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UNEF: la grande polémique

La crise politique autour de l’UNEF reflète un immense problème de fond à Gauche.

Il y a cinquante ans, en mars 1971, l’Union nationale des étudiants de France était marquée par une scission produisant deux UNEF concurrentes. Une sorte de réunification bancale a eu lieu en 2001 et depuis l’UNEF ne cesse de sombrer qualitativement et quantitativement. L’affaire politique de ces derniers jours témoigne d’une crise toujours plus profonde.

Tout part de propos de Mélanie Luce, présidente de l’UNEF, lors de son passage sur la radio Europe 1 le 17 mars 2021. Elle y déclarait qu’il y avait au sein de l’UNEF des réunions « non mixtes racisées ». L’idée est, on l’aura compris, de combattre le racisme en donnant la parole aux gens victimes de racisme dans un cadre rassurant, mais l’approche va également dans le sens d’une logique identitaire-communautaire.

Cela a provoqué une vague de critiques de la part du gouvernement et de la Droite. Le soir même le député des Alpes-Maritimes (Les Républicains), Eric Ciotti, appelait à la dissolution de l’UNEF. Le 19 mars, sur BFMTV, le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer déclarait que de telles réunions étaient « racistes », alors que François-Xavier Bellamy parlait de « dérive raciste assumée » et appelle à la dissolution de l’UNEF, etc.

Le 22 mars Le Figaro lance ensuite une offensive anti-UNEF, avec notamment à plusieurs reprises la question de la possibilité de la dissolution de l’UNEF, parlant de « décadence idéologique » de la Gauche ; le même jour Le Monde lance inversement la mission il faut sauver le soldat UNEF avec différents articles, ainsi que la publication d’un appel anti-dissolution de 300 figures de la Gauche (un article en accès payant, l’appel date du week-end et a été lancé par un adjoint de la maire de Paris Anne Hidalgo).

Cet appel anti-dissolution est signé par des gens relevant de l’UNEF d’avant 1971, des deux UNEF nées en 1971 (celle liée au PCF, celle liée aux trotskistes dits lambertistes puis au Parti socialiste), ainsi que de l’UNEF réunifiée de 2001.

Cependant, l’UNEF actuelle n’a rien à avoir avec ces UNEF passées. L’UNEF est aujourd’hui un mouvement de jeunesse, qui porte des luttes sociales et « sociétales », avec des individus plus ou moins impliqués.

Avant, l’UNEF était un conglomérat des activistes de gauche, qui agissaient de manière unie mais en se bataillant à travers des tendances et des fractions. Aujourd’hui, l’UNEF c’est un simple lieu de passage de gens « en lutte ». Et comme on est en France, les luttes sont conçues dans une perspective « syndicaliste révolutionnaire », c’est-à-dire sur la base de la minorité agissante, dans une démarche substitutiste où une pseudo assemblée générale parle au nom de tout le monde, etc.

Dans une interview au Figaro, Jean-Christophe Cambadélis tient d’ailleurs des propos assez hallucinés à ce sujet. Lui-même a été président d’une des deux UNEF, l’UNEF-ID, de 1980 à 1984 (il représente le passage des étudiants trotskistes dits lambertistes au Parti socialiste). Il pense que l’UNEF d’aujourd’hui a une mentalité de « gardes rouges » chinois avec l’idée de rédemption par l’exemple.

C’est totalement faux et on se demande où il va chercher cela. Il y a eu des scissions de l’UNEF en mode maoïste dans les années 1980, elles étaient hyper structurées et insistaient sur le travail de masse pour élever le niveau de conscience politique. Cela n’a rien à voir avec l’UNEF actuelle qui récuse les idéologies au nom des principes de la « déconstruction ».

Il est vrai qu’on peut avoir l’illusion que l’UNEF est hyper-activiste et cette illusion est d’ailleurs vrai pour l’ensemble de l’ultra-gauche française. Mais enfin poster sur les réseaux sociaux des images de slogans écrits sur les murs ou d’une table de presse n’est pas une preuve de réel activisme. Il faut être naïf pour suivre l’auto-intoxication de gens s’imaginant « militer » alors qu’ils ne font que brasser du vent.

Et c’est là la vraie question de la polémique autour de l’UNEF, du point de vue de la Gauche. Quels doivent être les critères pour évaluer les luttes, les phénomènes ? Faut-il partir de la Gauche historique ou accepter les conceptions post-modernes de la « gauche » à l’américaine ?

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Tribune des anciens de l’UNEF disant «non à la dissolution»

Voici la tribune initiée par l’association « les anciens de l’UNEF« , qui a été signée par énormément de personnalités liées historiquement ou même très récemment à l’UNEF.

« Non à la dissolution de l’UNEF

Il y a quelques jours, des parlementaires de droite demandaient la dissolution de l’UNEF. Désormais c’est le ministre de l’Education nationale qui parle de « pente fasciste » pour qualifier son activité.

Quels seraient les actes justifiant ces attaques ? L’organisation de quelques groupes de paroles non-mixtes pour les étudiant.e.s victimes de discriminations. Cette pratique intéresse, interroge, inquiète. Elle bouscule et fait débat.

Nous ne pouvons accepter que des députés proposent la dissolution de cette organisation. Nous ne pouvons encore moins admettre l’idée que l’UNEF soit renvoyée dos à dos avec un groupuscule d’extrême droite, condamné pour incitation à la haine raciale. Nous ne pouvons tolérer les propos d’un ministre qui banalisent le fascisme et participent ainsi à la confusion idéologique ambiante.

Militant.e.s, dirigeant.e.s, avec des diversités de parcours, nous avons été par le passé des acteurs et actrices engagé.e.s de cette organisation. L’idéal émancipateur, républicain, laïque, antiraciste et féministe a toujours été notre boussole, un idéal au service des intérêts sociaux et moraux de tous les étudiant.e.s. Au cours de ses 110 ans d’histoire, quelle qu’ait été la tendance dirigeante, l’UNEF a toujours été en tête des batailles relatives au budget de l’Education nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche. Elle a su porter un discours anti-colonial dans une société française qui était loin d’y souscrire. Elle s’est engagée en mai 68, dans ce mouvement qui a conduit aux changements sociaux et moraux que nul ne conteste aujourd’hui. L’UNEF, c’est aussi un mouvement décisif contre la sélection en 1986 et la mobilisation historique contre le CPE qui n’avait d’autre ambition que de précariser encore et encore, les jeunes de notre pays.

Signataires de ce texte, pour certain.e.s avec des désaccords parfois profonds avec des pratiques et des orientations syndicales et idéologiques de l’UNEF, nous pensons que, par son histoire et les valeurs issues de la Charte de Grenoble qu’elle incarne, l’UNEF a toute sa place dans le débat public.

A l’heure où les étudiant.e.s et la jeunesse sont particulièrement touchés par la pauvreté et la précarité, le gouvernement se doit d’être à l’écoute des organisations représentatives des étudiant.e.s. Cette exigence nous paraît d’autant plus incontournable que nous avons sous nos yeux, ces dizaines de milliers de jeunes qui basculent dans une précarité insupportable, renoncent à poursuivre leurs études abandonnant ainsi leurs projets d’avenir.

Aussi, nous condamnons l’outrance injurieuse des termes employés et nous opposons à toute volonté de dissolution d’une organisation de jeunesse telle que l’UNEF. »

Voici la longue liste des signataires :

L’Association des anciens de l’UNEF, fondée en 1938, Pouria AMIRSHAHI, Président UNEF-ID 1994-1998, Xavier AKNINE, Président UNEF-SE1986-1988, Nicolas ASKEVIS, UNEF ID 1990-1995, Cyprien ASTIER, UNEF 2014, Frédéric AUGENDRE, UNEF ID Secrétaire général 1983-1986, Clementine AUTAIN UNEF SE 1991-1994, Gilles ALFONSI, UNEF 1989-1991, Tania ASSOULINE, Secrétaire générale UNEF 2001-2003, Sebastien BACHOLET UNEF-SE 1980-1983, Patrice BADARD, UNEF ID 1992-1998 ,Guillaume BALAS, Vice-Président UNEF-ID 1994-1995, Loic BASSINO, Secrétaire national UNEF 1991-1994, Mathieu BARBERIS, UNEF 2016-2018, Olivier BARBEROUSSE, PSA UNEF-ID 1986-1990, Johanna BARRASZ, UNEF 1993-1996, Emilie BELLIN, UNEF 2015-2016, Sarah BENICHOU UNEF ID 1993-1999, Ugo BERNALICIS, UNEF 2008-2011, Jean Pascal BERNARD, BN UNEF-ID 1993-1997, Céline BERQUER, UNEF ID, BN 1994-1997, Marie Noëlle BERTRAND UNEF Secrétaire générale, Nicolas BERTRAND, Secrétaire général UNEG 1989-1991, Tina BIARD, BN UNEF 2010-2012, Alexandre BILOUS 1964-1968, Sophie BINET, Vice Présidente UNEF 2007-2008, Nina BITOUN, UNEF ID Paris 1 1993-1998, Romain BLACHIER, UNEF 1995-2002, Frédéric BOCCARA, BN UNEF 1981-1985, Pascal BOISSEL, UNEF ID 1979-1982, Romain BOIX, LMDE Président 2015-2018, Frédéric BONNOT, UNEF-ID Trésorier National 1994-1999, Florian BORG, UNEF-ID, 1997-1999, Delphine BORGEL, PSA UNEF-ID 1993-1997, Frédéric BORRAS, UNEF-ID 1984-1988, Serge BOSC, FGEL 1964-1968, Amine BOUABBAS, UNEF 2004-2007, Jean-Marcel BOUGUEREAU, FGEL 1964-1968, Jean Baptiste BOURDELLON, BN UNEF 2012-2014, Emilie BOURDON, UNEF, 2016-2018, Gerard BOURGOIN FGEL 1963-1969, Gwenolé BUCK, UNEF 2005-2010, Gérard BRIANT, UNEF 1992-1996, Colombe BROSSEL UNEF ID 1989-1992, Mickaël BRUEL UNEF ID 1999 2000, Louis-Jean CALVET VP UNEF 1964-1965, Magali CAMPA, UNEF Secrétaire Générale 2016-2018, Franck CARBONNEL, FNEMS UNEF 1980-1985, Pierre-Alain CARDONA, UNEF ID 1994-1995, Fanélie CARREY-CONTE, BN UNEF 2000-2005, Philippe CASIER, BN UNEF-ID, Christophe CASTAING, BN UNEF ID 1981-1985, Sébastien CHAILLOU, Trésorier National UNEF 2012-2013, Fabrice CHAMBON, BN UNEF 2001-2005, Arnauld CHAMPREMIER-TRIGANO Vice-Président UNEF-ID 1994-1997, Claudine CHAPRON, UNEF 1984-1989, Vincent CHARBONNIER, UNEF-ID, 1990-1993, Julian CHARTON, UNEF BN 2012-2015, Magalie CHASTAGNER, Secrétaire national UNEF 1999-2002, Norbert CHAZAUD, UNEF BN 1979-1983, Pascal CHERKI, BN UNEF-ID 1988-1993, Théo CHEVALLIER BN UNEF 2014-2016, Chahra CHIBATI, UNEF 2006-2009, Mélanie COLLET, UNEF 2003-2006, Eric COQUEREL, UNEF-ID 1983-1988, Alexis CORBIERE, Vice-Président UNEF-ID 1994-1995, Sergio CORONADO UNEF ID 1992-1994, Annie COUEDEL 1962-1966, Aliaume COUCHARD, UNEF 2011-2013, Jean Francçois COURTILLE, BN UNEF 1987-1988, Joëlle COULON, UNEF 1962-1964, Pierre COURS-SALIES, UNEF 1962-1967, Cendrine DALLET, UNEF ID 1995-2000, Pierre DARDOT, UNEF-ID, 1980-1986, Olivier DARONNAT Secrétaire Général UNEF ID 1994-1997, Philippe DARRIULAT, Président UNEF-ID 1986-1988, Caroline DE HAAS, Secrétaire générale UNEF 2007-2009, Pierre DEJEAN, UNEF 1968-1970, Laëtitia DEKNUDT, UNEF ID BN 1981-1984, Laure DELAIR, Vice-Présidente UNEF 2013-2015, Anne DELBENDE, Secrétaire Générale UNEF 2003-2006, Karine DELPAS, Présidente de l’UNEF 1997-2000, Stéphane DELPEYRAT, UNEF-ID 1986-1988, Jacques DELPY, Secrétaire général UNEF 1955-1957, Emir DENIZ, UNEF 2000-2002, Clémence DOLLE, UNEF BN 2018-2020, Laurent DOUCET, UNEF-ID 1986-1989, Maryse DUMAS, BN UNEF 1972-1976, Isabelle DUMESTRE, BN UNEF 2000-2005, Tifen DUCHARNE, BN UNEF  1993-1999, Capucine EDOU, UNEF ID BN 1995-1999, Julie EL MOKRANI TOMASSONE, BN UNEF 2013-2016, Annie ERNAUX 1960-1964, Amandine ESCHERICH, BN UNEF 2012-2014, Magali ESCOT, UNEF-ID 1992-1996, Valérie ESTOURNES, BN UNEF-ID 1991-1993, Gwenaelle EVIN, UNEF ID 1989-1997, Vanessa FAVARO, LMDE Présidente 2012-2014, Luis FAVRE, UNEF US 1975-1979, Laurent FAURE, UNEF-ID 1983-1987, Sacha FEIERABEND, Secrétaire Général UNEF 2014-2017, Gérard FILOCHE, UNEF 1968, Germain FILOCHE, BN UNEF 2005-2009, Léa FILOCHE, BN UNEF 2001-2004, Damien FLAMENT, UNEF 2004-2007, Astrid FRANCOIS-HIGELE, UNEF ID 1995-1998, Gweltaz FRIGOUT, BN UNEF 1999-2003, Laurent GARROUSTE, BN UNEF-ID 1987-1995, Raquel GARRIDO, BN UNEF-ID 1994-1997, Frédéric GENEVEE, UNEF 1986-1988, Dominique GERARDIN FGEL 1963-1967, Olivier GIRARDIN, Secrétaire général UNEF 1993-1994, Lionel GIRAUD UNEF ID 1995-2001, Nicolas GIRAUD, UNEF ID 1982-1988, Brice GIRAUDET, UNEF 2012-2014, Pierre-François GROND, BN 1987-1992, Stéphanie GOURDOL, BN UNEF 2002-2005, Juliette GRIFFOND, BN UNEF 2006-2009, Thibaut GUINE, UNEF 2014-2017, Nordine HATI UNEF ID 1995-2000, Benoît HAMON, 1986-1990, Mathieu HANOTIN, BN UNEF 2001-2005, Jean-Jacques HAZAN, BN UNEF-ID 1977-1985, Carole HAZE, BN UNEF-ID 1995-1998, Jean-Pascal HIGELE, UNEF ID, 1997-1998, Frédéric HOCQUARD, BN UNEF-ID 1993-1998, Jean-Jacques HOCQUARD Vice-Président 1960-1964, Farid HOUSNI, UNEF, 2000-2006, David HUYNH, BN UNEF 2001-2005, Guillaume HOIBIAN, BN UNEF 1988-1990, Bob INJEY, Président UNEF 1992-1994, Laurent JACQUEMIN, BN UNEF-ID, 1987-1991, Pauline JAGU- DAVID, BN 2012-2015, Charly JANODET, BN UNEF 2010-2012, Vincent JAROUSSEAU, Mila JEUDY BN UNEF 2004-2008, Babette JOSHUA 1963-1964, Samy JOSHUA, UNEF 1963-1964, Régis JUANICO, UNEF ID 1990-1996, Laurent KANDEL, UNEF 1984-1991, Pierre KANUTY, UNEF-ID 1990-1995, Gaëlle KERGUTUIL, UNEF 2005-2008, Nicolas KHALETZKY UNEF ID 2001-2002, Anne KOROBELNIK UNEF BN 1993-1995, Pierre Henri LAB, UNEF 1996-1999, Jean LABIB UNEF 1965, Fabrice LABROILLE UNEF ID 1996-2000, Bastien LACHAUD, BN UNEF 2001-2003, Laurent LALIBERTE, UNEF ID, 1987-1991, Mathieu LAPPRAND, BN 1999-2002, Malik LARABI BN UNEF-ID 1983-1987, Lilà Le BAS, UNEF Présidente 2016 2019, Sylviane LEJEUNE, UNEF, 1979-1981, Patrice LECLERC, Président UNEF-SE 1986-1988, Thierry LECRAS, Vice-Président UNEF 2008-2010, Alex LEGROS, UNEF ID 1987-1992, Didier LEVY, UNEF-UGE  1966-1970, Isabelle LORAND, UNEF 1986, Marianne LOUIS, UNEF ID 1989-1985, Silvère MAGNON, Secrétaire général UNEF 1998-2000, Emmanuel MAHEU UNEF 1976-1978, Joëlle MALVY BN UNEF-SE 1984 1986, Julie MANDELBAUM, Secrétaire Générale UNEF 2011-2014, Nathalie MAQUOI, UNEF 1997-2001, Raoul MARMOZ  UNEF-ID 1989-1996, Bastien MARCHINA, UNEF 2003-2011, Myriam MARTIN, UNEF-ID 1987-1993, William MARTINET, Président UNEF 2013-2016, Céline MARTINEZ, UNEF ID BN 1998-2001, Présidente de l’Association des Anciens de l’UNEF., Laurent MAUDUIT, Secrétaire général UNEF US 1975, Marianne MAXIMI, UNEF 2008-2011, Delphine MAYRARGUE, Vice-Présidente UNEF ID 1993, Jean-Luc MELENCHON, UNEF 1972, Anna MELIN, Secrétaire Générale UNEF 2008-2012, Olivier MEIER, UNEF 1988-1992, Nicolas MERIGOT, BN UNEF 2009-2015, Jean-Claude MERLE,  Vice-Président UNEF 1962-1963, Pierre MERY, BN UNEF 2011-2014, Camille MICLOT, BN UNEF 2004-2007, Franck MILLOT, BN UNEF-ID 1993-1994, Alain MONCHABLON, FGEL 1966-1967, Robi MORDER, UNEF ID BN 1980-1984, Cyril MOREL, BN 1990-1993, Nicolas MORVAN, UNEF ID, 1996-1998, Adeline NOURY, UNEF-ID 1999-2001, Lennie NICOLLET, UNEF 2010-2011, Florence OSTIER, UNEF 1977-1982, Emmanuelle PARADIS, BN UNEF-ID 994, Sébastien PARIS, UNEF 1992-1998, Yvan PAVIS, UNEF ID 1979-1985, Hélène PASQUIER, BN UNEF 2007-2009, Isabelle PAUTRAT, BN UNEF 1988-1991, Malvina PELAY, BN UNEF 2009-2012, Antoine PELLETIER, BN UNEF 2002-2005, Loïc PEN, Sécrétaire général UNEF 1992-1994, Mao PENINOU, BN UNEF-ID 1986-1993, Morand PERRIN, BN UNEF 2010-2012, Thomas PEREZ-VITORIA, BN UNEF ID 1991-1996, Raphael PEREZ, UNEF 1977-1979, Bertrand PERISSE, UNEF ID 1980-1982, Delphine PETIT, UNEF SE 1990-1994, Bernard PIGNEROL, UNEF ID Paris 1, Regis PIQUEMAL President UNEF-SE 1984-1986, Éric POLIAN, UNEF ID BN 1994-1999, Jean-Claude POLACK UNEF 1961-1962, Anaïg PIEDERRIERE, BN UNEF 2007-2010, Anne QUERRIEN, UNEF 1963-1966, Ali RABEY, UNEF 2003-2007, Pauline RAUFASTE, UNEF Vice présidente 2016-2018, Judith RAYMOND QUENTEL, UNEF 1988-1984, Patrick RAYNAL UNEF 1967-1968, Jacques REMY FGEL 1963-1964, Raphaëlle REMY-LELEU, 2011-2013, Eléonore REAL BN UNEF-ID 1994-2000, Lise RIBEAUD, Déléguée Générale de l’UNEF 2015-2016, Hervé RIGAUD, UNEF ID 1982-1985, Tiphain ROBERT, UNEF 2003-2009, Olivier ROUGIER, BN UNEF 2001-2005, Jean-Claude ROURE, Président UNEF 1962-1963, Danilo ROSALES, 1991-1993, Marc ROZENBLAT, Président de l’UNEF ID 1984-1986, Jean-Marc SALMON, Secrétaire Général UNEF 1964, Agnès SAURAT, UNEF 1985-1988, Elsa SEYS, BN UNEF-ID 1996-1998, Michel SERAC, Président UNEF US 1971-1975, Sayna SHAHRYARI, BN UNEF 2010-2013, Daniel SHAPIRA, Vice-Président UNEF US 1971-1975, Sylvie SCHERRER, BN UNEF ID 1986-1991, Eric SCHULTZ, UNEF 1992-1997, Denis SIEFFERT, Président UNEF US 1975-1978, Danielle SIMONNET, UNEF ID BN 1989-1995, Louis SOUCHIERE, BN UNEF 2014-2015, Antony SMITH, BN 1994-1997, Benjamin STORA, UNEF, 1970-1976, Philippe STIERLING, 1984-1986, Gabriel SZEFTEL, BN UNEF 2005-2008, Aurélien TACHE, UNEF 2006-2010, Sophie TAILLE POLIAN, UNEF ID, Jean François·TEALDI,, Leyla TEMEL, BN 2005-2006, Emmanuel TERRAY Cartel ENS 1956-1961, Georges TERRIER, BN UNEF ID 1982-1986, Laurent TERK, UNEF ID 1979 1985, Guillaume TESTA, BN UNEF ID 1996-1998, Marie-Noëlle THIBAULT FGEL 1960-1966, Alexandre THIEBAULT, Trésorier National UNEF 1999-2003, Isabelle THOMAS, Vice présidente de l’UNEF ID 1986, Mijo THOMAS, BN UNEF 1969-1970, Chloé TRIVIDIC, UNEF 2003-2006, Didier TZWANGUE UNEF ID 1980-1981, Antoine VALBON, BN UNEF 1981-1985, Benjamin VETELE, Vice-Président UNEF 2005-2007, Victor VIDILLES, Trésorier National UNEF 2006-2008, Marie-Pierre VIEU, UNEF SE Présidente 1994-1997, Frédéric VIGOUROUX, BN UNEF, 2001-2005, Jean VIGREUX UNEF-ID 1982-1986, WAHL Thierry, UNEF Renouveau, 1978-1979, Lauranne WITT, BN UNEF 2012-2015, Karel YON, UNEF ID BN 1997-2004, Jean-Claude ZANCARINI, UNEF 1966-1969, Michèle ZANCARINI-FOURNEL, UNEF 1964, Laurent ZAPPI BN UNEF-ID 1980-1982, Emmanuel ZEMMOUR, Président UNEF 2011-2014

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Le 86e congrès de l’UNEF du 6 au 8 décembre 2019

Le syndicat étudiant UNEF, historiquement une véritable usine à cadres pour la Gauche, va tenir son 86e congrès alors qu’elle est à un tournant. Elle a perdu en effet son approche historique d’organisation de masse pour devenir pratiquement une structure politique de la « Gauche » postmoderne, avec une démarche très sectaire.

Le 86e congrès de l’UNEF a lieu du 6 au 8 décembre 2019 à Lille, alors que l’organisation est en perte de vitesse dans la jeunesse depuis plusieurs années et est même passée au second plan dans les institutions étudiantes derrière la FAGE.

L’UNEF a rompu en effet avec la tradition de la Gauche historique – avec ses innombrables débats de tendance et ses liaisons avec les partis politiques – et ses militants agissent littéralement comme ceux d’une organisation politique avec des revendications ultra-minoritaires et sectaires.

Si les éléments les plus radicaux allant en ce sens sont parties – formant en mai 2019 la Fédération syndicale étudiante l’orientation de ce type reste hégémonique et l’organisation risque pas moins que l’auto-destruction.

Les seules réponses à la crise qui sont proposées par les quatre tendances en prévision du congrès sont en effet la fuite en avant dans les thématiques « minoritaires » propres à la « Gauche » postmoderne ainsi qu’une puissante décentralisation.

La Tendance Action Syndicale (TAS), la Tendance Action Collective et Luttes Étudiantes (TACLE) et la Tendance Réformiste pour une Alternative Démocratique et Écologiste (TRADE) ne parviennent de toutes façons pas à peser sur la Tendance Majorité Nationale. Celle-ci dispose de la majorité depuis 2001 et provient même de la fraction majoritaire dans l’UNEF-ID, lié au Parti socialiste, depuis 1994.

Pour comprendre à quel point c’est l’échec, il suffit de regarder le programme de la Tendance Action Syndicale (TAS). Rien que la première page dispose d’une demi-page de notes en petits caractères pour expliquer des concepts comme crise du capitalisme, matérialisme dialectique, fascisme, capitalistes, État, crise politique/économique.

Tout cela est indéniablement important, intéressant, on ne peut pas en disconvenir. Mais s’imaginer que c’est le lieu pour cela ou que des notes en petits caractères vont élever le niveau idéologique, politique, c’est de l’ultra-gauchisme, purement et simplement.

Il en va de même pour la Tendance Action Collective et Luttes Étudiantes (TACLE), liée au NPA, qui nie totalement que la poignée d’activistes étudiants est totalement marginalisée chez les étudiants et s’imagine représenter une minorité politique à deux doigts de la prise du pouvoir :

« Nous avons donc une responsabilité, celle d’être une génération forgée à la chaleur de l’affrontement à ces attaques et à ce gouvernement capitaliste. Une génération militante formée, forgée et construite dans les Assemblées Générales massives contre la loi ORE, dans les grèves, dans les blocages, dans les manifestations massives, dans les actions coups de poing. »

La Tendance Majorité Nationale n’échappe à cette lecture fantasmée et décalée ; voici les premières lignes de son document :

« «La plus grande gloire n’est pas de ne jamais tomber, mais de se relever à chaque chute»

Nelson Mandela

Introduction: Etats-Unis, Brésil, Grande-Bretagne, Inde, Italie… Les forces réactionnaires et d’extrême-droite n’ont cessées de gagner du terrain ces dernières années aussi bien par la voie 8électorale que sur le plan des idées.

Pendant que le Brésil de Bolsonaro se referme sur lui-même, sacrifie l’Amazonie au nom de sa politique, coupe drastiquement sur le financement de l’enseignement supérieur et impose des lois homophobes, l’Inde persécute les personnes musulmanes de la région du Cashemir.

Néanmoins les populations mondiales ne restent pas silencieuses, et s’élèvent pour exiger démocratie et justice sociale: Algérie,Soudan, Hong Kong, Turquie etc. ici aussi la liste est longue. »

La Tendance Réformiste pour une Alternative Démocratique et Écologiste (TRADE) propose quant à elle l’abandon de tout projet global et un fédéralisme permettant une autonomie complète.

« Adopter une approche Bottom-Up : décentraliser

Notre organisation se doit d’être plus humble et de revenir à une structure décisionnelle locale, avec le développement de tracts locaux, de chartes graphiques locales. L’Unef se réalisera pleinement lorsqu’elle fera la somme de ses racines en un tronc commun et non pas en imposant à une multitude de branchages une seul voie. C’est l’appauvrissement des idées et des moyens d’actions qui nous touche par l’incapacité à renouveler nos méthodes militantes.Il faut accorder un poids plus important aux sections locales en leur accordant une autonomie accrue. »

On l’a compris : la majorité veut faire comme avant, les autres tendances exigent l’autonomie des sections, alors que dans tous les cas les seules valeurs communes sont un activisme estudiantin avec des thématiques telles l’écriture inclusive, les revendications « LGBT+ », etc.

Alors que la seule solution, pour que l’UNEF se maintienne et se reconstruise, est un retour aux fondamentaux, aux enseignements de l’UNEF-ID et de l’UNEF (dite « SE ») des années 1980, avec une cessation de la prétention à être ce qu’elle n’est pas : une organisation politique.

L’UNEF ne peut exister que comme mouvement de masse ; qu’il y soit parlé politique et que la politique décide, tant mieux, car le syndicalisme en soi n’aboutit à rien. Mais la négation du syndicalisme, sa transformation en un jeu « hyper-révolutionnaire » ultra-minoritaire se mettant sur le même plan que le monde du travail, c’est de la simple vanité et surtout un suicide.

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Communiqué de la librairie Meura après le scandale des livres déchirés à la Faculté de droit de Lille

Voici le communiqué publié par la librairie Meura juste après le scandale des livres déchirés à la Faculté de droit de Lille. Ce communiqué est d’une grande dignité face à cet acte consternant, de la part de certains étudiants assumant un nihilisme insupportable tellement il est rétrograde, pour ne pas dire fascisant.

« Le 12 novembre, François Hollande était invité à la Faculté de droit de Lille, à l’occasion de la parution de son dernier livre.

La librairie Meura a été sollicitée pour vendre ce livre dans l’amphithéâtre. Nous avons préparé la rencontre avec la librairie L’Affranchie. L’ampleur des réservations annonçait un événement que nous n’aurions pu supporter seule. Alors nous avons allié nos forces.

Avant l’arrivée de l’auteur, l’amphithéâtre a été envahi par des manifestants. Certains se sont immédiatement saisis des livres disposés sur la table et ont commencé à les déchiqueter. L’espace dédié aux libraires a été saccagé.

Lorsque je me suis approchée des manifestants, dans l’espoir de sauver les 3 cartons restants, rangés sous le stand, j’ai expliqué que ces livres étaient fournis par des libraires, qui plus est indépendants et petites.

On m’a répondu avec un grand sourire et un haussement d’épaule : « elle se fera rembourser! ».

Je me suis éloignée quand j’ai constaté qu’en quelques secondes, ces cartons ont été aspergés de café.

J’ai assisté à la destruction méthodique de tous les exemplaires disponibles, au piétinement et à la disparition de notre matériel.

Parmi les manifestants, plusieurs se sont ensuite désolidarisés de leurs camarades et sont venus s’excuser ou manifester leur soutien. Je les en remercie.

Mais je n’oublierai pas que certains ont trouvé normal de détruire des livres. En justifiant le geste de déchiqueter chaque livre par la situation dramatique de ce jeune homme à Lyon.

Comment faire entendre notre parole dans ce cas, sans apparaître comme un petit boutiquier plus occupé à pleurer un bien matériel qu’à se battre pour une vie humaine?

En justifiant le geste d’arracher les pages des livres une à une par le refus de discuter avec un auteur honni.

Comment continuer à travailler dans une librairie, indépendante, spécialisée, s’il n’est plus envisageable de parler avec ceux qu’on abhorre? La démocratie exige l’échange. La vie en communauté passe par la coexistence avec ceux que tout nous oppose.

Notre métier n’a pas de sens s’il ne permet pas la discussion des contraires et la formation d’esprits libres.

Pour une librairie de sciences humaines, c’est même son essence. La discussion des idées, la contradiction dans la discussion.

En justifiant enfin le geste de faire disparaître des livres par notre participation au système capitaliste. Nous sommes des commerçants, certes. Des libraires. Le commerce le moins rentable de France. Des libraires indépendants. Qui savent travailler ensemble si nécessaire. Parce que nous sommes des économies fragiles, nous savons l’importance du collectif.

Nous savons qu’à plusieurs, nous unissons des forces et pallions nos faiblesses. Des libraires qui défendent des fonds difficiles, exigeants. Pour qui la rentabilité n’est qu’un outil au service d’une belle idée: la liberté de penser. Qui faisons vivre nos lieux à bout de bras, à bout de doigts. À bout de souffle.

Les assurances ne prendront pas en charge le dommage. En revanche, l’Université a immédiatement fait savoir qu’elle nous soutiendrait. Cela semblera peut être normal pour le grand révolutionnaire en peau de lapin qui m’a répondu avec ce grand sourire. Il pourra s’acheter ainsi une bonne conscience à peu de frais pour lui.

Les faits sont là. Des livres ont été détruits.

En toute conscience. Par des personnes qui ont été à l’école et qui n’ignorent donc pas l’histoire.

Nous ne souhaitons ni amalgame, ni généralisation. Nombreux ont été ceux, sur le moment, à nous manifester leur soutien.

Mais je ne pensais pas vivre en France en 2019 la destruction de livres.

Évidemment que la perte de livres n’est rien en comparaison des situations difficiles que traversent beaucoup de personnes.

Mais je suis heureuse que Soazic Courbet, de la librairie l’Affranchie, ni aucun autre libraire n’ait assisté à ce qui s’est passé. Les violences symboliques sont, ils me semblent, tout aussi insupportables.

Il est tout aussi insupportable de penser à tous ceux qui vont allègrement récupérer cet événement.

Nous remercions tous ceux qui nous ont apporté leur soutien. Y compris ceux qui mettent en place des actions de collectes ou incitent à venir dans nos librairies (vraiment, n’oubliez pas l’Affranchie, notre partenaire d’infortune).

Sincèrement.

Mais nous rappelons que l’essentiel, hier, ne pourra pas être racheté avec des espèces sonnantes et trébuchantes.

Une plainte va être déposée prochainement. »

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Politique

Le suicide n’est pas une forme politique

La tentative de suicide d’un jeune est une chose horrible, c’est un drame qui est une expression de désespoir. Cela ne saurait être autre chose. Y voir un caractère politique, comme avec la tentative de suicide d’un syndicaliste étudiant à Lyon, c’est accorder une valeur à l’autodestruction, ce qui est totalement étranger historiquement au mouvement ouvrier.

Le syndicalisme étudiant, en cherchant à mobiliser autour de ce drame, témoigne qu’il est définitivement passé dans le camp de la « Gauche » postmoderne et qu’il n’a aucune considération pour les classes sociales.

La Gauche a des responsabilités et il faut être absolument clair : le suicide et la grève de la faim sont des formes totalement étrangères au mouvement ouvrier. C’est une autodestruction, qui a toujours été réfuté comme étrangère au mouvement de l’Histoire. Il faut donc absolument tout faire pour éviter que des gens, par désespoir, par impression de se heurter à un mur, contourne le patient travail politique de gauche au profit d’une action autodestructrice « spectaculaire ».

En ces temps troublés, de faiblesse sur le plan des idées, ce genre d’actions est d’autant plus « fascinante », sans parler des réseaux sociaux qui en amplifie « l’écho ». Il y a donc lieu pour la Gauche de réfuter catégoriquement ce genre d’approches, d’empêcher que cela devienne une forme « acceptable ».

Il y a donc beaucoup de légèreté de la part de syndicalistes étudiants de la « Gauche » postmoderne à profiter d’un acte de désespoir pour récupérer la chose politiquement et tenter de faire du bruit au sujet de la précarité étudiante. Plusieurs jours après la tentative de suicide, ils cherchent à profiter de la juste émotion pour mobiliser. C’est là un jeu extrêmement dangereux, qui peut avoir des conséquences atroces. Intégrer un acte irrationnel comme le suicide dans un dispositif à prétention politique, c’est banaliser l’acte.

En agissant ainsi, on donne de la valeur à un tel acte, on reconnaît qu’il aurait été déclencheur, révélateur. On le reconnaît comme jouant un rôle socialement, ou sur le plan des idées. C’est une véritable catastrophe, un déni total de la raison.

Surtout que dans le peuple la règle est très claire : quand on a une famille, on ne se suicide pas. Dans le peuple on assume ses responsabilités, quitte à souffrir, toute sa vie. C’est ce que font 35% d’Argentins vivant dans le dénuement, pour qui la moindre chose est un luxe, dont 10 % qui ont basculé dans cette misère d’un coup ces dernières semaines. Et c’est ce que font des millions et des millions de personnes en France également, dans des conditions moins difficiles matériellement mais avec autant de souffrance morale.

Car la vie quotidienne dans cette société est, objectivement, un cauchemar. Et la réponse n’est jamais le suicide, toujours la lutte. La classe ouvrière ne se suicide pas. Qui dans le monde accordera un sens au suicide d’une personne jeune, qui a des parents qui peuvent l’héberger, qui a une petite amie, qui a la sécurité sociale grâce aux avantages sociaux, qui a disposé d’une bourse les années précédentes ? Qui plus est dans l’un des pays les plus riches du monde… Non ce n’est pas possible d’accorder une valeur à un tel acte. Il ne faut pas valoriser des actes aussi destructeurs ; rien ne peut en sortir de bon.

Et il ne s’agit pas de « précarité » étudiante ou de passer au 32 heures pour supprimer le chômage. C’est de toute la société qu’il s’agit, dans son rapport au travail, à la nature, à la vie elle-même. Cela va bien plus loin que de voir en la source des problèmes François Hollande. Ce dernier devait être présent à Lille et des étudiants de la « Gauche » post-moderne en ont profité pour déchirer les exemplaires de son dernier livre. Déchirer un livre ! Comment peut-on, en France, déchirer un livre ? Mais qui sont ces gens !

Il est vraiment terrible de voir comment en ce moment la France refuse la lutte des classes, comment on demande à l’État d’améliorer les choses et comment on trouve dans quelques gouvernants des bouc-émissaires. Les gilets jaunes sont un terrible exemple et les suicides « argumentés » récents  – comme celui d’une directrice de maternelle à Pantin – en sont un autre exemple, dramatique.

Il faut impérativement une sortie par en haut, ce que seuls les ouvriers peuvent apporter en rentrant dans la bataille. Sans eux, rien ne peut bloquer cette spirale du négatif.

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Société

Université de Bordeaux: les postmodernes torpillent une conférence sur la PMA et la GPA

À l’université Bordeaux Montaigne, une conférence devant aborder de manière critique la PMA et la GPA a été torpillée par le syndicat Solidaires étudiant-e-s Bordeaux, ainsi que les associations GRRR, Riposte trans, Mauvais Genre-s et WakeUp! La « Gauche » postmoderne se fait ici encore ouvertement l’appui de l’ultra-libéralisme et des institutions elles-mêmes, sous couvert d’un discours très radical en apparence.

Le 24 octobre devait se dérouler une conférence à l’université de Bordeaux Montaigne, dont voici la présentation :

« Avec Sylviane Agacinski : « L’être humain à l’époque de sa reproductibilité technique »

Écrivaine et philosophe

Avec le développement des biotechnologies, le corps devient une « ressource » nécessaire à certaines méthodes thérapeutiques, comme la transfusion sanguine, la greffe de tissus et d’organes, ou encore un « matériau biologique » nécessaire aux technologies de la reproduction humaine. Le corps humain vivant, charnel, devient un corps utilisable – tantôt pour la recherche, pour les traitements médicaux, ou pour la procréation assistée.
À partir de là se pose, de façon nouvelle, la question morale et juridique de la protection des personnes et de leur corps. »

Cela devait relever d’un cycle de conférences régulières avec des sujets divers. Le titre de la conférence est une allusion à un texte de 1935 du philosophe Walter Benjamin, L’Œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique. Il y étudie le rapport entre la société de consommation s’installant alors et les impressions de l’œuvre d’art sur les gens.

Cette approche, critiquable peut-être intellectuellement, mais dans tous les cas uniquement intellectuelle et totalement institutionnelle, a été une cible de la « Gauche » postmoderne, qui compte bien étouffer toute réflexion organisée sur la PMA et la GPA, au nom des « droits individuels » et de la remise en cause de « l’hétérofascisme ». Les partisans de la théorie du genre ont ainsi prévenu :

« Nous mettrons tout en œuvre afin que cette conférence n’ait pas lieu. »

C’est ce qu’on lit dans un communiqué signé du syndicat Solidaires étudiant-e-s Bordeaux, ainsi que les associations GRRR, Riposte trans, Mauvais Genre-s et WakeUp! On a d’ailleurs un exemple de plus de comment la « Gauche » postmoderne a massacré les restes du syndicalisme étudiant en le faisant passer dans le camp des revendications sociétales les plus ultra-libérales. Ici, le syndicat étudiant est associé à pas moins de quatre structures LGBT !

Il est flagrant qu’il n’y a plus rien de raisonnable, pour autant qu’il y en ait eu, chez ces agents de l’ultra-libéralisme dans les rangs de la Gauche.

Cette « Gauche » post-moderne n’est d’ailleurs pas à une contradiction près. Solidaires étudiant-e-s Bordeaux, le syndicat étudiant à l’origine de l’initiative de refus de la conférence, reconnaît lui-même que les institutions sont exactement sur la même ligne que lui.

« Alors que cette année l’Université Bordeaux Montaigne se targue de prendre en compte les prénoms d’usage des étudiant-e-s transgenres afin « d’éviter une exposition à de possibles attitudes ou pratiques discriminatoires », elle invite dans le cadre de ses conférences la “philosophe” Sylviane Agacinski pour parler de « L’être humain à l’époque de sa reproductibilité technique » le jeudi 24 octobre 2019 à 18h sur le campus de Pessac. »

On a ainsi des gens se prétendant de gauche, mais trouvant très bien une initiative institutionnelle poussée par le camp du libéralisme dans notre pays ! Et œuvrant à dénoncer comme « réactionnaire » ceux qui s’y opposent… Tout en reprochant au système de ne pas aller assez loin, de ne pas aller assez vite.

On n’a pas ici une Gauche qui reproche au système d’exister et entend le dépasser, mais une « Gauche » postmoderne qui veut le diluer, le faire s’accélérer pour aboutir à l’atomisation la plus grande, avec des individus « tous différents », sans aucun universalisme.

Sa dimension essentielle – être le fer de lance de l’ultra-libéralisme – doit être véritablement compris pour comprendre comment relever la Gauche historique.

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Société

L’enquête annuelle de l’Unef sur le coût de la vie étudiante

Comme chaque année, l’Unef publie un étude portant sur le coût de la vie pour les étudiants. D’après leur enquête, la hausse du coût de la vie étudiante est deux fois supérieure à l’inflation, soit une augmentation de 2,83%. Les difficultés concernent surtout le logement, car les prix se sont envolés dans les grandes villes ces dernières années et continuent d’augmenter.

Voici l’étude, qui est très détaillée et accompagnée des revendications de l’organisation étudiante :

Dossier-panier-social-3

L’Unef propose également un étude comparative du coût de la vie pour les étudiants dans les différentes villes :

classement-des-villes-universitaires-2019

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Politique

La réponse de la présidente de l’Unef Mélanie Luce à la scission

Dans un article publié sur un blog Médiapart, la présidente de l’Unef Mélanie Luce répond à l’importante minorité qui a quitté la structure récemment pour en former une nouvelle. Elle leur reproche de « jeter l’éponge », alors que le congrès se profile pour le mois de décembre et qu’elle propose de reconstruire le syndicat de manière unitaire.

Ce qu’elle dit va cependant dans le même sens apolitique que ces derniers, qui disaient refuser « d’être la “maison commune de la gauche” sur les établissements d’enseignement supérieur. »

> Lire également : La scission au sein de l’UNEF

Elle propose pour sa part d’assumer un syndicalisme apolitique, quasiment corporatiste.

On retrouve le même état d’esprit dans les deux longs documents bilan et projet publiés hier en vu des élections au Conseil National de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, où l’Unef assument totalement sa participation institutionnelle et entends accroître son rôle au sein des institutions universitaires .

Voici l’article de Mélanie Luce :

« De l’urgence de renouveler le syndicalisme étudiant

L’éducation, et ainsi l’enseignement supérieur, constitue un pilier central de notre société. Pourtant celui-ci est dans un état déplorable. Nos universités censées permettre à chaque jeune, quelle que soit son origine sociale son genre ou identité de genre, sa couleur de peau ou encore son orientation sexuelle, de se former et de s’émanciper continuent de reproduire les inégalités. Seul∙e∙s 7% des étudiant·e·s en master sont enfant d’ouvrier·e·s. Si nos universités se sont un temps massifiées, nous constatons depuis de trop nombreuses années que l’ascenseur social est en panne. Pire, la politique mise en œuvre par le gouvernement actuel ne fait qu’alimenter cette crise de l’élévation sociale. En rupture avec l’objectif même de notre enseignement supérieur, Emmanuel Macron ne cesse de fermer progressivement les portes de nos établissements sans jamais répondre aux véritables enjeux auxquels nos universités sont confrontées (manque de budget, refonte nécessaire de nos pédagogies, concurrence entre des établissements censés avoir un seul et même objectif : former les générations de demain). A l’inverse, il fait des étudiant·e·s la variable d’ajustement d’une politique néfaste pour nos universités et notre société.

A l’heure où beaucoup remettent en cause le rôle des organisations syndicales, je suis convaincue qu’elles restent le meilleur outil pour organiser les populations qu’elles représentent. En effet, à l’heure où les jeunes sont taxés d’individualisme exacerbé, ne s’engageraient pas assez d’après certain·e·s, de manière trop extrême d’après d’autres, seul un syndicat à leur image peut capter ces nouvelles formes d’engagement. A l’heure où les étudiant·e·s voient leurs droits s’amenuiser et la précarité étudiante progresser et face à un gouvernement qui a tourné le dos à la démocratisation de l’enseignement supérieur sans l’assumer et qui refuse d’écouter toute contestation, le meilleur outil pour faire avancer et défendre nos droits, c’est un syndicat étudiant fort qui rassemble autour d’un projet.,

Le syndicalisme étudiant est en pleine évolution. Nous devons nous demander : quel type de syndicalisme pour agir au mieux ? Quelles instances démocratiques ? Quelle place à chacun·e en son sein ? L’UNEF a traversé de nombreuses périodes difficiles, elle est affaiblie par sa place de deuxième organisation étudiante et ses crises internes. Dans ce contexte certain·e·s font le choix d’abandonner et de morceler le mouvement étudiant en imaginant qu’un nouvel organe résoudra tout. Pourtant le morcellement est la pire des solutions. Une nouvelle organisation ne change rien si nous ne faisons pas évoluer nos pratiques. Si certain·e·s préfère jeter l’éponge et se rassurer derrière l’artefact de la nouveauté, je me refuse à accepter la prétendue fatalité d’une fuite en avant, à accepter qu’il faille être toujours plus radical pour se faire entendre, à accepter la résignation et l’action individuelle comme seules issues face au gouvernement. Je refuse de renier la bannière syndicale, outil historique de lutte pour nos droits. Je suis à l’inverse convaincue que nous devons le reconstruire, le faire avancer.

Pour reconstruire le syndicalisme étudiant, nous devons nous appuyer sur un syndicat qui a des bases solides. La première : celle de n’avoir qu’une boussole, l’intérêt des étudiant∙e∙s, qu’un seul propriétaire, ses adhérent·e·s. L’UNEF doit s’appuyer sur ses fondations, ce qui fait sa force, c’est-à-dire, un projet : garantir l’accès et la réussite de tou·te·s dans les études supérieures quel que soit les déterminismes sociaux qui nous touchent et permettre l’émancipation de chacun·e, une volonté : rassembler les étudiant·e·s derrière ce projet, et une démarche : utiliser tous les outils pour nous faire entendre (aussi bien la mobilisation que notre place dans les instances).

D’après certain·e·s, nous devrions renier ces mêmes fondations. Nous ne devrions plus être la « maison commune de tou·te·s les étudiant·e·s » et ainsi nous adresser qu’à certain∙e∙s d’entre nous. Au contraire, je dis que c’est la seule issue. Notre condition sociale, nos aspirations nous unissent, ne laissons pas les divisions s’installer ! Acceptons les débats internes tant que ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui nous divise ! Ce qui fait la force de l’UNEF, c’est aussi notre capacité à nous saisir de tous les cadres pour nous faire entendre (aussi bien de la mobilisation que de notre place dans les instances et ainsi des élections) et notre indépendance vis-à-vis des partis politiques, des syndicats professionnels, de l’administration. Ces éléments sont la clef de voute d’un syndicat qui n’appartient qu’à ses adhérent·e·s.

Au-delà de nos fondations, reconstruire le syndicalisme étudiant passe également par regarder vers l’avenir. Nous devons nous poser les bonnes questions pour trouver les bonnes réponses. Notre défi est celui de redonner envie aux étudiant·e·s de s’engager dans le syndicalisme et de donner leur avis sur ce qui se passe dans leurs universités, nous devons redonner confiance dans l’efficacité et la force que nous avons quand nous agissons tou·te·s ensemble. Il devient essentiel de démontrer l’utilité concrète de l’action syndicale, de permettre à tou·te·s les étudiant·e·s de se saisir du syndicat pour défendre leurs droits, d’adapter nos modes d’actions aux enjeux actuels et de répondre à l’envie croissante de démocratie dans l’ensemble des pans de notre société. Voilà les défis que nous avons à relever !

Faire avancer les droits des étudiant·e·s, lutter contre la précarité et pour l’accès de tou·te·s aux études supérieur, lutter pour une société et un enseignement supérieur qui s’engage pour la transition écologique, lutter contre les discriminations doit passer par ces réflexions si nous voulons être efficace. Ces questions transcendent l’ensemble du mouvement social et nous n’avons pas la prétention d’y répondre seul·e·s. C’est un processus long et un travail que nous avons engagé depuis longtemps et auquel chacun·e doit pouvoir participer. Le congrès de l’UNEF qui aura lieu en décembre doit nous permettre d’apporter certaines réponses, de repenser nos pratiques syndicales et de permettre à tou·te·s les étudiant·e·s qui le souhaitent d’avoir voix au c

«

hapitre. Dans cet objectif nous permettrons à chaque militant·e·s, adhérent·e·s, étudiant·e·s membres de l’UNEF ou non de s’exprimer sur la feuille de route que doit avoir l’UNEF pendant les deux prochaines années dans le cadre de notre congrès.

Les enjeux sont nombreux. Nous sommes dans une période charnières, nous ne pouvons laisser le gouvernement détricoter nos droits, nos universités se dégrader, leurs portes se refermer et continuer à regarder celles-ci passer à côté de l’enjeux essentiel qu’est la transition écologique. C’est notre quotidien et notre droit à l’avenir qui sont en jeu : ce combat est celui de tou·te·s les étudiant·e·s !

Mélanie Luce, Présidente de l’UNEF »

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Politique

La scission au sein de l’UNEF

Les syndicalistes étudiants, toujours plus minoritaires chez les étudiants et toujours plus décalés par rapport à la société, croient en leurs propres mensonges. Ils pensent que la démarche portée entre autres par l’écriture inclusive représente l’avenir. En réalité, ils servent à la démolition de la Gauche historique et raisonnent en termes de factions. C’est l’origine de la scission dans l’UNEF.

Cela fait plusieurs années que l’UNEF, historiquement le grand syndicat étudiant de la Gauche (divisé longtemps en « ID » et « SE », c’est-à-dire lié au PS ou au PCF), connaît un processus d’effondrement, strictement parallèle à la dépolitisation toujours plus massive de la société française. Au sein des conseils d’administration des Crous, c’est même la Fédération des associations générales étudiantes (Fage), corporatiste, qui est passé en tête, en décembre 2018, avec 46 % des voix, contre 30 % à l’UNEF.

Or, on sait que la Gauche post-industrielle, post-moderne, connaît un succès réel dans les universités, de par l’influence massive des conceptions importées des universités américaines (écriture inclusive, « oppressions systémiques », « décolonisation », « validisme », « transphobie », LGBTI+, etc.) Ses méthodes sont celles d’un activisme dans tous les sens. Il y a donc une contradiction insoluble par rapport au syndicalisme étudiant lié à la Gauche politique.

Une scission des éléments les plus radicalisés, les plus auto-intoxiqués, était donc inévitable. Cela vient de se produire, une importante minorité comptant se séparer de la « majorité nationale » sur le plan de l’organisation. Cela se déroule juste avant le prochain congrès, que la majorité a placé sous le signe d’une relative dépolitisation.

Au centre de l’initiative, on a la Tendance unité et action syndicale (TUAS), représentant un peu plus de 20 % des membres de l’UNEF. Le moyen est un long texte explicatif écrit par un peu moins d’une centaine de signataires.

Les contestataires, partisans d’un appui ouvert à la gauche post-industrielle, post-moderne, ne voient pas pourquoi :

– ils accepteraient un soutien aux institutions universitaires qui se réduisant à peau de chagrin, n’a plus guère d’intérêt ;

– ils accepteraient la pratique du droit de tendance, en mode « grande famille de la Gauche », alors que sa démarche est fondamentalement différente.

Si on regarde les choses avec le regard d’hier, on se dit que c’est la réapparition d’un courant proche de l’esprit de l’UNEF-SE, qui rejetait le droit de tendance et avait un positionnement social plus offensif que l’UNEF-ID. Surtout que tout cela est revendiqué au nom du syndicalisme de classe, de la classe ouvrière.

Mais c’est en réalité de la mythomanie typique du milieu étudiant « gauchiste », puisque la conclusion faite est qu’il faudrait faire du syndicalisme étudiant, et non pas rejoindre la Gauche politique ! Quand on voit cela, tout est dit, surtout quand on sait que le grand bastion de ces « contestataires », c’est Sciences-Po Paris…

On assiste en fait à l’apogée de l’activisme des étudiants post-industriels, post-modernes, qui pensent réellement avoir les moyens de poser un levier sur la société, alors qu’ils n’ont jamais été autant décalé. Ils croient en leur propre mensonge, et vont jusqu’au bout.

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« Lettre aux camarades de l’UNEF »

[Cette lettre expose les griefs d’une minorité du syndicat étudiant UNEF, qui quitte la structure pour en monter une autre. Sa base est la Tendance unité et action syndicale.]

> Lire également : La scission au sein de l’UNEF

 

« Lettre aux camarades de l’UNEF

Issu-e-s principalement de la TUAS, ainsi que de la Majorité nationale de l’UNEF, nous faisons le choix aujourd’hui de quitter l’organisation. Ainsi, nous comptons bien expliquer une dernière fois notre démarche et retranscrire ici nos points d’analyse sur ce qu’est l’Enseignement supérieur et la recherche (ESR) aujourd’hui, ce qu’est le mouvement étudiant, et enfin ce qu’est et n’est pas l’UNEF, les impasses dans lesquelles elle ne cesse de sombrer, et pourquoi il nous semble aujourd’hui nécessaire d’en finir.

Ce texte se veut un outil permettant d’amorcer ou d’approfondir les réflexions de l’ensemble des camarades du syndicat : quels sont les impératifs qui nous sont posés par l’évolution de l’ESR ? Comment doit s’adapter et répondre le syndicalisme étudiant ? Quel est notre rôle et notre devoir de syndicalistes aujourd’hui ? Depuis plusieurs années, ce sont l’ensemble des organisations syndicales, et globalement des organisations du mouvement social qui sont en déclin.

Cela se constate aussi bien pour le monde étudiant que pour le syndicalisme professionnel, ou encore dans le monde politique. Cette année universitaire est marquée par un contexte social inédit : le mouvement des Gilets jaunes. Bien que ses organisations traditionnelles soient affaiblies et n’aient pas été à l’initiative de ce mouvement, ce sont bien les classes populaires qui en sont actrices. Cette forme de lutte prolongée est inédite tant par sa durée que par ses formes d’organisation.

Ainsi, elle a ses atouts et ses faiblesses : massive et régulière, assumant un rapport de force en rupture avec la traditionnelle méthode du “dialogue social”, mais n’arrivant pas à mettre la question de la grève et d’un impact économique de masse véritable. Cette situation est révélatrice d’une nécessité de remise en question, d’autocritique profonde, et d’adaptation des structures syndicales.

1) L’Enseignement Supérieur d’aujourd’hui : Depuis les années 1980, et particulièrement les réformes suivant le processus de Bologne, l’ESR est soumis à un processus de libéralisation permettant à la bourgeoisie d’avoir des travailleurs et travailleuses mieux formé-e-s.

Ainsi, l’ESR passe progressivement d’un rôle de transmission et d’accroissement global des savoirs, a un rôle d’acquisition de compétences précises. La libéralisation s’est également accompagnée d’un processus de bipolarisation dans l’ESR avec d’un côté les grandes écoles et les universités élitistes, et d’un autre des facs de sciences humaines et sociales ou des universités de proximité sous financées car jugées non rentables, et des cursus courts et professionnalisant assurant un accès rapide au marché du travail.

Ainsi, l’ESR permet aux élites bourgeoises et petites bourgeoises d’accéder à des lieux de formation les amenant à des positions dominantes (écoles, prépas…), et les élèves et bachelier-e-s issu-e-s des classes populaires l’accès à des diplômes à dévaluation rapide, quand il ne sont pas simplement privé-e-s d’un accès à l’ESR.

Les questions de la formation professionnelle et de l’acquisition de compétence sont donc de moins en moins prises en charge par le patronat, mais directement par le service public de l’ESR, au détriment de la transmission pédagogique. Ainsi, les coupes budgétaires, l’autonomie des établissements, malgré le nombre croissant de bachelier-e-s, ne cessent de précariser nos formations, ne cessent de remettre en question des conditions d’études et de vie digne pour les étudiant-e-s.

Au delà des structures d’enseignements mises en danger, le système d’aides sociales directes et indirectes (CROUS) est fragilisé toujours plus chaque année. Le nombre d’étudiant-e-s salarié-e-s est toujours faramineux, le salariat étant toujours la première cause d’échec dans l’enseignement supérieur. 2) Le mouvement étudiant d’aujourd’hui : L’affaiblissement général du mouvement étudiant lors des 30 dernières années s’est également accompagné d’une perte d’hégémonie de l’UNEF dans ce dernier.

On s’attarde beaucoup sur le fait que l’UNEF n’ai plus le leadership de la représentation étudiante dans les différents conseils de l’ESR, mais beaucoup moins de la réduction de son rôle lors des mobilisations et de sa pertinence en tant qu’outil de lutte.

Ainsi, l’UNEF a de moins en moins de place dans le mouvement étudiant, aussi bien d’un point de vue institutionnel que sur les campus universitaire, tant dans l’animation de la vie étudiante et la solidarité, que dans les mobilisations. Le milieu étudiant, à l’image de notre société, connaît un virage à droite et une grande dépolitisation.

Le syndicalisme est aujourd’hui représenté par trois type de structures : l’UNEF, dont nous posons aujourd’hui une analyse extrêmement critique ; Solidaires étudiant-e-s qui, bien qu’ayant une démarche syndicale s’inscrivant dans les luttes étudiantes est freiné par son fonctionnement autogestionnaire ; et enfin les syndicats locaux, présent-e-s dans les mobilisations et dans la vie étudiante mais dont la vision de l’ESR ne peut être que partielle ce qui implique mécaniquement des manquements dans les pratiques.

En plus de ce paysage syndical de plus en plus restreint, le mouvement étudiant laisse du terrain au corporatisme et à la dépolitisation : jamais la FAGE n’a été aussi forte, cette dernière continue de grandir et d’étendre son réseau, est reconnue comme première interlocutrice du gouvernement, et bien souvent couvée par les différentes administrations.

3) L’importance d’un réel syndicalisme étudiant : Notre place dans l’UNEF doit nous interroger sur le sens de notre engagement : le syndicalisme étudiant.

Qu’est ce que le syndicalisme de manière générale, qu’est ce que la spécificité du syndicalisme étudiant ? Historiquement, l’UNEF prend ses sources dans le corporatisme, avant de se revendiquer d’une identité syndicale après-guerre. Dans les faits, l’organisation est un cartel des différentes familles de la gauche présentes sur les universités, soumises à des jeux de pouvoirs permanents.

C’est d’ailleurs la source de la structuration en tendances du syndicat : trouver des règles communes permettant de faire cohabiter ces groupes, parfois avec succès, parfois sans y parvenir, soumettant l’organisation à des risques de fractions internes ou de scissions.

Nous, syndicalistes étudiant-e-s, pensons qu’il est grand temps de traduire notre vision du syndicalisme par la pratique et dans le mode de structuration que nous nous donnons. Ainsi, nous nous refusons d’avoir pour rôle d’être la “maison commune de la gauche” sur les établissements d’enseignement supérieur. Pour nous, l’identité syndicale est avant tout une identité de classe. Le syndicalisme est né dans le besoin de la classe ouvrière de s’organiser et lutter pour dépasser sa condition d’exploitée.

Le rôle des syndicalistes est donc d’élever le niveau de conscience, dans la solidarité de classe et les luttes, du milieu qu’elles et ils organisent. Le syndicalisme étudiant connaît une particularité : il n’organise pas une classe sociale, mais un groupe relativement hétérogène socialement.

Cependant, la lutte des classes impacte grandement l’ESR depuis le début des réformes de libéralisation qui y sont menées, les classes populaires y ayant un accès de plus en plus restreint, ou se voyant envoyées très tôt sur le marché du travail dans des contrats courts et précaires lorsqu’elles n’y ont plus accès. La lutte des classes traverse ainsi les structures de l’ESR, nécessitant l’existence d’une organisation syndicale de lutte, apte à défendre une vision populaire et ouverte de l’ESR.

C’est là que se trouve les sources du syndicalisme étudiant, s’organiser et lutter pour l’accès du plus grand nombre à un enseignement émancipateur et critique, non soumis aux logiques de rentabilités et aux intérêts bourgeois. Ainsi, le syndicalisme étudiant prend sa place dans le mouvement social, dans la lutte des classes, c’est là le sens de notre engagement.

Aujourd’hui, c’est un rôle que l’UNEF ne sait assumer, tant dans ses pratiques que par le cadre de sa structure, mais aussi dans l’analyse de son rôle, confondant la défense d’une classe sociale de l’organisation d’une “classe d’âge”, se revendiquant à la fois “syndicat étudiant” et “organisation de jeunesse”. L’UNEF n’est pas à la hauteur et ne se donne pas les moyens pour mener à bien cette mission syndicale.

4) Le rapport aux instances représentatives : L’activité de l’UNEF et la majeure partie de l’investissement de ses membres s’établissent en fonction de l’enjeu électoral.

Ainsi, deux semestres sur quatre, l’activité se concentre uniquement sur la préparation des élections, des dispos extérieurs afin d’assurer une présence du syndicat même sur les universités où nous n’avons pas ou plus d’équipes. Au delà des cycles de CROUS et de centraux “classiques” qui se concentrent sur 2 semestres l’UNEF joue aussi toutes les élections universitaires qui se tiennent hors de ces périodes et fait gravité une grande partie de son activité et de son énergie militante autour des cycles électoraux (UFR, Comue…). Dans le discours, la direction de l’UNEF parle d’une stratégie des deux jambes : une jambe dans la mobilisation, et une jambe dans les institutions.

Dans les faits, l’UNEF n’assure plus aucune mobilisation de manière sérieuse dans la plupart des universités. Et lorsqu’elle a des élu-e-s sa présence dans les conseils est réduite, voire nulle étant donné qu’une large partie des élu-e-s n’est issue que d’actes de couloirs et n’ont aucunes réelles volontés de siéger. Les cycles centraux sont consommateurs d’une énergie militante énorme pour des résultats minimes sur le milieu étudiant.

Théorisés comme étant un outil d’élévation de conscience, les élections ne permettent pas de remplir les objectifs syndicaux qu’on leur prétend. Il serait malhonnête d’affirmer que quelques jours de campagne (J-7, J-1) basés sur des dispos extérieurs et qu’une journée de dispo intense comme on peut connaître les jours de vote permettent aux étudiant-e-s de se conscientiser sur la question de la précarité, du salariat étudiant, de l’accès à la santé etc.

Cette attention disproportionnée accordée aux élections et aux conseils étudiants est d’autant plus embêtante qu’elle est ridicule. Les conseils étudiants ont été créés afin d’absorber les contestations et revendications étudiantes en leur accordant un accès factice à l’appareil décisionnaire des universités.

Aujourd’hui, les élu-e-s de l’UNEF correspondent à une minorité au sein des élu-e-s étudiants, eux mêmes minoritaires au sein des conseils. C’est d’autant plus d’éléments qui nous permettent de dire que notre impact via les conseils et l’importance qu’on leur accorde est démesurée. Ce positionnement vis-à-vis des institutions et des organes représentatifs est révélateur d’un rapport électoraliste et opportuniste à la représentation étudiante, malgré la bonne volonté que peuvent y mettre les camarades.

En effet, celui-ci puisqu’il s’explique par la dépendance du syndicat vis-à-vis des subventions ministérielles, résultant du nombre d’élu-e-s CNESER, dépendant directement du nombre d’élu-e-s dans les conseils de chaque université. Ce constat est d’autant plus problématique qu’il va à l’encontre du principe d’indépendance revendiqué par de nombreux syndicats, notamment l’UNEF. Car si le bon fonctionnement de l’UNEF repose essentiellement sur les subventions de l’état, l’UNEF est dépendante des intérêts de l’Etat qui sont contraires aux nôtres.

Or, cette indépendance est primordiale et doit être un des objectifs structurels prioritaire à atteindre et doit orienter notre manière de faire du syndicalisme. Il est important d’analyser la pertinence de mener des élections quand une section locale n’a pas les apports effectifs et militants pour être visible quotidiennement sur la fac via son action concrète, qui donne son sens premier à l’action syndicale.

L’argumentaire est purement hypocrite lorsqu’on pose les pieds pour la première fois dans un IUT, dans le seul but d’aller racler des voix chez les étudiant-e-s les plus exclu-e-s des services du CROUS. La faiblesse structurelle du syndicat observée depuis maintenant 5 ans creuse une contradiction entre la nécessité de maintenir le nombre d’élu-e-s assurant les subventions, et son affaiblissement sur de nombreuses sections locales.

Cette réalité amène à un décalage entre une absence de l’UNEF dans le quotidien des étudiant-e-s tout au long de l’année, et une sur-représentation assurée par des dispos extérieurs lors des élections, dans l’intérêt de la structure, les élu-e-s étant soit absents, soit ayant des initiatives et une volonté d’agir, mais découlant sur un impact très limité car n’étant pas appuyée par un travail de terrain.

5) Notre place dans les luttes étudiantes : La stratégie des “deux jambes”, comme nous l’avons vu, est largement biaisée.

Le caractère électoraliste et bureaucratique de l’organisation, existant pour son intérêt propre et cherchant principalement une légitimité auprès d’institutions plus qu’auprès des étudiant-e-s directement, fait que la question de la mobilisation étudiante est complètement éludée.

Ne pouvant plus compter sur des équipes syndicales fortes sur la majorité des facs, l’UNEF ne se concentre que dans la représentation politique et médiatique, et des rendez-vous ministériels pour négocier des miettes et se donner artificiellement de la légitimité.

Le positionnement institutionnel du syndicat, pousse aujourd’hui les sections locales à prioriser de manière mécanique les négociations en conseils ou auprès des administrations.

Cela pose problème quand les débouchés de ces négociations tapent à côté des revendications et des méthodes d’action des mobilisations et amène les militant-e-s à être en décalage avec le reste du mouvement étudiants. L’UNEF, par sa construction est aussi en incapacité de mener des mouvements sociaux en propre dans pleins de villes universitaires puisqu’elle n’a plus assez de sections locales en capacité de le faire par son nombre trop réduit de militant-e-s.

Ayant un prestance médiatique héritée du passé et de la renommée de l’organisation, elle capte souvent l’attention des médias et véhicule des positions au nom du mouvement social alors que ces dernières sont de plus en plus souvent minoritaires au sein du paysage contestataire et même de sa propre organisation. L’UNEF n’est plus motrice des mobilisations sociales ou à l’avant-garde des contestations comme elle le prétend.

Même si l’organisation peut être réactive sur plusieurs sujets, et même si elle avait la volonté de créer de réels rapports de forces, elle n’en a pas les capacités et ne s’en donne pas les moyens. Des sections locales, parfois très réduites, se retrouvent à devoir gérer entre le nom d’une organisation dotée d’un historique en demi-teinte et son attitude imbue d’elle même lorsqu’elle agit sans concerter le reste des acteur-trice-s alors qu’elle n’a plus le rapport de force de son côté depuis des années.

Ainsi, elle se rend détestable de tout le milieu étudiant et se fait souvent jetée des mobilisations naissantes. C’est une grande perte puisque ce sont les militant-e-s sur le terrain, parfois sans connaissance de tous ces éléments qui en pâtissent (notamment les nouvelles et nouveaux camarades), et à qui rencontre des limites dans leur progression sur des bases immatérielles.

6) Le réel impact de l’UNEF sur le milieu étudiant : Afin que nous puissions avoir un impact sur le milieu étudiant, il faudrait que l’UNEF soit construite.

Aujourd’hui l’UNEF n’est construite que très partiellement sur le territoire français et continue pourtant d’agir comme si elle était hégémonique. Elle cherche juste à faire tourner sa machine comme elle le fait depuis 30 ans sans se préoccuper de son affaiblissement structurel et militant pour deux raisons : d’un côté la direction n’a aucune vision sur ce qu’il se passe précisément en interne, de l’autre elle n’assume pas s’être autant affaiblie. La multiplication des déserts syndicaux, autrefois occupés par l’UNEF, n’est que symptomatique des fonctionnements décrits plus haut et de la détérioration interne et externe de l’UNEF.

On a revu à la baisse nos exigences sur les structures. C’est ce qui a conduit l’UNEF à se satisfaire d’AGE-individus jusqu’à leur fixer des objectifs du même acabits qu’à des AGE construites.

Le fonctionnement même de l’UNEF empêche à ses sections locales de relever la tête : en effet, lorsqu’un ou plusieurs cadres devient capable de faire fonctionner sa section locale, la structure a tendance à les mobiliser rapidement pour répondre à des besoins bureaucratiques internes ou externes (gérer les clashs entre tendances, gérer des élections, diverses commissions et conseils). Cela peut ou non se faire par une montée au bureau national mais qui, dans tous les cas, déstabilise la section locale.

Aussi, le besoin fort en cadres nationaux, elles et eux-même mobilisé-e-s pour effectuer les même tâches bureaucratiques sans impact réel sur le milieu étudiant ne sont que des illustrations supplémentaires de l’aspect court-termiste des réflexions.

En effet, plutôt que de chercher à pérenniser leurs sections locales en laissant les cadres efficaces progresser individuellement, développer leur section locale et ainsi faire du syndicalisme étudiant au quotidien, l’UNEF fait le choix de renforcer en soi sa structure par le biais de montées au BN ou la délégation de tâches vides de sens afin de remplir des objectifs immédiats de préservation de la structure.

Les effectifs militants sur des AGE sont très disparates et la tendance est de ne pas apprendre de l’expérience des AGE qui ont pu se construire en produisant une analyse poussée des succès et échecs de leur stratégie de construction. Bien au contraire, par manque d’autocritique, qui est un outil primordial à l’amélioration de l’activité locale, et par des choix précipités et déconnectés de la réalité militante et étudiante, des AGE se sont vu déstabilisées là où elles auraient pu progresser.

Ces besoins de la structure, ainsi que les cycles habituels et rapide de l’UNEF, entre rentrées universitaires, élections CROUS, élections centraux, et congrès, ne font que freiner la construction et le renforcement des sections locales. L’impact sur le milieu est limité, car naturellement conditionné par la santé des AGE et leur état. Ainsi, l’UNEF est absente d’une part beaucoup trop importante des campus de France et il s’agit de le reconnaître, elle n’a qu’un impact minime sur le monde étudiant.

Or, si on suit l’état des mobilisations, aujourd’hui déjà très polarisées sur quelque bastions, l’UNEF n’a que très peu, voire pas du tout, de visibilité puisque très peu d’impact concret. La construction et l’activité d’une AGE ne peut pas reposer sur la bonne volonté et la discipline d’un seul individu.

7) Le système en tendances : La première contradiction qui opère dans le fonctionnement de l’organisation découle du fait même de sa structuration interne.

L’UNEF est sclérosée et divisée par son système en tendances, qui alimente et fige les clivages et éloigne les individus des objectifs communs de l’organisation. Cette structuration se justifie par la volonté du syndicat de se revendiquer comme étant la “maison commune de la gauche”, un agglomérat de groupes politiques ayant pour vocation de tirer le syndicat vers sa ligne propre. Ce système est l’héritage d’une organisation centenaire, s’étant composée et recomposée en interne après une forte politisation, et la nécessité de faire cohabiter des groupes politiques forts au sein du monde étudiant.
Les contradictions d’un tel système ont déjà été exacerbées jusqu’au point de rupture de nombreuses fois dans l’histoire de l’UNEF, mais la situation actuelle est sans précédent, avec une direction qui s’acharne à vouloir maintenir un système qui divise, dans une UNEF affaiblie comme elle ne l’a jamais été auparavant, et dans un contexte de recomposition et d’effondrement de la gauche française qui ne prête plus de sens à un système qui en était déjà vidé.

Dans cet espèce de théâtre étudiant de la gauche, la direction se veut naturellement d’en incarner le centre pour pouvoir se maintenir en place, de s’illustrer comme étant le choix le plus “raisonnable”.

Elle a donc besoin d’une gauche (actuellement incarnée par UAS et de manière encore plus marginale par la TACLE) et d’une droite (incarnée par la TASER). C’est là qu’on décèle la fumisterie du système en tendance: plusieurs fois, la majorité nationale, étant juge et parti dans ce jeu, fait le choix de maintenir en vie artificiellement des tendances dont l’existence justifie sa propre légitimité.

En période de congrès, elle leur offre des signatures de présidences d’AGE de la TMN pour statutairement maintenir la TACLE (en faisant signer le PAGE TMN de Valenciennes avant le congrès de 2017, sans aucunement leur accorder le moindre respect sur les AGE où ils construisent réellement le syndicalisme étudiant comme Nanterre, leur légitimité étant déterminée par des scores de congrès), ou encore en produisant des fausses voix pour gonfler les scores nationaux de la TASER (une trentaine de voix sur l’AGE TMN de Toulouse pour une TASER localement inexistante).

Ainsi, pour asseoir sa place de direction politique, la majorité nationale doit se maintenir une gauche, mais surtout une droite qui la blanchit aux yeux de la base, et n’hésite pas à la maintenir coûte que coûte, qu’importe à quel point la “droite” de l’UNEF se montre profondément réactionnaire et libérale.

C’est le cas de la TASER actuelle, qui n’adopte pas des positionnements dits de la droite de la gauche, mais juste réactionnaires et dans les intérêts de la bourgeoisie, en revendiquant l’entrée des intérêts privés dans le service public de l’ESR, et en assumant des positionnements réactionnaires sur les questions de laïcité, de racisme et plus globalement d’oppressions systémiques.

Inutile de rappeler les nombreux témoignages de ces positionnements, ou les actes dangereux auxquels ils ont prit part, sans jamais que leur existence dans un syndicat qui se dit progressiste, féministe et antiraciste ne soit remise en question par la direction, ni que des sanctions soient appliquées.

Cette attitude de la part de la direction ne se justifie que par la nécessité pour se maintenir, de maintenir sa droite, peu importe celle ci. Le système en tendances permet donc à des groupes néfastes à l’organisation d’y exister, et ouvre la porte à tous les opportunismes.

Les deux dernières années de l’organisation ont particulièrement prouvées l’essoufflement de ce système, à travers les différentes implosions qui ont prit la forme de fractions internes aux tendances.

Ces fractions, qu’importe leurs revendications ou leur projet syndical et/ou politique découlent de manière naturelle de la logique de tendances : chaque désaccord interne à l’orga (ou aux tendances qui fonctionnent comme des orgas dans l’orga) se cristallisent dans la création d’un nouveau groupe, qui aura de fait une place et un droit d’existence, sans jamais laisser place à une possibilité de dépasser ses désaccords et d’avancer ensemble.

Ces fractions ne sont aucunement une dérive du système en tendances, elles en sont la nature même, et les enjeux de pouvoirs internes nous prennent toujours plus dans la division stérile. De fait, le système en tendances implique l’existence naturelle des opportunistes dans le syndicat, qui s’en saisissent pour avancer leur agenda personnel ou politique.

Mais le système en tendances, c’est avant tout un fonctionnement qui impacte profondément le militantisme sur les sections locales qui en subissent les effets. Matériellement, les camarades dans une section locale qui n’appartiennent pas à la tendance en direction localement se retrouvent en quasi incapacité de mener une activité militante de manière saine, et sont assujettis à des rapports de force figés lors des congrès.

Ils n’ont pas accès aux locaux la plupart du temps, n’ont aucun impact décisionnaire, et se voient attribués des lieux et des horaires où ils et elles ont le droit ou pas de militer.

C’est encore une autre limite de cette structuration du syndicat : localement, c’est une bataille constante entre les membres d’une même AGE, qui entrave l’application d’une activité militante pérenne et efficace. Ce fonctionnement pousse tous les groupes au sein de l’UNEF à s’illustrer dans des postures en permanence. Sans arrêt pris dans les enjeux de pouvoirs, les groupes syndicaux au sein de l’UNEF sont dans l’incapacité de se présenter tels qu’ils sont réellement sans mettre en danger leur place ou leur rapport de force au sein du syndicat.

On se retrouve dans une situation où personne dans l’UNEF n’a une vision claire sur comment se porte vraiment notre organisation. Cette opacité que produit le système en tendance empêche d’établir un véritable bilan des forces du syndicat, et nous rend incapable d’enclencher la moindre évolution dans nos pratiques, chacun-e des camarades engagé-e-s dans l’organisation étant sommé de faire passer l’intérêt de son groupe syndical avant celui de la structure syndicale.

Nos gueguerres internes n’ont eu de cesse que d’affaiblir l’organisation, et de manière plus générale le mouvement social étudiant, pourtant la structuration même du syndicat en dépend. Mais l’ampleur néfaste de ce système ne prend réellement son sens que lors des cycles les plus autodestructeurs pour l’organisation et ses membres : les congrès.

8) Le congrès de l’UNEF : Le congrès de l’UNEF se résume en trois choses : Perte de temps, perte d’argent, perte de militant-e-s.

Ainsi, dans toute organisation nationale, le congrès est l’occasion pour les associations membres de discuter du projet de l’organisation et de renouveler l’équipe dirigeante.

A l’UNEF, le congrès n’est pas un temps démocratique, ce n’est même pas un temps de débat. Le congrès de l’UNEF est le moment qui institutionnalise une guerre ouverte entre les différents groupes internes de l’UNEF, où chacun-e fait adhérer le plus de monde possible pour les faire voter.

Le nombre d’adhésion en période de congrès explose, et la plupart de ces adhérent-e-s de congrès ne connaissent pas réellement l’UNEF, et ne savent même pas pourquoi ils et elles votent. Le semestre du congrès, aucune activité syndicale n’est réellement possible, tant la préparation de celui-ci prend du temps à l’ensemble de ses cadres. Les nombreuses adhésions sont uniquement et entièrement payées par les tendances minoritaires, représentant alors un véritable gouffre financier.

Des centaines d’adhésions sont ainsi faites dans des universités où le nombre de militant-e-s est en temps normal très restreint. Pendant deux semaines, les congrès locaux sont organisés et sont un moment de vote (ouvert et par émargement) de l’ensemble des gens ayant adhéré. Sur un, deux, ou trois jours, ce sont tou-te-s les étudiant-e-s des campus de France qui sont arrêté-e-s pour leur demander “est ce que tu es adhérent-e à l’UNEF?”, si la réponse est négative, tant pis, si c’est positif, chaque tendance cherche à argumenter et contre argumenter dans la minute, et amener l’étudiant-e voter directement pour elle.

Des rendez vous secrets sont donc pris en amont pour des centaines de personnes, dans des cafets, des couloirs, etc, pour “sectariser” les adhérent-e-s et expliquer précisément la procédure de vote afin qu’il ne puisse pas être “retourné-e-s” par une autre tendance, et donc avoir “investi” dans une carte pour rien. Au moment du congrès, la contradiction entre direction du syndicat et tendance majoritaire est plus ouverte que jamais.

Ainsi la tendance majoritaire utilise l’ensemble des instances du syndicat à son profit afin de se maintenir majoritaire dans le syndicat les deux années à venir (temps entre deux congrès). Étant majoritaire dans les instances de contrôle, les décisions prises par ces dernières se font toujours dans son intérêt. Par exemple, la CNVM (commission nationale de validation des mandats) est chargée de régler les litiges concernant les votes : composée à la proportionnelle des tendances, la TMN fait valider les votes en sa faveur, et invalider les votes des tendances minoritaires lorsque celles-ci sont en passe de devenir majoritaires sur une AGE (Lille en 2017, Reims en 2015, etc.).

Enfin, le congrès de l’UNEF est un moment d’une grande violence, où le mot de camarade est proscrit. La suspicion, les insultes, les comportements oppressifs, etc sont légion. A chaque congrès, de nombreux-ses camarades, souvent prometteurs-ses, démissionnent et quittent l’organisation, car ils ou elles ne se sont pas engagé-e-s pour subir et faire subir de la violence au sein de l’organisation.

Le dernier congrès, le 85ème, a été un moment traumatisant pour beaucoup d’entre nous, un investissement en énergie et une perte de camarades faisant face aux insultes, aux mensonges, aux abus de pouvoir, etc. Beaucoup d’entre nous, ne sont pas parvenu-e-s à reconsidérer une grande partie des camarades du syndicat comme des allié-e-s après ça. Occupées à gérer le congrès, les sections locales ne peuvent s’atteler à maintenir une activité dite traditionnelle sur leur fac.

Cette passivité en terme d’action concrète mène beaucoup de militant-e-s à être déçu-e-s par le syndicalisme au sein de l’UNEF, ne comprenant pas le sens des priorités de la section locale: privilégier un temps de congrès, perçu de manière absurde par l’extérieur, à la résolution de PDI ou le militantisme quotidien.

Sur le cas spécifique des oppressions, les tensions générées par le congrès et ses affrontements poussent les différentes tendances du syndicat à couvrir des cas de violences physiques et psychologiques faites par ses militant-e-s sur d’autres membres, ainsi que des profils que l’on sait dangereux (harceleurs-euses, agresseurs-sseuses sexuels).

Nous pensons que dans chaque cadre d’organisation, les structures de domination (racisme, patriarcat, etc.) sont l’unique cause des oppressions vécues en interne. Contre cela, les cadres mis en place peuvent aussi bien résoudre une partie de ces contradictions et améliorer la situation, tout comme ils peuvent participer à les exacerber et les pousser à leur paroxysme. C’est le cas du système en tendances en poussant aux affrontements violents et frontaux, et au fait que chaque individu défende son groupe coute que coute.

Contre cela, une résolution (article du règlement intérieur du congrès) a été mise en place pour lutter contre les comportements oppressifs lors des congrès locaux, obligeant les membres ayant des comportements oppressifs à seulement quitter le campus (généralement pour aller faire le congrès sur le campus d’à côté).

Racisme, sexisme, homophobie, transphobie, validisme sont ainsi monnaie courante. Le meilleur exemple est certainement la réaction de la direction du syndicat au dernier congrès, en 2017, contre l’action symbolique de plusieurs dizaines de femmes de l’organisation.

Celles-ci ont organisé le fait de se réunir à la tribune du congrès pour lire un texte dénonçant les comportements sexistes pendant le congrès : elles en ont été empêchées physiquement sur ordre de la direction, certaines ont été frappées et insultées par des hommes du bureau national, jusqu’à ce que ces dernières réussissent à passer malgré tout. Les réformes annoncées par la direction pour remédier aux problématiques soulevées et vécues par les militant-e-s sont décevantes et ne permettent en rien d’y répondre.

En effet, il ne s’agit que de réformes à la marge, le système en tendance ne pouvant être réformé sans être aboli. La direction du syndicat utilise ainsi cet argument de la réforme sans que ce qui est proposé ne change réellement les problèmes structurels du syndicat.

La possibilité de quitter le syndicat est ainsi en réflexion depuis maintenant plusieurs années chez de nombreux et nombreuses camarades. Nous avons ici pris la décision de quitter l’organisation avant le 86ème congrès entre autres pour ne pas avoir à assumer une guerre nous coûtant des équipes. Nous ne sommes pas syndicalistes pour assumer des temporalités comme celles-ci, aussi dures d’un point de vue structurel et humain. le 86ème congrès aurait grandement affaiblit nos équipes syndicales pour de purs enjeux de pouvoirs internes, et nous nous sommes refusé-e-s à cela.

9) La situation interne de la Tendance majorité nationale (TMN) : Si l’opacité et la culture du silence qui règnent au sein de l’UNEF découle de son système en tendances de manière globale, il s’immisce aussi au sein de la majo elle même.

En effet, le constat est que les sections locales ne savent qu’en surface et de manière déformé ce qui se passe dans les autres AGEs et le transfert se fait surtout par des biais affinitaires donc très différenciés en fonction des degrés d’intégration sociale des camarades. Cette opacité de l’information ne se limite pas à la sphère des responsabilités locales puisque les mêmes mécanismes sont présents au sein du BN.

A titre d’exemple, la secrétaire générale et l’équipe statutaire en général n’ont aucune vision sur ce qu’il se passe précisément dans l’UNEF, étant donné que chaque tendance ne laisse pas transparaître la réalité de ses sections, et que la pression et le manque de confiance au sein de la majo fait que les autres BN ne donnent pas les vrais éléments sur le suivi effectué, les campagnes, etc. Souvent, la commission province découvrait en rappelant les AGE le weekend que les BN ne s’étaient pas rendu-e-s sur leurs suivis alors qu’ils ou elles l’avaient déclaré au secrétariat général.

Cet artifice qu’est la démocratie interne que revendique la majorité nationale n’est en fait que le maintien d’une pensée unique au sein de l’organisation. Les responsables locaux mais aussi nationaux n’ont pas de prises de décisions stratégiques sur l’activité du syndicat qui est théorisée et proposée uniquement par la direction nationale.

Ainsi, un désaccord posé de manière publique revient à s’exposer à une marginalisation dont des militant-e-s ont fait les frais. De plus, les raisons des départs de membres du BN qui ont posé de forts désaccords sur le fonctionnement interne sont camouflés afin que la remise en question soit mise sous le tapis et ne puisse pas être dévoilée au grand jour.

Ces départs prématurés se sont multipliés ces dernières années, résultant d’une absence totale de cadres de critique, et d’autocritiques, beaucoup de membres pensent pouvoir pourtant changer l’UNEF en interne par leur volonté et action propre.

Malheureusement, penser pouvoir procéder efficacement de cette manière serait surestimer le poids de la structure sur les individus, celle-ci ayant tendance à transformer les individus qui l’intègrent, et non l’inverse. Ainsi, une minorité de cadres de la majorité nationale sont réellement convaincu-e-s des pratiques et théorisations de la tendance, une grande partie la défend par défaut, pensant pouvoir agir sur elles pour les transformer, sans y parvenir.

Enfin, le nombre d’individus et d’AGEs se retrouvant dans la majorité nationale par défaut est très grand : cette dernière fuyant les discussions et les cadres de critiques avec les autres tendances, elle ne parle que très tardivement de l’existence des tendances à ses membres, ces dernier-e-s se retrouvant là sans jamais l’avoir réellement souhaité et sans en être convaincu-e-s.

Toute forme de promotion du bien être militant devient factice dès lors que le modèle du moine soldat n’est pas remis en question. Alors que la discipline permet une efficacité non négligeable, une discipline qui n’est ni théorisée, ni consciente ne peut être réellement efficace.

Elle ne s’illustre plus que par une sélection et par la loi du ou de la plus fort-e qui est au mieux improductive, au pire purement destructrice aussi bien individuellement que structurellement. Baser tout son mode de construction sur un modèle d’individu soldat-e devant gérer tout institutionnellement et s’épuisent en dispo extérieur.

En plus de l’impact de ce mode de fonctionnement sur les individus et le bien-être, fonctionner de cette manière créé de fait une déconnexion entre militant-e-s de l’UNEF et le monde étudiant.

En effet, ce syndicalisme “d’avant-garde” ne permet pas de saisir la spécificité de chaque campus, chaque filière, etc. Cela creuse une déconnexion dans le militantisme, tant dans les pratiques militantes que dans le mode de vie des syndicalistes, à des années lumière d’un mode de vie étudiant “lambda” (rapport aux cours, à la vie étudiante, etc.). La théorisation de l’action syndicale menée nationalement est révélateur d’un décalage avec les réalités vécues sur les AGE.

En effet, on constate une volonté dérisoire et idéaliste que l’UNEF soit présente sur tous les fronts simultanément alors que la capacité effective militante ne suit pas, découlant de nombreuses fois sur une incapacité à gérer ses différents champs d’action. Ainsi chaque action, y compris purement bureaucratique, est théorisée comme une “mobilisation” : d’un dépôt de motion dans une instance à une interview donnée à un média.

Dans le discours de la direction de l’UNEF il n’y a pas de différenciation entre des actions qui ont un véritable impact sur le milieu étudiant et celles qui sont uniquement nécessaires pour exister institutionnellement mais qui n’ont pas d’impact concret. Le fait de se concentrer sur le deuxième mode d’action mène aussi à une dépolitisation du milieu étudiant qui se mobilise donc de moins en moins et ne permet pas de mettre en place un véritable rapport de force face à des réformes réactionnaires.

Ainsi, les campagnes nationales totalement hors sol et peu réfléchies dans leur transcription dans leur réalité s’avère infructueuse avec un impact minime même dans leur objectif de conscientisation du milieu étudiant. On se retrouve avec des campagnes nationales où des camarades seul-e-s sur leur AGE doivent mener l’activité en soi, mais qui ne reçoivent aucunes aides.

Plus généralement, le fonctionnement de la majorité nationale a des impacts sur le développement des sections locales. Malgré toute la volonté et les efforts que peuvent mettre en oeuvre les camarades des sections locales l’appartenance de celles-ci à la TMN freine de fait leur développement structurel pérenne.

En effet au lieu d’établir une stratégie de développement sur chaque AGE qui prenne en compte les spécificités locales, la majorité nationale fait reposer sur un faible nombre d’individus ultra investis le fait de remplir les objectifs syndicaux (notamment électoraux). En terme de développement ces individus se concentrent consciemment ou non sur le fait de recruter la future génération de moines soldats.

Il n’y a aucune réflexion sur la théorisation d’un CAS comme un lieu cohérent de vie et d’étude ou sur la ramification des structures locales afin de permettre un meilleur développement de celles-ci par exemple. Les sections locales bénéficient de très peu d’autonomie dans la gestion de leur activité syndicale.

Des campagnes nationales souvent déconnectées des situations locales sont obligatoirement mises en place par les AGE, sous peine de s’exposer à des remontrances de la direction. Si les initiatives de campagnes locales ne sont pas forcément refusées par les suivis, les dirigeant-e-s locaux-ales ne sont pas formé-e-s ni encouragé-e-s à réfléchir sur leur activité syndicale localement et à produire des campagnes locales.

Ces initiatives, bien que largement mises en avant lors des bilans en CN, sont donc marginales et souvent fortuites. La répartition des suivis sur les AGE n’échappe pas au manque de réflexion interne sur le développement de l’UNEF.

Au lieu d’établir des critères pertinents pour permettre de remplir les objectifs syndicaux et développer l’organisation (besoins des AGE, capacités et marges de progression des membres du BN, cohérence géographique), le schéma de suivi est réfléchi en fonction de critères individuels.

Ainsi les éléments pris en compte sont notamment le degré d’implication des membres du BN (est-ce que la personne va sur ses suivis et répond au téléphone ou pas), le fait qu’il y ait des objectifs électoraux sur le court terme ou pas et sa capacité à maintenir des gens dans la ligne.

Par exemple un suivi qui a tendance à ne pas se rendre sur ses suivis (par ses responsabilités comme les statutaires nationaux, ou par le fait qu’ils ou elles ne veulent juste pas y aller) et à ne pas l’accompagner sera assigné à une section locale qui peut se débrouiller toute seule ou bien qui n’a pas d’objectifs électoraux sur le court terme.

En revanche, les suivis réputés compétent-e-s peuvent enchaîner le suivi de plusieurs AGE en quelques mois le temps de gérer les échéances électorales, sans permettre de réelle construction de l’AGE.

10) L’absence de critique et d’autocritique : Le système en tendances est à la base de tout dans le fonctionnement de l’UNEF (on ne peut pas exister en dehors d’une tendance, les sites universitaires appartiennent à des tendances, les temps nationaux sont des affrontements entre tendances etc.).

Pour fonctionner, la direction de l’UNEF doit donc gérer en permanence l’équilibre entre les tendances. L’ensemble du syndicat concentre donc énormément d’énergie sur le fait de gérer les rapports entre les tendances et notamment entre les minos et la majo. Les intérêts de la majo face à une autre tendance se fait même souvent contre l’intérêt des étudiant-e-s et du syndicalisme.

A titre d’exemple, dans plusieurs AGE, comme Bordeaux et Rennes, la tendance majoritaire n’est pas présente réellement, malgré l’existence d’une équipe minoritaire localement, et les camarades locaux-ales n’ont aucunes marges de manoeuvre en terme de représentation, de trésorerie, parfois de militantisme, bloqué-e-s par ce fonctionnement figé en dehors de toute réalité militante.

Le fonctionnement en tendances pousse donc à servir des intérêts de tendances. Chaque action de chaque tendance est à la fois motivée par sa stratégie syndicale dans le milieu étudiant et dans l’UNEF et elles peuvent être contradictoires.

Ainsi, le besoin vital de défendre sa tendance pour exister dans l’UNEF pousse les débats internes à être sclérosés, à ne se résumer qu’à des débats de posture. Les tendances ne cherchent pas à se convaincre ou à être convaincues, mais à défendre coûte que coûte leur modèle de syndicalisme pratique et théorique afin de garder la face et maintenir leur place dans l’organisation. Cette gestion en tendances pousse également à une forte centralisation puisque les rapports entre tendances sont gérés depuis l’échelon national.

Chaque tendance devant avoir une stratégie cohérente. Etant donné la concurrence et le rapport de force permanent, chaque tendance tente de donner une vision idéale d’elle même aux autres, jusqu’à mentir sur sa propre réalité, sur ses équipes syndicales, et la bonne santé des ses AGEs.

11) Et maintenant ?L’UNEF a développé sa structure sans remise en question depuis des années, et se trouve dans un état de paralysie et de verrouillage bureaucratique important qui empêche une possible réforme de l’intérieur.

Elle s’est trouvée embourbée dans ses contradictions sans jamais tenter d’y remédier et qui lui pose une difficulté de rétropédalage, cette dernière joint à une capacité de la direction à s’y complaire. Le décalage avec la réalité est si fort et a passé un tel cap de non retour, que dans l’état actuel des choses le travail de réforme serait herculéen.

Avant même de s’étendre sur chaque université à la manière de l’UNEF, notre organisation se donne comme objectif de renforcer et reconstruire les sections locales existantes, et échapper dans un premier temps au schéma de construction/destruction lié aux fonctionnement en cycle de l’UNEF.

Se poser la question de la pertinence et légitimité de chaque action est prioritaire dans la mesure où il est primordial d’assurer la stabilité des sections locales. Pour répondre à des objectifs de long terme établis et décrits plus bas, nous comptons prendre le temps de nous reconstruire, aller plus loin en terme de structuration et renouer avec l’action syndicale comme elle a pu l’être par le passé.

L’important est de ne pas se précipiter, et de consolider nos sections locales. En se dégageant des décisions court termistes liées aux intérêts de structure nationale et qui poussent à faire des choix précipités, nous nous engageons à adapter notre méthode de structuration en réponse aux intérêts étudiants et en adéquation avec la théorisation originelle du syndicalisme étudiant.

En quittant aujourd’hui l’UNEF, nous comptons participer à la construction d’une nouvelle organisation nationale, un syndicat qui soit un véritable outil de solidarité et de lutte pour les étudiant-e-s, permettant de réellement construire un rapport de force national pour gagner des droits. Issu-e-s de plusieurs tendances de l’UNEF, nous défendons ici une vision de l’organisation syndicale réellement efficace, démocratique et transparente, décentralisée, où les étudiant-e-s puissent se saisir des enjeux syndicaux de leur campus et de leur établissement de manière régulière.

Cette vision décentralisée doit permettre de répondre aux besoins syndicaux dans des enjeux locaux concrets permettant de convaincre le plus grand nombre de la nécessité d’organisation pour obtenir des changements concrets.

Cette vision doit pouvoir se conjuguer avec une cohérence nationale faisant le lien entre les différents types d’établissements et les enjeux propres à chaque formation, ainsi qu’une solidarité entre différents secteurs, nos intérêts concernant la formation et du monde du travail étant étroitement liés. Nous faisons aujourd’hui ce choix historique, assumant de porter un coup très dur à l’organisation centenaire des étudiant-e-s.

Nous assumons ce choix, l’UNEF s’enfonçant de jours en jours dans ses contradictions et continuant sans cesse sa descente aux enfers. Nous refusons de voir mourir le syndicalisme étudiant avec cette organisation et faisons ce choix consciemment, dans l’intérêt des étudiant-e-s.

Nous faisons le choix aujourd’hui de partager ces réflexions à un grand nombre de camarades de l’UNEF, toutes tendances confondues, afin de favoriser ces réflexions et de lancer l’alerte sur la gravité de la situation et le refus permanente de la direction de l’UNEF de reconnaître son rôle dans cette situation désastreuse.

Pour conclure, Le choix de quitter le syndicat n’ai aucunement basé sur le fait de privilégier les intérêts d’une tendance aux dépens des autres. Il ne découle pas d’un ego-trip dans une conjoncture qui nous est favorable, mais bien d’une analyse de l’état actuel du syndicalisme étudiant en France et des besoins auxquels l’UNEF ne répond pas du fait des éléments internes et externes décrits plus haut.

C’est avant tout des militant-e-s de l’UNEF qui ont débattu et réfléchi à la pertinence de l’outil que représente l’UNEF en tant que syndicat et sur la possibilité d’en créer un nouveau, plus efficace. Chaque membre y ayant prit part est prêt-e à répondre de ce choix et est ouvert-e à la discussion avec quiconque aura des questionnements quant aux tenants et aboutissants de ce départ.

En effet, il est naturel que des questionnements et des positions non tranchées ressortent de cette lecture et nous invitons chaque militant-e, à chaque strats du syndicat, à s’en saisir. Il est important de comprendre que ce choix n’est animé par aucune animosité envers l’UNEF, puisqu’il n’est pas possible d’en vouloir à une structure.

Au contraire, il est de notre devoir de reconnaître lorsqu’un outil ne remplit pas ses fonctionnalités et de se poser les questions adéquates : Peut-on l’améliorer ?

Est-il obsolète ? Faut-il en changer ? Notre constat nous a poussé à répondre favorablement à la dernière question. Nous comprenons que des camarades portent l’espoir d’une réforme profonde et soient convaincu-e-s que l’UNEF soit améliorable. De part notre longue expérience au sein de l’organisation, nous pensons l’inverse, et cela ne se rapproche en rien de la résignation mais bien d’une réponse aux défauts du syndicalisme étudiant sur nos facs, c’est en ce sens que nous vous tendons la main et souhaitons ouvrir le débat.

Il est de notre responsabilité d’assumer ce débat, il est de la responsabilité de chaque syndicaliste étudiant sincère de s’y investir.

Signataires :Thibaud Moreau, Responsable National de Tendance UAS, Élu CNOUS Stanislas Loeuilliette, BN TUAS Annaelle Mounié, BN TUAS Margaux Thellier, BN TUAS Adèle Labich, BN TUAS Hafsa Askar, BN TUAS Edouard Le Bert, BN TUAS [suivent toute une liste de noms, nous ne mentionnons que les premiers, cadres à l’échelle nationale.] »