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Refus de l’hégémonie

2022-2024 : la Russie et l’Ukraine, et désormais la France

Le 24 février 2022, l’armée russe prenait l’initiative d’une offensive contre le régime ukrainien, dans le cadre de ce qui fut appelée du côté russe « l’opération militaire spéciale ». Le choix de cette expression tient aux rapports entre Russes et Ukrainiens, au refus d’une guerre totale, puisque le but est d’intégrer les Ukrainiens dans la Fédération de Russie.

Nous avions annoncé cet affrontement militaire six mois auparavant, en en parlant ensuite régulièrement. Nous avions compris que la crise de 2020 avait fait basculer les choses ; le capitalisme s’était heurté à un mur. Finie la croissance fabuleuse comme durant la période 1989-2020, désormais c’est la bataille pour le repartage du monde.

Dans la logique des choses, des centaines de milliers, des millions de personnes auraient dû en France se précipiter sur internet pour se renseigner sur le conflit, se documenter, et notre page Ukraine aurait dû être consultée en conséquence un très grand nombre de fois.

Comment en est-on arrivé là ? Quelle est l’origine de la situation ? Quelle est la nature de cette crise ? Quels sont les enjeux ?

Mais il n’y a rien eu, rien de rien, les gens ont observé cela de loin et continuent de le faire, deux ans après, alors que la France se veut toujours plus partie prenante du conflit. Les Français consomment et se moquent de tout ; ce qui est sérieux les dérange.

C’est une fausse légèreté érigée en caractéristique nationale, tout comme dans chaque pays occidental. Il y aurait une douceur de vivre, il suffirait de se laisser porter… Et malheur à qui vient déranger tout cela ! Le régime ukrainien est devenu le symbole de l’occident paradisiaque : l’Ukraine ne veut-elle pas rejoindre l’Otan, l’Union européenne, adopter le mode de vie occidental ?

Pseudo squat d’artistes rue de Rivoli à Paris, bien entendu pro-régime ukrainien avec notamment le slogan nationaliste « Gloire à l’Ukraine, gloire aux Héros »

Nous l’avons analysé, dit et redit : si à l’arrière-plan le conflit Ukraine-Russie est un conflit entre la superpuissance américaine et son concurrent la superpuissance chinoise, ce qui est en jeu c’est aussi le basculement du monde, l’irruption d’un tiers-monde qui s’est massivement développé ces trente dernières années. L’ordre mondial vacille, les rapports de force sont bouleversés. C’est une époque de révolution qui s’ouvre !

agauche.org est sur la ligne de Lénine et de Rosa Luxembourg, car nous vivons la même situation. Ou la révolution empêche la guerre, ou bien la guerre provoque la révolution. Le capitalisme, c’est la guerre ; le Socialisme, l’unité mondiale !

La bourgeoisie française ne s’y trompe pas et s’est précipitée aux pieds de la superpuissance américaine. Elle est entièrement acquise à la cause de l’Otan. Les dernières poches de « gaullisme » subsistent à peine, et encore, symboliquement. L’avenir, c’est soit le triomphe occidental et une France capitaliste renforcée, devenue un protectorat américain, soit la déroute de l’occident, la défaite de l’Otan, et l’affirmation historique du Socialisme en France comme décrochage de l’ordre mondial soumis aux superpuissances.

Voilà comment nous comprenons les choses, et c’est également comment la bourgeoisie, qui ne « pense » pas, sent les choses. La Direction générale de la sécurité intérieure a, comme le rapporte le quotidien Le Figaro, demandé aux forces de l’ordre de faire remonter toute « ingérence russe » au sujet du conflit, tel que les « dégradations de biens publics (graffitis, tags), placardage d’affiches, de stickers, distribution de flyers ».

C’est la criminalisation de la position anti-guerre, et d’ailleurs la même note assimile à « soutenir ouvertement les intérêts de la Russie » si on est sur une position « dénonçant la politique étrangère de la France, les États-Unis ou l’OTAN ».

Nous avions déjà abordé la question de l’interdiction d’agauche.org, le 14 février 2023. Nous voyons les choses de la même manière et il est évident qu’à un moment, l’État français finira par nous couper le courant.

Les choses sont ainsi très claires, la ligne de démarcation est tracée ! Engagez-vous dans la bataille, le plus tôt possible, car de toutes façons vous serez obligés un jour de le faire! Pour la déroute de l’occident et la défaite de l’Otan !

Le ministre français des armées, Sébastien Lecornu, brandit de manière ininterrompue la menace russe, présentée comme un danger vital pour la France

Et voyez les choses en face. Nous sommes les seuls, à gauche, à parler régulièrement du conflit en Ukraine, à dénoncer la tendance à la guerre, à appeler à la défaite de l’Otan et de l’armée française. Tous les autres… ont la trouille, ou bien ne veulent pas y croire, ou bien sont corrompus par le doux confort capitaliste occidental.

On a ainsi en France une sainte alliance, des socialistes aux macronistes, de l’extrême-Droite de Marine Le Pen à LFI de Jean-Luc Mélenchon, allant des LGBT post-modernes aux nazis fascinés par « Azov » en Ukraine, pour soutenir le régime ukrainien, à tout prix. Tel est le consensus de la France capitaliste.

Si on est contre la France capitaliste, alors on est pour que ses entreprises voulant rester un îlot protégé échouent ! Il faut saboter le militarisme et le nationalisme, le bourrage de crâne anti-Russie et la soumission à la superpuissance américaine !

La négation de la culture russe, ainsi que de sa nature européenne, est un leitmotiv de la propagande nationaliste ukrainienne reprise en France

Le plus grand souci, c’est bien entendu l’absence de Gauche en Ukraine. S’il y avait un mouvement prenant en main la question nationale de manière démocratique, cela faciliterait l’affirmation démocratique au niveau mondial. Il n’y a cependant rien du tout, le pays est entièrement aux mains des nationalistes, qui détruisent des millions de livres car en russe, qui veulent annexer une partie de la Russie et démanteler le reste, qui démolissent tous les monuments aux héros de la seconde guerre mondiale ayant combattu les nazis, qui veulent interdire Dostoïevski, Tolstoï et Tchaïkovski, etc.

Pour prendre un exemple, prenons le navire militaire russe Tsezar Kounikov. C’est un petit navire de débarquement, endommagé de manière importante le 14 février 2024, en Mer Noire. Le jour choisi pour lancer des drones contre lui ne doit rien au hasard : Tsezar Lvovitch Kounikov est mort le 14 février 1943. Il fait partie de la petite troupe de héros bloquant à l’armée allemande une partie de la ville de Novorossiïsk pendant 225 jours. Le régime ukrainien n’a rien d’autre à faire que choisir des dates symboliques pro-nazies, c’est vraiment révélateur !

Novorossiïsk

Pour résumer : l’État français est dans l’orbite américaine et soutient le régime ukrainien à coups de milliards et en laissant l’extrême-Droite activiste s’enrôler dans l’armée ukrainienne, alors que la « gauche » ne sert que de faire-valoir social au capitalisme et accepte la guerre.

Cela doit changer – il faut prendre en exemple Rosa Luxembourg et Lénine! La seule actualité, c’est la marche à la guerre mondiale de repartage du monde, c’est elle qui décide tout. Et il faut œuvrer à ce que l’Histoire bascule dans le bon sens, celui du drapeau rouge !

Rosa Luxembourg
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Planète et animaux

Chicago 1905, le socialisme et les animaux

En 1905, l’écrivain Upton Sinclair publie sous la forme de feuilletons La Jungle dans le journal socialiste Appeal to Reason. Un roman-reportage qui témoigne des pires horreurs des abattoirs de Chicago et va provoquer un véritable scandale tant il dévoilera aux yeux du grand public la face cachée de la fabrication en masse d’aliments à base de viande.

Derrière, c’est le capitalisme américain que l’on retrouve dépeint et qui va conquérir l’ensemble de l’Occident jusqu’à façonner l’ensemble de son industrie agroalimentaire. Et surtout il va généraliser la barbarie industrialisée envers les animaux à la base de la société de consommation.

Les usines à viande de Chicago en 1947

C’est de ces chaînes automatisées d’abattage qu’Henri Ford puisera son inspiration pour réaliser ses chaînes d’automobiles et ainsi systématiser tout un mode d’organisation du travail mis au seul service d’une minorité capitaliste.

Les animaux… Un thème moins mis en avant à l’époque face au drame vécu par les ouvriers et aux méthodes insupportables déployées par les industriels pour falsifier la qualité de leur nourriture tout en la vendant aussi chère. Jusqu’à vendre des produits issus de cuves dans lesquelles des ouvriers sont morts dans des accidents de travail…

Et pourtant, on y trouve également un passage où un philosophe, Schliemann, passionné de diététique, vivant parmi les ouvriers de Chicago et participant aux réunions du Parti socialiste affirme des choses qui sonnent si justes. Si justes car, malgré le temps perdu, elles attestent de l’inéluctable fusion de la cause animale avec le Socialisme…

« Schliemann reprit son souffle quelques instants avant de poursuivre :

– Et puis il faut ajouter à cette production agricole illimitée la récente découverte de certains physiologistes qui affirment que la plupart des troubles dont souffre le corps humain sont dus à la suralimentation !

Qui plus est, il a été prouvé que l’homme peut se passer de viande. Or celle-ci est évidemment plus difficile à produire que les denrées d’origine végétale, plus déplaisante à préparer et à manipuler, plus délicate à conserver. Mais qu’importe, n’est-ce pas, du moment qu’elle nous flatte plus agréablement le palais.

— Comment le socialisme peut-il changer ces habitudes ? se permit de demander l’étudiante. C’était la première fois qu’elle intervenait.

Tant que le salariat sera de règle, répondit Schliemann, il sera toujours facile de trouver des bras pour s’acquitter des tâches les plus avilissantes et les plus répugnantes.

Mais, dès que le travail sera libre, le prix de ce genre de besogne augmentera. On abattra une par une les vieilles usines sales et insalubres, car il sera moins onéreux d’en bâtir de nouvelles.

On équipera les bateaux à vapeur de machines capables d’alimenter automatiquement les chaudières, on éliminera les risques dans les métiers dangereux ou on élaborera des produits de substitution pour les substances toxiques actuellement utilisées.

De la même façon, chaque année, au fur et à mesure que les citoyens de notre République industrielle verront leurs goûts s’affiner, le coût des produits carnés augmentera, si bien, qu’un beau jour, les amateurs de viande devront tuer eux-mêmes les bêtes qu’ils mangent.

Combien de temps croyez-vous, alors, que la coutume survivra ? »

Aujourd’hui, alors que le 21e siècle est déjà largement lancé, tout cela résonne profondément, malgré la naïveté du propos. L’humanité a acquis une conscience avec une telle ampleur qu’il y a des évidences qui s’imposent.

Et ce n’est pas pour rien justement que le capitalisme se débarrasse de la cause animale, en faisant quelque chose d’anecdotique, et que la vieille gauche emprisonnée dans des traditions du siècle dernier ou de l’agitation superficielle est incapable d’aborder la question des animaux.

Penser aux animaux, c’est inévitablement exiger la révolution, c’est assumer que rien n’est possible sans le renversement de l’ordre établi. C’est porter la conscience de la Société nouvelle, du Socialisme !

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Nouvel ordre

L’agriculture doit être étatisée et planifiée

Porter un regard intelligent sur le mouvement des agriculteurs français de janvier-février 2024, c’est se rappeler que les paysans ne sont pas une classe, et qu’il n’y a d’ailleurs plus de paysans en France. D’une masse fondamentalement petite-bourgeoise dans sa définition, les paysans sont devenus des agriculteurs, c’est-à-dire des petits-bourgeois entrepreneurs.

Le paysan possède, en effet, sa terre, et il veut accumuler ; c’est un propriétaire, même dans les cas où il est un petit propriétaire, même s’il est pauvre. C’est la raison pour laquelle l’URSS a mis en place tout un système pour « avaler » les paysans pauvres et moyens dans les collectivisme, par les fermes collectives (les kolkhozes) et les fermes d’État (les sovkhozes). Cela a été une bataille très dure, l’affrontement avec les paysans riches (les koulaks) est bien connu.

Affiche soviétique pour chasser les koulaks des kolkhozes, avec une citation de Lénine sur leur rôle dans la restauration du capitalisme

L’agriculteur est quant à lui un paysan qui a réussi, et dans le capitalisme du début du 21e siècle, cela en fait un capitaliste acharné, qui utilise notamment les animaux pour arracher du profit. Qui ne prend pas en compte les animaux tant sur le plan de la sensibilité que sur le plan de leur utilisation par le capitalisme ne peut pas comprendre notre époque. Le document Crise du capitalisme et intensification de la productivité : le rôle des animaux dans la chute tendancielle du taux de profit est ici fondamental.

Il n’y a donc rien à attendre des agriculteurs. Il faut faire avec, mais là encore ils sont les rois des bluffs. Il y a largement de quoi assez manger et leur prétention à dire qu’on va mourir de faim sans eux est juste risible. Ils font juste beaucoup de bruits pour se présenter comme incontournables.

Mais avec de l’organisation, une agriculture étatisée et planifiée est facile à mettre en place. Avec l’industrialisation et les technologies, c’est facile si on a les masses en mouvement. L’agriculture doit devenir une industrie, et les agriculteurs doivent céder la place aux ouvriers du 21e siècle. Le Socialisme n’a pas besoin d’eux et s’ils veulent travailler la terre, ils devront la faire dans une optique de service au peuple, pas d’aventurisme capitaliste aux dépens de la Nature.

Affiche soviétique : En avant !
Pour l’industrialisation du pays,
pour la collectivisation du village!

Le marteau et la faucille sont, il faut le rappeler, le symbole de l’alliance de la classe ouvrière et de la paysannerie pauvre. Il n’a jamais été question de faire de la petite-bourgeoisie des campagnes, propriétaire et entrepreneuse, une figure du Socialisme. Les paysans, c’est le petit capitalisme à fond, un puissant générateur de capitalisme, comme le montre l’histoire des États-Unis.

Lénine a dit un très bon mot à ce sujet :

« La petite production engendre le capitalisme et la bourgeoisie constamment, chaque jour, à chaque heure, d’une manière spontanée et dans de vastes proportions. »

S’imaginer, comme le fait « révolution permanente« , qu’il est possible de se tourner vers les agriculteurs et d’établir un programme « qui cherche à remettre en question le système agraire actuel qui est destiné à servir les grands capitalistes de l’agro-alimentaire, la grande distribution et les banques »… c’est ne rien comprendre justement aux agriculteurs, qui sont nés dans ce système, sont ce système et y tiennent dur comme fer.

D’ailleurs, les agriculteurs ne remettent jamais en cause le capitalisme et demande toujours à l’État de faire l’arbitre. Ils le font en correspondance avec leur nature sociale.

Affiche soviétique : jour de récolte, collectivisation

Au moins, la dirigeante des Écologistes Europe Écologie Les Verts Marine Tondelier l’a bien compris. Elle raconte qu’elle est fière de visiter les fermes et de discuter avec l’Interbev (l’Association Nationale Interprofessionnelle du Bétail et des Viandes), tout en étant vegan.

« Nous ne sommes pas les ennemis des agriculteurs », a déclaré la secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier, mercredi depuis une ferme de Bourgogne, où elle dit « soutenir totalement » les paysans dans leur combat pour un « juste revenu ». »Nous ne sommes pas les ennemis des agriculteurs », a déclaré la secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier, mercredi depuis une ferme de Bourgogne, où elle dit « soutenir totalement » les paysans dans leur combat pour un « juste revenu ».

« Je ne suis pas du tout mal aimée des agriculteurs », a assuré cette petite-fille de paysans du Pas-de-Calais, après avoir caressé des vaches bazadaises, une espèce menacée élevée dans une exploitation bio de Villebichot (Côte-d’Or), près de Dijon.

« J’ai même rencontré Interbev », l’association du bétail, « alors que je suis végane depuis 15 ans », a martelé Marine Tondelier. « Les fermes, c’est le type de déplacement que je fais le plus ! », a-t-elle ajouté. »

Voilà une soumission totale et ignoble, immorale et totalement opportuniste. Et c’est très vraisemblablement une vraie construction mythomane pour se soumettre ostensiblement, car elle n’a jamais auparavant dit qu’elle était vegan, mais végétarienne.

C’est un très bon exemple. Faut-il faire comme elle, considérer que les agriculteurs seront toujours là sous cette forme pendant encore cinquante ans? Ou bien faut-il révolutionner l’agriculture, car les temps sont mûrs pour un nouveau rapport avec la Nature?

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Événements significatifs

Sahra Wagenknecht fonde son parti au « Kosmos »

Le parti politique autour de Sahra Wagenknecht s’est fondé le week-end des 27-28 janvier 2024, avec des principes et un programme électoral pour les élections européennes. C’est à cette occasion d’ailleurs que le parti changera de nom, car pour l’instant il s’appelle « Alliance Sahra Wagenknecht – Raison et Justice ».

Cela tient au rôle central de Sahra Wagenknecht comme figure polarisante dans la situation actuelle en Allemagne ; elle-même est la co-présidente du parti fondé aux côtés d’Amira Mohamed Ali. Mais un autre nom sera choisi.

Pour l’instant, il y a eu 44 délégués pour officialiser le parti, qui a reçu 1,4 million d’euros de dons et n’a officialisé l’adhésion que de quelques centaines de personnes. Le temps choisi est le temps long.

Sahra Wagenknecht lors de la fondation

Il a été parlé ici et là de cet événement en France, et ce pour une raison très simple : la gauche gouvernementale française est pour la guerre à la Russie, ou du moins pas contre (y compris La France insoumise), mais Sahra Wagenknecht est, elle, totalement contre cette guerre.

On retrouve ici toute la tradition allemande, dans le prolongement de Rosa Luxembourg. L’ambiance de la fondation du parti y doit être quelque chose. Voici comment le quotidien français Les Echos présentent le lieu où s’est tenu le congrès de fondation :

« C’est au numéro 131 de l’avenue Karl-Marx, à Berlin, qu’ils se sont réunis. Dans un ancien cinéma construit au début des années 1970 par le régime communiste.

Planté au milieu de grands bâtiments staliniens, tout droit sortis d’une BD d’Enki Bilal, le Kosmos était alors la plus grande salle de cinéma d’Allemagne de l’Est.

Avec son architecture ovale, le lieu se voulait l’incarnation de la modernité communiste. »

En fait, l’avenue Karl-Marx, c’est la Karl-Marx-Allee, qui était auparavant la Stalin-Allee, une immense avenue (2,6 km de long et 89 mètres de large) emblématique de la reconstruction architecturale réaliste socialiste après 1945.

Et Sahra Wagenknecht est arrivée habillée… tout en rouge. Tout un symbole.

Mais ce n’est pas tout. Le Kosmos est aujourd’hui une salle pour les réunions et les meetings et c’était effectivement un cinéma en RDA. Il était consacré aux premières… dont celle du film Les Aventures de Werner Holt. Sorti en 1965, il a été vu par trois millions de personnes et le roman dont est tiré le film, écrit par Dieter Noll, avait été tiré à deux millions d’exemplaires.

La première du film Les Aventures de Werner Holt, au Kosmos

Le roman raconte la prise de conscience d’un jeune Allemand de ce qu’est vraiment le nazisme. Et il faut bien comprendre que ça, c’est l’arrière-plan de Sahra Wagenknecht.

Lors de la fondation du parti, dont on trouvera ici les principes et objectifs, il n’a pas été parlé de Socialisme, mais toujours de l’unité des gens du commun. Les commentateurs journalistiques français (ou allemands) disent alors : c’est donc un discours populiste, ou bien d’extrême-Droite.

C’est là où le manque de culture historique se révèle. Car Sahra Wagenknecht est historiquement issue de l’aile gauche de la « gauche de la gauche » allemande et elle est connue pour ne jamais critiquer la République démocratique allemande.

Et quel était le noyau idéologique de la RDA ? C’était, comme dans le roman et le film mentionnés, le traumatisme de la défaite de la Gauche face au nazisme. Pourquoi le peuple a-t-il choisi les nazis plutôt que les communistes ? Pourquoi n’y a-t-il eu une prise de conscience de ce qu’est le nazisme que de la part d’une minorité de gens ?

Car les communistes allemands ne se sont pas mentis à eux-mêmes, ils n’ont jamais prétendu que les Allemands avaient été manipulés, hypnotisés, ou que sait-on encore. Ils avaient conscience des problèmes historiques dans le parcours national allemand.

D’où, dès 1945, la volonté des communistes de fusionner avec les socialistes et d’établir une alliance avec plusieurs partis (ce qui continuera dans les années 1960, 1970, 1980, même si de manière fictive). Et le modèle de tout cela, c’est le Front populaire français, considéré comme l’opération « miraculeuse » sauvant de l’extrême-Droite.

Si on veut comprendre Sahra Wagenknecht, il suffit de voir comme les communistes français se sont alignés sur les centristes en 1934-1935 pour établir le Front populaire. C’est précisément la même ligne d’unir « les gens du commun », ceux qui travaillent, contre une poignée de va-t-en guerre de la haute bourgeoisie.

D’ailleurs, à l’époque, on visait les « deux cents familles » – une expression inventée par le centriste Édouard Daladier qui l’emploie le premier lors du congrès du Parti radical-socialiste de 1934. Et Sahra Wagenknecht parle elle des « 10 000 » d’en haut.

Ainsi, Sahra Wagenknecht entend parler à la classe moyenne et avec son approche, on croit lire le PCF de 1935, avec cette idée que le capitalisme ne tourne plus rond et que seule l’alliance populaire contre les « dominants » peut empêcher le désastre.

C’est une très bonne chose, si on part du principe de faire un front le plus large possible contre la guerre.

C’est par contre erroné, s’il est escompté que va s’ouvrir, comme par magie, une voie à une autre société. Là-dessus, Sahra Wagenknecht a une approche très RDA : il suffit d’unir les gens contre la guerre et les choses iront d’elles-même dans l’autre sens.

C’est une sous-estimation de la question de la culture. D’ailleurs, c’est le grand problème de la nature de son parti, qui oppose les petites gens au style de vie grand-bourgeois ou bobo urbain. Sauf que les petites gens, en Allemagne, ce sont les outils Lidl pour s’occuper de « son jardin » en mangeant « ses » saucisses et en buvant « sa » bière. On ne va pas loin avec ça.

Si on dit que Sahra Wagenknecht est un obstacle à la guerre et une contribution au rejet de la « gauche » post-moderne, alors c’est très bien. Et c’est déjà effectivement quelque chose !

Mais courir derrière les « classes moyennes », quitte à tout accepter de leur part, est erroné : il faut au contraire qu’elles se plient au prolétariat.

En France, on ne va pas courir derrière les gilets jaunes, les antivax, ceux qui ne pensent qu’à leurs retraites en 2023 ou les agriculteurs de 2024. D’ailleurs, ces gens n’en ont rien à faire du Socialisme ; ils vivent dans le fantasme petit-bourgeois qu’ils vont trouver une « troisième voie ».

Qu’il faille leur ôter le terrain pour les amener à bon port, à la base, oui. En ce sens, ce que fait Sahra Wagenknecht est utile à connaître. Mais sans poids culturel – et idéologique – le poids des traditions capitalistes l’emportera et c’est le prolétariat qui se retrouvera à la traîne des « classes moyennes » et de leur mode de vie « beauf » déjà largement répandu et triomphant.

Les mesures « socialistes », même bien présentées, « neutralisées », ne suffisent pas en soi. Il faut le drapeau, la conscience, les cœurs, la culture. Sans cela, on n’a rien, rien du tout !

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Événements significatifs

Principes fondateurs du parti de Sahra Wagenknecht

Ils ont été adoptés en janvier 2024 au congrès de fondation à Berlin en Allemagne.

« Notre pays ne fait pas bonne figure. Depuis des années, il est gouverné en mettant de côté les souhaits de la majorité.

Au lieu de récompenser les réalisations, il a été redistribué depuis les durs au labeur aux 10 000 d’en haut.

Au lieu d’investir dans un État compétent et de bons services public, les politiciens ont servi les vœux de lobbys influents, et par là vidé les caisses publiques.

Au lieu de prendre soin de la liberté et de la diversité des opinions, un style autoritaire de politique s’est répandu, qui entend dicter aux citoyens comment ils vivent, comment ils se chauffent, comment ils pensent et comment ils parlent.

Beaucoup de décisions politiques semblent prises sans plan d’ensemble, à courte vue et en partie même de manière incompétente.

Sans un redémarrage, notre industrie et notre classe moyenne sont en jeu.

Beaucoup de gens ont perdu confiance en l’État et ne se sentent représentés par aucun des partis existant. Ils ont, à juste titre, l’impression de ne plus vivre dans la République fédérale qui a existé auparavant.

Ils s’inquiètent pour les leurs et l’avenir de leurs enfants. Ils souhaitent une politique responsable de conservation de nos atouts économiques, de compensation sociale et de répartition juste de la prospérité, d’une coexistence pacifique des peuples et d’une préservation des fondements naturels de notre vie.

« L’Alliance Sahra Wagenknecht – Raison et Justice » a été fondée, afin de redonner la parole à ces gens. Nous sommes pour le retour de la raison en politique.

L’Allemagne a besoin d’une économie forte, innovante, et de la justice sociale, de la paix et du commerce équitable, du respect de la liberté individuelle de ses citoyens et d’une culture ouverte de discussion.

Il y a besoin de politiciens fiables, qui se sentent obligés par des objectifs.

Les membres du parti soutiennent les principes et objectifs qui suivent :

Raison économique

Notre pays dispose encore d’une industrie solide et d’une classe moyenne prospère et innovante.

Mais les conditions générales se sont considérablement détériorée ces dernières années. Notre infrastructure publique est dans une situation embarrassante pour un pays industriel leader.

Pratiquement aucun train ne circule à l’heure, en tant que patient de l’assurance maladie obligatoire, on attend des mois pour un rendez-vous avec un médecin spécialiste, il manque des dizaines de milliers d’enseignants, de places en garderie et d’ appartements.

Des rues et des ponts délabrés, des trous dans les réseaux et un internet lent, des administrations débordées et des réglementations inutiles rendent la vie difficile précisément aux plus petites et moyennes entreprises.

Le système scolaire allemand avec 16 différents niveaux d’études, des classes beaucoup trop nombreuses et une sélection anticipée, sabote les chances des enfants de familles moins aisées quant aux opportunités d’éducation et dans la vie, et échoue en même temps à la tâche de former des travailleurs qualifiés dont l’économie a un besoin pressant.

Depuis qu’avec les sanctions russes et la prétendue politique climatique, l’énergie est soudainement également devenue plus chère, ce qui menace notre pays, c’est la perte d’industries importantes et des centaines de milliers d’emplois bien rémunérés.

De nombreuses entreprises envisagent une délocalisation de leur production à l’étranger. D’autres sont menacées dans leur existence même.

La politique, influencée et achetée par les grandes entreprises [les konzerns] et l’échec des autorités antitrust ont créé une économie de marché dans laquelle de nombreux marchés ne fonctionnent plus.

Se sont mises en place de grandes entreprises qui dominent le marché, des monopoles financiers surpuissants comme Blackrock et des monopoles numériques comme Amazon, Alphabet, Facebook, Microsoft et Apple, qui imposent leur tribut aux autres participants du marché, portent atteinte à la compétition et détruisant la démocratie.

Dans une mesure considérable, l’inflation actuelle est également un résultat d’un échec du marché provoqué par un pouvoir économique trop grand.

Nous aspirons à une économie innovante, avec une concurrence loyale, des emplois sûrs et bien payés, une forte proportion de création industrielle de valeur, une fiscalité équitable et une classe moyenne forte.

Pour ça, nous voulons limiter le pouvoir de marché et dégrouper les entreprises dominants le marché.

Là où les monopoles sont inévitables, il faut confier les tâches à des prestataires à but non lucratif.

L’industrie allemande est l’épine dorsale de notre prospérité et doit être conserver. Nous avons de nouveau besoin de davantage de technologies d’avenir made in Germany, plus de champions cachés et non pas moins.

Afin d’empêcher le déclin économique de notre pays, des investissements massifs dans notre système éducatif, notre infrastructure publique et dans des administrations compétentes, sont nécessaires.

Nous avons besoin de fonds futurs pour le soutien des entreprises locales innovantes et des start-up, et non des milliards de subventions pour les monopoles d’outre-Atlantique.

L’Allemagne comme pays fort en exportations et pauvre en matières premières a besoin d’une politique de commerce extérieur fondée sur des relations commerciales stables avec le plus grand nombre de partenaires, au lieu de la formation de nouveaux blocs et de sanctions sans bornes, et qui assure notre approvisionnement en matières premières et en énergie bon marché.

Le changement du climat mondial et la destruction de nos moyens naturels de subsistance sont de sérieux défis, que la politique ne doit pas ignorer.

Cependant, une politique environnementale et de climat sérieuse requiert de l’honnêteté : l’approvisionnement énergétique de l’Allemagne, eu égard aux technologies d’aujourd’hui, ne saurait être uniquement assurée par les énergies renouvelables.

Un activisme aveugle et des mesures mal pensées n’aident pas le climat, mais mettent en danger notre substance économique, rendent la vie des gens plus chère et minent l’acceptation du public de mesures sensées de protection du climat.

La contribution la plus importante qu’un pays comme l’Allemagne puisse réaliser dans la lutte contre le changement climatique et la destruction de l’environnement est le développement de technologies clés innovantes pour une économie du futur neutre sur le plan du climat et acceptable par la nature.

Justice sociale

Dans notre pays, depuis des années, l’inégalité grandit.

Des millions de personnes travaillent dur, afin de permettre une vie bonne pour eux-mêmes et leurs familles.

Ils sont ceux qui font fonctionner notre société et payent une grande partie des impôts.

Au lieu d’avoir en retour le respect et la protection sociale, leur existence est devenue moins certaine et plus lourde dans les dernières décennies.

Beaucoup de gens, malgré un emploi à temps plein, ne parviennent avec leur revenu pratiquement pas au bout du mois.

La promesse d’avancement de l’économie sociale de marché n’est plus d’actualité, la prospérité personnelle dépend depuis longtemps avant tout du statut social des parents.

La concentration des richesses en Allemagne est aujourd’hui aussi élevé qu’elle l’était avant le début de la Première Guerre mondiale, lorsque le Kaiser régnait encore à Berlin.

Alors que les monopole, même en temps de crise, versent des dividendes records, les files d’attente aux associations caritatives sont de plus en plus longues.

Même ceux qui ont travaillé pendant des années et cotisé pour la sécurité sociale se retrouvent quémandeurs plein d’amertume après une année de chômage.

Parce qu’il n’y a pas de places en garderie et que notre société est tout sauf favorable au cadre familial, les parents célibataires et leurs enfants en particulier vivent souvent dans la pauvreté, qui n’est pas devenue plus supportable par le changement de nom de Hartz IV [réforme de 2005 supprimant des droits sociaux].

Des millions de personnes âgées ne peuvent pas, après une une longue vie professionnelle, profiter de leur retraite, parce que leurs pensions sont abaissées de manière humiliante.

Les appartements, hôpitaux, établissements de soins, cabinets médicaux et bien d’autres d’autres institutions sociales importantes ont été et sont vendus à des chasseurs de rendement

Depuis, les coûts ont augmenté tandis que coule la qualité des services pour la majorité des gens.

Nous voulons stopper la désintégration du vivre-ensemble social et de nouveau aligner la politique sur le bien commun.

Notre objectif est une société méritocratique juste avec de véritables égalité des chances et un niveau élevé de sécurité sociale.

Une économie hautement productive a besoin d’employés qualifiés et motivés. Les conditions préalables pour cela, ce sont des salaires compétitifs, des emplois sûrs et de bonnes conditions de travail.

C’est également vrai pour les salariés des métiers de services, qui sont tout aussi importants pour notre société que les bons ingénieurs et ingénieurs en mécatronique.

Afin d’éviter la pression sur les salaires, la convention collective doit à nouveau être renforcée et la validité générale des conventions collectives être facilitée.

Nous soutenons les employés, leurs syndicats et les comités d’entreprise et du personnel dans leur engagement en faveur des droits des travailleurs et d’un bon travail.

En même temps, notre pays en a besoin un État-providence fiable, qui démonte les peurs de l’avenir et protège de la chute en cas de maladie, de chômage et de vieillesse.

La privatisation et la commercialisation des services existentiels, comme dans les domaines de la santé, des soins ou du logement, doivent cesser ; les prestataires à but non lucratif doivent avoir la priorité sur ces secteurs.

Ce qu’il faut, c’est un système fiscal équitable qui allège le fardeau des faibles revenus et empêche les grandes entreprises et les particuliers très riches de se soustraire à leur juste part du financement de la communauté.

La prospérité personnelle ne doit pas être une question d’origine sociale, mais doit être le résultat d’un travail acharné et d’efforts individuels. Chaque enfant a le droit de voir ses talents découverts et promus.

La paix

Notre politique étrangère se situe dans la tradition du chancelier fédéral Willy Brandt et du président soviétique Mikhaïl Gorbatchev, qui ont opposé à la pensée et l’action dans la logique de la guerre froide une politique de détente, d’équilibre des intérêts et de coopération internationale.

La solution des conflits par les moyens militaires, nous la rejetons fondamentalement.

Nous nous opposons à ce que de plus en plus de ressources vont aux armes et aux équipements de guerre, au lieu d’aller à l’éducation de nos enfants, la recherche de technologies protectrices de l’environnement ou aux installations de santé et de soins.

L’armement nucléaire et l’escalade des conflits entre les puissances nucléaires mettent la survie du l’humanité en danger et il faut y mettre fin.

Nous luttons pour une nouvelle ère de détente, et de nouveaux contrats de désarmement et de sécurité commune.

La Bundeswehr [l’armée allemande] a pour mission de protéger notre pays. Pour cette tâche, elle doit être adéquatement équipée.

Nous refusons le déploiement de soldats allemands dans les guerres internationales, tout comme leur stationnement à la frontière russe ou en mer de Chine méridionale.

Une alliance militaire, dont la puissance dominante a ces dernières années attaqué cinq pays en violation du droit international, avec plus d’un million de personnes tués dans ces guerres, alimente les sentiments de menace et les réactions de défense et contribue ainsi à l’instabilité générale.

Au lieu d’un instrument de pouvoir pour des objectifs géopolitiques, nous avons besoin d’une union de défense alignée de manière défensive, qui respecte les principes de la Charte des Nations unies, vise au désarmement au lieu de s’engager dans la course aux armements, et dans laquelle les membres sont sur un pied d’égalité.

L’Europe a besoin d’une architecture de sécurité stable qui, à long terme, devrait aussi inclure la Russie.

Notre pays mérite un politique sûre d’elle-même, qui place l’accent sur le bien-être de ses citoyens et qui soit porté par la considération que les intérêts américains diffèrent parfois grandement des nôtres.

Notre objectif est un Europe indépendante des démocraties souveraines dans un monde multipolaire, et non pas une nouvelle confrontation des blocs, dans laquelle l’Europe se retrouve comprimée entre les États-Unis et un bloc en formation prenant toujours plus conscience de lui-même, autour de la Chine et de la Russie.

La liberté

Nous voulons redonner souffle à une formation démocratique des vœux, élargir le processus décisionnel démocratique et protéger la liberté personnelle.

Nous rejetons les idéologies extrémistes de droite, racistes et promptes à la violence.

La Cancel Culture, la pression à la conformité et le rétrécissement croissant de l’éventail d’opinions sont incompatibles avec les principes d’une société libre.

Il en va de même pour le nouvel autoritarisme politique, qui prétend éduquer les gens et réglementer leur mode de vie ou leur langage.

Nous condamnons les tentatives de surveillance générale et de manipulation des gens par les monopoles, services secrets et gouvernements.

L’immigration et la coexistence de différentes cultures peuvent être un enrichissement. Mais cela ne s’applique que tant que l’afflux est limité à un certain ordre de grandeur, ne déborde pas notre pays et ses infrastructures, et tant que l’intégration est activement promu et réussit.

Nous le savons : le prix d’une concurrence accrue pour des logements abordables, des emplois à bas salaires et pour une intégration ratée sont payés en premier lieu par ceux qui n’ont pas leur place au soleil.

Toute personne politiquement persécutée dans son pays a droit à l’asile.

Mais la migration n’est pas la solution au problème de la pauvreté dans notre monde.

Au lieu de cela, nous avons besoin des relations économiques mondiales équitables et une politique qui s’efforce de produire davantage de perspectives dans les pays d’origine.

Une société dont les acteurs les plus puissants ne sont motivés qu’à gagner plus d’argent au moyen de l’argent conduit à des inégalités croissantes, jusqu’à la destruction nos ressources naturelles et à la guerre.

Nous y opposons nos idées de sens commun, de responsabilité et de vivre-ensemble, à qui nous souhaitons redonner une chance par la modification des rapports de force.

Notre objectif est une société dans laquelle le bien commun est supérieur aux intérêts égoïstes, où ce ne sont pas les tricheurs et les joueurs qui gagnent, mais ceux qui réalisent un travail honnête et bon, sincère et solide.

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Nouvel ordre

La révolution dans le sport !

Dopage, corruption, machine à faire de l’argent : le sport est souillé par le capitalisme… Si la France était un État démocratique et populaire, l’organisation du sport dans le pays n’aurait plus rien à voir avec ce qu’il est aujourd’hui.

Voici un programme détaillé et précis montrant à quoi pourrait ressembler l’organisation du sport si la classe ouvrière prenait le pouvoir.

1/ Principes généraux

a) L’intégrité physique, morale et sociale des personnes est le critère principal déterminant leur pratique sportive. L’épanouissement physique personnel et la réussite sportive collective sont des critères secondaires, liés organiquement au premier critère.

b) La connaissance et la pratique de l’arbitrage, des méthodes d’entraînement et des réflexions doctrinaires régissant la compétition font partie inhérente de la pratique sportive, quelle que soit la discipline et quel que soit le niveau.

c) Dans la jeunesse, le sport scolaire est la norme, avec une association nationale du sport scolaire pour chaque discipline, sous la supervision du Conseil national des sports et sous tutelle du Conseil national de l’éducation intellectuelle et manuelle de la jeunesse.

d) Le sport amateur adulte est le prolongement du sport scolaire. Il fonctionne par des clubs associatifs sur une base territoriale, organisé par les communes populaires et encadré par une association nationale du sport amateur adulte dans chaque discipline, sous tutelle du Conseil national des sports.

e) Le sport élite professionnel et le sport élite de niveau international sont organiquement liés au sport scolaire et au sport amateur adulte, avec en plus un lien de subordination moral et social à ceux-ci.

f) Toutes les organisations sportives sont mixtes ; les hommes ont interdiction de participer aux compétitions féminines, les femmes sont autorisées à participer aux compétitions masculines.

g) Aucune matière d’originale animale (cuir, laine, plumes, etc.) ni aucun produit testés sur les animaux ne sont utilisés pour le sport ; la protection animale est valorisé par le sport (il n’y a pas d’équitation, les installations sportives respectent les animaux sauvages, etc.)

2/ La voie principale du sport scolaire (le parcours normal)

a) La pratique d’une activité sportive principale, sérieuse et sur le long terme, est encouragée pour chaque jeune, quel que soit le niveau. L’objectif est que cette pratique soit largement majoritaire dans la jeunesse, sans jamais être obligatoire.

La formation scolaire intellectuelle et manuelle est l’aspect principal de la vie des jeunes du parcours normal, mais elle doit être organisée de manière à permettre la pratique sérieuse et aboutie du sport.

Chaque discipline est organisée en une association sportive scolaire locale, subordonnée à la direction de l’établissement scolaire et organisée par l’association nationale du sport scolaire de la discipline.

Chaque association sportive scolaire locale doit échanger régulièrement avec les autres associations sportives scolaires locales de l’établissement, dans le but de former les jeunes physiquement et moralement de manière complète.

Les établissements scolaires doivent mettre à dispositions l’encadrement et les équipements nécessaires à l’entraînement et aux compétitions. Ces dernières sont des deux sortes :

  • les compétitions par discipline, organisées localement et régionalement par les associations sportives scolaires locale, avec l’aide du sport amateur adulte et de manière subordonnée aux établissements scolaires. Un championnat national scolaire normal est organisé soit chaque année, soit tous les deux ans, dans chaque discipline ;
  • les compétitions interdisciplinaires et pluridisciplinaires, organisées régulièrement par les établissements scolaires. Les pratiquants de chaque discipline sont nécessairement exclus de la participation aux épreuves de leur discipline respective, mais doivent participer à l’organisation et l’encadrement de celles-ci.

b) Les jeunes n’ayant pas une pratique sportive principale dans laquelle ils s’inscrivent de manière sérieuse et sur le long terme sont encadrés deux fois par semaine pour une activité physique adaptée, sans compétition mais en favorisant le jeu, dans le but de les former physiquement et moralement de manière complète. Une attention particulière est portée au respect de l’intégrité physique et morale de ces jeunes, ainsi qu’au respect de leur intimité.

3/ La voie minoritaire du sport scolaire (parcours élite)

Le parcours élite vise à la formation de sportifs élites professionnels (salariés par un club franchisé) et de sportifs élites de niveau international (indemnisés et encadrés au sein d’un pôle public sportif).

Les jeunes ayant un parcours élites fréquentent les mêmes établissements que ceux de la voie principale, avec un maximum de cours et de travaux pratiques en commun.

Les critères d’accès au parcours élite et le nombre de personnes concernés sont déterminés chaque année par le Conseil national des sports. Le Conseil national de l’éducation intellectuelle et manuelle de la jeunesse et le Conseil national de la planification économique et du travail ont un devoir de regard et un droit de veto sur la détermination des critères et du nombre.

La formation scolaire intellectuelle et manuelle est l’aspect principal de la vie des jeunes du parcours élite, mais elle doit entièrement être aménagée par rapport à l’activité sportive et notamment les compétitions.

Les compétitions sont organisées directement par le Conseil national des sports, avec une portée nationale, indépendamment des établissements scolaires et des différentes associations nationales du sport de la discipline.

4/ Le sport élite professionnel

Le sport élite professionnel fonctionne en clubs franchisés, sur une base nationale, organisés et encadrés par une association nationale du sport élite professionnel dans chaque discipline (dépendante à parts égales de l’association nationale du sport scolaire et de l’association nationale du sport amateur adulte de la discipline), sous la supervision du Conseil national des sports et sous tutelle du Conseil national de la planification économique et du travail.

Les associations nationales du sport élite professionnel de chaque discipline déterminent annuellement le nombre de clubs franchisés ainsi que la nature et le nombre de leurs effectifs. Elles organisent et dirigent une agence de placement des sportifs élites professionnels pour chaque discipline.

Les clubs franchisés sont les employeurs des sportifs élites professionnels ; ils leur fournissent un contrat de travail à durée déterminée pour une, deux ou trois saisons sportives. Les grilles salariales sont strictement équivalentes à celles des ouvriers qualifiés d’usine.

Le sport élite professionnel est interdit avant 18 ans. Les sportifs élites professionnels sont liés jusqu’à au moins 23 ans soit à une formation professionnelle ou une activité professionnelle à raison de 15 heures par semaine, soit à une formation universitaire.

L’association nationale du sport élite professionnel de chaque discipline organise une équipe nationale pour les compétitions internationales. Les jeunes du parcours élite peuvent être convoqués en équipe nationale avec les sportifs élites professionnels. Refuser ou saboter une convocation en équipe nationale est un délit.

5/ Le sport élite de niveau international

Le sport élite de niveau international concerne les disciplines dont les compétitions élites sont disputées uniquement au niveau international. Il fonctionne en un pôle public unique pour chaque discipline (dépendant à parts égales de l’association nationale du sport scolaire et de l’association nationale du sport amateur adulte de la discipline), sous tutelle du Conseil national des sports.

Les pôles publics de chaque discipline déterminent annuellement la nature et le nombre de leurs effectifs. Ils ne sont pas employeurs des sportifs élites de niveau international, ceux-ci étant indemnisés directement par le Conseil national des sports.

Le sport élite de niveau international est possible de 16 ans à 32 ans et chaque sportif élite de niveau international est lié soit à une formation professionnelle ou une activité professionnelle à raison de 15 heures par semaine, soit à une formation universitaire.

Les pôles publics de chaque discipline sont l’équivalent de l’équipe nationale de la discipline.

6/ Le sport de haut niveau amateur

Un statut intermédiaire de sportif de haut niveau amateur est possible pour les sports amateurs adultes les plus populaires et les plus riches en effectifs. Les clubs et compétitions sont spécifiques à ce statut et sont organisées par l’association nationale du sport amateur adulte dans chaque discipline, sous la supervision du Conseil national des sports et sous tutelle du Conseil national de la planification économique et du travail.

Le sport de haut niveau amateur est interdit aux moins 18 ans et aux jeunes de plus de 18 ans n’ayant pas fini leur formation scolaire ou professionnelle. Les sportifs de haut niveau amateur sont liés soit à une activité professionnelle à raison de 25 heures par semaine et avec une semaine de congés supplémentaire, soit à une formation universitaire. Ils sont soit rémunérés en tant que travailleur avec un salaire équivalent à un temps-plein, soit indemnisés en tant qu’étudiant.

Une sanction disciplinaire au travail ou à l’université ou une condamnation pénale engendrent la révocation immédiate du sportif. Le Conseil national de la planification économique et du travail peut suspendre sans préavis et sans limitation de durée le statut de sportif de haut-niveau amateur.

7/ La reconversion et l’engagement des sportifs élites

Avant leur 30 ans révolus, les sportifs élites professionnels et les sportifs élites de niveau international doivent intégrer l’Agence publique de reconversion des sportifs élites, sous tutelle du Conseil national de la planification économique et du travail. Ils disposent d’une année après la fin de leur carrière sportive pour entamer une nouvelle carrière professionnelle.

Les sportifs élites professionnels et les sportifs élites de niveau international, sauf dérogation pour raison médicale, doivent intégrer le sport amateur en tant qu’encadrant ou pratiquant durant minimum 3 années consécutives et ce avant la 10e année suivant la fin de leur pratique élite. Cet engagement est annulé pour les sportifs élites devenant encadrant professionnel dans le sport scolaire, dans le sport amateur adulte ou dans le sport élite.

La formation des encadrants professionnels dans le sport scolaire, dans le sport amateur adulte ou dans le sport élite est assurée par des agences dépendantes du Conseil national de la planification économique et du travail. Il n’y a pas de formation scolaire à l’encadrement professionnel du sport ; il faut être âgée au minimum de 30 ans pour devenir encadrant professionnel du sport, à temps partiel ou à temps complet. Il n’est pas nécessaire d’avoir été sportif élite.

8/ L’économie des clubs franchisés

Les clubs franchisés ne doivent pas avoir de déficit comptable. Le cas échéant, celui-ci doit être rectifié au plus tard deux ans après le premier bilan négatif, sous peine de cessation immédiate d’activité. Les installations sportives des clubs franchisés et les stades appartiennent soit aux communes, soit à l’État, qui les mettent à disposition contre paiement des frais d’utilisation et d’entretien. Les clubs franchisés sont bénéficiaires des revenus de billetteries, mais les tarifs sont fixés annuellement et nationalement par le Conseil national des sports pour chaque discipline.

Les modalités de financement (hors billetterie) des clubs franchisés sont déterminées chaque année par le Conseil national de la planification économique et du travail.

Les transactions économiques entre les clubs franchisés ou avec n’importe quelle structure étrangères sont strictement interdites. Les transferts ne sont possibles qu’après la fin d’un contrat ou la rupture concertée d’un contrat avec l’accord de l’agence de placement des sportifs élites professionnels de la discipline.

9/ Le sport international

Pour chaque discipline, c’est l’association nationale du sport amateur adulte qui adhère à une ou plusieurs fédérations sportives internationales, avec l’accord du Conseil national des relations internationales. L’équipe nationale de chaque discipline ne peut concourir à l’internationale que sous couvert de cette adhésion.

Les sportifs sélectionnés en équipe nationale ont un devoir rigoureux de représentation patriotique à l’international : leur comportement doit être exemplaire et les enjeux de la compétition sportive doivent toujours être subordonnés à la valorisation de l’amitié entre les peuples et au respect mutuel entre les pays.

Aucun sportif ne peut faire valoir son statut pour s’exempter de ses obligations à l’égard de l’Armée populaire pour la défense nationale. Celle-ci, de son propre chef, peut toutefois organiser des aménagements en décalant les obligations.

10 / Le dopage et la santé

L’Agence nationale anti-dopage dispose de tous les pouvoirs de police ; elle fonctionne sous la supervision du Conseil national des sports et sous tutelle du Conseil national de la justice populaire. Elle est adhérente et membre active d’au moins une agence mondiale anti-dopage.

Le dopage constitue un délit grave. Le dopage lors d’une sélection nationale constitue un crime.

L’Agence nationale pour la santé des sportifs défend dans toutes les disciplines et à tous les niveaux un programme vigoureux de promotion de la nutrition équilibrée et des bonnes pratiques de prévention des blessures ; elle dépend directement du Conseil national de la santé.

L’Association nationale des soignants du sport organise dans toutes les disciplines et à tous les niveaux le soin des sportifs ; elle a autorité, sous tutelle du Conseil national de la santé, pour obliger les sportifs au repos afin d’assurer le respect de leur intégrité physique, à court ou long termes. Elle supervise l’ensemble des tests à l’effort et valide les visites médicales de recrutements.

11/ Les associations sportives nationales

Tous les sports autorisés disposent d’une association nationale scolaire et d’une association amateur adulte.

Les sports suivants disposent d’un pôle public national pour les sportifs élites de niveau international :

(le pôle est équivalent à l’équipe nationale)

– athlétisme

– aviron

– badminton

– canoë-kayak

– cyclisme sur piste (sprint)

– cyclisme VTT

– escalade

– gymnastiques

– haltérophilie

– handisport

– natation (bassin)

– natation (eau vive)

– ski alpin

– ski de fond

– sports de glace

– tennis

– tennis de table

– voile

Les sports suivants disposent de clubs franchisés avec une ligue pour les sportifs élite professionnels :

(une équipe nationale sélectionne les sportifs de ces disciplines)

– basketball

– cyclisme sur piste (endurance)

– cyclisme sur route

– football

– handball

– volleyball

Les sports suivants disposent d’un championnat national amateur de haut-niveau :

– athlétisme

– basketball

– football

– handball

– tennis

Les sports de combats et de tir sont strictement interdits. Les différents arts martiaux et le tir relèvent uniquement de l’Armée populaire pour la défense nationale et des polices des assemblées générales.

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Rapport entre les classes

Le capital de Marx: l’intelligence ou rien

Le capital de Karl Marx est un ouvrage à la fois très long et très complexe. La question se pose ainsi : cette œuvre était-elle nécessaire ou non ? La réponse est bien évidemment oui. Tous les gens de gauche en France le reconnaîtront. C’est un minimum.

Cependant, il y a une incohérence qu’on voit tout de suite. Tout d’abord, Le capital de Karl Marx n’est pas lu. Les gens de gauche ne s’y intéressent pas. L’œuvre est considérée comme de nature trop économique ou philosophique, et bien trop longue. Tout le monde sait que lire cette œuvre représente un travail prolongé et acharné, et personne ne veut s’y mettre.

Ensuite, strictement rien n’est fait pour aller dans le sens de l’intelligence de l’œuvre. Le capital de Marx est vu comme une œuvre abstraite, qu’il faudrait opposer au travail concret. Par conséquent, il est dit qu’il faut faire du syndicalisme… Ou bien unir un maximum de principes sur quelques principes de base, pour ne pas être sectaires… On peut lire Le capital de Marx si on veut, mais cela ne peut être qu’un à-côté, quelque chose d’éventuellement utile, mais à la marge. L’intelligence est mise de côté.

Ce qui se reflète ici, c’est une position de classe. Le refus de l’intelligence, c’est le refus petit-bourgeois d’assumer une pensée systématique, une démarche complète, une idéologie parfaitement développée. Le petit-bourgeois se prétend humble, alors qu’il est sceptique ; il s’imagine ouvert d’esprit, alors qu’il est borné.

Si on accepte en effet les ressorts dialectique qu’on retrouve dans Le capital de Marx, alors rien ne laisse en effet de place au doute. Il y a la bourgeoisie, et le prolétariat, et c’est le conflit. Qui a intérêt à temporiser, à relativiser ce conflit? La petite-bourgeoisie. Qui a intérêt à atténuer l’affrontement, à arrondir les angles? La petite-bourgeoisie. Qui a intérêt à faire de l’œuvre de Karl Marx une simple inspiration, en mettant de côté l’intelligence que cela représente : la petite-bourgeoisie.

Qui a intérêt à dire : « oui, mais » ? Le petit-bourgeois français, qui relativise tout, qui ne veut surtout pas de l’intelligence. Le petit-bourgeois veut rester incomplet, il fait donc tout pour le rester.

S’il n’y avait que la bourgeoisie, les luttes de classes seraient toujours polarisés, les idées s’amasseraient d’un côté et de l’autre, dans le bon sens et dans le mauvais. Mais dans l’occident profitant du 24h sur 24 du capitalisme, il y a une immense petite-bourgeoisie, y compris de type intellectuel. Il y a une armée d’enseignants, et leur esprit est tourné vers le relativisme français, le « doute cartésien ».

Cela ne veut pas dire que les petits-bourgeois ne peuvent pas avoir une immense prétention. Ils sont vantards, comme on le sait, c’est un trait petit-bourgeois. Et il arrive souvent que les petits-bourgeois soient aisément pris de rage (comme le décrit très bien Lénine dans une fameuse citation). Ils font du bruit, parfois beaucoup de bruit, ils prétendent de grandes choses, mais dans les faits ils sont mesquins, sans profondeur, sans aucune envergure et surtout, ils n’en veulent pas.

Affiche soviétique : « deux classes – deux cultures »

L’intelligence – et l’intelligence, la vraie, est toujours une intelligence pratique – amène à contester, à se rebeller, à faire fonctionner sa matière grise de manière ininterrompue. Elle ne réduit pas à quelques dénominateurs communs, elle ne saccage pas la grandeur au profit de médiocres petits gains. L’intelligence, quand elle est vraie, s’expose, s’affirme. Elle expose les faits, elle les explique ; elle fournit les réponses, car elle sait bien poser les questions.

L’intelligence ne peut donc qu’être produite par le prolétariat, car le prolétariat exige l’Histoire et il n’y a pas d’intelligence qui ne puisse provenir du courant de l’Histoire, du flux des transformations ininterrompus à travers les siècles, les millénaires. Oui, il faut être compliqué, oui il faut la qualité, non il ne faut pas se réduire à la quantité en simplifiant, et d’ailleurs une telle démarche ne même de toutes façons pas !

Seule l’intelligence profite de la richesse inépuisable de la réalité. Seule l’intelligence permet de saisir la portée de toute situation, et de ne pas chercher une vaine fuite individuelle. La bourgeoisie veut supprimer le fond de l’intelligence : le socialisme ; la petite-bourgeoisie veut supprimer la forme du socialisme : l’intelligence. A nous d’être à la hauteur pour affirmer l’intelligence de l’époque, l’intelligence du prolétariat, l’intelligence du Socialisme.

Affiche soviétique : « Mon ami, consacrons nos âmes à la Patrie avec de merveilleux élans »
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Nouvel ordre

2024 : la bataille de l’intelligence !

La Gauche historique a toujours dit que ce qui compte, c’est la conscience, première étape à l’organisation et à la lutte. Ce n’est pas « on lutte, on s’organise et ensuite, on prend conscience », mais l’inverse : c’est parce qu’on prend conscience qu’on s’organise et qu’on lutte.

Comme on le sait, le syndicalisme dit le contraire de la Gauche historique. Et c’est exactement ce même syndicalisme qui a produit le fiasco complet de la lutte contre la réforme des retraites en 2023. Un gâchis immense d’énergies et d’espoir, tout ça pour rien, car le syndicalisme ne fait qu’accompagner le capitalisme, il n’arrive pas à avoir une autre perspective, un autre regard.

Pour une autre perspective, il faut de l’intelligence, de la culture, cela ne s’improvise pas, cela demande du travail, c’est cela seulement qui permet d’avoir des ambitions, de l’envergure. Écrire l’Histoire, raisonner en décennies et en millions de personnes, voilà ce qui caractérise la pensée du Socialisme, qui définit l’ensemble de ses activités qui doivent s’inscrire dans le temps et non pas dans l’éphémère de « l’action pour l’action ».

Sergueï Loutchichkine, Défilé au stade Dynamo, URSS 1936-1937

2024 va être une année où ce sera justement la bataille de l’intelligence, car les défis sont immenses. Dans la société française, c’est le grand nivellement par le bas dans un capitalisme qui se ratatine. Les esprits deviennent mesquins, alors que c’était déjà médiocre. La culture est rejetée à la marge, le quotidien de la consommation l’emportant partout.

Désormais, le capitalisme est incapable d’éduquer en fournissant des valeurs historiques, des principes universels, une dimension collective. Eh bien, c’est justement là où il faut être au niveau, c’est précisément là que le drapeau du Socialisme se lève, au nom d’une nouvelle civilisation. C’est le Socialisme, ou le retour à la barbarie, et un retour en arrière est par définition impossible, alors cela doit être le grand saut, non pas vers l’inconnu, mais vers la République socialiste mondiale.

On en est affreusement loin pour l’instant – mais sur le plan de la maturité historique, on en est prêt comme jamais. Le développement d’internet et la pandémie ont été deux grands facteurs d’unification mondiale, les échanges internationaux sont immenses dans tous les domaines. Unifier l’humanité est possible, et c’est nécessaire pour une prise de conscience de sa place au sein de la planète Terre comme Biosphère. Une révolution mondiale est nécessaire, touchant l’humanité dans ce qu’elle a de plus profond.

Alexandre Deïneka, Course de relais, URSS 1947

Il faut tenir en 2024, tel doit être le mot d’ordre. La société française va se retrouver dans le doute, dans l’errance, les esprits vont être corrodés, désarçonnés, tout promet d’être très troublé. Il faut, dans une telle situation, être comme un phare, pour reprendre l’expression classique du mouvement ouvrier. C’est la nuit et le navire de l’Histoire avance, il profite du phare de l’intelligence pour aller au Socialisme.

Il ne s’agit pas de donner des points de vue, mais les points de vue ; il ne s’agit pas de dire des vérités, mais d’exprimer la vérité, car il n’y en a qu’une. Ce n’est pas que le monde est noir ou blanc, c’est que la solution aux problèmes est rouge et que la fausse solution est noire. Nous avons besoin d’un nouvel ordre, d’un État socialiste, d’une société organisée, liquidant le libéralisme, et dans chaque domaine, il y a la ligne rouge et la ligne noire.

Vladimir Prochkine, Dans les airs, 1937

Ainsi, en 2024, il faudra s’attendre à ce que le capitalisme et ses alliés fassent encore plus la guerre à l’intelligence. C’est inévitable, car le capitalisme est obligé de tout faire pour empêcher l’émergence d’une conscience historique saisissant la nécessité du Socialisme.

Le capitalisme veut maintenir les gens dans la consommation superficielle, dans des considérations étroites à court terme, dans une absence de compréhension du sens de l’Histoire.

2024, c’est donc le défi du maintien de l’intelligence, pour son développement, son élargissement, sa victoire. Le capitalisme en décadence ne va avoir de cesse de proposer quantité de démarches simplistes, sans profondeur, sans caractère ni personnalité… Le Socialisme proposera la qualité, avec des démarches approfondies, porteuses d’épanouissement et de complexité. C’est pourquoi, nous vous disons: lisez et diffusez agauche.org !

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Événements significatifs

2024, l’année de tous les défis

Il est courant, quand on espère que le monde change, de considérer que l’année qui vient, ce sera la bonne. Eh bien, on peut encore agir ainsi, sauf que l’année qui vient, ce ne sera pas la bonne, mais la mauvaise. Ce sera la bonne quand même, mais pas par le bon angle, parce que le niveau de conscience au niveau mondial est à zéro. La spectaculaire croissance capitaliste depuis 1989 a anéanti la remise en cause du capitalisme.

C’est donc dans un sentiment de dédain et d’effroi que les Français (et le reste du monde) voient arriver 2024, en sachant bien que, cette fois, il ne sera pas possible de couper à la conflagration. Et comme on connaît les Français, parfaitement définis comme « sceptiques à prétention rationaliste », agissons comme Descartes et réduisons tous les éléments au maximum, pour n’avoir que des vérités certaines. La « méthode » n’est pas bonne, mais peu importe, le monde étant ce qu’il est, ça suffira bien !

1. En janvier 2024, il y a la présidentielle et les législatives à Taiwan. On connaît les tensions sino-américaines au sujet de cette île historiquement chinoise. Le résultat électoral va polariser la crise, qui sera de toutes façons inéluctablement militaire à un moment donné.

2. En mars 2024, il y aura la présidentielle russe. C’est Vladimir Poutine qui va gagner, bien sûr. Et une fois cela fait, il aura l’espace politique pour accentuer la pression militaire contre un régime ukrainien exsangue. L’armée ukrainienne demande… 500 000 soldats en plus, alors que l’offensive estivale a abouti à la conquête de deux fois 10 kilomètres au prix d’un sang versé en masse. La défaite ukrainienne va sceller la fin de toute une initiative occidentale et chambouler la situation, à moins que ce soit l’escalade militaire occidentale et là également la situation va être chamboulée…

3. En novembre 2024, c’est la présidentielle aux Etats-Unis, avec également les législatives. On connaît la bataille interne à ce pays, avec des capitalistes pour écraser la Russie d’abord et la Chine ensuite au nom d’un style libéral LGBT (Joe Biden), et des capitalistes isolationnistes pour se focaliser uniquement sur la Chine (Donald Trump). Les élections, à coups de milliards dépensés dans la campagne, vont refléter un affrontement interne capitaliste majeur, aux conséquences énormes. Dans tous les cas, le Mexique est devenu le premier exportateur aux Etats-Unis, devant la Chine réduite au niveau du Canada. La superpuissance américaine forme sa base nord-américaine.

4. En décembre 2024, c’est la présidentielle au Venezuela. Le régime en place vacille, son initiative de conquête de l’Esequibo aux dépens de la Guyana est sa roue de secours. L’instabilité en Amérique du Sud découlant d’une initiative militaire serait d’une ampleur terrible… Et on y coupera pas alors que l’Argentine a une inflation gigantesque et qu’un anarcho-capitaliste pro-américain, Javier Milei, est désormais président.

5. La guerre à Gaza n’est pas terminée et se prolongera, avec la question du régime qui y sera instauré. Car à part les naïfs de la « gauche » opportuniste fantasmant sur la « résistance palestinienne », on est ici en plein repartage du monde avec Israël, la superpuissance américaine, le Qatar, l’Arabie Saoudite, l’Iran… Qui paie Israël, qui paie le Hamas? Sans ces financements massifs, il ne se passerait rien…

6. Enfin, en juin 2024, il y aura les élections européennes. Pour la France, c’est une élection majeure. On va voir à quel point l’extrême-Droite et la Droite sont fortes et parviennent à devenir la tendance de fond. Il y a ici une catastrophe potentielle qui fait froid dans le dos, et qui apparaît comme inévitable, la Gauche s’étant tué avec la participation gouvernementale des socialistes et les ignobles délires populistes de Jean-Luc Mélenchon et de ses alliés. Cela va être très moche…

On peut rajouter à cette liste le dérèglement climatique, l’inflation, la destruction des zones naturelles par la déforestation pour les récoltes ou bien l’urbanisation, l’augmentation mondiale de la consommation de viande, la consommation massive de drogues… Bref, tout ce « bruit de fond » dont on a désormais conscience, qu’on le veuille ou non.

Et il ne faut pas se leurrer : tous ceux au-dessus de 20 ans sont largement corrompus. Ils veulent essayer de « vivre » en grattant. Il n’y a de l’espoir que par les générations qui vont arriver, celles qui ont moins de 18 ans aujourd’hui, qui forment une page blanche, ne croyant en rien et devant trouver leur place dans un monde hostile.

C’est pour ces nouvelles générations qu’il faut établir les idées, la culture, le programme, le style, pour qu’enfin le 21e siècle apparaisse. L’avenir arrive, mais il va sortir d’une situation macabre, il ne faut avoir aucune illusion à ce sujet, à défaut d’un petit effort avant la crise, il faudra d’énormes efforts à travers la crise. Ce qui va se passer va être profondément baroque.

Alors, sans se laisser contaminer par la putréfaction du vieux monde, il faut soutenir les valeurs de l’avenir, qui grandissent immanquablement car le contraire du passé, c’est l’avenir, le contraire du négatif, le positif. Nous entrons dans une ère de bouleversement, dont il faut lire les contours. Pour les lire, il faut être une force de proposition.

C’est cela le travail que nous menons, avec en perspective l’avenir et non un présent instable, moisi, en déchéance, sans substance. La roue de l’Histoire tourne et nous sommes les premiers de demain, et nous nous nourrissons de l’avenir inévitable qu’est la République Socialiste Mondiale, avec une humanité unifiée, métissée, vivant en harmonie avec la planète comme Biosphère !

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Planète et animaux

La Cause animale devient celle du Socialisme

Mais où sont passées toutes les personnes qui se sont rapprochées de la Cause animale ? Elles ont toutes disparues de la circulation depuis la pandémie. Il ne reste plus rien ! Dès que la pandémie s’est installée, il y a une profonde crise morale, intellectuelle, culturelle, et la Cause animale n’a tout simplement pas tenu le choc.

Avant la crise, il était considéré que la question animale commençait à faire partie du panorama de la vie en France, que les avancées devaient être inexorables. La chasse à courre commençait à être connue et très largement remise en cause ; l’existence du mode de vie vegan se faisait connaître.

Avec la crise, les animaux ont disparu comme question importante, c’est à peine si on en parle encore ; quant au véganisme, il est devenu un végétalisme simple prétexte à l’industrie de l’alimentation.

Ce qui compte, c’est l’armée, c’est la compétition internationale, c’est la lutte de chaque pays pour son influence ; qui va se préoccuper du sort des êtres vivants en général dans un tel contexte ? D’où dans la Cause animale une tendance au pessimisme, à l’isolement social et aux mentalités nihilistes.

Mais il ne faut pas se fier aux apparences. En réalité, la défaite de la Cause animale est sa victoire. Initialement, la Cause animale est née comme Cause en soi, de manière séparée du reste. Cause vraie, cause juste, elle a pu galvaniser et produire un mouvement de masse. Il faut lire l’incroyable histoire du Front de Libération animale qui en Angleterre était la grande actualité des années 1970-1980, avec des actions quotidiennes. Plusieurs décennies après, on ne peut qu’être bluffé, interloqué de l’ampleur et de la modernité des exigences qu’on trouvait alors.

Mais aucun mouvement, fut-il moralement juste, ne peut exister de manière séparée de la maturité de l’Histoire qui s’avance. Ce sont les prolétaires qui transforment le monde, ce sont eux qui vont transformer la réalité dans un sens nouveau, révolutionnaire, et la Cause animale ne peut être victorieuse qu’en se fondant, en se fusionnant avec cette classe laborieuse.

On dira que les ouvriers mangent des merguez et n’en ont rien faire, pour beaucoup, des animaux. Tout à fait, tout comme d’ailleurs ils se moquent du Socialisme. C’est pourquoi, historiquement, le Socialisme vient de l’extérieur du prolétariat, il est porté par l’avant-garde qui elle a une compréhension scientifique du monde et des transformations en cours, des transformations nécessaires.

Et si la Cause animale est juste, car portée par l’Histoire, alors immanquablement elle devient une partie du Socialisme, de son programme, de ses mentalités, de ses exigences et de son action.

La Cause animale est même un critère fondamental pour distinguer ceux qui vivent dans le passé et ceux qui ont compris que la planète Terre est autre chose qu’un gros rocher où une humanité tombée dans la démesure peut tout massacrer pour satisfaire son ego.

La Cause animale est collective ; elle ne concerne pas simplement tel ou tel animal, mais tous les animaux. Par conséquent, elle concerne la planète entière, dans son existence et dans son devenir. On raisonne forcément de manière absolue, on réfléchit en termes de grands ensembles, où tout est lié, tout est relié. On voit la planète comme une Biosphère.

C’est la raison pour laquelle inversement les mouvements « pour le climat », pour la « dernière rénovation », les « soulèvements de la terre » et autres agitations pessimistes – nihilistes sont de nature anti-animale et anti-Socialisme. Ils tentent de « freiner » les choses, de revenir en arrière, d’empêcher qu’on agisse de manière nouvelle : ils veulent seulement qu’on « ralentisse » les choses.

Il ne s’agit pourtant pas de ralentir les choses, mais de les accélérer. La notion d’enfermement des animaux est par exemple éminemment odieuse. Il est très facile de comprendre que cela relève du passé. Ce passé doit être abandonné, dépassé, il reflète une humanité sans maturité, se comportant de manière irréfléchie et spoliatrice.

C’est avant tout une question de sensibilité que tout cela. Et le Socialisme se fonde sur le matérialisme, sur la reconnaissance de la matière, par opposition à l’idéalisme, qui développe le culte d’idéaux fictifs ou dépassés. Il faut reconnaître les choses telles qu’elles sont, voilà ce que dit le Socialisme. Et comment ne pas reconnaître la situation d’un oiseau en cage ? Tout comme : comment ne pas reconnaître la situation d’un oiseau qui n’est pas en cage ?

La Cause animale devient celle du Socialisme, voilà ce que la crise révèle en fait. La défaite de la Cause animale est sa victoire, car elle passe de proposition idéale à une exigence historique – à condition qu’il y ait une avant-garde pour la porter, sur le plan des idées et du vécu, dans la réalisation de la société nouvelle, socialiste, dont nous avons besoin.

L’avenir exige d’être à la hauteur concernant la Cause animale – sans quoi l’avenir ne deviendra pas le présent !

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Rapport entre les classes

La joie de vivre dans le collectivisme

La vie quotidienne dans le capitalisme est une vanité absolue, car elle prétend qu’un individu peut se suffire entièrement à lui-même. Il suffirait de disposer de la propriété privée de son logement et de biens, de suffisamment d’argent, et on pourrait avoir les moyens de trouver son bonheur.

L’Humanité, à l’échelle de la planète, se compote pareillement que cet individu capitaliste, en se comportant de manière ignoble, égoïste, tyrannique avec les animaux et la Nature.

Car, en réalité, l’être humain est un animal social et il dépend entièrement de la société. Il n’est pas possible de vivre à l’écart des gens, de la société, même dans l’opulence la plus grande. Pour remplir sa vie, il faut que la société l’emplisse, par les relations humaines, les sensations naturelles, l’action transformatrice de la réalité, les sentiments, les arts et la culture.

Tatiana Yablonskaya, Le pain

Il n’y a de joie que par et pour le collectivisme, car tout ce qu’on peut vivre est un écho. Un écho de la nature, un écho amical, un écho amoureux, un écho social, un écho culturel, un écho artistique. L’être humain n’est rien d’autre que des battements de coeur à un moment du cours de l’Histoire. Il faut donc s’insérer au mieux dans les possibilités fournies par son époque. Le collectivisme permet les réciprocités, les échanges productifs ; il permet d’accéder à soi-même et aux autres, en fournissant les moyens de s’épanouir et de développer sa personnalité.

La vie quotidienne dans le socialisme, c’est le contraire du repli sur son propre ego, avec le culte destructeur de celui-ci. Le capitalisme dissout les personnalités dans des individus façonnés par la société de consommation, tout en exploitant et en aliénant dans le travail salarié. Le socialisme affirme les personnalités construites dans une société planifiée où l’on comprend que tout est écho, et qu’il faut faire pour le mieux.

Dimitri Mochalsky, Retour de la manifestation

La classe ouvrière représente l’avant-garde au socialisme justement parce qu’elle porte la transformation, la collectivité, que sa situation est irréductiblement opposée à la bourgeoisie. Même au sein de pays capitalistes développés, « riches », la classe ouvrière est placée dans une situation où, si elle se met à réfléchir à partir de son propre point de vue, elle ne peut qu’exiger le changement, la révolution.

Et la révolution, c’est la joie de vivre, dans le collectivisme, qui la porte et qui est, dialectiquement, son objectif. Rendre la vie meilleure, organiser les choses de manière la plus adéquate possible, pour ne léser personne, pour permettre le développement de la vie en elle-même. C’est ce que porte le drapeau rouge, le drapeau de l’universel.


Tatiana Yablonskaya, Le matin

Le socialisme est à la fois une exigence de réalisme, car il faut suivre la réalité, et non pas la détourner, la défigurer par le capitalisme… Et une expression romantique, car ce qui est sous-jacent c’est qu’on ne peut que se sentir pas à sa place, dans le capitalisme.

On rejoint le socialisme par la raison, et par la sensibilité ; on voit que le réel n’est pas celui que présente le capitalisme, et en même temps on a personnellement besoin du socialisme.

La joie de vivre implique le collectivisme, et inversement !

Alexandre Gerasimov, Hymne à Octobre
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Nouvel ordre

Imposons la planification

Dans une société fondée sur la compétition, c’est le plus fort qui gagne et cela ne veut pas dire du tout le meilleur. Les critères pour être victorieux, dans le capitalisme, ce sont les moyens : qui a le plus de moyens l’emporte. Il suffit de regarder à quoi regarde la France pour voir le chaos que cela produit, et ce à tous les niveaux, car il y a de grands vainqueurs, mais également des petits en série. Des ronds points au kebabs, des habitations moches et peu pratiques aux villes mortes, tout a la même origine : l’absence de planification.

La planification, c’est la décision au préalable de ce qu’on fait, la décision démocratique, déterminée par les intérêts populaires. Plus le peuple aura des moyens productifs dans sa main, plus il pourra décider de manière consciente, rationnelle, qu’il veut et permettre une réalisation qui soit à la fois belle et utile, au lieu de moche et destructrice.

Nous voulons la paix ! Affiche soviétique de 1952

La planification, c’est la prise en compte de ce qui est nécessaire ou désiré, c’est l’évaluation des moyens à mettre en œuvre pour la réalisation, c’est la prévision du travail productif et des conséquences qui en découlent.

La planification exige la participation des plus larges masses, c’est le peuple qui doit décider, c’est sa vie qui est déterminée par la planification et sa nature. Il ne s’agit pas de prévoir pour prévoir et de remplacer la concurrence capitaliste par des calculs informatisés. Il s’agit de façonner et de refaçonner la réalité selon des exigences politiques.

La planification et la mentalité qui va avec font donc obstacle à l’esprit capitaliste qui cherche à manipuler, utiliser, abuser, profiter. C’est en toute clarté, en toute transparence que les choix doivent être réfléchis, justifiés, évalués, soupesés, choisis.

Notre peuple a le droit d’étudier, de se reposer et de travailler ! Affiche soviétique de 1950

La planification exige une forme supérieure de pensée par rapport au libéralisme, car il s’agit d’avoir de l’ampleur, une perspective sur le court terme, le moyen terme, le long terme. Seule une humanité raisonnant non pas simplement en mois, ni même en années, mais en décennies, en siècles, voire en millénaires est en mesure de réaliser la planification.

La planification exige que chacun prenne ses responsabilités, participe aux décisions collectives, conçoive sa propre vie comme une constituante d’une collectivité. Le plan n’est pas un document abstrait, il n’est pas seulement « choisi », il doit être porté par l’ensemble des travailleurs, par chaque travailleur pris en particulier. C’est une vaste mécanique, qui permet une nouvelle qualité dans l’organisation de l’existence.

Pour la réalisation du plan quinquennal !

Seule la planification permet de rendre la vie meilleure, plus belle. Elle seule est capable de transformer les choses au plus haut niveau et dans les petites choses. Elle seule permet au peuple d’avoir les moyens de satisfaire ces exigences, à rebours d’une société où seuls quelques individus sont en mesure de réaliser leur « rêve américain ».

La planification n’est pas une méthode, elle est un vécu ; elle n’est pas une théorie, elle est une vision du monde. Elle est un aspect du mode de pensée de la classe laborieuse qui a pris conscience d’elle-même et qui s’arrache à l’exploitation, à l’aliénation du capitalisme.

Chaque jour vers une vie plus belle ! Affiche soviétique de 1951

La planification est la perspective d’organisation du travail conforme à la vision du monde des travailleurs ! Elle est la nécessité de notre temps, pour surmonter les dégâts du passé et établir une organisation idéale de la société, en harmonie avec la Nature !

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Nouvel ordre

Pour la collectivisation des principales productions

Il y a des richesses qui sont produites en France par des entreprises de très grande taille. TotalEnergies, Bouygues, Air Liquide, Sanofi, Engie, L’Oréal, CMA CGM, Carrefour, Orange, LVMH, Saint-Gobain, EDF, Auchan… jouent un très grand rôle dans la société française et dans l’économie nationale.

Par conséquent, toutes ces entreprises doivent être collectivisées, afin que toutes leurs activités soient dirigées par le peuple lui-même. C’est une question démocratique, car ces entreprises sont néfastes sur ce plan en raison de leur dimension. C’est une question populaire, car leurs activités n’ont comme logique que les profits de quelques uns et non les intérêts du plus grand nombre.

La vraie exigence, c’est que les choix, les grandes orientations, les décisions… de ces grandes entreprises ne doivent plus dépendre d’une toute petite minorité de capitalistes. Il faut leur arracher par la force la propriété de ces entreprises, la leur confisquer sans indemnités.

La collectivisation des principaux moyens de production est le premier pas fondamental à réaliser pour être en mesure que des choix démocratiques, rationnels, puissent être réalisés en France. La collectivisation, c’est le peuple organisé ; le peuple organisé, c’est la collectivisation.

Youri Kougache, Le premier mai, 1952, URSS

La collectivisation des principales productions en France doit être consciente; il ne s’agit pas de déléguer à un gouvernement de la réaliser. C’est de toutes façons impossible, car l’Etat est aux mains des capitalistes et cherchera d’ailleurs à empêcher la collectivisation.

Le peuple organisé doit justement constituer un contre-pouvoir, un anti-pouvoir afin d’être assez puissant pour donner forme à ses exigences. Tant que le peuple n’a pas conscience de ce qu’il est, de sa force, de son noyau dur qu’est la classe ouvrière, il est condamné à subir et espérer.

Dans le contexte d’une tendance à la guerre mondiale, ce sera même toujours plus subir. La collectivisation des principales productions, et elle seule, est le levier qui permet d’empêcher les tendances négatives, la marche à la guerre, la baisse du niveau de vie…

Sans parler du nouveau contenu qu’il faut donner à ces grandes entreprises, dont le style de travail, la production, les choix et orientations… ne correspondent en rien aux intérêts populaires.

« Voilà le genre de personne qu’il faut être » (affiche de la révolution chinoise)

Qui peut décider de son propre épanouissement s’il manque toutes les bases matérielles? Comment envisager l’avenir si celui-ci est modelé par des grandes entreprises selon leurs besoins du jour et leurs exigences de profit en général?

C’est seulement la collectivisation des principales productions qui peut permettre justement une action matérielle au service du peuple dans son ensemble.

On peut bien sûr imaginer des freins, de garde-fous, des règlements, des négociations, des arbitrages. Cela reste un rêve de par la dimension de ces grandes entreprises. Elles ont atteint un tel niveau qu’elles modèlent la société française elle-même.

C’est inacceptable, c’est anti-démocratique et la démocratie populaire qu’exige notre époque demande leur mise au pas, leur collectivisation, leur refaçonnage complet selon les besoins populaires !

Marcher sur des kilomètres pour se forger un coeur rouge, affiche de la révolution chinoise

La collectivisation des principales productions, c’est une base nouvelle pour un nouvel ordre. C’est se donner les moyens de forger l’avenir selon les besoins véritables du peuple. C’est être en mesure de porter la transformation du monde, en choisissant les productions, en les établissant au service des larges masses !

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Nouvel ordre

Rien sans les femmes, à Gaza comme ailleurs

Comment peut-on penser, en 2023, que les Palestiniens peuvent arriver à quoi que ce soit en mettant les femmes de côté comme le fait le Hamas?

C’est pourtant ce que pensent un certain nombre de gens. Pour les uns, on en comprend la raison : ils sont influencés par le féodalisme. L’Amérique latine, l’Afrique et l’Asie n’ont pas connu de révolution démocratique, comme la France en a connu une d’exemplaire, en 1789. Les grands propriétaires terriens, parfois mis en place lors de la colonisation, imposent aux sociétés du tiers-monde des mentalités dont les traits rappellent à des degrés différents le moyen-âge pour nous Français.

Pour les autres, qui sont dans des pays « développés », c’est incompréhensible… A moins de comprendre la nature de leur erreur. Ils ne saisissent pas que les femmes sont opprimées depuis des milliers d’années. Ce n’est pas seulement une question d’égalité. Les femmes sont mises de côté par les hommes depuis la fin du matriarcat, une fin caractérisée par l’émergence de l’agriculture et de l’élevage.

Les femmes doivent non pas simplement exiger l’égalité, mais partir à la conquête de leur propre nature ! Tout ce qui met les femmes de côté est donc une partie du problème, pas de la solution !

Zinaida Evgenievna Serebryakova, Récolte, 1915

Est-ce à dire que là où les femmes ne sont pas mises de côté, ce serait forcément bien ? Pas du tout. Par exemple, l’armée israélienne intègre les femmes pour le service. On ne voit pourtant pas de femmes au poste de général, de porte-parole, de chef des armées, etc. C’est en quelque sorte de la main d’œuvre.

Mais la participation des femmes est le minimum démocratique, sur lequel il ne peut pas être possible de transiger.

Prenons un exemple connu d’erreur sur ce point. Le droit de vote des femmes a été acquis tardivement et le mouvement ouvrier en est l’une des causes. Il était considéré en effet que les femmes étaient arriérées politiquement, qu’elles voteraient forcément pour les partis politiques liés à la religion. La conclusion de l’époque était que le droit des votes des femmes serait une question d’après la révolution, lorsqu’elles ne pourraient plus faire de « dégâts ».

C’est là une incompréhension totale de l’oppression des femmes depuis 10, 20 000 ans. C’est une fuite devant la nécessité pour les femmes de devenir des Furies afin d’exprimer ce qui est mis de côté. Ou bien, dit autrement :

« Si la réponse personnelle de chaque femme aux agressions psychologiques et physiques est ainsi nécessaire et juste, c’est le psychisme même des femmes qui est martyrisé depuis des milliers d’années et qui exige une réaffirmation à l’échelle de toutes les femmes !

C’est-à-dire que la question de la condition féminine repose sur l’évolution de la société à travers l’Histoire, à travers les siècles, à travers les générations (…).

Les femmes ne doivent pas seulement prendre une place sociale bien plus importante dans la société. Elles doivent également briser les chaînes enfermant leur psychisme !

Il est évident que la question de la dépendance matérielle des femmes par rapport aux hommes est bien souvent un obstacle majeur pour pouvoir s’épanouir. C’est un aspect qui doit être bien compris pour saisir les exigences sur ce point. Le socialisme seul peut établir des bases solides pour la vie quotidienne des femmes.

On ne saurait cependant sous-estimer inversement le travail immense à faire de la part de celles-ci pour s’arracher à des siècles, des millénaires de mise de côté.

Les femmes doivent réaliser un difficile travail pour s’arracher à des mentalités profondément enracinées leur ôtant leur confiance en soi, les détournant de la prise ouverte de responsabilités. »

PCF(mlm), Les femmes doivent libérer leur psyché dans l’auto-détermination et l’affrontement révolutionnaire !
Maria Feliksova Bri-Bein, affiche de 1931 : « Femme-prolétaire, maîtrise les technologies de l’aviation ! Rends-toi dans les écoles, collèges, et universités techniques de la flotte aérienne civile ! »

En 2023, on ne peut pas faire de compromis sur la question des femmes. Si avant, il fallait ajuster peut-être, désormais c’est intolérable. Il est de toutes façons évident que la révolution sera avant tout porté par les femmes, sinon ce ne sera pas une révolution mais un simple aménagement du capitalisme.

Seules les femmes portent un degré de rupture historique suffisant, en raison de leur oppression datant de la fin du matriarcat. Entre les ultras au football qui ne sont que des hommes et les actrices de l’aide aux animaux – que des femmes ! -, il n’est pas difficile de voir où il y a la profondeur et où il n’y en a pas.

Nous avons besoin de changer de civilisation, et les femmes sont une force motrice en ce sens où elles comprennent la dimension historique de leur souffrance, la nature temporaire de l’énorme pression, l’immense poids qu’elles portent en elles. Elles ont un monde à gagner !

Alexandre Deineka, Etendue, 1944
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Nouvel ordre

Hamas, cartels, lumpen, LGBT… Les femmes doivent devenir partisanes

Partout dans le monde, la situation des femmes tourne au désastre. Et c’est tout un symbole que l’enlèvement et le massacre de femmes par le Hamas lors de son offensive depuis la bande de Gaza début octobre 2023. Car désormais, les attaques contre les femmes sont autant condamnées publiquement qu’elles se généralisent malgré tout à l’arrière-plan.

Il suffit de regarder les villes de la plupart des pays occidentaux. La nuit, des lumpens – des éléments déclassés – errent dans les rues et posent une véritable menace physique sur les femmes. Souvent drogués (notamment aux États-Unis avec la crise des opioïdes), brisés psychologiquement par la condition de sans-abris, sans liens sociaux et même migrants sans intégration aucune, ces lumpens produisent une angoisse terrible. Tous les acquis du passé pour la conquête de la nuit pour les femmes ont disparu ou se voient relativisés.

Et que dire dans le tiers-monde ? Dans les pays musulmans, les femmes se voient reléguer au statut d’objet, avec une valeur de second ordre. Dans les autres pays, il y a un même féodalisme, même si d’apparence différente. Des milliers de femmes disparaissent enlevées par les cartels chaque année au Mexique, pays où des centaines d’autres sont assassinées par leurs compagnons.

Et dans tous les pays du monde, il y a la pornographie, avec sa rhétorique et sa mise en scène ultra-violente, qui est une machine de guerre culturelle pour briser la dignité des femmes. Tout comme l’est l’idéologie LGBT, avec les « trans » qui viennent dicter aux femmes comment elles doivent être : conforme au cliché patriarcal-sexuel le plus traditionnel.

Il faut que les femmes s’organisent et élèvent la conscience au niveau de gravité de la situation!

La gloire sacrée de l’amour maternel inspire les femmes travailleuses dans la lutte pour un avenir lumineux

Tant que le capitalisme connaissait une vaste croissance, de 1989 à 2020, il permettait aux femmes de gagner des points socialement et culturellement. Il y voyait un intérêt, un nouveau marché, car pour le capitalisme, le féminisme est un marché comme un autre.

Mais désormais, avec la crise, il y a le repli de chaque pays sur lui-même. La place de la femme doit devenir conforme aux intérêts des pays qui vont à la guerre. En Ukraine et en Russie, les femmes sont censées obéir à la définition de la famille religieuse traditionnelle. Aux États-Unis et dans les pays occidentaux en général, elles doivent se comporter en individualistes, en-dehors d’un couple construit et même avec la possibilité de « faire un bébé toute seule ».

Dans tous les cas, partout sur terre, les femmes doivent soit se cacher pour se protéger, ou bien tenter de se vendre le plus possible pour se faire une prétendue place au soleil. On ne peut pas comprendre autrement les tentatives désespérées de tant de jeunes femmes d’obtenir une pseudo-célébrité sur les réseaux sociaux. Échapper à la violence psychique et physique est une préoccupation permanente des femmes – et le seul moyen de s’en sortir est par l’Histoire, collectivement, par le Socialisme!

Les femmes doivent devenir partisanes, sans quoi leur sort va être de plus en plus terrible. Sans compter que c’est une double spirale infernale. Plus la violence contre elles est forte, plus elles reproduisent celles-ci ou la transmettent afin de chercher à tenir. Cela ne fait qu’empirer les choses. Et le second engrenage, c’est qu’en ne comprenant pas ce qui les agresse, les femmes sont d’autant plus désorientées, déboussolées.

En raison de cela, l’idéologie joue un rôle majeur, avec la culture. Les femmes doivent acquérir une conscience du monde qui relève du Socialisme. Elles doivent comprendre que la majorité des pays du monde subit un néo-féodalisme associé au capitalisme. Les grands propriétaires terriens, les religieux, les mafieux, les chefs locaux (de clans ou de gangs)… tous établissent une domination patriarcale insupportable.

Les masses fraîchement arrivées dans les villes ou les bidonvilles reproduisent cette violence, et ce d’autant plus que la misère règne. La prostitution, fortement présente, accompagne ici parfois… la mise en prostitution de ses propres enfants, y compris en bas âge. Telle est la sinistre réalité qu’on retrouve partout dans le tiers-monde, derrière les apparences !

Travailleuses de l’Orient, rejoignez les rangs des bâtisseur du Socialisme, libérez-vous!

Si sur le plan matériel, les femmes occidentales ne connaissent pas les brutalités du tiers-monde, sur le plan psychique le désastre est le même, en plus moderne, en plus hypocrite. Sous prétexte d’indépendance, les femmes doivent obéir aux exigences de l’individualisme le plus forcené. Et le capitalisme est parvenu à leur inculquer que c’est là une avancée, un progrès.

Et il y a eu des progrès. Mais maintenant que le capitalisme se replie sur lui-même, la vanité de ces conquêtes sautent de plus en plus aux yeux. Rien que l’hypocrisie de la société par rapport aux animaux leur révèle le caractère violent qui existe à l’arrière-plan de la société, sans parler des tracas patriarcaux toujours plus accentués dans la vie quotidienne.

Les femmes doivent donc être en première ligne pour l’établissement de la nouvelle société – sans quoi va se perpétuer leur mise à l’écart depuis l’effondrement du matriarcat au début de l’humanité ! Le Socialisme et la libération des femmes sont dialectiquement une seule et même chose !

La femme soviétique, égale et active dans la construction de la société communiste!

Les femmes, pour cette raison, doivent assumer leur nature universelle. Elles doivent être solidaires les unes des autres à l’échelle planétaire et réfuter tout relativisme. Elles savent par définition qu’un combat où elles ne sont pas en première ligne n’est pas une réelle Cause révolutionnaire.

Là où les femmes sont mises de côté, cela fait partie du problème! Là où elles sont en première ligne, c’est une partie de la solution! Il faut un style révolutionnaire conforme à cette exigence de l’Histoire!

Le drapeau de la libération, dans tous les pays !
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Rapport entre les classes

Le défaut d’attention et le manque de cohérence

Le défaut d’attention est devenue la norme. Les gens, dans le capitalisme, ne sont plus capables d’être systématiques, « carrés ». Même des professionnels dans leur domaine commettent des erreurs de débutant, font des oublis significatifs. La France est nulle, les Français sont nuls.

C’est tout le matériau humain qui, en France, depuis la crise commencée en 2020, s’étiole. Le capitalisme n’est plus capable d’insuffler aux gens suffisamment d’énergie psychique pour leur permettre d’agir conformément aux attentes.

Heureusement, il y a la force de l’habitude, sans quoi rien ne pourrait plus tourner. Mais les manquements s’immiscent dans la vie quotidienne, ils façonnent les rapports entre les classes. Dans une atmosphère de décomposition, c’est comme si la figure du lumpen apparaissait comme la plus active, la seule vivante.

Les professeurs n’enseignent plus comme il faut, les policiers n’agissent plus comme des policiers ; les étudiants ne se comportent pas comme des étudiants, les garçons de café n’agissent plus comme garçons de café. La France moisie se laisse emporter dans la banalité, la vacuité.

En termes de classe, cela donne les choses suivantes : les bourgeois n’agissent plus en bourgeois, ils perdent carrément les pédales. Les petits-bourgeois sont à la fois excités et passifs, la peur les travaille au corps et ils aimeraient s’en sortir par un bon coup du sort.

Quant aux prolétaires, ils se replient sur eux-mêmes, cherchant à s’arc-bouter sur leurs acquis propres à une société capitaliste française qui a profité pendant plus d’un siècle de rapports de force internationaux favorables.

Pas de misérabilisme : la France est un des pays les plus riches du monde. Lorsque le Secours populaire raconte en septembre 2023 qu’un tiers des Français ne mange pas à sa faim, il ment. Lorsqu’il raconte que 72% des Français ont décidé de se passer de viande, il ment.

D’ailleurs, la consommation de viande augmente en France. Et ce ne sont pas les bourgeois qui deviennent plus gros, bien au contraire. Si au 19e siècle, le prolétaire était maigre et le bourgeois gros, désormais c’est le contraire. C’est le prolétaire qui s’empiffre de toutes les horreurs de la société de consommation, tout en s’imaginant « peuple » à manger un kebab ou aller au McDonald’s.

La paupérisation relative se renforce, c’est indéniable : les riches sont bien plus riches qu’avant, en comparaison avec les pauvres. Mais les pauvres en France sont bien loin encore d’une misère les précipitant à la lecture du Capital de Karl Marx, les poussant à piller les armureries et les amenant à faire flotter le drapeau rouge sur l’Arc de Triomphe.

La preuve en est, c’est Marine Le Pen qui profite le plus du climat actuel, charmant les prolétaires avec finalement la même litanie que Donald Trump. L’idée, c’est que la France conserve son niveau de vie, d’une façon ou d’une autre. L’idée de faire payer la Russie est d’ailleurs le vrai arrière-plan impérialiste de toutes les forces politiques françaises, « gauche » y compris.

Car, il faut le dire, pour dénoncer les menteurs, les escrocs, les charlatans ! Oui, les grèves de 2023 contre la réforme des retraites n’ont rien apporté en termes de lutte de classe : ni conscience, ni organisation. Quand aux émeutes de 2023, n’en parlons même pas, elles sont totalement passées à la trappe.

Comme les gilets jaunes, ces grèves et ces émeutes n’étaient que le produit d’une société en décomposition. Des gens mécontents protestent, en braillant à la française. La belle affaire ! La vérité, c’est que tous les Français ont en leur tête le rêve américain. Même la « gauche » est devenue à l’américaine, en mode social-protectionniste, communautariste, LGBT, libérale culturellement, etc.

Il faut dire les choses comme elles sont : en 2023, en France, le capitalisme a gagné et la soumission aux besoins de la superpuissance américaine est totale. C’est la défaite totale de tout ce qu’il y avait avant.

C’est là-dessus qu’il faut se fonder, car le capitalisme ne satisfera jamais les besoins des masses, les besoins existentiels. Il va fondamentalement décevoir des individus isolés, atomisés, sans aucune cohérence en rien, commettant toujours plus d’erreurs et de fautes.

Et avec ce matériau humain, il va falloir faire la révolution, le Socialisme… C’est une affaire compliquée, qui nécessite de l’intelligence. Il en faut pour comprendre les consciences et les transformer.

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Vie quotidienne

On peut s’habiller comme on veut désormais, mais…

C’est un aspect très intéressant du capitalisme et qu’on peut tous remarquer. Avec le développement de forces productives dans les années 2000-2010, notamment l’intégration complète de la Chine dans le marché mondial, l’habillement a connu un changement de très grande ampleur.

Auparavant, les habits ne profitaient que peu de variété et on s’habillait avec relativement peu de marge de manœuvre. Les deux exceptions marquantes étaient les très riches consommant des produits de grande marque et les marginaux appartenant à des tribus aux looks bricolés bien délimités (punk, gothique, scène tag-rap, métalleux, etc.)

Désormais, plus rien ne veut rien dire, car n’importe qui peut acheter n’importe quoi et ne se prive pas de le porter. Aucune tribu ne peut profiter d’une réelle délimitation et, de toutes façons, personne n’en a plus rien à faire. On peut s’habiller comme on veut, mais il faut que cela corresponde, il faut que ce soit bien porté.

Le streetwear, avec ses marques produisant de manière créative et profitant du Portugal, du Mexique, du Vietnam, du Bangladesh, de la Chine, a révolutionné les codes de l’habillement. La première chose qu’on apprend dans une boutique dont les produits coûtent chers, c’est que l’habit ne fait pas le moine et que la personne qui a l’air très mal habillé selon tel ou tel critère peut en réalité être un vrai branché avec des habits coûtant une fortune.

Civilist (Berlin)

Quand on voit cela, on se dit : il y a un problème, c’est comme si d’un côté le socialisme avait gagné, et de l’autre qu’il avait été mangé par le capitalisme. Car c’est une des raisons de croire en le capitalisme, pour les gens. On peut s’habiller de mille manières, c’est donc bien que le capitalisme apporte quelque chose !

C’est en fait le socialisme qui aurait dû instaurer cela. En raison du retard de celui-ci à triompher, on doit donc supporter une mondialisation maintenue dans le cadre du capitalisme, porté par des petits-bourgeois dynamiques et entrepreneurs. Et cela ne fait justement pas non plus les affaires du capitalisme.

En effet, le capitalisme a besoin de maintenir une hiérarchie dans la production. Or, des styles à l’infini, c’est bien pour la consommation. C’est cependant bien dérangeant au niveau productif lorsqu’on a des gens qui croient vraiment qu’ils sont différents et qui n’en font qu’à leur tête, voire qu’à leur style.

Cela fait désordre, tout de même. Et c’est pour cela qu’une ville comme Paris voit la bourgeoisie, y compris bobo, faire un retour aux sources niveau habillement. Le streetwear s’efface pour laisser la place à une apparence qui ne dénoterait pas dans le Auteuil – Neuilly – Passy des années 1980.

Le contraste avec la possibilité, pour les prolétaires, de disposer de choses de qualité à bas prix, se transforme ici directement en contradiction.

Collaboration (ici pour enfant) à bas prix d’Adidas avec la marque finlandaise chic et de qualité Marimekko

Ce qui est en jeu ici, c’est de comprendre que le capitalisme a pour l’instant battu le socialisme, mais que les choses se retournent en leur contraire. Les gens prennent au pied de la lettre le style. Le prolétaire ne se laisse plus mettre de côté sur le plan vestimentaire. Et surtout, il n’y a plus une dimension réactionnaire comme par le passé à ce niveau.

Il a existé en effet, surtout parti d’Italie avec les « paninaro » des années 1980, mais aussi le mouvement « ultra » au football, tout une tentative de jeunes prolétaires de suivre la mode, avec une mentalité d’élite, de carriérisme vestimentaire, de consumérisme. C’était très réfléchi, très esthétisant.

Désormais, le rapport au style est de masse et s’il existe encore des courants marginaux dans la quête d’un look « décisif », tout cela est bien fini. On remarquera ici d’ailleurs que ces courants marginaux se trouvent surtout chez les petits-bourgeois « à gauche de la gauche », qui vivent dans les fétiches et l’entre-soi. Leur ghetto a des codes vestimentaires très marqués.

Les prolétaires n’en ont rien à faire. Pour eux, un style a un rapport avec la personne. Si c’est bien porté, alors c’est bien. Si c’est mal porté, alors c’est critiquable.

Iriedaily (Berlin)

Il est évident que le problème fondamental, c’est que les gens vivant dans le capitalisme, cette question du style bascule dans la mise en scène. Pourtant, du point de vue socialiste, on doit également bien voir qu’il s’agit d’un approfondissement de leur personnalité. Tant que le capitalisme parvient à neutraliser cette question de la personnalité, la contradiction n’est pas explosive. C’est d’ailleurs là le rôle pernicieux et neutralisateur des idéologies ultra-individualistes, idéologie LGBT en tête.

Si le capitalisme commence par contre à brimer les développement de la personnalité, là les choses peuvent très mal tourner pour lui, car les gens considéreraient qu’un acquis leur est enlevé. C’est pour cela par exemple que la Russie n’a pas mené de mobilisation générale lors du début de « l’opération spéciale » contre l’Ukraine : il ne fallait surtout pas que la jeunesse de Moscou se sente brimée dans sa « personnalité »… et son individualisme.

En France, le thème de l’uniforme à l’école est récurrent et il est un vrai dilemme pour le capitalisme : il faut bien de l’ordre, mais sans toucher à l’individualisme… et le souci de l’ordre, c’est que les jeunes ont des acquis « personnels ». En un sens ils n’ont d’ailleurs que ça : les moments présents qui se succèdent, le style, une musique répétitive comme « son » servant d’arrière-plan. Si le capitalisme commence à toucher à ça…

Maillot extérieur de l’équipe colombienne féminine de football

L’habillement est également une preuve de la mondialisation tellement avancée qu’on ne peut plus reculer. Si d’un côté tout le monde se ressemble dans les mêmes centre-villes des grandes villes du monde, d’un autre il n’y a jamais eu autant de variété. Les goûts et les couleurs du monde entier se rencontrent, pas forcément pour le meilleur, mais le brassage et le métissage en ressortent triomphalement, d’une manière ou d’une autre.

Le socialisme l’emporte ainsi dans l’habillement capitaliste, malgré le capitalisme, car le capitalisme porte dialectiquement le socialisme, de manière contradictoire. Si on rate cet aspect, on veut retourner dans le passé, et ça les gens ne le veulent pas. Ils veulent plus de complexité, plus de possibilités de s’épanouir. Ce sont les masses et elles ont raison ! En même temps elles ont tort de ne pas comprendre qu’elles s’aliènent en acceptant que le cadre capitaliste se maintienne.

Et leur vie privée, réelle, concrète, épuisée par l’exploitation capitaliste, ne correspond pas à leur vie rêvée.

Stüssy

On comprend que le socialisme, c’est bien la bataille pour préserver les acquis que sont les forces productives… tout en renversant, en révolutionnant le cadre capitaliste. Ici, c’est la course à la consommation qu’il s’agit de supprimer, car avoir un style est suffisant et il ne s’agit pas d’accumuler des tonnes d’habits qu’on va jeter ou ne pas porter.

Ici, les achats – ventes de seconde main, surtout avec Vinted, expriment une tendance chez les gens à réorganiser leur consommation particulière. En soi, cela ne veut rien dire, car c’est aussi une expression de surconsommation et de volonté de petit commerce. On achète d’autant plus facilement qu’on pense qu’on peut le revendre.

Néanmoins, historiquement, c’est tout l’édifice capitaliste de l’habillement qui révèle sa fragilité. Les achats sur internet tuent d’ailleurs les magasins qui s’avèrent incapables par définition de présenter une immense variété. Si on y réfléchit bien, on voit bien que la société est bien mûre pour le socialisme…

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Nouvel ordre

Un nouvel ordre pour une nouvelle armée !

Avec la crise du capitalisme, les rivalités entre grandes puissances ont refait surface. On ne compte plus les points de tensions dans le monde et, de la guerre en Ukraine à l’opposition entre la Chine et les États-Unis en rapport à Taïwan, la guerre est devenue une actualité permanente.

Cela terrifie les gens d’autant plus qu’ils ont cru en la fable des années 1990 du « village planétaire » d’où la guerre entre États serait exclue. Cette époque est révolue.

Le problème est que la conscience de cette fin de séquence historique oblige les opinions à réfléchir à la guerre et son corolaire, l’armée, alors même qu’ils s’en sont éloignés. En France, la fin du service militaire obligatoire en 1996 a renforcé cet éloignement, qui se traduit aujourd’hui par une sorte de paralysie générale.

Pourtant, on ne peut vraiment s’intéresser à la politique sans passer par un programme militaire, car comme le dit la formule célèbre de Clausewitz, la guerre est « la continuation de la politique par d’autres moyens ».

La question est alors de savoir quelle position la Gauche historique développe à propos des questions militaires en général et de la défense en particulier ?

On sait que Jean Jaurès était partisan de l’abolition de l’armée de métier, séparée du corps civil. En bon héritier de la Révolution française commencée en 1789, notamment avec la défense nationale de 1792-1793 contre les armées royalistes, il plaidait pour la formation de milices civiles territorialisées.

En réalité, poser la question ainsi est erroné.

Du point de vue de la Gauche historique, de la même manière qu’elle a su dénoncer la prétention de l’Etat à apparaitre neutre et arbitre des lutte de classe, l’aspect militaire n’a jamais été détaché de la question de la nature du pouvoir.

L’armée, fusse-t-elle « populaire » à l’instar d’une milice territoriale, n’en sera pas moins au service d’un ordre déliquescent à tous les points de vue. C’est ce que rappelait Lénine.

« A propos de la milice, nous devrions dire, pour donner une réponse concrète et pratiquement indispensable : nous ne sommes pas pour la milice bourgeoise, mais seulement pour une milice prolétarienne. Par conséquent, « pas un sou et pas un homme », non seulement pour l’armée permanente, mais aussi pour la milice bourgeoise, même dans des pays tels que les États‑Unis ou la Suisse, la Norvège, etc. » 

Aujourd’hui en France, une milice à la mode helvétique s’inscrirait en continuité d’initiatives telles que les « voisins vigilants » et leur mentalité de petit propriétaires replié sur leur pavillon et leur jardin. Alors même qu’il n’y a à côté de cela, aucun engagement d’envergure collective sur le délitement social…

La question militaire est donc conditionnée à la question de l’Ordre et de son Pouvoir qui s’inscrivent nécessairement dans un certain sens de l’Histoire. C’est la raison pour laquelle Mao Zedong a pu dire que « le parti commande aux fusils et il ne faut jamais permettre que les fusils commandent au parti ».

Il est toujours question de savoir ce que l’on défend et pourquoi : ainsi était-il juste d’assumer la guerre pour l’Ordre républicain porté par la Gauche contre la réaction fasciste en 1936 en Espagne. Ou pour prendre un autre exemple : la France ne s’est-elle pas effondrée à l’été 1940 parce qu’elle était, entre autres choses, à bout de souffle malgré tout son matériel militaire ?

Par conséquent, la seule perspective est de participer à la formation d’un Nouveau Pouvoir au service d’un Nouvel Ordre qui vaille la peine d’être défendu. Et la réalité actuelle, c’est que les français sont au bord du craquage psychique.

Une « guerre de haute intensité » exige pourtant une grande discipline collective et de l’abnégation déterminée par une morale au service d’une Cause. Une chose dont la France, mais également les États-Unis, sont bien incapables, minés par des décennies de lessivage par la société de consommation.

Nouvel Ordre, Nouveau Pouvoir, Nouvelle Morale : c’est à partir de là que peut commencer un débat sur les questions militaires, y compris par rapport à la question de la « défense nationale » contre les autres puissances.

Car il est évident qu’une France nouvelle sur tous les plans aurait à se confronter à des pays encore marqués par l’ancien ordre des choses. La défense militaire devient alors une nécessité d’époque car portant une nouvelle dynamique.

Les guerres se remportent lorsqu’elles sont justes et elles sont justes lorsqu’elles sont justifiées par la tendance de l’Histoire. Les armées républicaines françaises ont gagné sur les monarchies, c’était là le sens de l’Histoire, tout comme le peuple soviétique a remporté sur le IIIe Reich, représentant l’ultime sursaut de défense d’un ordre décadent.

C’est d’ailleurs ce qui s’est passé du côté ukrainien dans les premiers mois de l’invasion avant de se retourner en son contraire : de la défense nationale, on est passé principalement à une guerre par procuration pour le compte de l’Occident contre la Russie. Et la justesse de la Cause est devenue secondaire par rapport aux rivalités de grande puissance, marquant de son empreinte toute la stratégie militaire.

L’attente d’une « contre-offensive ukrainienne » au printemps 2023, entièrement déterminée par les moyens militaires occidentaux, en est la dernière preuve éclatante.

Ainsi donc, la question militaire est d’abord et toujours avant tout une question politique liée à l’Ordre que l’on défend.

Aujourd’hui, l’Ordre en France se délite socialement de tous les côtés, la morale ne sait plus porter rien de sérieux au plan culturel, l’architecture dans les villes françaises vire à l’immonde, il y a une absence de considération pour la nature et les animaux, les comportements anti-sociaux sont monnaie courante, sans même parler de ces travailleurs exploités dans des tâches abrutissantes et ces poches de pauvreté, etc.

Sérieusement, qu’y a t-il à défendre au juste actuellement en France, ce pays où les gens délaissent la politique, ne s’engagent nullement ? Il n’y a que les esprits fascistes pour penser que le fait militaire soit à même de relancer la société : c’est l’inverse qui est vrai ! D’ailleurs, les pays qui avaient construit un Nouvel Ordre, socialiste, à l’instar de la Russie ou de la Chine, ont justement liquidé la Cause dans les années 1960-1970 en laissant penser que la direction des choses en revenait à l’État seul, lui-même orienté par l’armée.

La seule chose qu’il faille défendre est la formation d’un nouvel État pour être en mesure de défendre une nouvelle société à même d’accompagner un nouvel élan de civilisation. Alors la défense militaire devient un horizon valable.

Une armée qui de fait sera nouvelle et sera marquée par de nouveaux rapports : la fin de la séparation d’avec la société civile, la féminisation des cadres dirigeants, la suppression de la culture de l’héroïsme patriarcal, l’élection des officiers et généraux, la soumission absolue de la technique à l’art humain de l’organisation, l’élévation du degré de conscience générale de chaque soldat pour une prise de décision démocratique, etc.

Toute réflexion militaire qui ne pose pas la question de la nature de l’Ordre défendu est étrangère au programme militaire à gauche. La défense d’un Ordre vacillant ne peut être que porté par une armée vacillante : c’est peut-être la clef pour construire un nouvel Ordre socialiste qui vaille la peine d’être défendu, coûte que coûte, vaille que vaille.

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Rapport entre les classes

La réindustrialisation, c’est élaborer un nouveau mode de vie

Le « made in China » est une aberration sociale, écologique, économique, bref c’est une manière de faire fabriquer les choses à rejeter en bloc.

C’est pourquoi la réindustrialisation s’impose comme l’un des thèmes pivot pour l’affirmation du monde nouveau. Ce n’est pas pour rien que les expériences socialistes passées aient axé leur développement sur ce point : un ordre socialiste exige une base productive nouvelle.

L’URSS des années 1930 a décollé par la mise en œuvre de ses plans quinquennaux et la Chine populaire de la fin des années 1950 a cherché à produire elle-même son acier. A la différence de ces expériences, la France des années 2020-2030 n’a pas besoin de s’industrialiser, mais de se réindustrialiser dans un contexte de société de consommation généralisée.

Face à la société de consommation triomphante qui laisse se développer des individualismes de toutes sortes, il nous faut générer un mode de vie nouveau. Cela ne peut tomber du ciel : il faut en avoir les moyens industriels, tout autant que la volonté culturelle et politique.

La réindustrialisation n’est donc pas un retour à un ancienne industrie, encore moins une « gestion » économique pour donner du « travail ». C’est le cœur même du développement social et culturel d’une société.

Produire de la musique de qualité, c’est par exemple avoir à disposition du matériel musical de haute qualité, donc produit d’un haut niveau technique. Tout comme les vêtements, la mode vestimentaire suppose une industrie textile de haut niveau, avec un travail sur les textures et les couleurs, donc les matériaux utilisés, etc.

La France socialiste se doit donc de générer tout un nouvel appareil productif en rapport avec les besoins à satisfaire qu’elle se donne comme horizon.

Cela doit se réaliser selon un cheminement avec des étapes précises. D’abord, il s’agit de recenser les besoins et les moyens que le pays a à sa disposition pour les satisfaire. Cela demande de voir si telle ou telle production existe en France de manière totale ou partielle. On peut par-exemple avoir la matière première mais pas l’industrie de sa transformation, et vice versa. Ensuite, le recensement nécessite évidemment de voir ce qui relève des besoins de la civilisation et ce qui relève de la décadence capitaliste.

Par-exemple, ce qui est actuellement nommé « réindustrialisation » par le gouvernement relève d’une simple modernisation du capitalisme français dans l’espoir de le relancer dans des secteurs « porteurs », c’est-à-dire avec un taux de profit élevé à court-terme.

Mais le fait d’implanter des mégas-usines de batteries pour voiture électrique relève d’industries décadentes qui vont ne faire que prolonger un mode de vie polluant et individualiste. Tout comme l’annonce d’investissements par Ikea, sûrement d’ailleurs de centres logistiques, n’est qu’un accompagnement de la mentalité du petit propriétaire qui n’a plus lieu d’être. Et que dire des projets de « relocalisation » pour l’industrie militaire, simple faire-valoir pour le militarisme français ?

Par conséquent, au recensement suit la planification. Cette étape ne peut avoir lieu que si un recensement très rigoureux a été effectué pour la simple et bonne raison qu’il faut pouvoir dire ce qui va être socialisé et ce qui va être démantelé.

Il faudrait par exemple une vaste enquête sur la consommation d’électricité inutile en France, des spots publicitaires jusqu’aux enseignes commerciales en passant par tous les gadgets numériques. Ce sujet est capital, car il concerne les besoins énergétiques du pays et l’on voit comment la bourgeoisie française impose la relance du nucléaire par l’idée d’une hausse de « l’électrification des usages » à l’avenir. Cette électrification repose en fait largement là-aussi sur l’absurde généralisation de la voiture électrique.

Une France socialiste à l’inverse couplerait à la fois la rupture culturelle avec la voiture individuelle, qu’elle que soit son type de motorisation, et à la fois la généralisation des transports en commun, avec priorité pour le train et le tramway. Y compris, et surtout dans les zones de campagne.

Combien représente de consommation électrique un tramway de 3 rames pouvant transporter 300 personnes en comparaison à 300 personnes dans leur voiture individuelle, ou même 150 en voitures individuelles en postulant le covoiturage ? Ou pour prendre un exemple très concret, combien représente de Kw consommés l’ensemble des tablettes numériques affichant simplement les prix et les détails de chaque produit dans les magasins d’opérateurs téléphoniques et internet ?

D’ailleurs, l’industrie du transport en commun doit s’imposer comme la clef de toute réindustrialisation digne de ce nom. La généralisation des trains et des tramways à tout le pays, et non pas simplement les grandes villes, vise à générer un nouveau mode de vie collectif. On sait déjà ici que cette industrie sous-tend deux types d’industries : une sidérurgie et la production d’outils de production, de machines de haut niveau. Il y a de belles possibilités en France pour le second aspect bien que cela soit totalement insuffisant au plan quantitatif.

La France s’est d’ailleurs tellement « désindustrialisée » qu’on peut dire ici sans nulle doute que le chemin de la réindustrialisation doit passer par la mise en place d’une grande production sidérurgique et de machines-outils. Sans cela, il n’y a pas de marges de manœuvre réelle.

On est ici au stade de l’URSS d’avant 1930, tout en ne l’étant pas de part le niveau d’accumulation de connaissances techniques et scientifiques dans les mains de monopoles capitalistes qu’il s’agit de socialiser.

Mais l’industrie du transport ouvre la voie à un autre grand thème, celui de l’aménagement du territoire, aujourd’hui totalement bancal. Dans les années 1950-1960, l’organisme de la DATAR a accompagné le capitalisme français dans une « délocalisation productive » qui a abouti à des zones de production ultraspécialisées, en délaissant d’autres.

Cela n’est pas durable. Chaque région de France, dont la délimitation resterait à élaborer, se doit d’avoir une base productive autonome lui permettant de faire face à la satisfaction des besoins essentiels dans le cadre d’une production répartie selon le plan national.

Mais on ne peut plus avoir des pôles de spécialisation comme c’est le cas aujourd’hui, à moins de « naturaliser » le développement géographique par les « besoins » du capitalisme.

C’est à ce prix que l’on peut élaborer une planification productive adéquate qui voit s’ajouter au démantèlement, son corollaire, la systématisation. Il faudra systématiser des procédés essentiels à un nouveau mode de vie, mais actuellement mis de côté du fait des nécessités du capital cherchant à produire selon un taux de profit le plus élevé et non pour des besoins sociaux.

Un bon exemple est celui des systèmes de récupération des eaux de la douche et des lavabos pour alimenter l’eau des sanitaires, toujours basés sur de l’eau potable – ce qui est d’une absurdité totale dans une époque marquée par l’accentuation des sécheresses et des canicules. Quel type de production avons-nous en France pour planifier la systématisation de ce système à tous les logements ?

On aurait besoin de généraliser ces réflexions sur ce qu’il faut systématiser… Car la systématisation, cela signifie la massification de produits en série, donc la baisse des coûts. On pourrait parler ici de la systématisation de l’alimentation végétale pour arrêter les supplices envers les animaux, d’une industrie textile pour des vêtements à la fois fonctionnels, de grande qualité et chics, de l’industrie chimique pour les médicaments, etc.

Évidemment, le processus de réindustrialisation qui se fonde sur les tâches de recenser-planifier-démanteler-systématiser relève d’un programme d’État.

Un nouvel État, non pas fondé sur des « experts », des « scientifiques », mais sur la créativité collective du peuple. Pour cela il lui faut des organes pour stimuler le foisonnement démocratique. C’est la revendication de la Gauche historique qui a pris le nom de « soviets » en Russie mais que l’on peut facilement nommer assemblées générales en France. Les tâches de la réindustrialisation imposent donc la généralisation des assemblées générales à l’ensemble du territoire pour formuler les besoins à satisfaire.

Car une réindustrialisation qui ne suppose par le transfert du pouvoir de la bourgeoisie vers la classe ouvrière est vouée à l’échec pour la simple et bonne raison que les modalités d’accumulation du capital fondées sur la « division internationale du travail » (en fait l’exploitation du tiers-monde) et le chaos marchand, sont une entrave absolue. Seule la classe ouvrière, de part sa position sociale elle-même, peut imprimer une nouvelle direction industrielle en phase avec les besoins de l’époque à condition, évidemment, qu’elle sache se révolutionner elle-aussi.

Les assemblées générales – ou comités populaires, sont l’espace de la révolution, en tant qu’instrument politique d’un nouvel État, mais également comme vecteur de l’émulation culturelle pour acquérir, générer puis concrétiser une nouvelle vision du monde. Nouvelle vision du monde débouchant sur une industrie en mesure de la satisfaire. La réindustrialisation n’est pas quelque chose d’isolé de la société humaine, ce n’est pas un « programme économique », c’est le point nodal qui implique une culture et une politique lui étant liées.

La réindustrialisation ne peut être qu’un processus collectif élaboré par le peuple lui-même qui s’auto-saisit dans de nouveaux organes d’État pour se donner les moyens de changer la vie. C’est le nœud matériel du processus révolutionnaire.

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Politique

1er mai : pour la déroute de l’occident

La forteresse occidentale doit tomber !

Il aurait été préférable que le Socialisme s’affirme de manière directe, par des Partis capable d’en porter la bannière et de triompher. Malheureusement, la croissance du capitalisme depuis 1989 a tout lessivé. Il y a eu l’effondrement du bloc d’une URSS elle-même devenue de nature « impériale », comme son concurrent américain donc. Et il y a eu l’intégration de la Chine dans le marché mondial.

Les forces productives ont incroyablement augmenté depuis 1989, jusqu’à la fatidique pandémie de 2020 qui a clôt la séquence. Désormais donc, les rapports internationaux pourrissent sur pied, la superpuissance chinoise veut prendre la place de la superpuissance américaine, tout le tiers-monde espère sortir de son horrible situation, alors que des puissances intermédiaires cherchent à tirer leur épingle du jeu.

Mais toute cette fuite dans le militarisme, l’esprit de conquête, les velléités impériales… affaiblissent la stabilité générale et les masses ne peuvent que se mettre en mouvement. Le Socialisme va se réaffirmer, à partir de la décadence de l’ordre mondial – et il ne faut pas s’imaginer qu’il y en aura un nouveau sous l’égide de la Chine, elle n’en a pas les moyens, malgré ses ambitions.

Cependant, il faut pour cela que l’occident tombe. Si l’occident se maintient, il peut trouver des moyens pour réimpulser le capitalisme. Aux dépens d’une Russie découpée en morceaux, par exemple. Ou bien en allant encore plus loin dans la mise en avant de modes de vie dégénérés totalement obnubilés par les questions identitaires et la surconsommation.

Si l’occident est ébranlé, si ses fondements vacillent, alors tout l’ordre capitaliste mondial ne peut qu’être remis en cause. Ce serait le coeur même du capitalisme qui ne ferait plus tourner le sang de l’accumulation dans l’ensemble du corps économique mondial.

Bien évidemment, les masses corrompues de l’occident préféreraient que tout continue comme avant. Le caractère profondément minable de la lutte contre la réforme des retraites exprime tout à fait ce manque d’ambitions sur le plan de la lutte des classes. Des millions de travailleurs français se sont agités, sans rien produire à aucun niveau, que ce soit sur le plan des idées, de la culture, de l’organisation.

Ce que nous disons, c’est que sans alignement sur les intérêts des masses mondiales, il n’y aura rien de sérieux en France politiquement à gauche. Tant que le tiers-monde sera « oublié », tant que la vie quotidienne capitaliste sera « acceptée », il ne pourra rien y avoir de bon.

Aussi, notre rôle est de critiquer le 24 heures sur 24 du capitalisme, de promouvoir l’antagonisme avec ce mode de vie, de recomposer le prolétariat français afin qu’il se réaffirme en tant que classe, comme composante du prolétariat mondial.

Et le mot d’ordre actuel est en ce sens : sabotez la guerre américaine contre la Russie ! C’est ce qui est conforme à la nécessité historique de la défaite de l’Otan et de la déroute de l’occident !