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Refus de l’hégémonie

Deux votes unanimes, y compris français, de soutien complet de l’UE à l’Ukraine pour détruire la Russie

Le parlement européen a procédé à deux votes le 29 février 2024, concernant deux textes (qu’on peut lire ici). Ce sont des textes correspondent entièrement à la ligne exposée par Emmanuel Macron le 26 février 2024 lors de la Conférence de soutien à l’Ukraine.

On parle de deux appels à découper la Russie en morceaux, pas moins, et pour ce faire le régime ukrainien doit être soutenu par tous les moyens, principalement militaires.

Les titres des deux textes, votés à la quasi unanimité sont :

  •  L’assassinat d’Alexeï Navalny et la nécessité d’une action de l’UE pour soutenir les prisonniers politiques et la société civile opprimée en Russie
  • Nécessité d’un soutien sans faille de l’Union européenne à l’Ukraine, après deux ans de guerre d’agression russe contre ce pays

Le premier texte s’appuie sur la mort d’Alexeï Navalny en prison en Russie le 16 février 2024. Cet opposant russe était l’homme de main du camp occidental. Nationaliste raciste, il était devenu pro-Otan et allié des « libéraux » en Russie. L’Union européenne salue la mémoire de Navalny, dénonce comme illégitime le régime russe et affirme qu’elle:

« est convaincu que la victoire décisive de l’Ukraine peut entraîner de véritables changements dans le système de la Fédération de Russie, notamment désimpérialisation, décolonisation et refédéralisation, tant de conditions nécessaires à l’instauration de la démocratie en Russie »

C’est là un soutien total au régime ukrainien et un appel à dépecer la Russie, qui ne serait qu’une entité impériale. Le régime ukrainien diffuse depuis 2014 cette conception d’une Russie qui ne serait en réalité qu’une Moscovie ayant formé un empire.

Le vote pour ce texte : 506 voix pour, 10 contre, 21 abstentions.

Naturellement, du côté français, la droite et le centre ont voté pour.

Les députés liés au Parti socialiste ont également voté pour. C’est également le cas des députés liés à Europe écologie-Les Verts.

Les députés La France insoumise ont voté pour aussi. Il n’y a pas de députés PCF au parlement européen.

Jordan Bardella, à la tête avec Marine Le Pen du Rassemblement national, a voté pour, ainsi que les députés de son parti (à part certains absents ce jour-là).

Comme on le voit, le soutien au régime ukrainien, au dépeçage de la Russie est politiquement unanime en France.

Le second texte consiste entièrement en l’appel à soutenir par tous les moyens le régime ukrainien, car la Russie serait une « menace ». Il est dit que les économies occidentales sont bien plus fortes et qu’il faut que l’Union européenne remplace les États-Unis dans le soutien militaire.

L’Union européenne…

« redit une nouvelle fois son soutien à la fourniture constante d’une aide militaire à l’Ukraine, et ce aussi longtemps que nécessaire et sous toute forme possible pour que l’Ukraine puisse remporter la victoire. »

Et il faut toutes les armes, sans restriction. L’Union européenne…

« estime qu’il ne devrait y avoir aucune restriction auto-imposée à l’assistance militaire à l’Ukraine. »

Les missiles de longue portée, capables d’atteindre le territoire russe, sont nommés explicitement dans le texte ! Le texte est d’ailleurs extrêmement long pour attaquer la Russie à tous les niveaux, bref pour légitimer son dépeçage, son asservissement (avec des « réparations » à payer pour une durée infiniment longue).

Le vote de ce second texte : 451 voix pour, 46 contre, 49 abstentions.

Ici, il y a un petit changement, puisque Jordan Bardella et les députés du Rassemblement national se sont abstenus, tout comme ceux de La France insoumise.

Abstenus ! Ils n’ont pas voté contre, et de toutes manières c’est hypocrite, car le premier texte implique le second. Du moment qu’on dit qu’il faut détruire la Russie, alors inévitablement cela implique un vote concernant une question militaire ensuite.

Alors, qu’on ne s’y trompe pas. Toutes les bourgeoisies occidentales veulent la guerre, elles pensent que c’est jouable, et que c’est le meilleur moyen – le seul, même – pour sortir de la crise commencée en 2020.

Bien entendu, personne ne dira les choses ainsi et c’est pourquoi les propos d’Emmanuel Macron ont pu faire « scandale ». Personne ne dit jamais qu’il veut la guerre, pas même Hitler ou Mussolini ne le faisait. La guerre se fait toujours au nom de la « paix » et l’agressé est toujours présenté comme l’agresseur.

Encore est-il qu’avec des contradictions entre grandes puissances, tous les agressés sont agresseurs et vice-versa. Parce que c’est cela dont il s’agit : de la bataille pour le repartage du monde.

Et la ligne rouge est claire. Il faut que la France soit en échec, que l’Otan connaisse la défaite, que l’occident soit en déroute. C’est la position du défaitisme révolutionnaire, de Rosa Luxembourg et de Lénine, c’est la ligne juste !

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Refus de l’hégémonie

Les deux textes anti-Russie de l’UE du 29 février 2024

Deux votes concernant la Russie ont eu lieu le 29 février 2024, aboutissant à l’adoption de deux textes. Voici leur contenu.

La première résolution fait l’éloge d’Alexeï Navalny, enlève toute légitimité au régime russe et appelle à dépecer la Russie, car ce serait un empire colonial.

« Résolution du Parlement européen du 29 février 2024 sur l’assassinat d’Alexeï Navalny et la nécessité d’une action de l’UE pour soutenir les prisonniers politiques et la société civile opprimée en Russie (2024/2579(RSP))

Le Parlement européen,

– vu ses résolutions antérieures sur la Russie, notamment celles sur Alexeï Navalny et sur la situation des droits de l’homme dans le pays,

– vu le communiqué de sa Conférence des présidents du 21 février 2024,

– vu la déclaration du haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, au nom de l’Union européenne, du 19 février 2024 sur la mort d’Alexeï Navalny,

– vu la déclaration commune de la Présidente de la Commission et du vice-président de la Commission et haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité (VP/HR) du 16 février 2024 sur la mort d’Alexeï Navalny,

– vu la constitution de la Fédération de Russie et les obligations internationales en matière de droits de l’homme que la Russie s’est engagée à respecter,

– vu la déclaration universelle des droits de l’homme, la convention européenne des droits de l’homme et le pacte international relatif aux droits civils et politiques,

– vu le rapport de la rapporteuse spéciale des Nations unies sur la situation des droits humains dans la Fédération de Russie, Mariana Katzarova, du 15 septembre 2023 intitulé «Situation of human rights in the Russian Federation» (Situation des droits de l’homme en Fédération de Russie),

– vu la déclaration de la rapporteuse spéciale des Nations unies sur la situation des droits humains dans la Fédération de Russie du 22 février 2024,

– vu le rapport de l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne du 11 juillet 2023 intitulé «Protecting human rights defenders at risk: EU entry, stay and support» (Protéger les défenseurs des droits de l’homme menacés: entrée et séjour dans l’Union, et aide de l’Union),

– vu l’article 132, paragraphes 2 et 4, de son règlement intérieur,

A. considérant qu’Alexeï Navalny, éminente figure politique russe et lauréat du prix Sakharov pour la liberté de l’esprit 2021, a trouvé la mort dans une colonie pénitentiaire située au nord du cercle polaire en Sibérie, où il purgeait une peine d’emprisonnement infondée et motivée par des considérations politiques; que l’assassinat d’Alexeï Navalny est un nouveau signe de la répression croissante et systématique en Russie; que l’entière responsabilité de son assassinat incombe à l’État russe, et notamment à son président, Vladimir Poutine, qui devrait être tenu pour responsable;

B. considérant que les autorités russes n’ont pas encore donné d’informations sur les causes et circonstances exactes de sa mort, et que sa famille n’a été autorisée à récupérer sa dépouille pour une enquête médicale et ses funérailles que le 24 février 2024; qu’aucune autopsie ni enquête indépendante sur les causes de la mort n’a été réalisée;

C. considérant qu’Alexeï Navalny était en détention depuis le 17 janvier 2021, date à laquelle il était rentré en Russie après avoir bénéficié d’une rééducation médicale à la suite d’une tentative d’assassinat commanditée par l’État au moyen de l’agent neurotoxique Novitchok, interdit au niveau international; qu’il avait déjà été arrêté et placé en détention à de nombreuses reprises et condamné à de longues peines d’emprisonnement pour des motifs forgés de toutes pièces et de nature politique, dans le cadre de tentatives évidentes de mettre un terme à ses activités politiques et à ses campagnes de lutte contre la corruption; qu’il avait été soumis à des pressions psychologiques, à des sanctions arbitraires, à de mauvais traitements et tortures graves pendant sa détention dans plusieurs prisons et colonies pénitentiaires malfamées; que la santé d’Alexeï Navalny s’était détériorée en raison de mauvais traitements et faute de soins médicaux appropriés;

D. considérant qu’Alexeï Navalny a incarné la lutte pour la liberté et la démocratie, au nom de son rêve d’une «belle Russie de l’avenir»; que l’évolution constante de son point de vue sur la politique russe et le rôle de la Russie dans le monde a été accueillie avec respect; que, par son œuvre, M. Navalny a mis en lumière les illégalités et la corruption qui règnent au cœur du système de gouvernement russe; qu’il a inlassablement et courageusement poursuivi son combat depuis sa prison, ce qui illustre son attachement aux principes de la démocratie et de la justice; que ses avocats sont victimes de harcèlement et que trois d’entre eux sont en détention provisoire depuis octobre 2023;

E. considérant que, selon certaines informations, des citoyens russes ont rendu hommage à Alexeï Navalny dans des villes et villages partout en Russie, que nombre d’entre eux ont été arrêtés pour leurs actions pacifiques et que certains d’entre eux sont ciblés par la conscription; que l’ambassadeur de l’Union européenne en Russie, Roland Galharague, et nombre de ses homologues des États membres, du Royaume‑Uni et des États‑Unis figuraient parmi les personnes qui ont honoré la mémoire d’Alexeï Navalny devant la «pierre des Solovki» à Moscou;

F. considérant que le système politique russe est dominé par un régime autoritaire consolidé, au sein duquel règne une corruption endémique; que ce système organise des élections truquées pour apporter un semblant de démocratie et concentre l’ensemble du pouvoir entre les mains de Vladimir Poutine; que le gouvernement réprime toute dissidence avec l’aide de forces de sécurité loyalistes, d’un pouvoir judiciaire servile, de médias contrôlés et d’un corps législatif composé du parti au pouvoir et de partis d’opposition complaisants;

G. considérant que la mort d’Alexeï Navalny n’est pas un incident isolé, mais l’aboutissement du schéma de violence, de répression des dissidents et d’intimidation à l’encontre des opposants politiques et militants de la société civile propre au régime du Kremlin; que de nombreux droits démocratiques et libertés civiques consacrés par la constitution russe se révèlent inexistants dans la pratique; que la Fédération de Russie viole constamment le droit international et ses engagements;

H. considérant que la répression de la société civile indépendante en Russie, qui vise les organisations non gouvernementales, les défenseurs des droits de l’homme, les journalistes, les avocats, les historiens, les défenseurs des droits des femmes, des personnes LGBTIQ+ et de l’environnement, ainsi que les militants des minorités ethniques et culturelles, a eu un effet dévastateur sur la vie et les libertés des personnes appartenant à des minorités, des personnes LGBTIQ+, des femmes et de toutes les personnes qui n’adhèrent pas aux normes en vigueur ou qui critiquent le régime russe et ses politiques; qu’une société civile active et des médias libres sont essentiels à des sociétés démocratiques et ouvertes et à la protection des droits de l’homme;

I. considérant que le régime de Poutine a décimé toute une génération d’organisations russes de défense des droits de l’homme, comme Memorial et le groupe Helsinki de Moscou; que l’Union européenne a accueilli divers dissidents et représentants des médias et de la société civile russes qui ont été contraints de quitter la Russie pour avoir dirigé des critiques à l’encontre du gouvernement, ce qui les exposait à un risque élevé de représailles de la part des autorités;

J. considérant que de nombreux acteurs de l’opposition restent en Russie et continuent à lutter de l’intérieur pour la démocratie, l’état de droit et les droits de l’homme, à leurs risques et périls; que les représentants de l’opposition font systématiquement l’objet d’agressions verbales, de campagnes de dénigrement et de déshumanisation de la part du gouvernement ou des médias progouvernementaux; que le groupe de défense des droits de l’homme Memorial a désigné plus de 600 personnes comme étant des prisonniers politiques en Russie;

K. considérant que, depuis le début de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie en 2022, les autorités russes ont intensifié leur répression de l’opposition politique, des médias et de la société civile, restreignant davantage encore les droits et les libertés individuelles afin d’étouffer la dissidence intérieure, y compris en érigeant en infraction criminelle toute expression d’un sentiment d’opposition à la guerre; que les candidats opposés à la guerre ont été empêchés de se présenter à la prochaine élection présidentielle de 2024 en Russie;

L. considérant que, selon la rapporteuse spéciale des Nations unies sur la situation des droits de l’homme en Fédération de Russie, la société civile et l’opposition politique en Russie ne disposent plus d’espace sûr pour exercer leurs activités;

M. considérant que les graves restrictions que le régime russe applique aux droits de l’homme est en contradiction flagrante avec la constitution et le cadre juridique du pays, ainsi qu’en violation des obligations internationales de la Russie;

N. considérant qu’un processus de concurrence politique transparent, démocratique, libre et équitable n’est pas compatible avec les répressions politiques menées depuis de nombreuses années dans la Fédération de Russie, lesquelles ont abouti à l’assassinat d’un des principaux dirigeants de l’opposition russe, Alexeï Navalny;

1. condamne fermement l’assassinat d’Alexeï Navalny; présente ses plus sincères condoléances à sa famille, à ses collaborateurs et à ses collègues, ainsi qu’à ses innombrables partisans partout en Russie; exprime son soutien sans réserve à Ioulia Navalnaïa dans sa détermination à poursuivre l’œuvre qu’a entamée Alexeï Navalny avec son aide, ainsi qu’à la Fondation anticorruption fondée par M. Navalny, qui poursuit son œuvre dans ces circonstances nouvelles;

2. rend hommage à Alexeï Navalny, dirigeant politique et éminent militant anticorruption qui, grâce à son courage, à son charisme et à sa capacité à mobiliser les foules, a réussi ce que d’autres ont tenté, mais que peu d’entre eux ont réussi à faire, à savoir donner aux citoyens les moyens d’agir en leur faisant croire en leur capacité à améliorer leurs vies, à changer la société et à influer sur la politique;

3. rappelle sa contribution au façonnement d’une conscience civique grâce à de véritables débats publics, à des campagnes politiques, à des manifestations de rue et à une communication innovante, ce qui lui a valu d’être considéré par beaucoup comme le représentant d’une vision d’une autre Russie, où le pouvoir ne serait pas captif d’un régime kleptocratique protégé par des agents de la force publique serviles, mais serait aux mains du peuple et au service de celui-ci;

4. prie les autorités russes d’autoriser l’inhumation de la dépouille d’Alexeï Navalny conformément aux souhaits de sa famille et de ne pas entraver les efforts de celle-ci pour organiser ses funérailles dans la dignité; exige une enquête internationale indépendante et transparente sur les circonstances exactes de la mort d’Alexeï Navalny et sur les responsables, afin de découvrir la vérité, de veiller à ce que les responsables rendent des comptes et de permettre que justice soit faite; demande à l’Union et à ses États membres de jouer un rôle de premier plan en réclamant et en encourageant cette enquête;

5. déplore et condamne les campagnes de désinformation orchestrées par les médias contrôlés par le Kremlin qui ont cherché à salir la mémoire et la dignité d’Alexeï Navalny avant et après sa mort, ainsi que celles de son épouse, de sa famille et de ses proches collaborateurs;

6. demande au vice-président de la Commission et haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et aux États membres de demander des comptes aux dirigeants politiques et aux autorités russes, en étroite coordination avec les partenaires de l’Union; demande au Conseil d’avoir effectivement recours au régime mondial de sanctions en matière de droits de l’homme et d’appliquer des mesures ciblées à l’encontre des personnes impliquées dans les procès à motivation politique contre Alexeï Navalny et responsables de sa condamnation, de son emprisonnement et de ses conditions de détention, y compris les procureurs et les juges, le personnel pénitentiaire et les personnes responsables de sa mort prématurée; salue les sanctions récemment adoptées par les États-Unis à la suite de la mort d’Alexeï Navalny et invite l’Union à coordonner ses sanctions avec ses partenaires internationaux;

7. souligne que le gouvernement russe et Vladimir Poutine en personne portent la responsabilité pénale et politique de la mort d’Alexeï Navalny, leur opposant le plus en vue, et que, dans de telles circonstances, il est justifié de se poser la question de la légitimité de Vladimir Poutine dans le discours public et international;

8. exprime sa solidarité avec toutes les personnes, en Russie et ailleurs, qui, malgré la répression volontairement violente et les graves conséquences auxquelles elles font face, trouvent encore le courage de dire la vérité, de défendre les valeurs humanistes et de se battre pour que la Russie connaisse plus tard la démocratie et la paix; estime que le peuple russe ne peut être confondu avec le régime belliciste, autocratique et kleptocratique du Kremlin;

9. dénonce l’escalade des violations des droits de l’homme commises par le régime russe et condamne la répression en cours à l’encontre des détracteurs du gouvernement, des défenseurs des droits de l’homme, des militants pacifistes et écologistes, des dirigeants de minorités nationales, des militants autochtones des journalistes indépendants et des historiens, ainsi que la répression croissante à l’égard des communautés LGBTIQ+; invite le Conseil des droits de l’homme des Nations unies à mener une enquête immédiate sur l’emprisonnement dans des conditions inhumaines, la torture et l’assassinat d’opposants politiques; souligne que l’assassinat d’Alexeï Navalny rappelle avec force qu’il est urgent de s’attaquer aux politiques répressives du régime russe et de prendre résolument position contre de telles actions;

10. demande aux autorités russes d’abandonner toutes les accusations arbitraires et de libérer immédiatement et sans condition tous les prisonniers politiques et toutes les personnes détenues arbitrairement, notamment, mais sans s’y limiter, Vladimir Kara-Mourza, Youri Dmitriev, Ilia Iachine, Alexeï Gorinov, Lilia Tchanycheva, Ksenia Fadeeva, Vadim Ostanine, Daniel Kholodny, Vadim Kobzev, Igor Sergounine, Alexeï Liptser, Viktoria Petrova, Maria Ponomarenko, Alexandra Skotchilenko, Svetlana Petriïtchouk, Evguénia Berkovitch, Dmitri Ivanov, Ioann Kourmoïarov, Igor Barychnikov, Dmitri Talantov, Alexeï Moskalev, Oleg Orlov, Boris Kagarlitsky et Ivan Safronov;

11. prie instamment les autorités russes de mettre immédiatement un terme au recours à la torture, à d’autres mauvais traitements et aux mesures disciplinaires arbitraires à l’encontre de tous les détenus et de réformer d’urgence les conditions de détention des prisonniers afin qu’elles soient conformes aux obligations qui incombent à la Russie en vertu du droit international relatif aux droits de l’homme, en particulier concernant la possibilité pour les prisonniers de consulter les médecins de leur choix et leurs avocats, de bénéficier de soins médicaux adéquats et de communiquer avec leur famille;

12. invite les États membres à redoubler d’efforts pour trouver des moyens réalisables de libérer les prisonniers politiques qui pâtissent le plus de leurs conditions de détention, en particulier ceux qui sont malades ou victimes d’actes de torture, en envisageant également l’échange de prisonniers; invite le Conseil à créer un poste d’envoyé spécial pour les prisonniers politiques et les otages en Russie, chargé de coordonner ces efforts en coopération avec les partenaires internationaux et de servir de point de contact pour les familles et les partenaires concernés;

13. demande aux autorités russes de libérer immédiatement les centaines de personnes qui ont été arrêtées ces dernières semaines pour avoir rendu hommage pacifiquement à Alexeï Navalny; condamne la pratique cruelle des autorités russes consistant à cibler les participants à des manifestations politiques en leur faisant parvenir des ordres de recrutement;

14. invite les autorités russes à abroger leur législation oppressive qui contrevient à la Constitution de la Russie et aux engagements internationaux du pays, notamment les lois sur la censure d’informations véridiques sur la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine ainsi que sur les dénommés «agents étrangers» et «organisations indésirables»;

15. invite les États membres à instaurer des mesures restrictives de l’Union de grande ampleur à l’encontre des personnes impliquées dans les persécutions politiques et les affaires forgées de toutes pièces concernant des représentants et militants russes de la société civile, ainsi qu’à envisager d’ajouter à la liste des sanctions d’autres personnes identifiées par la Fondation anti-corruption d’Alexeï Navalny comme des «facilitateurs du régime» qui contribuent à la conduite et au financement de la guerre d’agression contre l’Ukraine et à la répression interne exercée en faveur de la survie du régime; insiste sur une plus grande transparence dans l’application et la levée des mesures restrictives de l’Union;

16. demande à la délégation de l’Union européenne et aux représentations des États membres en Russie de continuer à suivre les procès des personnes poursuivies pour des motifs politiques;

17. demande à l’Union et aux États membres de continuer à manifester leur solidarité indéfectible avec la société civile russe indépendante et l’opposition démocratique, et de les soutenir activement, alors qu’elles s’efforcent de transformer la Russie en une société ouverte où les droits politiques, les libertés fondamentales et les droits de l’homme sont respectés, honorant ainsi l’héritage durable d’Alexeï Navalny; demande à l’Union de soutenir la mise en place d’un réseau de défenseurs des droits de l’homme chargé de surveiller les violations des droits de l’homme et d’en rendre compte;

18. prie instamment les États membres d’étendre et de simplifier encore le programme de visas humanitaires destinés aux défenseurs des droits de l’homme, aux citoyens engagés en faveur de la démocratie et aux journalistes indépendants de Russie qui risquent d’être poursuivis pour des motifs politiques;

19. réitère son appel en faveur de la mise en place, à l’échelle de l’Union, d’un système européen de visas à entrées multiples pour les défenseurs des droits de l’homme, les militants de la société civile et les personnes faisant l’objet de persécutions politiques, et demande une nouvelle fois d’utiliser les marges de manœuvre juridiques existantes et de remédier aux carences de la législation, comme l’a proposé l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne dans son rapport de 2023 intitulé «Protecting Human Rights Defenders at Risk: EU entry, stay and support» (Protéger les défenseurs des droits de l’homme menacés: entrée et séjour dans l’Union, et aide de l’Union); invite les institutions de l’Union à préparer des mesures, y compris la reconnaissance de l’apatridie de facto et la délivrance de documents de voyage, pour l’hypothèse où la Russie cesserait de délivrer des passeports dans ses consulats, afin de permettre à l’opposition démocratique, aux militants de la société civile et aux autres victimes de persécutions politiques de s’installer dans les États membres de l’Union et, le cas échéant, de poursuivre leur travail en exil;

20. demande aux États membres de ne pas prendre de mesures restrictives injustifiées et disproportionnées à l’encontre des personnes qui fuient et combattent le gouvernement actuel de la Russie;

21. demande que les procédures soient simplifiées pour les dissidents russes dans l’Union, afin qu’ils puissent enregistrer des organisations et des institutions, ouvrir des comptes bancaires et effectuer d’autres tâches administratives, et ainsi poursuivre leur travail en exil;

22. désapprouve la politique impérialiste du régime au pouvoir en Russie et condamne fermement la guerre d’agression que la Russie continue de mener contre l’Ukraine; réaffirme que l’Union, ses États membres et les partenaires du monde entier qui partagent ses vues doivent continuer à apporter leur soutien politique, économique, financier et militaire à l’Ukraine, y compris un soutien à la société civile et une aide à long terme pour la reconstruction du pays, ce soutien constituant la meilleure réponse aux pratiques d’oppression et d’agression dont fait actuellement usage le régime du Kremlin; est convaincu que la victoire décisive de l’Ukraine peut entraîner de véritables changements dans le système de la Fédération de Russie, notamment désimpérialisation, décolonisation et refédéralisation, tant de conditions nécessaires à l’instauration de la démocratie en Russie;

23. invite la Commission à continuer de condamner, dans les enceintes multilatérales dont fait partie la Russie, les violations des droits de l’homme commises dans ce pays et le crime d’agression commis par la Russie contre l’Ukraine, à appuyer davantage la documentation des violations des droits de l’homme en Russie et à soutenir la transformation de l’examen de la situation des droits de l’homme dans la Fédération de Russie par le Haut‑Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme en un mécanisme d’enquête totalement indépendant;

24. fait part de son soutien au travail effectué par la rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l’homme en Fédération de Russie, Mariana Katzarova, et demande aux États membres de veiller à ce que le Conseil des droits de l’homme des Nations unies prolonge son mandat en 2024;

25. demande à la Commission et en particulier au Service européen pour l’action extérieure d’élaborer une politique stratégique proactive à long terme vis-à-vis de la Russie qui réponde efficacement à la réalité des relations actuelles entre l’Union et la Russie, de la situation des droits de l’homme en Russie et des besoins en matière de soutien des représentants de la société civile et de l’opposition russes en exil;

26. s’engage à lutter en permanence contre les violations du droit international et de la Constitution russe commises par le régime russe, y compris les élections du 17 mars 2024 qui auront probablement lieu dans les territoires occupés de l’Ukraine, dans un contexte où le pluralisme politique et des médias disparaissent toujours plus;

27. charge sa Présidente de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission, au vice‑président de la Commission / haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, aux gouvernements et aux parlements des États membres, au Conseil de l’Europe, à l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe et aux autorités russes, et de la mettre à disposition en langue russe.

Le second texte appelle à soutenir de manière totale le régime ukrainien, à tout prix.

Nécessité d’un soutien sans faille de l’Union à l’Ukraine, après deux ans de guerre d’agression russe contre ce pays

Résolution du Parlement européen du 29 février 2024 sur la nécessité d’un soutien sans faille de l’Union à l’Ukraine, après deux ans de guerre d’agression russe contre ce pays

Le Parlement européen,

– vu ses résolutions antérieures sur l’Ukraine et sur la Russie, en particulier celles adoptées depuis l’escalade de la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine en février 2022 et l’annexion de la péninsule de Crimée le 19 février 2014,

– vu l’accord d’association entre l’Union européenne et ses États membres, d’une part, et l’Ukraine, d’autre part, ainsi que l’accord de libre-échange approfondi et complet y afférent entre l’Union européenne et l’Ukraine, signés en 2014,

– vu la charte des Nations unies, les conventions de La Haye, les conventions de Genève et leurs protocoles additionnels ainsi que le statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI),

– vu la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil établissant la facilité pour l’Ukraine, présentée par la Commission le 20 juin 2023 (COM(2023)0338),

– vu la décision du 14 décembre 2023 du Conseil européen d’ouvrir des négociations d’adhésion avec l’Ukraine à la suite de la recommandation en ce sens du 8 novembre 2023 de la Commission à cet égard,

– vu les conclusions du Conseil européen du 14 décembre 2023 et du 1er février 2024, 

– vu le rapport publié le 14 février 2024 par la Banque mondiale, le gouvernement ukrainien, la Commission européenne et les Nations unies, intitulé «Ukraine – Third Rapid Damage and Needs Assessment (RDNA3) February 2022 – December 2023» [Ukraine – Troisième évaluation rapide des dommages et des besoins (RDNA3), de février 2022 à décembre 2023],

– vu le rapport du groupe de travail de haut niveau sur les conséquences environnementales de la guerre en Ukraine du 9 février 2024, intitulé «An environmental compact for Ukraine – A Green Future- Recommendations for Accountability and Recovery» [Un pacte environnemental pour l’Ukraine – Pour un avenir vert: recommandations en matière d’attribution des responsabilités et de récupération],

– vu l’article 132, paragraphes 2 et 4, de son règlement intérieur,

A. considérant que la Russie mène une guerre d’agression à grande échelle illégale, non provoquée et injustifiée contre l’Ukraine depuis le 24 février 2022; que la guerre de la Russie contre l’Ukraine a commencé en 2014 avec l’annexion illégale de la péninsule de Crimée et l’occupation ultérieure de certaines parties des régions de Donetsk et de Louhansk; que cette guerre d’agression constitue une violation flagrante et manifeste de la charte des Nations unies et des principes fondamentaux du droit international; que les actions menées par la Russie en Ukraine au cours des deux années écoulées continuent de menacer la paix et la sécurité en Europe et dans le monde;

B. considérant que, dans sa résolution du 2 mars 2022, l’Assemblée générale des Nations unies a immédiatement qualifié la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine d’acte d’agression en violation de l’article 2, paragraphe 4, de la charte des Nations unies et que, dans sa résolution du 14 novembre 2022, elle a reconnu la nécessité pour la Fédération de Russie de répondre de sa guerre d’agression et d’être tenue juridiquement et financièrement responsable de ses agissements internationalement illicites, notamment en réparant le préjudice et les dommages causés;

C. considérant que la guerre d’agression menée par la Russie constitue le plus grand conflit armé dont le continent européen est le théâtre depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et qu’elle est le reflet de l’opposition croissante entre autoritarisme et démocratie;

D. considérant que l’Ukraine et sa population résistent avec une détermination inébranlable à la guerre d’agression menée par la Russie, les citoyens réussissant à défendre leur pays malgré le lourd prix que représentent les victimes civiles et militaires, ainsi que la destruction et l’instrumentalisation à des fins militaires d’infrastructures civiles et publiques, d’espaces naturels et du patrimoine culturel; que le courageux peuple ukrainien a reçu le prix Sakharov 2022 en hommage à son courage et à sa résilience;

E. considérant que des millions d’Ukrainiens sont toujours déplacés à l’intérieur et à l’extérieur de l’Ukraine, après avoir fui l’agression de la Russie; que plus de 3,3 millions de personnes, dont 800 000 enfants, vivent le long de la ligne de front; que des logements, des écoles et des hôpitaux continuent d’être bombardés au quotidien; que, d’après l’Organisation internationale pour les migrations, la campagne de destruction russe a laissé en 2023 près de 720 000 personnes, dans les zones les plus durement touchées de l’Ukraine, sans logement décent ni sûr; que le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies a signalé que les attaques indiscriminées sur les zones peuplées en Ukraine ont connu un pic en décembre 2023, et souligné la récurrence systématique des morts civiles, des destructions et des besoins humanitaires tout au long de l’année 2023;

F. considérant que les crimes de guerre de la Russie traumatiseront une population tout entière, étant donné que l’on estime à 10 millions le nombre de personnes vivant avec des problèmes de santé mentale ou risquant d’en avoir, et à 3,9 millions le nombre de personnes qui souffrent de symptômes modérés à graves, nécessitant un traitement, de détresse psychologique, de dépression, d’anxiété ou de trouble de stress post-traumatique; qu’en 2023, 227 incidents touchant des opérations humanitaires dans le pays ont été signalés, 50 travailleurs humanitaires ayant été tués ou blessés, dont 11 tués dans l’exercice de leurs fonctions;

G. considérant que, selon les estimations prudentes de la mission des Nations unies de surveillance des droits de l’homme en Ukraine, près de deux ans après l’invasion à grande échelle de l’Ukraine, plus de 10 000 civils ont été tués et près de 20 000 ont été blessés, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH) estimant pour sa part que les chiffres réels sont bien plus élevés;

H. considérant que les enfants ukrainiens paient le prix fort de la guerre, avec plus de 520 tués, plus de 1 226 blessés, 1,8 million réfugiés dans les pays voisins et 2,5 millions déplacés à l’intérieur de l’Ukraine;

I. considérant que, depuis le début de la guerre d’agression à grande échelle, environ 20 000 enfants ukrainiens ont été déportés de force en Russie et en Biélorussie ou sont détenus dans les territoires occupés; que la CPI a délivré des mandats d’arrêt internationaux à l’encontre de Vladimir Poutine et de Maria Lvova-Belova pour leur responsabilité dans la commission du crime de guerre que constitue la déportation illégale et le transfert illégal d’enfants des territoires occupés de l’Ukraine vers la Fédération de Russie; que moins de 400 enfants déportés sont rentrés en Ukraine et ont retrouvé leur famille;

J. considérant que la rapporteure spéciale des Nations unies sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants s’est alarmée des rapports et des témoignages montrant les conditions inhumaines de détention des civils et prisonniers de guerre ukrainiens détenus par la Russie, lesquels sont notamment victimes d’actes de torture et privés de soins médicaux, ce qui nuit irréversiblement à leur santé; que l’on a connaissance de cas de soldats ukrainiens tués par des militaires russes au lieu d’être faits prisonniers, ce qui s’est notamment produit, selon les derniers signalements, le 24 février 2024 dans la région de Bakhmout; qu’en 2022, plus de 50 prisonniers de guerre ukrainiens, pour la plupart des membres du bataillon Azov, ont été délibérément tués lors d’une explosion intentionnelle dans la prison d’Olenivka;

K. considérant que les femmes et les filles sont particulièrement exposées lors des crises humanitaires et liées aux déplacements de population, car elles continuent d’être victimes, de manière disproportionnée, de violence fondée sur le genre; que de nombreuses femmes sont restées en Ukraine et ont été mobilisées pour servir dans les forces armées; que certains éléments indiquent que des militaires ukrainiennes en captivité ont été torturées et subi des violences sexuelles; que le HCDH a indiqué que, puisque les hommes représentent la majorité des victimes d’exécutions sommaires par les forces russes dans les territoires occupés, les membres de la famille survivants, dont de nombreuses femmes, sont livrés à eux-mêmes, car ils disposent de revenus familiaux limités, assument des charges de famille accrues et éprouvent de graves traumatismes et souffrances psychologiques;

L. considérant que les forces armées ukrainiennes sont parvenues à résister à l’invasion russe et à libérer plus de 50 % des territoires temporairement occupés après le 24 février 2022, et qu’elles ont repris le contrôle de l’accès occidental de l’Ukraine à la mer Noire, repoussant ainsi la flotte russe de la mer Noire;

M. considérant que l’Union a apporté à l’Ukraine un soutien considérable dans tous les domaines, y compris militaire, depuis le début de l’invasion à grande échelle; que l’aide globale promise à l’Ukraine par l’Union, ses États membres et les institutions financières européennes depuis février 2022 s’élève à au moins 85 milliards d’euros, dont l’aide humanitaire et l’aide d’urgence, le soutien budgétaire, l’aide macrofinancière et l’aide militaire; considérant que 17 milliards d’euros ont été fournis aux États membres pour accueillir quelque quatre millions de réfugiés ukrainiens, qui se sont vu offrir une protection étendue au titre de la directive relative à la protection temporaire jusqu’en mars 2025;

N. considérant qu’à ce jour, l’Union et ses États membres ont déjà fourni une aide militaire de 28 milliards d’euros à l’Ukraine et se sont engagés, à titre préliminaire, à lui fournir 21,2 milliards d’euros supplémentaires en 2024; que la facilité européenne pour la paix a permis de fournir pour 5,6 milliards d’euros de transfert d’équipements militaires à l’Ukraine par les États membres; que l’initiative en matière de munitions, qui était censée fournir un million d’obus d’artillerie de 155 mm à l’Ukraine en mars 2024 au plus tard, vise maintenant à en livrer près de la moitié à cette date et l’autre moitié à la fin de l’année 2024 au plus tard; que la mission d’assistance militaire de l’Union européenne en soutien à l’Ukraine a jusqu’à présent formé 40 000 soldats ukrainiens en Allemagne et en Pologne et que ce nombre ne fait qu’augmenter;

O. considérant que, pris ensemble, les PIB des pays occidentaux sont 25 fois supérieurs à celui de la Russie, mais, qu’en 2023, l’aide militaire occidentale à l’Ukraine représentait moins de 0,1 % de ce PIB total; qu’en 2023, la Russie a consacré environ 6 % de son PIB à sa guerre d’agression et l’Ukraine l’équivalent de 25 % de son PIB à sa défense;

P. considérant que le Congrès des États-Unis n’a pour l’instant pas adopté de nouvelle enveloppe de 60 milliards de dollars pour soutenir l’Ukraine en 2024, ce qui a, en substance, marqué l’arrêt des engagements d’aide et des livraisons militaires des États-Unis en faveur de l’Ukraine; que, pour remplacer intégralement l’appui militaire américain en 2024, l’Union et ses États membres devraient doubler le niveau de l’appui militaire qu’ils apportent actuellement et le rythme auquel ils le font;

Q. considérant que Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN, a déclaré que les membres de l’OTAN devaient se préparer à la possibilité d’une confrontation avec la Russie qui pourrait durer des dizaines d’années; que la guerre d’agression de la Russie a eu pour conséquences directes l’adhésion à l’OTAN de la Finlande et de la Suède, l’octroi à l’Ukraine et à la Moldavie du statut de pays candidat à l’adhésion à l’Union européenne, l’adoption, par plus de 50 États, de programmes ambitieux de soutien en matière de sécurité à l’Ukraine et l’expression d’un soutien politique fort à l’Ukraine au sein des Nations unies;

R. considérant que le Conseil européen a décidé d’ouvrir des négociations d’adhésion avec l’Ukraine à la suite de la recommandation en ce sens de la Commission et a invité le Conseil à adopter le cadre de négociation une fois que les recommandations correspondantes de la Commission auront été satisfaites;

S. considérant que l’Ukraine a signé des accords de sécurité avec le Royaume-Uni, l’Allemagne, la France, le Danemark et l’Italie, conformément à la déclaration conjointe du G7 de soutien à l’Ukraine, adoptée le 12 juillet 2023 en marge du sommet de l’OTAN à Vilnius; que l’engagement du G7 a ouvert la voie à des négociations visant à formaliser des engagements et des accords bilatéraux à long terme en matière de sécurité pour soutenir l’Ukraine;

T. considérant que, d’après les informations disponibles, la Russie réoriente de manière drastique son économie vers une économie de guerre, et qu’elle compte engager de très importantes dépenses dans le domaine de la défense, estimées à bien plus de 100 milliards d’euros; que la Russie produirait plus de 2 millions d’obus d’artillerie par an au niveau national, ce qui est beaucoup plus que la quantité promise par les États membres de l’Union européenne à l’Ukraine;

U. considérant que l’Union a adopté treize trains de sanctions depuis le début de la guerre et a créé une nouvelle fonction d’envoyé spécial international pour la mise en œuvre des sanctions de l’UE, lequel est spécialement chargé de lutter contre l’évitement et le contournement des sanctions visant la Russie et son alliée, la Biélorussie;

V. considérant que, selon les estimations, l’Union européenne et d’autres partenaires ont gelé 300 milliards d’euros de réserves de la banque centrale russe et 21,5 milliards d’euros d’argent des oligarques russes, tandis que les États-Unis et d’autres alliés occidentaux ont bloqué ou saisi plus de 58 milliards de dollars d’actifs détenus ou contrôlés par des Russes sanctionnés;

W. considérant que les institutions de l’Union sont récemment parvenues à un accord pour mettre en place une facilité pour l’Ukraine qui offrira un soutien prévisible à moyen terme de 50 milliards d’euros pour la réparation, le redressement, la reconstruction et la modernisation de l’Ukraine sous la forme de prêts et de subventions pour les années 2024-2027;

X. considérant que la guerre d’agression menée par la Russie témoigne de son attitude impérialiste vis-à-vis de ses voisins; que, tant que la Russie restera un État menant des politiques révisionnistes, elle continuera à faire planer une menace d’agression sur le continent européen; que de nombreux acteurs internationaux ont reconnu la Russie comme un État qui soutient le terrorisme et utilise des moyens terroristes;

Y. considérant que la Russie est responsable de la crise mondiale de sécurité alimentaire en raison de la guerre d’agression qu’elle mène contre l’Ukraine et du blocus des ports maritimes ukrainiens qu’elle impose; que la Russie instrumentalise la nourriture et la faim depuis le début de la guerre;

Z. considérant que, suite à deux déclarations ad hoc de l’Ukraine, la CPI est compétente pour les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et le crime de génocide commis sur le territoire de l’Ukraine depuis novembre 2013, mais qu’elle n’est pas compétente en l’espèce pour le crime d’agression défini à l’article 8 bis du statut de Rome, car ni l’Ukraine ni la Fédération de Russie n’ont ratifié ledit statut et les amendements relatifs au crime d’agression; que l’Union européenne soutient la création d’un tribunal spécial pour le crime d’agression;

AA. considérant que l’environnement naturel en Ukraine a été pris pour cible dans cette guerre, la Russie ayant choisi ouvertement de causer les dégâts les plus lourds possibles à l’environnement, notamment en brûlant des champs et des forêts, en exploitant illégalement les forêts ukrainiennes, en contaminant l’eau et les sols avec des déchets chimiques, ce qui a entraîné la destruction des sols, nuit à l’habitabilité du pays et limité la capacité des générations futures à prospérer; que la destruction du barrage de Kakhovka le 6 juin 2023 est un exemple limpide des agissements russes qui continueront de causer des dégâts écologiques pendant plusieurs années;

AB. considérant que, le 13 février 2024, Maksim Kuzminov, ancien pilote d’hélicoptère russe qui s’était enfui en Ukraine en 2023, a été retrouvé mort en Espagne, après avoir été assassiné par des hommes armés qui auraient été envoyés par le gouvernement russe; qu’au cours des dernières décennies, les services de renseignement russes ont mené un certain nombre d’opérations clandestines éhontées, y compris des assassinats, sur le territoire de l’Union européenne;

1. réaffirme sa solidarité sans faille avec le peuple et les dirigeants ukrainiens ainsi que son soutien à l’indépendance, à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues;

2. condamne une nouvelle fois avec la plus grande fermeté la guerre d’agression illégale, non provoquée et injustifiable de la Russie contre l’Ukraine ainsi que la participation du régime biélorusse; exige que la Russie et ses alliés cessent toutes leurs actions militaires et que la Russie retire l’ensemble de ses forces armées, de ses alliés et de son matériel militaire de la totalité du territoire internationalement reconnu de l’Ukraine; exige l’arrêt et l’inversion de l’installation de citoyens russes dans les territoires temporairement occupés de l’Ukraine;

3. rappelle que la guerre d’agression russe a commencé par l’annexion illégale de la péninsule de Crimée en février 2014, suivi par l’occupation de certaines parties des oblasts de Donetsk et de Louhansk; rappelle que la péninsule a été transformée en base militaire et a servi de plateforme de lancement à l’invasion totale en 2022;

4. condamne la torture et la mise à mort de prisonniers de guerre et de civils ukrainiens par le camp russe; demande que ces crimes fassent l’objet d’une enquête indépendante et soient poursuivis, et que davantage d’efforts soient déployés en faveur d’échange de prisonniers entre l’Ukraine et la Russie;

5. condamne les tentatives de la Russie de priver l’Ukraine et son peuple de leur identité ethnique, linguistique et historique en effaçant toute trace de l’identité ukrainienne dans les territoires occupés et annexés et en interdisant la langue ukrainienne et les symboles ukrainiens, ainsi que par la politique intensive de «passeportisation» et les tentatives répétées du président russe et d’autres responsables de réécrire l’histoire;

6. estime que l’issue de la guerre et la position adoptée par la communauté internationale joueront un rôle majeur car elles pèseront sur l’action future d’autres régimes autoritaires, qui observent de près le cours de la guerre et évaluent la marge de manœuvre dont ils disposent pour mener des politiques étrangères agressives, y compris par des moyens militaires;

7. souligne que l’objectif principal de l’Ukraine est de gagner la guerre contre la Russie, ce qui implique de chasser du territoire de l’Ukraine reconnu par la communauté internationale toutes les forces armées de la Russie et de ses alliés; considère que cet objectif ne peut être atteint que si l’on fournit de façon continue, soutenue et sans cesse renforcée tous les types d’armes conventionnelles, sans exception;

8. salue la résilience et la détermination dont fait preuve le peuple ukrainien dans sa volonté de respect des valeurs démocratiques, ses efforts de réforme et ses aspirations d’intégration au sein de la communauté euro-atlantique des nations;

9. rappelle l’importance de libérer la péninsule de Crimée de la Russie, qui l’occupe depuis dix ans; rappelle que les citoyens de la péninsule qui sont fidèles à l’Ukraine, en particulier les Tatars de Crimée, sont soumis aux répressions, aux arrestations et aux tortures; rappelle que les forces d’occupation russes ont tout mis en œuvre pour effacer le patrimoine tatar et la mémoire de la présence ukrainienne dans la péninsule, et qu’elles poursuivent leurs tentatives de modifier de force la composition démographique de la population, ce qui peut équivaloir à des actes de génocide tels que décrits dans la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide; soutient les efforts déployés par l’Ukraine pour réintégrer la Crimée, en particulier la plateforme internationale sur la Crimée;

10. redit une nouvelle fois son soutien à la fourniture constante d’une aide militaire à l’Ukraine, et ce aussi longtemps que nécessaire et sous toute forme possible pour que l’Ukraine puisse remporter la victoire; reconnaît les efforts déployés jusqu’à présent par les États membres pour fournir un soutien militaire à l’Ukraine et par le vice-président de la Commission/haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité (VP/HR) pour coordonner celui-ci; invite à nouveau les États membres à augmenter nettement leur soutien militaire, en particulier la fourniture d’armes et de munitions en réponse à des besoins clairement identifiés, et à l’accélérer afin de donner à l’Ukraine les moyens de se défendre contre les attaques russes, mais aussi de lui permettre de recouvrer pleinement le contrôle sur l’ensemble du territoire qui est le sien, et reconnu en tant que tel par la communauté internationale; souligne que la livraison insuffisante et tardive d’armes et de munitions risque de compromettre les efforts déployés jusqu’à présent; constate avec préoccupation que l’objectif d’un million d’obus d’artillerie ne sera pas atteint dans les délais promis; invite les États membres et le Service européen pour l’action extérieure (SEAE) à lui présenter des informations sur les livraisons passées d’aide militaire à l’Ukraine, notamment l’audit réalisé par le SEAE, et le montant de l’aide que les États membres sont disposés à engager en 2024;

11. estime qu’il ne devrait y avoir aucune restriction auto-imposée à l’assistance militaire à l’Ukraine; attire l’attention sur les écarts considérables entre les montants de l’aide fournie par les États membres de l’Union en pourcentage de leur PIB; demande que soient consentis les investissements nécessaires dans la base industrielle européenne de défense afin de pouvoir augmenter considérablement la production et ainsi répondre aux besoins ukrainiens et reconstituer les stocks épuisés des États membres de l’Union; souligne que l’Ukraine a notamment besoin de systèmes de défense aérienne sophistiqués, de missiles à longue portée, tels que les missiles TAURUS, Storm Shadow/SCALP et autres, d’avions de combat modernes, de différents types d’artillerie et de munitions (obus de 155 mm en particulier), de drones et de systèmes antidrones; souscrit à la proposition selon laquelle tous les États membres de l’Union et alliés de l’OTAN devraient soutenir militairement l’Ukraine à hauteur d’au moins 0,25 % de leur PIB annuel; demande que le plafond financier de la facilité de soutien à la paix soit relevé de manière générale et insiste pour que ces fonds soient utilisés, entre autres, pour centraliser l’achat de munitions sur le marché mondial afin de répondre aux besoins de l’Ukraine en la matière; invite instamment les gouvernements des États membres à engager immédiatement un dialogue avec les entreprises de l’industrie de la défense afin de garantir que la production et la livraison, en particulier, de munitions, d’obus et de missiles pour l’Ukraine soient prioritaires par rapport aux commandes d’autres pays tiers; invite l’Union et ses États membres à examiner les possibilités de mettre en place des entreprises communes et une coopération étroite avec les industries de la défense de pays tiers partageant les mêmes valeurs afin de fournir les munitions nécessaires à l’Ukraine; implore notamment les grands États membres qui disposent d’importantes capacités de industrielles de défense de renforcer sensiblement et de toute urgence, l’assistance militaire à l’Ukraine; invite la Chambre des représentants des États-Unis à adopter sans plus tarder le programme d’assistance militaire à l’Ukraine ;

12. demande à l’Union et à ses États membres de tenir les engagements de la déclaration de Versailles de 2022 en hâtant la pleine mise en œuvre de la boussole stratégique au moyen d’un renforcement de la coopération militaire européenne aux niveaux de l’industrie et des forces armées, dans le but de faire de l’Union une garante de la sécurité plus forte et aux capacités renforcées, dont l’action complète celle de l’OTAN et est interopérable avec celle-ci; se félicite que les États membres et les institutions de l’Union aient renforcé leurs budgets et leurs investissements dans le domaine de la défense et demande une augmentation des dépenses ciblées, des acquisitions conjointes et des investissements communs dans la recherche et le développement en matière de défense; souligne qu’il convient de prendre des mesures concrètes en vue d’intégrer l’Ukraine dans les politiques et les programmes de l’Union en matière de défense et de cybersécurité au cours de son processus d’adhésion à l’Union;

13. se félicite de la signature d’accords de sécurité entre l’Ukraine et le Royaume-Uni, l’Allemagne, la France, le Danemark et l’Italie, conformément à la déclaration commune de soutien à l’Ukraine publiée par le G7, et invite d’autres partenaires partageant les mêmes valeurs à suivre cette démarche; souligne que ces accords de sécurité ne peuvent pas être considérés comme un substitut à une future adhésion à l’OTAN; se félicite des progrès accomplis en ce qui concerne les modalités pratiques et le plafond financier d’un nouveau fonds d’assistance à l’Ukraine, au titre de la facilité européenne pour la paix, qui soutiendrait la fourniture d’équipements militaires à l’Ukraine au moyen d’initiatives européennes d’achats conjoints;

14. réaffirme son soutien à la formule de paix présentée par le président ukrainien, Volodymyr Zelensky; estime qu’il s’agit d’un plan global visant à restaurer l’intégrité territoriale de l’Ukraine ; rappelle que les 10 points du plan ont été pris en compte dans la résolution ES-11/6 du 23 février 2023 de l’Assemblée générale des Nations unies sur les principes de la charte des Nations unies qui sous-tendent une paix globale, juste et durable en Ukraine;

15. demande une nouvelle fois à la Commission, au VP/HR et aux États membres de collaborer avec l’Ukraine et la communauté internationale à la mise en place d’un tribunal spécial chargé d’enquêter sur le crime d’agression commis contre l’Ukraine par les dirigeants russes et leurs alliés, tels que le régime biélorusse, et d’engager des poursuites en la matière; se félicite de la création du centre international chargé des poursuites pour le crime d’agression contre l’Ukraine basé à La Haye;

16. soutient pleinement l’enquête actuellement menée par le procureur de la CPI sur la situation en Ukraine sur la base d’allégations de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et de génocide; exhorte l’Ukraine à ratifier le statut de Rome de la CPI et ses amendements et à devenir officiellement membre de la CPI, afin de contribuer aux initiatives internationales visant à établir la responsabilité des crimes internationaux de grande gravité; demande à l’Union de redoubler d’efforts diplomatiques pour encourager la ratification du statut de Rome et de tous ses amendements au niveau mondial;

17. est consterné que la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine ait conduit à l’un des déplacements massifs d’enfants les plus rapides depuis la Seconde Guerre mondiale; rappelle qu’en raison du ciblage massif des infrastructures civiles, les enfants ukrainiens ont été largement privés d’accès aux services de base tels que l’éducation et les soins de santé, et en particulier de l’accès aux soins de santé mentale;

18. rappelle que la poursuite de la relocalisation et de l’expulsion forcées d’enfants ukrainiens vers la Russie, y compris depuis des établissements d’accueil, ainsi que leur adoption forcée par des familles russes et biélorusses constituent une violation du droit ukrainien et international; souligne que le transfert forcé d’enfants d’un groupe à un autre groupe est constitutif du crime de génocide en vertu de l’article II de la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide; exige que les autorités russes et biélorusses garantissent le retour immédiat de tous les enfants ukrainiens; salue les efforts déployés par les organisations ukrainiennes locales qui, au cas par cas, soutiennent les parents et les familles dans la recherche de leurs enfants et la lutte pour leur retour en toute sécurité;

19. condamne une nouvelle fois le transfert forcé de civils ukrainiens vers la Russie, vers des territoires ukrainiens temporairement occupés par la Russie et vers la Biélorussie; invite tous les États et toutes les organisations internationales à faire pression sur la Russie pour qu’elle ramène tous les civils ukrainiens, en particulier les enfants, transférés de force et détenus illégalement, et pour qu’elle restitue les dépouilles de ceux morts en captivité; exhorte l’Union européenne et ses États membres à redoubler d’efforts dans la recherche de mécanismes visant à faciliter la libération des civils ukrainiens détenus illégalement par la Russie, y compris le recours à des mécanismes des Nations unies;

20. regrette que la directive relative à la protection temporaire soit interprétée de façon tellement étroite que de nombreuses femmes qui ont fui la guerre d’agression menée par la Russie ne peuvent pas accéder aux soins en cas d’avortement ou à d’autres traitements de santé sexuelle et génésique, y compris les traitements à la suite d’abus sexuels; est consterné par le fait que, par conséquent, de nombreuses femmes ont été contraintes de retourner dans une Ukraine déchirée par la guerre pour accéder aux services liés à la santé génésique et sexuelle et aux droits en la matière et aux soins de santé génésique; invite la Commission à réviser la directive afin de veiller à ce que tous les États membres soient tenus d’offrir les mêmes soins dont les femmes pourraient par ailleurs bénéficier en Ukraine;

21. condamne l’intention de la Russie d’organiser des élections présidentielles sur les territoires temporairement occupés de l’Ukraine les 15 et 17 mars 2024 et souligne qu’il refusera de reconnaître les résultats de ces élections illégales;

22. plaide une nouvelle fois en faveur d’interactions innovantes, complémentaires et flexibles entre les travaux en cours sur la mise en œuvre de l’accord d’association actuellement en vigueur et le processus de négociation en vue de l’adhésion, de manière à permettre l’intégration progressive de l’Ukraine dans le marché unique et les programmes sectoriels de l’Union, y compris l’accès aux fonds de l’Union dans les domaines correspondants, afin que les Ukrainiens puissent profiter des avantages de l’adhésion tout au long du processus et pas seulement après son achèvement; salue les actions entreprises avec succès par l’Ukraine pour rouvrir la route de la mer Noire aux céréales ukrainiennes afin qu’elles retrouvent leurs marchés traditionnels; invite les parties prenantes internationales concernées à assurer la pérennité de cette situation et à garantir la liberté de navigation dans la mer Noire à des fins commerciales; soutient la proposition de la Commission visant à renouveler la suspension des droits et des quotas à l’importation pour les exportations de l’Ukraine vers l’Union; demande instamment à la Commission d’examiner toute information faisant état d’une désorganisation du marché provoquée par la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine et les avantages commerciaux accordés à l’Ukraine; demande à la Commission et aux États membres de traiter les causes de toute action unilatérale qui, comme les blocages aux frontières, limiterait l’accès de l’Ukraine au marché unique européen, de mettre en place des mesures efficaces pour surveiller le transit des produits agricoles ukrainiens et d’introduire des mesures visant à atténuer les effets sur les agriculteurs européens, dont les protestations et demandes raisonnables sont également exploitées et ciblées par la désinformation russe; invite l’Union européenne, ses États membres, l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture, l’Organisation mondiale du commerce, l’Organisation de coopération et de développement économiques et d’autres acteurs à faire preuve de davantage de solidarité et à stabiliser le marché céréalier; demande à l’Union européenne et à ses États membres de mettre un terme à l’importation et au transit par le territoire de l’Union de céréales russes et de céréales volées à l’Ukraine;

23. souligne que la guerre d’agression menée par la Russie a fondamentalement modifié la situation géopolitique en Europe et au-delà, et menace son architecture de sécurité, et que pour y répondre, l’Union européenne doit prendre des décisions politiques, sécuritaires et financières audacieuses, courageuses et globales;

24. se félicite de la décision du Conseil européen d’ouvrir des négociations d’adhésion avec l’Ukraine une fois que les recommandations de la Commission auront été satisfaites; estime que l’adhésion de l’Ukraine à l’Union représente un investissement géostratégique dans une Europe unie et forte et qu’elle est synonyme de leadership, de détermination et de vision;

25. invite le Conseil et la Commission à établir clairement la marche à suivre pour les négociations d’adhésion, en mettant l’accent sur l’apport d’avantages tangibles à la société et aux citoyens ukrainiens dès le début du processus; invite le Conseil à charger la Commission de présenter immédiatement des propositions concernant le cadre de négociation adéquat et de les adopter une fois que les mesures appropriées énoncées dans les recommandations y afférentes de la Commission du 8 novembre 2023 auront été prises;

26. rappelle que le processus d’adhésion à l’Union sera fondé sur le mérite et que la méthodologie en matière d’élargissement met l’accent sur les domaines essentiels que sont le respect de l’état de droit, les valeurs fondamentales, les droits de l’homme, la démocratie et la lutte contre la corruption; estime qu’un processus d’adhésion fermement adossé au mérite est dans l’intérêt de l’Ukraine et de l’Union; encourage l’Union et ses États membres à apporter un soutien et une assistance plus importants à l’Ukraine au cours du processus d’adhésion à l’Union, notamment en ce qui concerne l’expertise technique, le renforcement des capacités et les réformes institutionnelles nécessaires pour répondre aux critères d’adhésion;

27. invite le gouvernement ukrainien à continuer de renforcer l’autonomie des pouvoirs locaux, réforme qui a reçu un large soutien à l’échelle nationale comme internationale, et à intégrer le succès de la réforme de décentralisation dans l’architecture globale des processus de réparation, de redressement et de reconstruction de l’Ukraine; affirme une nouvelle fois que les représentants des autorités locales et de la société civile d’Ukraine doivent être activement associés au processus de redressement et de reconstruction et que ce processus doit répondre aux normes de transparence et de responsabilité les plus élevées;

28. se félicite de l’accord de principe des institutions de l’Union concernant l’établissement de la facilité pour l’Ukraine, qui fournira une aide financière prévisible à l’Ukraine, et demande son déploiement rapide; souligne que le rôle de la Verkhovna Rada, des autorités sous-centrales et de la société civile a été renforcé, puisqu’ils sont d’importants partenaires du pouvoir exécutif au moment de recenser les priorités qui seront financées par le plan pour l’Ukraine, et précise que cela inclut également la surveillance et le suivi de la facilité; signale que la dernière évaluation rapide des dommages et des besoins effectuée par la Banque mondiale estime qu’au moins 452,8 milliards d’euros seront nécessaires au cours des dix prochaines années pour le redressement et la reconstruction de l’Ukraine; souligne dès lors que les fonds mis à disposition au titre de la facilité pour l’Ukraine ne suffiront pas; demande à l’Union et à ses États membres de s’engager à fournir un financement supplémentaire à long terme pour l’Ukraine, en particulier compte tenu du fait que le dernier train de mesures états-unien d’aide à l’Ukraine est toujours bloqué au Congrès;

29. invite l’Union européenne, les États membres et les partenaires partageant les mêmes valeurs à apporter une aide politique, économique, technique et humanitaire complète et coordonnée à la reconstruction et au redressement durables et inclusifs de l’Ukraine à l’issue de la guerre, en accordant une attention particulière au rétablissement des infrastructures essentielles, des services de santé, de l’enseignement et des services sociaux; estime que la reconstruction de l’Ukraine doit donner la priorité au bien-être du peuple ukrainien plutôt que favoriser les oligarques et les bénéfices des entreprises; invite l’Union et les États membres à continuer d’assurer le traitement médical et la rééducation, y compris un soutien psychologique, des soldats et civils ukrainiens blessés et endeuillés; demande qu’une attention constante et un soutien accru soient accordés aux activités de déminage en Ukraine ainsi qu’à un programme de déminage sur le long terme;

30. souligne qu’il est nécessaire d’aider l’Ukraine à rétablir les conditions qui permettront à son peuple de reprendre une vie économique et sociale dans la sécurité et la prospérité et de se remettre des conséquences graves que la guerre a eues sur la santé mentale, aux personnes déplacées dans leur propre pays et aux réfugiés de rentrer chez eux et, en particulier, aux jeunes générations de mener des projets personnels, éducatifs et entrepreneuriaux; souligne en outre qu’il faut tenir compte, dans le processus de redressement et de reconstruction, des préoccupations, des besoins et du savoir-faire des personnes déplacées à l’intérieur du pays et des réfugiés, car leur réinsertion dans le tissu local sera cruciale pour renforcer la résilience de la société et des institutions ukrainiennes et l’unité du pays;

31. invite le Conseil à maintenir et à étendre sa politique de sanctions contre la Russie et la Biélorussie tout en surveillant, en réexaminant et en renforçant son efficacité et son incidence; demande à la Commission et aux États membres de veiller à ce que l’ensemble des treize trains de sanctions soient rapidement et strictement appliqués; invite la Commission à réaliser une analyse d’impact sur l’efficacité des sanctions à entraver l’effort de guerre russe et sur le contournement des sanctions; rappelle que l’Union européenne travaille à l’élaboration d’une législation visant à faire de la violation des mesures restrictives une infraction pénale; invite de nouveau la Commission, le SEAE et les États membres à mettre au point un mécanisme permettant d’empêcher le contournement des sanctions;

32. insiste sur la nécessité d’interdire les importations métallurgiques et d’uranium de la Russie vers l’Union européenne, ainsi que d’interdire la coopération avec le secteur nucléaire russe et notamment avec Rosatom; demande un embargo immédiat et total sur les importations de la Russie vers l’Union de produits agricoles et de produits de la pêche, ainsi que de combustibles fossiles et de gaz naturel liquéfié transportés par gazoducs maritimes, et demande également un abaissement supplémentaire du plafonnement des prix des produits pétroliers russes, en coordination avec les partenaires du G7, afin que l’argent européen ne serve plus à financer la guerre de la Russie; réclame, en outre, des mesures de sanction à l’encontre de la «flotte de l’ombre» russe, qui transporte du pétrole sur des navires non assurés en mauvais état dans les eaux de l’Union et les eaux internationales, et réclame des sanctions à l’encontre des entreprises, de Chine et d’ailleurs, qui aident la Russie à contourner les sanctions; réclame l’élargissement du régime actuel d’octroi de licences pour les produits militaires et à double usage, afin qu’il s’applique à un plus grand nombre de biens utiles à des fins militaires, y compris des composants numériques; demande que les sanctions prises à l’encontre de la Biélorussie soient pleinement alignées sur celles prises contre la Russie; demande que d’autres personnes identifiées par la Fondation anticorruption d’Alexeï Navalny soient visées par le régime mondial de sanctions de l’UE en matière de droits de l’homme et inscrites sur d’autres listes de sanctions;

33. condamne tous les pays qui fournissent du matériel militaire à la Russie et l’aident à contourner et à éviter les effets des sanctions qui lui sont imposées, et demande à l’Union de poursuivre strictement les entreprises, les associations et les personnes qui participent à ces contournements; invite l’Union, les États membres et leurs alliés à renforcer l’efficacité des sanctions déjà imposées, à prendre des mesures urgentes pour bloquer toute tentative de contournement de ces sanctions et à élaborer un mécanisme de sanctions secondaires qui comblerait les éventuelles lacunes;

34. rappelle aux entreprises, aux particuliers, aux établissements financiers et aux autres personnes qui sont actifs en Fédération de Russie ou dans des territoires qu’elle occupe en Ukraine ou qui y disposent de chaînes de valeur, notamment les investisseurs, les consultants, les organisations non gouvernementales et les prestataires de services de contrôle préalable, qu’ils courent un risque sur le plan opérationnel, juridique, économique et de leur réputation en raison de leurs activités et de leurs relations professionnelles en Russie; invite les États membres à adopter des mesures particulières pour éviter que des produits technologiques de pointe exportés vers des pays tiers n’aboutissent en Russie;

35. insiste sur le fait que le contournement d’une mesure restrictive de l’Union, y compris en transférant des biens vers une destination où leur importation, leur exportation, leur vente, leur achat, leur transfert, leur transit ou leur transport sont restreints, devrait être érigé en infraction pénale au niveau de l’Union; souligne qu’il est essentiel aux fins de l’application que l’Union érige rapidement en infraction pénale les violations directes des sanctions, y compris lorsqu’elles sont commises par négligence grave, ainsi que les violations indirectes des sanctions par le contournement des mesures restrictives de l’Union; se félicite de l’accord de principe récemment conclu entre les institutions de l’Union sur de nouvelles règles érigeant en infraction pénale la violation des sanctions de l’Union;

36. condamne la pratique russe consistant à bloquer toute action au niveau des Nations unies visant à tenir la Russie responsable de la guerre d’agression qu’elle mène contre l’Ukraine; invite l’Union et ses États membres à prendre de nouvelles mesures pour que perdure l’isolement international de la Russie, notamment en ce qui concerne la participation de la Russie au sein d’organisations et d’instances internationales telles que le Conseil de sécurité des Nations unies;

37. souligne qu’il est urgent d’établir un régime juridique solide permettant de confisquer les avoirs russes gelés par l’Union et de les utiliser pour faire face aux diverses conséquences de l’agression de la Russie contre l’Ukraine, y compris la reconstruction du pays et l’indemnisation des victimes de l’agression russe, ce qui renforcera la résilience de l’Ukraine; rappelle qu’il est convaincu qu’une fois la guerre terminée, la Russie devra être astreinte à payer les réparations qui lui seront imposées afin qu’elle apporte une contribution importante à la reconstruction de l’Ukraine; se félicite de la création du registre des dommages causés par l’agression de la Fédération de Russie contre l’Ukraine, qui constitue la première étape de la mise en place d’un mécanisme international de compensation; se félicite dès lors de la décision du Conseil de mettre en réserve, dans un premier temps, les recettes considérables générées par les avoirs et les réserves de la Banque centrale de Russie immobilisés dans le cadre des sanctions de l’Union, qui pourront être utilisées afin de contribuer financièrement à l’aide apportée par l’Union en faveur du redressement et de la reconstruction de l’Ukraine dans le cadre de la facilité pour l’Ukraine;

38. exprime une nouvelle fois son inquiétude quant à la situation de la centrale nucléaire de Zaporijjia, contrôlée illégalement par la Russie; soutient les efforts visant à maintenir en permanence une présence de l’Agence internationale de l’énergie atomique à la centrale nucléaire de Zaporijjia; attire une nouvelle fois l’attention sur les actions de la Russie qui ont porté gravement atteinte à l’environnement en Ukraine, notamment la destruction du barrage de Kakhovka, l’abattage de forêts en Ukraine, l’exploitation minière de grande ampleur et la pollution de l’air et des ressources en eau, et condamne ces actions; exprime une nouvelle fois sa profonde inquiétude face aux conséquences environnementales à long terme de la guerre; souligne la nécessité de mettre en place un système de recensement et d’évaluation des dommages causés par la Russie à l’environnement et d’établir des bases juridiques permettant de demander des comptes à la Russie pour ces crimes;

39. condamne fermement l’éradication, la destruction et le pillage, par la Russie, des biens culturels ukrainiens, comme les églises, les œuvres d’art, les musées et les universités; prend acte des dégâts, vérifiés par l’Unesco, occasionnés à 341 sites depuis le début de l’invasion à grande échelle, dont 126 sites religieux, 150 bâtiments d’importance historique ou artistique, 31 musées, 19 monuments, 14 bibliothèques et un centre d’archives; réaffirme que la destruction et le pillage délibérés de sites du patrimoine culturel ukrainien sont susceptibles de constituer des crimes de guerre;

40. invite l’Union et ses États membres à agir de manière stratégique et proactive pour lutter contre les menaces hybrides, renforcer la communication stratégique de l’Union et prévenir l’ingérence de la Russie dans les processus politiques, électoraux et autres processus démocratiques en Ukraine et dans l’Union, en particulier par des actions hostiles visant à manipuler l’opinion et à compromettre l’intégration européenne, notamment dans la perspective des prochaines élections au Parlement européen; invite la Commission, le SEAE et les États membres à fournir des informations pertinentes sur les avantages mutuels et les possibilités offertes par l’élargissement, tant en Ukraine que dans les États membres, afin d’améliorer la compréhension du processus d’adhésion et d’accroître encore le soutien dont celui-ci bénéficie;

41. condamne l’assassinat de Maksim Kuzminov en Espagne; demande aux États membres de réagir rapidement et avec fermeté à toute action déstabilisatrice des services de renseignements russes sur le territoire de l’Union; recommande aux États membres de renforcer la coopération en matière de contre-espionnage et le partage d’informations;

42. se déclare préoccupé par la restriction des déplacements à l’étranger des membres de la Verkhovna Rada d’Ukraine; estime que cela pourrait être considéré comme une restriction arbitraire de l’activité politique de députés élus, en particulier de ceux qui représentent l’opposition; est fermement convaincu qu’en temps de guerre, aucune ressource politique susceptible de représenter la cause de l’Ukraine au sein d’une instance internationale ne devrait être négligée;

43. adresse ses plus vifs remerciements au personnel local de la délégation de l’Union européenne en Ukraine, dont le travail assidu et inlassable, réalisé dans des circonstances qui restent difficiles pour les membres du personnel et leur famille, mérite d’être salué; invite instamment le SEAE et la Commission à adopter des plans d’urgence et des solutions provisoires pour le personnel local de la délégation de l’Union européenne, y compris des modalités de travail flexible et de télétravail et des solutions de relocalisation temporaire, à même de répondre aux besoins réels du personnel et aux difficultés qu’il rencontre; souligne, en outre, qu’il importe de prendre soin de la santé mentale du personnel de la délégation de l’Union;

44. charge sa Présidente de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission, au vice-président de la Commission/haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, aux gouvernements et aux parlements des États membres, au président, au gouvernement et à la Verkhovna Rada d’Ukraine, ainsi qu’aux Nations unies et aux autorités russes et biélorusses. »

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Refus de l’hégémonie

Déclaration franco-suédoise pour la guerre contre la Russie

Théoriquement, c’est simplement une « tribune », cosignée par Emmanuel Macron, le président français, et Ulf Kristersson, le premier ministre suédois, publiée en France dans Les Echos et en Suède dans le Dagens Nyheter.

En réalité, c’est un accord franco-suédois qui scelle l’alliance à leur niveau, alliance des pays de l’Union européenne pour faire la guerre à la Russie.

Les pays de l’Union européenne ont fourni jusqu’à présent 28 milliards d’euros de matériel de guerre au régime ukrainien, et ce sera 21,2 milliards rien que pour cette année. L’Union européenne prend le relais de la superpuissance américaine, celle-ci pouvant se reconcentrer sur la superpuissance chinoise.

Photo encadrée d’un missile Scalp français. Le texte dit « De Paris avec amour, Rachysty, allez en enfer ». Le terme de « rashiste » est employé par les nationalistes ukrainiens, en mélangeant « russe » et « fasciste »

Le réveil va être très dur pour les Français, qui n’ont jamais compris l’envergure de la question, y compris à Gauche où personne ne s’est soucié de rien. Nous allons à la guerre, nous ne sommes déjà plus dans la paix.

Les bourgeoisies européennes sentent le désastre venir. Elles n’ont plus le choix. Le seul moyen de sauver l’occident, c’est de démanteler la Russie, alors on y va de manière mécanique. Voilà pourquoi même l’extrême-Droite française s’est alignée sur l’Otan, comme l’a fait l’extrême-Droite italienne.

Dans les 10-15 ans, la France mettra en place une armée de masse, ce que le Royaume-Uni et l’Allemagne annoncent déjà de leur côté. Cela sera un mélange de libéralisme moderniste à la Emmanuel Macron et de conservatisme militariste, le second quinquennat d’Emmanuel Macron s’alignant déjà là-dessus.

Le « partenariat stratégique » franco-suédois relève de cette dynamique. La Suède, qui va rentrer dans l’Otan, est d’ailleurs emblématique de la combinaison d’un libéralisme culturel généralisé et d’un nationalisme militariste très dur fonctionnant à l’arrière-plan, sous des dehors « démocratiques ».

Telle est la réalité, la vraie actualité – et c’est là-dessus que doit se fonder la conscience de l’Histoire, celle qui a compris le caractère inéluctable du Socialisme, de son impérieuse nécessité pour briser la barbarie.

« L’année 2024 sera une année décisive pour l’Europe, à un moment où notre liberté et notre souveraineté sont en jeu.

Face aux multiples menaces actuelles, telles que la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine, les perturbations en matière d’approvisionnement énergétique, le terrorisme et la criminalité organisée, ainsi que face à la problématique de la transition vers une économie numérique et bas carbone, la France et la Suède collaboreront plus étroitement pour renforcer la capacité de l’Europe à agir.

Cette semaine, lors d’une visite d’Etat organisée à l’invitation de Sa Majesté le roi Carl XVI Gustaf, la France et la Suède réaffirmeront les liens étroits qui les unissent en concluant des accords relatifs à l’innovation, l’énergie nucléaire et la sécurité. A cette occasion, les deux pays signeront un partenariat bilatéral stratégique pour l’innovation dans des sociétés durables, numériques et résilientes.

La France et la Suède sont toutes deux de grandes puissances industrielles et des moteurs de l’innovation, à la pointe dans plusieurs secteurs, tels que la technologie et l’industrie spatiale.

Ces capacités exceptionnelles doivent être exploitées pour renforcer encore la position géostratégique de l’Europe, réduire ses dépendances stratégiques et bâtir une assise économique plus résiliente et plus solide.

Alors que nous entrons dans une année incertaine, porteuse de multiples menaces pour notre sécurité et notre prospérité, et que l’Europe se doit de jouer un rôle de premier plan dans les transitions écologique et numérique, les contributions de nos deux pays seront essentielles pour rendre l’Europe plus sûre et plus forte.

La France et la Suède collaboreront plus étroitement encore en s’appuyant sur trois constats.

Premièrement, la guerre en Ukraine fait peser un risque existentiel sur la sécurité de notre voisinage. Défendre l’Ukraine, c’est avant tout défendre les principes de souveraineté et d’intégrité territoriale et l’idée selon laquelle la force ne fait pas loi.

C’est la raison pour laquelle la France et la Suède apportent un soutien politique, économique, humanitaire et militaire à l’Ukraine, tant sur le plan bilatéral que par l’intermédiaire de l’Union européenne (UE). C’est également la raison pour laquelle l’UE doit veiller à ce que l’avenir de l’Ukraine soit au sein de l’Europe, tout en renforçant en parallèle la sécurité et la défense européennes.

Lors du Conseil européen de décembre dernier, nous avons pris la décision historique d’ouvrir les négociations d’adhésion avec l’Ukraine, ce qui souligne notre engagement commun en faveur d’une trajectoire européenne pour ce pays.

L’UE doit également prendre des décisions fortes en ce qui concerne le soutien financier à l’Ukraine et parvenir à un accord lors du prochain Conseil européen extraordinaire, qui se tiendra le 1er février. Ce soutien pourrait en effet aujourd’hui revêtir une importance capitale, plus qu’à tout autre moment depuis le début de l’invasion illégale et à grande échelle de l’Ukraine par la Russie il y a presque deux ans.

Si nous voulons que l’Europe se présente comme une puissance géopolitique incontournable, nous devons démontrer que la phrase selon laquelle nous soutiendrons l’Ukraine « aussi longtemps qu’il le faudra » n’est pas vide de sens. Le projet de défense, de réforme et de reconstruction de l’Ukraine sera de longue haleine.

Confrontées à de nouvelles menaces sur le sol européen, la France et la Suède prendront des mesures concrètes pour renforcer leurs relations en matière de défense, notamment dans le secteur de l’industrie, et en faisant en sorte de devenir des alliées au sein de l’Otan dès que possible.

Deuxièmement, la guerre en Ukraine et ses conséquences ont également mis en évidence un autre défi à long terme que l’Union européenne doit relever de toute urgence : accélérer la transition énergétique. Cela sera essentiel à la fois pour atteindre nos objectifs climatiques et pour renforcer la résilience et la souveraineté de l’Europe.

Pour ce faire, nous devons exploiter toutes les sources d’énergie non fossiles dont nous disposons, notamment l’énergie nucléaire, l’énergie éolienne en mer et la bioénergie. C’est le seul moyen d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050. La France et la Suède approfondiront ainsi leur coopération tant au niveau bilatéral qu’européen, afin de mettre en place des systèmes énergétiques indépendants des combustibles fossiles, et elles en feront l’élément principal de leur partenariat stratégique actualisé pour l’innovation.

À l’échelle mondiale, il sera indispensable que la capacité de production d’énergie nucléaire triple d’ici à 2050. En tant que membres de l’alliance européenne sur l’énergie nucléaire, la France et la Suède souligneront le rôle essentiel que joue l’énergie nucléaire pour parvenir à la neutralité carbone, et elles s’efforceront de créer des conditions réglementaires, industrielles et financières favorables pour les projets nucléaires.

Conformément à leur déclaration d’intention signée en décembre dernier, la France et la Suède favoriseront également les échanges d’expériences entre les acteurs français et suédois sur des aspects clés, tels que la construction de centrales nucléaires, la sûreté et la recherche. Les deux pays étant parmi les plus grands exportateurs nets d’énergie en Europe, ces échanges profiteront à l’ensemble du continent dans sa transition écologique.

Troisièmement, la résilience de l’Europe va de pair avec sa compétitivité ainsi que sa capacité à bâtir une assise économique solide et à définir un nouveau modèle d’investissement et de croissance pour la décennie à venir.

La coopération économique et industrielle entre la France et la Suède peut jouer un rôle moteur pour la compétitivité de l’Europe, notamment grâce aux projets concrets portés par les entreprises françaises et suédoises dans les domaines stratégiques dans lesquels l’Europe doit réduire sa dépendance, tels que l’espace, l’industrie de la défense, la sécurité des approvisionnements en matières premières critiques ou encore le renforcement du secteur pharmaceutique.

La France et la Suède partagent une même culture de l’innovation et de la technologie au service d’un développement juste et durable, fondée sur une coopération scientifique de qualité. Leur partenariat renouvelé contribuera à la réussite des ambitions européennes en matière de lutte contre les changements climatiques et la pollution et de préservation de la biodiversité. Il leur permettra également de faire face aux progrès rapides de la technologie dans le domaine du numérique.

Il sera également nécessaire d’accélérer les investissements pour rester en tête de la course mondiale et conserver la maîtrise des technologies décisives pour notre avenir. À cet effet, la France et la Suède s’efforceront d’approfondir l’union des marchés des capitaux pour accroître les financements privés en faveur de l’innovation et des transitions en Europe.

Les liens unissant aujourd’hui la France et la Suède, si étroits soient-ils, devront se resserrer encore à l’avenir. Face aux bouleversements géopolitiques actuels, les relations entre les deux pays doivent être développées et approfondies. La coopération franco-suédoise pourra aussi être renforcée dans d’autres domaines, notamment en matière policière et de sécurité, afin de lutter contre le terrorisme et la criminalité organisée. Au niveau de l’UE, nous devons renforcer la coopération opérationnelle et judiciaire, les échanges d’information et la protection de nos frontières extérieures.

En unissant leurs forces pour traiter ces questions déterminantes, la France et la Suède parviendront non seulement à se renforcer elles-mêmes, mais aussi à renforcer l’Europe tout entière.

Ulf Kristersson et Emmanuel Macron »

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Guerre

Plan de l’Union européenne pour les munitions de l’armée ukrainienne

L’Union européenne est cobélligérante.

Peu de gens le savent, mais l’Union européenne est dotée d’un budget pour la guerre. Personne ne le sait même, parce que l’idéologie de l’Union européenne, pour les gens, c’est le « marché commun ». Sauf qu’on en est plus là depuis longtemps, en admettant même que cela ait été simplement ça.

En pratique, l’Union européenne sert d’homogénéisation des Etats ouest-européens pour les utiliser comme vecteur au service de la puissance américaine. Le tout sans toucher au consensus passif de la société occidentale de consommation.

Pour cette raison, le mot « guerre » n’est évidemment pas employé et il est parlé de « Facilité européenne pour la paix [FEP] » dans le but de « prévenir les conflits, à consolider la paix et à renforcer la sécurité internationale ».

Ce sont ainsi près de 6 milliards d’euros qui sont budgétés pour la période 2021-2027, mais ouvertement avec « des implications militaires ou dans le domaine de la défense ».

Avec l’utilisation désormais de l’Ukraine comme chair à canon contre la Russie, ce FEP devient d’autant plus important. En l’occurrence, plus de la moitié du budget, soit 3,5 milliards d’euros, est déjà passé à la trappe pour financer l’armée ukrainienne, sous-traitante des États-Unis pour faire la guerre contre la Russie.

Et ce n’est pas terminé. Le budget va totalement exploser avant 2027 puisqu’il est déjà prévu, en mars 2023, de prélever encore un milliard d’euros de cette dotation pour servir en Ukraine.

C’est en tous cas ce que préconise Josep Borrell, le Haut représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, proposition qui devra être discutée par les ministres concernés des 27 États membres. On ne doute toutefois pas de l’issue, l’Union européenne étant inlassablement en première ligne du soutien à la guerre américaine.

Le tout naturellement sans aucune consultation des « citoyens » des pays de l’Union européenne. Tout se passe par en haut et passe comme une lettre à la poste. L’Union européenne est à ce niveau une superstructure efficace des pays ouest-européens aux masses torpillées par la consommation, l’aliénation, l’exploitation ultra-raffinée.

Et l’un des principaux acteurs de cette organisation industrielle européenne de ce plan de soutien militaire est Français : c’est Thierry Breton, commissaire européen au marché intérieur. Il ne cache même pas que l’objectif à moyen terme, c’est la « victoire », par l’intégration de l’Ukraine dans l’Otan et dans l’Union européenne :

« Il faut se préparer à avoir une frontière de 4 000 kilomètres avec la Russie. »

Il faut se préparer, et donc faire en sorte que le régime ukrainien l’emporte à tout prix ! Il est donc question de renforcer le jeu de massacre en livrant, pour un milliard d’euros donc, pas moins de 250 000 obus de 155 mm. C’est le genre de munitions dévastatrices qui servent dans les fameux canons Caesar français.

C’est gigantesque, et cela signifie directement pour les États membres de devoir puiser dans leurs stocks stratégiques. Et d’ailleurs cela ne suffira pas ; c’est une industrie de guerre qui doit se mettre en branle pour assurer une telle cadence.

L’Union européenne n’est certainement pas dans une perspective de paix, et on ne peut même plus dire qu’elle prépare la guerre. Elle est activement et concrètement déjà en guerre, avec une économie de guerre qui se met en place, voire qui est déjà en place depuis quelques mois.

Sur le plan opérationnel, ces 250 000 obus signifient un renforcement de la puissance de frappe ukrainienne, qui appelle forcément directement un renforcement de la puissance de frappe russe. C’est un engrenage dévastateur, mais cela est pleinement assumé. En tous cas dans les coulisses, puisque tous ces gens ne s’en vantent pas, pas plus que les médias occidentaux qui ne relatent ce genre d’information qu’à la marge, de manière anecdotique, simplement pour informer les personnes devant savoir, et surtout pas les autres qui de toutes façons s’en moquent.

Pourtant, c’est là l’actualité, la brûlante et terrifiante actualité. Des milliards d’euros européens, ici pour un quart de million d’obus dévastateurs, comme cela peut-il ne pas faire la Une ? On dit souvent que le silence est complice. Il est ici directement coupable, comme sont coupables les gens qui se désintéressent volontairement de cette guerre et de ce que font les dirigeants, leurs propres dirigeants.

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Guerre

L’économie de guerre contre le droit européen

Une mission flash sur les munitions à l’Assemblée nationale propose de liquider le droit européen au profit de l’économie de guerre.

Le programme REACH, entré en vigueur en 2007, constitue une règlementation phare du capitalisme de l’Union européenne. L’acronyme signifie : enregistrement (de toute substance fabriquée ou importée supérieure à une tonne par an), évaluation (de ses dites substances), autorisation (avec des restrictions ou même des interdictions concernant les substances dites « préoccupantes » ou dangereuses) des substances chimiques.

On parle là d’un dispositif ayant permis la constitution d’une vaste base de données, ayant permis le développement d’application comme Scan4Chem ou Yuka (qui n’utilise pas directement cependant les avancées de la base de données en tant que telle).

Il faut donc bien comprendre que cette règlementation constitue une des réalisations majeures de l’Union européenne sur le plan de son affirmation comme bloc, avec toute une propagande culturelle comme quoi le « marché européen » serait le plus sûr du monde et constituerait même le modèle d’un « capitalisme éthique » devant s’imposer au monde par le truchement de ses règles qui infuserait à terme les autres marchés connectés.

REACH est ainsi un des points d’appui de ce que les agents de l’Union européenne appellent les « ESG » (=Environnement, Social, Gouvernance), qui sont la déclinaison locale des idées du capitalisme managérial des États-Unis d’Amérique, sur la base d’une supposée « Responsabilité Sociale des Entreprises », initiée au départ par un économiste, et pasteur protestant, relativement obscur, du nom de Howard Bowen (mort en 1989), mais qui est une référence des écoles de commerce et des université de droit des institutions bourgeoises spécialisées en droit des entreprises.

Au départ, suite à sa première élection en 2017, le gouvernement d’Emmanuel Macron, s’est voulu le champion de ce « capitalisme éthique », qui était d’ailleurs à la base même des activités d’Emmanuel Macron lorsqu’il travaillait pour la banque Rothschild, justement spécialisée dans le développement de ces ESG.

C’est tout le sens même des orientations de Bruno Le Maire, Ministre de l’économie et des Finances, qui a fait passé en 2019 la « Loi Pacte » établissant un cadre, non contraignant, devant pousser les entreprises françaises à adopter ces principes de l’ESG.

S’il faut prendre le temps de passer par ces points, c’est parce qu’il est important de mesurer ici la signification du rapport sur les stocks de munitions remis la semaine passée (le mercredi 15/02) à l’Assemblée nationale par les députés Julien Rancoule (RN) et Vincent Bru (MoDem). 

Dans ce dernier, les députés attaquent frontalement la règlementation REACH, et le principe même de l’ESG comme cadre juridique, au nom de l’économie de guerre. Il est notamment dit :

« La fabrication d’une tonne d’explosif, permettant la fabrication de 100 obus de 155 mm, nécessiterait entre 12 et 18 mois de procédure préalable pour obtenir l’enregistrement, avec un coût de l’ordre de 25 millions d’euros par enregistrement et par substance. 

(…) Tous les acteurs auditionnés ont suggéré le recours à des exemptions ‘Défense’ qui, soumises à autorisation du ministère de la Transition écologique, [permettraient] d’alléger certaines contraintes. »

Le programme REACH est dans cet ordre d’idée tenu pour avoir ainsi « coûté » à la Marine Nationale 480 millions d’euros rien que pour avoir imposé le changement de la motorisation des missiles ASTER et EXOCET.

De même, les restrictions sur le plomb et les sels de plomb, entrant dans la chaîne de production de la plupart des munitions, est dénoncée comme une entrave absolument insupportable aux besoins de l’économie de guerre, avec l’argument que de telles interdictions ne pèsent pas sur l’industrie des États-Unis, et qu’il faut à tout prix s’aligner.

Ce que ne dit pas le rapport, c’est que le droit dit « environnemental » européen accorde en fait déjà des exemptions, sur l’enregistrement et donc l’autorisation, de toutes substances chimiques, dès lors qu’elles concernent les activités de Défense. Pour les activités, mais pas pour les fournisseurs ou les sous-traitants divers du complexe militaro-industriel français, qui entend se restructurer en élargissant ses activités de manière toujours plus centrale dans l’économie capitaliste en France.

Il s’agit donc pour ces députés de ne pas considérer seulement les activités mais toute les filières d’approvisionnement. Ce que proposent ces députés, c’est là très clairement donner le signal de la mise en place d’un État de guerre devant piloter une économie de guerre. C’est aussi le masque, bien dérisoire, du « capitalisme éthique » de l’Union européenne qui est ici balayé.

L’heure se rapproche toujours plus où face à la guerre capitaliste pour le repartage du monde qui s’élance de manière toujours plus menaçante, il faudra être en mesure d’opposer une vision du monde complète et en rupture totale avec le vieux monde français et occidental qui s’écroule.

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Guerre

Zelensky à Bruxelles devant une assemblée hystérique

Les valets des États-Unis lui sont entièrement acquis.

Après Londres puis Paris, le président ukrainien a donc poursuivi sa tournée européenne à Bruxelles jeudi 9 février 2023 où il s’est rendu devant le Parlement de l’Union européenne. Il y a été littéralement acclamé par une assemblée en liesse pendant plusieurs minutes ; c’est que Zelensky représente le summum de l’allégeance aux États-Unis, alors que ces gens sont tous de bons serviteurs de la superpuissance américaine.

Le spectacle a donc été donné, comme promis. Le président ukrainien s’est déchaîné avec un discours aussi fanatique que guerrier contre la Russie, incarnant le mal absolu.

« Nous nous défendons contre la force la plus antieuropéenne du monde moderne. »

Il y avait dans son discours tout du bon scénario à la Netflix.

« Nous nous défendons, nous vous défendons. »

« Merci d’en faire davantage. Nous devons aller plus vite que notre agresseur. »

« Désormais, les États doivent envisager, rapidement, comme prochaine étape, de fournir les systèmes à longue portée et les jets dont vous avez besoin pour protéger la liberté que trop de gens prenaient pour acquise. »

La présidente du Parlement européen Roberta Metsola lui a rendu la pareil, usant à souhait de superlatifs.

« Il s’agit d’un moment extraordinaire, en des temps extraordinaires. »

« Notre réponse doit être proportionnelle à la menace, et la menace est existentielle. »

« L’Ukraine est l’Europe, l’avenir de votre nation est dans l’UE. Nous savons le sacrifice que votre peuple a enduré pour l’Europe, et nous devons l’honorer non seulement par des mots mais aussi par des actes. »

« Lorsque le monde pense à l’Ukraine, il pense à des héros déjouant tous les pronostics, à David battant Goliath (…) Des héros dont les noms seront évoqués pendant des générations. »

Un tel fanatisme n’a pas été vu en Europe depuis la première guerre mondiale, avec les hystéries nationalistes. Même la seconde guerre mondiale, malgré toute l’horreur qu’elle a produite, n’avait paradoxalement pas en son fondement un tel déchaînement de fanatisme nationaliste et militariste.

Lors de la seconde guerre mondiale, le nationalisme était en effet cynique, rationalisé, assumé. Ici, on est dans un irrationalisme élémentaire, une ivresse en mode « la fleur au fusil » pour aller au front.

Il faut relater à ce sujet les propos de Zelensky dans son entretien au Figaro et au magazine allemand Der Spiegel, publié dans la soirée du 8 février en ligne, où il y va très fort dans le fanatisme européen anti-russe.

Car c’est bien d’une idéologie à laquelle on a affaire. Pour l’Etat fasciste ukrainien, la Russie n’est qu’une « Moscovie » à effacer de l’Histoire.

« Les Russes qui ont quitté leur pays en 1917 au moment de la révolution, toute cette intelligentsia qui fuyait le régime communiste s’est installée en Europe. Mais je suis surpris de voir qu’aujourd’hui certains de leurs descendants soutiennent Vladimir Poutine, alors qu’il fait la même chose que le régime communiste à leurs familles en 1917. Je ne peux pas comprendre ça. On croyait que ces Russes étaient devenus européens, mais en fait non, ils ne le sont pas vraiment. Ils n’aiment pas cet environnement culturel européen. C’est un gros problème. »

« Les peuples occidentaux ont des identités différentes, des drapeaux différents, des langues différentes, mais ils se rejoignent sur les valeurs. Ils n’ont pas perdu confiance. Les Européens ont prouvé qu’ils étaient vraiment Européens. »

Ce sont des propos de gens menant tout le monde à la guerre mondiale. L’heure est vraiment grave, d’autant plus que cela se fait dans l’indifférence la plus complète des populations européennes.

Et il est effarant de voir à quel point il y a unanimité politique complète pour suivre les objectifs de la superpuissance américaine en Ukraine.

Les présidents des différents groupes politiques au Parlement européen ont d’ailleurs fait une déclaration commune, assumant totalement leur militarisme. Ils appellent les 27 pays de l’Union européenne à :

« accroître et à accélérer leur assistance militaire, à fournir le matériel militaire et les systèmes de défense nécessaires et à former les forces ukrainiennes ».

Zelensky a également rencontré directement Charles Michel, qui est l’obscur Président du Conseil européen (obscur car bien malin qui sait quel est le véritable pouvoir et la véritable fonction de cette personne). En tous cas, Charles Michel a également donné dans le scénario américain grandiloquent, en publiant sur Twitter une photo de lui accueillant Zelensky, avec le commentaire suivant :

« Welcome home, welcome to the EU »

(bienvenue à la maison, bienvenue en Union européenne)

Américanisme oblige, le message est donc en anglais, alors qu’il ne s’agit pourtant que de la langue d’une infime minorité des Européens, en l’occurrence les 5 millions d’Irlandais. Mais les dirigeants européens sont unilatéralement tournés vers les États-Unis, ils ont fini de faire de l’Europe une succursale. Alors ils adoptent forcément la langue du maître.

Et ils adoptent les objectifs du maître américain, assumant totalement la guerre contre la Russie. Charles Michel a réclamé un maximum d’armes pour le régime ukrainien :

« D’abord, un soutien maximal sur le plan militaire.

Nous avons eu l’occasion d’en parler à de nombreuses reprises au cours des dernières semaines, y compris à Kiev, avec la présidente von der Leyen et vous-même, et vous avez eu l’occasion encore au Conseil européen de dire les choses avec netteté à l’attention des dirigeants européens et vous aurez encore l’occasion, dans les heures qui viennent, dans le cadre de contacts plus informels, d’être précis, d’être opérationnel.

Il y a des besoins militaires pour vous soutenir, pour aider à protéger, à défendre l’intégrité de l’Ukraine: des munitions, de l’artillerie, des missiles, des véhicules, des systèmes de défense.

C’est de cela très concrètement qu’il s’agit maintenant. C’est de cela qu’il s’agit maintenant. »

Il a également promu une « paix » façonnée par l’Otan et un régime ukrainien intégréà l’Union européenne. Son intervention se conclut de la manière suivante :

« ‘Union européenne, c’est l’Ukraine. L’Ukraine, c’est l’Union européenne. L’Union européenne est notre maison commune. Nous allons être mobilisés pour réaliser et pour tenir cette promesse. Slava Ukraini! Vive l’Europe! »

Est-ce une déclaration de guerre à la Russie ? Si ce n’est pas le cas dans la forme, l’Union européenne n’ayant de toute manière aucun mandat légal pour cela, c’en est évidemment une en pratique. Il ne peut tout simplement plus y avoir de retour en arrière.

La Gauche ne peut ainsi avoir qu’un seul mot d’ordre : saboter la guerre américane contre la Russie! Afin d’oeuvrer à la défaite de l’Otan et la déroute de l’occident!

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Guerre

L’Union européenne à Kiev pour le compte de l’Otan

Main dans la main contre la Russie.

Le président du Conseil européen Charles Michel, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, le président ukrainien Volodymyr Zelensky

L’Union européenne n’est plus qu’une succursale politique de l’Otan, l’alliance militaire de la superpuissance américaine. Fini le pseudo-pacifisme et le pseudo-humanisme européen, tout est balancé par la fenêtre pour prêter allégeance aux États-Unis. Et tant pis pour le long héritage politique et culturel commun avec la Russie.

L’Union européenne est en première ligne dans le soutien au régime ukrainien qui livre une guerre fanatique à la Russie pour le compte des États-Unis. C’est pourquoi ses dirigeants se sont rendus à Kiev vendredi 3 février 2023. Le président du Conseil européen, Charles Michel, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, y ont rencontré le président ukrainien Volodymyr Zelensky, pour ce qui était un sommet entre l’Union européenne et l’Ukraine.

On n’est plus ici dans le simple soutien, mais bien dans la prise de partie directe dans le conflit ; l’Union européenne est ouvertement en guerre contre la Russie. C’est pour cela qu’elle a livré 3,6 milliards d’euros à l’Ukraine depuis février 2022. C’est par exemple plus que le programme « Europe créative», doté 2,44 milliards d’euros (sur 6 ans !), qui est présenté comme le « programme phare de la Commission européenne visant à soutenir les secteurs de la culture et de l’audiovisuel ».

La guerre à la Russie compte bien plus pour l’Union européenne que ne compte la culture européenne. Cela pour la simple raison que l’autorité de tutelle américaine a décidé que l’Union européenne devait supporter le boulet ukrainien. La superpuissance américaine compte récolter les fruits du contrôle de l’Ukraine, mais sans en avoir la charge.

Dociles, les dirigeants européens sont donc venus à Kiev pour faire leurs devoirs. Il s’agissait de discuter des sujets suivants :

  • la trajectoire européenne de l’Ukraine et le processus d’adhésion à l’UE ;
  • la réponse de l’UE à la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine ;
  • les initiatives de l’Ukraine en faveur d’une paix juste et visant à ce que les responsables répondent de leurs actes ;
  • la coopération sur les questions de reconstruction et d’aide et dans les domaines de l’énergie et de la connectivité ;
  • la sécurité alimentaire mondiale.

Ces échanges ont été l’occasion de rappeler le gigantesque effort européen de soutien à l’Ukraine. Car, en effet, en plus des 3,6 milliards d’euros évoqués précédemment, il faut compter en tout 12 milliards d’euros d’après l’Union européenne, en prenant en compte l’aide militaire fournie par les États membres.

Mais cela, ce n’est que ce qui a déjà été dépensé. Pour l’instant, d’après les informations officielles de ce sommet Union européenne – Ukraine :

« Globalement, l’aide promise à l’Ukraine au niveau de l’UE et au niveau des États membres s’élève à ce jour à près de 50 milliards d’euros. »

Pour donner un ordre de grandeur et aider à la comparaison, le déficit du système de retraite français censé justifier la réforme des retraites est de 1,8 milliard d’euros.

On l’aura compris, l’Ukraine compte plus que tout pour l’Union européenne, succursale politique de l’Otan. Alors elle doit vite intégrer l’Union. Voici ce qui est dit dans la déclaration officielle suite au sommet :

« L’UE soutiendra l’Ukraine et le peuple ukrainien contre la guerre d’agression menée par la Russie aussi longtemps qu’il le faudra. Nous avons souligné l’importance historique de la décision du Conseil européen du 23 juin 2022 de reconnaître la perspective européenne et d’accorder le statut de pays candidat à l’Ukraine.

Nous avons réaffirmé que l’avenir de l’Ukraine et de ses citoyens se situe au sein de l’Union européenne. Nous partageons des valeurs communes de démocratie, d’État de droit, de respect du droit international et des droits de l’homme, y compris les droits des personnes appartenant à des minorités, ainsi que de l’égalité des sexes.

L’UE a réitéré son soutien et son attachement indéfectibles à l’indépendance, à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues. »

En d’autres termes, il est question ici de faire en sorte d’arracher l’Ukraine à l’orient, pour l’intégrer totalement à l’occident. C’est ce qui à gauche est généralement appelé de l’impérialisme. Et ici, c’est même de la sous-traitance d’impérialisme, puisque la maison-mère, ce sont les États-Unis.

Tout cela va finir en guerre mondiale, c’est inévitable, alors que dans le même temps les tensions entre les États-Unis et la Chine ne vont que grandir, etqu’il s’agit là de la principale contradiction au niveau mondial. L’Ukraine et l’Union européenne ne sont ici que des pions, face à la Russie qui n’est qu’un obstacle ; ce qui compte en arrière plan est l’affrontement entre la superpuissance américaine et son challenger la superpuissance chinoise.

Qui n’a pas compris que c’était là la principale actualité, que là se joue le sort du monde, n’a rien compris à l’Histoire.

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Restructurations économiques

Les signes avant-coureurs d’une crise de l’euro

L’euro pourrait bientôt s’effondrer.

C’est un cap symbolique qui a été passé le 12 juillet 2022, l’euro ayant atteint la parité avec le dollar. Autrement dit, un euro = un dollar, alors qu’auparavant l’euro était systématiquement plus fort que le dollar quasiment depuis sa création. C’est le résultat d’une dépréciation de 19% depuis le début de l’année 2022 et de 37% par rapport au record d’avril 22 avril 2008, lors de la crise financière touchant de plein fouet les États-Unis.

L’euro perd donc substantiellement de la valeur, car le dollar est la valeur étalon du capitalisme mondial. Cela reflète les faiblesses de l’espace économique européen qui sera bientôt touché-coulé par la crise. Car en pratique, si l’euro baisse ainsi, c’est parce qu’il y a un mouvement général de défiance à son égard, pour des raisons objectives très simples à comprendre.

La première, c’est que la Banque centrale européenne a joué avec le feu lors de la crise sanitaire en permettant aux États européens de s’endetter encore plus massivement qu’ils ne l’étaient déjà. De l’argent magique est apparu par milliards pour sauver le capitalisme sonné par la covid-19. Mais cet argent n’avait en réalité rien de magique et voilà la facture arrive. De l’euro est sorti de nulle part, alors il y a maintenant un rattrapage avec une dévalorisation de cette monnaie.

Bien sûr, le capitalisme américain n’a pas été en reste en ce qui concerne l’argent magique. Et, en substance, la valeur du dollar aussi est menacée. Mais la situation américaine est différente en raison de l’hégémonie du dollar et de la puissance économico-politique américaine.

Cela fait que concrètement la banque centrale américaine, la FED, a agi très tôt pour contre-carrer les effets de l’argent magique. Elle a resserré sa politique monétaire (hausse des taux directeurs) depuis le mois de mars, puis une seconde fois en juin. Alors que de son côté la Banque centrale européenne ne le fait qu’en juillet. De plus, cette dernière part de très loin, car les taux d’intérêt ont été négatifs (une absurdité typique de la crise du capitalisme), ce qui n’avait pas été le cas aux États-Unis.

L’autre grande difficulté européenne est sa grande disparité. L’écart le plus significatif, et le plus regardé, est-celui entre l’Allemagne et l’Italie. D’un côté l’Allemagne est considérée comme solide, a une dette considérée comme soutenable : elle emprunte donc pour pas cher. Au contraire, l’économie italienne est considérée comme faible en raison d’une dette publique astronomique, à proprement parler insoutenable : l’Italie emprunte donc à des prix élevés.

Cette différence entre les taux allemands et italiens est scrutée de près, le termes pour la désigner est le spread. C’est en soi un sujet de discorde qui affaiblit l’euro.

Si ce spread est élevé, cela signifie une zone économique déséquilibrée, et donc une monnaie euro qui n’est pas fiable. Alors il y a la volonté de réduire artificiellement ce spread en dirigeant une politique monétaire forte vers l’Italie (entre autre) avec du rachat d’actifs italiens. Le problème, c’est que cela revient encore à produire de l’argent magique et ne fait que repousser l’échéance.

L’Allemagne considère donc qu’il n’est pas question de courir ce risque et que les pays comme l’Italie devraient tout simplement comprimer leur dette en réduisant la voilure de leurs budgets, ce que les bourgeoisies de ces pays refusent catégoriquement de faire pour l’instant. Le spread va donc continuer de grandir, ce qui continue donc d’affaiblir l’euro et de miner la confiance en cette monnaie.

Et comme l’Allemagne elle-même, moteur économique de la zone euro, est affectée directement par la crise, de manière toujours plus violente, alors il n’y a rien pour améliorer la situation de l’euro et de la zone économique européenne. Le secteur industriel allemand fait face aux pénuries de composants asiatiques et d’approvisionnements énergétiques, ce qui menace de fait tout le continent.

Il y a là une spirale négative qui va s’accélérer maintenant avec la faiblesse de l’euro par rapport au dollar. Tout simplement car maintenant, avec leurs euros, les pays européens pourront acheter moins de marchandises en dollars, la monnaie de référence mondiale. Inversement, il y a bien sûr un avantage, mais comme les pays de l’Union européenne exportent peu, ou de moins en moins, cet avantage est très relatif.

La dépréciation de l’euro face au dollar vient donc directement et concrètement renforcer l’inflation des prix, ce qui ajoute encore un problème au problème. L’Union européenne et la zone euro qui lui est liée est face à un mur. La crise ne fait que commencer et la crise de l’euro en sera probablement une première manifestation violente.

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Guerre

Les députés européens de « gauche » qui ont voté pour l’intégration de l’Ukraine

C’est très révélateur.

Le 23 juin 2022, le parlement européen a contribué au bellicisme en acceptant la candidature de l’Ukraine (ainsi que de la Moldavie, et accepté la future candidature de la Géorgie). Regardons ce qu’ont fait les députés européens de « gauche », car c’est très révélateur.

La France insoumise et apparentés a six députés européens. Anne-Sophie Pelletier, Leïla Chaibi et Manon Aubry ont voté pour l’acceptation, ce qui les place dans un alignement direct avec le bellicisme et le militarisme. Younous Omarjee et Manuel Bompard ne semblent pas avoir été présents ; en ce qui concerne le second il était en tout cas sur RTL le matin et BFM TV ensuite.

Le seul qui a été un tant soit peu correct, et encore relativement car il n’a pas voté « non », c’est Emmanuel Maurel (de la Gauche républicaine et socialiste) qui s’est abstenu.

Qu’est-ce que cela signifie ? Que La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon n’est absolument pas un rempart contre la guerre. C’est un accompagnement « social » des décisions prises par le capitalisme, y compris la guerre. Car qu’est-ce que signifie d’autre l’acception de l’Ukraine comme candidate, à un moment où ce pays est devenu le jouet de l’OTAN pour transformer l’Europe en champ de bataille ?

Regardons les autres mouvements considérés comme de gauche. Du côté du Parti socialiste et apparentés, avec six députés européens également, tous ont voté pour, sauf Nora Mebarek, absente : Raphaël Glucksmann (de Place publique), Sylvie Guillaume, Éric Andrieu, Aurore Lalucq et Pierre Larrouturou (de Nouvelle donne).

Cette unanimité ne doit pas surprendre, elle montre que le Parti socialiste a fait un choix très clair, celui d’accepter et de soutenir l’expansionnisme capitaliste. C’est également vrai pour Europe Écologie Les Verts, devenu farouchement pro-OTAN ces dernières années : tous les députés européens ont voté pour, à part deux absentes (Michèle Rivasi et Karima Delli) : Yannick Jadot, Damien Carême, Marie Toussaint, David Cormand, Mounir Satouri, Caroline Roose, François Alfonsi (du Parti de la nation corse), Benoît Biteau, Gwendoline Delbos-Corfield et Claude Gruffat (sans étiquette).

Ces députés européens considérés comme de « gauche » ont ainsi voté comme les députés européens de la Droite avec Les Républicains (8 députés, Brice Hortefeux n’était toutefois pas présent), et comme les 24 députés européens pro-Emmanuel Macron (avec trois absents).

C’est terrible, car il y aurait eu le moyen de faire un bloc de gauche contre l’expansionnisme et le militarisme. Car qu’a fait l’extrême-droite française ? Du côté des forces pro Marine Le Pen, n’étaient pas là : Jordan Bardella, Hélène Laporte, Joëlle Mélin, Virginie Joron, Julie Lechanteux, Philippe Olivier.

Ont voté contre : Thierry Mariani, Dominique Bilde, Hervé Juvin, Jean-Paul Garraud, Catherine Griset, Gilles Lebreton, Jean-François Jalkh, Aurélia Beigneux, Annika Bruna, France Jamet, André Rougé, Mathilde Androuët, Jean-Lin Lacapelle.

A ces derniers députés, il faut ajouter deux ex-pro-Marine Le Pen passés à Reconquête d’Eric Zemmour : Nicolas Bay et Jérôme Rivière, leurs acolytes Gilbert Collard et Maxette Pirbakas n’ayant pas été présents.

Cela ne fait pas lourd, car ils ont été très isolés dans leur démarche. C’est là que c’est impressionnant : la résolution pour accepter l’Ukraine comme candidate à l’Union européenne a reçu le soutien de 529 députés européens, 14 s’étant abstenus et 45 ayant été contre.

Sur ces 45 contre, on a ainsi 15 français d’extrême-Droite, pour un total de 29 appartenant à l’extrême-Droite, 3 aux conservateurs, 8 aux non-inscrits (mais en fait souvent d’extrême-Droite), et… seulement six de gauche !

On parle ici d’Özlem Demirel de la gauche allemande « Die Linke », de la Tchèque Kateřina Konečná du Parti communiste de Bohême et Moravie, d’Anja Hazekamp du Parti pour les animaux (aux Pays-Bas), de Sandra Pereira et João Pimenta Lopes du Parti Communiste portugais, de Manu Pineda du Parti Communiste d’Espagne.

On parle ici, on l’aura compris, de personnes isolées dans leur démarche, alors qu’un soutien de La France insoumise aurait permis d’en cimenter l’action. Ce n’est toutefois pas du tout l’option de La France insoumise.

On notera également que parmi les abstentionnistes, six seulement sont de gauche. On a l’Irlandaise Clare Daly, qui affirme ouvertement que l’Ukraine est utilisée comme chair à canon pour mener la guerre à la Russie, tout comme l’Irlandais Mick Wallace, tous deux étant membres des « Indépendants pour le changement », un mouvement de gauche. On a Marc Botenga du Parti du Travail de Belgique, Giórgos Georgíou du Parti progressiste des travailleurs (à Chypre), Sira Rego de la Gauche Unie (en Espagne).

Quel intérêt que cette abstention ? Il n’y en a pas bien entendu. On a besoin de fermeté face au capitalisme qui a décidé de tout engloutir sur son passage et de se précipiter dans la guerre. Et l’exemple de ce vote au parlement européen montre qu’il n’y a rien à attendre de ce niveau, et que La France insoumise n’est pas du tout dans une démarche anti-guerre.

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Guerre

L’Union européenne entame une colonisation de la Moldavie et de l’Ukraine

Deux pays dépecés par la guerre.

Si la nature du projet européen pouvait faire illusion dans les années 1990 et 2000, avec l’utopie libérale d’un continent unifié par le marché, il est dorénavant clair que l’Union européenne n’est qu’un appendice à l’expansion de la superpuissance américaine. Elle est la version politico-économique de ce que l’Otan est sur le plan militaire.

En décidant unilatéralement le 23 juin 2022, sans aucun mandat démocratique et au mépris de toutes les procédures normales, d’accorder à l’Ukraine et à la Moldavie le statut de candidates officielles à l’Union européenne, les chefs d’État des 27 pays membres ont fait acte d’allégeance aux États-Unis dans sa concurrence acharnée avec la Russie.

Car il ne s’agit que de cela. Personne fait semblant d’en avoir quelque chose à faire des nations ukrainienne et moldaves et des peuples ukrainiens et moldaves, de leur caractère à la fois occidental et oriental. Ces nations sont niées et leurs peuples (voire même seulement leur territoire uniquement, tant les populations ne sont pas considérées) ne sont que des outils manipulés comme des cartes dans le grand jeu diplomatique américain. Exactement comme cela s’est fait dans les années précédent la première grande guerre mondiale où les nations ont été dénaturées, manipulés, sabordés, pour servir un camp contre un autre.

Cette « diplomatie » toutefois n’est pas un jeu et cela signifie concrètement la guerre, les morts, la destruction, avec au bout uniquement la perspective de soumission au capitalisme dans sa version occidentale-américaine. Car ce qui est proposé à l’Ukraine et à la Moldavie, ce n’est certainement pas un développement économique et démocratique. Tant l’Ukraine que la Moldavie sont des pays pauvres, rongés par la corruption et les mafias, l’Union européenne n’a rien à leur proposer d’autre qu’une forme moderne de colonialisme.

On pensera, pour donner deux exemples significatifs, pour la Moldavie au pillage des ressources par le groupe français Lafarge et pour l’Ukraine à l’abominable marché de la GPA, qui est ni plus ni moins qu’un pillage programmé d’enfants pour le compte de riches européens.

Quand on voit la manière dont sont traitées la Roumanie et la Pologne en Europe, avec les mœurs de leurs peuples systématiquement moquées et vilipendées, et leurs travailleurs directement débauchés pour venir casser les conquêtes ouvrières plus à l’ouest, on sait qu’il ne faut pas s’attendre à autre chose pour la Moldavie et l’Ukraine. D’autant plus qu’elles sont chacune historiquement la cible d’un expansionnisme roumain pour la première et d’un expansionnisme polonais pour la seconde.

Concrètement, leur vocation est d’être le 5e boulon de la 5e roue du carrosse… et de servir de ligne de front militaire. D’ailleurs, il ne faut même pas croire les 27 dirigeants européens quand ils disent vouloir intégrer ces deux pays. Tout ce qui compte, c’est d’avoir une relation officielle formelle, pour contrer la Russie, mais cela peut très bien en rester là, du moment que cela suffit aux opérations de la superpuissance américaine.

L’Ukraine et la Moldavie, en tant que nations, sont donc les premières grandes victimes de la bataille pour le repartage du monde du 21e siècle, alors que l’Union Européenne compte également intégrer à terme… la Géorgie.

On peut ainsi dorénavant considérer que le dépeçage de l’Ukraine par les grandes puissances est acquis. D’un côté par la superpuissance américaine qui au moyen de l’Union européenne intègre de manière officielle la partie Ouest du pays, avec comme centre de gravité la capitale Kiev. De l’autre par la Russie qui poursuit très efficacement ses opérations dans l’Est du pays sans qu’on puisse imaginer un quelconque retour en arrière.

L’Ukraine est coupée en deux, et il en sera probablement de même pour la Moldavie, à moins que la Transnistrie ne soit directement broyée et sacrifiée dans ce jeu de massacre, de par sa situation géographique.

Tout cela dépendra maintenant de la seconde phase de l’opération russe en Ukraine, qui sera, voire est déjà, la bataille pour Odessa. Et cela va cogner fort, cette fois au moyen non plus au moyen de l’Union européenne, mais directement de l’armée britannique qui entend contrôler ce port mondial, comme sous-traitant pour le compte américain évidemment. Les lance-roquettes multiples britanniques sont déjà sur le champs de bataille pour le contrôle de l’île au serpents, base avancée déterminant le sort d’Odessa.

La Russie de son côté va aller le plus loin possible contre l’Otan pour s’accaparer Odessa, objectif ultime de son invasion de l’Ukraine.

Les peuples Moldaves et Ukrainiens vont payer ici un très lourd tribus à cette bataille acharnée qui se profile dans le cadre d’une deuxième phase de la guerre en Ukraine. Et l’Union européenne n’est certainement pas de leur côté, alors qu’on rentre de fait dans la troisième guerre mondiale dont le coeur est l’affrontement sino-américain pour l’hégémonie mondiale.

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Écologie

Non aux voitures électriques !

Le Parlement européen a voté mercredi 8 juin 2022 la fin de la vente de voitures thermiques neuves en 2035 et va négocier avec les États pour valider la mesure. Il est parlé de « révolution » dans le cadre des objectif de neutralité carbone d’ici à 2050. Hors de question pourtant de toucher au modèle turbo-capitaliste du tout voiture, qui pourrit littéralement les villes et les campagnes.

Modernisation et innovation contre l’écologie

Aucune révolution donc, mais un accompagnement dans le pire, pour prétendre changer les choses sans les changer en vérité. La voiture électrique est une catastrophe. Allons-nous construire partout en Europe des dizaines de réacteurs nucléaires et accentuer le pillage de l’Afrique pour construire les batteries ?

Et lorsque ces batteries ne seront plus utilisables, qu’en fera-t-on ? Ces mêmes libéraux s’imaginent-ils que le recyclage va résoudre tous les problèmes ? Croient-ils réellement aux promesses des industriels comme Veolia ?

C’est une fuite en avant, voilà tout. On modernise et on soutient les secteurs les plus libéraux afin de relancer un mode de production en bout de course.

L’écologie est de nouveau vidée de tout sens et ne sert qu’à masquer le cœur de la démarche : le soutien à la modernisation et à l’innovation capitalistes. Cette « révolution » ne vise qu’à soutenir les pans les plus libéraux des bourgeoisies de chaque pays. C’est l’écologie-Tesla, tout le contraire de ce dont la planète et l’ensemble de ses habitants ont besoin.

Un plan inapplicable

Si tout le parc automobile (40 millions en France actuellement) passait à l’électrique, on aurait également un sacré problème de pollution aux particules fines : les voitures électriques, très lourdes, sont une catastrophe en la matière.

Et vient nécessairement la question des voitures existantes et fonctionnelles : qu’en fera-t-on ? Pour que les voitures polluent moins, produisons-en des dizaines de millions neuves ? Mais peut-être que là aussi, ces champions du libéralisme s’imaginent que l’industrie trouvera une solution ?

La révolution, ce sera de chasser les voitures, pas de les transformer en de soit-disant véhicules verts.

L’écologie, c’est un plan massif de construction de tramway urbains et ruraux, de développement du fret ferroviaire et fluvial, l’accélération de la recherche pour des voiles nouvelles génération pour le fret maritime. C’est la limitation drastique des vitesses de circulation des automobiles ainsi que de la circulation dans les centres urbains. C’est le vélo. C’est l’endiguement de l’étalement urbain combiné à une politique publique de soutien logistique au commerce de proximité, accessible sans voiture partout ou presque sur le territoire.

Et puis, tant qu’à parler des voitures, la moindre des choses serait l’interdiction immédiate et sans contrepartie des SUV et des grosses cylindrées dite sportives, électriques ou thermiques, ces monstres énergivores qui sont une insulte tant à la Raison qu’à la Nature.

A la Gauche historique de remettre la Nature au coeur du débat : pour la Terre et tous ses habitants !

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Guerre

Eurosatory : le complexe militaro-industriel français sur le devant de la scène

L’Union européenne doit devenir un outil pour la guerre.

En tant que grande puissance, la France est connue et reconnue pour ses exportations de denrées agricoles, de produits de luxe, mais aussi pour sa production d’armes. Après les États-Unis et la Russie, la France est le troisième pays exportateur d’armes dans le monde.

Un commerce qui se porte bien, voire très bien puisqu’il a dépassé les 2 000 milliards de dollars dans le monde en 2021. De fait, depuis la pandémie de Covid-19, et plus encore avec la guerre en Ukraine, les budgets militaires des grandes puissances (mondiales et régionales) ont explosé, et la France compte bien conserver sa part du gâteau.

C’est dans cet état d’esprit qu’Emmanuel Macron s’est rendu au salon international de l’industrie de la défense et de la sécurité Eurosatory qui se tient du 13 au 17 juin au parc des expositions à Villepinte, salon qui se présente lui même comme « le mondial de la défense et de la sécurité ».

En temps normal, c’est le ministre des Armées qui se rend à ce salon lancé en 1967 au camp militaire de Satory par le Groupement des industries françaises de défense et de sécurité terrestres et aéroterrestres (GICAT), ce monstre du militarisme en France.

Ce salon fut lancé d’ailleurs un an après l’annonce officielle par le général de Gaulle du retrait de la France du commandement intégré de l’OTAN, ce qui suffit à montrer à quel point Eurosatory est une illustration de comment la France tend à être une puissance belliqueuse à part entière.

Lors de son discours d’inauguration, Emmanuel Macron a annoncé la couleur d’entrée de jeu :

« Cette confiance [à l’égard des industriels] s’inscrit dans un contexte inédit, et je pense que nous devons tous à cette occasion et dans les temps qui viennent en tirer les conséquences, celle aussi d’une entrée dans une économie de guerre dans laquelle je crois nous allons durablement devoir nous organiser.

C’est-à-dire dans une économie dans laquelle il faudra aller plus vite, réfléchir différemment sur les rythmes, les montées en charge, les marges, pour voir reconstituer plus rapidement ce qui est indispensable pour nos forces armées, pour nos alliés et pour celles et ceux que nous voulons aider.

Une économie au fond dans laquelle on ne peut plus envoyer au rythme et avec la grammaire d’il y a même un an. Tout a changé. »

Ce dont parle Emmanuel Macron ici est la capacité pour les armées des grandes puissances à assurer la logistique, les stocks et l’opérabilité des forces armées dans une guerre contre un autre État, ce que les experts appellent le taux d’attrition.

Si cela était quelque chose de bien en vue depuis plusieurs années dans les états-majors militaires, il est clair que les pertes et les masses de munitions et d’hommes engagées dans la guerre en Ukraine confirment cette tendance.

Par exemple, lors de la bataille de Kharkiv, les forces russes ont utilisé autant de munitions d’artillerie que l’ensemble du stock disponible pour l’armée française pour ses entraînements annuels. Par conséquent, l’enjeu pour les grandes puissances, c’est dorénavant de massifier leurs armées, en termes d’hommes, de stocks, de munitions, etc., mais aussi de les diversifier pour agir sur différentes zones d’intervention.

Cela signifie donc que l’industrie militaire devient un rouage central des économies des grandes puissances et puisque la France détient l’un des plus importants complexes militaro-industriels du monde, elle va être en première ligne de ce processus.

Et Emmanuel Macron en tant que représentant de la bourgeoisie pro-européenne se doit d’assurer la place du complexe militaro-industriel français dans le commerce des armes en Europe, alors que l’industrie américaine la concurrence, notamment par la vente de ses avions de chasse F-35 à bon nombre de pays européens.

C’est pourquoi lors de ce salon, Emmanuel Macron qui occupe depuis le 1er janvier, et ce jusqu’au 30 juin 2022, la présidence du Conseil de l’Union européenne, a appelé à la mise en œuvre d’une « préférence européenne » pour l’achat d’armes des pays membres.

Une perspective plus que concrète puisque depuis 2017, l’Union européenne a un budget commun en charge de l’innovation et de la recherche militaire commune alors même que l’article 41 du Traité de Lisbonne de 2007 interdisait l’utilisation du budget commun européen pour des projets militaires.

Depuis fin avril 2021, elle dispose d’un budget commun de 8 milliards d’euros (fonds européen de la défense) ce qui est en soi relativement peu, mais est énorme puisqu’avant 2017 il n’y avait rien, cela étant interdit par les règles institutionnelles.

Le tournant est tel que le Danemark est revenu par la voie du référendum le 1er juin 2022 sur son retrait historique des projets de défense européen.

Par son appel à une « préférence européenne en matière d’armements », Emmanuel Macron se place donc directement comme le porte-parole du complexe militaro-industriel français, car derrière l’industrie de défense européenne, il y a surtout quatre pays que sont la France, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne.

Et dans ce quatuor, la France capte près de 24 % des subventions européennes en matière de recherche et d’innovations militaires, les trois autres pays en recueillant environ 15 % chacun. Les industries françaises sont impliquées dans près de 80 % des projets subventionnés par l’Europe, Dassault étant au centre du projet de drone européen et Thalès (en partie détenu par l’État français) participant à plus de 40 % des projets.

De la même manière que le français Thierry Breton, chargé du très important portefeuille du marché intérieur, de la politique industrielle, du tourisme, du numérique, de l’audiovisuel, de la défense et de l’espace est également directeur général d’Atos international, une entreprise spécialisée dans le digital chargée de la modernisation de l’armée de terre française.

Voilà un parfait exemple de la tendance à la guerre qui s’empare de la base industrielle des pays. Un tel renforcement de l’industrie militaire française signifie que le complexe militaro-industriel va toujours plus devenir central dans le développement économique (et politique), alimentant la tendance au repartage militaire du monde.

Dans ce panorama, la France en tant que grande puissance apparaît comme un acteur central de la tendance à la guerre. Une donnée qui s’avère capitale pour quiconque veut lutter pour la cause pacifiste dans ce pays.

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Guerre

Ukraine : avalanche de sanctions économiques contre la Russie

Les puissances liées à l’OTAN mènent leur « guerre hybride » sur le plan économique.

Suite à l’invasion de l’Ukraine, la Russie subit une réponse très agressive de la part des principales puissances du capitalisme liées aux États-Unis et à l’OTAN. Via une salve de mesures, c’est la mise en place d’un véritable embargo politique et financier ayant pour but d’isoler et d’affaiblir drastiquement le régime russe.

Si ces mesures ne se situent pas strictement sur le plan militaire, il n’en reste pas moins qu’elles ont une perspective fortement hostile, typique de la guerre moderne. Il s’agit, par tous les moyens, d’affaiblir l’ennemi, de le pousser à la faute, de profiter de la situation et d’appuyer à fond sur les contradictions. Il y a là une tendance terrible qui s’exprime, menant inévitablement à une nouvelle grande guerre inter-impérialiste, une troisième guerre mondiale.

L’Union européenne a fait en sorte de limiter drastiquement l’accès de la Russie aux marchés de capitaux européens et d’interdire les exportations vers la Russie des avions, pièces et équipements de l’industrie aéronautique et spatiale, composants électroniques, logiciels, ainsi que des technologies de raffinage pour l’industrie pétrolière. Concrètement, l’État russe et les principales entreprises russes ne peuvent plus lever de dette en se finançant sur les marchés financiers européens.

La déclaration commune des États membres parle de « conséquences massives et sérieuses », avec l’objectif clair et assumé de nuire profondément à la Russie, considérée désormais unilatéralement comme une puissance ennemie. Vladimir Poutine et son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov sont même directement visés, avec le gel de leurs avoirs européens, autrement dit le blocage net de leurs des comptes bancaires et titres financiers dans les banques européennes.

La délivrance de visas aux Russes par les États européens est bien sûr fortement limitée. Dans le giron de l’Union européenne et de ses États membres, il faut noter les mesures, symboliques mais agressives, de suspension de la Russie de l’Eurovision et du déplacement en région parisienne de la finale de Ligue des Champions de football qui était prévue le 28 mai à Saint-Pétersbourg.

Il faut noter également la décision du Conseil de l’Europe, dont la Russie est membre, de suspendre la participation des diplomates et délégués russes aux principales instances de l’organisation. Peu connu, ce Conseil de l’Europe est une institution ayant pour but de promouvoir une idéologie européenne bourgeoise de type libéral-démocrate ; elle institue notamment la Cour européenne des droits de l’homme.

Le Royaume-Uni est particulièrement agressif dans la réponse à l’attaque russe. D’une part car la stratégie du pays est d’être le « meilleur élève » des alliés américains, donc d’agir de manière marquée en se montrant, mais aussi car le Royaume-Uni est directement concerné par l’attaque en Ukraine, notamment de part les visées qu’il avait (ou qu’il a) sur la ville d’Odessa comme base navale.

Il s’agit concrètement d’exclure totalement les banques russes du secteur financier britannique, celles-ci voyant leurs actifs gelés et sont dorénavant interdites de lever de fond. Plus de cent entreprises et conglomérats, dans tous les secteurs, sont également concernés par cet embargo financier. La compagnie aérienne russe Aeroflot (membre du même réseau qu’Air France, l’alliance Skyteam) est également interdite de vol sur le sol britannique. De nombreuses personnalités russes sont interdites de territoire.

Les États-Unis bien sûr sont également très hostiles dans leur réponse, avec des représailles financières qui « dépassent tout ce qui a jamais été fait » selon le président Joe Biden. Ce sont d’abords les banques russes qui sont visées par des sanctions. Sur le plan financer également, plusieurs grandes entreprises russes, dont le géant Gazprom, ont interdictions de se financer sur le marché financier américain ; c’est également le cas pour l’État russe lui-même, privé d’accès. De nombreuses restrictions d’exportation ont aussi été décidées, surtout concernant les produits technologiques destinés aux secteurs de la défense et de l’aéronautique.

De plus, une longue liste d’ »oligarques » russes a été établie, de manière couper les vivres et les possibilités d’achat, à tous un tas de grandes fortunes considérées comme proches de Vladimir Poutine. Ce dernier devant devenir, selon Joe Biden, « un paria sur la scène internationale ».

Dans le giron américain direct, il y a le Canada qui pareillement a dressé une liste de 58 personnes et entités russes, afin de sanctionner directement « l’élite russe ». Entre autres sont nommés les ministres russes de la Défense, des Finances et de la Justice, afin de leur empêcher toutes interactions économiques. Enfin, de manière très radicale, tous les permis d’exportation pour la Russie sont suspendus.

C’est la même chose pour l’Australie, qui vise pour sa part directement plus de 300 membres du Parlement russe qui ont approuvé « l’invasion illégale de l’Ukraine ». Du côté du Japon, en plus du gel des actifs des personnes et organisations russe, de la suspension des visas, il y a également la suspension des exportations de tout un tas de produits tels les semi-conducteurs

En arrière plan de toutes ces mesures, il y a la menace brandie de couper la Russie du réseau interbancaire Swift, le système qui permet à l’immense majorité des banques mondiales d’échanger entre elles. De manière furieusement belliciste, le ministre des Finances français Bruno Le Maire a d’ailleurs fait à ce sujet un parallèle indécent avec l’arme nucléaire.

D’abord, il a expliqué l’enjeu :

« Toutes les options sont sur la table. Il reste que quand on a une arme nucléaire financière entre les mains [c’est-à-dire l’exclusion du système Swift], on réfléchit avant de l’utiliser. »

Puis il a expliqué que la France était justement favorable à l’utilisation de cette « arme nucléaire financière »…

Voilà donc le panorama actuel, avec une tendance à la guerre extrêmement marquée. L’Ukraine, prise au piège, servant ici de prétexte, les puissances liées à la superpuissance américaine profitant de l’occasion pour infliger des coups à la puissance russe concurrente et surtout à la couper du monde « occidental ».

Celle-ci, tout autant belliciste, se voit directement poussée dans le giron de la superpuissance chinoise, maintenant sur le plan économique et financier, et bientôt sur le plan strictement militaire. Tout cela dessinant de manière très nette les contours de la grande bataille pour le repartage du monde à venir avec deux grands blocs s’affrontant.

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Écologie

L’Union européenne envisage de classer le nucléaire comme énergie « durable »

Le nucléaire peut bénéficier d’investissements « écologiques» selon la Commission européenne.

La fission nucléaire est une horreur totale sur le plan écologique en raison de sa dangerosité. La moindre faille, comme à Tchernobyl en 1986 ou Fukushima en 2011, et c’est un désastre pour l’environnement, les animaux et les êtres humains pendant des années et des années. Cela bien sûr sans compter sur la question des déchets produits par la fission nucléaire dans les réacteurs, qui doivent être enfouis sous terre dans des sarcophages pour des centaines d’années au moins.

C’est pour cela que les mouvements écologistes dans les années 1970 se sont fortement opposés à l’énergie nucléaire et la construction de centrales nucléaires. La question du nucléaire est d’ailleurs directement à l’origine de l’engagement écologiste de nombreuses personnes, tellement cela représente quelque chose d’horrible sur le plan environnemental, mais aussi moral.

En Allemagne, le mouvement écologiste anti-nucléaire a été historiquement très fort, ce qui fait que le capitalisme allemand n’a jamais fondamentalement misé sur cette technologie, puis a finalement reculé sur la question après la catastrophe de Fukushima. D’ici à la fin de cette année 2022, il ne doit plus y avoir de centrale nucléaire en activité dans le pays. Trois réacteurs ont été débranchés le 31 décembre 2021, et il n’en reste plus que trois en activité dont le débranchement est prévu dans l’année.

Tel n’est pas le cas en France, pays d’« ingénieurs » s’imaginant au-dessus de la nature, où le nucléaire est massif et représente 70 % de la production d’électricité. Il y a 18 centrales totalisant 56 réacteurs nucléaires, pour une production de 379,5 térawatt-heure, ce qui rend le pays totalement dépendant à cette énergie.

De surcroît, l’objectif de la France (avec le gouvernement actuel, mais aussi pour la plupart des candidats à la présidentielle 2022) est justement de s’appuyer sur cette énergie nucléaire dans le cadre de la limitation des émissions de gaz à effet de serre, particulièrement de CO2. Il se pose toutefois un problème pour la France, qui est que le nucléaire n’est pas officiellement une énergie « verte », et que donc les investissements considérés comme « durables », « écologiques », « verts », ne peuvent pas être dirigés vers le financement du nucléaire.

Voilà pourquoi la Commission européenne, organe anti-démocratique par excellence, a dévoilé le 31 décembre 2021 un projet de labellisation « verte » pour le nucléaire, afin de classer les investissements dans les centrales nucléaires comme « durables ». Le texte affirme ainsi qu’il est « nécessaire de reconnaître que les secteurs du gaz naturel et l’énergie nucléaire peuvent contribuer à décarboniser [SIC] l’économie de l’Union européenne », avec comme objectif de diriger les investissements « durables » vers de nouvelles centrales nucléaires.

Le nucléaire est donc amené à se développer dans les vingts prochaines années, et cela au nom de la lutte contre le réchauffement climatique… C’est un véritable désastre, mais quasiment personne n’en parle, alors que les « députés » européens sont censés en débattre et voter ce texte d’ici à la mi-janvier.

L’Allemagne, avec sa coalition politique « tricolore » où les « Verts » ont une place importante, critique forcément cette option, crédibilité oblige. Le vice-chancelier Robert Habeck accuse la Commission européenne de « greenwashing, en prétendant appliquer une politique verte, pour couvrir en réalité des pratiques destructrices pour l’environnement ». C’est également la position de l’Autriche, où le nucléaire est constitutionnellement banni. Mais cela ne fera pas le poids en raison de la force de la France sur cette question, accompagnée d’autres pays telles la Pologne ou la République Tchèque.

La question du nucléaire est d’ailleurs symptomatique de l’état de décomposition sociale et culturelle des forces vives du pays en France, particulièrement de la classe ouvrière. Car le PCF et la CGT ont été dans la seconde partie du XXe siècle d’ardents accompagnateurs et défenseurs de l’industrie nucléaire. En fait, en France personne n’en a rien à faire, malgré que la consommation électrique de chaque habitant, selon les chiffres d’EDF, produit près de 2 kg de déchets radioactifs par an… On imagine que les Français prêteraient plus d’attention à la question si ces déchets devaient être enfouis dans leur propre jardin, eux qui sont si attachés à leur rêve pavillonnaire petit-bourgeois et leur vie bien tranquille.

En attendant, l’Union européenne s’apprête à favoriser un choix déterminant pour les prochaines décennies, alors que le nucléaire est déjà ultra-dominant et qu’il sera très difficile d’en sortir.

C’est tellement un désastre que la Commission européenne se moque ouvertement du monde dans son texte avec de prétendus gardes-fous écologiques. Il est expliqué qu’une centrale nucléaire ne sera considérée comme « verte » uniquement si elle dispose « d’un plan, de fonds et d’un site pour éliminer en toute sécurité les déchets radioactifs ». Quelle blague, comme si des centrales nucléaires étaient construites sans prétendre à « régler » la question des déchets. C’est là une totale langue de bois.

Jamais une Gauche authentique, viscéralement attaché aux intérêts fondamentaux du peuple et consciente de la Nature, n’aurait pu laisser faire en France une telle hégémonie du nucléaire. Il est grand temps de faire le ménage pour laisser place à une nouvelle génération de gauche, à la vraie Gauche, celle s’appuyant sur ses valeurs historiques, qui se donnera pour mission essentielle de démanteler cet immonde appareil techno-industriel du capitalisme triomphant qu’est l’industrie nucléaire.

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Guerre

La signification du drapeau de l’Union européenne sous l’Arc de triomphe

Les nationalistes sont en concurrence avec les atlantistes dans la tendance à la guerre.

À l’occasion de la présidence française de l’Union européenne en 2022, le gouvernement, et probablement directement Emmanuel Macron, a fait un choix qu’il savait marquant symboliquement. Il a été décidé d’hisser, de manière volontairement contraire aux usages, le drapeau de l’Union européenne seul, au-dessus d’un lieu aussi symbolique que la « tombe du soldat inconnu », sous l’Arc de triomphe à Paris.

Forcément, la Droite et l’extrême-Droite ont dénoncé cela comme étant un grave acte anti-patriotique. L’usage veut en effet que le drapeau de l’Union européenne ne soit jamais hissé seul, mais seulement placé à droite du drapeau français sur un édifice (de manière à ce qu’il soit vu à gauche de celui-ci quand on regarde un bâtiment). Ce n’est pas obligation légale, mais un usage qui a quasiment force de loi tellement il est unanimement respecté, voire directement rappelé par différents ministres de l’Intérieur.

Valérie Précresse, la candidate de la Droite traditionnelle a donc dénoncé et demandé :

« Présider l’Europe oui, effacer l’identité française non! Je demande solennellement à Emmanuel Macron de rétablir notre drapeau tricolore à côté de celui de l’Europe sous l’arc de Triomphe. Nous le devons à tous nos combattants qui ont versé leur sang pour lui. »

Le polémiste Eric Zemour, faisant référence à deux événements récent concernant l’Arc de triomphe (son saccage par des gilets jaunes puis son empaquetage par le pseudo-artiste délirant Christo typique de l’art contemporain) a été plus direct dans le style :

«après le saccage et l’empaquetage, l’outrage».

En parlant d’outrage pour l’Arc de triomphe, il évoque ici la notion d’outrage au drapeau national, et sous-entend que ce serait la France elle-même, l’idée nationale, qui serait attaquée, ou en tous cas abîmée.

Marine Le Pen a également critiqué violemment un « véritable attentat à l’identité de notre Patrie » ainsi qu’une « offense à ceux qui se sont battus pour la France ». Probablement pour se poser en tant que chef d’État responsable et garant de la légalité nationale, elle a fait part de son intention de déposer un recours en annulation et un référé-suspension, avec des motifs toutefois assez discutables sur le plan strictement légal :

« [Emmanuel Macron] méconnaît manifestement l’article 2 de la Constitution (en vertu duquel l’emblème national est le drapeau tricolore, bleu, blanc, rouge); son article 3, relatif à la souveraineté nationale (les électeurs français ayant rejeté en 2005 le projet de Constitution européenne reconnaissant le drapeau de l’Union européenne) ; et le principe fondamental reconnu par les lois de la République, en vertu duquel l’emblème national doit toujours flotter sur les bâtiments publics ».

Mais peu importe ici la question légale, il y a surtout le fait que politiquement, un tel acte est forcément diviseur. Les « nationaux », ou nationalistes, ne peuvent en effet qu’honnir une telle soumission à l’Union européenne. Surtout sur un lieu lié à la guerre, donc marquant pour le patriotisme, et donc le nationalisme.

Inversement, Emmanuel Macron et les gens qu’il représente n’ignorent pas non plus la portée de ce pavoisement « européen » de l’Arc de triomphe. Ce n’est pas un simple clin d’oeil anecdotique, comme l’a pu être pour la même occasion l’illumination de la Tour Eiffel aux couleurs de l’Union européenne. En faisant ce choix, il y a la volonté d’une affirmation européenne sur la question militaire, affirmation qui est précisément un mantra d’Emmanuel Macron.

Ce denier n’a toutefois jamais réussi en presque 5 ans de présidence à faire vivre son idée d’Armée « européenne », ou en tous cas de force militaire européenne. Ce qu’il y a cependant, c’est qu’actuellement l’Union européenne ne signifie plus grand chose en tant que telle, et certainement pas sur la question militaire. En fait, on peut même dire que, sur le plan militaire, l’Union européenne est quasi synonyme de l’OTAN, et donc de l’alignement sur la superpuissance américaine.

Ainsi, en pavoisant l’Arc de triomphe, lieu des cérémonies militaires, du drapeau de l’Union européenne sans celui de la France, il y a cette affirmation claire et nette de l’alignement militaire sur la superpuissance américaine.

Tout cela n’a rien d’anecdotique, et consiste en la principale et plus déterminante ligne de fracture au sein de la bourgeoisie française. Il y a ceux sur une ligne néo-gaulliste ou proto-gaulliste, voire post-gaulliste, en tous cas nationaliste, qui imaginent une France forte et assumant son indépendance sur le plan militaire pour peser à sa manière (une manière forcément agressive) dans la grande bataille pour le repartage du monde.

Et il y a ceux pour qui le choix est déjà fait de l’alignement total derrière des États-Unis, avec comme perspective immédiate la concurrence avec la Chine et tout le bloc pouvant se former autour de la Chine. Ce second choix, atlantiste, n’en est pas moins agressif pour autant, et d’ailleurs l’OTAN sera au premier plan en ce qui concerne l’agressivité militaire en 2022, encore plus qu’en 2021.

A la Gauche d’être lucide sur la question donc, pour porter la parole du peuple et incarner ses intérêts. Il ne faut pas être dupe des intentions « européennes », et donc atlantistes, d’un Emmanuel Macron, qui sous couvert de modernité sont en fait une soumission à la superpuissance américaine.

Mais il ne faut surtout pas tomber dans le piège du nationalisme, qui consiste à faire du drapeau français une question principale et une valeur populaire, alors qu’il s’agit en fait du drapeau d’une grande puissance capitaliste. Le seul drapeau populaire est le drapeau rouge, internationaliste, et il est urgent à notre époque de le redécouvrir, pour le hisser maintenant contre la guerre et la tendance à la guerre, contre tous les faiseurs de guerre, au nom du Socialisme et de l’unité des peuples.

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Guerre

L’Union Européenne prend une position anti-Russie encore plus forte que la superpuissance américaine

Et cela parce qu’elle agit en fait pour celle-ci.

Le parlement européen a voté, par 548 voix pour, 69 contre et 54 abstentions, une résolution condamnant la Russie. Le même jour, l’OTAN dénonçait pareillement la Russie.

Il ne s’agit pas simplement d’une condamnation par le parlement européen pour le cas d’une éventuelle invasion de l’Ukraine par la Russie, mais d’une condamnation préalable. Il est d’ailleurs exigé de l’Allemagne que ne soit pas mis en place le gazoduc Nord Stream 2 dont la construction vient de se terminer. L’Allemagne, qui a un nouveau gouvernement dont les Verts sont totalement pro-américains, a déjà dit que dans le meilleur des cas l’ouverture ne se ferait pas avant six mois.

Et les mesures en cas d’intervention russe en Ukraine vont encore plus loin que celles préconisées par la superpuissance américaine. En clair, en cas d’intervention russe, il y aura le gel des avoirs russes en Europe, l’interdiction de voyager pour les Russes et l’exclusion de la Russie du système de paiement SWIFT. Ce dernier point a déjà été considéré par la Russie comme une « déclaration de guerre », au point que même les Etats-Unis n’ont pas osé faire une menace ouverte sur ce plan. Car couper la Russie du système bancaire international, c’est forcément une rupture complète.

On notera naturellement la phrase « selon des rapports des services de renseignement américain » qui veut tout dire. Le parlement européen s’aligne sur la superpuissance américaine pour précipiter la Russie dans la banqueroute. L’OTAN est même la grande référence du document, reflétant la nouvelle « fusion » OTAN – Union Européenne. C’est bien entendu inacceptable pour la Russie. La situation est inextricable. La crise du capitalisme provoqué par le Covid-19 précipite l’affrontement pour le repartage du monde.

Situation à la frontière ukrainienne et dans les territoires de l’Ukraine occupés par la Russie

PE702.805

Résolution du Parlement européen du 16 décembre 2021 sur la situation à la frontière ukrainienne et dans les territoires de l’Ukraine occupés par la Russie (2021/3010(RSP))

Le Parlement européen,

– vu ses résolutions et rapports précédents sur l’Ukraine et la Russie,

– vu la charte des Nations unies, la convention des Nations unies sur le droit de la mer, la déclaration universelle des droits de l’homme, le pacte international relatif aux droits civils et politiques et la convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales du Conseil de l’Europe,

– vu l’Acte final d’Helsinki du 1er août 1975 et ses documents ultérieurs,

– vu la charte de Paris pour une nouvelle Europe du 19 au 21 novembre 1990,

– vu le mémorandum de Minsk du 19 septembre 2014 et l’ensemble de mesures en vue de l’application des accords de Minsk adoptées et signées à Minsk le 12 février 2015 et approuvées dans leur ensemble par la résolution 2202(2015) du Conseil de sécurité des Nations unies du 17 février 2015,

– vu l’accord d’association entre l’Union européenne et ses États membres, d’une part, et l’Ukraine, d’autre part, en particulier son titre II sur le dialogue politique et la convergence dans le domaine de la politique étrangère et de sécurité [JO L 161 du 29.5.2014, p. 3.],

– vu le premier dialogue UE-Ukraine sur la cybersécurité qui s’est tenu le 3 juin 2021,

– vu la charte de partenariat stratégique États-Unis–Ukraine signée le 10 novembre 2021 par le secrétaire d’État américain Antony Blinken et le ministre ukrainien des affaires étrangères Dmytro Kuleba,

– vu la déclaration du haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, à la suite du Conseil «Affaires étrangères» du 13 décembre 2021, selon laquelle toute agression contre l’Ukraine aura des conséquences politiques et aura un coût économique élevé pour la Russie,

– vu la déclaration du Secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, à la suite de la réunion des ministres des affaires étrangères de l’OTAN du 30 novembre 2021,

– vu la déclaration des ministres des affaires étrangères du G7 du 12 décembre 2021 sur la Russie et l’Ukraine,

– vu la déclaration conjointe du 12 octobre 2021 publiée par Volodymyr Zelensky, président ukrainien, Charles Michel, président du Conseil européen, et Ursula von der Leyen, présidente de la Commission, à l’issue du 23e sommet UE-Ukraine,

– vu la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies du 9 décembre 2021 intitulée «Problème de la militarisation de la République autonome de Crimée et de la ville de Sébastopol (Ukraine), ainsi que de certaines parties de la mer Noire et de la mer d’Azov»,

– vu le mémorandum de Budapest concernant les garanties de sécurité du 5 décembre 1994,

– vu la politique de l’Union européenne en réponse à la crise en Ukraine, y compris les mesures restrictives en vigueur depuis 2014,

– vu l’article 132, paragraphes 2 et 4, de son règlement intérieur,

A. considérant que conformément à la charte de l’ONU et aux principes du droit international, les États «s’abstiennent, dans leurs relations internationales, de recourir à la menace ou à l’emploi de la force […] contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout État»;

B. considérant que, dans le contexte d’une crise à la frontière entre l’Union européenne et le Belarus, la Fédération de Russie n’a cessé d’accroître sa présence militaire le long des frontières de l’Ukraine, où elle compte actuellement quelque 100 000 hommes, et dans les régions ukrainiennes de Donetsk et de Louhansk, actuellement occupées par des forces soutenues par la Russie, et qu’elle a considérablement accru l’ampleur de ses activités militaires en Crimée occupée, ainsi que dans le bassin de la mer Noire; que ce déploiement militaire a été confirmé par des images récentes de satellites commerciaux; que l’on estime que ce récent déploiement est de plus grande ampleur que le précédent déploiement militaire du printemps de cette année;

C. considérant que, selon des rapports des services de renseignement américains, la Russie pourrait déployer jusqu’à 175 000 soldats d’ici le début de 2022; que ces actions offensives peuvent être interprétées soit comme la préparation d’une agression militaire, soit comme une menace de recourir à la force contre l’Ukraine voisine dans le but de s’ingérer dans la souveraineté et l’indépendance politique de cette dernière, ce qui va à l’encontre des obligations internationales incombant à la Fédération de Russie; qu’Alexandre Loukachenko a annoncé qu’il soutiendrait totalement la Russie dans une éventuelle action militaire contre l’Ukraine;

D. considérant que les récents mouvements de troupes russes près de la frontière ukrainienne se sont accompagnés d’une ingérence accrue et d’une intensification de campagnes de désinformation menées par des agents et des médias russes dans l’Union européenne, en Ukraine et en Russie même; que ces tactiques hybrides intègrent la diffusion de contenus de plus en plus désobligeants à l’égard de l’OTAN et de l’Ukraine, des tentatives visant à attribuer à l’Ukraine et à l’OTAN la responsabilité d’une éventuelle future escalade militaire russe, ainsi que la propagation de fausses informations y compris par le président Poutine et l’ancien président Medvedev en personnes;

E. considérant que plus de six ans se sont écoulés depuis l’adoption des accords de Minsk et plus de sept ans depuis l’annexion illégale de la péninsule de Crimée par la Fédération de Russie et le début de la guerre menée par la Russie en Ukraine; que plus de 14 000 personnes ont perdu la vie au cours de ce conflit, toujours en cours; que ce conflit s’est soldé par le déplacement de plus de 2 millions de personnes à l’intérieur du pays; que les moyens de subsistance de la population des territoires contrôlés et annexés par la Russie en Ukraine et dans les régions environnantes restent durement touchés; que la Russie étant partie au conflit, elle ne peut pas se présenter comme médiateur;

F. considérant que la mise en place du dispositif d’application des accords de Minsk de février 2015 a essuyé de lourds revers, notamment en raison des mesures unilatérales prises par la Fédération de Russie en contradiction avec les engagements qu’elle a pris au titre de ces accords;

G. considérant que, depuis 2014, des rapports font état de la présence d’employés du groupe Wagner, une société militaire privée russe, aux côtés de séparatistes pro-russes dans l’est de l’Ukraine, dont le nombre, qui était initialement d’environ 250, est passé à 2 500 aujourd’hui.

H. considérant que le dernier rapport de la mission d’observation des droits de l’homme des Nations unies en Ukraine, publié le 1er décembre 2021, fait état d’une escalade des hostilités dans la zone de conflit du Donbass, d’une augmentation du nombre de victimes civiles du côté ukrainien et des dégâts aux infrastructures; que le rapport indique également que les tribunaux des républiques autoproclamées du Donbass continuent de condamner des civils pour des crimes liés au conflit, sans procès équitable;

I. considérant que les territoires de l’Ukraine occupés par la Russie dans les régions de Donetsk et de Louhansk comptent plus de 160 prisons illégales où plus de 3 000 personnes sont illégalement emprisonnées et font l’objet de tortures et de traitements inhumains depuis le début du conflit;

J. considérant que la Russie continue de violer le cessez-le-feu dans le Donbass en ayant lancé 2 346 attaques contre les positions ukrainiennes, provoquant la mort de 65 soldats ukrainiens et blessant 261 d’entre eux, dont 29 militaires des forces armées ukrainiennes tués par des francs-tireurs entre le 27 juillet 2020 et le 2 décembre 2021;

K. considérant qu’en avril 2021, le ministère russe de la défense a unilatéralement fermé les eaux autour du détroit de Kertch aux navires non commerciaux d’autres pays, entravant ainsi le libre passage des navires à destination et en provenance de la mer d’Azov; que ces restrictions sont toujours en place, alors que la Russie avait annoncé qu’elle les lèverait en octobre 2021; que ces obstacles ont des conséquences négatives pour les ports ukrainiens de la mer d’Azov et pour le transit maritime international en mer Noire;

L. considérant que le 15 novembre 2021, le président russe Vladimir Poutine a signé un décret relatif à des mesures commerciales simplifiées qui autorisent l’accès des marchandises à destination et en provenance des zones de l’Ukraine temporairement non contrôlées par le gouvernement, à savoir Donetsk et Louhansk;

M. considérant que la charte de partenariat stratégique États-Unis–Ukraine du 10 novembre 2021 dispose que les États-Unis et l’Ukraine ont l’intention de poursuivre une série de mesures de fond visant à prévenir toute agression extérieure directe et hybride contre l’Ukraine et de tenir la Russie responsable de cette agression et de ces violations du droit international;

N. considérant que, le 1er décembre 2021, le président Poutine a exigé de l’OTAN des garanties juridiquement contraignantes attestant qu’elle ne mènerait pas de nouveaux élargissements à l’Est; que le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, se référant à l’adhésion potentielle de l’Ukraine à l’OTAN, a déclaré le 30 novembre 2021, après la réunion des ministres des affaires étrangères de l’OTAN, que la Russie n’avait «pas de véto, ni de droit d’ingérence dans ce processus»;

1. soutient l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues; réaffirme son soutien résolu à la non-reconnaissance par l’Union de l’annexion illégale de la République autonome de Crimée et de la ville de Sébastopol; condamne l’implication directe et indirecte de la Russie dans le conflit armé dans l’est de l’Ukraine, ainsi que les violations persistantes des droits de l’homme commises dans ces territoires et en Crimée, qui a été annexée;

2. condamne le large déploiement militaire actuel de la Russie le long de la frontière avec l’Ukraine et rejette toute justification russe à cet égard; rappelle qu’il s’agit du deuxième déploiement de ce type cette année; souligne que ce déploiement militaire s’est accompagné d’une augmentation spectaculaire de la rhétorique belliciste de la part de la Russie;

3. demande instamment à la Fédération de Russie de retirer immédiatement et intégralement ses forces militaires, de ne plus menacer l’intégrité territoriale de l’Ukraine, qui a un effet déstabilisateur pour l’ensemble de la région et au-delà, de lever toutes les mesures qui exacerbent le conflit et d’apaiser les tensions conformément aux obligations internationales de la Russie; souligne la nécessité de trouver une solution politique pacifique au conflit;

4. souligne que le déploiement militaire russe constitue également une menace pour la paix, la stabilité et la sécurité dans toute l’Europe et invite la Russie à respecter ses obligations internationales, notamment les principes et les engagements de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe en matière de transparence des mouvements militaires, y compris le document de Vienne; exhorte en outre la Russie à respecter l’obligation qui lui incombe en vertu de la convention des Nations unies sur le droit de la mer et de garantir la liberté de navigation et de transit par le détroit international de Kertch vers les ports de la mer d’Azov;

5. se dit extrêmement préoccupé par la poursuite de la militarisation de la mer d’Azov, de la mer Noire et de la région de la mer Baltique, et en particulier par la militarisation du district de Kaliningrad et de la Crimée illégalement occupée, ainsi que par le développement de capacités de déni d’accès et d’interdiction de zone (A2/AD) par la Fédération de Russie, qui implique le recours à de nouveaux systèmes antiaériens S-400, et par la concentration sans précédent de forces conventionnelles ainsi que par les préparatifs d’un éventuel déploiement d’armes nucléaires;

6. exprime sa solidarité avec la population ukrainienne, qui a beaucoup souffert depuis 2014 à cause de la guerre, à laquelle s’ajoute une grave crise économique, et qui vit désormais sous la menace d’une offensive militaire à grande échelle qui met en péril la vie de tous les habitants;

7. réaffirme qu’un dialogue de sécurité de l’Union avec l’Ukraine doit faire preuve d’ambition et contribuer à une appréciation convergente des enjeux de sécurité sur le terrain; souligne que les pays amis devraient renforcer leur soutien militaire à l’Ukraine ainsi que la fourniture d’armes défensives, une démarche conforme à l’article 51 de la charte des Nations unies, qui autorise la légitime défense, individuelle ou collective; se félicite de la décision prise le 2 décembre 2021 par le Conseil de l’Union européenne d’octroyer à l’Ukraine une enveloppe de 31 millions d’euros au titre de la facilité européenne pour la paix (FEP) afin de contribuer au renforcement de la résilience et des capacités de défense; fait observer que l’éventuelle future participation de l’Ukraine aux projets de la coopération structurée permanente (CSP) permettrait d’améliorer considérablement les capacités de défense nationale de l’Ukraine conformément aux bonnes pratiques et aux normes de l’Union européenne, comme le prévoit l’accord d’association;

8. souligne que les déploiements militaires russes récurrents à la frontière ukrainienne sont un outil permettant d’arracher des concessions politiques à l’Occident aux frais de l’Ukraine; souligne que le choix d’alliances par un pays ne doit pas être soumis à l’approbation d’un pays tiers et rejette dès lors toute tentative de la Russie d’inclure certains pays dans sa «sphère d’influence» et, partant, de façonner leur avenir; rappelle que les actions de compromis ou d’apaisement de la part de l’Occident seraient perçues comme une faiblesse par la Russie et ne feraient que l’encourager à renforcer encore son attitude agressive;

9. souligne que les déploiements militaires russes s’inscrivent également dans le cadre d’une stratégie plus large qui englobe la guerre hybride menée par la Russie à l’encontre de l’Union européenne et de ses partenaires de même sensibilité, en provoquant le chaos et la confusion dans son voisinage, à ses frontières et au sein de l’Union européenne; réaffirme que la Russie combine divers types de menaces, comme les menaces militaires, numériques, énergétiques ou la désinformation, en tirant parti du système ouvert de l’Union pour l’affaiblir; estime que l’Union doit avoir conscience de ses propres vulnérabilités et de celles de ses partenaires du voisinage, et qu’elle doit renforcer sa résilience afin de pouvoir lutter efficacement contre toute attaque hybride et améliorer la coopération avec ses partenaires, en particulier en ce qui concerne la désinformation, ainsi que renforcer les capacités de résolution pacifique des conflits, en accordant une attention particulière à la situation des femmes et des groupes vulnérables dans les zones de conflit;

10. souligne que l’Union européenne doit être prête à envoyer à la Fédération de Russie un avertissement très ferme sur le fait que les hostilités militaires seront non seulement inacceptables, mais qu’elles auront en outre un prix économique et politique élevé; se félicite que l’Union européenne ait récemment exprimé son soutien déterminé à une action internationale coordonnée contre une éventuelle agression militaire de la Fédération de Russie contre l’Ukraine;

11. demande instamment au vice-président de la Commission et haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité de veiller à ce que le Conseil reste informé des actions militaires menées par la Fédération de Russie et reste prêt à convenir rapidement d’une nouvelle action commune, en particulier l’adoption de sanctions économiques et financières sévères en étroite coordination avec les États-Unis, l’OTAN et d’autres partenaires, afin de faire face aux menaces immédiates et crédibles que représente la Russie, plutôt que d’attendre une nouvelle invasion pour agir; souligne la nécessité pour l’Union et ses partenaires d’adopter une approche unifiée en matière de dissuasion; affirme que toute mesure doit être prise en coordination avec l’Ukraine;

12. souligne que le nouveau train de sanctions devrait viser le corps des officiers et les officiers généraux russes impliqués dans la planification d’une éventuelle invasion, ainsi que l’entourage immédiat et les oligarques dans l’orbite du président russe et leurs familles; exige que ces sanctions comprennent le gel des actifs financiers et physiques dans l’Union, l’interdiction de voyager et l’exclusion de la Russie du système de paiement SWIFT, excluant ainsi les entreprises russes du marché financier international et interdisant l’achat de dette souveraine russe sur les marchés primaire et secondaire, et qu’elles ciblent des secteurs importants de l’économie russe et perturbent le financement des services de renseignement et de l’armée;

13. souligne qu’en cas d’attaque russe contre l’Ukraine, la première action que l’Union devra prendre immédiatement sera d’annuler toutes les possibilités de voyage et de retirer l’exemption de visa pour les détenteurs de passeports diplomatiques russes, à l’exception des diplomates accrédités;

14. demande instamment que l’Union prenne d’urgence des mesures crédibles pour réduire sa dépendance vis-à-vis des importations d’énergie en provenance de Russie et demande à l’Union de faire preuve d’une plus grande solidarité énergétique avec l’Ukraine, conformément à l’accord d’association, en renforçant les interconnexions entre les infrastructures énergétiques; demande donc instamment aux institutions de l’Union européenne et à tous les États membres de veiller à ce que le gazoduc Nord Stream 2 ne soit pas mis en service, qu’il réponde ou non, à un moment donné, aux dispositions de la directive européenne sur le gaz [Directive 2009/73/CE du Parlement européen et du Conseil du 13 juillet 2009 concernant des règles communes pour le marché intérieur du gaz naturel et abrogeant la directive 2003/55/CE (JO L 211 du 14.8.2009, p. 94).]; rappelle qu’il est fondamentalement préoccupé, depuis longtemps, par les risques politiques, économiques et sécuritaires liés au projet Nord Stream 2; souligne la nécessité de mettre un terme à la construction de centrales nucléaires controversées construites par Rosatom soit interrompue;

15. souligne que les États membres doivent veiller à ne plus être une terre d’accueil pour les fonds et les investissements russes dont l’origine n’est pas claire, et ce notamment en établissant un mécanisme mondial de sanctions contre la corruption, et en mettant en œuvre et en appliquant de manière cohérente les directives existantes en matière de lutte contre le blanchiment d’argent; invite la Commission et le Conseil à redoubler d’efforts pour freiner les investissements stratégiques du Kremlin au sein de l’Union déployés à des fins de subversion, pour saper les processus et institutions démocratiques et propager la corruption, et pour renforcer la transparence, notamment en ce qui concerne les fonds déposés ou dépensés dans l’Union par l’élite russe;

16. souligne l’importance de prendre des mesures fermes pour dissuader la Russie de contourner les sanctions de l’Union en vigueur; estime que l’Union devrait, à cette fin, réexaminer et adapter ses dispositions réglementaires applicables pour combler leurs multiples lacunes, ce qui permettrait de rendre les sanctions plus efficaces et de faire payer à la Russie un prix véritablement plus élevé pour ses agissements hostiles;

17. invite le Conseil européen à examiner et à évaluer de manière approfondie, lors de sa réunion du 16 décembre 2021, toute réaction possible aux menaces que la Fédération de Russie fait peser sur la sécurité européenne et à poursuivre ses discussions antérieures sur une stratégie globale de l’Union à l’égard de la Russie; invite l’Union européenne et ses partenaires européens à discuter de plans à long terme pour la sécurité européenne, en vue de réponses communes aux menaces militaires qui pèseront sur le continent à l’avenir; se déclare préoccupé par la détérioration continue des principaux piliers de l’architecture internationale de sécurité et de contrôle des armements, qui ont fait l’objet de manipulations et de violations répétées de la part de la Russie; invite le Conseil et la Commission à considérer, à cet égard, que la Russie constitue une menace majeure pour le continent européen dans le cadre de la Boussole stratégique, comme l’indique d’ailleurs le rapport du groupe de réflexion de l’OTAN;

18. demande à la Fédération de Russie de ne plus prendre de mesures unilatérales qui vont à l’encontre des engagements souscrits dans le cadre des accords de Minsk et empêchent leur application à terme, aggravent le conflit dans l’est de l’Ukraine et suscitent des doutes au niveau international sur la volonté politique et la capacité de la Fédération de Russie à honorer ses engagements;

19. prie instamment la Russie et les séparatistes soutenus par la Russie d’adhérer à l’accord de cessez-le-feu; invite la Russie à participer de manière constructive au format Normandie et au groupe de contact trilatéral et à respecter ses obligations internationales, en particulier celles des accords de Minsk et de la convention des Nations unies sur le droit de la mer; demande la libération immédiate de tous les citoyens ukrainiens détenus et emprisonnés illégalement; encourage le Conseil à élargir également la portée de ses sanctions afin qu’elles englobent la «passeportisation», l’organisation d’élections illégales en Crimée et la décision de faire participer des résidents des zones non contrôlées par le gouvernement des régions ukrainiennes de Donetsk et de Louhansk aux élections législatives de septembre 2021, et à alourdir la facture que la Russie doit payer pour avoir bloqué la mise en œuvre des accords de Minsk et les négociations lors du sommet au format Normandie; invite la Cour pénale internationale à enquêter sur les crimes commis par la Russie et ses représentants dans la péninsule de Crimée et dans l’est de l’Ukraine; souligne le rôle que la Cour internationale de justice et les affaires relevant de la compétence universelle peuvent jouer à cet égard; estime que les dirigeants politiques et militaires des autorités de fait des soi-disant Républiques populaires de Louhansk et de Donetsk devraient être sanctionnés dans le cadre du régime mondial de sanctions de l’Union européenne en matière de droits de l’homme;

20. souligne que la mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine est cruciale et qu’elle doit pouvoir poursuivre ses travaux sans aucune restriction au-delà de mars 2022, lorsque son mandat actuel devrait s’achever; condamne fermement les actions menées par la Russie pour empêcher la mission spéciale d’observation de l’OSCE de remplir son rôle en brouillant les véhicules aériens autonomes de la mission et en bloquant l’accès des observateurs aux territoires occupés; regrette que la Russie ait décidé de fermer la mission d’observation de l’OSCE aux points de passage russes de Goukovo et de Donetsk;

21. soutient fermement les efforts déployés par l’Ukraine pour traduire en justice les mercenaires russes qui ont commis des crimes de guerre et invite instamment l’Union et ses États membres à renforcer leur coopération à cette fin;

22. réaffirme son soutien à l’enquête internationale sur les circonstances de la destruction tragique du vol MH17 de Malaysia Airlines, qui pourrait constituer un crime de guerre, et demande à nouveau que les responsables soient traduits en justice;

23. condamne la signature par le président Poutine du décret relatif à des mesures commerciales simplifiées qui autorise des mesures d’accès en vue d’accroître l’accès des biens en direction et en provenance des zones temporairement hors contrôle du gouvernement dans les régions ukrainiennes de Donetsk et de Louhansk, et demande à la Russie d’abroger ce décret; souligne que de telles mesures unilatérales violent la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, y compris en ce qui concerne le contrôle douanier, et risquent d’aggraver les tensions, de prolonger le statu quo et d’entraver le futur processus de réintégration;

24. salue la mise en place de la plateforme internationale pour la Crimée et de ses activités; estime qu’il importe de maintenir le sujet de l’annexion illégale de la péninsule de Crimée en tête des priorités internationales; se félicite que l’Union soutienne fortement cette initiative et l’invite à contribuer davantage à développer son modèle de consultation et de coordination; déplore que les organisations internationales et les défenseurs des droits de l’homme se voient toujours refuser l’entrée en Crimée;

25. demande au peuple russe de ne pas croire à la propagande officielle omniprésente qui décrit l’Occident comme l’ennemi du peuple russe et de l’État russe; rappelle que la démocratie et la liberté ne constituent une menace que pour les élites russes corrompues et non pour la population; souhaite ardemment engager un dialogue et nouer des relations futures avec une Russie démocratique; rappelle que la politique agressive du «Kremlin avant tout» menée à l’extérieur et à l’intérieur du pays opprime le peuple russe;

26. soutient les actions menées par les autorités ukrainiennes en vue de réformer le pays conformément aux dispositions de l’accord d’association et de la zone de libre-échange approfondi et complet; demande aux institutions de l’Union de ménager à l’Ukraine des perspectives crédibles à long terme pour son adhésion à l’Union européenne, conformément à l’article 49 du traité sur l’Union européenne, comme pour tout État européen; souligne que ces actions sont indispensables pour renforcer la résilience de l’Ukraine et lutter plus efficacement contre les agressions actuelles et futures de la Russie;

27. charge son Président de transmettre la présente résolution au vice-président de la Commission et haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, au Conseil, à la Commission, aux gouvernements et aux parlements des États membres, au Conseil de l’Europe, à l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, au président, au gouvernement et au Parlement d’Ukraine, ainsi qu’au président, au gouvernement et au Parlement de la Fédération de Russie.

On un gigantesque bloc politico-militaire, dont la France est une composante, pour démolir la Russie, la précipiter dans la banqueroute. Celle-ci compte maintenir sa position et même son expansionnisme. Ces contradictions capitalistes précipitent la guerre.

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Politique

Annulation de la dette publique: la baguette magique plutôt que la lutte des classes?

Une poignée d’économistes européens dont le français Thomas Piketty ont publié une tribune pour réclamer l’annulation de la dette publique détenue par la Banque centrale européenne. C’est du populisme, qui vise à faire perdre du temps pour éviter à tout prix la lutte des classes.

Un coup de baguette magique, et hop disparus les près de 25 % de la dette publique européenne qui sont détenus par la Banque centrale européenne (BCE) ! La proposition a l’air farfelu, et elle l’est, mais Thomas Piketty et ses amis ont pourtant de l’audience. À tel point que la Présidente de la BCE a dû elle-même leur répondre dans une interview au Journal du dimanche le 7 février.

Ce que rétorque Christine Lagarde est très simple :

« L’annulation de cette dette est inenvisageable. Ce serait une violation du traité européen qui interdit strictement le financement monétaire des États. Cette règle constitue l’un des piliers fondamentaux de l’euro. Le traité européen a été accepté et ratifié librement et volontairement par les États membres de l’Union européenne. »

En effet, ce serait de son point de vue une catastrophe. Si les États européens s’amusent ouvertement à annuler des morceaux de dette (on parle ici de 2 500 milliards d’euros), cela aurait des répercussions immenses sur la monnaie et la capacité des États à emprunter de l’argent.

Une monnaie n’existe pas par elle-même, comme une abstraction coupée de la réalité. La monnaie est le produit de rapport économiques et politico-culturels complexes qui font qu’il y a une confiance en elle, en son fonctionnement, en sa capacité à représenter de la valeur, c’est-à-dire des richesses, des marchandises, des services, etc.

Si les États européens décident unilatéralement d’effacer un pan entier de leur dette publique respective sous prétexte qu’elle est détenue par la BCE, cela revient à casser les règles du jeu. Il ne s’agit pas ici d’être « pour » ou « contre », mais simplement de comprendre comment fonctionnent les choses.

S’il y a un traité européen interdisant strictement le financement monétaire des États comme l’explique Christine Lagarde, c’est pour une raison très simple. Les États européens ont créé la BCE pour faire de l’euro une monnaie reconnue mondialement, considérée comme solide, fiable, inspirant confiance, etc. La moindre des choses dans ce cas est donc de ne pas faire disparaître des euros par enchantement…

Thomas Piketty et ses amis économistes européens expliquent pourtant dans leur grande sagesse que ce n’est pas un problème. La BCE appartenant aux États européens disent-ils, ceux-ci n’auraient qu’à annuler leur propre dette. Voici comment ils le formulent :

« Les citoyens découvrent, pour certains avec effarement, que près de 25 % de la dette publique européenne sont aujourd’hui détenus par leur Banque centrale. Nous nous devons à nous-même 25 % de notre dette et si nous remboursons cette somme, nous devrons la trouver ailleurs, soit en réempruntant pour faire « rouler la dette » au lieu d’emprunter pour investir, soit en augmentant les impôts, soit en baissant les dépenses. »

Cela est doublement faux, et relève d’un populisme outrancier. C’est faux et populiste, car les économistes écrivant cela savent très bien que la BCE est indépendante juridiquement. Ce n’est pas une indépendance politique évidemment, mais ce qu’il faut comprendre, c’est que la BCE ne consiste pas en une sorte de compte en banque géant des États européens. « Nous » ne nous devons pas à « nous-même » 25 % de « notre dette » comme il est prétendu, car ces « 25 % de dettes publiques » détenus par la BCE n’appartient aucunement aux États européens. Cela n’aurait aucun sens d’être à la fois débiteur et créancier de la même dette, et on se demande comment ces économistes s’imaginent faire avaler de telles salades à la population.

Leur explication est fausse également car au sens strict, la BCE ne détient pas réellement cette dette dont il est question. On rentre ici dans un aspect très complexe, que se gardent bien d’évoquer Thomas Piketty et ses amis, mais c’est un point important.

Ce qui se passe en réalité, c’est que la BCE fait une création de monnaie pour acheter des morceaux de dette publique sur les marchés financiers. Elle le fait à grande échelle depuis de nombreuses années, ce qui à force représente des centaines de milliards d’euros. Ces milliards d’euros sont injectés dans l’économie, surtout dans les marchés financiers, et les morceaux de dette « détenus » par la BCE servent alors à justifier cet argent (c’est une sorte de garantie par équivalence).

Encore une fois, il ne s’agit pas d’être « pour » ou « contre », mais de comprendre comme les choses fonctionnent. Et ce qu’il faut comprendre ici, c’est que quand il est question de la dette publique « détenue » par la BCE, il est question de la monnaie « euro » elle-même et de sa valeur comme marchandise sur les marchés financiers.

Si la BCE annulait la dette publique des États européens (ce qu’elle n’a juridiquement pas le droit de faire de toutes façons on le rappelle), cela reviendrait à ce qu’elle dise : « en fait, un euro ne vaut pas réellement un euro, car nous changeons les règles du jeu et nous annulons 2 500 milliards d’euros sans équivalence par ailleurs ».

Cela paraît peut-être complexe à comprendre, mais au fond c’est très simple. Si les États sont endettés, c’est qu’il y a à un moment quelqu’un qui leur a prêté de l’argent. Une dette correspond forcément à quelque-chose, c’est la représentation d’une valeur.

La BCE s’immisce dans cet échange en monétarisant une partie immense de cette dette (en la « rachetant »), mais cela ne change strictement rien au problème. La BCE, quand elle « possède » de la dette publique, n’est qu’un intermédiaire. Elle ne peut pas faire « disparaître » par enchantement cette dette, sans qu’il ne se passe rien et que tout le monde y gagne comme le prétendent les économistes magiciens !

On peut très bien, et il le faudra, par la lutte des classes, faire un grand ménage et considérer que des pans entiers de la dette soient confisqués à ceux qui la détiennent. Seulement, c’est là une décision politique, qui revient à faire payer des gens en particulier. Posséder une dette (en fait une créance, une « dette » d’un État), dans l’économie actuelle, c’est posséder un actif, c’est-à-dire une richesse en tant que telle. On peut donc tout à fait confisquer des richesses, et donc confisquer les morceaux de dette publique à ceux qui la possèdent.

Mais pour cela, il faut la lutte des classes, il faut la classe ouvrière organisée et déterminée à prendre le pouvoir économique et politique à son compte, mettant en place de nouveaux rapports sociaux de manière démocratique. C’est une tâche ambitieuse, d’une ampleur immense, impliquant des changements en profondeurs qui sont le fruit d’un acharnement politico-culturel de longue haleine contre la bourgeoisie qui fera tout pour empêcher cela, car elle ne veut pas se faire confisquer ses richesses.

Cela n’a rien à voir avec les élucubrations populistes des économistes à la baguette magique, qui sont surtout des petits-bourgeois ayant une peur bleue de la lutte des classes !

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Guerre

Le fonds européen de Défense (FED) 2021-2027

Le fonds européen de Défense (FED) vise à renforcer la cohésion militaire européenne, avec comme cible la Russie.

Il n’existe pas d’alliance européenne dans le domaine militaire, en raison des intérêts trop divers des différents pays. Cela fait qu’il y a 178 systèmes d’armes différents, 17 types de char différents, etc.

Mais il y a des rapprochements très nets, avec un bloc Allemagne – Espagne – France, par exemple, ce qui implique à l’arrière-plan les Pays-Bas et l’Autriche, voire la Suède.

L’Autriche est un satellite allemand devant se concentrer sur l’espionnage, il y a déjà un corps d’armée germano-hollandais, le consortium germano-néerlandais ARTEC, deux brigades néerlandaises sous commandement allemand, un bataillon de marine allemand sous commandement néerlandais, un projet de frégate de défense aérienne germano-néerlandais, alors qu’il y a déjà une brigade franco-allemande, un escadron de C-130J Hercules franco-allemand, le Système de combat aérien du futur franco-allemand, le char de combat Main Ground Combat System et la patrouille maritime Airborne Warfare Systems franco-allemand, etc.

Tout cela est cependant dépendant d’initiatives bilatérales, ou trilatérales. Mais désormais, en 2021, il y a pour la première fois un fonds européen de Défense (FED), dont le budget est prévu pour jusqu’à 2027.

Ce budget n’est guère élevé ; il est de huit milliards d’euros. Néanmoins, il a une fonction technique et idéologique. Les fonds visent en effet un tiers à la recherche, le reste à des projets concrets, avec comme but de rendre cohérent les activités industrielles militaires européennes d’une part, à renforcer l’interopérabilité des systèmes de défense d’autre part. Ce n’est donc pas rien, puisque cela vise à uniformiser les efforts militaires.

Il y a ainsi déjà le projet de « European Patrol Corvette », une corvette pour la Méditerranée, lancé par la France et l’Italie, rejoints par l’Espagne et la Grèce, qui est concerné par la FED. Il faut pourtant voir un arrière-plan plus marqué par l’hostilité, car il est également absolument clair que l’ennemi désigné par le FED est la Russie.

En effet, les critères pour disposer d’un soutien de la FED sont bien délimités. Il faut au moins trois États membres, mais également l’accord des 27 membres de l’Union européenne… et que cela se passe en particulier dans la coopération avec les pays membres de l’OTAN. On change ici de niveau et on est déjà dans une optique de coordination dans le sens de l’affrontement.

On saisit facilement l’idée : autant les pays européens ne sont guère motivés pour se confronter à la Chine, autant l’idée de faire tomber la Russie, dont ils sont proches géographiquement, est bien plus tentant. C’est d’ailleurs la ligne de Joe Biden que de faire tomber d’abord la Russie, ensuite la Chine.

On comprend que les commentateurs bourgeois des questions militaires parlent de la décennie de tous les dangers. La guerre pour le repartage du monde est une réalité à venir tout à fait claire.

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Société

Cannabis: la Cour de justice de l’Union européenne impose le CBD à la France

Les capitalistes de la fleur de chanvre attendaient avec impatience la décision de la Cour de justice de l’Union européenne dans l’affaire Kanavape. Jeudi 19 novembre 2020, elle vient de donner sa décision et sans surprise, elle demande à la France de s’aligner sur la législation commune européenne.

En 2017, Sébastien Béguerie de l’entreprise Kanavape spécialisée dans la commercialisation de cigarette électronique à base de cannabidiol est convoqué au tribunal correctionnel de Marseille. L’État lui reproche de vendre ses marchandises sous couvert de vertus médicales.

En effet, des médicaments à base de molécules issues du chanvre, comme le tétrahydrocannabinol (thc) ou le cannabidiol (cbd), existent déjà, comme le Sativex (thc) ou l’Epidyolex (cbd). En juin 2018, la Mission Interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildca) rappelait :

En France, les seuls produits contenant des tétrahydrocannabinols et du CBD pouvant revendiquer des allégations thérapeutiques sont les médicaments autorisés par l’ANSM ou la Commission européenne sur la base d’un dossier évalué selon des critères scientifiques de qualité, sécurité et efficacité.

Mais la pression capitaliste s’avère extrêmement intense puisque l’ « affaire Kanavape » donne lieu à des propos plein de confusion émanant du gouvernement de l’époque, pavant la voie à l’ouverture de nombreux « shops de CBD » partout en France.

Ces derniers s’appuient sur la législation européenne qui autorise la commercialisation et la vente de fleurs de chanvre à condition que la plante dont elles sont issues contiennent moins de 0,2 % de THC, la substance psychoactive du cannabis. Ainsi, des pays comme la Finlande, la Lituanie, la Norvège, l’Espagne, les Pays-Bas, l’Allemagne, etc., autorisent la vente de produits de cannabidiol sur cette base juridique.

Mais, les petits boutiquiers français du CBD oublient que la France a une base populaire qui n’est heureusement pas aussi réceptive aux mœurs libéral-libertaires que les Pays-bas ou la Norvège par-exemple, et que nous ne sommes pas non plus dans les pays de l’Est où l’euphorie capitaliste post-URSS fait des ravages.

De fait, la législation française interdit strictement la vente de fleurs de chanvre, quel que soit le taux de THC, n’autorisant que l’utilisation des graines et fibres d’une plante respectant la norme européenne de moins de 0,2 %. Autrement dit, d’accord pour des huiles, des crèmes, etc., à base de CBD d’une plante contenant moins de 0,2 % de THC, mais non aux fleurs de CBD pour fumer.

Cela pose forcément problème aux marchands de la fumette, confrontés alors à des procès en série.

La Cour de justice de l’Union européenne vient ici jouer son rôle de lissage et d’uniformisation vers le libéralisme, permettant l’extension du marché et la bonne marche du capitalisme. Dans sa décision à propos de l’affaire Kanavape, elle rappelle premièrement que :

La Cour dit pour droit que le droit de l’Union, en particulier les dispositions relatives à la libre circulation des marchandises, s’oppose à une réglementation nationale telle que celle en cause.

Pour ensuite affirmer très nettement :

Une interdiction de commercialisation du CBD, qui constitue, d’ailleurs, l’entrave la plus restrictive aux échanges concernant les produits légalement fabriqués et commercialisés dans d’autres États membres, ne saurait être adoptée que si ce risque apparaît comme suffisamment établi.

Grosso modo, l’échange et la vente de fleurs de CBD doivent être autorisées en France car il ne faut pas faire entrave à la liberté de circulation de marchandises soit-disant « inoffensives » pour la santé. Business is business !

Mais la France et surtout les français ne disent pas que le CBD n’est pas inoffensif au plan sanitaire, ils disent qu’avec un tel marché, on ouvre la boite de pandore vers la banalisation générale des drogues. Le CBD se fume de toute manière avec du tabac, et les études sanitaires disent que le CBD n’est pas psychotrope, non pas qu’il est absolument dénué d’effets indésirables… Si l’on veut se soigner, on a des médicaments prescrits par son médecin, et disponibles en pharmacie.

Pour l’Union européenne, il n’y a pas de réalités nationales, liées à des héritages culturels spécifiques issus des luttes de classe. Non, il y a simplement des espaces de projection marchande. Son rôle est de faire de l’Europe un vaste marché commun, si possible avec le plus d’échanges divers et variés, ni plus, ni moins. Il faut bien pouvoir peser dans la concurrence capitaliste internationale…

Avec cette décision, la Cour de justice de l’Union européenne vient détricoter par en haut, de manière totalement anti-démocratique, la culture populaire plutôt rétive à l’ouverture officielle d’un tel commerce en France. L’autorisation du CBD par cette « Cour » doit donc être comprise uniquement pour ce qu’elle est : une décision au service du rouleau compresseur capitaliste.

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Politique

Union européenne: un plan de relance signant le recul de la France, de l’Espagne et de l’Italie

Historiquement, l’Union européenne est une unité économico-politique ouest-européenne sous supervision américaine, avec le moteur franco-allemand entraînant les autres pays. La tutelle américaine est partie, mais la France décroche et se fait toujours plus secondaire face à l’Allemagne. C’est là qu’était tout l’enjeu des près de 100 heures de négociations du sommet européen qui s’est terminé à 05h31 du matin mardi 21 juillet 2020.

Emmanuel Macron a prétendu avoir décroché un accord historique avec le plan de relance de 750 milliards d’euros de l’Union européenne. En réalité, il n’a fait que négocier le recul de la France face à l’Allemagne et à ses principaux alliés voire satellites que sont les Pays-Bas, l’Autriche, le Danemark et la Suède.

Les négociations furent en effet un long chemin de croix pour le président français qui devait faire face à des assauts répétés par ce qui a été appelé les pays « frugaux ». Il a même été parlé par certains médias, de manière honteusement chauvine, des pays « radins ». Ces termes ne recouvrent pourtant pas une sorte de différence de mœurs entre les pays, mais directement un rapport de force entre différentes puissances.

Ce qui se passe est simple à comprendre : avec la pandémie de Covid-19, les capitalismes de la France, de l’Espagne et de l’Italie se retrouvent fortement fragilisés, de par leur niveau déjà problématique initialement. Surtout pour l’Italie, il y a même le risque d’une faillite de l’État en raison d’une dette abyssale et de difficultés à emprunter sur les marchés financiers.

De l’autre côté, il y a le capitalisme de l’Allemagne, stable et puissant, entraînant avec lui surtout ceux des Pays-Bas, de l’Autriche, du Danemark et de la Suède, tout aussi stables. Tous ces pays – surtout l’Allemagne, très ambitieuse à l’international – n’ont aucun intérêt à l’effondrement de l’Italie et au recul drastique des économies françaises et espagnoles, alors il fallait un plan. Cela d’autant plus que tous ces pays, à part la Suède, ont la même monnaie, l’euro.

Plan il devait y avoir, plan il y a donc eu. Ce qui compte par contre, c’est la nature de ce plan. Et là, les choses sont très claires, se résumant à deux aspects, qui n’en forment finalement qu’un seul :

– l’Italie, l’Espagne et la France seront les principaux bénéficiaires des subventions et des prêts permis par le plan de l’Union européenne ;

– les subventions accordées par le plan européen seront soumises à un droit de regard particulièrement strict de l’ensemble des pays européens, et donc surtout de l’Allemagne et de ses satellites.

Autrement dit, on a là un processus très clair de vassalisation de l’Italie, de l’Espagne et de la France vis-à-vis de l’Union européenne, et donc de la puissance allemande.

Au passage, en raison de leur rapport de force particulièrement favorable, les pays dit « frugaux » se sont vu accorder une baisse de leur contribution au budget européen. Il y a également tout un tas de reculs, en ce qui concerne la recherche, le budget « Erasmus » (échanges universitaires), qui est amputé d’un tiers, le budget agricole (dont la France bénéficie beaucoup), ou encore le fonds pour la santé qui passe de 7 à… 1 milliard. C’est la même chose pour le projet porté par Emmanuel Macron d’une politique militaire européenne : cela passe dorénavant à la trappe.

Au lieu de tout cela, on va avoir des subventions, estimées à 40 milliards pour la France, 60 milliards pour l’Espagne et 80 milliards pour l’Italie. Ce sont les trois principaux bénéficiaire du plan, avec 180 milliards sur les 390 de prévus, soit pas loin de la moitié de la somme destinée aux 27 pays membres.

Cet argent doit être emprunté par la Commission européenne sur les marchés financiers, ce qui est une première historique pour de telles sommes (alors qu’il y a également 360 milliards à emprunter, en tant qu’intermédiaire pour des prêts). Cet argent doit ensuite être remboursé sur des fonds propres… qui n’existent pas encore. L’idée est de mettre en place différentes taxes européennes (taxes carbone, taxe « Gafa », taxe plastique, etc.) pour rembourser cet argent, d’ici à 2058 au plus tard.

Notons au passage que ces emprunts (en fait des obligations) ne seront émis que l’année prochaine, alors que les pays, et donc surtout la France, l’Espagne et l’Italie, vont rapidement commencer à dépenser l’argent en question.

Le ministre de l’économie Bruno Le Maire a déjà sauté de joie en expliquant que l’Union européenne allait payer presque la moitié du plan de 100 milliards prévu pour « relancer » l’économie. Il a même expliqué ouvertement que cet argent allait être dépensé dès 2020 et que « dès 2021, l’Europe remboursera ».

Dans le même registre, Emmanuel Macron se fait magicien en faisant croire que l’argent tombe du ciel par enchantement :

« cet argent viendra de l’Europe sur notre budget sans que nous ayons besoin de le financer, ni par notre propre endettement ni par nos impôts »

« ce n’est pas le contribuable français [qui] paiera »

En réalité, il n’y a pas d’argent magique, qu’il vienne de l’Union européenne ou d’ailleurs. Il faudra bien que quelqu’un paye et la bourgeoisie fera tout pour que ce soit les travailleurs qui paient. Cependant, dans le contexte de concurrence exacerbée entre les puissances européennes, les antagonismes seront de plus en plus forts et les nationalismes se feront de plus en plus puissants. En France, puissance en décrochage, la tentation du nationalisme sera d’autant plus forte, d’autant plus agressive, comme moyen d’éviter la lutter des classes et de détourner l’attention de la bourgeoisie.

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Il va de soi ici que vont émerger beaucoup de tendances nationalistes anti-allemandes (Jean-Luc Mélenchon avait déjà commencé il y a quelques années de manière très brutale d’ailleurs). Et surtout, on a un capitalisme qui se fait crédit à lui-même pour tenter de survivre. C’est intenable.