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Un 14 juillet 2022 sous le signe de l’OTAN

L’armée française est entièrement inféodée à l’OTAN.

Historiquement, les armées sont un marqueur de l’indépendance nationale des pays. Pour une puissance historiquement forte sur le plan militaire telle que la France, cela est particulièrement vrai. Et c’est pour cela que chaque année la fête nationale est accaparée par le militarisme avec un immense défilé des troupes et du matériel de guerre.

Mais la donne a changé au 21e siècle et la France n’est plus la puissance qu’elle fut. Si cela a pris des chemins sinueux, la chose est maintenant entendue : la France est une puissance de second rang, entièrement alignée sur la superpuissance américaine dont elle intègre le bloc. Cela ne veut pas dire que les choses sont figées et on n’est pas à l’abri d’une poussée nationaliste en France avec un Brexit à la française, dont le processus est déjà en cours, de manière contradictoire.

En attendant, l’armée française est tellement soumise à l’OTAN que le logo prévu pour le défilé du 14 juillet 2022 intègre le drapeau de l’OTAN. Il ne s’agit pas là d’un symbole relatif, il s’agit au contraire de toute la démarche de ce défilé, non pas national, mais militariste aligné sur les intérêts américains contre la Russie.

Le drapeau de l’OTAN sur le drapeau du défilé est d’ailleurs fondu avec celui de l’Union européenne. Cela en dit également très long, car l’Union européenne est ouvertement devenue le pendant politico-économique de ce qu’est l’OTAN sur le plan militaire depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Preuve en est, la veille le 13 juillet 2022, le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg s’adressait directement au Parlement européen aux membre de la Commission des affaires étrangères et à la Sous-commission « sécurité et défense ».

La situation est on ne peut plus lisible. Dans le contexte de guerre pour le repartage du monde, la puissance militaire américaine mobilise à fond les puissances qui lui sont liées, par le biais de l’OTAN qui est son outil pour cela, et avec l’Union européenne comme relais politique. La France n’est pas en reste de cette mobilisation exigée par l’OTAN.

Voilà pourquoi neuf nations étrangères étaient invitées à parader avec les armées françaises, toutes des pays du flanc Est de l’OTAN : Bulgarie, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne, République tchèque, Roumanie et Slovaquie. Autrement dit, ce sont tous des pays qui font directement face à la Russie en se plaçant dans le camp de l’OTAN et donc du bloc américain. C’est l’agenda militaire américain qui devient celui de la France pour son défilé militaire du 14 juillet 2022.

6 300 militaires ont donc défilé, ainsi que 64 avions, un drone Reaper, 25 hélicoptères, 200 chevaux et 181 véhicules motorisés. Et c’étaient les troupes des pays du flanc Est de l’OTAN qui ouvraient la marche, suivies des soldats français des régiments engagés pour le compte de l’OTAN sur son flanc Est, en Roumanie et en Estonie.

La présence d’un drone Reaper est historiquement marquante, parce qu’il y a quelques années, les institutions françaises, y compris militaire, rejetaient le principe de drones tueurs, au nom de la « morale ». Tout a ici été renversé et on va vers une généralisation de ces drones tueurs pour la guerre à venir.

Sur le plan aérien, c’est la capacité nucléaire française qui a été mise en avant, ainsi que sur le plan naval, avec l’équipage d’un des quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins. La France, puissance nucléaire alignée sur les États-Unis faisant face à la Russie et à la Chine, voici donc le message qu’il fallait comprendre.

Ou comme le dit l’Elysée, l’idée était de mettre en avant « la capacité de la France à faire face aux défis du moment comme puissance d’équilibre et d’entraînement ». La veille, c’est le président lui-même qui a présenté le programme dans son discours aux armées, où il a même abordé ouvertement la question de l’économie de guerre française, car « tout a changé ».

L’Afrique de l’Ouest, où la France s’imaginait encore il y a quelques années pouvoir tenir un rôle de gendarme, n’est plus la priorité. La « nécessité stratégique » est de s’y replier, tant pis pour la lutte antidjihadiste au Sahel. Ce n’est pas la priorité américaine.

La priorité par contre, c’est de réévaluer l’actuelle Loi de programmation militaire pour augmenter le budget du ministère des Armées et préparer la guerre. Ou « la perspective du retour possible d’un affrontement de haute intensité » comme Emmanuel Macron présente cela, pour dire les choses sans prononcer les mots qui fâchent.

Le budget militaire français va donc continuer à croître pour atteindre 44 milliards d’euros en 2023. Et l’accent va être mis en directement de la jeunesse avec le renforcement du Service national universel (SNU).

Quelle cynisme alors de la part du président d’affirmer qu’ »il ne s’agit pas de militariser la jeunesse, encore moins la société », alors qu’en vérité toute son action vise précisément à cela.

« La République a besoin que vous fassiez davantage » a-t-il demandé aux armées, mais il aurait du surtout préciser : « l’OTAN a besoin que vous fassiez davantage pour le compte de la superpuissance américaine ».

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Emmanuel Macron et l’économie de guerre française

Le président français a tracé une perspective lors du discours aux armées.

Emmanuel Macron a lors de son le discours aux armées la veille du 14 juillet ouvertement abordé la question de l’économie de guerre et la forme qu’elle doit prendre. Voici le passage concerné lors de son discours.

« Oui, cette année, la guerre resurgissant à nos portes, à nos frontières, a tout changé. Et elle va nous impliquer de changer encore davantage. Et c’est là-dessus que je voudrais revenir avant de terminer mon propos.

J’ai parlé il y a quelques jours d’économie de guerre.

J’aurai l’occasion de le dire demain à nos compatriotes, plus largement [lors d’une interview plus généraliste en fait à la suite du défilé militaire]. Pour répondre à ce besoin que la Nation va avoir de continuer à s’équiper, parfois d’aider certains de nos amis ou alliés à s’équiper eux-mêmes, nous devons structurer une économie française et européenne dans laquelle les modèles, les rythmes, les standards doivent être envisagés selon, si je puis dire, un solfège différent. 

À cet égard, je veux souligner les avancées européennes considérables de ces dernières années et tout particulièrement de ces derniers mois. Ces avancées, le conflit à l’Est de l’Europe nous condamne à les amplifier et nous le faisons.

Mais nous avons encore du chemin et toute notre base industrielle et technologique de défense, qui est appelée à se transformer et à se recomposer dans une logique de souveraineté y compris européenne, pour réussir à répondre aux besoins de nos forces et trouver les meilleurs compromis va devoir encore accélérer.

J’ai confiance dans nos ingénieurs de l’armement, en nos ingénieurs et techniciens civils, en nos industriels et dans tous leurs salariés, pour mener à bien ces transformations qui sont des investissements pour l’avenir. Nous avons beaucoup fait ces dernières années pour reconstituer nos capacités et rebâtir notre autonomie, lancer des grands programmes européens, aller dans le sens de plus d’innovation.

Mais nous allons devoir investir parfois plus vite, plus fort et les industriels devront répondre à ces besoins. Il faudra changer de paradigme, renverser parfois certaines logiques et considérer que les projets doivent désormais être conduits selon une autre logique. 

Je remercie ici la mobilisation constante, constante, de notre délégué général pour l’armement et de toutes ses équipes qui a su améliorer le MCO [Maintien en condition opérationnelle], les commandes, redéfinir de nouveaux projets de manière remarquable durant ces dernières années.

Mais c’est une nouvelle étape qu’il va nous falloir franchir ensemble. La très grande sophistication et la personnalisation de nos systèmes qui font notre force, notamment à l’export, doivent être évidemment préservées. Mais nous devons aussi voir qu’elles sont parfois causes de délais de développement et de production considérables et que nous avons des impératifs nouveaux auxquels il nous faut faire face.

Reconstituer plus vite et plus fort certains stocks, savoir produire davantage des matériels qui sont adaptés à ce retour de la guerre de haute intensité sur notre sol, réinterroger certains choix d’innovation pour remettre en quelque sorte en équilibre, en tension, des objectifs qui peuvent rentrer en concurrence : l’innovation la plus extrême et les délais, la capacité à les produire en masse le plus vite possible.

C’est pourquoi nous devons à chaque instant garder l’avantage technologique et tactique, tout en sécurisant les chaînes de sous-traitance et les approvisionnements en matières premières et maintenir les compétences nécessaires.

C’est donc un vrai défi stratégique, capacitaire, d’innovation, mais aussi de repenser toute la chaîne et donc de savoir questionner une partie de l’organisation de notre base industrielle et technologique de défense.

Et vous le voyez bien, il nous faut le faire entre Français, mais aussi au niveau européen, car cette capacité à faire plus vite et à garantir notre autonomie stratégique et notre indépendance, suppose aussi sur certains aspects technologiques, qui peuvent d’ailleurs parfois relever de système duaux, impose de raisonner différemment en Européens.

Et qui sur les métaux rares, les gaz rares, certains éléments que nous avions oubliés, supposent de savoir reconquérir des parts de marché et de l’indépendance. Il nous faudra donc savoir basculer dans des logiques de programmes d’urgence, de programmes de résilience et de construction renforcée d’une stratégie d’indépendance. 

Oui, nous devons intégrer l’innovation d’usage issue des forces. Nous devons aller plus vite, simplifier nos processus, parfois aussi nos référentiels.

C’est pourquoi j’ai demandé au ministre des armées de conduire ce chantier avec les industriels, avec l’appui du ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, pour élaborer des propositions qui nous seront soumises à la Première ministre et à moi-même au début de l’automne.

C’est ensemble que nous relèverons le défi de la compétition technologique, de l’innovation et de la souplesse. Et nous le ferons en Européens. C’est aussi pour ça qu’avec force, je me suis battu et je continuerai de me battre pour que les taxonomies européennes puissent nous continuer d’investir dans nos innovations de défense, nos industries de défense.

Parce qu’il y a parfois des esprits étranges qui au moment où on voit la guerre revenir en Europe, s’ingénient à compliquer l’investissement dans les industries de défense en Europe.

Donc, j’assume totalement le fait que les taxonomies doivent nous permettre de consolider nos industriels grands groupes, ETI, PME, start-up, et renforcer les investissements dans ces secteurs en leur donnant de la visibilité. Mais, vous l’avez compris, ce sera une ambition exigeante qui sera portée.

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Six mois de mission militaire française secrète dans l’océan Indien

La France se prépare à faire la guerre à l’autre bout du monde.

Le sous-marin nucléaire d’attaque Améthyste est revenu à sa base de Toulon jeudi 6 juillet, à l’issue d’une mission nommée « confiance « . C’est une mission particulièrement longue, une demi-année coupée du monde à l’autre bout de la planète, qui a volontairement été maintenue confidentielle pour ensuite faire la publicité de sa longévité et surtout de sa discrétion.

La Marine nationale française se vante ainsi d’être « l’une des seules au monde à pouvoir conduire  » ce genre de « déploiement lointain ». Voici donc le genre de contribution militaire qu’entend apporter la France au bloc mené par la superpuissance américaine. Il est expliqué que :

« La mission Confiance permet de garantir la capacité de la Marine à se déployer avec réactivité si le besoin était avéré. »

L’équipage du sous-marin n’a été relevé qu’une seule fois, à Goa en Inde, avec l’appui indispensable d’un navire moderne d’assistance dédié. De plus, lors du déploiement de cette mission « confiance  » avec l’Améthyste, il y avait en plus trois autres sous-marins nucléaires d’attaque en opération pour le compte de l’OTAN face à la Russie : un sous-marin aux côtés du porte-avions Charles de Gaulle en Méditerranée et deux dans l’Atlantique Nord.

La Marine française entend assumer par là une grande capacité de projection militaire mondiale coordonnée. C’est indispensable pour les grandes puissances allant à la guerre à notre époque.

On remarquera bien entendu que cela a lieu dans la très brûlante région indo-pacifique, qui est sans aucun doute le grand enjeu de la bataille pour le repartage du monde qui se joue actuellement, et qui mène l’humanité vers une troisième guerre mondiale. La Chine y déploie largement ses navires, au grand dam de l’Inde, qui accueille à bras ouvert la France venue faire du repérage et de l’espionnage.

La France, qui de par ses larges possessions extra-territoriales dispose du deuxième espace maritime mondial derrière celui des États-Unis, entend pour sa part peser et se placer dans cette région dans la perspective de la guerre pour le repartage du monde.

« L’océan Indien est une région d’intérêt stratégique pour la France », dit la Marine nationale au sujet de la mission « confiance  » en expliquant y avoir « coopéré avec plusieurs partenaires de 1er plan ». Il y eu des des entraînements en lutte anti-sous-marine avec les marines indiennes et émiraties menées avec l’appui militaire français basé à Djibouti.

Au delà de l’exercice et de l’effet d’annonce – quoi que « l’annonce » est confidentielle, tant les questions militaires sont taboues en France – sur la capacité française à se déployer si longuement si loin se ses base, il ne faut pas oublier l’intérêt opérationnel du travail mené.

Il est parlé officiellement de « connaissance de la zone », ce qui signifie ni plus ni moins que l’étude des possibilités opérationnelles dans la région. Il y a un intérêt concret, en plus de l’exercice militaire, à avoir patrouillé ainsi pendant six mois dans l’océan indien. Et on peut être certain que le travail fait l’est, au moins en grande partie, pour le compte de l’OTAN, voire directement de l’état-major américain.

La France se prépare donc concrètement à la guerre mondiale, et il n’y a malheureusement personne pour s’y opposer.

Pour l’anecdote, il y avait le lendemain du retour de l’Améthyste à Toulon, l’audition du ministre des Armées à l’Assemblée nationale. Personne n’a parlé de cette mission, pourtant loin d’être anodine. Le député « France insoumise » Bastien Lachaud a préféré demander une meilleure intégration des LGBT dans l’armée, car il ne faudrait pas se priver de capacité de recrutement. Quand à Fabien Roussel du PCF, il a tenu à dire d’entrée de jeu – c’était sa première intervention au sein de cette commission – qu’il y serait sage et respectueux, se contentant pour l’occasion de demander gentiment au ministre si éventuellement il serait possible de discuter au Parlement de la nouvelle posture stratégique de l’OTAN visant ouvertement la Chine.

Cela donc, alors que la Marine française achève la veille une mission importante visant justement très précisément la Chine, les intérêts chinois, la concurrence avec le bloc constitué par la Chine dans l’Océan indien dans le cadre de la bataille pour le repartage du monde.

Quel décalage. Quel inconsistance. A quelle catastrophe il va falloir faire face !

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Tout passe par la guerre

Ne pas se positionner contre la guerre, c’est se couper de l’Histoire.

Il y a une fâcheuse tendance à voir la guerre comme quelque chose relevant d’une sphère séparée des autres enjeux de société. Il y aurait la guerre d’un côté, la politique de l’autre.

Cette manière de voir est évidemment fausse et la tendance à la guerre actuelle le confirme. Car comment ne pas voir que la guerre en Ukraine, en tant que jalon de la guerre de repartage entre grandes puissances, est en train de redessiner toutes les problématiques, et pas dans le bon sens ?

Cela ne concerne pas seulement la question strictement militaire, mais également les questions sociale, écologique, éducative, industrielle, culturelle… l’ensemble des problématiques de fond.

Dans un entretien accordé hier au journal Les Echos, le nouveau ministre des Armées, Sébastien Lecornu parle d’une « économie de guerre » et annonce le déploiement de 7 à 8 000 soldats français en Roumanie, contre 500 actuellement. Il déclare également la chose suivante :

« Personne ne peut comprendre qu’en temps de guerre, il faille entre 18 et 24 mois pour réassortir un stock (…). L’exercice que nous allons faire avec les industriels est inédit, il sera mené en collaboration avec le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire.

La réflexion portera aussi bien sur les matières premières, les savoir-faire, les simplifications administratives et les perspectives à l’exportation.

Au moment où la France va faire un effort budgétaire sans précédent pour ses armées, les industriels doivent être au rendez-vous. La politique du flux tendu et du zéro stock qui optimise les marges correspond à un temps de paix. »

Par conséquent, toutes les politiques publiques passent par le filtre de cette « économie de guerre ». Et cela a des répercussions évidemment délétères du point de vue des enjeux historiques, qu’ils soient politiques, sociaux et écologiques.

Passer dans une « économie de guerre », cela ne peut que se traduire au plan politique par un contrôle accru de l’armée sur les décisions, avec pour effet d’accentuer toute une mentalité aristocratique, expansionniste et anti-démocratique dans l’appareil dirigeant.

C’est également un basculement culturel, comme l’attestent ces auteurs de science-fiction placés au service de l’armée française (la « Red Team » que nous dénoncions en décembre 2020) ou l’annonce récente de rattacher au ministère des Armées la secrétaire d’État chargée de la jeunesse et du service national universel.

Au niveau social, il y a évidemment la question de l’inflation. Soutenir des mesures sociales anti-inflation pour les plus pauvres et ne pas s’opposer à l’orientation de cette « économie de guerre », ce n’est ni plus, ni moins qu’accompagner la restructuration du capitalisme.

On pourrait également parler de l’augmentation du budget militaire prévu par la prochaine actualisation de la loi de programmation-militaire, ce qui va nécessiter des coupes budgétaires anti-sociales afin d’assurer la solvabilité de la dette française qui atteint des sommets historiques.

Au niveau environnemental, on apprend que la centrale à charbon de Saint-Avold en Moselle, fermée en mars, est prévue à la réouverture en octobre dans le cadre de la crise énergétique… causée par la guerre et l’embargo sur les énergies fossiles russes, principalement le gaz et le charbon. Il est ainsi prévu de rappeler les salariés licenciés de Saint-Avold grâce à une modification du code du travail qui permettrait de proposer des CDD « exceptionnels » de 36 mois !

Au Havre, un terminal flottant d’importation de GNL (gaz naturel liquéfié) est prévu pour livraison en septembre 2023, une cadence de construction qui passe notamment par le fait d’accélérer (en fait bâcler) les procédures de suivi environnementales, cela étant prévu par le volet « souveraineté énergétique » de la prochaine loi pouvoir d’achat.

De la même manière que les industriels de la biométhanisation, un type de production d’énergie par la fermentation des déchets agricoles, s’empressent de s’engouffrer dans la brèche de la crise énergétique pour justifier l’augmentation d’installations de gigantesques centrales, comme c’est le cas à Corcoué-sur-Logne en Loire-Atlantique et ce malgré les inquiétudes environnementales.

Au niveau énergétique, la guerre vient renforcer la désorganisation générale liée à la crise sanitaire et aux effets du réchauffement climatique ayant engendré des retards dans la maintenance des centrales nucléaires ainsi que dans l’installation de nouveaux moyens de production énergétique. Sans même parler du réchauffement climatique qui amoindrit les capacités des centrales nucléaires pour tout un tas de raisons.

Bref, la tendance à la guerre redessine le champ économique, social et écologique des sociétés, avec au centre la question de la restructuration générale du capitalisme. Il est difficile de voir comment on peut opter pour un changement de société sans passer par la case du pacifisme et de l’internationalisme issu de la Gauche historique.

Car si la critique du militarisme et la défense du pacifisme est une nécessité politique et morale, ces valeurs forment aujourd’hui et demain le cœur même d’une orientation réellement à Gauche. On peut bien contester les politiques anti-sociales ou les projets anti-écologiques mentionnés, cela n’aura que peu d’impacts historiques si l’on ne l’inscrit pas dans l’opposition générale à la guerre.

L’opposition à la guerre, ce n’est pas simplement quelque chose de complémentaire mais le préalable à l’émancipation humaine. C’est avoir compris le sens de l’Histoire. Ce sens, c’est socialisme ou barbarie ; ou le Socialisme triomphe du capitalisme, ou ce dernier fait basculer le monde dans la guerre.

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Sommet historique de l’OTAN à Madrid

L’OTAN se prépare à la guerre.

Mercredi 29 juin 2022 s’est tenu à Madrid un sommet de l’OTAN qui a une portée historique. Le sommet se déroule en deux jours, mais tout a été dit lors du premier, pour un jalon évident sur la terrifiante route menant à la 3e guerre mondiale qui se dessine sous nos yeux. Voici, pour y voir clair et de la manière la plus simple possible, un résumé en six point de la journée.

1.

La Finlande et la Suède ont participé à toutes les réunions et ont été officiellement invitées à rejoindre l’alliance militaire, qui va donc s’élargir vers le nord de l’Europe, contre la Russie.

2.

Les États-Unis affirment leur domination de l’alliance militaire et la vassalisation de l’Europe sur le plan militaire. Le président américain a annoncé un nouveau centre de commandement permanent en Pologne, un renforcement de la présence militaire américaine en Allemagne, en Italie et en Roumanie, l’arrivée de deux nouveaux escadrons de F-35 (unités d’avions de chasse) au Royaume-Uni et de deux nouveaux destroyers (navire contre-torpilleur) en Espagne. Il a dit faire la promesse de défendre « chaque pouce » (chaque mètre carré) du territoire européen.

Il n’est plus question d’aucune autonomie stratégique européenne et les ambitions du président français Emmanuel Macron (et de l’Allemagne) d’une force militaire européenne sont mortes et enterrées.

3.

Le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg a réaffirmé le soutien indéfectible de l’alliance militaire à l’Ukraine. De nouvelles livraisons d’armes, de véhicules blindés, de moyens médicaux, de moyens de communication, et de moyens de défense ont été annoncés.

Le président du régime ukrainien Vladimir Zelensky était invité en visioconférence. Il a réclamé la livraison de beaucoup plus d’équipements modernes pour « [briser] la prépondérance de l’artillerie russe », ainsi qu’un soutien financier de 5 milliards de dollars par mois.

4.

Le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg a confirmé le renforcement de la « posture stratégique » de l’alliance militaire en portant celle-ci à 300 000 hommes, en « haut niveau de préparation ». Ce sont des troupes militaires fournies par les différents pays de l’alliance, qui doivent pouvoir être mobilisées instantanément et pour le compte exclusif de l’OTAN qui en assure le commandement.

5.

Les chefs d’État et de gouvernement des pays de l’OTAN ont approuvé le nouveau concept stratégique de l’OTAN qui fixe les priorités, les tâches fondamentales et les stratégies de l’alliance militaire pour les dix prochaines années. Il est considéré comme le deuxième document le plus important pour l’OTAN et consiste en la définition de la situation mondiale actuelle et détermine l’orientation politique et militaire de l’alliance.

Il est considéré qu’il faut augmenter les dépenses militaires et qu’il « ne faut pas écarter la possibilité d’une attaque contre l’intégrité territoriale ou l’intégrité d’un allié ». C’est une manière hypocrite d’annoncer le futur conflit conventionnel en Europe.

6.

La superpuissance chinoise est officiellement définie par ce document comme une puissance ennemie, ainsi que le présente le communiqué officiel de l’OTAN du mercredi 29 juin :

« Dans ce document, la Russie est définie comme « la menace la plus importante et la plus directe » pour la sécurité des Alliés, et la question de la Chine est abordée pour la première fois, au travers des défis que Pékin fait peser sur la sécurité, les intérêts et les valeurs de l’Alliance. »

La zone indo-pacifique est au cœur de la bataille pour le repartage du monde avec la concurrence entre les superpuissances américaine et chinoise. Dans ce cadre, l’Australie, le Japon, la Nouvelle-Zélande et la République de Corée étaient invités et ont participé pour la première fois à un sommet de l’OTAN !

Le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg a d’ailleurs déclaré :

« Nous assistons à un resserrement du partenariat stratégique entre Moscou et Pékin. Et le fait que la Chine s’affirme de plus en plus et s’appuie sur des politiques de coercition a des conséquences pour la sécurité des Alliés et de leurs partenaires ».

Le capitalisme en crise veut se refaire une santé en démolissant la Russie et en cassant la Chine. La superpuissance américaine est au cœur de l’opération. Et seules les masses se soulevant peuvent empêcher la guerre à venir.

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« La Russie ne peut ni ne doit gagner la guerre »

Les choses vont vites et l’emballement est total.

Il y a quelques jours encore, on pouvait voir une sorte de relâchement sur la question de l’Ukraine, avec une acceptation relative de la partition exigée par la Russie et l’idée de simplement faire durer le conflit pour affaiblir la Russie à terme.

C’était évident sur le plan international que le président français Emmanuel Macron avait le rôle de celui voulant maintenir une fenêtre de dialogue avec la Russie, laissant la place à de possibles accords entre l’OTAN et la Russie sur la question ukrainienne (quitte à ne pas respecter ensuite les engagements pris).

C’est bel et bien fini, la superpuissance américaine considère maintenant qu’il n’y a plus le choix et qu’il faut braquer directement les canons contre la Russie. Le sommet de l’OTAN, ouvert mardi 28 juin 2022 à Madrid par un dîner avec l’infâme roi d’Espagne, va être historique.

Dans un tel contexte, on n’insistera jamais assez sur l’importance de se mobiliser en affirmant fortement les principes : non à la guerre, non à l’OTAN. C’est ici qu’une initiative comme Rosa la gazette anti-guerre va être très utile. Car il va falloir mobiliser face au rouleau compresseur de la guerre. Par tous les moyens.

Et donc, pour donner le ton question rouleau compresseur, le président français a radicalement changé sa ligne depuis Essen en Allemagne mardi 28 juin 2022, avant de s’envoler pour Madrid dans la soirée. Pour lui, « la Russie ne peut ni ne doit gagner la guerre ».

Voilà qui annonce la couleur, alors qu’il va être question pour l’OTAN d’inscrire dans son nouveau « Concept stratégique » que la Russie constitue une menace directe pour sa sécurité. La diplomatie américaine a déjà donné les contours du sommet, où les « alliés » sont invités à venir entendre qu’il va falloir fournir « un effort supplémentaire ». Et « même la France », a-t-il été précisé, à en croire le Figaro.

Et même la Turquie, faut-il ajouter également. Car une annonce décisive a été faite juste avant le sommet de l’OTAN : la Turquie qui bloquait les candidatures suédoise et finlandaise à l’OTAN depuis mi-mai a signé un mémorandum d’accord levant ce blocage. Tout le monde est donc prié d’arrêter ses compositions personnelles et de s’aligner totalement sur les exigences américaines d’affrontement avec la Russie.

De son côté, la Russie ne compte certainement pas relâcher la pression. Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a réaffirmé sa volonté de voir l’Ukraine déposer les armes dans « toutes les conditions fixées par la Russie ». Et s’il faut pour cela aller contre l’OTAN, la Russie laisse entendre qu’elle assumera.

L’ancien président russe Dmtri Medvedev, actuel vice-président du Conseil de sécurité de Russie et dirigeant du parti Russie unie de Vladimir Poutine, a déclaré par exemple qu’il était hors de question qu’il soit touché à la Crimée (comme le réclame le régime ukrainien), et que si celle-ci était attaquée, alors « ce sera la troisième guerre mondiale ».

Voilà l’état du monde, fin juin 2022, à la veille d’un sommet historique de l’OTAN. Où est la Gauche, pour s’y opposer, pour alerter l’opinion et éduquer les esprits les plus affûtés ? Il y a urgence !

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Jens Stoltenberg annonce la mise en place d’une puissante armée de l’OTAN en Europe

Le camp de la guerre met en place son projet.

La superpuissance américaine décide, l’OTAN applique. Le sommet de l’OTAN n’a lieu que le 29 juin 2022, mais le secrétaire de l’OTAN Jens Stoltenberg en a déjà révélé le contenu, à proprement parler hallucinant. Les mesures annoncées consistent en effet en la mise en place en Europe d’une armée conventionnelle pour affronter la Russie. La Chine est également présentée comme l’ennemie suivant.

2% du PIB pour l’armée dans chaque pays est considéré comme le minimum. Et pour parfaire ce décorum belliciste, le président ukrainien Volodymyr Zelensky participera au sommet de l’OTAN.

Voici ce que Jens Stoltenberg a expliqué le 27 juin lors d’une conférence de presse :

Bon après-midi.

Notre sommet de l’OTAN à Madrid cette semaine sera transformateur. Avec de nombreuses décisions importantes. Y compris sur un nouveau concept stratégique pour une nouvelle réalité de sécurité. Un changement fondamental dans la dissuasion et la défense de l’OTAN. Et un soutien à l’Ukraine maintenant et pour l’avenir.

Notre nouveau Concept nous guidera dans une ère de concurrence stratégique. J’espère qu’il indiquera clairement que les Alliés considèrent la Russie comme la menace la plus importante et la plus directe pour notre sécurité.

Il s’adressera à la Chine pour la première fois. Et les défis que Pékin pose à notre sécurité, nos intérêts et nos valeurs.

Il couvrira également notre approche évolutive face à un certain nombre d’autres menaces et défis. Y compris le terrorisme, le cyber et l’hybride.

Au Sommet, nous renforcerons nos défenses avancées. Nous renforcerons nos groupements tactiques dans la partie orientale de l’Alliance jusqu’au niveau des brigades. Nous transformerons la Force de réaction de l’OTAN.

Et augmenteront le nombre de nos forces à haut niveau de préparation.

À bien plus de 300 000.

Nous allons également donner un puissant élan à notre capacité à nous renforcer en cas de crise et de conflit. Y compris avec davantage d’équipements prépositionnés et des stocks de fournitures militaires. Plus de capacités déployées vers l’avant, comme la défense aérienne. Un commandement et contrôle renforcés. Et des plans de défense améliorés, avec des forces pré-assignées pour défendre des Alliés spécifiques.

Ces troupes exerceront avec les forces de défense intérieure. Et elles se familiariseront avec le terrain local, les installations et nos nouveaux stocks pré-positionnés. Afin qu’elles puissent répondre en douceur et rapidement à toute urgence.

Ensemble, cela constitue la plus grande refonte de notre dissuasion et de notre défense collectives depuis la guerre froide. Et pour ce faire, nous devrons investir davantage. Aujourd’hui, nous publions de nouveaux chiffres sur les dépenses de défense. Ils montrent que 2022 sera la huitième année consécutive d’augmentations chez les Alliés européens et au Canada.

D’ici la fin de l’année, ils auront investi bien plus de 350 milliards de dollars américains supplémentaires depuis que nous avons convenu de notre promesse d’investissement dans la défense en 2014. Neuf Alliés atteignent désormais – ou dépassent – ​​l’objectif de 2 %. Dix-neuf Alliés ont des plans clairs pour l’atteindre d’ici 2024. Et cinq autres ont des engagements concrets pour le respecter par la suite.

Deux pour cent sont de plus en plus considérés comme un plancher et non comme un plafond. Nous conviendrons également d’investir davantage ensemble dans l’OTAN. Au profit de notre sécurité.

Le gouvernement et le peuple ukrainiens continuent de résister à la guerre d’agression brutale de la Russie. Leur courage et leur engagement sont une source d’inspiration. Et je me réjouis que le président Zelensky se joigne à nous au sommet de l’OTAN.

L’OTAN et les Alliés ont fourni un soutien substantiel à l’Ukraine depuis l’annexion illégale de la Crimée par la Russie en 2014. Y compris avec une aide militaire et financière. Et l’entraînement de dizaines de milliers de soldats ukrainiens.

Tout cela fait une différence sur le champ de bataille chaque jour. Et depuis l’invasion de février, les Alliés se sont allés encore plus loin. Avec des milliards d’euros d’aide militaire, financière et humanitaire.

Lors du sommet, nous nous mettrons d’accord sur un programme d’assistance global renforcé pour l’Ukraine. Cela comprendra des livraisons substantielles de soutien. Dans des domaines tels que les communications sécurisées, les systèmes anti-drones et le carburant. À plus long terme, nous aiderons l’Ukraine à passer de l’équipement militaire de l’ère soviétique à l’équipement moderne de l’OTAN. Et à renforcer davantage ses institutions de défense et de sécurité.

Au Sommet, nous prendrons également des décisions pour continuer à adapter l’OTAN. Y compris avec un nouveau Fonds OTAN pour l’innovation d’un milliard d’euros pour investir dans les technologies émergentes à double usage. Et sur le changement climatique, nous conviendrons de réduire les émissions de gaz à effet de serre pour l’OTAN en tant qu’organisation.

Nous approfondirons également notre coopération avec les partenaires les plus proches de l’OTAN. Je me réjouis que l’Australie, le Japon, la Nouvelle-Zélande et la République de Corée se joignent à nous pour la première fois à notre sommet. La Géorgie et l’Union européenne y participeront également.

Et nous adopterons de nouveaux programmes de soutien pour nos partenaires la Géorgie, la Bosnie-Herzégovine et la République de Moldavie. Ainsi que la Mauritanie et la Tunisie. Nous visons également à faire avancer les candidatures historiques de la Finlande et de la Suède à l’adhésion à l’OTAN. Tout en veillant à ce que les préoccupations de sécurité de tous les Alliés soient prises en compte.

J’ai parlé avec le président Erdogan samedi et rencontrerai le Premier ministre Andersson plus tard dans la journée. Je suis heureux que le président Erdogan, le président Niinisto et le premier ministre Andersson aient accepté mon invitation à se rencontrer demain à Madrid. Et aujourd’hui, nous accueillons une autre réunion de hauts responsables des trois pays ici au siège de l’OTAN.

Enfin, les Alliés discuteront des menaces et des défis du sud. Nous nous réengagerons dans la lutte contre le terrorisme. Résoudre la crise alimentaire causée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Et considérer notre réponse à l’influence croissante de la Russie et de la Chine dans notre voisinage méridional.

Surtout, nous réaffirmerons que le lien transatlantique reste le socle de notre sécurité. L’Europe et l’Amérique du Nord, ensemble dans l’OTAN. Sur ce, je suis prêt à répondre à vos questions. »

Comme il a été dit sur agauche.org, la troisième guerre mondiale est un processus déjà enclenché. Il faut l’empêcher !

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Le Royaume-Uni déclare pratiquement la guerre à la Russie

Cela ne fait pas semblant.

Le général Sir Patrick Sanders est depuis peu le nouveau chef d’état-major de la British Army, l’armée britannique. Sa ligne est radicalement différente de celle de son prédécesseur puisqu’il s’agit d’assumer totalement la guerre, alors qu’avant il était même question de réduire les effectifs…

Dans un message interne à ses troupes le 18 juin 2022, expliquant qu’il est le premier chef d’état-major depuis 1941 à prendre le commandement de l’armée dans l’ombre d’une guerre terrestre en Europe impliquant une puissance continentale, il dit ni plus ni moins qu’il s’agit d’être « prêt à combattre et à gagner des guerres terrestres ».

Cela entre autres déclarations du genre, d’un bellicisme incroyable :

« Il y a urgence à bâtir une armée capable de combattre aux côtés de nos alliés et de vaincre la Russie au combat ».

« Nous sommes la génération qui doit préparer l’armée à se battre à nouveau en Europe ».

« C’est particulièrement mon devoir de rendre notre armée aussi meurtrière et efficace que possible. Le moment est venu et c’est à nous de saisir l’occasion ».

Le même jour, le Premier ministre britannique Boris Johnson allait exactement dans le même sens en déclarant dans la presse :

« Je crains que nous devons nous armer pour une longue guerre, alors que Poutine recourt à une campagne d’usure, essayant d’écraser l’Ukraine avec brutalité. Le Royaume-Uni et ses partenaires doivent réagir en veillant à ce que l’Ukraine ait l’endurance stratégique pour survivre et, finalement, l’emporter ».

La messe est dite. L’armée britannique n’acceptera aucune partition de l’Ukraine. Elle est d’ores et déjà prête à assumer une guerre contre la Russie. Le Royaume-Uni défend donc, au sein de l’Otan, une ligne ultra pour aller jusqu’au bout. C’est que l’armée britannique se voyait déjà faire d’Odessa son port avancé en Orient, alors elle n’imagine pas que ses plans soient contrariés.

Le problème, c’est que la guerre en Ukraine est à un tournant et l’armée ukrainienne va connaitre défaite sur défaite, alors qu’elle n’a remporté quasiment aucune victoire depuis le début de l’invasion. Il n’y a donc pas d’alternative : soit l’Otan ou en tous cas une armée puissante comme la British Army s’en mêle directement, soit la Russie obtiendra une partition de l’Ukraine (ce qui n’est pas incompatible avec un conflit larvé en parallèle, qui existe de fait déjà depuis 2014).

Voici d’ailleurs un texte d’une signification quasi-historique, sur lequel il ne serait pas sérieux de faire l’impasse. C’est une déclaration commune du ministre des Affaires étrangères de l’Ukraine Dmytro Kuleba et de son homologue pour le Royaume-Uni, Liz Truss, le dimanche 26 juin 2022.

Il est question d’armes lourdes en masse, pour défaire directement l’armée russe. Cela équivaut en pratique à une déclaration de guerre britannique envers la Russie, et c’est en tous cas comme cela que la Russie va le considérer.

Le mot « paix » est prononcé à de nombreuse reprises pour justement en repousser le contenu, car le Royaume-Uni ne veut surtout pas d’un quelconque traité dans les conditions actuelles.

« Le Royaume-Uni est aux côtés de l’Ukraine sur la voie d’une démocratie européenne libre. Nous l’avons renforcé grâce à notre partenariat trilatéral avec la Pologne. Maintenant plus que jamais, nous sommes solidaires.

Le président Zelenskyy et le Premier ministre Boris Johnson sont unis pour défendre la sécurité et la liberté de l’Europe. Nous avons tous les deux noué une étroite amitié en tant que ministres des Affaires étrangères, voyant d’un même œil la Russie et bien d’autres questions.

Le partenariat entre nos grandes nations est fondé sur le principe fondamental selon lequel les gens doivent être libres de choisir leur propre avenir. Pourtant, c’est un anathème pour Vladimir Poutine. Il se sent menacé par la perspective de succès des démocraties libres voisines comme l’Ukraine, car cela risque d’exposer les échecs de l’autoritarisme. Il est donc maintenant déterminé à éteindre la flamme de la liberté en Ukraine par une guerre totale.

Pour obtenir la paix et protéger notre mode de vie, l’Ukraine et le monde libre doivent rester forts et unis. Nous devons ignorer les voix défaitistes qui insistent sur le fait que les gens commencent à se fatiguer et qui proposent de vendre l’Ukraine pour mettre fin rapidement à l’horreur implacable. Le peuple ukrainien n’a pas le luxe de se sentir fatigué. Le reste du monde libre non plus. Les preuves de crimes de guerre odieux continuent de s’accumuler, du bombardement de civils ukrainiens innocents au viol, à la torture et à l’enlèvement.

Les forces russes militarisent la faim dans le monde en arrêtant les exportations de céréales ukrainiennes et en volant les récoltes. Les mandataires russes ont enfreint la Convention de Genève dans la manière dont ils traitent les prisonniers de guerre, y compris les citoyens britanniques servant dans les forces armées ukrainiennes. Il est donc impératif que le G7 et l’OTAN démontrent cette semaine que leur engagement envers l’Ukraine ne sera jamais surpassé par la détermination de Poutine à s’en emparer.

Cela signifie augmenter et accélérer leur approvisionnement en armes lourdes, continuer à sanctionner tous ceux qui sont complices de la guerre de Poutine et couper complètement les importations d’énergie russe. Chaque arme livrée aidera le peuple ukrainien à repousser les forces russes, à reprendre des villes actuellement sous le feu comme Severodonetsk et celles contrôlées par la Russie comme Kherson.

Chaque sanction contribuera à affamer la machine de guerre de Poutine et à sauver davantage de civils innocents d’une nouvelle barbarie. Le peuple ukrainien se bat sans crainte pour sa patrie. Ils peuvent gagner cette bataille et la gagneront avec le soutien indéfectible du monde libre.

C’est pourquoi le Royaume-Uni est à l’avant-garde de la fourniture d’armes lourdes. Les systèmes britanniques de lance-roquettes multiples M270 sont en route pour aider l’Ukraine à se défendre contre l’artillerie russe à longue portée.

Le Royaume-Uni a déjà fourni 1,3 milliard de livres sterling d’aide militaire, notamment des missiles antichars, des systèmes de défense aérienne, des véhicules blindés et de la formation. Le peuple ukrainien se souviendra à jamais de ce que le Royaume-Uni a fait à ses heures les plus sombres. Le Royaume-Uni augmente ses sanctions, avec une nouvelle législation cette semaine sur une série d’interdictions commerciales, et d’autres à venir le mois prochain.

Le monde libre, collectivement, doit faire pression plus fort pour couper la Russie de ses principales sources de revenus étrangers : l’énergie et d’autres exportations telles que l’or. Nous ne pouvons pas être intimidés par Poutine qui essaie d’allumer le monde avec des menaces sinistres. Chaque fois que l’OTAN a résisté à son intimidation, il a été contraint de reculer, et non d’encore plus avancer. Son agression ne réussit qu’à encourager davantage de nations à rejoindre l’alliance défensive la plus réussie au monde.

Il viendra un temps pour la paix. Mais il faut que ce soit une paix bonne et durable. Le chemin de Poutine vers la table des négociations passe par les champs de bataille de l’Ukraine. Il ne sera sérieux au sujet des négociations qu’une fois que le peuple ukrainien aura repoussé ses troupes. Les partisans de l’Ukraine doivent tous jouer leur rôle pour que le président Zelensky puisse négocier en position de force face à un Poutine affaibli. C’est essentiel pour que la paix dure.

Il ne peut y avoir de règlement négocié qui reproduise l’accord de Minsk, qui s’est fait au détriment de la souveraineté, de la sécurité et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Ceux qui proposent de sacrifier la terre ukrainienne proposent en fait de payer en sang ukrainien pour l’illusion de la paix. Ce sera un mirage s’il n’est pas accompagné de la restitution du territoire ukrainien et de l’endiguement de l’impérialisme de Poutine.

Poutine a clairement indiqué qu’il ne s’arrêtera pas à l’Ukraine dans ses ambitions, mais ira plus loin en ciblant d’autres nations souveraines – en particulier celles qu’il croit pernicieusement faire partie de la Russie. C’est pourquoi personne ne peut se sentir en sécurité jusqu’à ce que la Russie se retire de l’Ukraine et ne soit plus jamais en mesure de perpétrer une telle agression.

Le peuple ukrainien ne se bat pas seulement pour son avenir, mais aussi pour l’avenir de la liberté et de la démocratie en Europe et dans le reste du monde. C’est la guerre de tous, car la victoire de l’Ukraine est dans notre intérêt à tous, aussi longtemps que cela prendra. Ensemble, nous pouvons assurer l’avenir de l’Ukraine dans une Europe entière et libre, où la paix règne à nouveau. »

Ces gens sont des furieux. Ils précipitent le monde dans la guerre, ils assument totalement de déclencher la 3e guerre mondiale. Le régime britannique et les dirigeants nationalistes et corrompus de l’Ukraine jettent le peuple ukrainien en pâture, comme première chair à canon de la nouvelle guerre mondiale pour le repartage du monde.

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La France s’enfonce toujours plus dans le bellicisme

La tendance à la guerre modifie l’orientation même de l’appareil d’État.

Lors de son passage au salon de l’armement Eurosatory à Paris, Emmanuel Macron a déclaré que la France devait rentrer dans une économie de guerre et que cela allait durer. Il en a profité pour appeler à une réévaluation de la loi de programmation militaire qui planifie les dépenses militaire de l’armée française.

La loi actuelle à été établie en 2018 et planifie les dépenses jusqu’à 2025 c’est-à-dire dans 3 ans avec l’objectif d’avoir 2% du PIB français investi dans l’armée à cette date.

Vouloir aujourd’hui augmenter subitement cette programmation est le signe que la guerre sur le territoire ukrainien a changé la donne dans le rapport entre les pays et que les choses s’accélèrent rapidement, prenant une tournure militariste toujours plus assumée.

Avec les nombreuses livraisons d’armes au régime ukrainien, mais aussi le déploiement de soldats et de matériel dans les pays de l’Est, la France a diminué ses stocks militaires alors même que les tensions entre grandes puissances oblige à massifier et diversifier les armées. Il faut donc suivre la course aux armements, et reconstituer des stocks revus à la hausse.

Tout cela était déjà un très mauvais signe concernant l’évolution des choses mais un article du Monde (payant) publié lundi 13 juin nous apprend qu’un texte de loi est en train d’être mis en place pour autoriser l’État Français à réquisitionner des éléments économiques du secteur civil pour renforcer les capacités militaires de la France.

Par matériel, il faut comprendre la mobilisation des usines, machines et travailleurs compris. Ce texte de loi vise à reproduire le « Defense Priorities and Allocations System Program (DPAS) » adopté dans les années 1950 aux États-Unis pour réquisitionner certains secteurs industriels, non pas simplement en temps de guerre mais aussi pour préparer la guerre.

Concrètement des secteurs industriels tels que l’aviation, le naval, l’électronique, l’usinage et le décolletage, la plasturgie ou bien encore le textile, qui ne produisent habituellement que partiellement ou pas du tout de matériel militaire, pourraient stopper leur production civile pour se concentrer sur une production militaire à la demande directe de l’État.

Au vue des pénuries qui frappent le monde entier, il est à parier qu’il y aura un volet spécifique sur la réquisition de certaines matières premières en vue de cette production, des grands groupes tels qu’ArcelorMittal pourrait ainsi se voir réquisitionner différents métaux, par exemple.

Le fait que cette loi soit directement initiée par la direction générale de l’Armement (DGA) est significative de la poussée belliqueuse au sein de l’appareil d’État. Ce qui se passe, c’est une transformation progressive de la ligne de conduite dans l’appareil d’État, avec une prise en compte assumée de la tendance à la guerre.

Et de fait, cette transformation passe par le renforcement de l’influence dans l’État du commandement militaire dans la politique générale, mais aussi des grands fabricants d’armes. Il faut penser ici à Nexter, Naval group, Arquus, Dassault, MBDA, Thalès dont le poids économique pèse parfois beaucoup, comme dans la région de Bourges où l’industrie militaire représente 7 000 salariés.

Cela se fait évidemment sans débat général dans la société, dans une sorte de « révolution de palais » alors même que les peuples sont entraînés dans une logique belliqueuse et militariste de leur pays. Et c’est un mécanisme dont il est difficile de revenir en arrière une fois qu’il s’est lancé…

Car cette tendance historique qui met le complexe militaro-industriel toujours plus au centre de l’économie, et donc de la société, stimule entre autres choses les innovations technologiques. A ce titre, les quelques critiques à propos de l’industrie de guerre font souvent l’erreur de ne considérer seulement le poids économique de l’industrie d’armement, sans voir que la question n’est pas uniquement quantitative mais aussi qualitative, soit la capacité d’orienter et de dynamiser les choses.

C’est une perspective que les sociétés capitalistes ont bien connue dans les décennies 1910-1920, 1940-1950, ou dans une autre mesure dans les années 1980, où les industries de guerre omniprésentes dans le tissu industriel, puis aux commandes de l’État pendant les guerres mondiales elles-mêmes, ont permis des modernisations d’ensemble, que cela soit avec l’automobile civile, l’aviation civile et l’informatique et Internet.

Ce qui se joue ici, c’est le cœur même de la crise avec d’un côté la tendance à la guerre qui modifie la direction dans l’appareil d’État, contribuant à un régime anti-démocratique (et non plus simplement non-démocratique), ce qui a pour conséquence de l’autre côté, de générer un terrain pour la restructuration capitaliste elle-même.

Ainsi, il faudra suivre de près ce qui va se passer avec cette proposition de loi, notamment en scrutant qui va voter pour ou contre à l’Assemblée nationale et au Sénat. Cela permettra de voir qui soutient le capitalisme français et va nous emmener vers la guerre, et qui soutient les peuples sur une base pacifiste et démocratique.

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Guerre

Emmanuel Macron en mission pour l’OTAN en Roumanie et Moldavie

La France relève entièrement du dispositif de l’OTAN.

Avec l’Allemagne, la France est un des deux principaux sous-chefs de l’OTAN. Parfaitement inféodée aux États-Unis, le véritablement commandeur, la France a pour mission d’encadrer l’intégration de pays plus secondaires, en profitant au passage pour prendre une petite part du gâteau. C’est le sens de la tournée d’Emmanuel Macron en Roumanie, puis en Moldavie.

La Roumanie est membre de l’OTAN, et la Moldavie en est un satellite direct, avec au pouvoir un régime pro-Union européenne (malgré une partie du pays qui a fait sécession) et des traités de coopération avec l’OTAN.

Emmanuel Macron, avec une mise en scène typique du régime américain (nuit dans la tente plutôt qu’à l’hôtel, footing le matin, discours sur le tarmac dos aux troupes), s’est donc rendu sur place pour appuyer encore plus le clivage avec la Russie.

Il s’agit de s’assurer que ces pays frontaliers restent bien dans le giron occidental, alors que l’Ukraine est en train d’être dépecée malgré les discours hypocrites « souhaitant » une victoire ukrainienne. Et quand on dit « rester dans le giron », il faut comprendre « être prêts à la guerre ».

La Russie est définitivement considérée comme ennemi et dans le cadre de la bataille pour le repartage du monde, il faut encadrer les esprits pour qu’ils soient unilatéralement tournés vers une guerre possible avec la Russie. Nous sommes, en juin 2022, définitivement entrés dans une période où cela est assumé. Les discours faisant croire à une défense de la paix sont du passé.

Sur la base militaire de l’OTAN à Constanta où elle déploie son armée, la France est venue expliquer qu’il faut se préparer à l’affrontement guerrier. Il est question de l’Ukraine, mais c’est surtout le prétexte pour maintenir la pression, et assumer une nouvelle étape.

« Aux portes de notre Union européenne, se joue une situation géopolitique inédite, donc oui, pour toutes ces raisons, le contexte politique et les décisions que l’Union européenne et plusieurs nations devront prendre, se justifient de nouvelles discussions en profondeur et de nouvelles avancées.

Je pense que nous sommes à un moment où nous avons besoin d’envoyer des signaux politiques clairs, nous Union Européenne, à l’égard de l’Ukraine et du peuple ukrainien dans un contexte où il résiste de manière héroïque depuis plusieurs mois ».

La France n’enverra pas de soldats ni d’armes ultra-modernes en Ukraine. Mais elle continue avec les autres pays de l’OTAN d’acheminer le minimum nécessaire pour que la situation dure le plus possible. La superpuissance américaine a besoin que la pression guerrière soit maintenue et renforcée.

En attendant, la Roumanie est sommée de moderniser son armée, et en particulier sa force navale, pour appuyer les positions de l’OTAN en mer Noire. L’industrie militaire française, bien sûr, est là pour signer les contrats, alors que l’armée française s’installe parallèlement.

Le ministre des Armées Sébastien Lecornu a donc signé une lettre d’intention avec son homologue Vasile Dincu pour « développer les capacités » de la force navale roumaine grâce au « savoir-faire industriel français et la crédibilité opérationnelle » de la Marine française.

La Roumanie ne dispose que de trois frégates multi-usage, dont deux qui ont été achetées d’occasion à l’armée britannique, et sept corvettes, dont trois qui datent de l’époque soviétique. Elle n’a pas de sous-marin, si ce n’est un classe Kilo, qui ne navigue plus depuis la fin des années 1990.

On remarquera au passage qu’il y a depuis 7 ans un contrat en cours avec le groupe français Naval Group, mais qui bloque pour des raisons contractuelles. Selon la presse roumaine, il s’agirait de la responsabilité de la construction, que le chantier naval de Constanta ne souhaite pas assumer, souhaitant simplement exécuter les constructions pour le compte de Naval Group.

On peut très largement supposer que la lettre d’intention signée entre la France et la Roumanie a notamment pour objet de débloquer la situation. D’autant plus que selon le ministre roumain de la Défense, la Roumanie a besoin maintenant « d’un programme beaucoup plus complexe ».

Le contrat initial prévoit la construction de corvettes Gowind de Naval Group, avec des capacités anti-sous-marine et anti-aérienne avec des technologies françaises, et dans les standards de l’OTAN. Cela ne suffit pas vu la tendance à la guerre, particulièrement en mer Noire.

La Roumanie a officiellement fait part de sa volonté d’avoir au moins trois sous-marins. Une option était posée en 2018 sur du matériel allemand, mais le budget n’était pas là. Tel n’est plus le cas en 2022, avec maintenant 2,5% du PIB de la Roumanie pour les dépenses militaires. L’industrie française est prête à profiter de la manne, du moment que cela est encadré par l’OTAN et que cela va dans le sens de la superpuissance américaine.

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Eurosatory : le complexe militaro-industriel français sur le devant de la scène

L’Union européenne doit devenir un outil pour la guerre.

En tant que grande puissance, la France est connue et reconnue pour ses exportations de denrées agricoles, de produits de luxe, mais aussi pour sa production d’armes. Après les États-Unis et la Russie, la France est le troisième pays exportateur d’armes dans le monde.

Un commerce qui se porte bien, voire très bien puisqu’il a dépassé les 2 000 milliards de dollars dans le monde en 2021. De fait, depuis la pandémie de Covid-19, et plus encore avec la guerre en Ukraine, les budgets militaires des grandes puissances (mondiales et régionales) ont explosé, et la France compte bien conserver sa part du gâteau.

C’est dans cet état d’esprit qu’Emmanuel Macron s’est rendu au salon international de l’industrie de la défense et de la sécurité Eurosatory qui se tient du 13 au 17 juin au parc des expositions à Villepinte, salon qui se présente lui même comme « le mondial de la défense et de la sécurité ».

En temps normal, c’est le ministre des Armées qui se rend à ce salon lancé en 1967 au camp militaire de Satory par le Groupement des industries françaises de défense et de sécurité terrestres et aéroterrestres (GICAT), ce monstre du militarisme en France.

Ce salon fut lancé d’ailleurs un an après l’annonce officielle par le général de Gaulle du retrait de la France du commandement intégré de l’OTAN, ce qui suffit à montrer à quel point Eurosatory est une illustration de comment la France tend à être une puissance belliqueuse à part entière.

Lors de son discours d’inauguration, Emmanuel Macron a annoncé la couleur d’entrée de jeu :

« Cette confiance [à l’égard des industriels] s’inscrit dans un contexte inédit, et je pense que nous devons tous à cette occasion et dans les temps qui viennent en tirer les conséquences, celle aussi d’une entrée dans une économie de guerre dans laquelle je crois nous allons durablement devoir nous organiser.

C’est-à-dire dans une économie dans laquelle il faudra aller plus vite, réfléchir différemment sur les rythmes, les montées en charge, les marges, pour voir reconstituer plus rapidement ce qui est indispensable pour nos forces armées, pour nos alliés et pour celles et ceux que nous voulons aider.

Une économie au fond dans laquelle on ne peut plus envoyer au rythme et avec la grammaire d’il y a même un an. Tout a changé. »

Ce dont parle Emmanuel Macron ici est la capacité pour les armées des grandes puissances à assurer la logistique, les stocks et l’opérabilité des forces armées dans une guerre contre un autre État, ce que les experts appellent le taux d’attrition.

Si cela était quelque chose de bien en vue depuis plusieurs années dans les états-majors militaires, il est clair que les pertes et les masses de munitions et d’hommes engagées dans la guerre en Ukraine confirment cette tendance.

Par exemple, lors de la bataille de Kharkiv, les forces russes ont utilisé autant de munitions d’artillerie que l’ensemble du stock disponible pour l’armée française pour ses entraînements annuels. Par conséquent, l’enjeu pour les grandes puissances, c’est dorénavant de massifier leurs armées, en termes d’hommes, de stocks, de munitions, etc., mais aussi de les diversifier pour agir sur différentes zones d’intervention.

Cela signifie donc que l’industrie militaire devient un rouage central des économies des grandes puissances et puisque la France détient l’un des plus importants complexes militaro-industriels du monde, elle va être en première ligne de ce processus.

Et Emmanuel Macron en tant que représentant de la bourgeoisie pro-européenne se doit d’assurer la place du complexe militaro-industriel français dans le commerce des armes en Europe, alors que l’industrie américaine la concurrence, notamment par la vente de ses avions de chasse F-35 à bon nombre de pays européens.

C’est pourquoi lors de ce salon, Emmanuel Macron qui occupe depuis le 1er janvier, et ce jusqu’au 30 juin 2022, la présidence du Conseil de l’Union européenne, a appelé à la mise en œuvre d’une « préférence européenne » pour l’achat d’armes des pays membres.

Une perspective plus que concrète puisque depuis 2017, l’Union européenne a un budget commun en charge de l’innovation et de la recherche militaire commune alors même que l’article 41 du Traité de Lisbonne de 2007 interdisait l’utilisation du budget commun européen pour des projets militaires.

Depuis fin avril 2021, elle dispose d’un budget commun de 8 milliards d’euros (fonds européen de la défense) ce qui est en soi relativement peu, mais est énorme puisqu’avant 2017 il n’y avait rien, cela étant interdit par les règles institutionnelles.

Le tournant est tel que le Danemark est revenu par la voie du référendum le 1er juin 2022 sur son retrait historique des projets de défense européen.

Par son appel à une « préférence européenne en matière d’armements », Emmanuel Macron se place donc directement comme le porte-parole du complexe militaro-industriel français, car derrière l’industrie de défense européenne, il y a surtout quatre pays que sont la France, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne.

Et dans ce quatuor, la France capte près de 24 % des subventions européennes en matière de recherche et d’innovations militaires, les trois autres pays en recueillant environ 15 % chacun. Les industries françaises sont impliquées dans près de 80 % des projets subventionnés par l’Europe, Dassault étant au centre du projet de drone européen et Thalès (en partie détenu par l’État français) participant à plus de 40 % des projets.

De la même manière que le français Thierry Breton, chargé du très important portefeuille du marché intérieur, de la politique industrielle, du tourisme, du numérique, de l’audiovisuel, de la défense et de l’espace est également directeur général d’Atos international, une entreprise spécialisée dans le digital chargée de la modernisation de l’armée de terre française.

Voilà un parfait exemple de la tendance à la guerre qui s’empare de la base industrielle des pays. Un tel renforcement de l’industrie militaire française signifie que le complexe militaro-industriel va toujours plus devenir central dans le développement économique (et politique), alimentant la tendance au repartage militaire du monde.

Dans ce panorama, la France en tant que grande puissance apparaît comme un acteur central de la tendance à la guerre. Une donnée qui s’avère capitale pour quiconque veut lutter pour la cause pacifiste dans ce pays.

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La France pousse la Grèce à la guerre contre la Turquie

La mer Égée est au cœur de la bataille pour le repartage du monde.

Cela fait des années et des années que la Grèce et la Turquie se toisent du regard, s’invectivent, s’accusent, se provoquent, etc. Et la France est pleinement partie prenante de ces tensions.

En 2020, l’opposition entre la Grèce et la Turquie a pris une nouvelle tournure, au point que le risque de guerre s’est avéré imminent. La France est intervenue militairement au côté de la Grèce, et a dénoncé sans vergogne la Turquie, jetant ainsi de l’huile sur le feu. Puis elle s’est officiellement alliée à la Grèce.

Un nouvel épisode de cette saga guerrière s’est produit mardi 31 mai 2022. En arrière plan, il y a la Turquie qui reproche à la Grèce de sur-armer ses îles proches du territoire continental turc en mer Égée. Le ministre turc des Affaires étrangères a fait une déclaration choc à ce sujet, dans laquelle il dit notamment :

« La Grèce a violé le statut de ces îles et doit les désarmer. Sinon, un débat sur leur souveraineté commencera ».

Autrement dit, la Turquie reproche à la Grèce de ne pas respecter ses engagements historiques et menace de ne plus lui reconnaître ces îles. Rappelons que ce qui intéresse la Turquie ce ne sont pas ces îles en elles-mêmes, mais leurs eaux territoriales adjacentes.

Cela fait que la Turquie pourrait profiter de la situation pour enfin s’approprier des eaux (et leur sous-sol) qu’elle considère comme les siennes depuis des années. Le problème, on l’aura compris, c’est que justement si la Grèce sur-arme les îles en question, c’est précisément parce que de son côté elle considère que sa souveraineté est menacée.

De quelque manière qu’on prenne le problème, ce ne peut être que l’escalade. Il ne manque plus qu’une étincelle pour que le baril de poudre qu’est cette situation, explose. Et la France a clairement pris parti, et assumera s’il le faut un conflit militaire avec la Turquie, ce qu’elle souhaite même en fait, considérant que c’est un adversaire à sa portée.

D’où une prise de position unilatérale pour la Grèce, comme l’a annoncé Emmanuel Macron, dans une série de remarques à la presse sur cette question, lors d’un sommet européen. Il a parlé de la souveraineté territoriale de la Grèce, qu’il faut absolument défendre face à la Turquie.

Alors ce n’est pas nouveau, certes. La France est déjà engagée militairement auprès de la Grèce face à la Turquie, elle a déjà participé à des manœuvres en août 2020 avec trois avions Rafale, la frégate La Fayette et un hélicoptère. Et donc, surtout, la France a un pacte d’intervention avec la Grèce, comme nous l’expliquions ici en octobre 2021.

Mais nous sommes dans une situation de crise. La France, qui est une puissance en perdition, doit être de plus en plus agressive pour continuer à exister sur la scène internationale. Alors elle se pose comme gendarme de la Méditerranée, qu’elle considère comme sorte de prolongement naturel de son passé impérial puis colonial, avec le Liban comme aboutissement.

En pratique cependant, la France n’agit nullement comme un gendarme, elle n’arbitre rien dut tout mais prend clairement part à un conflit. Ce conflit fait partie des grands points d’accroche mondiaux pouvant mener à une nouvelle grande guerre mondiale.

Pour l’instant, la situation est même relativement figée, en raison de la complexité de la formation de grands blocs, nécessaire historiquement à la dégénération en une guerre mondiale. Concrètement, si on prend la question Ukrainienne, on voit tout de suite que cela freine tant la Grèce que la Turquie. Les deux sont dans la même position, au sein de l’OTAN donc tournée vers l’Ukraine en raison de leur soumission à la superpuissance américaine, mais en même temps ils sont chacun naturellement tournés vers la Russie avec la perspective d’exister de manière plus puissante en étant du côté de la Russie.

Tant la Grèce que la Turquie ont une position bien moins tranchante que les autres membre de l’OTAN vis-à-vis de la Russie. La Grèce est accusée d’aider objectivement la Russie à contourner les blocus, via ses ports. La Turquie assume officiellement de bloquer l’élargissement de l’OTAN contre la Russie, en raison du soutien suédois aux forces kurdes indépendantistes.

Cela peut néanmoins changer à tout moment, car personne ne décide de rien. C’est la crise qui décide de tout et précipite la monde. Toutefois, il est clair que la France participe activement à envenimer la situation en mer Égée, poussant objectivement la Turquie dans les bras de la Russie, et tirant la Grèce vers elle pour qu’elle se soumette avec elle entièrement à l’OTAN… avec l’espoir de bousculer la Turquie.

C’est la bataille pour le repartage du monde.

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Taïwan: nouvelle escalade entre la Chine et les États-Unis

C’est une nouvelle provocation américaine.

Jusqu’à présent, les États-Unis ne s’étaient jamais engagés formellement à défendre militairement Taïwan en cas d’initiative de la République populaire de Chine. C’est la doctrine du « Taiwan Relation Act » datant de 1979 : le soutien aux dirigeants de l’île de Taïwan est assumé, ainsi que la fourniture d’armes, mais pas le soutien à l’indépendance de l’île, ni l’engagement militaire formel contre la République populaire de Chine. C’est une position d’équilibriste, pour peser sans pour autant faire de ce bout de terre dans le Pacifique une question menaçant la stabilité américaine.

Tout cela tenait jusqu’à présent, alors que les États-Unis étaient encore marqués par l’hyper-tension de l’époque de la guerre froide avec l’URSS et que, depuis les années 1980, les relations commerciales sino-américaines sont passées au cœur du capitalisme.

Mais le monde a définitivement changé depuis la crise sanitaire de 2020 et la stabilité mondiale, toute relative qu’elle pouvait être, est ébranlée. C’est pour cela qu’à l’automne 2021, le président américain Joe Biden avait déjà franchi une ligne rouge en affirmant que les États-Unis prenait l’engagement de défendre Taïwan. Il était vite recardé par sa propre administration, tellement le sujet est brûlant, dangereux. Le chef du Pentagone avait rappelé qu’il n’était pas question d’intervenir autrement que par la fourniture d’armes.

Joe Biden s’était ensuite corrigé lui-même quelques semaines après en précisant qu’il n’encourageait pas l’indépendance de l’île et qu’il fallait maintenir le statut-quo avec la République populaire de Chine.

Mais l’Histoire avance à grands pas et Joe Biden a finalement remis une pièce dans la machine à provocation le 23 mai 2022. C’est à l’occasion d’une tournée au Japon (le Japon, opposé à la République populaire de Chine, est très proche des dirigeants de l’île de Taïwan) que le président américain a finalement assumé d’envoyer définitivement en l’air 40 ans de jeu d’équilibre sur le sujet.

À la question d’un journaliste sur l’éventuel soutien militaire des États-Unis à Taïwan en cas d’attaque par la République populaire de Chine, il a répondu : « yes ». Ce n’était pas une question au passage, mais il y avait tout un enjeu international et très sérieux à cette discussion depuis Tokyo, alors qu’il était également question de dénoncer des coopérations militaires entre la Russie et la Chine.

Joe Biden a fait le parallèle avec l’Ukraine, assumant totalement la position de gendarme du monde de la superpuissance américaine :

« Cela (l’intégration de Taïwan à la République populaire de Chine) disloquerait toute la région et serait une autre action similaire à ce qui s’est passé en Ukraine. Donc, le fardeau est encore plus fort. »

De fait, l’escalade est assumée, car il était question en plus de cela lors de cette visite d’un accord militaire avec le Japon pour, de manière officielle, surveiller l’activité militaire navale de la République populaire de Chine dans la région.

De son côté le gouvernement chinois de Pékin assume lui-aussi la surenchère. Concrètement, la diplomatie chinoise accuse les États-Unis de pousser les indépendantistes taïwanais à la confrontation (en raison de l’élan que leur procure l’annonce d’un soutien américain) tout en expliquant que le conflit militaire sera assumé s’il le faut. La République populaire de Chine considère que la question de Taïwan relève de sa souveraineté nationale et explique en réponse à Joe Biden qu’elle est fermement décidée à la défendre, l’incitant à « ne pas sous-estimer sa ferme détermination ».

Ce sont clairement les contours d’une guerre mondiale qui se dessinent, avec cette contradiction de plus en plus forte, et surtout assumée, entre les deux blocs que forment la superpuissance américaine et son challenger la superpuissance chinoise.

Tant que le développement chinois profitait surtout aux États-Unis et son hégémonie mondiale, la question de Taïwan était relative, servant simplement de contre-poids. Maintenant que la Chine est devenue une superpuissance assumant la concurrence pour le leadership mondial, la contradiction est explosive et la question de Taïwan devient incontournable.

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Guerre

L’atlantisme anti-Russie et le nationalisme pro-Russie

Deux tendances au sein de la bourgeoisie française.

Immédiatement après l’annonce officielle de la Finlande et de la Suède de leur volonté d’intégrer l’OTAN, le président français Emmanuel Macron a exprimé son soutien. Surtout, il a tenu à préciser que la France se tiendra à leurs côtés en cas d’agression.

Le communiqué officiel insiste fortement :

«Tout État qui chercherait à tester la solidarité européenne, à travers une menace ou une agression contre leur souveraineté par quelque moyen que ce soit, doit avoir la certitude que la France se tiendra aux côtés de la Finlande et de la Suède»

Au fond, cela n’a pas de sens. Ces deux pays sont déjà ouvertement proches de l’OTAN, donc la donne ne change pas. Et puis c’est la nature même de leur prochaine intégration à l’OTAN que d’engager un soutien militaire obligatoire en cas d’agression. Agression qui est fictive de toute façon. La Russie ne menace aucunement ces deux pays, cela n’a rien à voir avec le cas de l’Ukraine, que la Fédération de Russie considère comme relevant de ses prérogatives, et elle avait annoncé depuis très longtemps ses intentions. Depuis 2014 au moins.

Ce n’est donc pas le fond qui compte, et encore moins la réalité. Ce qui compte, c’est la forme, la propagande atlantiste, pour faire monter la pression contre la Russie et préparer les esprits à l’affrontement. Ici, Emmanuel Macron prend parti de manière belliciste, il joue des gros bras face à la Russie qui joue des gros bras elle aussi. La Finlande et la Suède ne seront bientôt plus que des prétextes à la guerre, et il n’y a personne pour prôner l’apaisement.

Emmanuel Macron se permet tout cela, car il y a un consensus immense en France sur l’allégeance à la superpuissance américaine et son organisme militaire qu’est l’OTAN. Il suffit de regarder les élections législatives 2022 : la question de la guerre n’existe tout simplement pas. Emmanuel Macron peut agir totalement librement, en première ligne pour faire le jeu de l’OTAN, selon les intérêts américains (par définition).

Il y a un problème toutefois, c’est que ce consensus unilatéralement pro-américain ne colle pas ni avec les intérêts, ni avec la vision de toute une partie de la haute bourgeoisie française. C’est, pour faire simple, la haute bourgeoisie française qui est par définition même nationaliste, plutôt d’extrême-droite, qui pense que la France doit maintenir et renforcer son rang de grande puissance du capitalisme de manière autonome, et donc ne pas faire allégeance aux États-Unis.

C’était la ligne du Général de Gaulle, ligne que la Gauche à l’époque dénonçait comme étant nationaliste, relevant pratiquement du fascisme. Ce qui était vrai. Mais qu’est-il advenu de cette expression nationaliste de la haute bourgeoisie française en 2022 ?

L’élection présidentielle a été de ce point de vue très significative. Tant Marine Le Pen qu’Eric Zemmour avec autour de lui Marion Maréchal étaient censés porter cette ligne nationaliste réticente face à l’OTAN. Et dans le contexte de la guerre en Ukraine, cela signifiait dénoncer l’hystérie anti-Russie, relativiser le rôle de la Russie, au moins la mettre dos à dos avec les États-Unis, etc.

Mais personne ne l’a fait. Marine Le Pen en a été incapable, alors qu’elle avait là un boulevard. Eric Zemmour lui s’est révélé quasiment plus atlantiste qu’Emmanuel Macron. Ces gens sont pourtant habituellement naturellement tournés vers Vladimir Poutine et son populisme « non aligné ». Mais la pression atlantiste en France était immense, ils se sont fait écraser.

Il était pourtant facile d’au moins critiquer le régime ukrainien, et surtout ses bataillons nazis. D’ailleurs, nous à Agauche.org l’avons fait souvent, et depuis très longtemps, bien avant l’invasion russe de février 2022, que nous avons annoncé dès avril 2021.

D’où une diffusion par la bande, en mode indirect, de la ligne nationaliste. Il n’y a eu que Sud Radio pour assumer dans certaines émissions cette ligne nationaliste pro-Russe, ou en tous cas pas anti-Russe. Cela n’a pourtant été qu’un bruit de fond pendant des mois, jusqu’à tout récemment, avec le témoignage d’Adrien Bocquet reflétant une offensive idéologique.

Celle-ci était très bien ficelée, avec un ton très naturel pour être bien convainquant. Adrien Bocquet a expliqué à quel point il avait vu des nazis en Ukraine, alors qu’initialement il était juste là pour aider, candide, du moins à ce qu’il dit. Suite à l’émission, beaucoup de gens ont décidé de découvrir qu’il y avait des hordes de nazis en Ukraine, liés au régime en place.

Cela ne doit rien au hasard. Il y a derrière cette « découverte » l’expression de cette partie nationaliste de la bourgeoisie française qui veut reprendre la main, en tous cas gagner des positions, exister à nouveau.

Et pour ceux qui doutaient du caractère politique de l’intervention d’Adrien Bocquet sur Sud Radio, celui-ci a remis ça lundi 16 mai. De manière très lisse et maîtrisée cette fois-ci, sans le ton faussement naïf, en colère, naturel et amateur de la première fois.

Il reprend tous les éléments uns par uns, de manière très professionnelle. C’est extrêmement politique, l’opération politique est indéniable. D’autant plus qu’entre temps, Adrien Bocquet a été invité par la chaîne YouTube (très professionnelle là encore) de Valeurs Actuelles, le média de l’extrême-droite française sur un mode traditionnel.

La Gauche ne doit pas être dupe de ce jeu de l’extrême-droite, tout comme elle doit combattre avec la plus grande fermeté l’Atlantisme et le bellicisme du régime en place, porté par Emmanuel Macron réélu.

Dans la nuit sombre, il faut un phare pour y voir, clair : tel doit être le rôle de la Gauche, pour servir les gens, pour ouvrir la voie. Le monde dans lequel nous vivons est complexe, mais il y a une chose qui est simple et qui doit servir constamment de boussole, c’est la lutte des classes. Ce qui sert la bourgeoisie ne sert par la classe ouvrière, et inversement. Le point de repère en tant qu’objectif doit toujours être le Socialisme !

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Guerre

Appeler à la paix, ou défendre le pacifisme ?

Promouvoir la paix est une chose, assumer le pacifisme en est une autre.

Le déclenchement de l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022 a marqué l’entrée dans une nouvelle époque. Une nouvelle époque démarrée bien avant cela pour quiconque scrute les tensions entre grandes puissances, mais qui a été saisie comme telle par beaucoup de gens à ce moment là.

Mais comme il ne reste plus que très peu de positions de l’expérience du mouvement ouvrier dans le peuple, le retour de la Guerre dite conventionnelle, chars contre chars si on veut, est surtout vue de manière unilatérale par les gens, mais aussi par les organisations de gauche.

Grosso modo, tout serait de la faute de Vladimir Poutine, de son cerveau malade, de sa volonté impériale vue comme volonté d’un autocrate isolé dans sa Tour d’ivoire…

Le problème évident d’une telle analyse, c’est qu’elle néglige les tendances historiques de fond, et par là-même elle n’aide pas à faire émerger une large mobilisation précisément contre la Guerre. Pourtant, on l’aura compris, cette guerre ne relève pas d’une anomalie régionale, ni même d’un passé mal digéré, mais d’une tendance de fond qui doit être le support à une prise de conscience pacifiste.

Ainsi lorsque l’on a vu fleurir à la fin février, des appels à la paix, ils se sont quasi immédiatement transformés en des discours alignés sur l’OTAN et la superpuissance américaine.

Ces prises de position ne servaient qu’à acculer la Russie, pour mieux servir les intérêts de la puissance américaine, et cela est d’autant plus flagrant qu’il n’en reste plus rien aujourd’hui. C’est au contraire la course à qui livrera le plus d’armes à l’armée ukrainienne, pour que ses soldats se fassent massacrer au nom de « l’occident ».

On peut même remarquer que les appels à la paix d’il y a peu de temps ne servaient qu’à masquer une volonté de figer les choses, comme si la guerre d’une grande puissance en Europe relevait d’une erreur et qu’il faudrait conquérir la paix pour mieux revenir au « monde d’avant ». D’ailleurs, l’élection présidentielle avec la réélection d’Emmanuel Macron a bien confirmé cet espoir qui n’est rien d’autre qu’un mirage inatteignable.

Avec le recul, on peut même dire qu’en appeler à la paix dans le contexte actuel de la Guerre en Ukraine sonne comme une perspective momentanée, conjoncturelle, et ne faisant que servir un camp contre un autre. En fait, en appeler à la paix ne vaudrait que si cela était porté concrètement par le peuple ukrainien à la base et en antagonisme avec son propre régime, devenu un vassal des États-Unis. Et qu’il y avait également en Russie une base populaire forte pour dénoncer le militarisme de son pays. Et qu’il y avait dans les pays de l’OTAN une opposition forte et franche à l’armée de chaque pays.

Mais de manière générale, se référer simplement à la paix, et non pas au pacifisme, ce n’est pas aujourd’hui s’opposer à la Guerre, cette tendance qui emporte tout dans le cadre du capitalisme en crise cherchant à se relancer.

Car la Guerre en Ukraine relève bel et bien d’une tendance de fond qui emporte le monder entier. C’est bien ce à quoi s’évertue à expliquer en long et en large agauche.org depuis avril 2021, fidèle aux enseignements historiques du mouvement ouvrier, notamment à sa pointe avancée au début du XXe siècle, la social-démocratie allemande.

Si la social-démocratie historique s’est opposée à l’impérialisme, au militarisme, c’est justement parce qu’elle avait saisi que ces aspects du capitalisme contemporain, n’étaient pas des adjectifs supplémentaires à ajouter à une liste de « revendications ».

Par opposition à l’impérialisme et au militarisme, forcément il fallait non pas opposer un slogan conjoncturel, mais une perspective de fond, puisant dans les entrailles de la société humaine, ce qui aboutissait à la défense du pacifisme, à la mise en avant de l’internationalisme prolétarien. Valeurs contre valeurs en somme.

Le fait même qu’il soit parlé de « pacifisme », ajoutant donc le suffixe isme au mot paix, c’est bien pour souligner que cela relève d’un regard général sur les choses, en opposition à un monde capitaliste qui cherche à se relancer en exacerbant ses caractéristiques mortifères, transformant l’exploitation de l’homme par l’homme en tuerie de masses d’hommes par d’autres masses d’hommes.

Mettre en avant, défendre le pacifisme, c’est avoir compris que la guerre n’est pas une affaire momentanée, conjoncturelle, liée à des enjeux ici ou là, locaux ou régionaux, mais bien un aspect à part entière du capitalisme en crise, à part entière car visant à le relancer par sa base même.

En appeler à la paix ne suffit donc pas. Ce dont on a besoin pour aujourd’hui, et plus encore demain, c’est d’un grand mouvement pacifiste internationale, pour faire face à la lame de fond qui s’empare des sociétés capitalistes et du monde entier.

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Politique

Emmanuel Macron c’est la guerre avec l’OTAN, Marine Le Pen c’est le nationalisme et la guerre

La situation historique fournit un dilemme terrible.

Faire bloc pour empêcher l’extrême-Droite de parvenir à des postes à responsabilité dans les institutions est un principe fondamental de la Gauche. C’est une leçon tirée du passé, des succès du fascisme italien et du national-socialisme allemand. On a compris depuis qu’il fallait tout faire pour bloquer l’installation de l’extrême-Droite où que ce soit.

Cette ligne est bien entendue réfuter historiquement par l’ultra-gauche (c’est-à-dire les anarchistes et les trotskistes) ; heureusement elle apparaît comme naturelle à toute la Gauche qui n’a pas été contaminée par elle.

L’Histoire n’avançant pas en ligne droite, voici que l’élection présidentielle de 2022 impose toutefois un sacré dilemme. La France est, dans les faits, impliquée dans la guerre en Ukraine. Elle l’est parce qu’elle fournit du matériel, des armes et des conseillers depuis que la guerre est déclenchée ; elle l’est avant même le conflit, parce qu’elle est membre de l’OTAN et que l’OTAN utilise depuis 2014 l’Ukraine comme tête de pont pour démanteler la Russie.

Cela fait que, depuis le 24 février 2022 et l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la France est objectivement en guerre, même si indirectement. Toute autre considération sur ce point est erroné. Or, naturellement, soutenir le président en place n’est alors pas possible, puisque ce serait valider la guerre, voire même la soutenir en accordant une légitimité plus grande à celui qui prend la décision de la faire.

D’où le casse-tête du second tour de la présidentielle. Si l’on regarde à long terme, Marine Le Pen représente le nationalisme et la guerre ; elle contribue à la dépolitisation des masses, à leur insertion dans le nationalisme, dans la mise en place d’un État replié sur lui-même prêt à s’élancer militairement de manière ouverte dans la bataille pour le repartage du monde.

Cependant, si on regarde à court terme, Emmanuel Macron, c’est l’OTAN, c’est la guerre déjà présente, c’est la pression politico-militaire généralisée sur les prolétariats des pays occidentaux déjà étouffés par la société de consommation.

Si on suit le « Ni Macron ni Le Pen » de l’ultra-gauche, alors on laisse Marine Le Pen passer et c’est du suicide. Si on s’engage à contrer Marine Le Pen, on valide de fait Emmanuel Macron et la guerre de l’OTAN.

Et, bien entendu, les situations très différentes impliquent des positionnements nécessaires dans l’immédiat. Dans certains milieux, Marine Le Pen a l’hégémonie et ne pas affirmer l’opposition à l’extrême-Droite serait une capitulation. Inversement, lorsqu’il se pose des discussions sur la nature du capitalisme et son évolution, la question de l’OTAN prend inévitablement le dessus puisque c’est l’expression politico-militaire de l’hégémonie de la superpuissance américaine dans le monde.

La présidentielle de 2022 apparaît ainsi comme une tragédie, avec un dilemme insoluble. Ce qu’on gagne d’un côté, on le perd de l’autre. C’est dire tout de même dans quelle situation on est, où la seule question de fond c’est de savoir quelle fraction de la grande bourgeoisie va l’emporter, la pro-américaine ou celle qui veut naviguer en solitaire.

En ce sens, on peut constater que la possibilité même de la politique est exclue du panorama du second tour de la présidentielle de 2022. On remarquera d’ailleurs qu’il n’y a pas de discussions possibles, ni même de discussions tout court. Les gens s’alignent sur Emmanuel Macron ou Marine Le Pen dans un processus de polarisation apolitique. Car le capitalisme a essoré les gens, effacé la politique, et il ne reste plus que des tendances de fond dans la bourgeoisie déchirée intérieurement par la crise commencée en 2020 avec la pandémie.

Il n’y a véritablement que la bourgeoisie qui a compris l’importance de la pandémie et de la guerre en Ukraine. Le prolétariat perçoit quelque chose, se doute que cela ne tourne pas rond ; la petite-bourgeoisie s’inquiète profondément. On parle pourtant là seulement de sentiments primitifs, d’impressions somme toute très vague.

Ce dilemme du second tour de la présidentielle 2022 apparaît ainsi comme insoluble ; il exprime toute une contradiction historique, celle entre un capitalisme triomphant et des masses totalement atomisées. C’est cela l’aspect principal : la dépolitisation, l’écrasement de la capacité à se tourner vers une utopie, le culte des ego, l’opportunisme carriériste.

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Guerre

L’Allemagne choisit des avions de chasse américains plutôt que franco-allemands

La tendance à la guerre renforce l’OTAN, et inversement.

Pendant cinq ans, le président Emmanuel Macron a mis sur la table l’idée d’une force armée européenne, et en tous cas de grande coopération et intégration industrielle-militaire en Europe. C’est là une sorte de gaullisme light, voulant garder pour la France un statut de relative grande puissance relativement indépendante, mais via l’Union européenne et son moteur franco-allemand.

Le projet d’armée européenne n’a jamais pris concrètement, puis il a été balayé par la guerre en Ukraine qui a vu le retour au premier plan de l’OTAN, pourtant donnée « en état de mort cérébrale » il y a très peu de temps encore par Emmanuel Macron.

Une nouvelle étape de l’échec de ce « gaullisme light » d’Emmanuel Macron via l’Union européenne vient d’être franchie, avec l’annonce par l’armée allemande de se tourner vers les États-Unis pour l’achat d’avions de guerre de type chasseurs-bombardiers. En l’occurrence, c’est une trentaine de F-35 de Lockheed Martin qui doit être commandée.

C’est un grand chamboulement, car l’Allemagne est censée intégrer depuis 2017 un programme de développement spécifiquement européen, nommé Système de combat aérien du futur ou SCAF. Plusieurs contrats et commandes spécifiques ont été passées auprès Dassault Aviation et Airbus Defence and Space, avec plusieurs millions d’euros de budget déjà engagés, des lettres d’intentions signées entre les ministres allemands et français de la Défense, etc.

Seulement, tout cela est pour dans longtemps, pas avant 2040. Et c’est maintenant que se dessine la tendance à la guerre. Et c’est maintenant que la superpuissance américaine met la pression pour une intégration totale à l’OTAN dans le sens d’un alignement militaire sur sa superpuissance.

Concrètement, l’Allemagne se positionne comme étant dans le sillage immédiat et direct des États-Unis, balayant toute la perspective franco-allemande sur le plan militaire. Voici comment l’agence de presse allemande Deutsche Presse-Agentur résume la chose :

« Les inquiétudes antérieures du gouvernement fédéral selon lesquelles l’achat du F-35 pourrait contrecarrer les projets conjoints avec la France de construire un ‘avion de combat du futur’ européen sont désormais passées au second plan et semblent largement invalidées du point de vue de Berlin ».

La pression américaine est en effet trop forte, et l’Allemagne ne misera pas sur la France. Car qui dit F-35, dit en fait et surtout intégration au programme militaire nucléaire de l’OTAN, c’est-à-dire américain. L’Allemagne dispose, sur la base de Büchel, de bombes nucléaires dite tactiques de type B-61, activables sur décision américaine. Mais pour rester intégrée à ce programme nucléaire, l’Allemagne est obligée d’acquérir les F-35 américains, car plus aucun nouvel appareil européen n’est certifié par les États-Unis pour cela.

L’Allemagne rejoint ainsi le Royaume-Uni, la Belgique, les Pays-Bas et l’Italie, qui ont déjà acheté des F-35. Elle fait un immense pas de côté par rapport au moteur franco-allemand.

La grande bataille pour le repartage du monde est concrètement d’actualité, et ce que cela induit principalement, c’est une tendance au renforcement des deux principaux blocs. L’un américain, l’autre chinois. L’Allemagne renforce son intégration dans le premier, aux dépens d’une relative indépendance avec la France dans le cadre européen.

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Guerre

Emmanuel Macron : la France n’est pas en guerre contre la Russie, mais…

Le président français prépare les esprits à la guerre.

La machine à propagande est en route, et elle tourne à plein régime. Le président Emmanuel Macron a ainsi fait une adresse aux Français mercredi 2 mars 2022 en posant avec le drapeau ukrainien aux côtés des drapeaux de la France et de l’Union européenne. Ce choix résume à lui seul sa position et la nature profonde de sa démarche.

Emmanuel Macron se présente comme un défenseur de la « liberté » et de la paix, il explique que lui et l’OTAN ont tout fait pour éviter la guerre et qu’il s’emploie désespérément à trouver une solution diplomatique. Pourtant, en pratique, il prend fait et cause unilatéralement pour le régime ukrainien avec le président Volodymir Zelensky à sa tête.

Voici comment le Président a introduit sa prise de parole :

« Françaises, Français, mes chères compatriotes,

Depuis l’attaque brutale lancée par le Président Poutine contre l’Ukraine le 24 février, les forces russes bombardent Kiev, assiègent les villes les plus importantes du pays, des centaines de civils ukrainiens ont d’ores et déjà été tués, des femmes et des enfants ont été tués encore ce jour. Les jours qui viennent seront vraisemblablement de plus en plus durs. »

Ce n’est pas là l’introduction d’un discours cherchant à construire la paix, mais un discours partisan d’un des deux camps durant une guerre, en l’occurrence le camp du régime ukrainien. La vérité est tordue, volontairement extrapolée, pour justifier une position.

En pratique, l’invasion russe de l’Ukraine, aussi odieuse et impérialiste soit-elle, bafouant le droit international et en piétinant l’ONU, n’a rien d’une marche barbare sur le pays comme voudrait le faire croire le président français, en parlant par exemple de « bombardements de Kiev », qu’aucune information, même provenant du régime ukrainien, ne vient corroborer.

L’invasion russe est menée, pour l’instant en tous cas, de manière ultra précise et fine, ciblant par des frappes chirurgicales des bâtiments précis, détruisant ou prenant de manière coordonnée des bases militaires, des aéroports, ainsi que différents points stratégiques, encerclant petit à petit les grandes villes.

Il n’y avait qu’à écouter France info, la chaîne d’information officielle du régime français, pour entendre dans la journée du 2 mars 2022 une journaliste ukrainienne francophone raconter sa journée, expliquant qu’elle a pu se déplacer librement dans la ville et faire ses courses, trouvant la plupart des produits recherchés, sauf la litière pour ses chats.

Mais ce genre de réalité n’intéresse pas Emmanuel Macron, qui a besoin au contraire de galvaniser un sentiment anti-russe et d’en rajouter. Ce qui compte, c’est d’orienter la population française vers la démarche atlantiste, celle de l’OTAN, des États-Unis et du bloc qu’ils forment, sur lequel la France est censée s’aligner.

La défense du régime ukrainien est indispensable pour cette démarche, car ce régime a été mis en place en 2014 de manière directement favorable au bloc américain pour remplacer un régime favorable à la puissance russe concurrente.

Le régime ukrainien et surtout sont président ont donc été couverts de louanges.

« Et en votre nom, j’adresse au Président Volodymir Zelensky le soutien fraternel de la France. Il est aujourd’hui, à la tête de son peuple si courageux, le visage de l’honneur, de la liberté, de la bravoure. »

En vérité, Volodymir Zelensky est surtout le visage d’un régime ultra-nationaliste, violemment anti-russe et résolument anti-Gauche (tout ce qui a un rapport de près ou de très loin avec l’URSS est interdit), laissant les fascistes faire ce qu’ils veulent, notamment organiser des milices armées, alors qu’ils sont d’ailleurs un élément officiel de l’armée (par l’intermédiaire du bataillon Azov, formant le noyau dur de l’armée d’ailleurs à Marioupol, la dernière clef du Donbass).

Concrètement, Volodymir Zelensky n’est pas un libéral-démocrate comme Emmanuel Macron, mais un populiste d’extrême-droite richissime, débarqué en politique avec un parti… reprenant le nom de la série télévisée dont il était le principal acteur. Mais cela plaît au Président français, du moment que c’est aligné sur les intérêts du bloc américain, quitte à nier l’idéologie nationaliste du régime ukrainien et la carte libre donné aux fascistes. La réalité n’intéresse pas Emmanuel Macron, pour qui seuls comptent les intérêts capitalistes.

« Cette guerre est encore moins, comme une propagande insoutenable voudrait le faire penser, une lutte contre le « nazisme ». C’est un mensonge. Une insulte à l’Histoire de la Russie et de l’Ukraine, à la mémoire de nos aînés qui ont combattu côte à côte contre le nazisme. Les dirigeants russes s’en prennent à la mémoire de la Shoah en Ukraine. Comme ils s’en prennent en Russie à la mémoire des crises du stalinisme.

Cette guerre est le fruit d’un esprit de revanche, nourri d’une lecture révisionniste de l’Histoire de l’Europe, qui voudrait la renvoyer aux heures les plus sombres des Empires, des invasions, des exterminations. »

De tels propos sont extrêmement partisans et on notera d’ailleurs que le régime ukrainien a affirmé de manière mensongère que le mémorial de Babi Yar, un haut lieu de la destruction des Juifs d’Europe, avait été détruit par les Russes. Cela avait été notamment un prétexte pour Volodymir Zelensky pour affirmer que la Russie détruisait la mémoire de l’Ukraine (ce qui est vrai en partie par ailleurs, mais Volodymir Zelensky a en tête une Ukraine mythique). On remarquera également que la mort des treize défenseurs ukrainiens de « l’île des Serpents » après avoir envoyé « se faire foutre » le navire de guerre russe était également de l’intox : les soldats ukrainiens se sont en fait rendus.

Tout cela ne doit pas étonner, de part et d’autre, car c’est la guerre et donc les opérations psychologiques sont systématiques, parallèlement à la mobilisation générale. Si Emmanuel Macron tient à préciser que « nous ne sommes pas pour autant en guerre contre la Russie », il prend dans les faits ouvertement et unilatéralement partie pour un camp contre l’autre, tout en agissant au moyen de sanctions économiques et politique comme un cobelligérant.

La neutralité n’existe jamais en politique, et encore moins en ce qui concerne les relations internationales. Emmanuel Macron n’est que le représentant d’un camp contre un autre, dans une escalade menant inévitablement à de grandes tensions guerrières.

Les quinze minutes d’allocutions du président Emmanuel Macron ont surtout comme rôle de préparer les esprits à la guerre et à l’escalade guerrière qui s’annonce. Il s’agit de galvaniser, d’entraîner le peuple derrière les intérêts et la vision du monde de la bourgeoisie française, d’annihiler toute contestation du régime.

Voici la transcription de la fin du discours d’Emmanuel Macron, qui apparaîtra dans quelques années comme un moment marquant, un jalon important dans la préparation à la guerre. La France prétend ne pas être en guerre contre la Russie, mais en pratique elle est farouchement hostile à la Russie, et elle fait tout pour aller vers cette guerre, elle est déjà dans cette guerre.

« Les équilibres de notre continent comme plusieurs aspects de notre quotidien sont d’ores et déjà bouleversés par cette guerre et connaîtront des changements profonds dans les mois qui viennent. 

Notre Europe en sera bousculée. J’aurai l’occasion d’y revenir (…).

Notre agriculture, notre industrie, nombre de secteurs économiques souffrent et vont souffrir, soit parce qu’ils dépendent des importations de matières premières venues de Russie ou d’Ukraine, soit parce qu’ils exportent vers ce pays. Notre croissance, aujourd’hui au plus haut, sera immanquablement affectée. 

Le renchérissement du prix du pétrole, du gaz et des matières premières a et aura des conséquences sur notre pouvoir d’achat : demain le prix du plein d’essence, le montant de la facture de chauffage, le coût de certains produits risquent de s’alourdir encore. 

Alors face à ces conséquences économiques et sociales, je n’ai et n’aurai qu’une boussole : vous protéger. 

Nous épaulerons les secteurs économiques les plus exposés en recherchant de nouveaux fournisseurs, de nouveaux débouchés commerciaux.  Et c’est à cette fin que je me suis entretenu avec des homologues américains, européens, moyen-orientaux.

Nous apporterons des réponses adaptées face aux perturbations des flux commerciaux et à l’augmentation des prix. Et j’ai demandé au Premier ministre d’élaborer, pour les prochains jours, un plan de résilience économique et social pour répondre à toutes ces difficultés. 

Mais ne nous trompons pas. Ces événements n’auront pas seulement des conséquences immédiates, à la trame de quelques semaines. Ils sont le signal d’un changement d’époque.
La guerre en Europe n’appartient plus à nos livres d’histoire ou de livres d’école, elle est là, sous nos yeux. La démocratie n’est plus considérée comme un régime incontestable, elle est remise en cause, sous nos yeux. 

Notre liberté, celle de nos enfants n’est plus un acquis. Elle est plus que jamais un système de courage, un combat de chaque instant.

A ce retour brutal du tragique dans l’Histoire, nous nous devons de répondre par des décisions historiques.

Notre pays amplifiera donc l’investissement dans sa défense décidé dès 2017 et poursuivra sa stratégie d’indépendance et d’investissement dans son économie, sa recherche, son innovation, déjà renforcée à la lumière de la pandémie.

Notre Europe, dans cette épreuve, démontre, comme elle l’a fait ces derniers mois, une unité remarquable. Elle doit désormais accepter de payer le prix de la paix, de la liberté, de la démocratie. Elle doit investir davantage pour moins dépendre des autres continents et pouvoir décider pour elle-même. En d’autres termes : devenir une puissance, plus indépendante, plus souveraine.

Puissance économique d’abord. Nous ne pouvons plus dépendre des autres pour nous nourrir, nous soigner, nous informer, nous financer. Voilà pourquoi, dans le prolongement des décisions prises au plus fort de la pandémie avec le plan de relance européen, nous devrons promouvoir un nouveau modèle économique fondé sur l’indépendance et le progrès. 

Puissance énergétique, ensuite. Nous ne pouvons plus dépendre des autres et notamment du gaz russe pour nous déplacer, nous chauffer, faire fonctionner nos usines. Voilà pourquoi, après avoir décidé pour la France, le développement des énergies renouvelables et la construction de nouveaux réacteurs nucléaires, je défendrai une stratégie d’indépendance énergétique européenne.  

Puissance de paix, enfin. Nous ne pouvons pas dépendre des autres pour nous défendre que ce soit sur terre, sur mer, sous la mer, dans les airs, dans l’espace ou le cyberespace. A cet égard, notre défense européenne doit franchir une nouvelle étape. 

Je réunirai les 10 et 11 mars prochains à Versailles les chefs d’Etat et de gouvernement, européens, lors d’un sommet qui aura à décider sur ces sujets. 
D’ores et déjà, notre Europe a montré unité et détermination. Elle est entrée dans une nouvelle ère. Il nous faut poursuivre.

Mes chers compatriotes,

La guerre en Ukraine marque une rupture pour notre continent et nos générations.

Je sais combien elle vous inquiète, légitimement. Elle nous mobilise et nous imposera de prendre des décisions. Je vous en rendrai compte.

Cette guerre vient aussi percuter notre vie démocratique et la campagne électorale qui s’ouvre officiellement à la fin de cette semaine. 

Cette campagne permettra un débat démocratique important pour la Nation mais qui ne nous empêchera pas de nous réunir sur l’essentiel. 

Je sais pouvoir compter sur vous, votre attachement à la liberté, à l’égalité, à la fraternité, à la place de la France dans le monde. 
   
Je ne cesserai jamais de les défendre et de les porter haut, en votre nom.

Vive la République.

Vive la France. »

La France entre de plein-pied dans la tendance à la guerre à l’échelle mondiale, elle est une partie du problème, certainement pas de la solution.

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Société

Le covid, donc la guerre

Il n’y a pas de hasard ni de plan, c’est la crise générale du mode de production capitaliste.

L’épidémie de Covid-19 a été un coup de massue pour les français, qui au début ont rêvé d’un monde d’après. Il y a eu un début de réflexion sur le capitalisme et l’écologie, puis le déni s’est mis en place avec le grand retour des comportements libéraux et la mentalité « après moi le déluge ».

Il n’empêche que l’agenda imposé par le covid a profondément marqué les gens.

L’arrivée de la guerre en rajoute à l’hébétude, avec l’impression générale d’aller de Charybde en Scylla, comme succession de hasards malheureux. Certains veulent y chercher une signification, sachant que le hasard n’existe pas, ce qui est vrai, mais comme la gauche est faible, cela se résume à une lecture complotiste ou un refuge dans la religion, ce qui revient au même.

Seule la connaissance scientifique du capitalisme permet de conjurer les lectures fatalistes liées au hasard et celles idéalistes du grand plan. En effet quiconque voit les choses en terme de lutte des classes aurait dû prévoir que le grand arrêt dans les chaînes de production capitaliste et l’injection de quantité astronomiques d’argent fictif allait mener les grandes puissances à la guerre.

C’est ce que la revue Crise a documenté depuis le mois de mai 2020 et en cela c’est un travail incontournable.

Ce n’est donc pas le covid, puis la guerre mais le covid donc la guerre.

Concrètement, les grandes puissances capitalistes sont endettées jusqu’au cou et la production est mise sans dessus dessous par des ruptures d’approvisionnement, des ruptures de main d’œuvre et dans les secteurs stratégiques qui freinent la restructuration et nécessite de nouvelles alliances.

L’économie est désorganisée, la pagaille règne, l’incertitude gagne les esprits, les opinions publiques sont tendues.

Il y a donc un besoin d’une remise en ordre qui provient de la grande bourgeoisie et qui n’a comme seule option le fascisme et la guerre, le fascisme donc la guerre, la guerre donc le fascisme. 

Les grandes puissances sont donc des « challengers » à la veille d’un grand repartage du monde et les vieilles alliances sont pleines de tensions internes.

La position internationaliste adéquate fera la différence sur le temps long et il ne s’agit pas ici d’une solidarité abstraite et de vague dénonciation mais d’une lutte contre les points de vue nationalistes qui vont former un étau toujours plus étouffant.

L’Internationalisme doit saisir tous les aspects de la crise pour refléter les besoins vitaux des peuples. Tout est en rapport, y compris ce qui nous a mené ici, la fuite en avant dans la destruction généralisée de la nature, les impérialismes, les tensions internes aux nations avec la montée du fascisme dans le monde, le triomphe de la consommation…

Seuls les grands idéaux du mouvement ouvrier peuvent mener à l’unification de l’humanité et la fin de ces guerres fratricides. 

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Guerre

Ukraine : le principe même de démocratie asséché par l’élan militaire européen aligné sur l’OTAN

L’élan militariste neutralise les opinions publiques démocratiques.

Depuis peu, les choses s’accélèrent grandement dans la participation des puissances occidentales au conflit militaire en Ukraine. La France envoie 500 soldats en Roumanie accompagnés de chars, ainsi que 200 soldats en Estonie accompagnés de quatre avions de chasse qui vont « patrouiller » au-dessus des pays baltes. A cela s’ajoute la livraison par la France d’équipements de défense numérique et aériens directement à l’Ukraine.

L’Allemagne vient d’annoncer livrer 1 400 lance-roquettes antichar, 500 missiles sol-air Stinger, 9 obusiers et 10 000 tonnes de carburant. On se souvient pourtant qu’il y a encore quelques semaines, l’Allemagne se montrait frileuse dans l’envoi de matériel de guerre offensif, se contenant de de l’envoi de plusieurs centaines de casques à l’armée ukrainienne.

C’est dans ce même esprit que la Suède va livrer 5 000 lance-roquettes à l’Ukraine.

L’Allemagne cède ainsi sous la pression des pays baltes et de la Pologne, complètement alignés sur l’OTAN. Espérant continuer à se maintenir en puissance autonome stratégique en Europe, l’Allemagne est contrainte d’en revenir avec son histoire de soumission aux Etats-Unis après la Seconde Guerre mondiale dans le cadre du plan Marshall. Elle espère ainsi avoir une partie du gâteau russe semblant à portée de main.

La République Tchèque envoie 30 000 pistolets, 7 000 fusils d’assaut, 3 000 fusils mitrailleurs et plusieurs dizaines de fusils de précision ainsi qu’un million de cartouches. Les Pays-Bas vont livrer 200 missiles antiaériens Stinger, ainsi que des fusils de précision, l’Italie des appareils de déminage, la Belgique 3 800 tonnes de fuel et 2 000 mitrailleuses, quant au Portugal il annonce envoyer des gilets, des casques, des lunettes de vision nocturne, des grenades, des munitions de différents calibres, des fusils automatiques G3.

Ces décisions ne tombent pas du ciel, mais directement de la réunion du conseil de l’OTAN qui a eu lieu le 25 février 2022. Les différentes annonces de pays européens sont toutes intervenues dans le week-end. C’est ce dimanche que Josep Borrell, vice-président de la commission européenne, a annoncé l’achat d’armes pour l’Ukraine.

Ce qui se passe, et cela dément d’ailleurs la propagande occidentale contre la Russie, c’est que l’OTAN, à travers ses membres, renforce militairement l’Ukraine qui est en prise à une invasion militaire russe qui se déroule plutôt sans failles.

Et ces élans guerriers, clairement orientés par la superpuissance américaine, sont faits dans l’ombre, orchestrés par des petits cercles politiques liées directement aux états-majors militaires.

La presse a beau parler de « tabou brisé », voire de « rupture politique » en ce qui concerne l’Allemagne, de « décision exceptionnelle sans précédent depuis 1939″ pour la Suède, de « première fois de son histoire » par l’Union Européenne, on remarquera que tout est fait en vitesse, court-circuitant tous les canaux démocratiques.

On remarquera comment les opinions qui tentent de repousser à la fois l’impérialisme russe et l’impérialisme américain sont dénigréss car, sans une mobilisation autonome pacifiste et internationaliste, il n’y a plus de place pour de telles orientations dans le contexte actuel de la tendance à la guerre et de la guerre en Ukraine.

La pression militariste pour s’aligner sur tel ou tel camp est toujours plus fort, et l’annonce des livraisons massives d’armes ce week-end ne va rien arranger du tout. Il y a assèchement terrible de la démocratie.

C’est là un signal fort pour l’avancée des forces nationalistes et militaristes dans tous les pays. L’enjeu politique qui se dessine, c’est l’opposition entre forces pacifistes-démocratiques et les forces va-t-en-guerre, entre les forces populaires et les forces alignées sur la puissance américaine ou russe.

C’est là un marqueur puissant dans la tendance à la troisième guerre mondiale, avec des opinions publiques qui sont clairement mises de côté. Si cela est toujours vrai pour des états-majors militaires pétris dans les valeurs aristocratiques coupées du peuple, la puissance actuelle de l’élan guerrier n’a pas grand chose à voir avec les longues manœuvres politiques qui ont présidé aux guerres d’Afghanistan en 2001 ou d’Irak en 2003 voir en Syrie en 2015-2016.

Ce qui prime, c’est la prise de décision technique par en haut et cela prépare l’arrivée du fascisme comme régime accompagnant, et structurant la tendance à la guerre de chaque pays. Les opinions publiques sont littéralement coupées des décisions, les forces militaristes profitant des effets de sidération dans les populations pour avancer leurs pions rapidement.

Et nous n’en sommes qu’au début… Dans un tel contexte, il est évident qu’il n’est pas possible d’être spectateur de la situation, d’attendre fatalement une issue positive d’une situation qui ne l’est pas. Il est clair qu’il faut dorénavant se mobiliser contre la guerre sur les bases de la Gauche historique pour contre-carrer les fauteurs de guerre contre la paix entre les peuples.