiques, la société à venir.

En particulier, nous avons besoin d’un changement radical de la politique économique et sociale, d’un nouveau partage des richesses, qui serait permis notamment par une fiscalité plus juste, d’un partage du travail et d’une réduction du temps que nous y passons.

Nous vivons une décennie critique où les enjeux se déterminent à l’échelle planétaire. La question d’une alternative humaniste à la barbarie sera de plus en plus importante. La France doit œuvrer à une refonte des relations internationales et à une transformation de l’Union européenne pour relever ces défis.

Mais nous ne parviendrons pas à gagner si nous ne parvenons pas à nous unir. Il n’est pas ici question d’union pour l’union, d’unité sans principes autour d’une orientation gommant les diversités. Encore moins de mettre sous le tapis nos différences et désaccords. Il est question de lier nos luttes et de coordonner nos stratégies, de se fédérer en demeurant nous-mêmes.

Partout, au-delà des rangs de la jeunesse, des dialogues se sont noués. Entre organisations de la société civile: associations, syndicats, fondations, médias libres, collectifs, pétitions, coalitions et entreprises sociales ou écologiques. Entre partis politiques aussi quelquefois.

Souvent néanmoins, les enjeux tactiques à plus court terme, le temps nécessaire à l’exercice de la démocratie interne aux partis et organisations, les volontés d’hégémonie, ont pris le dessus et ralenti la construction du commun. Les élections présidentielles et les législatives de 2022 représentent une échéance vitale pour notre avenir avec un double risque : celui de la poursuite et de l’amplification des politiques actuelles ou passées, celui de l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite.

Conjurer ces risques suppose de s’engager résolument dans la construction d’une perspective de rassemblement de la gauche, de l’écologie politique et des citoyens et citoyennes mobilisé.es, sur un projet et un contrat de législature permettant d’engager une transformation écologique, sociale et démocratique.

C’est pourquoi, nous lançons un appel à l’ensemble des citoyennes et citoyens qui se reconnaissent dans cette ambition de porter au pouvoir en 2022, face au néolibéralisme, une alternative écologique, sociale et démocratique, en promouvant une démarche et une candidature commune à l’élection présidentielle dans une démarche transparente et démocratique.

Dans cette perspective, nous participerons à toutes les initiatives de mobilisations sociales et citoyennes allant dans le sens du rassemblement des forces pour la transformation écologique, sociale et démocratique, et appelons à rejoindre toutes les initiatives de dialogue et de construction de convergence. Nous co-organiserons un grand rendez-vous début 2021. »

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Appel: «Nous, les Hauts-de-France !»

Voici un appel salutaire pour l’Union de la Gauche pour les Hauts-de-France aux élections régionales de mars 2021. Certains y verront avec regret l’absence d’une écologie tournée vers les animaux (et pas seulement réduite à la question de la limitation des rejets de CO2), d’autres esprits chagrins diront avec justesse sans doute que l’Aisne, l’Oise et la Somme cela a un nom : la Picardie.

Cela étant, c’est une initiative unitaire qui, si elle parvient réellement à porter quelque chose, serait une contribution réelle pour aider la Gauche à sortir du pétrin dans lequel elle est.

« 🥁 NOUS LES HAUTS-DE-FRANCE !

Nous les Hauts-de-France est un mouvement de citoyennes et de citoyens qui souhaitent ouvrir une nouvelle ère pour notre région. Venus de l’Aisne, du Nord, de l’Oise, du Pas-de-Calais et de la Somme, nous mettons en commun nos richesses, nos expériences et notre désir d’action pour être les moteurs de la transformation économique, écologique et démocratique qui redonnera aux Hauts-de-France la première place dans la France du XXIème siècle !

📢 NOTRE APPEL :

Des cités populaires aux grands ports du Nord, du cœur des métropoles aux territoires frontaliers, de la Baie de Somme aux plaines agricoles et au bassin minier, des bords de l’Escaut, à ceux de l’Aisne et de l’Oise, nous sommes fiers de notre région, les Hauts-de-France, de son histoire plurielle, souvent meurtrie, et de sa culture singulière, toujours chaleureuse.

Nous appelons à l’unité de projet et d’action pour changer son avenir qui s’assombrit.

Il n’est de richesse que d’hommes. Pourtant notre région est frappée d’une crise de vitalité : elle se vide et se dépeuple. Alors qu’elle comptait plus de 6 millions d’habitants en 2015, les Hauts-de-France sont désormais en voie de rétrécissement avec une population totale qui est passée sous les 6 millions d’habitants et qui perd, cette année, sa troisième place au niveau national en termes démographiques. Les territoires ruraux sont les premiers touchés. La faute à une politique régionale qui a négligé l’attractivité économique, environnementale et culturelle et a laissé partir nos talents.

Notre région est en mauvaise santé. Elle est malade de la pollution de l’air, des sols et des sous-sols. Naître dans les Hauts-de-France c’est, aujourd’hui, avoir l’espérance de vie la plus faible de tout l’Hexagone. En rupture avec les majorités précédentes, aucune politique de santé d’envergure n’a été mise en place durant cinq ans à l’échelle régionale pour lutter contre cette mortalité précoce. La prévention est faible, les déserts médicaux s’étendent, les maternités ferment, les hôpitaux sont saturés et la région regarde ailleurs.

Notre région continue de souffrir, plus que d’autres, d’un chômage massif et de taux records de précarité et de pauvreté, dévastateurs pour la cohésion sociale. Dans ce domaine le Président de Région semble faire mais en réalité fait semblant. La politique de la région en matière d’emploi est une gabegie financière et un échec économique. Gabegie financière car la région a dupliqué, sans aucune coordination et sans résultat probant, le service public national de l’emploi en créant un avatar régional de Pôle emploi. Proch’emploi c’est Pôle emploi en moins : pas d’accompagnement des demandeurs d’emploi, une simple mise en relation et un nombre de retours à l’emploi au niveau régional artificiellement gonflé par des entrées nombreuses en contrats d’apprentissage courts et donc peu professionnalisants. La région ferait mieux de promouvoir des solutions innovantes comme, par exemple, un outil bancaire public régional finançant des projets utiles créateurs d’emplois, à partir de critères écologiques et sociaux forts. Dans le même temps, la formation initiale a été délaissée avec notamment un sous-investissement de la région dans les lycées.

Notre région a aussi été privée d’ambition écologique alors même que les Hauts-de-France devraient être l’avant-poste d’une écologie sociale exigeante et populaire. Exigeante car la reconstruction écologique du pays implique de mettre la région au travail pour assurer la bascule dans un monde sans carbone. Populaire car l’écologie du quotidien c’est celle qui libère les habitants de la région des embouteillages sur leur trajet domicile-travail en leur offrant des solutions de transport en commun publiques, riches et diversifiées et en réduisant drastiquement le nombre de camions sur les routes par le ferroutage et le transport fluvial. C’est aussi celle qui permet de faire baisser la facture de chauffage par la rénovation thermique des logements et qui assure à tous une alimentation saine et de qualité. C’est enfin celle qui encourage le « vivre et travailler au pays » par le recours au télétravail, négocié avec les salariés, en assurant le financement de la construction d’espaces de travail partagés publics à proximité du lieu de résidence.

Nous, élus, citoyens volontaires, femmes et hommes libres, nous refusons que notre région continue de s’effacer et soit prisonnière de dogmes libéraux et d’un modèle de pensée, de gouvernance et de gestion périmés. Nous voulons redevenir la locomotive du pays, une région exemplaire pour son excellence sociale, environnementale, culturelle, numérique. Une région qui mise sur ses atouts et notamment son industrie mise en action pour accompagner les transitions à venir.

Nos priorités sont claires. Il s’agit de surmonter la crise sanitaire, économique et sociale issue de l’épidémie de la COVID-19, d’éviter la catastrophe climatique et d’empêcher le grand bond en arrière démocratique que constituerait la conquête de notre région par le Rassemblement national.

Pour ce faire, nous nous engageons dans la création d’un mouvement citoyen, de la gauche et de l’écologie, unitaire, qui portera les espoirs d’une reconstruction environnementale et sociale aux élections régionales de 2021 et permettra le dépassement des rivalités de personnes.

Nous les Hauts-de-France ! sera le lieu de l’enthousiasme collectif, du travail civique, du débat et de l’action pour l’avenir de notre Région et de ses habitants.

Rejoignez-nous !

✍️ LES PREMIERS SIGNATAIRES :

Thierry AURY (PCF, 60), Eric BOCQUET (PCF, 59), Jean-Louis BRICOUT (PS, 02), Thierry BROCHOT (EELV, 60), Rémi Cardon (PS, 80), Dominique CLINCKEMAILLIE (EELV, 60), Damien Carême (EELV, 59), Delphine DAMIS-FRICOURT (Generation.s, 80), Marie-Laure DARRIGADE (LFI, 60), Yves DAUDIGNY (PS, 02), Karima Delli (EELV, 59), Antoine DETOURNE (Generation.s, 62), Vincent DHELIN (EELV, 59), Jean Bruno GORNY (citoyen engagé à Hénin-Beaumont, 62), Frédéric FAUVET (militant associatif, 80), Martine Filleul (PS, 59), Brigitte Fournié-Turquin (EELV, 02), Aurélien GACK (LFI, 62), Aurélien GALL (PCF, 02), Michelle Greaume (PCF, 59), Jacky Hénin (PCF, 80), Thomas Hennequin (PS, 02), Patrick Kanner (PS, 59), Benjamin LUCAS (Generation.s, 80), Roxane LUNDY (Generation.s, 60), Christian MANABLE (PS, 80), Bastien MARGUERITE (PS, 62), Alain MOREAU (Responsable associatif, 02), Alexandre Ouizille (PS, 60), Fabien Roussel (PCF, 59), Laurence Rossignol (PS, 60), Émilie THÉROUIN (EELV, 80), Marine Tondelier (EELV, 62), Karine TROTTEIN (PCF, 59), François VEILLERETTE (militant écologiste, 60), Sarah ZEROUALI (citoyenne engagée dans une association étudiante d’accès aux droits, 59).

➜ Découvrez notre l’appel et les premiers signataires :
https://nousleshautsdefrance.fr/ »

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Le PS entre suivisme, radicalisme républicain et «nouveaux socialistes»

Le Parti socialiste tenait son université d’été à Blois et l’aile droite y est intervenue, parallèlement à François Hollande qui l’a fait depuis les médias. Cela témoigne de deux lignes antagoniques au PS.

Il y a, pour résumer, deux lignes au Parti socialiste. La première, c’est celle de son dirigeant, Olivier Faure. Il a compris que la France a changé, que le Parti socialiste est débordé sur certaines questions, notamment la question écologiste ou celle des animaux. Il sait que le PS est méprisé voire haï en raison de sa participation au gouvernement pendant des années. Il est tourné vers la modernité et il dit ainsi : on passe notre tour, on laisse EELV prendre la main, et soit on fusionnera avec, soit on aura une bonne place pour la suite.

C’est pour cela que l’université d’été du PS s’est intitulée « le RDV de la gauche d’après », qu’étaient invité notamment Julien Bayou, Éric Piolle et Yannick Jadot d’EELV, Pierre Lacaze du PCF, Clémentine Autain de La France insoumise, avec une belle mise en scène avec Yannick Jadot, en pole-position pour être le candidat aux présidentielles représentant ce positionnement.

La seconde ligne, c’est celle de François Rebsamen, le maire de Dijon, qui au séminaire des élus, la veille de l’ouverture de l’université d’été, a dézingué la ligne d’Olivier Faure. Son raisonnement est le suivant : le Parti socialiste a un immense réseau d’élus, lui seul a des cadres d’envergure gouvernementale en comparaison au PCF et encore plus à EELV. Lui seul peut se positionner au centre-gauche et seul le centre permet d’avoir 51 % aux élections. Par conséquent, tout le monde sera obligé de se plier aux exigences du Parti socialiste.

C’est une ligne en quelque sorte similaire à celle du Parti Démocrate américain ; en France, elle a été théorisé par François Hollande. Ce dernier est intervenu justement deux fois ce week-end. Dans le journal Ouest-France, il a expliqué que :

« Il ne peut y avoir d’alternative à gauche sans une grande force centrale et le PS a le devoir de jouer ce nouveau rôle. »

Ce parasitage n’a pas été apprécié par Olivier Faure, qui sur France 3 a expliqué que :

« Il sait très bien que nous nous réunissons en ce moment, et il cherche à polluer cet événement par sa prise de position. »

François Hollande est cependant également passé au 20 heures de France 2, notamment pour demander la gratuité des masques dans le système scolaire et universitaire, alors que Stéphane Le Foll, maire du Mans, expliquait au Journal du dimanche que :

« Le PS ne doit pas s’effacer au profit des Verts. »

S’il est évident qu’il vaut mieux passer une soirée avec Olivier Faure le convivial accommodant, c’est bien l’aile droite de François Rebsamen – c’est-à-dire en fait de François Hollande – qui est dans le vrai… si l’on récuse la Gauche historique.

EELV, c’est une aventure fictive. Alors soit on retourne à la Gauche historique, soit on bascule dans le radicalisme républicain. C’est le choix de François Hollande historiquement et, par contre, là où il se trompe, c’est lorsqu’il croit que le PS peut se maintenir sur une telle ligne, alors qu’il ne peut qu’imploser dans une foule de petites structures, les radicaux ayant toujours existé sous cette forme.

Apparaît ainsi comme encore plus réaliste, Jean-Christophe Cambadélis, qui a dirigé le Parti socialiste pendant longtemps et organise fin septembre à Paris la convention nationale de « Nouvelle société ». Il sait que la voie du suivisme d’EELV est suicidaire pour le PS mais que le radicalisme républicain amènerait tout autant une dissolution du PS. Il propose donc de refaire un congrès d’unification des socialistes d’Epinay de 1971, en agglomérant les contestations pour former des « nouveaux socialistes ».

Il veut, de fait, reconstituer le Parti socialiste dans sa fonction historique. Cela tient pour le coup bien plus que la perspective d’Olivier Faure et de François Hollande. C’est beaucoup plus conforme à la dynamique politique qui a toujours été celle de la Gauche en France. C’est ainsi beaucoup plus réaliste et en phase avec le courant socialiste dans sa nature française.

On peut se demander toutefois comment Jean-Christophe Cambadélis compte trouver des cadres pour un tel projet, car avant 1971 il y avait une véritable effervescence politique et que celle-ci est devant nous, pas derrière nous. Jean-Christophe Cambadélis pense que la crise est déjà en place, vite passée, et là il montre qu’il saisit le présent de manière subtile, mais qu’il a du mal avec l’avenir. Les socialistes français ont toujours donné des Jean Jaurès, des Léon Blum, des François Mitterrand, jamais des Rosa Luxembourg ou des Lénine : l’avenir, pour eux, n’est que le présent de demain.

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La lettre de démission d’un cadre du MJS et adhérent au Parti socialiste

Voici la lettre de démission d’un membre du bureau national du MJS (les Jeunes Socialistes) et adhérent au Parti socialiste, Doriann Maillet-Praud. Il explique avec des mots très durs pourquoi il quitte ces organisations, qui sont liées. Bien qu’il se définisse finalement comme « centriste », on retrouvera largement dans sa critique les arguments de la Gauche historique. Il y a l’idée, au fond, que le PS est un immense gâchis, parce qu’il est rongé par l’opportunisme politique et la mollesse des convictions de beaucoup de ses membres, surtout quand ils deviennent élus.

Voici la lettre de Doriann Maillet-Praud :

« Une amie qui me connaît bien me disait il y a quelques temps « mais c’est normal que les gens ne te comprennent pas, en cinq ans tu en as fait plus que certains en tout une vie ». Sur le moment j’ai trouvé ça excessif. Et en y repensant… depuis cinq ans je suis fortement engagé. Très fortement. On peut même dire que j’ai tout donné, rognant sur mes études et ma vie privée, le tout dans une loyauté totale, autant envers mes valeurs qu’envers le parti qui, j’ai longtemps pensé, les représentait et les défendait.

L’engagement politique m’a apporté des rencontres formidables (Roxane Aksas Lundy), des amitiés durables (Baptiste Menard Guillaume Seris Damien Picot Margaux Rouchet) et des compétences incroyables. J’y ai plus appris que n’importe où ailleurs, humainement et professionnellement. Des moments de joie, de larmes et de stress. Des réalisations dont je suis fier. J’ai appris la vie en équipe, la pensée de groupe. J’y ai développé ma propre pensée en me confrontant au terrain, au contact direct des citoyens.

En ça j’ai été heureux d’être un militant socialiste.

Mais mon engagement n’a rien apporté politiquement, ni dans le concret ni dans le positionnement de mon parti ou des élus que j’ai soutenue, un parti qui aujourd’hui ne représente plus mes idées (ni quasiment aucune idée d’ailleurs). On ne peut pas être engagé aussi fortement aussi longtemps sans que cela ne porte rien.

Que mon parti préfère mettre sa confiance dans des personnes issus d’un même moule, des technocrates, plutôt que dans des profils militants et ayant essuyé les plâtres sur le terrain, connaissant la réalité du français moyen, ne peut que remettre en question mon engagement en son sein.

Il est loin le temps où le Parti socialiste formait ses militants sur le fond pour qu’ils deviennent ensuite de bons élus, sûrs de leurs valeurs. La dérive de ce dernier vient de là en grande partie, nous nous sommes coupés de la France du quotidien.

Il est loin le temps où le Parti socialiste faisait élire des enfants d’ouvriers ou de petits salariés. Parce qu’eux ne faisaient pas que parler du quotidien qu’il fallait améliorer. Ils l’avaient dans le ventre.

Nous sommes devenus une machine de reproduction sociale. Une de plus.

Le Parti socialiste est devenu un parti qui n’a plus aucune reconnaissance pour ses militants, encore moins ses jeunes.

Durand tous mes mandats partisans, notamment en tant qu’animateur national de la Fabrique du Changement, l’un des plus grand, si ce n’est le plus grand courant du MJS à l’heure actuelle, j’ai fait en sorte de garder debout la vieille maison socialiste.

En contribuant à la fondation de nouvelles fédérations jeunes socialistes et au maintien de certaines en grande difficulté, abandonnées. En faisant en sorte de former certains militants novices, abandonnés à eux-mêmes en l’absence de véritable structure partisane. Nos militants savent qu’ils ont pu compter sur moi matin et soir chaque jours de ces cinq dernières années. Je peux partir la tête haute car j’ai accompli plus que ma part de responsabilité, j’ai accompli ce qui était mon devoir envers mes camarades.

A mes camarades Jeunes Socialistes, je veux vous dire de continuer à vous battre pour vos idéaux, mais ne considérer jamais le parti ou un mandat comme une finalité. Ils ne sont que des moyens.

Membre du bureau national des Jeunes Socialistes et adhérent au Parti socialiste, j’ai décidé après mûre réflexion de démissionner de mes engagements politiques.

Je ne peux appartenir à un parti qui n’entrevoit sa politique que par le prisme du meilleur moyen de se faire élire ou par le biais des citadins de centre ville, ces personnes qui sont déjà parmi les plus favorisées du pays, plutôt que par celui d’un véritable projet de société fondé sur des valeurs républicaines et sociales, en lien direct avec la réalité du quotidien.

En réfléchissant sur les raisons de mon engagement ( la défense des territoires, la laïcité, les droits humains, la démocratie, l’amélioration des conditions de vie, en somme les valeurs de la République), j’estime que ce n’est plus au sein du Parti socialiste qu’est ma place.

Parce que l’on ne s’engage pas en politique pour une course folle vers le pouvoir mais pour défendre des valeurs, parce que lorsque l’on s’engage en politique il n’y a qu’à nos valeurs et nos idéaux que nous devons être fidèles.

Après toutes ces années j’en viens à la conclusion que si je souhaite toujours être engagé en politique, le monde politique français tel qu’il est à l’heure actuelle n’est pas fait pour moi. Ma vision de la politique repose sur le dialogue, la juste représentation des citoyens et la recherche de consensus fort. Le jeu politique français a comme règle de chercher à écraser l’ennemi. On ne cherche pas, ou trop peu, le meilleur pour le collectif, on cherche le meilleur pour un camp, en opposition systématique avec un autre.

Si mes idées et valeurs politiques sont bien de gauche ma méthode est résolument centriste. Je souhaite que tout le monde prenne sa responsabilité dans les décisions, que celles ci ne soient pas réduites à des prises de guerre mais à un accord prenant chacun en compte et qui est là pour durer plus que le temps d’un mandat. Ce n’est pas toujours faisable mais nous nous devons d’essayer. C’est ça la démocratie.

Parce que j’en vois trop rester par opportunité, je décide de partir par conviction. »

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La tribune des organisations de jeunesse pour liquider la Gauche au nom de l’écologie

Des organisations de jeunesse ont publié une tribune appelant à l’unité politique, avec comme perspective ni plus ni moins que l’enterrement de la Gauche historique. Après avoir confisqué la Gauche pendant des années, les bourgeois et petit-bourgeois « progressistes » assument maintenant de vouloir la faire disparaître. L’écologie est pour eux un formidable prétexte.

La victoire électorale d’EELV dans quelques grandes villes aux municipales a été un grand succès pour toute une frange bourgeoise urbaine d’inspiration libérale-libertaire, s’imaginant avoir le monopole de la Gauche. Tous ces gens ont fait beaucoup de dégâts pendant des années en imposant leurs préoccupations, leur vision du monde et leurs aspirations, au sein même de la Gauche.

EELV a été un incubateur pendant des années de toutes cette démarche, consistant à la fois en une OPA sur la Gauche et en une liquidation de la Gauche, avec un public de plus en plus ouvertement bobo et « démocrate » à l’américaine, assumant tout un ensemble de thèmes sociétaux à la place du Socialisme. Pour ces gens, le « social » n’est qu’un thème parmi d’autres et les ouvriers n’existent plus, tandis qu’ils s’imaginent qu’avoir un peu de compassion pour leur caissière au supermarché fait d’eux des gens de gauche.

C’est une des grandes raisons de l’effondrement de la Gauche, avec surtout l’isolement par rapport aux classes populaires et particulièrement le mouvement ouvrier, alors que c’en est historiquement le cœur.

Il est clair qu’un cap a été passé récemment et c’est au nom de l’écologie que ces gens pensent maintenant pouvoir enterrer définitivement la Gauche, en tous cas la Gauche historique.

Une nouvelle tribune est parue en ce sens et largement relayée, où il est expliqué qu’elle est portée par des jeunes en tant que « représentant.e.s d’une génération qui vient à la politique pour sauver les conditions d’existence terrestres ».

Ces « jeunes » sont issus de différentes organisations (Jeunes Ecologistes et d’EELV, de Génération.s et des Jeunes Génération.s, de la France Insoumise, du Parti Communiste Français, de la Gauche Républicaine et Socialiste, du Mouvement des Jeunes Socialistes et du Parti Socialiste), mais ils assument ouvertement leur propre effacement politique. Il est ainsi expliqué que les signatures sont individuelles, sans juxtaposition du nom de l’organisation politique.

C’est une opération de liquidation de grande ampleur, car effacer cette affiliation, c’est liquider tout un cheminement historique et toute une filiation à la Gauche historique, y compris pour EELV qui n’en fait pas partie, mais qui en a longuement profité.

Il s’agit donc pour tous ces gens, pour tous ces « jeunes », de mettre à la remorque d’EELV tout ce qu’il reste de lié à la Gauche dans ce pays :

« Les résultats des municipales marquent une étape supplémentaire dans la recomposition de l’échiquier politique, actant l’intégration du paradigme écologique par les différentes forces de la gauche. L’écologie, loin d’être une pensée déconnectée de notre histoire politique, reprend et restructure l’imaginaire progressiste et humaniste propre à la gauche ; elle réencastre les luttes sociales dans le système-Terre. L’écologie propose un nouveau modèle de société, qui n’est pas un socialisme amendé d’écologie, ni le modèle libéral productiviste aveugle défendu par l’actuel gouvernement. L’écologie politique considère en premier lieu les ressources finies de notre environnement pour en proposer une utilisation équilibrée et une juste redistribution.

L’enjeu du moment est de consolider la transformation écologique de la gauche, dont EELV est désormais une composante essentielle, en vue de la prise de pouvoir d’une écologie de rupture. La pandémie planétaire et le confinement ont eu un effet de sidération qui en dernière instance conforte la revendication chez le grand nombre d’un changement de paradigme profond. Cette crise creuse la fracture entre celles et ceux qui, la vue courte, ne jurent que par la relance aveugle de la croissance économique, et celles et ceux qui exigent la reconstruction écologique de notre société. »

Ce discours n’a absolument rien de nouveau, c’est ce que dit EELV (et anciennement Les Verts) depuis des années et des années. C’est l’idée que la Gauche historique serait dépassées car « productiviste », alors qu’il faudrait selon eux mettre les individus et les thèmes sociétaux au centre de tout.

Dire cela est, sur le plan philosophique, une vaste escroquerie. La Gauche historique, qu’elle vienne du communisme ou du socialisme, provient elle-même de toute une filiation historique ayant eu une réflexion sur la nature, car c’est le propre même de l’intelligence humaine que de s’intéresser à la nature. Les philosophes grecs, de manière contradictoire souvent, n’ont jamais fait au fond autre chose que cela, puis les religions, puis toute l’histoire de la pensée, dont la Gauche se propose d’être un aboutissement propre à l’époque du capitalisme, pour dépasser le capitalisme.

Seulement, la Gauche n’a jamais rejeté l’industrie, car la classe ouvrière ne veut certainement pas d’un monde sans industrie, ce qui serait une utopie réactionnaire. Ce qui compte pour la Gauche historique, et là encore, qu’elle soit communiste ou qu’elle soit socialiste, c’est la collectivisation des moyens de production, à commencer par l’industrie, pour la planifier dans un sens conforme aux besoins.

On peut ajouter à notre époque, « y compris aux besoins de la Terre », car c’est possible de le formuler ainsi aujourd’hui, mais cela n’a rien de nouveau en soi. Et si la Gauche a des progrès à faire sur le plan culturel pour comprendre cela, elle n’a pas besoin de gens et d’idées extérieures à elle pour cela.

Par contre, dire cela à propos de la production n’est pas entendable par toute cette mouvance bobo, libérale-libertaire et « écolo », qui tourne autour d’EELV et du rejet du « productivisme ».

Ce n’est pas entendable pour eux, car ils savent bien que cela signifie le Socialisme et donc la primauté de la société, de l’organisation sociale et de l’intérêt collectif, sur les perspectives individuelles. Au contraire, tous ces gens ne veulent que des perspectives individuelles, qui s’agenceraient par rapport à des thèmes sociétaux. C’est la raison pour laquelle ils défendent en général la légalisation du cannabis, l’ouverture des frontières et l’idéalisation de l’immigration, la PMA, la GPA, l’hystérie anti-policière, le racialisme, les idéologies queer et LGBTQ+, etc.

Cela va d’ailleurs de pair avec le refus systématique de mettre sur la table la question du rapport aux animaux. Le postmodernisme s’accompagne toujours d’une négation du véganisme.

Pour justifier leur démarche, ces gens, qui sont des « jeunes », s’inventent une vie comme c’est l’usage de le dire chez les jeunes, en inventant que leurs idées seraient majoritaires dans la société :

« Des gilets jaunes aux marches pour le climat jusqu’aux mobilisations contre la réforme des retraites et plus récemment encore les mobilisations contre le racisme et les violences policières, l’appel à un changement de système est désormais majoritaire. »

Rien n’est plus faux pourtant, car l’abstention a été immense, car les classes populaires n’en ont rien à faire de leurs élucubrations, car leur « vague verte » ne concerne qu’un public bourgeois restreint à des quartiers de centre-ville de grandes métropoles.

Au passage, EELV n’a pas lésiné sur les moyens pour éjecter la Gauche aux municipales quand elle le pouvait, comme à Poitiers… ou encore à Marseille. La tribune évoque Marseille, mais se garde bien de dire qu’EELV a par exemple soutenu Samia Ghali de manière opportuniste dans les quartiers nord de la ville au second tour, mais pas le candidat du « Printemps marseillais » et dirigeant local du PCF.

« Il y a des murs à faire tomber », dit la tribune en conclusion, sans préciser que ces murs, ce sont ceux de la Gauche historique. À la Gauche historique de réagir, de s’assumer, de se reconstituer et de bâtir une forteresse. Il faut des murs rouges et solides, contre ces liquidateurs de l’intérieur, et contre l’offensive bourgeoise en général, libérale, de Droite et d’extrême-Droite.

Le président Emmanuel Macron a expliqué hier dans la presse que « la rentrée sera très dure ». Reste maintenant à savoir pour qui elle sera dure, si c’est pour la bourgeoisie qui devra mettre la main à la poche pour réparer ses propres dégâts, ou si c’est pour les travailleurs qui seront mis sous pression pour relancer la machine à profit. Seul la Gauche historique est à même d’être à la hauteur de cette actualité, mais certainement pas les élucubrations de bourgeois de centre-ville voulant liquider la Gauche, car ils imaginent une « vague verte » dans le pays.

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Municipales: l’unité de la Gauche permettra-t-elle de l’emporter à Marseille ?

La liste d’union à Gauche « le Printemps marseillais » est arrivée en tête du premier tour des municipales en mars dernier. Elle est maintenant en capacité de remporter la mairie le 28 juin, face à la Droite et l’extrême-Droite, alors que la Droite est visée par la justice pour une possible affaire de fraude électorale.

Le score du « Printemps marseillais » au premier tour des municipales 2020, arrivé en tête avec 23,4 % des suffrages contre 22,3 % pour la Droite et 19,4 % pour l’extrême-Droite, est déjà une victoire en soi. C’est la victoire d’un processus d’unité de la Gauche.

La liste portée par l’écologiste Michèle Rubirola est le fruit d’un long processus de convergences, malgré les nombreuses tentatives de divisions, voire de sabotage de l’initiative. Un moment marquant pour le « Printemps marseillais » a été la décision de Benoît Payan du Parti socialiste de se retirer de la tête de liste, en raison des critiques envers le PS. Il faisait ainsi le choix de l’unité contre la Droite et l’extrême-Droite, dans un esprit de Front populaire.

Il avait alors ces mots très forts :

« Au risque de voir perdurer ce système qui a conduit Marseille dans le mur, et face au danger du FN, nous n’avons pas d’autre choix que de nous rassembler pour gagner. C’est notre seul et unique espoir. Ce rassemblement de la gauche, des citoyens et des écologistes, il existe aujourd’hui, il s’appelle le Printemps Marseillais.

Bien évidemment, des esprits chagrins ont eux préféré leurs petits intérêts personnels à la construction d’une alternative crédible pour Marseille. Marseille se meurt de ce personnel politique médiocre, de ces diviseurs et de ces irresponsables.

Je ne serai jamais de ceux-là. »

> Lire également : «Ma seule ambition, c’est Marseille»: la démarche unitaire de Benoît Payan du PS

Cet élan a permis à différents collectifs et personnalités locales du mouvement démocratiques marseillais et de la Gauche marseillaise de participer pleinement à la démarche. L’appui, depuis le début, de Jean-Marc Coppola du PCF a également été déterminant.

Le score du « Printemps marseillais » a ainsi été une grande victoire, autant qu’une grande surprise pour de nombreux commentateurs. Cela a complètement ridiculisé EELV, qui assumait totalement de saboter la démarche en refusant de s’y joindre. Michèle Rubirola, la tête de liste du « Printemps marseillais », est pourtant elle-même issue de EELV, avec qui elle a été élue au Conseil départemental en 2015. Cependant, elle en a été suspendue en raison de son ralliement au processus d’unité de la Gauche.

Elle disait alors fort justement :

« Le but, ce n’est pas de se faire plaisir et d’arriver troisième comme dans ce sondage, mais d’être en situation de gouverner la ville. Tous unis d’un côté et nous de l’autre, quel est le message pour les électeurs ? Les Marseillais veulent l’union, c’est ça qu’ils n’entendent pas ! »

> Lire également : Municipales: les Verts mettent à mal le travail pour l’unité de la Gauche à Marseille

Il ne faut pas croire ici que c’était simplement une démarche opportuniste personnelle, car il n’y avait à ce moment-là rien d’évident à ce qu’elle soit désignée tête de liste et devienne potentiellement maire de Marseille.

C’est par contre la preuve que les démarches d’unité, quand elles sont menées efficacement, avec un élan populaire et démocratique, fonctionnent. Le résultat de l’élection marseillaise sera donc scruté avec attention par toute la Gauche française. Cela pourrait constituer un élan déterminant pour le processus d’unité de la Gauche à l’échelle nationale, pour les scrutins à venir.

La liste du « Printemps marseillais » portée par Michèle Rubirola a ainsi déjà été soutenue par Eric Piolle, maire écologiste de Grenoble, ainsi que tout l’appareil EELV, qui s’y est finalement rallié. Le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure est également attendu à Marseille dans la semaine pour soutenir la liste.

Le résultat du scrutin dans la seconde plus grande commune de France sera également d’une grande signification pour l’ensemble du pays sur le plan politique. Tant l’extrême-Droite (avec le liste RN portée par Stéphane Ravier, ex-maire du septième secteur de la ville), que la Droite, avec la liste LR portée par Martine Vassal, soutenue par le maire sortant Jean-Claude Gaudin, doivent être évitées.

L’implantation du Rassemblement national dans une ville à l’identité aussi populaire que Marseille est un très grand danger, et c’est une priorité de la combattre le plus largement possible. Quant à la Droite, elle représente au plan local tout un système affairiste âprement dénoncé par toutes les oppositions démocratiques depuis de nombreuses années, en raison du climat particulièrement malsain que cela engendre dans la ville et sa région.

Le climat est tel d’ailleurs, qu’au premier tour un bureau de vote a été attaqué avec des armes factices pour tenter de saisir l’urne, alors que des irrégularités ont été dénoncée dans de nombreux bureaux par le « Printemps marseillais ». Il a également, bien entendu, cette affaire récente de suspicion de fraude aux votes par procuration dénoncée par France 2 et le magazine Marianne, pour laquelle la police judiciaire a été saisie. Une perquisition a eu lieu samedi matin au local de campagne de Martine Vassal, la tête de liste de la Droite (et présidente de la métropole), pour rechercher de possibles «manœuvres frauduleuses» et des «faux et usage de faux».

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L’initiative commune lancée par de nombreuses figures de la Gauche

C’est « à titre personnel » que de nombreuses figures de la Gauche ont lancé une « initiative commune », dont voici le manifeste. Cela regroupe l’ensemble du spectre centristes de gauche, EELV, PS, PCF, avec une volonté sous-jacente de dépassement de ces structures.

Cette initiative commune vise clairement à passer au-dessus des partis et organisations, voire au-delà de la notion de parti, dans la perspective d’une unification nouvelle de la Gauche.

Parmi les signataires, notons le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure, l’économiste Thomas Piketty, l’ex secrétaire général de la CGT Bernard Thibault, la figure du PCF Ian Brossat, la porte-parole du PCF Cécile Cukierman, la directrice d’OXFAM France et ancienne figure d’EELV Cécile Duflot, le fondateur de Place publique Raphaël Glucksmann, la principale figure d’EELV Yannick Jadot, le maire EELV de Grenoble Éric Piolle, la centriste écologiste ex-LREM Corinne Lepage, Virginie Rozière co-présidente des Radicaux de gauche.

« Au cœur de la crise, construisons l’avenir

La France affronte un séisme d’une ampleur inouïe. Favorisée par la destruction de la nature, la pandémie a généré une crise économique de grande ampleur, une commotion sociale brutale, notamment pour les plus précaires, et une mise entre parenthèse du fonctionnement démocratique. Elle a révélé l’improvisation des pouvoirs publics face à cette crise majeure. L’engagement extraordinaire des soignantes et des soignants, le courage de celles et ceux qui n’ont cessé de travailler sans relâche au service de tous et le civisme de millions de personnes confinées dans des conditions difficiles appellent une reconnaissance unanime. Dès maintenant, il s’agit d’éviter le pire et de préparer l’avenir. La réparation des dégâts annoncés, la défense des libertés, l’obligation de préparer une société résiliente nécessitent de fortes dynamiques collectives. La crise confirme l’urgence radicale des grandes transitions. De cette impérieuse nécessité, faisons naitre une espérance. Nous ne sommes pas condamnés à subir !

Au coeur de cette crise, il nous faut tourner la page du productivisme. Il faut affronter les périls immédiats, s’accorder pour engager la transition écologique et dans un même mouvement les transformations sociales et économiques trop longtemps différées. L’impasse où nous ont conduits les politiques dominantes depuis quarante ans et le capitalisme financier exige une offensive résolue. Avec cette initiative commune, dans le respect de nos différences, nous nous engageons à la hauteur des principes que nos prédécesseurs ont affirmés dans la « reconstruction » qui suivit la seconde guerre mondiale. Aujourd’hui, en temps de paix, nous devons faire preuve d’une égale ambition, avec la volonté que les Français s’emparent de ces débats.

L’état d’urgence sociale doit se déployer dès maintenant dans l’ensemble du pays, à commencer par les quartiers populaires et les territoires ruraux, partout où la crise remet à vif la grande pauvreté et les inégalités. Les familles déjà vulnérables, comme celles qui viennent brutalement de plonger dans le chômage et la pauvreté, se comptent par millions. La solidarité nationale doit intervenir pour aider les locataires, contribuer à payer les factures d’eau et d’électricité, par l’aide alimentaire et la fourniture gratuite de masques, par des soutiens exceptionnels individualisés pour que vivent décemment celles et ceux, y compris les jeunes, qui ont vu leur travail et leurs revenus disparaitre. Cette crise doit enfin imposer un basculement des politiques publiques : « sortir » des dizaines de milliers de personnes de la rue, c’est affaire de dignité d’abord, mais aussi d’ordre public sanitaire et social.

Pour aller plus loin, la France, comme d’autres en Europe, doit imaginer et mettre en chantier dès cette année un nouveau modèle de protection sociale. Pour ces temps de grande transition, il y a urgence à assurer un revenu digne rendant possibles à toutes et tous la formation, l’accès à un nouvel emploi ou un projet professionnel. Compte tenu de la hausse explosive du nombre des sans-emplois, ce serait une faute historique de maintenir la « réforme » de l’assurance chômage de 2020. Il faut permettre dès maintenant à tous les territoires volontaires de mettre en oeuvre la belle initiative Territoires zéro chômeur de longue durée, inspirée des expériences du mouvement associatif. Quant aux travailleurs étrangers en situation irrégulière, soutiers plus anonymes encore de nos économies, leur accès au droit au séjour doit être facilité.

Pour pouvoir mobiliser les énergies de toutes et tous, il faudra inventer et consolider des protections collectives plus adaptées à notre temps, combler les failles majeures que la crise a soulignées, agir pour l’accès à la santé et des retraites décentes. Certains, à l’inverse, manifestent déjà la volonté de réduire les droits sociaux à la faveur de l’émotion générale, notamment sur la question du temps de travail. Nous ne laisserons pas faire, et nous demandons qu’il soit renoncé définitivement au projet de réforme des retraites qui mine la cohésion nationale dont nous avons tant besoin. Face à la précarité ou aux inégalités femmes-hommes, tous les travailleurs et travailleuses, indépendants, artisans et commerçants, professionnels des plates-formes, salariés en CDD, intermittents ou intérimaires, doivent être dotés de droits sociaux individuels complets et d’une capacité réelle de négociation collective.

Le statu quo n’est plus possible. Nous défendons une société de la reconnaissance, qui sache valoriser celles et ceux sans lesquelles elle ne tiendrait pas, dans la crise comme après. Travailleurs de l’aube et du soir, fonctionnaires de jour comme de nuit, soignants et enseignants dévoués, elles (très souvent) et ils sont en droit d’attendre bien sûr des primes immédiates et légitimes, mais aussi une amélioration significative et sans délai de leurs conditions d’emploi et de salaire, à commencer par le Smic. Lorsque ces personnes ont des enfants, la prise en charge par les employeurs des frais de garde, l’organisation de nouveaux centres de vacances dès 2020 avec les mouvements d’éducation populaire seraient aussi de justes rétributions. Le confinement a mis également en exergue la nécessité de reconnaitre le féminicide en droit français et de ne plus reporter un plan national d’ampleur contre les violences faites aux femmes et aux enfants, en doublant le budget alloué aux associations venant en aide aux victimes et aux lieux de prise en charge

Les Français vivent intensément les effets de l’affaiblissement de notre système de santé. Sous tension bien avant le tsunami du Covid19, l’hôpital public a été asphyxié par des années d’austérité budgétaire et la marchandisation de la santé. Une loi de programmation doit assurer au plus vite un financement pérenne des investissements des hôpitaux et des Ehpad, rompre avec la spirale des fermetures de lits et permettre la revalorisation des métiers de soignantes et soignants. Cette refondation permettra de retrouver une capacité de prévision et d’anticipation, et les moyens d’affronter collectivement les chocs de grande ampleur. Elle devra également garantir à tout moment la disponibilité des principaux médicaments sur le territoire national. Elle assurera enfin la réhabilitation des soins de premiers recours, efficients et réactifs face à de nouvelles crises et la fin des déserts médicaux, indignes de notre pays.

L’avenir de notre économie et sa conversion écologique se jouent en ce moment. Le soutien public à la survie du système productif est vital. Il doit être associé à une conditionnalité environnementale et sociale exigeante. Des fleurons de notre économie sont au bord de la faillite, avec le cortège habituel de restructurations brutales et de chômage massif. Face à ces risques, la réaction de l’État en faveur de l’emploi doit être couplée à la mise en oeuvre accélérée de la transition écologique, à commencer par le respect des Accords de Paris sur le climat. C’est seulement ainsi que le sauvetage des emplois sera durable. Une politique industrielle crédible implique des choix stratégiques nationaux ; elle se construit dans chaque région avec toutes les parties concernées, entreprise par entreprise, branche par branche. La mobilisation doit intégrer pleinement les enjeux d’indépendance et de relocalisation, de recherche et d’innovation, mis en lumière de façon éclatante dans la crise actuelle.

D’ici la fin de cette année, il appartient à la puissance publique d’identifier avec tous les acteurs les secteurs stratégiques à relocaliser au niveau français ou européen, les chaines de valeurs à contrôler et les productions à assurer au plus proche des lieux de consommation. Les événements récents confirment une fois de plus les fragilités de l’Europe quand elle se limite à n’être qu’un marché livré aux excès du libre-échange, renonçant à protéger son économie. La signature des traités qui amplifient cet abandon doit être stoppée, et ceux qui existent déjà révisés. Rien ne sera possible sans un pilotage ambitieux du système de crédit, avec un pôle public de financement et la BPI jouant enfin réellement son rôle. La mise en oeuvre de nationalisations là où il le faut doit permettre non de mutualiser les pertes, mais d’atteindre des objectifs d’intérêt général. Dans ce but, il faudra aussi miser davantage sur l’économie sociale et solidaire pour mieux ancrer l’économie dans les territoires et impulser le nouveau modèle de développement.

Cette épidémie et sa propagation rapide sont liées à la destruction accélérée des habitats sauvages combinée à une mondialisation insuffisamment régulée. Elles renforcent l’urgence d’une remise en cause de notre mode de production et de consommation : la transformation écologique de la France est le nouveau défi de notre République au XXIème siècle. Cette prise de conscience des communs naturels à protéger et de l’impasse des modes de consommation actuels est essentielle, tout comme les combats de la gauche. Les propositions des participants de la Convention citoyenne pour le climat et sa méthode ont permis que progressent dans la société des projets d’une grande richesse. Les politiques publiques doivent être au rendez-vous de cette urgence planétaire.

Nous proposons que soit discutée et mise en oeuvre rapidement une Prime pour le climat, afin d’éliminer en priorité les passoires thermiques et sortir les plus pauvres de la précarité énergétique. Elle accompagnera aussi les travaux de rénovation énergétique rendus obligatoires pour l’ensemble du bâti afin d’atteindre deux millions de logements par an, en privilégiant les rénovations complètes. Des dizaines de milliers d’emplois non délocalisables pourraient être ainsi créés.

La France a besoin également de bâtir un plan ambitieux de transition vers une mobilité durable, pour soutenir l’électrification des motorisations, les modes de transports collectifs et partagés, la relance des réseaux ferroviaires, mais aussi l’extension du droit au télétravail dans des conditions protectrices pour les salariés.

Conçue pour éviter un recours accru aux énergies fossiles, dont les prix baissent du fait de la crise, la Contribution Climat Énergie doit s’accompagner de mesures de redistribution de grande ampleur pour en compenser les effets sur les plus vulnérables. Une relance publique du soutien à la transition écologique locale est plus que jamais indispensable afin d’impliquer beaucoup plus les territoires et les citoyen.ne.s dans le déploiement des projets collectifs d’énergies renouvelables. Ces investissements supplémentaires dans la transition écologique devront être sortis des critères budgétaires européens.

La refonte des aides de la PAC en soutien des petites et moyennes exploitations doit être accélérée, pour permettre une agriculture respectueuse de l’environnement, la croissance des productions bio, et pour développer le paiement des services environnementaux (stockage du carbone, arrêt des intrants chimiques…). Il faudra enfin donner toute sa place dans nos textes fondamentaux au droit de la nature et mettre en oeuvre de façon strict sur l’ensemble du territoire la politique du « zéro artificialisation nette » et la protection de la biodiversité.

Ces investissements massifs, pour l’immédiat ou le futur, exigent un financement soutenable et équitable. L’engagement de l’Europe en est l’une des clés. C’est une nécessité qui conditionne la survie de l’Union, quand les forces de démembrement prospèrent grâce au manque de solidarité européenne dans chaque moment de crise. On attend de l’Europe qu’elle conduise durablement une politique monétaire à la hauteur du risque actuel, mais aussi qu’elle mette en oeuvre des formes inédites de financement en commun pour empêcher une hausse de l’endettement des États, en particulier les plus affectés par la crise sanitaire. Il faudra aussi dès les prochains mois engager le chantier de la restructuration des dettes héritées des crises successives.

Tous les pays en ont en effet un urgent besoin pour permettre un nouveau départ et la transformation de leurs économies tellement interdépendantes. Ces financements européens ne sauraient être assortis des mesures d’austérité qui ont creusé entre les peuples des blessures encore inguérissables. Les conditionnalités aujourd’hui se nomment écologie, cohésion sociale et respect de la démocratie. Une transformation profonde des structures de l’Union européenne est indispensable pour rendre possibles ces politiques ambitieuses de solidarité. Cela implique la remise en cause du pacte budgétaire.

Mais l’Europe ne pourra pas régler seule l’addition de la crise. Les États devront eux aussi apporter une réponse fiscale et budgétaire dans un esprit de justice. Pour corriger les inégalités creusées au cours des dernières décennies et aggravées par la crise, et pour prévenir l’effondrement de nos sociétés. La France doit rétablir un Impôt de solidarité sur la fortune, mettant à contribution les patrimoines les plus élevés, et renforcer la progressivité de sa fiscalité sur les revenus, notamment ceux du capital, largement érodée depuis 2017. Compte tenu de l’ampleur des dépenses engagées pour faire face à la crise, elle devra appeler une contribution anti-crise des citoyens les plus aisés. La taxation des secteurs qui ont bénéficié de la crise et de ceux qui ont décidé, au coeur de la tempête, de continuer à distribuer des dividendes ou à s’enrichir à l’abri des paradis fiscaux doit être proposée sans délai au Parlement. La maitrise à l’avenir des écarts de salaires au sein des entreprises participe de ces préalables de justice : au-delà d’un écart d’un à douze, il ne serait plus possible de déduire les rémunérations et les cotisations de l’impôt sur les sociétés. Ces choix sont inséparables d’une action ambitieuse pour que les bénéfices des sociétés multinationales cessent d’échapper largement à la fiscalité française, notamment en les obligeant à une totale transparence sur leurs activités et les taxes payées dans les pays où elles sont présentes. Cette reconquête ne sera complète que lorsque les géants du numérique contribueront par un impôt juste aux efforts d’investissement qui attendent la France et l’Europe.

Ces mesures n’auront de sens et d’efficacité que si dans l’après-crise, une transition démocratique offre à tous la capacité d’agir pour un monde commun. La verticalité du pouvoir fracture la société. Elle alimente l’impuissance et la défiance. C’est l’échec de la Vème République. Seule une refondation de nos institutions permettra de le dépasser. Il est impératif de ne pas confier à un « sauveur suprême » ou au pouvoir technocratique « la sortie de crise », mais au contraire d’augmenter la participation des citoyen·ne·s aux décisions qui les concernent et cela à tous les niveaux.

Réussir les transitions exige un développement des emplois publics partout où leur manque cruel se vérifie aujourd’hui. Il faudra aussi rénover l’action publique en inventant les outils, l’organisation, les métiers du secteur public de demain. Rien ne progressera sans des délibérations collectives, valorisant bien davantage les citoyens et leurs compétences, l’éducation, l’innovation sociale et la création culturelle, les territoires, villes et villages.

Cet impératif s’adresse aussi aux entreprises : pour réussir la sortie de crise, il faut y faire entrer la démocratie en associant réellement les salariés à leur stratégie. Cela doit s’incarner dans une codétermination à la française avec la présence de 50% de représentants des salariés dans les conseils de surveillance ou les conseils d’administration des grandes entreprises et le renforcement des pouvoirs des représentants des salariés à tous les niveaux.

Lourde de souffrances inédites, cette période ne doit pas confisquer les espoirs de changement, bien au contraire. Faisons place à l’action collective et à ces premières convergences. Pour être à ce rendez-vous de notre Histoire, nous proposons qu’un grand événement, une « convention du monde commun », réunisse dans les prochains mois toutes les énergies disponibles, les citoyennes et citoyens épris de profonds changements, les formations politiques, les forces associatives, les initiatives que portent syndicats et ONG. C’est une première étape cruciale et attendue pour une alternative démocratique, écologique et sociale. Nous voulons lui donner la force de notre engagement.


Premiers signataires* : Syamak Agha Babaei, Christophe Aguiton, Amandine Albizzati, Claude Alphandery, Nathalie Appéré, Gérard Aschieri, Guillaume Balas, Jeanne Barseghian, Marie-Laure Basilien-Gainche, Laurent Baumel, Romain Beaucher, Anne-Laure Bedu, Jacqueline Belhomme, Esther Benbassa, Patrice Bessac, Olivier Bianchi, Habiba Bigdade, Loïc Blondiaux, Alice Bosler, Maurice Braud, Rony Brauman, Axelle Brodiez, Ian Brossat, Philippe Brun, Julia Cagé, Sophie Caillat, Andrea Caro, Fanélie Carrey-Conte, Lucas Chancel, Pierre Charbonnier, Christian Chavagneux, Alain Coulombel, Annick Coupé, Jezabel Couppey-Soubeyran, Françoise Coutant, Thomas Coutrot, Cécile Cukierman, Ronan Dantec, Joël Decaillon, Carole Delga, Stéphane Delpeyrat, Laurianne Deniaud, Emmanuel Denis, Gregory Doucet, Marie-Guite Dufay, Cécile Duflot, Antoine Dullin, Jérôme Durain, Guillaume Duval, Timothée Duverger, Nicolas Duvoux, Anne Eydoux, Olivier Faure, Rémy Féraud, Aurélie Filippetti, Diana Filippova, Alain Foix, Didier Fradin, Philippe Frémeaux, Guillaume Garot, Karl Ghazi, Jean-Luc Gleyze, Raphael Glucksmann, Daniel Goldberg, Guillaume Gontard, Gaëtan Gorce, Aziliz Gouez, Bernadette Groison, Florent Gueguen, Denis Guenneau, Hélène Hardy, Jean-Marie Harribey, Anne Hessel, Catherine Hoeffler, Pierre Hurmic, Marie-Hélène Izarn, Pierre Jacquemain, Yannick Jadot, Hugues Jallon, Vincent Joineau, Régis Juanico, Nina Karam-Leder, Pierre Khalfa, Yazid Kherfi, Hella Kribi-Romdhane, Thierry Kuhn, Joël Labbé, Guillaume Lacroix, Delphine Lalu, Aurore Lalucq, François Lamy, Sandra Laugier, Pierre Laurent, Guillaume Le Blanc, Joël Le Coq, William Leday, Claire Lejeune, Corinne Lepage, Elliot Lepers, Nadine Levratto, Medhi Litim, René Louail, Benjamin Lucas, François Mandil, Bénédicte Manier, Edouard Martin, Gus Massiah, Nora Mebarek, Dominique Meda, Philippe Meirieu, Claire Monod, Beligh Nabli, Naïri Nahapetian, Jean-François Naton, Alexandre Ouizille, Christian Paul, Renaud Payre, Willy Pelletier, Camille Peugny, Maxime Picard, Thomas Piketty, Eric Piolle, Dominique Plihon, Dominique Potier, Alexis Poulin, Angèle Préville, Audrey Pulvar, Valérie Rabault, Jean-Paul Raillard, Gilles Raveaud, Sandra Regol, Nadine Richez-Battesti, Martin Rieussec-Fournier, Jacques Rigaudiat, Marie-Monique Robin, Johanna Rolland, Barbara Romagnan, Laurence Rossignol, Muriel Rouyer, Virginie Rozière, Michèle Rubirola, Jérôme Saddier, Bernard Saincy, Eva Sas, Mounir Satouri, Frédéric Sawicki, Laurence Scialom, Sabrina Sebaihi, Aissata Seck, Véronique Sehier, Gabrielle Siry, Emmanuel Soulias, Jo Spiegel, Olivier Szulzynger, Sophie Taillé-Polian, Bernard Thibault, Benoît Thieulin, François Thiollet, Isabelle This Saint-Jean, Stéphane Troussel, Henri Trubert, Hulliya Turan, Boris Vallaud, Najat Vallaud-Belkacem, Shahin Vallée, Antoine Vauchez, Denis Vicherat, Anne Vignot, Patrick Viveret.

* à titre personnel »

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Résilience commune: une plateforme participative lancée par des organisations jeunesses liées à la Gauche

Des dirigeants de Jeunes Génération·s, de Jeunes Écologistes, de Jeunes Socialistes et de l’Union des étudiants communistes ont publié une tribune lançant une plateforme participative pour trouver des « solutions » aux « crises contemporaines ». Si l’introduction de la tribune rédigée par Politis (qui publie initialement le texte) parle de « Gauche », il n’en est en fait pas question dans le texte, ni sur le site de la plateforme.

Le texte lui-même semblera pour beaucoup de monde très naïf, ne faisant finalement que reprendre l’habituel discours « antilibéral » (en économie) des années 2000. On retrouvera néanmoins sur la plateforme ( resiliencecommune.fr ) beaucoup de textes, avec cette idée de converger vers quelque chose politiquement, pour changer les choses. Le fait de ne pas s’assumer de « Gauche » semble toutefois être un facteur limitant de la démarche, bloquant les choses à un niveau très restreint sur le plan idéologique, et plus généralement en terme politico-culturel. Rien que la notion de résilience d’ailleurs, renvoie plus au zadisme ou à la « décroissance », qu’à la gauche historique, au mouvement ouvrier.

Voici le texte présentant la plateforme :

« Pour une résilience commune

La pandémie du coronavirus nous montre l’échec dramatique des politiques libérales. C’est l’un des symptômes d’un système à bout de souffle, traversé par de nombreuses crises : sanitaires, démocratiques, économiques, sociales, culturelles et environnementales. Une majorité de Françaises et Français aspirent à un autre monde. Un monde où nous retrouverons notre souveraineté collective, où nous dépasserons la société de marché en rompant avec le productivisme. Un monde où nous protégerons les biens communs indispensables à toutes et tous. Nous, jeunes militant·es politiques et associatifs de la génération climat, lançons la plateforme Résilience commune pour accompagner cet espoir.

Nous refusons qu’après la crise du Covid-19 tout recommence comme avant. Nous ne prétendons pas détenir la vérité, mais c’est bien parce que l’avenir nous appartient qu’il nous est inconcevable de laisser celles et ceux qui depuis des années dégradent nos conditions d’existence décider du monde dans lequel nous vivrons demain.

Le coronavirus oblige nos sociétés à questionner en profondeur notre modèle économique et social. Les conséquences des politiques néolibérales sont désormais flagrantes : socialement et écologiquement destructrices, ces politiques sapent les sécurités et solidarités collectives qui nous permettent de rebondir lors des chocs. Pour échapper à un scénario de crises à répétition, il devient impératif de construire un modèle de société radicalement différent.

De multiples propositions et initiatives surgissent de l’arc écologiste et humaniste : nous constatons que des lignes de force unissent ces prises de position. Nous pensons que ces réflexions développant une transformation radicale de notre société constituent les prémices d’une action commune.

Pour rendre visible cette vision partagée, nous voulons recenser ces propositions sur notre plateforme Résilience commune, qui se destine à être un lieu d’expression, d’échange et de synthèse sur la construction du « monde d’après » par les forces écologistes et humanistes. En plus de centraliser les idées et propositions déjà rendues publiques, notre plateforme est accessible à chaque personne souhaitant y publier des textes proposant des réponses à nos crises contemporaines. À partir de cette cartographie des idées et initiatives, nous, jeunes engagé·es, proposerons un plan d’action pour l’avenir.

Aujourd’hui nos divisions sont l’assurance-vie des néolibéraux et des grands capitalistes qui cherchent à faire perdurer leur monde et leurs privilèges. Cette pandémie mondiale est un point de bascule capable de catalyser de grands changements politiques, mais cela nécessitera une immense mobilisation citoyenne, associative et politique.

Nous devons porter la transformation de notre société et contribuer à la création d’une force politique en capacité de la mettre en œuvre. L’écriture de ce projet ne peut se faire que de manière collective et participative. Nous appelons donc chacune et chacun à proposer leurs contributions sur notre site. Face aux crises nous répondons par les idées, face au délitement nous bâtissons l’union. »

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Le site nosretraites.org par des partis de gauche

De nombreux partis et organisations de gauche ont lancé le site nosretraites.org, sur lequel sont faites des propositions unitaires sur la question des retraites et en opposition à la réforme gouvernementale.

Le site nosretraites.org est une plateforme commune, dans un style gestionnaire typiquement keynésien, avec une orientation sociale. Cela ne soulèvera probablement pas les foules et ne fera rêver personne, mais en attendant la démarche a le mérite d’exister et de rassembler assez largement.

Les organisations signataires de ce site et des propositions qui y sont formulées sont :

Ensemble, Europe Écologie-Les verts, Gauche démocratique et sociale, Gauche républicaine et socialiste, Génération-s, Les Radicaux de gauche, Nouvelle donne, PCF, Parti socialiste, Place publique, Pour une écologie populaire et sociale, République et socialisme, ainsi que Union des démocrates et écologistes.

Six « piliers concrets » sont formulés. On notera cependant qu’à défaut d’être véritablement « concrets », ils consistent surtout en une formulation inverse à la réforme gouvernementale, de manière quasi-symétrique  :

1- Améliorer le système par répartition ;
2- Garantir un droit à la retraite en bonne santé, pour toutes et tous ;
3- Une règle d’or (assurant la parité du niveau de vie entre les retraités et les travailleurs) ;
4- Meilleure prise en compte de la pénibilité ;
5- Une retraite minimum au niveau du SMIC ;
6- Réaliser l’égalité femmes-hommes.

Six « pistes de financement » sont également formulées. Là encore, ce n’est pas le « grand soir » de la lutte des classes, mais des mesures gestionnaires assez floues, n’engageant finalement à pas grand-chose :

1- mobiliser le fonds de réserve des retraites (un fonds d’investissement sur les marchés financiers, tout comme le très critiqué Blackrock, mais en version « public », c’est-à-dire géré par l’État) ;
2- assurer la compensation financière de l’État à la Sécurité sociale pour les pertes de recettes liées aux mesures d’exonérations de cotisations sociales ;
3- réflexion sur l’élargissant l’assiette de financement aux revenus du capital, et en particulier aux revenus financiers ;
4- maintien de la cotisation à 28,1 % jusqu’à 27 000 € de revenus par mois ;
5- création d’emplois, notamment dans les services publics
6- augmentation des salaires et l’application réelle de l’égalité salariale entre les femmes et les hommes

Le site est à retrouver à cette adresse : nosretraites.org

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Municipales: la Gauche rassemblée vote aujourd’hui et demain à Marseille

Il y a une large initiative d’union de la Gauche à Marseille en vue des municipales, sous le nom de Printemps marseillais. Après le retrait de la candidature de Benoît Payan du Parti socialiste dans un esprit unitaire, c’est l’écologiste Michèle Rubirola qui devrait mener la liste électorale. 4000 signataires de l’appel doivent valider aujourd’hui et demain par un vote le nom des 15 membres de l’équipe chargée d’animer la campagne.

Le processus d’unité de la Gauche à Marseille est très vif depuis plusieurs mois, avec différentes initiatives ayants convergé comme nous l’expliquions dans un article précédent. Il faut dire que la ville a pendant longtemps eu une identité populaire, avec beaucoup de maires de gauche durant le XXe siècle et que son passage à Droite depuis 1995 est devenu toujours plus insupportable, parallèlement à tout un tas de pratiques mafieuses gangrenant la ville.

L’effondrement des immeubles de la rue d’Aubagne faisant mort 8 morts et 2 blessés a provoqué un électrochoc à Marseille, commune la plus peuplée après Paris, qui a agi comme une sorte de catalyseur de l’envie de changement des gens à Gauche. Et pour cela, il fallait l’unité, absolument.

La candidature de Benoît Payan du Parti socialiste comme tête de liste semblait satisfaire de nombreuses personnes, surtout intéressées par le projet en lui-même plutôt que par son incarnation dans une personnalité. Il y avait cependant des réticences, venues surtout de la France insoumise (dont la figure de proue Jean-Luc Mélenchon, député des Bouches-du-Rhône), prétextant que l’étiquette Parti socialiste n’était pas acceptable.

Dans un esprit d’unité, Benoît Payan s’est donc retiré (voir son communiqué) et Sophie Camard, figure locale de la France insoumise, a indiqué qu’elle se ralliait à la démarche. C’est Michèle Rubirola, élue EELV au conseil départemental, qui devrait être désignée comme tête de liste à l’issue du vote aujourd’hui et demain.

Notons que Michèle Rubirola, qui se présente dans son communiqué de candidature comme étant « née à Marseille » et « médecin dans les quartiers populaires » pour mener le rassemblement des « forces de gauche, écologistes et citoyennes », a été suspendue d’EELV pour avoir rejoint l’initiative unitaire il y a plusieurs mois. Le parti « vert » maintien en effet pour l’instant une candidature solitaire, en refusant l’unité et en dénigrant le Printemps marseillais.

Le vote n’est ouvert bien évidement qu’aux signataires du Printemps marseillais (enregistrés avant le 19 décembre 2019). Il a lieu en ligne (via un mail) et physiquement, dans les locaux du journal de gauche La Marseillaise (19 cours d’Estienne d’Orves).

On retrouve aux côtés de Michèle Rubirola dans l’équipe soumise à l’approbation des votants :

Benoît Payan et Nassera Benmarnia du PS ;
Sophie Camard de la France insoumise ;
Jean-Marc Coppola et Audrey Garino du PCF ;
Ahmed Heddadi des Radicaux de gauche ;
Pierre Huguet de Génération.S ;
Cédric Matthews de la Gauche Républicaine et Socialiste ;
Marie Batoux du Collectif du 5 Novembre ;
Aldo Bianchi du collectif citoyen Marseille et moi ;
Olivia Fortin du collectif citoyen Madmars ;
Agnès Freschel de Zibeline ;
Pierre-Marie Ganozzi du syndicat enseignant FSU ;
Éric Semerdjian et Aïcha Sif.

La liste définitive des candidats ainsi que la désignation des personnes pour chaque secteur (l’élection marseillaise étant spécifique) se feront ultérieurement.

> Le site du Printemps marseillais : printempsmarseillais.fr

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François Hollande lit bien le défi de 2022

Comme l’ensemble des cadres socialistes historiques, François Hollande est un analyste très fin des situations et des enjeux, même si certains reprocheront à tous ces gens de ne finalement pas croire en grand-chose. Ses propos sur le défi que représente 2022 sont pour cette raison empreints de sagacité. Le constat est simple : ou il y a un renouveau par en bas de la Gauche formant un camp bien déterminé, ou l’extrême-Droite se profilera comme alternative à un Emmanuel Macron trop décrédibilisé pour former un rempart à celle-ci.

François Hollande a-t-il lu l’article d’avant-hier « Mouvement de décembre 2019: les Français ne veulent pas le changement », pour dire la même chose hier sur France Inter ? Il n’en avait, il est vrai, nul besoin, puisque du point de vue toute personne rationnelle à Gauche, la situation est très claire.

Et cette situation, c’est celle d’une « gauche de la gauche » populiste et velléitaire, sans crédibilité, avec un Emmanuel Macron qui ne pourra clairement plus servir de barrage à l’extrême-Droite tellement il est décrédibilisé. Conséquence : il faut l’unité de la Gauche, ou bien c’est le drame.

François Hollande a exprimé son point de vue en les termes suivants, bien choisis et disposés de manière très intelligente.

Première thèse : un mouvement nouveau d’unité est inévitable. Il va y avoir un mouvement de fond. En cela, François Hollande exprime parfaitement le point de vue de la Gauche.

« En 2022 il va y avoir une élection présidentielle et des élections législatives, il faudra une figure. Il va falloir qu’il se passe quelque chose, pas seulement une incarnation physique, mais aussi une mobilisation citoyenne, un parti, un mouvement, il faut une force qui surgisse à partir de ce qui existe déjà et qui puisse faire entendre la voix de l’espérance. »

La responsabilité de chacun est nécessaire. Tout le monde doit contribuer et se plier à la discipline de l’unité de par le défi historique. On peut évidemment considérer que François Hollande a des arrières-pensées électorales. Cependant, résumer ses propos à cela serait fondamentalement réducteur, pour ne pas dire même la dernière chose à faire.

« J’y contribuerais si c’est nécessaire, je ne vais pas moi-même m’imposer, je ne vais pas moi-même considérer que je suis une solution quand certains pensent que j’ai été un problème, je veux être un contributeur – parmi d’autres – parce que c’est nécessaire, sinon le risque c’est quand même une alternative d’extrême droite. »

Enfin, le populisme de gauche ne peut aucunement réussir, le nationalisme le battant par définition. Il faut donc que le centre de gravité soit le réformisme. Ce point de vue correspond à toute la philosophie de François Hollande concernant l’impossibilité, selon lui, d’avoir une Gauche majoritaire en France.

Il l’a exprimé dans Un président ne devrait pas dire ça…, ainsi que dans les trois chapitres ajoutés à l’occasion de la parution en version poche de son livre Les leçons du pouvoir, en avril de cette année.

« C’est très intéressant ce qu’il s’est passé au Royaume-UniJeremy Corbyn fait le programme le plus à gauche qui soit depuis les années 1950 pour le parti travailliste et il perd dans toutes les circonscriptions ouvrières.

Cela veut dire que le nationalisme, le souverainisme, sont plus forts que le gauchisme, que le gauchisme n’a aucune chance face au nationalisme.

C’est la crédibilité qui a une chance, c’est le réformisme, c’est l’idée que si Jeremy Corbyn avait fait campagne pour le maintien, il avait une chance, mais en faisant campagne sur l’ambiguïté et le gauchisme, ce sont finalement les conservateurs les plus à droite qui ont gagné. La sociale-démocratie renouvelée, elle, a une chance. »

Le souci dans ces derniers propos est qu’on voit mal en quoi un pôle réformiste se distinguerait d’Emmanuel Macron. François Hollande a d’ailleurs considéré comme nécessaire de tenir les propos suivants, qui feront suffoquer beaucoup de gens à Gauche :

« S’il y a une victime [d’Emmanuel Macron], la première, c’est moi. J’en ai payé suffisamment le prix y compris en n’étant pas candidat à l’élection. Mais c’est vrai qu’il y a eu cette dissidence et il a utilisé la position qui était la sienne pour faire valoir ses positions, ses idées, sa campagne présidentielle. »

La sagacité de François Hollande montre que, qu’on le veuille ou non, on ne coupe pas aux socialistes. On peut leur reprocher de ne pas être suffisamment à Gauche, ni même clairement de gauche. Mais quand on voit La France Insoumise et son populisme toujours plus incohérent, il est évident que cela ne donne aucune perspective. Avec l’extrême-Droite comme défi, on ne peut pas non plus se contenter du luxe d’attendre un prochain cycle historique…

On peut regretter cette situation et œuvrer à une Gauche revenue à ses fondamentaux historiques. Mais cela ne doit jamais faire oublier le réalisme nécessaire et le sens des responsabilités.

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Meeting commun de la Gauche du 11 décembre 2019

Ce meeting rassemblant les principales structures de la Gauche a malheureusement été occulté par a présentation le même jour du projet de réforme des retraites par le Premier ministre. Rassemblant de manière la plus large, il a consisté en une tentative du PCF de ressouder des forces assumant de vivre à l’écart les unes des autres.

Le meeting a eu lieu à Saint-Denis dans le nord parisien, ville historiquement composante de la « banlieue rouge » cerclant Paris. C’est un bastion historique du PCF et c’est lui qui a organisé ce meeting devant traiter de la réforme des retraites. Bien entendu, il s’agissait surtout de refaire parler entre elles les différentes composantes de la Gauche.

L’esprit unitaire a prédominé, au point que Le Monde, dans son article au sujet du meeting, liquide la présentation des présents :

« La liste complète des participants est trop longue pour être reproduite de manière complète. »

Le journalisme de ce début de 21e siècle est un étonnement permanent. Il est vrai cependant que cela relève d’un esprit anti-politique propre à notre époque. Déjà que la lutte politique a toujours été difficile pour la Gauche, dans un climat de simplisme, de populisme et de libéralisme général, c’est encore plus dur.

Étaient donc présents des représentants du Parti socialiste, de Génération-s, de Lutte ouvrière, du Nouveau parti anticapitaliste, de La France insoumise, d’Europe Écologie-Les verts, de Place publique, de Gauche démocratique et sociale ainsi que des radicaux de gauche. À cela s’ajoute également la Gauche républicaine & socialiste, systématiquement « oubliée » dans les médias. La présence de sa représentante Marie-Noëlle Lienemann est parfois mentionnée pourtant.

Une telle amplitude fait que le meeting avait par conséquent son importance ; rien que sa tenue est déjà une contribution certaine, même si volontariste, à l’inévitable unité à venir. Tout le monde était d’ailleurs d’accord qu’il fallait aller dans le sens d’une mobilisation, d’une intervention accrue pour contrer le gouvernement et établir un contre-projet.

Les dissensions, si elles ont été évitées de manière formelle, n’ont toutefois pas manquer d’affleurer et de parasiter, voire paralyser le meeting. Au grand dam du PCF qui s’est placé à cette occasion comme assumant le rôle d’interface entre tout le monde. Il n’a pas ménagé ses efforts en ce sens, tant en prenant le risque d’organiser le meeting, en servant d’organisateur des discussions, en poussant à un esprit unitaire.

C’est que le PCF a aussi le plus à perdre d’un éventuel échec, car il est coincé. Il y a en effet d’un côté les réformistes gouvernementaux se considérant comme incontournables de toutes façons (le PS et EELV), acceptant le système des retraites à points, ne voulant pas reculer l’âge de la retraite, bref soucieux d’apparaître comme institutionnels à tout prix, « réalistes », etc. Ils ne veulent pas faire reculer l’âge de départ à la retraite, ils sont prêts à négocier avec Emmanuel Macron un système de retraites à points.

Il y a de l’autre ceux pour qui il faut mettre de l’huile sur le feu pour tirer son épingle du jeu (LFI surtout, mais aussi le NPA ou Lutte Ouvrière). On penche de ce côté-ci dans le sens d’une rupture complète et d’un refus du Parti socialiste. Le représentant de LFI a clairement dit d’ailleurs, sans hésiter aucunement, qu’il n’y aurait pas de projet commun en raison des trop grandes différences existantes.

Ce n’a cependant aucune perspective de tracée pour l’instant, car tous les participants considèrent que tout dépend du mouvement contre la réforme des retraites. Un meeting dans un esprit unitaire est d’ailleurs prévu pour bientôt à Beauvais.

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«Appel à une candidature unique de la gauche à l’élection présidentielle 2022»

Une initiative a formé une plate-forme pour qu’en 2022, la Gauche ne présente qu’un seul candidat aux prochaines élections présidentielles, sur la base d’un dénominateur commun à la fois social, humaniste et écologiste. Si le dénominateur commun en question peut évidemment se discuter, dans tous les cas c’est une évidence qui s’affirme d’elle-même alors que les menaces ultra-libérales et d’extrême-Droite ne cessent de se renforcer.

Le site uniondesgauches2022.org propose un embryon de programme et une pétition pour, en amont, contribuer à une candidature unique de la Gauche aux présidentielles de 2022. Parmi les idées mises en avant, il y a le passage suivant qui est très bien tourné et qui parlera de manière naturelle à tous les gens de gauche :

« Le sentiment d’appartenance à une société commune, prérequis indispensable à la vie démocratique, a été brisé par une double peine.

D’une part, le modèle libéral dominant impose une compétition permanente au citoyen/consommateur dont la réussite est mesurée à l’aune de son enrichissement par rapport aux autres.

D’autre part, le discours réactionnaire et omniprésent de l’extrême droite enferme notre société dans une vision communautariste qui oppose les citoyens, à mille lieues de nos valeurs universalistes historiques.

Face à cette menace, la gauche se mobilise pour défendre une société du commun. »

On ne dira pas : c’est beau, parce que tout cela est dramatique. On dira donc : c’est bien. Très bien même ! Rien que ces quelques lignes devraient suffire à établir la base de l’union, permettant de débattre, proposer, discuter ensuite de comment faire, comment interpréter la situation, etc.

L’initiative mise en place cherche cependant directement à aller plus loin. On a donc plusieurs thèmes, avec à chaque fois un petit résumé et les liens vers les positions d’Europe Écologie-Les Verts, du Parti socialiste, de La France Insoumise et du PCF. On a donc :

– en finir avec la monarchie présidentielle pour remettre le citoyen au coeur de la décision publique ;

– reprendre le contrôle sur les banques et la finance ;

– redistribuer plus justement les richesses ;

– refonder une société du commun et du vivre-ensemble ;

– défendre nos services publics pour préserver le modèle social français ;

– accueillir et intégrer dignement les réfugiés ;

– passer au 100% renouvelable ;

– encourager une économie verte et relocalisée.

L’idée est bien sûr de ne pas en dire trop peu et d’essayer de dynamiser le tout le plus rapidement possible… De par l’état des forces de la Gauche, d’ici les élections présidentielles en 2022 mieux vaut s’y prendre tôt, effectivement !

On peut toutefois – pour faire quelques remarques tout de même – regretter des incohérences.

Dire qu’il faut en terminer avec la monarchie présidentielle est par exemple excellent, c’est le cœur de la Gauche historique d’ailleurs. Notons tout de même en passant que tous les partis de Gauche ayant été au gouvernement s’en sont finalement bien accommodés, de cette Ve République née d’un coup d’État militaire…

Mais passons, le souci vient du fait qu’il est demandé que soit renforcé le pouvoir des villes et régions, et réinventé le rôle des députés. Cela ne marche pas, car est ici oublié le Sénat, ce bastion des forces réactionnaires s’appuyant sur les élus des collectivités territoriales, cet arrière-pays réactionnaire… Soit on renforce les députés (aux dépens du Sénat), soit on renforce le local, mais les deux en même temps, ce n’est pas possible.

C’est pourquoi, finalement, une vraie Gauche ne peut qu’aller dans le sens de la disparition du sénat et des préfets, ces avant-postes relevant obligatoirement de la Droite. Ce qui amène au vrai problème de fond, d’ailleurs. Il n’est en effet pas possible de combiner :

– la décentralisation, les concertations citoyennes, le renforcement du local… comme le veut la tradition de la seconde Gauche rejointe finalement par le PCF,

– avec l’affirmation politique de la Gauche, qui ne peut exister que dans le dépassement des particularismes locaux et la proposition au niveau de tout le pays.

Ce nécessaire besoin de la Gauche d’exister au niveau national, sans quoi elle se dilue dans l’arrière-pays réactionnaire, dans la France profonde, a été vrai pour tous ses marqueurs : la Commune de Paris de 1871, le Front populaire de 1936, mai 1968, tout comme évidemment l’union de la Gauche en 1981.

On voit mal comment l’union des gauches en 2022 pourrait éviter de proposer quelque chose de fort sans se faire littéralement massacrer par les libéraux d’un côté et l’extrême-Droite de l’autre. Il y a de sacrés défis qui nous attendent !

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GDS: «Construire l’unité pour une alternative sociale et écologique»

Voici la publication de l’organisation Gauche démocratique et sociale (GDS), qui organise des « Rencontres pour construire l’unité » à Pau les 16 et 17 novembre. Le texte invite au rassemblement à Gauche sur la base d’une rupture avec le capitalisme. 

« Construire l’unité pour une alternative sociale et écologique
13/10/2019

Michelin a annoncé la fermeture de son usine de La Roche sur Yon en Vendée, qui emploie 619 salariés. Comment accepter cette décision brutale alors que, Michelin, c’est 22 milliards de chiffre d’affaire, 665 millions de dividendes en 2018 et pas moins de 70 millions de CICE perçus ? En Gironde, l’usine Ford à Blanquefort qui comptait 850 salariés a fermé. A Bessé sur Braye en Sarthe, la liquidation de la papeterie Arjowiggins a laissé sur le carreau 578 salariés, 120 intérimaires et de nombreux sous-traitants…et tout un territoire dévasté. Ce sont quelques exemples, parmi tant d’autres, des dégâts que le capitalisme provoque tous les jours. Ce système sacrifie impunément des vies au nom de la course au profit maximum.

Rompre avec le système économique dominant

Le thème de la fin du capitalisme resurgit dans le débat public y compris dans les grands medias (1). La hausse des inégalités de revenu est criante, une nouvelle crise financière est à craindre, le réchauffement climatique largement dû au capitalisme est bien réel. Ce sont bien des raisons de remettre à l’ordre du jour le besoin de rompre avec le système économique dominant, et de s’engager vers un nouveau modèle économique. Il est possible de « redonner au public le pouvoir de penser l’alternative au capitalisme » (2). Mais ne soyons pas naïfs : le capitalisme ne tombera pas de lui-même comme un fruit mûr.

Les luttes d’aujourd’hui sont l’élément-clé pour préparer le « dépassement du capitalisme » et son abolition (3). Les privilégiés défendent toujours le système dont ils tirent avantage. En France, c’est le rôle assigné à Macron par la bourgeoisie qui veut mettre fin aux fortes résistances que le néo-libéralisme suscite chez les salariés et dans la jeunesse de notre pays.

Préparer la grève interprofessionnelle

Les attaques contre la Sécurité sociale et les retraites sont significatives du projet macroniste. Le retour d’un déficit de la sécurité sociale est largement dû « à un assèchement délibéré des recettes provoqué par la non-compensation intégrale des exonérations de cotisations sociales » (4) décidées par le gouvernement. L’autonomie du budget de la Sécurité sociale est bafoué par Macron qui veut le fondre dans celui de l’Etat. Quant aux retraites, Macron s’obstine à imposer un système de retraites par points qui vise à baisser les pensions et à individualiser au maximum le système. Au final, aucun actif ne saura avec certitude quelle sera sa pension quand il sera en retraite. Multiplions les rencontres, les débats, les explications … Pour préparer la grève interprofessionnelle. Et imposer le droit réel à la retraite dès 60 ans avec une pension décente, la prise en compte de la pénibilité.

Se rassembler à gauche

La bataille contre la privatisation d’ADP est à relancer vers le million de signatures. C’est un combat contre Macron et son monde, celui où tout est marchandise au plus grand profit des grandes entreprises. Il est grand temps que la gauche, porteuse historiquement d’un projet alternatif au capitalisme, se rassemble. Alternative sociale et écologique ou régression sociale et chaos climatique. Une course de vitesse est engagée ! Il n’y a plus de temps à perdre !

Pour en débattre, la Gauche démocratique et sociale (GDS) organise des « Rencontres pour construire l’unité » à Pau les 16 et 17 novembre (pour plus de renseignements et s’inscrire : contact@gds-ds.org)

(1) Dernier en date le quotidien Le Monde titre « le capitalisme est-il fini ? » dans son édition des 13 et 14 octobre

(2) Gérard Mordillat dans l’Humanité du 8 octobre co-auteur de la série « Travail, salaire, profit » diffusée sur Arte

(3) Thomas Piketty « Quand je parle de dépassement du capitalisme, je pourrais dire abolition »

(4) Déficit de la Sécu : 11 organisations demandent le retour à la compensation intégrale des pertes de recettes »