La vague de narcobanditisme est irrépressible et deux exemples nouveaux montrent qu’on a encore passé un cran.
Il y a déjà la DZ Mafia, l’une des principales structures du narco-banditisme à Marseille, qui a produit une vidéo. Les criminels affirment qu’ils n’ont rien à voir avec le meurtre d’un chauffeur VTC par un jeune de 14 ans, à Marseille.
On est ici dans une mise en scène calquée, non pas sur le FLNC comme l’ont dit les médias, mais sur les cartels latino-américains. Car le discours des cartels est toujours le même : nous nous occupons de la population, nous ne sommes pas des assassins mais des hommes d’affaire, quand on ne nous dérange pas tout se passe bien, etc. Les organisations mafieuses italiennes sont pareilles, mais pratiquent la discrétion, alors que les cartels ont le culte de l’imagerie, surtout au Mexique où culturellement la tradition est de toute façon l’ajout ornemental. L’idéologie des cartels s’appuie sur la visibilité, sur la maîtrise ouverte. Ce n’est pas simplement du trafic dans l’arrière-cour des villes (comme historiquement à Paris et Lyon).
Les mafias savent qu’elles doivent agir dans l’ombre, les cartels insistent sur leur représentativité visuelle. Dans les mafias, les traditions ont le dessus. Dans les cartels, la force de frappe et sa démonstration sont ce qui compte. D’où le caractère extrêmement grave de la vidéo de la DZ Mafia, non pas en ce qu’elle est – elle témoigne d’un certain niveau d’amateurisme, l’ensemble est plus forcé qu’autre chose – mais en ce qu’elle annonce.
C’est la force de frappe qui commence à primer, à s’affirmer. C’est le rêve de Nietzsche, l’affirmation du surhomme qui se met en jeu quitte à périr. C’est l’idéologie des cartels, qui est d’ailleurs parallèle à l’idéologie fasciste historiquement, qui est elle aussi patriarcale-sacrificielle.
Voici des extraits des propos de la DZ Mafia, qui dénonce des « personnes malveillantes et mal intentionnées ».
« Maintenant, en ce qui concerne les faits, la DZ Mafia n’a strictement rien à voir, ni de près, ni de loin, dans tout ce qui s’est produit. Aujourd’hui, notre nom est devenu une marque utilisée par de nombreuses personnes malveillantes et mal intentionnées qui n’ont strictement rien à voir avec nous. »
« L’enfant de 14 ans ainsi que l’utilisation d’un VTC pour commettre un crime n’a rien à voir avec nos méthodes. Nous avons assez de moyens assez d’hommes et de véhicules pour agir si nous en étions obligés. »
Ce qui compte ici, c’est que la DZ mafia parle comme si c’était une structure reconnue, existante, consciente. Ce n’est pas simplement un clan ou un gang, monté sur le tas, et ce n’est pas une mafia avec une structure hyper-hiérarchisée, formalisée sur différentes traditions. Les cartels sont une expression du cannibalisme social, un retour en arrière historique.
Les mafias, si l’on veut, sont des restes de féodalité. Les cartels sont quant à eux des expressions d’un retour en arrière historique propre à un capitalisme décadent. C’est fondamentalement différent.
Alors, évidemment, DZ Mafia est une allusion à l’Algérie, DZ étant le code de ce pays (el-Djazaïr en arabe). Néanmoins, ce n’est pas ce qui joue. Les cartels, en effet, naissent sur une base patriarcale, avec une dimension familiale, clanique. Et à un moment ils connaissent un saut, en raison de la situation décadente du pays où il se trouve. Il y a alors un élargissement et ce n’est plus l’origine ethnique ou géographique qui compte.
En ce sens, la DZ mafia n’est pas loin de devenir un cartel, c’est la tendance interne qui la travaille. Et la situation de décadence du capitalisme, de désagrégation des liens sociaux dans le cadre de la crise commencée en 2020, accélère le processus.
C’est ce qui nous mène au second exemple, celui de Cavaillon. C’est un fait divers normalement, mais dans le contexte de la vidéo, son sens change totalement.
L’affaire est simple en apparence : quatre voitures, dont trois floquées de police (la 4e serait une voiture banalisée), ont été incendiées dans la nuit du mardi 8 au mercredi 9 octobre, devant le commissariat de Cavaillon, dans le Vaucluse. Il y a des habitations à côté et la menace du feu était générale.
Il est considéré que c’est une réaction à une opération menée au moyen d’une centaine de policiers et menant à une série d’arrestations et de confiscation de drogues, quelques jours auparavant, dans la cité du Dr-Ayme, à Cavaillon (Vaucluse), visée depuis deux semaines par la police qui cherche à démanteler le réseau local des trafiquants.
Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a affirmé que :
« L’État ne se laissera pas intimider. »
Et effectivement, les trafiquants de Cavaillon ont surestimé leur force. Il en est de même pour la DZ Mafia. Cependant, que ce soit les uns ou les autres, cela ne changera rien à la tendance de fond qui est la structuration de cartels.
Les Français s’imaginent trop que ce qui leur pend au nez, c’est éventuellement une situation à l’américaine, avec des gangs dans chaque zone, mais sans unité, et en plus avec la difficulté de s’approvisionner en armes, puisqu’en France ce n’est pas un marché ouvert comme aux États-Unis.
Non, la tendance, ce sont les cartels, qui représentent une réactivation du passé depuis le présent : en l’absence de renversement du capitalisme, ce dernier s’effondre et permet à des formes primitives, résiduelles, de ressurgir. Ce qui attend la France, c’est ainsi bien plus un découpage géographique comme au Mexique, avec des batailles permanentes pour le contrôle de telle ou telle zone.
La nature patriarcale de tout cela est évidente, aussi cela rappelle encore plus la nécessité absolue pour les femmes de lutter pour le Socialisme.
Et cela souligne aussi qu’il ne faut céder en rien aux bobos de gauche en mode LGBT, pro-migrants et autres délires turbocapitalistes. Ils ne font pas le poids dans ce qu’ils transportent historiquement, alors qu’on va vers de terribles affrontements – contre la guerre de repartage du monde, contre les cartels ! Oui, c’est une armée rouge qu’il nous faut, une armée du peuple pour le peuple !