Catégories
Société

Course au vaccin contre le Covid-19: l’humanité apprentie sorcière ?

La course au vaccin est menée à grande échelle et de manière très rapide depuis le début de la pandémie de Covid-19. En moins d’un an, deux candidats-vaccins sont proches d’une autorisation de mise sur le marché au mois de novembre 2020, alors qu’il y a en tout 180 projets différents partout dans le monde. L’humanité joue-t-elle avec le feu, en espérant rapidement un remède qui pourrait s’avérer pire que le mal ? Voici une présentation de la situation afin d’y voir plus clair.

Dès le début de l’année 2020, les laboratoires pharmaceutiques et les groupes de recherches spécialisés se sont mis en branle. Les premiers candidats-vaccins contre le Covid-19 ont été très vite prêts, dès le printemps ou à l’été, avec 40 d’entre eux qui sont d’ores et déjà en phase de test clinique sur l’homme. Ce sont uniquement ces protocoles de tests qui font que les candidat-vaccins ne sont pas encore disponibles à la vente, mais il y a une pression énorme pour qu’ils le soient rapidement. Rappelons qu’entre-temps, il y a forcément l’expérimentation animale pour chercher dans toutes les directions, au mépris des raisonnements scientifiques, afin de trouver quelque chose, à tout prix, au moyen d’accumulations de données.

Cette approche est d’autant plus forte que la pression est politique, de la part des dirigeants des grandes puissances qui veulent à tout prix faire redémarrer la machine capitaliste en s’imaginant mettre de côté le virus le plus vite possible, sans rien remettre en cause.

L’exemple le plus connu est évidemment celui du président américain Donald Trump dont l’administration appuie directement la recherche d’un vaccin avec dix milliards de dollars mis sur la table, ainsi que la logistique de l’armée américaine elle-même mise à disposition de cette course. L’opération a été nommée « Warp Speed », une référence à la science-fiction désignant une vitesse supérieure à celle de la lumière, qu’on retrouve dans la série Star Trek par exemple.

Il en est de même dans la plupart des pays avec les États encadrant, organisant et finançant directement les groupes pharmaceutiques pour que ceux-ci soient prêts le plus vite possible. Ce qui se passe est simple : les États mettent directement l’argent sur la table et garantissent la production des vaccins, avant même les autorisations de mise sur le marché.

En France, d’après la presse, le gouvernement aurait déjà pré-réservé des dizaines de millions de doses de vaccin auprès de différents groupes pharmaceutiques. D’après le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, l’État français a budgété 1,5 milliard d’euros pour 2021 pour le vaccin. L’Union européenne procède également à des précommandes, avec déjà plusieurs centaines de millions de doses réservées officiellement.

De fait, les candidats-vaccins sont déjà produits en masse et certains pays comme la Russie ou la Chine les font déjà largement circuler officieusement. C’est le cas également d’une autre façon pour un pays comme le Brésil. Celui-ci ne disposant a priori pas des capacités pour trouver et produire seul un vaccin, il s’est transformé en gigantesque laboratoire humain avec des vaccins venus du monde entier qui sont massivement testés sur sa population (qui est très fortement touchée par l’épidémie), en « échange » de la garantie de la disponibilité rapide du vaccin dans le pays.

Cette question des tests est cruciale justement et on touche ici au cœur du sujet en ce qui concerne les vaccins, et particulièrement les vaccins contre le Covid-19.

Au sens strict, la découverte aussi rapide des potentiels vaccins n’a rien d’extraordinaire. Les moyens technologiques de l’industrie pharmaceutique sont immenses, tout comme la connaissance scientifique permettant la recherche de vaccins, qui sont produits en masses depuis des dizaines d’années.

Le virus lui-même, le SARS-CoV-2, bien qu’il soit un coronavirus et qu’on avait jusqu’à présent jamais eu besoin au sens strict d’un vaccin contre un coronavirus, est assez courant dans sa forme générale. Il provoque chez la plupart des personnes qu’il infecte une réponse immunitaire rapide, massive et efficace, ce qui fait qu’il est a priori facile de trouver des vaccins, en tous cas sur le principe.

On le rappelle, le principe du vaccin est de provoquer artificiellement une réponse immunitaire de l’organisme, afin que celui-ci soit prêt à faire face en cas de contact avec le virus. Les récentes annonces des laboratoires Pfizer/BioNtech et Moderna à propos de leur candidat-vaccin, avec chacun un taux d’efficacité annoncé autour de 95 %, ne sont de ce point de vue pas surprenantes et étaient en tous cas attendues.

Ces candidats-vaccins, d’après les échantillons de population sur lesquels ils ont été testés, fonctionnent en provoquant une réponse immunitaire empêchant dans la plupart des cas d’être infecté en cas de contact avec le SARS-CoV-2. C’est empirique, mais cela suffit en tous cas officiellement à considérer que ce sera efficace à grande échelle.

Néanmoins, tout l’enjeu consiste ensuite en ce que le remède ne s’avère pas pire que le mal qu’il est censé combattre. Des milliers de pages de certification sont rédigées à chaque fois, et il y a surtout des tests d’innocuité. D’abord sur les animaux, ce qui n’a strictement aucun sens et relève de la barbarie la plus sombre. Ensuite, voire en même temps pour certains candidats-vaccins, il y a ces fameux essais cliniques où des individus reçoivent le vaccin (ou un placebo pour avoir un groupe contrôle) et sont surveillés de près pour connaître les éventuelles réactions négatives, les effets secondaires, etc.

La pression immense mise par les États pour l’obtention rapide des vaccins rend, on l’aura compris, cette étape très compliquée, d’autant plus que les laboratoires cherchent eux-mêmes à produire le plus vite possible, face à la concurrence et en raison de la manne financière énorme à récolter. Il y a un risque évident de se retrouver avec un vaccin dangereux, ou qui ne serait pas efficace à long terme, ce qui le rendrait dangereux de par la fausse sécurité qu’il procure.

Les candidats-vaccins sont de différentes natures, utilisant différentes techniques. Il y a d’abord celle, la plus classique, consistant en le fait de présenter le virus lui-même à l’organisme, pour qu’il apprenne à le connaître et fabrique les antigènes spécifiquement adaptés. Pour que cela soit sans risque, il y a plusieurs possibilités :

– présenter le virus mort – c’est la technique utilisée historiquement par Louis Pasteur lors de la découverte du principe de la vaccination ;

– présenter le virus sous une forme vivante mais atténuée, en procédant à une sélection génétique pour trouver des formes du virus ne donnant pas la maladie. C’est la technique utilisée par de nombreux vaccins (rubéole, fièvre jaune, etc.), qui a pour avantage que le virus (sous une forme normalement inoffensive) se reproduise et génère donc une grande réaction immunitaire, durable pour de nombreuses années.

Une autre solution est de ne présenter qu’un morceau de virus, en cherchant à ce que ce morceau corresponde suffisamment au virus circulant réellement, de manière à ce que les anticorps produits soient efficaces en cas de contact réel. Le problème, c’est qu’un morceau de virus seul ne déclenche aucune réaction immunitaire et il faut lui associer un adjuvant afin de forcer la réaction. Cette technique, qui peut provoquer des réactions indésirables, est utilisée par exemple pour le vaccin contre l’hépatite B. On peut cependant éviter l’utilisation d’un adjuvant au moyen d’un second virus, inoffensif, auquel on a ajouté un morceau du virus qu’on vise (en l’occurrence ici une protéine Spike). C’est le cas par exemple pour le vaccin de la rougeole, utilisé depuis 40 ans chez les enfants, qui utilise un vecteur viral, c’est-à-dire un autre virus, un « faux » en quelque sorte, avec un morceau de code génétique du « vrai » virus.

Enfin, une dernière technique consiste à faire fabriquer un bout du virus (toujours cette protéine Spike) par l’organisme lui-même, au moyen de l’injection d’un morceau de code génétique du virus. Cela est fait au moyen d’un virus messager fabriqué de toute pièce pour transporter le morceau d’ADN, que l’organisme transcrit ensuite en ARN pour produire la protéine et déclencher une réaction immunitaire.

En rouge, la protéine Spike du SARS-CoV-2

Voici les techniques utilisées par les candidats-vaccins contre le Covid-19 les plus connus et avancés.

Les candidat-vaccins des différents laboratoires chinois utilisent la technique « classique », avec le « vrai » virus utilisé directement dans le vaccin. Cela présente un inconvénient, une efficacité pouvant être faible, et un risque, mineur, celui que des formes infectantes du virus soient présentes dans le vaccin.

L’alliance des laboratoires Sanofi et GlaxoSmithKline utilisent eux pour leur candidat-vaccin la technique classique du morceau de virus (protéine S) accompagnée d’un adjuvant.

Le vaccin russe « Spoutnik V » utilise pour sa part des virus de rhume modifiés et le vaccin du laboratoire français Institut Pasteur utilise la même technique, mais avec comme support le vaccin de la rougeole (ce laboratoire test également la technique ADN).

Il y a également le vaccin d’AstraZeneca, associé à l’université d’Oxford, qui utilise comme vecteur viral un virus modifié… de chimpanzé.

Enfin, l’alliance Pfizer/BioNTech et le laboratoire Moderna, qui sont les plus avancés dans la course à l’autorisation de mise sur le marché, utilisent quant à eux la technique de l’ARN messager, avec un virus support fabriqué totalement artificiellement. C’est une première, cela n’a jamais été réalisé à grande échelle pour les humains et relève clairement du bricolage génétique.

Dans ces deux derniers cas avec Pfizer/BioNTech et le laboratoire Moderna, il y a là quelque-chose d’entièrement nouveau, sur lequel l’humanité n’a aucun recul, ou presque. Ce genre de vaccins sont utilisés chez des animaux comme le cheval, le poisson d’élevage ou encore le chien, qui servent depuis plusieurs années de cobayes (hors laboratoire) à grande échelle pour l’humanité.

On se retrouve donc dans une situation où, plutôt que de se remettre en question en changeant son rapport à la nature, l’humanité est suspendue à l’espoir d’un vaccin à tous prix, le plus rapidement possible, quitte à prendre le risque du bricolage génétique.

De la même manière, les vaccins plus traditionnels arriveront bientôt sur le marché, avec des phases de tests qui auront été très rapides. Il n’y a pas de raison, a priori, de penser que l’humanité prendrait un risque plus grand avec les vaccins anti-Covid-19 en particulier, par rapport aux autre vaccins traditionnels utilisant les même techniques auparavant. Si l’on met à part la méthode bricolage génétique des Pfizer/BioNTech et Moderna, ce serait probablement une erreur de se priver du moyen de combattre la pandémie avec des vaccins répondant aux normes et exigences sanitaires déjà en vigueur depuis des dizaines d’années pour tout un tas de vaccins ayant prouvé leur bénéfice.

Néanmoins, ce serait surtout une erreur de penser qu’il s’agit là d’une solution ; les vaccins ne seront au mieux qu’un pansement, mais ils ne guériront jamais la véritable cause de la maladie, qui est notre rapport erroné à la nature, et particulièrement aux animaux entassés de manière barbares sur des marchés, dans des fermes, des usines.

Si l’humanité prend éventuellement un risque en jouant l’apprentie sorcière avec les vaccins, elle prend surtout un risque en maintenant coûte que coûte son rapport désastreux à la nature. Si le vaccin présente donc une solution, elle ne peut être que temporaire : si on ne fait rien, si on ne change rien, une autre pandémie se produira. L’humanité ne s’en sortira pas en bricolant : elle doit changer !

Catégories
Écologie Planète et animaux

Rallumons les étoiles (l’infâme pollution lumineuse)

On connaissait les conséquences de la pollution lumineuse pour les êtres humains, avec un ciel sans étoiles, sans âme… Lundi 4 novembre 2020, une équipe de chercheurs a publié une étude visant à mieux comprendre l’impact de la pollution lumineuse sur les animaux et les végétaux.

« La zone qui subit des émissions directes de sources de lumière artificielle s’étend actuellement à environ 2 % par an, les localités qui étaient auparavant éclairées s’éclaircissant davantage à un rythme similaire ».

En général, un quart de la surface de la Planète est éclairée par une lumière artificielle. Tels sont les propos introductifs d’un article de cinq chercheurs publié dans la revue « Nature ecology & evolution ».

Basée sur 126 études ciblées sur des cas précis d’espèces, une des choses sûre est la diminution de la quantité de mélatonine chez l’ensemble des espèces analysées. Hormone du sommeil, cette diminution physiologique aboutit à une baisse de la vigilance, avec un déséquilibre dans le rapport au cycle du jour et de la nuit.

Au-delà, les connaissances restent maigres car finalement la pollution lumineuse n’est un sujet tant d’étude que de préoccupation générale que depuis les années 1980.

On sait que les rats, soumis par ailleurs à des bien inutiles et horribles expérimentations, voient leur capacité cognitive baisser lorsqu’ils sont exposés à une lumière artificielle, et que les tortues de mer sont désorientées pour retrouver la mer. Quant à la flore, elle se voit perturbée par l’altération des cycles jour-nuit liée à la lumière artificielle :

« Des impacts plus évidents, tels que la rétention retardée des feuilles sur les arbres à proximité des lampadaires et l’attraction des insectes et des oiseaux par les lumières extérieures, ont été documentés depuis longtemps »

Depuis 2019, on savait que le cycle de germination et de floraison des arbres étaient impactés négativement par la lumière artificielle. Les biologistes en charge de l’enquête avaient ainsi découvert que le bourgeonnement des certains arbres avait presque une semaine d’avance.

Comment pourrait-il en être autrement pour des végétaux qui justement se développent grâce à la photosynthèse ? Mais ensuite bien évidemment, il y a une réaction en chaîne, écosystémique, perturbant les chenilles se nourrissant des feuilles, les oiseaux mangeant les chenilles…

La pollution lumineuse, c’est un énième aspect de la déstabilisation de l’environnement naturel par une humanité rivée de manière égo-centré vers son propre développement…. son propre développement pétris dans le capitalisme.

L’éclairage public a été une véritable révolution, un progrès de grande ampleur. Mais lorsque l’on regarde aujourd’hui ce qu’il en est, on est forcé de constater que là aussi il y a fuite en avant humaine, anti-naturelle, par et dans le capitalisme. Et si l’on pense aux projets de grandes entreprises comme Amazon et SpaceX de développer un réseau satellite dans l’espace, on aura finit de détruire la nuit, le ciel, la lumière naturelle.

Finalement, la lumière artificielle est là surtout pour accompagner une civilisation de la voiture et de l’étalement urbain avec ses kilomètres de routes bitumées, sa mise en avant du capital accumulé, sa valorisation d’une société de consommation en déperdition.

En plus de ne plus voir le ciel étoilé, cette première porte ouverte vers la connaissance de l’univers, voilà que le capitalisme n’éclaire plus rien mais tout, au contraire. La tâche du futur n’est plus d’éclairer, mais d’éteindre tous ces artifices inutiles : il nous faut rallumer les étoiles !

Catégories
Écologie

Les chiffres de l’expérimentation animale en France en 2018, donnés deux ans après

Pratiquement deux millions d’animaux connaissent l’enfer de l’expérimentation chaque année en France. Dans l’ombre, on torture et on assassine ; dans l’ombre et dans le silence.

C’est censé être très bien organisé et pourtant on a les chiffres deux ans après. C’est que c’est trop bien organisé et que tout est fait pour neutraliser l’opinion publique. D’ailleurs, on n’a pas entendu le gouvernement ni les laboratoires expliquer qu’en raison du confinement, les animaux destinés à l’expérimentation ont été tués, car il n’y avait plus personne pour « s’en occuper ».

Telle est la réalité infernale imposée par des criminels.

Voici le rapport publié par le Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (tournez les pages avec le bouton en bas de page ou téléchargez directement le PDF ) :

STAT2018_Utilisation_animaux_fins_scientifiques_1287557

Catégories
Politique

Le professeur Didier Raoult, la Droite et la trottinette

Le professeur Didier Raoult, directeur de l’IHU Méditerranée Infection, fait parler de lui en prétendant faire mieux que tout le monde et soigner le Covid-19 avec de l’hydroxychloroquine en dehors des procédures médicales institutionnelles. Son attitude est typique de la Droite, glorifiant les attitudes individualistes aventuristes et désinvoltes… et dont Didier Raoult fait objectivement partie.

La science est une activité qui se fonde sur la vérité et qui vise la vérité. Encore faut-il se mettre d’accord sur la vérité et là est bien le problème. Ainsi, le professeur Didier Raoult s’est illustré en 2013 dans la revue ultra-conservatrice Le Point par sa négation du réchauffement climatique (« La planète ne se réchauffe plus depuis 1998 »).

On reconnaît là l’esprit sceptique, une tradition imprégnant les scientifiques actuels tendant toujours à tout relativiser. Le Covid-19 a valu chez lui la même réaction. Voici ce qu’il disait en effet dans la presse le 28 janvier dernier :

« Concrètement, si vous ramenez les morts chinois infectés par le coronavirus à la taille de la population de 1,6 milliard, il y a probablement plus de gens qui sont tués en trottinette en Chine que par le virus. »

C’est là tout le fond du problème. Véritable chercheur, Didier Raoult veut trouver et il déteste les prévisions statistiques et tout ce genre de choses, encore moins qu’on en parle à tort et à travers. Soit. C’est un chercheur, un chercheur émérite sur les virus, une sommité mondiale. Très bien ! Mais alors qu’il se taise quand il n’a pas trouvé. Car nier que le covid-19 est un virus mutant qui peut très bien provoquer des ravages, c’est de l’inconscience.

Une inconscience relativiste ; Didier Raoult avait déjà fait le coup en 2015 dans Le Point (« Le vélo tue plus… que tout ce qui vous fait peur »), opposant les tués à vélo à ceux de « la crise de la vache folle, la grippe aviaire, Ebola, le bioterrorisme, le Chikungunya, le SRAS et le coronavirus du Moyen-Orient ».

Sauf que le vélo, lui, ne mute pas, n’est pas le produit d’une mutation causée par les déséquilibres de l’Homme dans la nature… Et qu’à moins de prendre tous les États de la planète pour des entités paranoïaques ne visant que le contrôle…

Mais Didier Raoult préfère jouer les scientifiques médiatiques et se targuer de relativiser, d’être un sceptique. Ses propos explicatifs à sa thèse de la « trottinette » de janvier le montrent bien :

« Il y a 36 000 raisons de mourir. Il y a 60 millions de gens qui meurent dans le monde chaque année. En comparaison, qu’il y en ait 80 qui meurent d’une pneumonie identifiée ou non, cela ne change rien. Ce n’est pas visible.

Et donc on est en train de parler d’une population de 60 millions d’habitants qui a été mise en quarantaine pour 50 ou 80 morts. Tout cela est disproportionné.

Globalement, et pour les semaines à venir, je peux vous dire, parce que l’on mesure le nombre de morts qui sont dus à la grippe ou autres coronavirus, qu’il y a plus de chances de mourir de virus qui sont là depuis longtemps que de mourir du coronavirus chinois. »

Ces propos sont sidérants ! Mais il y a un mouvement aux aguets, cherchant à se distinguer lors de cette crise, en tapant sur le gouvernement mais sans vouloir passer pour des saboteurs. C’est la Droite. Et, cela tombe bien, depuis longtemps Didier Raoult converge avec la Droite. Ce n’est pas pour rien que Didier Raoult publie déjà ce 26 mars 2020 Épidémies, vrais dangers et fausses alertes en annonçant cela dans Le Point, lui qui a écrit pour Le Figaro, ainsi que pour Les Échos.

Un article payant, qui vise donc un public bien particulier, tout comme les tribunes qu’on trouve comme article payant dans Le Monde. On vise un public bien délimité.

Comment cette convergence Droite – Didier Raoult se réalise-t-elle ? Didier Raoult est infectiologue et professeur de microbiologie et avec cette aura il s’est montré populaires en faisant que l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée infection de Marseille mène des tests de dépistage ouverts au public.

L’IHU ? Pour comprendre ce que c’est, regardons d’abord ce que dit Didier Raoult au sujet de la chloroquine. Précisons tout de suite : il n’a pas « découvert » que la chloroquine pouvait éventuellement fonctionner comme anti-viral contre le SARS-CoV-2, qui entraîne la maladie Covid-19. Il n’a fait que lire des publications chinoises qui testent cela depuis février, cela et l’hydroxychloroquine, une molécule proche.

Ils le font cependant avec de nombreuses précautions, sans triomphalisme et en prenant soin d’étudier cliniquement les effets, car le médicament est très dangereux et peut facilement être létal. Ce sont des médecins faisant leur travail, avec probablement leurs limites, mais en tous cas avec de la méthode. Il y a de nombreux médecins et professeurs en France suivant leurs travaux et les poursuivant, sans s’en vanter particulièrement.

La particularité du Professeur Didier Raoult, c’est de se séparer des procédures institutionnelles médicales et d’utiliser directement et massivement la molécule. Et surtout de le faire savoir. C’est sa marque de fabrique, il se présente régulièrement comme étant « à contre courant », envoyant balader le système au nom du pragmatisme et assumant la désinvolture, etc.

Il est pour cela apprécié par exemple par Christian Estrosi le maire de Nice, personnalité typique de ces gens de Droite valorisant l’accomplissement individuel, l’esprit d’entreprise au-delà de tout « collectivisme », etc.

Il y a aussi Philippe Douste-Blazy, ancien ministre de la Santé de droite, qui dit de lui que « c’est un très grand médecin » et a « beaucoup de respect tant pour l’homme, que le chercheur. » C’est le même discours du côté du président de la région PACA Renaud Muselier, lui-même médecin et proche de lui, qui explique au Figaro qu’il lui verrait bien décerné le Prix Nobel, ou encore Jean-Luc Harousseau, ancien directeur de la Haute Autorité de Santé, de droite également, qui va dans son sens.

De la même manière, Arnold Munnich, le fondateur de l’IHU Imagine (la structure parisienne équivalente à son IHU marseillais), en fait l’éloge, le considérant comme « homme extraordinaire, engagé, militant de la science. » Arnold Munnich est lui aussi de droite : c’est l’ancien conseiller santé de Nicolas Sarkozy et c’est justement ensemble qu’ils ont mis au point ces fameux IHU, instituts hospitalo-universitaires.

À tel point que le Figaro expliquait hier :

« Quand Nicolas Sarkozy a créé les IHU, Didier Raoult lui a été extrêmement reconnaissant d’avoir tout fait pour que le mérite soit récompensé. Pour que ceux qui travaillent plus soient récompensés. Comme s’il y avait quelque chose de l’ordre d’une réparation. »

On a affaire ici à des libéraux classiques, détestant tout ce qui relève d’un État fort, structuré, organisé, procédurier (sauf en ce qui concerne la répression ou l’Armée, évidemment). Les IHU ont été créés précisément dans ce cadre, afin de contourner les institutions publiques médicales françaises, et pouvoir faire les choses dans son coin, avec une grande liberté de recrutement, de communication et d’exercice en général, tout cela au service du partenariat public-privé.

Pour résumer, les IHU sont des pôles d’excellence au service du capitalisme ; on lit en 2016 dans Le modèle économique des instituts hospitalo-universitaires :

« Les politiques de partenariat industriel et de valorisation conduites par les IHU donnent par ailleurs lieu à des perspectives porteuses, mais dont il ne fautpas surestimer la contribution possible à une éventuelle autonomie financière.

Ces politiques s’inscrivent dans un contexte économique mouvant, marqué par la remise en cause des lignes de partage entre recherche de base et recherche appliquée, mais aussi par des difficultés rémanentes à engager des partenariats à grande échelle pour des recherches très «en amont».

Les partenariats durables des IHU se développent ainsi davantage avec les fabricants de matériels chirurgicaux, d’imagerie ou de diagnostic, voire de dispositifs médicaux, qu’avec les grands groupes du secteur pharmaceutique. Ils sont aussi relativement fréquents avec des entreprises des biotechnologies ou de la pharmacie de taille moyenne, spécialisées sur des segments très spécifiques du marché. »

Didier Raoult n’est donc pas sorti de nulle part et n’est certainement pas un grand ennemi des laboratoires pharmaceutiques, comme le prétend toute une petite-bourgeoisie paranoïaque tout à fait l’esprit des gilets jaunes.

Didier Raoult n’en a que faire et fonctionne dans son coin, à la manière de l’hôpital privé… tout en bénéficiant de grandes subventions publiques. Et cela avec l’appui de la Droite, qui pousse en son sens, ayant trouvé une brèche politique dans cette situation de crise ; Ouest France le constate sans ambages (Coronavirus. Usage de la chloroquine : la droite pousse, le gouvernement tente de calmer le jeu).

Tout cela est anti-rationnel, anti-populaire, c’est une véritable foire libérale. Cela déboussole encore plus les gens, alors qu’il faut se préparer à une terrible vague de maladies et de morts. C’est, très exactement, anti-démocratique.

Catégories
Société

Le Coran des historiens: une œuvre académique loin du peuple

Le Coran des historiens est un ouvrage récent synthétisant à travers des milliers de pages le travail de dizaines de chercheurs sur l’origine du livre sacré de l’islam. Sur le plan de la science, la sortie de cette édition critique est un événement d’une grande importance, malgré toutes les limites de la démarche académique et loin du peuple des auteurs.

« La tradition islamique n’est que peu crédible pour expliquer les origines du Coran »

C’est ainsi que le grand spécialiste de l’histoire du Coran, Mohamad-Ali Amir-Moezzi pose très frontalement le cadre qui a amené son équipe de plus de trente spécialistes à produire une nouvelle édition critique synthétisant les connaissances acquises jusqu’à notre époque sur la formation de ce texte.

En effet, il y a une question qu’on se pose forcément si on est de gauche et que l’on a l’occasion de discuter avec des personnes affirmant croire en la tradition islamique sur le plan religieux : comment est-il possible qu’en 2020 des personnes vivant dans un pays comme la France depuis leur naissance, puissent franchement voir comme un fait véritable que le Coran puisse avoir été révélé par un Ange selon un modèle divin éternellement conservé au Ciel ?

Cela est pourtant un dogme défendu de manière fanatique par les islamistes bien entendu, mais aussi assez largement accepté comme tel par la plupart des musulmans. Ce qui se joue derrière cet aspect, c’est la question du rapport à la science. Or, refuser les avancées de la science, c’est tenter de refuser le mouvement même de la vie. Et donc ce qui relie la pratique et la vie quotidienne d’une part, où naissent les besoins et les interrogations, à la théorie qui leur donne forme et les met à la portée du plus grand nombre d’autre part. Il n’est simplement aujourd’hui plus possible de croire ou d’enseigner que le Coran aurait été un texte révélé selon les termes de la tradition islamique sans verser dans la superstition la plus complète ou se contorsionner dans des subtilités frisant l’hypocrisie, ni plus ni moins.

Bien sûr, ce n’est pas en disant cela que l’on abolit la religion. Et au fond, il ne s’agit pas de considérer non plus qu’en raison de cela, l’islam serait une chose qui n’a aucune valeur historique, qui serait de bout en bout un simple projet réactionnaire et irrationnel. Mais ce n’est pas là la démarche de ces historiens. Au contraire, leurs travaux et cette production relèvent d’une réalisation scientifique sur le plan de la critique qui participe à considérer l’héritage de l’islam comme un bien commun concernant l’ensemble de l’Humanité. Ici spécifiquement, le Coran est remis à sa place dans ses héritages et ses apports. C’est déjà un coup porté autant aux islamistes qu’aux nationalistes racistes.

Formellement, l’œuvre se présente comme un livre organisé en quatre volumes. Le dernier étant la compilation de la vaste bibliographie disponible sur le sujet, le premier une introduction à l’histoire de la formation du texte du Coran en croisant toutes les sources et toutes les disciplines pertinentes. Le Coran est ensuite édité, traduit et commenté, chapitre par chapitre, c’est-à-dire selon le terme issu de la langue arabe, sourate par sourate.

Le prix de vente témoigne de cette volonté de mettre à la portée d’un large public ce travail : pour moins de 60€ (toutefois sans le volume sur la bibliographie vendu séparément pour 30€), ce qui est accessible à pratiquement toutes les bibliothèques, médiathèques ou centres de documentation scolaire par exemple.

Reste que malgré toutes les prétentions de Mohamad-Ali Amir-Moezzi, lui-même professeur à l’INALCO, la démarche n’a pas de dimension populaire ou démocratique. En quelque sorte, on est là face une réaction à celle du refus du mouvement par les islamistes, mais en sens inverse : il y a la volonté d’affirmer la théorie, mais sans aucun lien avec la pratique, sans connaissance sérieuse de la base populaire de notre pays.

Sur la forme, l’ouvrage a été annoncé lors d’un événement annuel concernant essentiellement les professeurs d’Histoire-Géographie et les universitaires liés à ces disciplines : les rencontres de Blois. Le grand public, même cultivé, a largement ignoré la sortie de ce travail, malgré son ampleur. Il faut dire aussi qu’il est sorti chez les éditions Cerf, une célèbre maison d’édition catholique. Depuis 2013, cette entreprise a été reprise en main par le théologien Jean-François Colisomo, sur une ligne de rupture avec l’esprit d’origine qui se voulait d’un catholicisme de gauche. Après avoir renvoyé plus de la moitié des employés pour restructurer l’entreprise, Jean-François Colisomo a fait le choix d’assumer désormais un soutien ouvert à l’hebdomadaire réactionnaire Valeurs Actuelles et de privilégier des choix éditoriaux médiatiquement rentables.

Pour conserver une certaine ouverture, de son point de vue, les éditions Cerf éditent aussi certains auteurs dits de gauche, comme Chantal Mouffe, chantre du « populisme de gauche », ce qui est déjà tout dire, ou Clémentine Autain. Dans ce cadre, il est tout de même au bas mot très problématique pour une œuvre qui se voulait scientifiquement impeccable de choisir un tel éditeur.

Mais plus profondément, sur le fond, on reste surtout et finalement sur un lourd travail d’érudition, malgré la première partie qui se propose de poser un cadre. Cela reste confus, touffu, dense et pas forcément accessible malgré ce qui est affiché. Non pas que le peuple ne pourrait pas comprendre cet ouvrage, le peuple peut tout. Mais ces savants n’ont tout simplement pas de relais populaires, pas même dans le cadre des institutions. L’éducation nationale par exemple, sans rejeter la possibilité de s’y intéresser, n’a pas réagit, n’a manifesté aucun intérêt particulier pour ce travail et n’a bien entendu rien engagé pour en assurer sa diffusion ou l’intégrer à son dispositif de formation.

Mais tout cela tient justement au cadre académique des institutions qui organisent, et bornent, la science dans notre pays. C’est précisément un problème culturel pour le formuler avec exactitude. C’est un exemple parmi d’autres que les institutions culturelles et éducatives de notre pays ne sont pas à la hauteur des besoins. Pire, qu’elles sont même de plus en plus des entraves à ceux-ci.

Il y a là une contradiction gigantesque, un gouffre, entre le maintien de croyances superstitieuses comme celle de la révélation coranique et tout ce que cela entraîne d’une part, et d’autre part le niveau toujours plus haut des connaissances et des capacités scientifiques de notre époque, ici par exemple sur l’histoire du Coran.

Mais plus que la valeur d’un livre, si utile et sérieux soit-il, c’est justement le dépassement de cette contradiction et la rupture avec ce cadre borné qui sera décisif. Et c’est l’appui à ce mouvement qui est la tâche historique de la Gauche.

Il est inévitable qu’entre les besoins et les capacités populaires qui progressent toujours davantage et l’accumulation des connaissances qui s’organisent toujours plus, le mouvement même qui porte la science trouve son chemin, rompant avec tous les obstacles et dépassant chaque contradiction, vers un cadre culturel plus démocratique et populaire.

Catégories
Écologie Planète et animaux

Cesser l’utilisation de produits testés sur les animaux

Le principe des bonnes résolutions pour l’année à venir n’a le plus souvent que peu de sens, car cela tient à la vanité et à une perspective simplement individuelle. La seule résolution qui ait un sens est celle tournée vers les autres et il n’est pas besoin de date pour cela. Refuser les produits testés sur les animaux relève d’un choix inévitable qu’on doit être amené à faire. Qui ne le fait pas a une pierre à la place du cœur.


Chaque année en France, deux millions d’animaux subissent l’arbitraire de gens s’arrogeant le droit de les torturer et de les tuer, afin de chercher à « découvrir ». Considérant en effet que le monde est le fruit du hasard, l’expérimentation animale mène des activités partant dans tous les sens afin de « trouver » de nouvelles choses.

Les entreprises peuvent même mener des mêmes expériences en parallèles, étant concurrentes. Il n’y a ni centralisation des travaux, ni même un rendu public : on est dans l’opacité la plus complète. La seule chose qu’on sait, c’est que cela doit servir à développer des choses qui se vendent. Chaque année, 400 000 souris sont ainsi torturées et tuées rien que pour la recherche sur le botox.

Telle est la loi assassine du capitalisme : ce qui s’achète, ce qui se vend, voilà ce qui compte.

À cette quête éperdue de tout et n’importe quoi de vendable, s’ajoute le besoin de faire du chiffre. Fournir des statistiques est fort apprécié par une recherche fonctionnant à l’aveugle et se disant qu’à force d’accumuler des données, il en ressortira bien quelque chose. Les chercheurs maintiennent au passage leurs financements et cela les ravit.

C’est comme les données personnelles obtenues par Google et Facebook. Qui peut croire qu’il y a la capacité d’utiliser les milliards et milliards d’informations obtenues ? Car il faut savoir les employer à bon escient, et cela les chiffres ne disent pas d’eux-mêmes comment le faire.

Et qui peut oser dire que torturer un être vivant, c’est agir à bon escient ? Personne. Rien ne peut justifier l’arbitraire d’une telle volonté de toute-puissance. Abîmer la vie, la détruire, ne saurait contribuer à la vie elle-même, en aucun cas.


On connaît l’argument, évidemment : l’affirmation de l’humanité, notamment en médecine, passerait par là. Il n’y a qu’une réponse possible : cela est mensonger. Il suffit de constater qu’en France, jusque dans les années 1980, les bébés humains qui ne parlaient pas étaient opérés sans anesthésie, car on en avait conclu qu’ils ne souffraient pas!

Qu’est-ce que cela montre? L’absence d’empathie. Or, science sans conscience n’est que ruine de l’âme. Partant de là, l’expérimentation animale ne fait pas avancer l’humanité, malgré des données pouvant parfois être utiles, mais qui auraient pu être obtenues par la raison et qui ne justifient jamais, par définition, la souffrance, la torture, la mort.

Car qui accepte la souffrance, la torture, la mort, s’oppose par définition à la vie. L’expérimentation animale n’est jamais légitime.

Ne pas relever d’une absence de sensibilité, d’empathie… est un devoir. Agir positivement, par compassion, est ce qui en découle. Cesser d’utiliser les innombrables produits testés sur les animaux est un devoir. Il faut penser à tous les aspects de la vie quotidienne, même les plus improbables : cosmétiques, dentifrice, bloc WC, stylos…

Le plus simple est d’acheter des produits où figurent ces logos – le plus facile étant de se les procurer en magasins bios. Ces logos permettent d’éviter d’utiliser des produits testant sur les animaux hors de l’Europe par exemple, ou bien utilisant des animaux en amont des produits finis. Dans tous les cas il faut vérifier. Qui ne le fait pas trahit sa conscience.

Logo de la Human Cosmetics Standard

Logo d’IHTK
Logo de Cruelty-Free and vegan
Logo de Choose Cruelty-Free
Logo de Vegan action
Logo de la Vegan Society

Catégories
Société

Les scientifiques ont abandonné le combat contre la religion

Normalement, les religions devraient avoir disparu devant les progrès de la science. Il n’en est rien, car les scientifiques refusent d’assumer la reconnaissance de la réalité. On ne peut pas être sûr de ce qu’on a pas expérimenté, disent-ils. Et ils disent la même chose au sujet de Dieu, laissant ainsi les religions contaminer la société.

Le fait qu’il n’y ait pas de Dieu est certain. C’est un point de vue qui est dogmatique aux yeux du libéralisme, mais qui est une affirmation scientifique, matérialiste, comme on le voudra, de la Gauche historique. Dieu est une invention des Hommes, c’est le simple reflet des faiblesses de l’Humanité du passé, qui cherchaient des explications. Avec les progrès de la science, les explications sont là et on n’a plus besoin du concept de Dieu.

Et pour les choses qu’on ne sait pas ? Pour les choses qu’on ne sait pas, il se produira la même chose. On découvrira pourquoi les choses sont ainsi et pas autrement. Voilà pourquoi il faut en fait parler des choses qu’on ne sait pas encore. Quand on est de Gauche, on sait que la science peut tout expliquer, au fur et à mesure. Quel dommage alors que les scientifiques trahissent la science.

Car les scientifiques, payés par le capitalisme, en ont adopté l’approche pragmatique. Ce qu’on sait, c’est ce qu’on peut pratiquer. Ce qui a une fonction connue existe, le reste… est douteux, pour le moins. Ainsi, la réalité prise dans son ensemble est rejeté par les scientifiques. Peut-être est-elle vraie, peut-être pas, peut-être y a-t-il plusieurs univers, peut-être la réalité n’est-elle qu’un aspect de la vraie réalité, etc.

Et la matière ? La matière elle-même est liquéfiée, dissoute dans une démarche exactement contraire aux Lumières. La matière aurait plusieurs aspects, dont certains seraient inconnus. On ne pourrait pas savoir comment les choses seraient réellement, on en aurait que des bribes. Les scientifiques sont devenus des hyper-relativistes et même rejeter l’idée de Dieu leur semble un véritable crime lèse-scientifique.

Il n’y a pourtant rien de plus scientifique que de dire que Dieu n’existe pas. Un scientifique qui ne l’assume pas n’est pas un vrai scientifique, mais uniquement un expérimentateur, un testeur, qui a perdu de vue le fait que la science s’appuie toujours sur des fondamentaux consistant en une vision du monde. Les scientifiques ont désormais une vision du monde digne des Hindouistes, voilà tout. Ils imaginent qu’il y a des réalités multiples, avec des aspects illusoires, une naissance temporaire de l’univers qui a une fin et peut recommencer, etc.

Ce qui va de pair avec cette démarche mystique des scientifiques ne reconnaissant pas la réalité, c’est leur fanatisme expérimentateur, qui fait de l’expérimentation animale le moyen pour « découvrir » des choses nouvelles. Des millions d’animaux sont chaque année massacrés en France pour satisfaire la curiosité absurde de scientifiques s’ennuyant au point de s’imaginer que la réalité découpée en morceaux va leur révéler ses secrets. Ce faisant, ce qui est révélé ici, c’est la perversité des pseudos scientifiques et la souffrance d’un être vivant.. On ne peut pas être sûr de ce qu’on a pas expérimenté, disent-ils.

Et cette approche aboutit donc à empêcher les scientifiques de nier l’existence de Dieu. On n’aurait pas fait le tour expérimental de la réalité, l’hypothèse reste donc possible en tant que telle. Sauf qu’évidemment on ne fera jamais le tour de la réalité, car elle est inépuisable. Et cela ne change rien au fait que la thèse de Dieu ne repose sur rien d’autre que l’idéalisme. Cependant, on l’aura compris, les scientifiques ne veulent pas partir en guerre contre l’idéalisme. Ils sont en effet personnellement imbriqués à d’importants niveaux dans le capitalisme. Ils profitent du monde tel qu’il existe. Ils y font carrière, et malgré la corruption et le n’importe quoi qui peut régner parfois, ils ont confiance, encore et toujours confiance.

Ils considèrent qu’il y a un discours scientifique au-delà de tout, qui serait neutre, objectif, et que dans tous les cas, ils ne peuvent pas se tromper. Ils ne voient pas comment l’idéalisme, au moyen de prétendues hypothèses, provoque la confusion, détourne des thèmes importants, conduit au relativisme, au scepticisme.

On pourrait penser qu’avec le réchauffement climatique, l’effondrement de la vie sauvage, les crises économiques qui se prolongent, l’absence de progrès en ce qui concerne les voyages spatiaux ou l’aviation, ou encore les cancers et le sida, les scientifiques chercheraient à se remettre en cause, pour trouver de nouvelles approches, voir si quelque chose bloque leurs avancées. Ce n’est pas le cas, ils continuent comme si de rien n’était. Ils persistent dans leur approche mécanique : on teste et on voit, on interprète ce qu’on voit et on teste, etc.

Tronçonnant la réalité, ils la nient. La niant, ils n’en voient pas les bases… et cherchent du mauvais côté. Mais peu importe, considèrent-ils. Ne sont-ils pas payés pour ce qu’ils font ? Et pourquoi s’engageraient-ils à critiquer Dieu ? Ne sont-ils pas eux-mêmes individuellement leur propre horizon ?

Catégories
Société

Les arguments de l’Académie royale de médecine de Belgique contre le végétalisme

Les arguments de l’Académie royale de médecine de Belgique contre le végétalisme ne reposent pas sur une analyse scientifique de la nature des aliments consommés réellement par les végétaliens. Ce sont des extrapolations faites à partir de connaissances basées sur l’alimentation moderne classique, dans le but de manipuler les esprits.

L’Académie royale de médecine de Belgique a pris position de manière ridicule contre le végétalisme en prétendant avoir un discours scientifique à propos de l’alimentation végétale.

Ce qui importe pour la nutrition, ce ne sont pas les aliments en eux-mêmes mais leur composition chimique et la façon dont ils sont synthétisés dans l’organisme. De ce point de vue, la nourriture d’origine animale n’a rien de spécifique en elle-même, avec des nutriments qu’on ne pourrait obtenir ailleurs.

Cela n’a ainsi, par exemple, aucun sens de parler de protéines en général puisque ce qui compte est leur composition en acides aminés. L’organisme n’a pas besoin des protéines d’un autre organisme (végétal ou animal) en tant que telles, mais des acides aminés qui les composent, pour synthétiser ses propres protéines.

Est-ce possible de la faire uniquement avec des végétaux ? Oui, ça l’est. Est-ce facile de le faire uniquement avec des végétaux ? Oui, ça l’est, il n’y a pas besoin d’aller chercher des aliments « exotiques » pour cela, ni d’augmenter les apports dans des proportions particulières pour obtenir les acides aminés essentiels.

Il faut véritablement ne rien connaître au végétalisme et à la réalité de ce que mangent les végétaliens pour raconter des choses comme :

« L’alimentation végétalienne excluant toute forme de protéines animales (et donc d’une série d’acides aminés essentiels) nécessite en d’autres termes systématiquement l’augmentation des apports alimentaires supplémentaires par rapport aux besoins ainsi qu’une analyse précise des aliments consommés afin de s’assurer du meilleur équilibre alimentaire possible. »

C’est tout simplement faux. C’est d’autant plus faux qu’il est parlé à un moment de « protéines de haute valeur biologique », alors que justement cette « haute valeur » n’est pas quelque-chose de souhaitable pour la santé.

Qu’en est-il des autres risques de carence soulevés, en vitamine B12 , vitamine D, calcium, fer, zinc, iode et le DHA ?

La vitamine B12 ne pose absolument aucun problème ni ne nécessite de suivi médical particulier. La grande majorité des personnes végétaliennes prennent un supplément en vitamine B12 sous forme de bonbon ou comprimé, ou alors consomment des produits fortement enrichis. Cela est tout aussi facile à faire pour les enfants, sans qu’aucun risque ne soit avéré scientifiquement.

Le problème se pose d’autant moins pour les nourrissons, qui par définition doivent consommer le lait maternel et recevront la vitamine B12 présente dans le lait maternel de la mère qui n’est pas carencée.

Le problème qui se pose pour les nourrissons qui ne sont pas nourris au lait maternel n’est pas un problème spécifique au végétalisme. Il existe de nombreuses stratégies pour palier artificiellement (et insuffisamment) au lait maternel, mais le lait de vache ne consiste en aucune manière en une solution indispensable. Qu’ils soient d’origine animale ou végétale, ces produits de substitution ont une composition qui est élaborée très précisément de manière à correspondre le plus possible à la composition chimique du lait maternel humain, qui est très différent de celui des vaches.

Le problème de la vitamine D n’est pas non plus un problème spécifique aux végétaliens. En Belgique ou dans la partie nord de la France, tant les enfants que les adultes, végétaliens ou non, doivent se complémenter en vitamine D l’hiver pour palier au manque de synthèse fait par la peau grâce au soleil. Les personnes végétaliennes ou non qui ont une exposition suffisante au soleil n’ont pas de carence en vitamine D. C’est aussi simple que cela et c’est mentir que de prétendre l’inverse.

Il en est de même pour le calcium, le fer, le zinc, l’iode ou le DHA (via les oméga-3) : les carences en ces nutriments sont possibles, mais nécessitent simplement une alimentation équilibrée et diversifiée pour y faire face. Manger sainement, avec des produits de qualité le moins possible transformé industriellement, variés, suffit largement à couvrir les besoins. Les connaissances pratiques accumulées depuis des dizaines d’années de végétalisme permettent facilement d’avoir un équilibre alimentaire idéal.

Ce qui compte, il faut le rappeler encore, n’est pas tant les nutriments en eux-mêmes que la façon dont ils sont synthétisés. Les « scientifiques » écrivant des rapports tels que celui de l’Académie royale de médecine de Belgique ont du mal à comprendre cela car ils raisonnent mécaniquement, en séparant les éléments les uns des autres.

Le fer serait donc un problème pour eux, par exemple, car ils « voient » que le fer héminique (provenant du sang d’un animal) s’assimile plus directement que celui provenant des végétaux. Ils ne voient pas par contre que la vitamine C des fruits et légumes améliore grandement la synthèse du fer d’origine végétal pour les personnes végétaliennes.

Ce qui compte en alimentation, ce sont les synergies qui se forment lors du processus complexe de l’alimentation, à différentes étapes depuis la mastication jusqu’au passage dans les intestins.

Il est ainsi facile de faire peur volontairement en disant des choses complexes, sans rappeler que cette complexité s’organise en fait naturellement lors d’une alimentation simplement équilibrée :

« Par ailleurs la répartition respective des différents aliments végétaux (céréales, légumineuses, fruits-oléagineux, légumes et fruits) pour couvrir les besoins en un certain nombre d’oligo-éléments et de nutriments est absolument essentielle en particulier pour le calcium présent par exempledans le chou, les graines de sésame ou les amandes, et les omégas-3, présents dans les noix, le colza ou le soja. Il existe aussi un risque d’excès de fibres (phytates) par consommation importante de légumineuses et céréales, de fruits et de légumes pouvant interférer avec l’absorption digestive des minéraux et du fer. »

Il est aussi sacrément gonflé de la part de l’Académie royale de médecine de Belgique de parler de « déséquilibres métaboliques et l’obligation d’un suivi médicalisé » pour les végétaliens, alors que justement c’est l’alimentation moderne « omnivore » qui provoque un nombre grandissant de déséquilibres métaboliques (obésité, diabète) et qui est de plus en plus incriminée dans les cas de maladies auto-immunes.

Catégories
Écologie

Des microparticules de plastique en grande quantité dans une zone isolée des Pyrénées

Si la de la présence massive du plastique dans les océans est maintenant assez connue, une étude récente a montré que cela concerne également l’atmosphère, y compris dans une région en apparence préservées. La pollution est donc partout, l’humanité souillant littéralement la planète avec son mode de production incontrôlé.

L’étude publiée lundi 15 avril 2019 a été menée par une équipe composée de chercheurs des universités de Toulouse, Orléans et Strathclyde (Écosse). Des échantillons ont été récoltés dans une zone Natura 2000 des Pyrénées, dans la vallée de Vicdessos en Ariège, à près de 1 500 m d’altitude.

Des particules microscopiques de plastique y ont donc été retrouvées, dans des quantités comparables à ce qu’on peut trouver à Paris d’après les chercheurs. Celles-ci, d’après les explications, ont tout simplement été transportées par le vent, depuis les aires urbaines.

Voici la traduction du résumé de l’article, publié dans la fameuse revue scientifique Nature :

« Transport atmosphérique et dépôt de microplastiques dans un bassin de montagne isolé

Les déchets plastiques sont un problème mondial de plus en plus important et l’un des principaux défis environnementaux de cette génération. Les microplastiques ont atteint les océans via le transport fluvial à l’échelle mondiale. À l’exception de deux mégapoles, Paris (France) et Dongguan (Chine), les informations sur le dépôt ou le transport de microplastiques dans l’atmosphère sont insuffisantes.

Nous présentons ici les observations de dépôts de microplastiques atmosphériques dans un bassin de montagne vierge et éloigné (Pyrénées françaises). Nous avons analysé des échantillons prélevés sur une période de cinq mois représentant les dépôts atmosphériques humides et secs, et avons identifié des fibres d’une longueur maximale d’environ 750 µm et des fragments jusqu’à 300 µm sous forme de microplastiques. Nous documentons les comptes quotidiens relatifs de 249 fragments, 73 films et 44 fibres par mètre carré qui se sont déposés sur le bassin versant.

Une analyse de trajectoire de masse d’air montre le transport de microplastiques dans l’atmosphère sur une distance allant jusqu’à 95 km. Nous suggérons que les microplastiques peuvent atteindre et affecter les zones isolées et peu peuplées par le biais du transport atmosphérique. »

Cette information a stupéfait les chercheurs, qui semble-t-il ne s’attendaient pas à une telle catastrophe. L’un d’entre-eux a par exemple expliqué à la presse locale :

« Cette région montagneuse a fait l’objet de nombreuses études interdisciplinaires en écologie et environnement au cours de la dernière décennie (…). Nous ne pouvions anticiper que notre dernière étude révèle de tels niveaux de dépôts de microplastiques dans la pluie. »

Cependant, ces résultats ne sont pas si surprenant, tant on sait que l’humanité n’a pour ainsi dire aucun contrôle sur ses activités. Le plastique est probablement la matière qui illustre le mieux ce qu’est le capitalisme depuis la fin du XXe siècle : il permet de produire toujours plus de marchandises, très facilement et très rapidement, mais avec des conséquences environnementales désastreuses.

L’écologie, c’est une question de culture, de rapport culturel à la nature qui doit être meilleur, mais c’est aussi une question d’organisation. Le rôle de la Gauche est justement d’expliquer ici en quoi l’économie doit être contrôlée, planifiée, orientée de manière rationnelle, selon les besoins réels de la population, en prenant en compte tout les paramètres. C’est là le discours traditionnel du mouvement ouvrier, qui est encore plus d’actualité aujourd’hui avec les catastrophes écologiques en cours.

Une telle pollution jusque dans les Pyrénées est inacceptable, rien que le résultat de cette étude devrait engendrer un contrôle radical et à grande échelle de la production et de l’usage de matières plastiques, afin de les restreindre et d’en organiser précisément les cycles de vie, dans l’intérêt de la planète, et de tous ses habitants.

Catégories
Réflexions

La superstition scientifique (Antonio Gramsci)

Le rapport passif à la science, jusqu’à en faire une sorcellerie d’un nouveau genre, est erroné et dévalue la notion de travail, de transformation. Il faut aller dans le sens d’une popularisation des concepts scientifiques, afin de contrecarrer cela.

Il faut noter qu’à côté de l’engouement le plus superficiel pour les sciences existe en réalité la plus grande ignorance des faits et des méthodes scientifiques, qui sont des choses fort difficiles, et qui deviennent toujours plus difficiles par la spécialisation progressive des nouvelles branches de la recherche.

La superstition scientifique comporte des illusions si ridicules et des conceptions si infantiles, que même la superstition religieuse s’en trouve ennoblie.

Le progrès scientifique a fait naître la croyance et l’attente d’un nouveau type de Messie, qui réalisera sur cette terre le pays de cocagne ; les forces de la nature, sans aucune intervention du travail humain, mais par l’opération de mécanismes toujours plus perfectionnés, donneront à la société en abondance tout le nécessaire pour satisfaire ses besoins et vivre dans l’aisance.

Contre cet engouement, dont les dangers sont évidents (la foi superficielle abstraite dans la force thaumaturgique de l’homme conduit ici paradoxalement à stériliser les bases mêmes de cette force et à détruire tout amour du travail concret et nécessaire, pour se livrer à des fantasmes, comme si l’on avait fumé une nouvelle sorte d’opium), il faut combattre avec des moyens variés, dont le plus important devrait être une meilleure connaissance des notions scientifiques essentielles, en vulgarisant la science grâce aux œuvres de savants et de spécialistes sérieux, et non plus de journalistes omniscients et d’autodidactes présomptueux.

En réalité c’est parce qu’on attend trop de la science, qu’on la considère comme une sorcellerie supérieure, et c’est pourquoi on ne réussit pas à évaluer de façon réaliste ce que la science offre de concret.

Antonio Gramsci, Cahier de prison 4 (XIII), §71, 1932-1933